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f
7
PROPERTY OP THE
ïinmitvof
i
ARTES SCIENTIA VERITAS
V-
BIBLIOTHEQUE
DE L'ÉCOLE
DES CHARTES
XLII
f
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR, A NOGENT-LE-ROTROU.
BIBLIOTHÈQUE
DK L'ÉCOLE
DES CHARTES
REVUE D'ÉRUDITION
CONSACRÉE SPÉCIALEMENT A L'ÉTUDE DU UOTEN AGE
XLII.
ANNÉE 1881.
PARIS
LIBRAIRIE d'Alphonse PICARD
BUB BONAPARTE, 82.
4884
ROLE
DE LA
CONFRÉRIE DE SAINT-MARTIN
DE CANIGOU.
Les documents du xii° siècle relatifs aux confréries religieuses
sont d'une insigne rareté. Aussi , la Bibliothèque de V École des
chartes s^applaudic-elle de pouvoir faire profiter ses lecteurs d'une
communication de nçtre confrère M. Louis Blancard, qui lui a offert
la chromolithographie ci-jointe, avec le texte ci-dessous reproduit.
U s'agit d'un rouleau de parchemin, dont il ne subsiste plus que
la première bande, longue de 485 millimètres et large de 202. Ce
rouleau était destiné à contenir la charte de fondation et la liste des
membres d^une confrérie établie le 2 avril 4^195, en l'honneur de
saint Martin, dans le monastère de Ganigou, au diocèse d*Elne^ En
tête du rouleau se voit une grande peinture dont le compartiment
supérieur est consacré à la représentation de Notre-Seigneur, entouré
des symboles des quatre évangélistes ; la sainte Vierge et saint Mar-
tin lui montrent les membres de la confrérie, qui remplissent le
compartiment inférieur et qui assistent à la célébration d'une messe,
dans une chapelle de l'abbaye de Ganigou.
Au-dessous de la peinture est transcrite la charte par laquelle
Pierre, abbé de Ganigou, fonde une confrérie, qui a pour but Pen-
tretieh d'une lampe devant l'autel, la célébration de services religieux
et Pinhumation des confrères dans le cimetière de Fabbaye.
1. Le culte dont saint Martin était Tobjet dans l'abbaye de Ganigou n'a pas
échappé aux recherches de notre confrère M. Lecoy de la Marche. Voyez le bel
ouvrage qu'il a publié sous le titre de Saint Martin^ p. 549.
6
Après la charte vient la liste des fidèles qui s'étaient fait affilier
à la confrérie et dont plusieurs avaient eux-mêmes écrit leur nom sur
le rouleau. Ce qui subsiste de la liste peut dater des premières années
du xiu'' siècle; c'est à la même date qu'il convient de rapporter
l'exécution de la peinture et la transcription de la charte.
L'original de ce curieux document appartient à M. Blancard, à qui
il a été donné en 4865 par M. Mouttet.
Creator universorum Dominus ac pius redemtor humani gène-
ris, de sua largus benivolencia, inter cetera pecatorum remédia,
que nobis misericorditer contulit, hune eciam portum salutis ad
quem in necessitatibus tenderemus ostendit, videlicet ut quod per
nos medipsos, obsistentibus pecatis nostris, apud eum obtinere
non possumus, saltim meritis intercessione sanctorum assequi
valeamus. Qua propter, ego Petrus, Dei gracia Canigone abbas,
et omnis conventus ipsius loci, conflsi de misericordia Dei ac
patrocinio beatissimi confessons Christi Martini, et ut isdem pius
confessor indulgenciam pecatorum nostrorum obtineat, hanc
comunitatis confratriam in capella nostri monasterii que sita est
in honore prenominati presulis Martini instituimus, ut, de comuni
oblacione nostrorum sive illorum laicorum qui in hac societate pro
remedio animarum suarum se sociari decreverint, una semper olei
lampas in diebus ac noctibus ante sanctum altare ipsius eclesie
ardeat, ad quam illuminandam in die sollemnitatis beati» Martini
duos denarios unusquisque offerat. Sacerdos vero qui hanc tenuerit
ecclesiam, uno die in omni ebdomada, pro defimtis fratribus
istius confratrie et pro sainte vivorum missam in eodem altare
celebret, et, quando cumque ex jfratribus aliquis obierit, unusquis-
que ceterorum fratrum infra xxx^a dies misam pro eo decantari
faciat. Qui autem ex fratribus ad suum obitum illuc se perduci et
sepelirî mandaverint, ceteri omnes, ad ejus exequias conve-
nientes, prout potuerint cum omni honoriflcentia in cimiterio
monasterii sepeliant. Qiquid vero de jam dicta comunitate dena-
riorum, illuminata, ut dictum est, lampada, superfuerit, ad arbi-
trium sacerdotis et fratrum ipsius ecdesie utiliter in bono expen-
datur. Facta est hec confratria die Sancti Pasche, anno Dominice
incarnacionis m** c** xc** v°. Ad quam co[n]servandam ego jam
dictus abbas [Sancti Martini et postea Goxiani]^ me ipsum
1. Les mots que nous imprimons entre crochets sont une addition marginale.
conscribo : Petrus abbas^. Deinde, ad peticionem ipsorum
fratrum, conscripta sunt hec eorum nomina : Amallus, prior;
BerengarivLS de Ederr^, capellanits ipsius ecclesie; Guil-
lelmus de Vernet ; Amallus de Turre ; Petrus de Aspira ;
Petrus de Trila ; Johannes Nouel ; Benedictus Yla ; Amallus
Caminer^; Raimundus de Aqua Tepida; Guillelmus de Casa
Fabre ; Geraldus de Ederr ; Amallus de Fuliols ; Arnallus de
Rivo; Amallus Bonet; Petrus Benedicti^; Berengarius
Obag ; Bernardus de Astoer et Petrus, frater ejus ; Arnallus
de lia; Amallus de Sancta Pasce, Coadani cam^rarius; Be-
rengarius de Turre, monachus istius loci et Sancti Mikaelis ;
Amalliùs de Vemeto, monacits Sancti Mikaelis; Arnallus
de Palma atque Arnallus de Sancta Pasca, Sancti Mikaelis mona-
chi, et Bernardus de Lac; Arnallus Segui ; Jordanus de Gar-
ros^ ; Bernardus de Sancto Laurencio; Bernardus de Fuliols ;
Petrus Ederr; Guillelmus de Musnestrol; Guillelmus de Barida,
monachus puer; Guillelmus de Ch ; Guillelmus Gard
abbas. A. Todir®.
On savait déjà que Pierre, abbé de Ganigou, dans les dernières années de sa
vie, fut chargé de l'administration du monastère de Saint-Michel de Cuxa ; voy.
GaUia christiana, YI, 1101 et 1111. — U est probable que la charte originale
portait une souscription autographe de l'abbé Pierre, à côté de laquelle un scribe
avait ajouté les mots : Sancti Martini et postea Coxiani,
1. Sur le rôle on a cancellé d'un trait de plume les noms que nous imprimons
en italiques.
2. Dans ce mot, les deux rr sont surmontées de deux accents; il en est de
même dans les mots Turre et Garros.
3. Camin, avec un signe d'abréviation.
4. Ce qui suit a été inscrit après coup sur le rôle original et plusieurs des
noms ajoutés ont tout à fait l'apparence de souscriptions autographes.
5. La fin de ce mot a été surchargée. l\ faut peut-être lire Garrios.
6. La mutilation du rouleau a fait disparaître la fin de cette liste.
UNE
LETTRE INÉDITE D'ALCUIN*
En parcourant à la Bibliothèque nationale la collection Baluze
pour y relever les bulles papales qu'on y trouve en si grand nombre,
je rencontrai à la fin du volume LXIX une lettre d'Âlcuin, dont
Tapparence extérieure suffisait pour frapper mon attention. Cette
lettre occupe, en effet, deux petits lambeaux de parchemin, dans
chacun desquels un relieur a jadis pratiqué quatre entailles pour
consolider et attacher ensemble le dos et les deux plats d^un volume
d'assez petit format (environ 20 centimètres de hauteur). Le manus-
crit d'où proviennent ces deux fragments datait du x^, ou même du
]x<» siècle. Il était à longues lignes et mesurait environ 49 centimètres
de large. Sur le recto, comme sur le verso, il subsiste 24 lignes,
plus ou moins mutilées. En effet, le rapprochement des deux frag-
ments laisse sur toute la longueur une lacune équivalant à deux,
trois ou quatre lettres; de plus, les entailles latérales ont enlevé la
meilleure partie de quatre lignes sur chacune des faces du parchemin.
Le feuillet originad est accompagné d^une transcription faite par
Baluze.
La lettre qu'on va lire ci-dessous ne figure pas dans les Monu-
menta Alcuinianay préparés par M. Jafle et publiés par MM. Wat-
tenbach et Diîmmler ; mais il y en a d'autres qui se rattachent à la
même affaire et qui nous donnent le moyen de la compléter et la
dater exactement.
1. Ce curieux document, avec l'ayant-propos qu'on va lire, a été adressé à la
Bibliothèque de V École des chartes par M. le docteur S. Loewenfeld, qui a
consacré plusieurs mois à i^examen de différentes collections de la Bibliothèque
nationale et qui va enrichir d'un grand nombre d'additions la nouvelle édition
des Begesta pontificum Ramanorum de Jaffé.
Le premier coup d'œil nous enseigne que la lettre en question
appartient aux dernières années du yiii^^ siècle, époque à laquelle
rÉglise chrétienne était fort agitée par les doctrines hérétiques
d'Élipand de Tolède et de Félix d'Urgel * . Dans la première partie du
texte, Alcuin parle en termes généraux de l'adoptianisme, comme on
a appelé le système des deux évoques; il envoie à son nouvel ami
un livre dont le fond est emprunté aux Écritures saintes, comme
« une espèce de consolation » pour les vrais catholiques. Dans la
deuxième partie, il fait mention d'une publication récente qu'il se
propose de réfuter ; il conseille à son ami de faire la même chose et
d'emprunter ses armes aux œuvres des saints Pères. Si nous compa-
rons avec notre lettre celles qui dans l'édition portent les numéros
99 et 400, et qui sont adressées à Gharlemagne, il est évident que
les mêmes motifs ont également provoqué la nôtre et que le mot
a doctor » ne peut signifier que l'évêque d'Urgel, le défenseur scien-
tifique de la doctrine attaquée ^. Il en résulte que la lettre recueillie
par Baluze a été écrite en même temps que les deux autres, c'est-à-
dire entre les mois d^avril et de juin 798.
Il est plus difQcile de déterminer quel est l'ami d^Alcuin auquel
est adressée cette lettre. Pour résoudre cette question délicate, je
rappellerai une autre lettre qu' Alcuin adressa à la même époque
(vers le ^18 juillet 798) au roi des Francs. Nous y lisons ces mots :
(c Sed obsecro, si vestrae placeat pietati, ut exemplarium illius
libelli domno dirigatur apostolico, aliudquoquePaulino patriarchae,
similiter Richbono et Theodulfo episcopis, doctoribus et magistris,
1. Outre les ouvrages relatifs à Thistoire ecclésiastiqae, voyez aussi Monnier,
Alcuin et Charlemagne {2^ éd.), p. 148 et suiv., et Tarticle Alcuin, par Dumm-
ler^ dans VAllgemeine Deutsche Biographie, I, 343.
2. Je me borne à rapprocher les passages suivants :
Mon. Alcuin., n? 99, p. 420 : Nouvelle lettre :
c Nuper mihi venit libellus a Felice c Sed nuper ab eodem dicto doctore
infelice directus. » venit nobis libellus erroris c(alaino)
exaratus. »
et plus loin :
c Hujas vero libri vel magis erroris c Gujus libelli responsionem in aliud
responsionem multa diligentia et plu- tempus volente Deo et vita comité
ribus adjutoribus est consideranda. (distulimus. Tua vero caritas se) testi-
Ego solus non mfficio ad responsio- moniorum telis, quae in sanctorum
nem. Praevideat vero tua sancta pietas Patrum scriptis invenias, confortare et
huic operi tam arduo et necessarîo armare sat(agat), ut communi carita-
adjatores idoneos, etc. » tis labore nomen Domini, etc. »
LES ARCHIVES
DES ETABLISSEMENTS LATINS D'ORIENT
A PROPOS d'une
PUBLICATION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME.
Ce n'est point brusquement et sans transition que la domina-
tion latine cessa en Orient et particulièrement en terre sainte.
Après avoir duré près d'un siècle, le royaume de Jérusalem subit
pendant un autre siècle une lente agonie, et ne disparut qu'après
avoir été défendu pied à pied contre les efforts des infidèles.
Les établissements civils, hospitaliers et religieux, qui concen-
traient entre leurs mains une très grande partie de la propriété
foncière du pays, eurent donc tout le temps de prévoir la catas-
trophe finale, et de mettre en sûreté les titres des biens considé-
rables qu'ils possédaient non seulement en Orient, mais dans le
monde chrétien tout entier. Tout en faisant la part des pertes
accidentelles dues aux événements militaires, à la négligence des
détenteurs, à l'action naturelle du temps, nous devrions donc
posséder, en grande partie, ces précieux documents; et pourtant,
jusqu'à ces derniers temps, il ne paraissait nous être parvenu en
ce genre quelestitresdel'Hôpital, le cartulaire du Saint-Sépulcre,
et deux recueils de chartes concernant les biens de l'ordre Teu-
tonique.
Une étude plus attentive de l'histoire intime des institutions
latines en Orient, et, avouons-le aussi, des hasards heureux ont
montré qu'il ne fallait pas borner là nos espérances, et que bien
d'autres documents provenant de terre sainte avaient dû être
transportés en Occident, et avaient pu par conséquent parvenir
jusqu'à nous.
43
S'a est difficile d'établir d'une façon certaine que les rois de
Jérusalem, les princes d'Antiocbe et les autres feudataires de la
terre sainte aient eu des archives régulières, on peut cependant
conjecturer qu'ils n'ont eu aucune raison de ne pas imiter sur ce
point, comme ils le faisaient sur tant d'autres, les usages de
l'Occident. Leurs trésors des chartes ont dû passer en Chypre,
et de là à Venise. Je dois dire cependant que rien ne paraît en
avoir été conservé : il dut y avoir là une cause, peut-être relati-
vement récente, de destruction complète.
Mais il n'en a point été de même des archives des quatre ordres
hospitaliers. Les chevaliers de Saint-Jean ont transporté en temps
utile leurs titres, d'abord à Chypre, puis à Rhodes, puis enfin à
Malte.
J'ai montré ailleurs * que les Teutoniques firent faire en 1277
des vidimus de leurs privilèges pour l'usage de leur grande
commanderie de terre sainte, et emportèrent ensuite les origi-
naux à Venise, que ces originaux y sont encore en partie, tandis
que les archives de la grande commanderie, transférées à leur
tour en Occident, se trouvent moitié à Vienne et moitié à Berlin.
Les titres de Saint-Lazare sont venus en Italie, y existaient
encore au siècle dernier, et nous en possédons des copies mo-
dernes *.
Restent les archives des templiers, sur lesquelles nous n'avons
aucun renseignement, mais par cette seule raison que Ton a tou-
jours apporté plus d'attention au procès et à la condamnation qu'à
l'histoire proprement dite de cet ordre si considérable. Bien que
je n'aie pas encore étudié avec tout le soin qu'elle mérite cette
question intéressante, je ne trouve, à première vue, dans les
annales du Temple, aucun événement qui permette d'affirmer a
priori que les archives de l'ordre aient été détruites en bloc.
Elles peuvent aussi bien se trouver réunies, dans quelque dépôt
ignoré, que dispersées, en Espagne, en Portugal^, à Rome; la
recherche reste ouverte.
1. Bulletin de la Société des antiqtiaires de France, 1877, pp. 61-69 ; cf.
M. Perlbach, Das Haus d. D. 0, zu Venedig [AHpreuss. Monatssckrift, t. XVII,
1880, pp. 269-285).
2. Elles seront publiées par le comte de Marsy, dans le t. II des Archives
de l'Orient latin,
3. On sait que les templiers d'Espagne formèrent l'ordre de Montesa et que
ceux de Portugal devinrent les chevaliers du Christ; voy. A. de Montagnac, Hist.
44
Après les ordres militaires, les patriarcats de Jérusalem et
d*Antioche et les évêchés de terre sainte devaient avoir des
titres, puisqu'ils possédaient, eux aussi, des biens importants. Il
y a, je le crois, peu d'espoir de rien retrouver de ce côté ; les
prises de Jérusalem (1187) et des autres sièges épiscopaux à la
fin du xni® siècle ayant pu amener de la part des musulmans des
mesures violentes, entraînant la destruction de titres qui, du
reste, devenaient désormais inutiles, — la chancellerie épiscopale,
indissolublement liée à Tévêcbé, devant disparaître avec lui. La
plupart des diocèses de Palestine et de Syrie ne semblent pas
d'ailleurs avoir eu, en Occident, de possessions où ils pussent
envoyer d'avance et mettre en sûreté leurs archives. Je viens de
dire la plupart, et voici pourquoi : deux églises de terre sainte,
Nazareth et Bethléem, avaient pu être transportées, pour ainsi
dire de toutes pièces, de l'autre côté de la Méiditerranée, l'une à
Barletta S l'autre à Clamecy *. Les titres écrits prirent-ils part à
cette translation ? je l'ignore pour Barletta ; je crois pouvoir le
conjecturer pour Bethléem. Si les archives orientales de ce der-
nier diocèse ont disparu, ce doit être très postérieurement à leur
translation en Occident; ici donc encore tout espoir n'est pas
perdu.
Au-dessous des évêchés se trouvaient les abbayes ; la première
de toutes, par le nombre et l'importance de ses possessions occi-
dentales, était le Saint-Sépulcre ; nous en avons le Cartulaire^,
le premier des monuments diplomatiques de TOrient latin. Mais,
outre ce cartulaire, le Saint-Sépulcre paraît avoir envoyé ses
titres originaux partie en Pologne* et partie à Pérouse, où ils se
trouvaient encore il y a cent ans à peine* et d'où ils n'ont pu
des templiers (P., 1864, m-12), pp. 269-301. Il est certain que les archives du
Temple ne sont pas à Malte, où cependant elles devraient se trouver, en tant
que titres des propriétés dont les hospitaliers héritèrent des templiers sup-
primés.
1. Voy. Ughelli, Italia sacra, VIT, 769; cette translation a échappé à Féditeur
des Familles d'ouire-mer de Ducange, dans le chapitre qu'il consacre, pp. 759-
763, aux archevêques de Nazareth.
2. M. Chevalier-Lagenissière (HisU de Vévêché de Bethléem, P., 1872, in-^«)
ne donne aucun renseignement particulier sur ce point. Les titres de l'évéché
de Bethléem existaient encore en 1770, époque où les éditeurs du t. XII du
GaU. ckr. en ont publié quelques-uns (Instr., pp. 237-246, 371-375).
3. Publié par M. Ë. de Rozière. Paris, 1849, in-4^
4. Nakielski, Miechovia (Gracovie, 1634, 2 vol. in-f>), I, p. 81.
5. Statuts de Vordre du Saint-Sépulcre (Paris, 1776, in-8^), p. 211.
45
disparaître par voie de destruction; quelque collection privée
d'Italie les détient très certainement.
Après le Saint-Sépulcre, l'abbaye du Temple JDomini^ Notre-
Dame de Josapbat, le Mont Sion, Sainte-Marie Latine, pour ne
parler que des monastères les plus connus, possédaient des biens
et partant des titres : une partie de ces biens était située en Occi-
dent ^ Le transfert des titres a donc été possible, et je suis con-
vaincu qu'il a eu lieu. Pirri ' nous raconte qu'au temps du der-
nier siège de Saint-Jean-d'Âcre les abbés de Josapbat et de la
Latine, voguant de conserve, abordèrent à Messine, apportant
avec eux leurs meubles et leurs trésors. Dans ces trésors devaient
être comprises leurs chartes, puisque nous avons encore celles de
Josapbat, objet de l'importante publication dont je vais parler
tout à Tbeure, et que celles de la Latine existaient en Sicile au
siècle dernier, ainsi que le prouvent les copies modernes que la
bibliothèque de Palerme conserve de quelques-unes d'entre
elles \
Si je ne sais rien des archives du Temple Domini, je puis
affirmer par contre que celles de Mont Sion étaient à Saint-Sam-
son d'Orléans^, et que, « si l'on connaissait exactement ceux des
« monastères occidentaux dont les sanctuaires de terre sainte
« pouvaient réclamer ou le gouvernement ou le patronage, on
« aurait bien des chances de trouver, mêlés aux fonds actuels
« provenant de ces monastères, les titres des maisons-mères
« orientales. »
L'étude de la publication de M. François Delaborde va mettre
hors de doute cette assertion.
1. n en a été de même de plusieurs établissements religieux de l'empire latin
de Constantinople ; de Thospice Saint-Samson de Gonstantinople relevait celui
de Saint-Samson de Douai (Arch. de Fr., S. 5042). L'abbaye de Daphné, en
Grèce, était affiliée à celle de Bellevaux, en Franche-Comté, et ceUe de Civetot,
sur la Propontide, à celle de Gluny.
2. Rochus Pirrus, SicUia sctcra, p. 1131.
3. M. Winkelmann, qui avait signalé (N. Archiv, UI, 638) ces copies comme
se trouvant dans les registres H de la bibl. communale de Palerme, en a tiré
trois documents pour son recueil si important des Acta inedita imperU (Inns-
bruck, 1880, in-8*), pp. 70, 80, 81. J'ai demandé à Palerme qu'on recherchât
les originaux: ma demande est restée sans réponse. A Amalfi se trouvent
quelques pièces relatives à la Latine ; mais proviennent-elles des archives mêmes
de cette abbaye?
4. 0. de Vassal, Recfu sur le collège royal d'Orléans (Orléans, 1863, in-S"*),
pp. 10-21 et Pr. pp. 6-16.
46
Dès 1633, Rocco Pirri avait publié, dans sa Sicilia sacra^,
un certain nombre de pièces relatives à l'abbaye de Notre-Dame
de Josapbat. Ces pièces, comme beaucoup d'autres éparses dans
des recueils d'histoire locale, avaient échappé aux érudits versés
dans les études orientales ; les eussent-ils d'ailleurs remarquées,
ils pouvaient les tenir en suspicion, l'ouvrage de Pirri se distin-
guant par la quantité de &ux audacieux qu'il renferme^. Mais
assez récemment, en classant les fonds d'archives des couvents
supprimés de Messine, le chanoine Carini constata que neuf
volumes factices, formés de documents d'âge difiérent, contenaient
des pièces originales provenant de Notre-Dame de Josapbat, à
la suite de la translation racontée par Pirri. Communiquée à la
Società di storia patria de Sicile, la découverte de M. Carini
fut signalée en 1877 au monde savant par une lettre de ce dernier
au professeur Edouard Winkelmann, de Heidelberg^.
M. François Delaborde, alors membre de l'École française de
Rome, comprenant toute l'importance des documents ainsi ren-
dus à la lumière, se rendit à Palerme pour les étudier : il vient
de les réunir dans un fascicule des publications si intéressantes
qu'à peine fondée notre nouvelle école a entreprises sous la
direction si éclairée et si active de M. A. Geffroy ^.
Je rappellerai que la communauté bénédictine de Notre-Dame
de Josapbat fut établie au lendemain de la conquête franque^
par Godefroi de Bouillon, pour desservir le sanctuaire du tombeau
de la Vierge, et subsista jusqu'en 1187, époque où, fuyant
devant l'occupation sarrasine, elle se réfugia à Tripoli, puis à
1. R. Pirrus, Sicilia sacra, pp. 1134 et s.
2. Voir par exemple le récit circonstancié quil donne (pp. 873-874) de la pre-
mière croisade, avec la biographie d'un faux cardinal-patriarche d'Antioche,
Henri de Mazara ; tout y est fabuleux, y compris de longues citations d'ouvrages
de Léon d'Ostie, de Pascal II, etc., qui n'ont jamais existé, et de nombreux
renvois, sciemment faux, à des livres connus.
3. Archivio siorico sicUiano, II s., III, 1877, pp. 460-478.
4. BibL des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, XIX* fascicule. Chartes
de terre sainte provenant de Vabbaye de Notre-Dame de Josaphat (Paris,
E. Thorin, 1880, iv-153 p. in-S»).
5. Le Com>memoratorium de casis Dei, qui, comme on le sait, est un rapport
adressé de Jérusalem à Gharlemagne, signale la présence à Josaphat de religieux
des deux sexes {lUn, Hieros, latina, I, 302); ils devaient être du rite grec ;
pourtant il ne serait pas impossible qu'il s'y fût établi avant les croisades une
communauté bénédictine. M. Fr. Delaborde (p. 1) me paraît avoir été trop affîr-
malif en rejetant ici le témoignage de Pirri.
47
Acre, et enfin en 1289 au monastère de Sainte-Madeleine de
Messine, qui lui avait été donné en 1113 par Roger II de Sicile *.
Le 30 mars 1392^, le sanctuaire de Notre-Dame de Josaphat,
rendu aux Latins par le sultan d'Egypte, grâce à l'intervention
de la reine Jeanne de Naples ^, passait aux franciscains, qui en
avaient été investis d'avance, sur la demande de Pierre IV, roi
d'Aragon, par Innocent VI et Urbain V^.
C'est donc entre ces deux dates, 1100-1392, qu'est comprise
l'histoire, jusqu'ici fort obscure, de l'abbaye bénédictine de
Josaphat.
M. Delaborde vient l'éclairer d'un jour inattendu par 59pièces,
échelonnées de 1112 à 1289 : il en étudie, dans une préface qui
est la partie principale de son travail, les caractères diplomatiques,
et en fait ressortir l'importance pour la terre sainte : les notes
sont claires et intéressantes; deux fac-similés et une table très
détaillée complètent la publication. C'est, après le Cartulaire
du Saint-Sépulcre et les Tàbulœ de Strehlke, le recueil le plus
considérable que nous possédions pour l'histoire intérieure du
royaume de Jérusalem. De nouveaux noms de personne sont
ajoutés aux listes de Du Cange ; de nouvelles dates s'offrent à la
biographie des personnages déjà connus, et de nouveaux noms
de lieux à la toponomastiquç de la Palestine.
Je ne ferai qu'une réserve^, que M. Delaborde a d'ailleurs
prévue, en ne donnant à son livre que le titre modeste de Chartes
DE TERRE ^Amn^ provenant de V abbaye de Josaphat , au lieu
de Chartes ou Cartulaire de Josaphat, Il a volontairement
laissé de côté, dans les recueils siciliens, toutes les pièces relatives^
1. Charte de Guillaume II (1189), (d. Pirrus, Sic, sacra, p. 1134-1136).
2. Wadding., Ann, minorum, IX, 119; cf. VII, 268.
3. Epistola Johannas (22 mai 1363) (Wadding., Ann, minorum, VII, 167-168).
4. Epist, Innoc, F/ (31 mai \Z&l),Epist. Urbani V (8 nov. 1362) (Wadding.,
VII, 268; VIII, 486-487).
5. Les erreurs échappées à M. Delaborde dans l'établissement des textes Tien-
nent d'être relevées, avec plus de minutie que de bienveillance, par M. Fabbé
U. Chevalier {Bulletin critique d'histoire, 1880, I, 302-306). Je n'ajouterai à cet
errata que la mention de deux fautes d'impression : l'une p. 7, 1. 28, et l'autre
p. 5, 1. 12 (1490 au lieu de 1290); j'exprimerai aussi le regret que M. Fr. Dela-
borde n'ait pas cherché (ne fut-ce que dans la table) à identifier les casaux
dont les chartes lui fournissaient tes noms.
6. C'est à M. Delaborde lui-même que je dois ce renseignement : j'ajouterai
que les registres H de la bibl. communale de Palerme, dont j'ai parlé plus haut,
2
48
aux possessions de Tabbaye en Occident : c'est, selon moi, une
lacune dans son travail, même au point de vue de l'histoire de la
terre sainte. En effet, ces chartes ont été rédigées en faveur
d'abbés de Josaphat ; elles ont eu des témoins venus d'Orient : il
eût Êdlu au moins en donner l'analyse et les souscriptions. J'en
dirai autant de certaines pièces rdatives à l'abbaye et publiées
ailleurs; les relever dans Paoli, Guerra, Wadding, PotthastS
n'eût pas exigé un grand travail. M. Delaborde, qui nous donne
en appendice une charte qui n'est pas inédite *, aurait pu ainsi
grossir cet appendice de documents intéressants qu'il eût été
commode de trouver réunis et qui auraient rendu sa publication
définitive.
Telle qu'elle est, cependant, je le répète, elle constitue une
acquisition très précieuse pour l'histoire de la domination latine
en Orient, et nous devons en exprimer notre gratitude à l'Ecole
de Rome et au jeune et savant éditeur de ces textes précieux.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, d'autres monastères que Josa-
phat ont dû avoir des biens en Occident ; notre ignorance est
absolue à l'endroit de ces biens. Tel prieuré anglais, hollandais
ou espagnol a pu, sans que rien, dans les documents que nous
connaissons, l'indique précisément, ou dépendre d'une abbaye
de terre sainte, ou y être aflSlié, et recevoir dans ses propres
archives celles de cette abbaye. Aujourd'hui, chartes orientales
et titres locaux peuvent dormir pêle-mêle dans quelque dépôt
public, sans que personne y soupçonne l'existence des pièces
venues de terre sainte.
Si donc j'ai fait ressortir ici l'importance de la découverte de
M. Carini et de la pubhcation de M. Delaborde, c'est surtout
dans le but d'éveiller l'attention des érudits étrangers aux
études orientales, et en particulier des archivistes , sur la possi-
bilité et l'intérêt de trouvailles analogues.
Comte Riant.
contiennent des copies des chartes de Josaphat {N. ArcfUv, i. c.) ; il eût peut-
être été bon de les indiquer. Le Mont Cassin conserve peut-être aussi des dona-
tions du XII' siècle faites à l'abbaye de Josaphat; enfin il aurait fallu dire un
mot de Notre-Dame de Josaphat, fondée près de Chartres en 1120 et dont les
cartulaires sont conserrés à la Bibl. nat. sous les n<*' 10102 et 10103 du fonds
latin.
1. M. Rey {Rech. géogr, sur la domination des Latins en Orient, Paris, 1877,
in-8% p. 58-59) a donné les cotes de quatre pièces relatives à Josaphat.
2. Chevalier-Lagenissière, Hist. de Vëv. de Bethléem, p. 64-65.
CATALOGUE DES MANUSCRITS
DE
L'ABBAYE CISTERCIENNE DE LA CHARITE
AU DIOCÈSE DE BESANÇON*.
1 . Cette abbaye possède le Commentaire de saint Augustin sur
les pseaumes, en trois volumes in-folio, ms. en beau parchemin
dont récriture est fort belle ; comme la lecture d'un tel livre est
très utile à la vie solitaire, les anciens religieux de cette maison
s'appliquèrent dans le xn® siècle de l'Eglise à le transcrire et à
en faire cette copie fidelle. On n'y voit point la datte de l'année.
2. Le Commentaire de saint Thomas d'Aquin sur le Cantique
des cantiques écrit sur du vélin faisant un volume in-folio ; il
porte ce titre, « Distinctiones magistri Thome super Cantica canti-
corum », parce qu'en ce temps-là ce saint docteur n'était pas
encore canonisé. Les lettres initiales y sont ornées de fleurs d'or,
qui expriment une belle variété. Vers la fin du xni® siècle, dom
Renaud de Palma, religieux de cette maison, transcrivit ce
livre, en ajoutant ces trois distiques à la fin :
Ad laudem Ghristi dévolus scriba libellum
Finit et exultans nobile claudil opus.
1. Ce catalogue fut rédigé par dom GuiUaume Pinard, bachelier en Sorbonne et
religieux de la Charité, morl en 1766. L'auteur l'adressa le 1" décembre 1757 à
M. Roussel de Bréville, membre de l'Académie de Besançon. Celui-ci le commu-
niqua en 1780 à M. Droz, secrélaire perpétuel de l'Académie de Besançon. Notre
confrère M. Gauthier, archiviste du Doubs, a bien voulu transcrire pour la
Bibliothèque de V École des chartes un document qui ne manque pas d'intérêt,
puisqu'il fait bien connaître une collection dont la plupart des volumes parais-
sent avoir disparu.
20
Alter hic ingenio sudavit, non ego tantum :
Offîcio caiami sit liber iste meus.
Efrjgo rogo, lector, Renaut memor esse mémento,
Hanc sic pro merito redde bénigne vicem.
3. L'Histoire scholastique de Pierre Comestor, ou le Mangeur,
natif de Troyes en Champagne, mort Tan 1198. Cet ouvrage
latin, contenu en deux volumes in-folio, écrits sur vélin ; l'au-
teur étoit chanoine régulier de Saint- Victor-les-Paris. On y voit
son épître dédicatoire au cardinal Guillaume de Champagne,
archevêque de Sens. La beauté de l'écriture fait penser qu'elle
est du XII® siècle.
4. Le livre des Décrétales du pape Grégoire IX, écrit de
même sur parchemin ; la plupart des lettres initiales étant en bel
or, et chaque décret accompagné de gloses ou explications très
diffuses, ce qui fait les pages de quatre colonnes en un volume
in-folio. C'est une compilation de toutes les constitutions pontifi-
cales des prédécesseurs de Grégoire IX, avec les décrets des con-
ciles, faite par les ordres de ce pape par saint Raimond de Pegna-
fort, l'an 1230. Cette collection est la plus autorisée et la plus
universellement reçue, soit dans les tribunaux ecclésiastiques,
soit dans les universités. Elle est divisée en cinq livres, dont le
premier traite des prélats ou sièges ecclésiastiques ; le second des
jugemens civils; le troisième roule sur les affaires ecclésias-
tiques ; le quatrième renferme les causes matrimoniales, et le
cinquième les procédures criminelles. On ne voit pas en quel
temps ce manuscrit latin a été fait.
5. Les Sermons du pape Honorius III, écrits en latin sur vélin,
en un tome in-folio. Ce souverain pontife, ayant été élu l'an 1216,
fit quelque temps après le don d'un volume de ses Sermons au
monastère de Citeaux, en y mettant une lettre à la tête, au lieu
de préface. Ces sermons sont au nombre de soixante-huit, sur
tous les dimanches et fêtes principales de l'année, copiés par dom
Etienne, religieux de cette maison au xm® siècle.
6. Un volume d'opuscules sur parchemin, in-folio, contenant
trente-six discours de saint Bernard, abbé de Clairvaux, sur
divers sujets, et soixante du bienheureux Guérie, abbé d'Igny en
Champagne, de l'ordre de Citeaux, décédé l'an 1157. Cet ouvrage
est dédié à Henry, cardinal de la sainte Église romaine.
7. L'excellent ouvrage des Sentences, dans un volume en vélin,
divisé en quatre livres; les marges en sont ornées de belles
24
figures, et une partie des lettres initiales sont en or, accompagné
d'une variété de personnages et de figures très imités. C'est la
première Somme théologique de Pierre Lombard, ainsi nommé
parce qu'il étoit natif de Novarre en Lombardie, et qui mourut
évêque de Paris en 1164. Le copiste de cet ouvrage est dom
Renaut, religieux de cette abbaye, qui vivoit sur la fin du siècle
suivant. Voici quatre vers qu'il mit sur la fin de ce manuscrit :
Haec tibi, summe Deus, tuus offert scripta Renaudus ;
Si placet oblatum, plus ejus solve reatum.
Qui servare libris pretiosis nescit honorem,
Illius a manibus sit procul iste liber.
8. L'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, évêque de Césarée en
Palestine, mort l'an 338, ouvrage latin, divisé en dix livres,
renfermé dans un volume en parchemin in-folio. Cette histoire
est si excellente qu'elle a mérité à Eusèbe le titre de père de
l'Histoire ecclésiastique. Le manuscrit est en lettres gothiques si
grossières qu'on peut bien l'atribuer au xrv® siècle.
9. Commentaire ou explication de l'Evangile de l'apôtre saint
Jean , en vingt-un chapitres , écrit sur vélin ; un volume in-
quarto, en latin, mais sans aucun nom d'auteur.
10. Le Traité de l'éducation des princes et des princesses, très
ancien manuscrit latin, en vélin, in-quarto, dédié à la reine Mar-
guerite, épouse de saint Louis, roi de France, par Vincent, dit de
Eeauvais, religieux de l'ordre de saint Dominique, mort en 1264.
11. Un manuscrit latin, grand in-folio, en beau véhn, qui est
le Commentaire de Pierre Lombard, évêque de Paris, sur toutes
les épitres de saint Paul, les lettres initiales de chaque épitre
étant en or, avec des figures d'une grandeur et d'une déhcatesse
achevée. On trouve à la fin quelques opuscules de saint Isidore,
évêque de SéviUe en Espagne au vif siècle, scavoir son Traité des
sinonimes ou des soliloques, et celui des Combats de l'homme au
sujet des vices et des vertus. L'écriture en est si nette et si bien
formée qu'on peut l'attribuer au xtf siècle. Ce hvre nous fut
donné par un M. de Besançon en 1375.
12. Deux volumes in-folio, en vélin, contenant les Morales sur
Job, par saint Grégoire le Grand, divisés en dix livres.
13. Un autre volume in-foUo en beau vélin, contenant les
Homéhes du même pape sur les évangiles des dimanches et des
fêtes principales de l'année, au nombre de quarante. On lit à la
22
fin : « Anno Domini M. CC. LXXXXVI idib. aprilis ita fuit
instructum abbatie de Cbaritate. »
14. Un gros volume in-folio, en vélin, qui renferme les Cent
quarante-quatre épitres ou lettres du grand saint Augustin,
acheté à Besançon en 1375 du sieur Pierre de Villette, noble
citoyen.
15. Quelques Œuvres, dans un volume en vélin, in-4*', du
pape Innocent III, mort en 1216. Acheté à Besançon en 1374.
16. Le Décret de Gratien, sous ce titre : « Concordantia dis-
cordantium canonum », que ce grand homme publia en 1151.
C'est un manuscrit en beau vélin, faisant un grand volume
in-folio.
17. Un grand dictionnaire latin, qui est une explication des
principaux mots de l'Ecriture sainte, des termes des sciences,
etc., sous ce titre: « Elément arium doctrine rudimentalis. » On
y traite des figures des lettres, de leur diversité, de la voix, de
la prononciation, des accens, de Tordre des syllabes, des décli-
naisons, des conjugaisons, de l'orthographe. C'est un très vieux
manuscrit, en beau vélin, gros in-folio, sans nom d'auteur*. On
y lit seulement à la fin : « Liber Sancte Marie de Caritate », ce
qui dénote qu'il a été transcrit par les anciens religieux de cette
maison.
18. Interprétation des termes les plus difflciles de l'Ecriture
sainte, manuscrit latin en vélin, in-folio parvo, sans titre ni
aucun nom d'auteur.
19. La Signification, ou exposition littérale, morale et allégo-
rique des mots principaux de l'Ecriture sainte, manuscrit latin,
en vélin, in-quarto magno ; sans titre ni aucun nom d'auteur.
20. Un vieux manuscrit en vélin, faisant un volume in-quarto,
sous ce titre : « Summa de vitiis capitalibus abreviata », et
ensuite : « Glosule super parabolas Salomonis. » On lit seule-
ment à la fin : « Liber Béate Marie de Caritate », sans nom
d'auteur.
21. « MisceUanea », ou ancien manuscrit en vélin in-folio
contenant le « Polihystor Julii Solini », qui est un recueil des
choses les plus mémorables qu'on voit en divers pays, par Solm,
grammairien latin au u® siècle. L'Oraison de Cicéron « pro
Marco Marcello », celle « pro Quinto Ligario », un autre « pro
1. C'est l'ouvrage de Papias.
!k^
23
rege Dejotaro » ; son livre « de senectute » ; Œuvres différentes
de Sénèque : 1* sur les lettres qu'on a cru qu'il avoit écrites à
l'apôtre saint Paul et qu'il en avoit reçues ; 2** « de remediis for-
tuitorum ad Callionem synonima et differentie artis rhetorice
Ciceronis. »
22. Explication du livre de Daniel, un volume in-quarto,
manuscrit en latin, de saint Jérôme.
23. Explication de l'Evangile de saint Marc, de l'épitre de
saint Jacques, de deux épitres de saint Pierre, de trois de saint
Jean, et de celles de saint Jude; manuscrit très ancien en vélin,
in-quarto, sans nom d'auteur.
24. Les épitres de saint Jérôme, au nombre de cent trente-
cinq, avec six de ses sermons, le premier sur la Nativité de
notre Sauveur, le second sur l'Epiphanie, le troisième sur le
Carême, le quatrième sur la Passion de Notre-Seigneur, le cin-
quième sur le saint jour de Pâques et le sixième sur le psaume
XVn®. Le tout faisant un grand volume latine en vélin. Manus-
crit acheté à Besançon en 1375.
25. Quatre-ving-six Sermons de saint Bernard, abbé de Clair-
vaux, sur le Cantique des cantiques ; manuscrit très ancien, en
vélin, un volume in-folio.
26. Un manuscrit latin, en vélin, in-folio, qui est l'ouvrage
des Origines ou Ethymologies, divisé en vingt livres, de saint Isi-
dore, évêque de Séville en Espagne, mort en 636.
27. Un très précieux manuscrit, en vélin, in-folio, qui est le
Commentaire du vénérable Bède, bénédictin anglois, sur les
épitres de saint Paul ; si l'on excepte l'épitre aux Romains et les
deux aux Corinthiens, toutes les autres y sont expliquées, ce qui
fait un ouvrage d'autant plus rare, plus estimable et plus recher-
ché qu'après celui-ci on ne le trouvera peut-être nulle part en
France, car le Commentaire sur les épitres de saint Paul inséré
parmi les ouvrages de ce grand homme n'est pas de lui, comme
les plus habiles écrivains l'ont fait voir, mais de Florus, diacre
de Lyon. Cependant, quant à l'objet présent, ce n'est pas un
ouvrage travaillé avec beaucoup d'art et d'invention, car c'est
une espèce de recueil de quantité de passages de saint Augustin
qu'il a liés ensemble, quoiqu'il fût un des plus scavans hommes
de son temps. Il mourut en 735.
28. Le Commentaire de saint Augustin sur l'Evangile de saint
Jean, manuscrit latin en vélin, in-folio.
24
S^s l^ Commentaire de saint Jérôme sur le prophète Isaye,
uu wUume in-folio, en beau vélin, transcrit à Tabbayedela Cha-
rité ^ 1370.
iiiK Le Gmimentaire sur les douze petits prophètes, un volume
m^nu^crit en vélin, in-folio, « authore magistro Stephano archi-
t^xi^H^^K) Cantuarie » .
31, Un manuscrit en parchemin, in-quarto magno, contenant
W ^explications difficiles des passages de l'Ancien et du Nouveau
Tt^ktament, tirés des œuvres de saint Grégoire le Grand par
)\il«iinus, disciple de ce saint pape, dans le vi® siècle. Son ouvrage
ânit au livre de TEcclèsiastique, ainsi le second et le troisième
ti^uo nous manquent.
îlîi. Un manuscrit en vélin, grand in-quarto, contenant dix-sept
hiMuélies sur le livre de la Genèse, treize sur l'Exode et seize sur
lo Lovitique, par le grand Origène, mort en 255.
3î^. La première partie de la seconde de la Somme théologique
do saint Thomas d'Aquin ; un volume in-quarto, ms, en beau
vélin, acheté à Paris l'an 1462.
34. La troisième partie de la Somme du même saint, en beau
vélin, mais très mal écrit.
35. Un manuscrit en beau vélin, in-quarto, intitulé : « De offlcio
sacerdotis seu Summa casuum conscientie », composé par Albert
Mandagasino, dit de Bresse, disciple de saint Thomas, et mort
en odeur de sainteté l'an 1314. Cet ouvrage est très rare, n'ayant
pas été imprimé.
36. Un manuscrit en vélin, in-folio parvo, qui contient des
sermons sur les épitres et les évangiles des dimanches de l'année,
par le vénérable Ay mon, religieux de Savigny, ordre de Citeaux,
mort en 1175, copié par dom Etienne au xni® siècle.
37. Un volume in-quarto, manuscrit, en véhn, sous ce titre :
« Capsa factorum et dictorum mirabilium Valerii Maximi. » Cet
ouvrage est curieux et bien écrit. On l'acheta à Paris en 1447.
38. Un Dictionnaire éthimologique des mots latins sous ce
titre : « Derivationes magistri Hugonis de Pisa composita super
septem artibus. » Manuscrit en vélin, grand in-quarto.
39. Le Traité de saint Ambroise sur le pseaume CXVIII avec
les livres sur les Mistères et sur les Sacremens. Un manuscrit
latin in folio, en vélin.
40. Un manuscrit latin sur vélin, in-folio, contenant les cinq
jIj^
25
livres de saint Augustin sur la très sainte Trinité, portant à la
fin : « Liber Sancte Marie de Charitate », livre très vieux.
41 . L'Exameron de saint Ambroise, qui est l'exposition des
œuvres des six jours de la Création, avec deux traités sur le
Paradis et sur Gain et Abel. Un manuscrit latin en vélin,
in-folio.
42. Les Commentaires de saint Jérôme sur les petits prophètes.
Deux volumes manuscrits en vélin, in-folio. Copié à la Charité.
43. Questiones canonice Jacobi. C'est un manuscrit très mal
formé, sur vélin, in-folio.
44. Le Commentaire de saint Thomas sur les livres des Sen-
tences. Manuscrit en vélin, in-folio, très mal écrit. Livre acheté
à
45. Un manuscrit en vélin, in-folio, mais très mal écrit, ayant
pour titre : « Questiones disputate de veritate a Sancto Thoma
Aquinate ». Acheté à Paris l'an 1461.
46. L'ouvrage de saint Augustin intitulé : « De verbis Domini. »
Ce sont des discours sur les principaux actes des apôtres saint
Pierre, saint Paul, Jacques et Jean. Un. volume manuscrit en
vélin, grand in-quarto. Copié à la Charité.
47. La seconde partie des Homélies d'Origène, contenant les
homélies sur les livres de Josué, des Juges, des Rois, du Cantique
des Cantiques, d'Isaye, de Jérémie et d'Ezéchiel. Un volume
manuscrit en vélin, in-folio.
48. Les livres des Dialogues de saint Grégoire, pape ; un
volume manuscrit en vélin, in-quarto.
49. Les livres de saint Augustin « De doctrina christiana », « De
spiritu et littera » et « De pastoribus » . Un manuscrit en vélin
in-quarto.
50. Les Lettres de saint Bernard, deux manuscrits en vélin,
in-quarto.
51. Un manuscrit en vélin, in-quarto, sous ce titre : « De qua-
tuor voluntatibus in Christo », sans nom d'auteur.
52. Un manuscrit en vélin, in-quarto, intitulé : « De virtu-
tibus moralibus et animi presentia », sans nom d'auteur.
53. « Tracta tus de variis conditionibus hominis », un ms. en
vélin, in-quarto; « autore Jeanne Genesio, doctore. »
54. « Vita sancti Gregorii pape, a Joanne diacono »; manus-
crit sur vélin, gros in-octavo.
55. Un manuscrit latin, en vélin, in-quarto, contenant l'His-
26
I^HTd chronologique des choses les plus considérables arrivées
\K>|>uis lorigine du monde jusqu'au xii^ siècle, par Othon, religieux
Aà Morixnond et évêque de Frisinghen ; copié par dom Etienne au
xm"* siècle.
56. Le Pastoral de saint Grégoire le Grand; manuscrit latin,
en un volume sur vélin, in-octavo.
57. Un manuscrit latin en vélin, in-octavo, intitulé : « Liber
sancti Âugustini de sermone Domini in monte. »
58. Le Commentaire de saint Jérôme sur le prophète EzécMel,
écrit sur vélin, in-quarto.
59. Un beau manuscrit en vélin, in-octavo, qui est le traité :
« De regimine principum », composé et dédié à PhiUppe le Bel,
roi de France, par Gilles de Roma, religieux augustin, ensuite
archevêque de Bourges, mort en 1316.
60. « Varie questiones de Scriptura sacra autoritate Patrum
elucidate » ; manuscrit sur vélin, in-octavo, sans aucun nom
d'auteur.
61. « Excerpta ex deânitionibus summorum pontiâcum, conci-
liorum, etc., de flde et jure » ; manuscrit en vélin, in-octavo,
sans nom d'auteur.
62. « Liber de oculo morali », ce qui se rapporte au sens de
l'Ecriture à l'attention et à l'intention; manuscrit en vélin, in-
octavo; sans nom d'auteur^
63. Preuves de la venue du Messie, contre les juifs, par Nico-
las de Lyre, en 1334. Manuscrit latin, sur véhn, in-octavo.
64. « Liber sermonum de misteriis et festis totius anni » ; un
manuscrit sur vélin, in-octavo, sans nom d'auteur.
65. « Compendium Summe theologice sancti Thome Aquina-
tis. » Manuscrit en vélin, in-octavo.
66. « Summa sive tractatus de vitiis et peccatis » ; un manus-
crit en vélin, in-octavo, sans nom d'auteur.
67. Les Livres de phisique d'Aristote; manuscrit latin en
vélin, in-quarto.
68. « De arte rhetorica » ; manuscrit en vélin, in-octavo.
69. « Opéra Virgilii », manuscrit in-octavo, en vélin.
70. « Liber Dioscoridis de plantis et rébus medicis » ; un ma-
nuscrit en vélin, in-octavo.
1 . OuTrage de Pierre de Limoges ; voyez VHistoire littéraire de la F)rance,
t. XXVI, p. 463.
27
71. Un manuscrit en beau vélin, in-folio, contenant les Confé-
rences dé saint Jean Cassien, mort à Marseille Tan 433. L'ouvrage
porte ce titre : « Instituta sanctorum Patrum Eremi > ; copié par
dom Etienne, religieux de cette maison au xuf siècle.
72. La Vie des saints Barlaam et Josaphat, et le livre « De
contemptu mundi » du pape Innocent III , transcrit par dom
Etienne, religieux de cette maison au xm® siècle.
73. La Vie de saint Clément I, pape ; manuscrit en vélin,
in-quarto. Copié par le même religieux.
74. « Miscellanea », ou un ancien manuscrit en vélin, grand
in-folio, qui fait un mélange de diverses pièces, scavoir l'Histoire
des Troyens, par Cornélius Nepos; l'Histoire des Lombards, par-
tagée en six livres, par Paul, diacre d'Aquilée, qui avoit été au
vm® siècle secrétaire de Didier, dernier roi de cette nation ; la
Vie et le martir de saint Thomas, archevêque de Cantorbéry ;
l'Histoire de la translation du corps de saint Etienne, premier
martir ; la Vie et les miracles de saint Léonard ; la vie et les
miracles du bienheureux Pierre, religieux et directeur du mo-
nastère de Jully ; l'Origine de la monarchie françoise.
ÉCRIVAINS DE CETTE PROVINCE.
75. L'abbaye de la Charité possède encore un gros volume
in-quarto, en manuscrit, sur parchemin, contenant quatre-vingt-
six sermons de Jean Allegrin d'AbbeviUe, archevêque de Besançon,
ensuite cardinal, mort en 1237. Ces sermons latins sont des dis-
cours sur la vie et la passion de Notre-Seigneur, sur les devoirs
des prélats, sur les obligations des clercs, sur la vie religieuse,
sur les fêtes de la sainte Vierge, sur la dédicace des églises, et
sur quantité de sujets de morale qu'il traite avec autant de piété
et d'onction que d'esprit et de solidité. On a joint à ces ouvrages
le Commentaire sur le livre de l'Ecclésiastique fait par Hugues de
Saint-Cher, ainsi dit du lieu de sa naissance en Dauphiné, reh-
gieux dominicain et cardinal, décédé à Orvieto en 1263, copié
au xjif siècle par dom Etienne, religieux de la Charité.
76. « Explanatio super 4 libres Regum », un volume in-folio,
manuscrit, en vélin. C'est le Commentaire de dom Angelôme,
religieux bénédictin dans l'abbaye de Luxeul, vers l'an 853. Cet
ouvrage est fort allégorique et mystique. Il ne paroît pas avoir
été jamais imprimé.
QUELQUES
AITOGRAPHES FRANÇAIS
DES ARCHIVES DE VENISE.
Ijh i^reourant les portefeuilles des dépêches écrites à la seigneurie
i« \^^ par les ambassadeurs de la république accrédités auprès
ii^ [fit cour de France, j'ai remarqué quelques belles lettres auto-
ï^r^^^fei^ dont je donne plus loin le texte. Elles méritent toutes de
t^urw dans le musée paléographique et diplomatique que le savant
vliyvcteur des archives de Venise organise en ce moment.
H^ari lY a signé seulement la lettre écrite à l'occasion de la nals-
^tj^iH'O de Gaston d'Orléans, que Brulart de Sillery a contresignée.
Ues autres lettres sont entièrement de la main du signataire, y
ci^nprls Tadresse. Les trois lettres de Richelieu ne se trouvent pas
iten» le recueil de M. Avenel. La lettre de Louis XIY et celle du
^iauphin sont, comme les cachets, Penveloppe et les lacs de soie qui
«uii dépendent, d'une beauté et d'une fraîcheur remarquables.
I.
1608. 25 avril. Fontainebleau.
Henri IV à l'ambassadeur de Venise, à V occasion de la naissance du duc
d'Anjou, depuis duc d'Orléans *.
Monsieur Foscarini. Ayant pieu à Dieu délivrer présentement
la reyne ma femme de sa grossesse, pour la faire accoucher heu-
reusement d'un beau fils, je vous en ay bien voullu advertir, en
1. Filza ou portefeuille 39. La lettre, insérée dans une dépêche de Foecarini
au doge, est fermée par une bande de papier sceUée aux armes de France.
Ce n'est pas la circulaire de la même date que Ton trouve dans le recueU de
M. Berger de Xivrey, t. VII, p. 532.
34
m'en réjouissant avec vous par ceste lettre, m'asseurant que vous
en recevrez tous contentement et consolacion, pour Taffecion que
me portent vos seigneuries et l'inclination que je scay que vous
avez eu particulièrement au bien et prospérité de mes affaires. Et
n'estant la présente pour autre estât, je prie Dieu, Mons. Fosca-
rini, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. Escript à Fontai-
nebleau, le XXV® jour d'avril 1608.
Henry.
Brulart.
Au dos : A Mons^ Foscarini, ambassadeur de la république de
Venize.
II.
1630. 15 janvier. Martigny.
Le cardinal de Richelieu au chevalier Soranzo, ambassadeur de Venise
près la cour de France K
Monsieur,
J'ay reçeu la lettre qu'il vous a pieu m'escripre, et en mesme
temps une aultre de Mons*" le mareschal de Créquy , qui me
mande qu'il luy est arrivé nouvelles certaines que le siège de Man-
toûe est levé et que les Allemands se sont retirez en tel desordre
qu'il n'a tenu qu'à Monsieur de Mantoiie de les deffaire ; qu'il en
a taillé en pièces quelques uns en reprenant Montenare et Cour-
tanton, qui sont deux postes qu'ils youloient garder. Mons*"
d'Avaux m'escript que la sérénissime république se résoudra
d'attacquer quelques lieux qui empeschent la liberté de la com-
munication entre Elle et Monsieur de Mantoiie. Je ne doubte
point qu'elle ne marche de bon pied en ceste occasion. Je ne perds
point de temps à m'acheminer le plus promptement qu'il m'est
possible, pour me rendre en Italie. L'affaire de Monsieur est
accommodée, de sorte qu'il n'y a rien qui puisse divertir l'effect
d'une si puissante armée que celle dont il a pieu au Roy me don-
ner commandement. Voyla le subject qui m'a fait prendre la
plume, et pour vous asseurer que je suis.
Monsieur,
Vostre très affectionné serviteur.
Le cardinal de Richelieu.
A Martigny, ce 15® janvier 1630.
1. Filza 73. Insérée dans la dépêche de Jérôme Soranzo au doge n"* 117 sola;
datée de Roanne le 16 janvier 1629, style de Venise.
32
Au dos: Â Monsieur, Monsieur Zerenzo, ambassadeur
extraord*^ de la sérénissime république de Venise.
m.
1630. 15 mars. Gasalette.
Le cardinal de Richelieu au chevalier Soranzo *.
Monsieur, aiant hier conféré avec M. le prince de Piedmont
chose que j'estime vous devoir communiquer, je vous prie vouloir
prendre la peine de venir coucher à Pianesse, où je vous feray
donner un logis. M. de Montmorancy y est logé. Si quelques
gens de guerre qui y sont empeschent vostre commodité, je les
en feray demain desloger esprès et les feray avancer avecl'avant-
garde, estimant plus vostre contentement que je ne vous puis
dire. C*est,
Monsieur,
Vostre très affectionné serviteur,
Le cardinal db Richelieu.
Cazelette, ce 15® mars 1630.
Au dos : Â Monsieur Zerenzo, ambassadeur de Venise. Â
Turin.
IV.
1630. 22 mars. Pignerol.
Le cardinal à Soranzo >.
Illustrissime et Eccellentissimo Signor,
Ho mandato due volte gentilhuomini per parlare a Vostra
Eccellenza et pregarlo de venir qui. Faccio ancora lo medesimo,
supplicandolo di credere che non andara mai verso persone che
rhonori, lo stimi e Tami più di me, non solamente come amba-
sciatore de la serenissima repubblica, ma anchora per conto délia
sua persona particolare, de la quale io sarô sempre
Affettuosissimo Servitore.
Le cardinal de Richelieu.
Di Pignerol, 22 marzo 1630.
1. Filza 73. Insérée dan& la dépêche n* 146, datée de Pianezza, à Tannée da
roi, le 17 mars 1630.
2. Filza 73. Cette lettre en italien est enUèrement de la main du cardinal,
comme le dit Soranzo, en la transmettant au doge, dans sa dépêche chiffrée n* 152
33
V.
1669. 12 mai. Saint-Germain-en-Laye.
Turenne au doge Dominique Contarini K
A S' Germain, ce 12« mai 1669.
Sérénissime prince,
Je rendrai grâces très humbles à Vostre Sérénité de ce que ma
recommandation a esté de quelque poids près de la S. R. pour les
obliger de prendre à leur service M. le conte de Frontenac, et je
suis bien assuré que je n'aurai point de reproche d'y avoir envoyé
une personne en qui on trouvera tant de bonne calités, et à l'es-
gart de son courage et de sa prudence dans la conduite ordinaire.
Je suplie très humblement Vostre Sérénité que Thnpatience qu'il
a eu d'aller servir ne lui préjudicie point dans une demande très
juste qui est qu'après les généraux de la S. R. il n'obéisse qu'à
Monsieur le marquis de S* André. Qu'elle ait aussi la bonté que
l'argent qu'il a touché pour son voyage ne soit pas préconté sur
ses appointements, et que l'on vueillielui entretenir deux officiers
reformés pour servir près de lui. Ce sont des grâces de l'obliga-
tion desquelles je me chargerai avec beaucoup de plaisir. J'ai
suplié Monsieur l'ambassadeur d'assurer Votre Sérénité que je
m'estimerai très heureux quand je pourrai, par mes respects et
mes services très humbles, faire paroistre à la S. R. la vénération
que j'ai pour elle, et le plaisir que ce me seroit de pouvoir par
quelque moyen contribuer de quelque chose à sa gloire et à l'aug-
mentation de sa grandeur. Faites moi l'honneur de croire que
c'est le souhait bien sincère,
Sérénissime prince,
de votre très humble et très obéissant serviteur.
Turenne.
Au dos : Au sérénissime prince de Venise, etc.
seconda, datée de Pignerol 24 mars 1630 : « H cardinale ha passato meco una
c grande escusatione, per non havermi potuto comunicar le sue rissolutioni
« contro il Duca di Savoia, per esser state improvisissime^ et che due volte ha
c mandato gentilhuomlni espressi per darmene parto ; ma che il Duca impedi
c che non potessero parlar meco ; et per mons** Pancirolo mi ha mandato Pag-
c gionto biglieto, scrilto di sua mano in italiano. »
1. Filza 144. Insérée dans la dépêche n*> 77. La lettre était fermée par des lacs
de soie jaune retenus sous deux cachets de cire rouge aux armes de Turenne.
L'un des cachets a été brisé pour retirer la lettre.
3
34
VI.
1699. 22 mars. Versailles.
Le dauphin au doge ^
Messieurs, pendant tout le temps que le s'' Erizzo, votre ambas-
sadeur auprès du Roi mon Seigneur et Père, a demeuré en cette
cour, il s'est fort bien aquitté des ordres que vous lui aviez donnés
à mon égard, me marquant dans les occasions les sentiments et
l'attachement que vostre république a pour moy. Je lui ay tou-
jours témoigné le gré que je vous en savois et l'estime que j'avois
pour vous, dont il vous aura sans doute rendu conte. Mais j'ay
encore voulu vous en asseurer moy mesme, outre ce que je l'ai
chargé de vous dire de ma part dans son audience de congé. La
dessus je prie Dieu qu'il vous ait, Messieurs, en sa sainte et digne
garde.
Ecrit à Versailles, ce 22« mars 1699.
Votre très affectionné ami
Louis.
Au dos de V enveloppe, de la main du dauphin : k Mes-
sieurs les duc et seigneurie de Venise.
VII.
1699. 27 mars. Versailles.
Louis XIV au doge et à la seigneurie de Venise^.
Messieurs, quoique j'aye chargé le sieur Erizzo votre ambas-
sadeur de vous assurer de mon amitié, je suis bien aise de le faire
encore moy mesme par cette lettre. Je scay quels ont été dans
tous les temps vos sentimens pour la couronne de France ; et les
miens pour vous sont ainsi que vous pouvez le désirer. C'est de
1. Filza 192. Insérée avec ceUe da roi dans la dépêche n' 480 sola et vUima,
La leUre du dauphin était sous une enveloppe scellée d'un cachet sur cire rouge
aux armes du prince.
2. Filza 192. Insérée dans la dépêche d'Ërizzo n" 480 sola et ultimOy datée de
Paris le 7 avril 1699. La lettre du roi est fermée par un lac de soie bleue, scel-
lée de deux cachets en cire rouge aux armes de France. Les cachets sont intacts^
la soie seule ayant élé coupée pour retirer la lettre.
35
quoi je vous prie d'être bien persuadés, et de la sincérité avec
laquelle je suis,
Messieurs,
Votre très affectionné amy.
Louis.
A Versailles, le 27 mars 1699.
Au dos, de la main du roi : A Messieurs les duc et seigneu-
rie de Venise.
L. DE Mas Latrie.
LES ARCHIVES
DU COMTÉ DE LA MARCHE
Il n'est pas, je crois, de province en France sur les annales de
laquelle on soit si mal renseigné que sur celles de la Marche. En
Tan de grâce 1881, il faut se contenter pour l'histoire d'ensemble
de ce pays de la méchante compilation de JouUietton publiée à
Guéret au commencement du siècle*, et les quelques monogra-
phies locales qui ont vu le jour depuis n'apportent qu'un bien
faible contingent de faits nouveaux, si Ton songe à tout ce qui
reste à connaître. A quoi attribuer ce malheureux état de choses ?
Manque d'hommes, dira-t-on. Je le veux bien, mais aussi, mais
surtout manque de documents. Toutes les provinces voisines ont
des fonds d'archives de premier ordre, constitués par les archives
mêmes de leurs souverains féodaux : les archives des sires, comtes,
puis ducs de Bourbonnais étaient à Moulins et sont allées de
là à Paris, où on les trouve aujourd'hui aux Archives nationales;
celles des comtes d' Angoulême ont eu le même sort ; celles des
vicomtes de Limoges, parties probablement de Ségur, ont suivi
un chemin tout difiërent , mais enfin , et c'est là l'essentiel , elles
existent actuellement et appartiennent aux archives départemen-
tales de Pau. Où étaient les archives des comtes de la Marche?
Où sont-elles aujourd'hui? A cette dernière question je réponds
1. Histoire de la Marche et du pays de Combraille, Guéret, 1814-15. 2 vol.
in-8».
37
tout de suite — et plût au ciel que je me trompasse! — elles ne
sont nulle part. A la première je vais tâcher de répondre en pro-
duisant tous les renseignements que j'ai pu me procurer à ce
sujet.
JouUietton dit quelque part en substance que « les premiers
comtes de la Marche avaient leur chambre des comptes à Char-
roux; sous les Lusignans elle était à Angoulême; Philippe le Bel
la supprima et fit transporter les titres à Paris. Sous les Bour-
bons elle était à Moulins. » J'ai retrouvé ce passage tel quel dans
les papiers de Pierre Robert, où JouUietton Ta certainement pris*;
Robert lui-même dit l'avoir tiré d'un ouvrage de Bacquet,
Traité du droit de deshériter, ch. 7. Il mérite d'être discuté,
car il exprime une opinion que l'on serait porté à adopter sans
examen, mais qui ne me paraît pas juste. Je n'insiste pas sur
l'impropriété de l'expression chambre des comptes appliquée
au xiif s. et même à l'époque antérieure; en disant que la
chambre des comptes se trouvait à tel endroit, notre auteur a
voulu sans doute dire que là était le centre de l'administration
féodale et le dépôt des titres. A ce point de vue sa première affir-
mation est exacte : Charroux, berceau de nos premiers comtes,
a dû être très longtemps — plus longtemps même qu'on ne le
croit généralement, comme je le montrerai plus loin — le centre
de leur administration, et n'a jamais cessé de faire partie du
comté de la Marche, quoi qu'en dise M. Deloche^. Mais on sait
que la première maison des comtes de la Marche a abdiqué en
1177, date de la vente du comté à Henri II, roi d'Angleterre, par
le dernier des Aldeberts; or il serait plus que téméraire de
croire que les comtes de la Marche aient eu l'idée de déposer
leurs titres dans un endroit fixe, à une époque où cette idée
n'était pas même encore venue au roi de France.
Passons aux Lusignans. Ont-ils vraiment feit d' Angoulême le
centre de l'administration de leurs deux comtés de la Marche et
d' Angoulême? Il est facile de montrer à quel point cela est
invraisemblable. Hugues IX s'empara du comté de la Marche en
1. Bibl. comm. de PoiUers, coll. Fonteneau, t. XXX, p. 38.
2. Étude sur la géographie historique de la Gaule, dans les Mémoires pré-
sentés par divers savants à VAcad, des inscr. et b.-L, 2* série, IV, p. 302 :
c Après la mort de Sulpice, et sous Boson !•', surnommé le Vieux, la Marche
nous paraît être devenue exclusivement limousine; le canton poitevin de Char-
roux retourna très vraisemblablement au comté de Poitiers, s
38
1199* et le posséda seul jusqu'à sa mort (1219) ; il dut même
accorder un soin particulier à son administration, car c'est lui
qui le premier des comtes de la Marche, en 1211, osa faire
frapper monnaie; Bernard Itier, à qui nous devons ce précieux
renseignement, nous apprend que la nouvelle monnaie fut
frappée à Bellac*, ce qui semblerait indiquer que cette ville
était devenue pour un moment la capitale administrative du
comté. C'est seulement en 1220, par le mariage de Hugues X
avec Isabelle d'Angoulême, que le comté d'Angoulême se trouva
réuni pour de longues années à celui de la Marche. On avouera
que dans ces conditions il semblerait moins étonnant de voir
annexer au comté de la Marche, depuis longtemps dans la maison
deLusignan, l'administration du comté d'Angoulême, que de voir
annexer au comté d'Angoulême, nouveau venu dans les posses-
sions de la famille, l'administration du comté de la Marche. En
réalité les deux administrations durent être indépendantes l'une
de l'autre; on peut en voir une preuve dans le testament de
Hugues X (mars 1243) où il déclare laisser à son fils aîné
« comitatum Marchie, comitatum Engolisme et monetas utrius-
que comitatus^. » Enfin si les archives du comté de la Marche
avaient été transportées à Angoulême, on les retrouverait
aujourd'hui aux Archives nationales dans les Titres d'Angou-
mois; or ces titres renferment bien un assez grand nombre de
pièces qui remontent aux Lusignans, mais toutes se rapportent
au comté d'Angoulême seul, et non à la Marche.
Je regrette, à propos des Lusignans, de ne pouvoir examiner
avec toute l'attention qu'il mérite un important document que
M. Delisle a été le premier à utiliser, le Cartulaire des comtes
de la Marche. L'original était è la chambre des comptes de
1. M. L. Delisle a consacré un excellent mémoire {Bihl. de VÉc, des ch*, 1. 17,
p. 537-545) à rétablir la chronologie des comtes de la Marche de la maison de
Lusignan, pleine des plus grosses erreurs dans VArl de vérifier les dates. La
seule inexactitude que j'y relève est relative à l'avènement de Hugues IX; la
charte de 1190 citée par rillustre savant porte en effet cette date dans une copie
de Dupuy, mais la copie est fautive et la vraie date est 1199. Deux chroniqueurs
indépendants Vun de l'autre, Bernard Itier et Albéric de Troisfontaines, témoi-
gnent que Hugues de Lusignan profita de la mort de Richard Cœur de Lion pour
s'emparer de la Marche, sur laquelle sa famille avait des prétentions depuis plus
d'un siècle.
2. D. Bouquet, XVIII, 227; cf. l'éd. Duplès-Agier, à la date.
3. Layettes du trésor des chartes, tome II, n"* 3049.
39
Paris et a dû périr dans le grand incendie de 1735 ; il n'en existe
plus, à ma connaissance, que deux copies du commencement du
xvni* siècle*. Ce cartulaire semble avoir été rédigé vers la fin
du xm® siècle, car il ne contient pas de pièces postérieures à cette
époque ; les pièces relatives au comté même de la Marche n'y sont
pas en majorité, mais il y en a quelques-unes de très précieuses,
au milieu de documents relatifs aux autres possessions des Lusi-
gnans. Ce mélange semblerait appuyer Tidée que ces puissants
seigneurs féodaux avaient des archives centrales. Mais, avant de
rien affirmer, il faudrait déterminer rigoureusement la date et la
provenance de ce cartulaire ; ce dernier résultat s'obtiendrait , je
crois, assez facilement, si l'on pouvait savoir à quelle époque et
par quelle voie il était entré à la chambre des comptes.
En 1308, à la mort de Gui de Lusignan, Philippe le Bel s'em-
para des comtés de la Marche et d'Angoulême et il sut les
garder, en désintéressant les héritiers plus ou moins directs.
Mais il ne fit pas venir les titres à Paris*, car il ne semble pas
avoir jamais voulu incorporer réellement ces deux comtés au
domaine royal. De 1308 à 1314 il en confia l'administration
à un de ses conseillers, qui appartenait précisément à une famille
de la Marche, Hugues de la Celle : nous avons plusieurs pièces
de ce personnage où il prend la qualité de garde pour le roi des-
dits comtés^. En 1314, peu de temps avant sa mort, Philippe le
Bel donna le comté de la Marche et diverses terres en Poitou à
son plus jeune fils Charles, qui devait être roi lui-même en 1322.
Grâce à cette dernière circonstance, il nous est parvenu, dans les
registres du trésor des chartes et dans ceux du parlement,
1. Bibl. nat., fonds latin, 17089 et 17191.
2. Si les titres avaient été transportés à Paris, ils auraient été incorporés au
trésor des chartes, comme Tavaient été ceux d'Alphonse de Poitiers. Mais on
n'en trouve aucune trace au Trésor; en effet les layettes J 277 {la Marché),
374 (Marche et Angoulême) et 407 {Testaments des Lusignan) représentent, non
pas les archives des comtes de la Marche, mais la partie des archives des rois
de France relative aux comtes de la Marche.
3. Par exemple celle-ci :
c A touz cens qui verront ces présentes letres, Hugues de la Celle, chevaliers
nostre segnor le Roy, garde de par li des contez de la Marche et de Ëngolesme,
salut. Sachent tuit que le xi* jour dou moys de decenbre je recen par la
maien Guillot de Roan à Gharrouz, à heure de tierce, les letres dou roy nostre
segnor sus le fait de la besogne es Lonbart {sic). En tesmoynz de cen j'ay donné
cete letre seeUée de mon seel. Donné à Gharrouz Tan et le jour desus dit. i
(B. nat., Clair., 26, p. 1927.)
40
quelques rares documents sur l'administration de Charles le Bel
comme comte de la Marche, au sujet desquels on me pardonnera
de faire une petite digression, au moins en note. Ces documents
nous révèlent un fait fort intéressant que personne n'a indiqué
jusqu'ici : c'est que Charles le Bel, comme autrefois Alphonse de
Poitiers, avait organisé un parlement dans ses terres, et que ce
parlement siégeait à Charroux*. Lors de l'avènement au trône
du comte de la Marche, son parlement fut supprimé, car nous
voyons se dénouer au parlement de Paris plusieurs affaires
1. Sans rapporter ici toutes les indications qoe j'ai réunies à ce sujet, je me
borne à donner les deux pièces suivantes qui se passent de commentaire :
c Les genz tenanz le Parlement de Mgr. Mgr. le Conte de la Marche à Charros
de par ledit seigneur, à noz amez Robert de Marines, escuier, seneschal de la
Marche, et à Mgr. Hugues de Nedes, clerc, chenoyne d'Angers, salut et dilec-
cion. Comme sur les enquestes faites entre le procureur Mgr. le Conte dessus
dit, d'une part, et le procureur de l'Ospital de Bourguéneo% d'autre, sur les
lieus monstrez pour cause deu boys de Plausonieres , autrement dit de Mont-
bouchier"*^, déliés les boys de Murât, lesquelles enquestes ont esté veues et
regardées en conseil et non pas jugies pour aucunes doubtes, a esté accordé entre
lesdiz procureurs que vous irez auUiz boys et appellerez ceuls qui feront à
appeller et lesdiz procureurs et oerez encores les tesmoings dont nous vous
envoyons les nous qui sont oudictes enquestes sanz reproche et autres tesmoinz
dou païs, proudommes et loiaulx, pour vous aviser et enformer, pour faire bon-
nage et division entre lesdites parties desdiz boys et des leus monstrez, et, vous
avisez et enformez, ferez ledit bonnage et division et métrez bonnes là où vous
verrez qu'elles feront à mettre oudiz leus monstrez et en baudrez à chescune
partie ce que elle en devra avoir, et tendra ferme et estable cen que vous en
aurez fait , et nous mandons à tous à cui peut appartenir que à vous en ce fai-
sant obéissent et entendent diligenment Donné oudit Parlement le lundi après la
Trinité l'an de grâce mil trois cens et vint.
Item unes autres lettres à cestes annexées :
Les maistres tenanz le Parlement de Mgr. Mgr. le Conte de la Marche à Char-
ros de par celui seigneur, à Robert de Marines, escuier, seneschal de la Marche,
saluz. Nous vous mandons que vous la commission autrefoiz faicte à vous et à
Mgr. Hugues de Nede, clerc, chenoyne d'Angers, sur les enquestes faictes entre
le procureur de Mgr. de la Marche, d'une partie, et le procureur de l'Ospital,
d'autre, parmy laquelle ceste présente commission est annexée, mettez à execn-
cion dehue et accomplissiez de point en point selonc la forme et teneur d'icelle.
Donné oudit Parlement le jeudi emprès la feste saint Jehan BapUste l'an de
grâce mil trois cens vint et un.
(Arch. nat., JJ 64, p. 88.)
* Bourganeuf, ch.-l. d'arr., Creuse, = Burguettum Novum; dans le patois
actuel B(mrgouniou,
'*'* Montboucher, canton de Bourganeuf.
41
engagées au parlement de Charroux ^ Il est donc possible que
les registres de ce parlement éphémère aient été transportés
à Paris, d'autant plus que Charles IV semble avoir réelle-
ment incorporé la Marche au domaine royal, avant qu'il ne
songeât à l'échanger pour le comté de Clermont en Beauvaisis
avec Louis de Bourbon*. Pourtant je ne trouve aucune indication,
dans le savant travail de M. Griin sur les archives du parlement,
qui puisse faire naître l'espoir de retrouver un jour aux Archives
nationales ces registres si précieux pour l'histoire et l'adminis-
tra tion de notre province.
J'ai hâte de sortir enfin du terrain des doutes et des probabi-
lités pour arriver aux documents qui font proprement le sujet de
cet article et me permettront de faire succéder des faits précis à
toutes les inductions dont j'ai été forcé de me contenter jusqu'ici.
Je saute donc un siècle et demi et j'arrive à 1475. Or à cette
date les archives du comté de la Marche existaient bel et bien et
ne se trouvaient ni à Angoulême,' ni à Moulins, ni à Charroux,
ni à Bellac, mais au château d'Aubusson. Je n'entreprendrai pas
de dire pourquoi, comment ni depuis quand. Je ferai seulement
remarquer que la vicomte d'Aubusson fut acquise par les comtes
de la Marche vers 1260; que les vicomtes, dont l'origine est au
moins aussi ancienne que celle des comtes de la Marche, devaient
1. Voici deux extraits de pièces qui établissent ce fait :
« [Karolus, Dei gracia, Francorum et Navarre rex ] Lite mota coram lenen-
tibus pro nobis Parlaroentum in comitatu nostro Marchie Inquesta igitur
super hiis, de mandato predictorum Parlamentum Marchie pro nobis tenencium,
vocatis evocandis, per certum commissarium incoacta, et per senescallum Marchie
de mandato curie nostre compléta et perfecta Va diemarcii [1323]. s (Arch.
nat., X 5, fol. 296.)
c [Karolus ] Gum dudum nobis ex parte prions de Chassaigninis in Lemovi-
cinio fuisset denunciatum quod cum ipse prior plures injurias coram tenentes
Parlamentum nostrum Karoli, dum eramus comes Marchie , proposuisset
mandavimus ballivo Alvernie quatinus super predictis veritatem, vocatis evo-
candis, inquireret et quicquid inveniret curie nostre ad judicandum referret
Datum XVIlla die junii [13231. » {Ubi suprà, fol. 331.)
Dans ces deux pièces curia désigne le parlement de Paris.
2. On lit dans une pièce de 1326 : c senescallo Marchie in contrarium
asserente et dicente eos coram ipso ressortir! debere, cum comitatu s ad regem
pervenerit et sibi quodam modo sit unitus » (Arch. nat.. JJ 64, p. 93.) En
outre, pendant tout le règne de Charles IV, le même personnage fut presque
toujours sénéchal de la Marche et du Limousin, avec un lieutenant pour chaque
province.
42
avoir un fonds d'archives très important ; qu'il est donc possible
que peu de temps après cette acquisition, pour des raisons maté-
rielles quelconques, on ait trouvé plus simple de transporter à
Aubusson les archives du comté que de transporter les archives
d'Aubusson dans le heu inconnu où devaient exister les archives
des comtes de la Marche.
Voici maintenant, avec l'exposition des faits auxquels nous
sommes redevables des deux précieux documents que je publie
en appendice, les détails que nous avons sur le dépôt d' Aubusson.
Au cours d'un procès entre Jacques d'Armagnac, comte de la
Marche , et le duc de Bourbon * , le parlement ordonna que le premier
aurait à produire au greffe les originaux de quatre pièces dont il
n'avait fourni que des copies et que le duc de Bourbon prétendait
arguer de faux. Jacques d'Armagnac se trouvait à ce moment
à Cariât, son séjour habituel, où il avait sa bibliothèque* et sans
doute, en dehors des archives de la vicomte de Cariât, les pièces
intéressant ses différentes possessions dont il pouvait avoir le
plus souvent besoin ; il trouva immédiatement trois des originaux
qu'on lui demandait, mais non le quatrième, un accord fait en 1356
entre Louis de Bourbon et son oncle Pierre, comte de Ponthieu^.
Il écrivit alors, le 14 août 1475, au sénéchal et au garde de son
comté de la Marche pour qu'on recherchât la pièce. Sa lettre*
nous apprend que ses archives « de par délia », c'est-à-dire plus
particulièrement du comté de la Marche , se trouvaient au châ-
teau d' Aubusson, et que la garde en était confiée à deux de ses
conseillers, Antoine Alard et Jean Froment. Le sénéchal et son
lieutenant (car tel était le titre officiel du gardé) s'empressèrent
d'obéir à leur suzerain ; à cet effet ils se transportèrent à Aubus-
son, appréhendèrent Jean Froment, châtelain du lieu en même
temps qu'archiviste, et lui commandèrent d'ouvrir la tour du
château où étaient les archives, pour procéder aux recherches
1. Voy. sur ce procès, qui dura fort longtemps, les n<>* 5698, 5706, 5719, 5733,
etc., etc., des Titres de la maison de Bourbon (t. II).
2. Voy. sur sa riche bibliothèque , dont beaucoup de manuscrits et même an
imprimé sont arrivés à la Bibl. nat., la notice de M. L. Delisle, Cabinet des
manuscrits, I, p. 86-91.
3. Cet accord n'existe plus aujourd'hui ni en original ni en copie ; voyez une
pièce du 1"' décembre 1357, qui se rapporte à ce sujet, et la note de HuiUard-
Bréholles {Titres, n» 2755).
4. Appendice, pièce n* 1.
43
qui leur étaient commandées. Là, premier incident. « Depuis
quatre ans en ça, la porte de ladicte tour avoit esté murée, à
l'occasion de certain bastiment que Ton faisoit audit chastel. »
Je ne sais si pendant ces quatre ans Jean Froment et Antoine
Alard avaient touché régulièrement leur traitement d'archiviste ;
il faut avouer du moins que l'accomplissement de leurs fonctions
avait dû être excessivement simplifié par cet état de choses. Mais
les ordres du comte de la Marche étaient formels : on démura la
porte et on pénétra dans l'intérieur de la tour; on ouvrit toutes
les armoires, on visita tous les coffres, on examina toutes les
pièces et l'on ne trouva pas le document cherché. Il ne faut
pas croire cependant que les archives fussent dans l'état de
délabrement et d'abandon que pourrait faire supposer ce murage
de quatre ans. Les notaires qui ont rédigé le procès-verbal de la
visite ne nous apprennent malheureusement pas de combien
d'armoires et de coffres se composait le dépôt; mais ils ne nous
laissent pas ignorer qu'il y avait un inventaire indiquant dans
quelle armoire se trouvaient les documents inventoriés. Cet
inventaire indiquait que la pièce cherchée avait été mise avec
d'autres dans une armoire déterminée, où l'on ne put cependant
pas la trouver. En outre il y avait un second inventaire des
pièces remises le 3 février 1465 à maître Pierre de la Ville,
licencié en lois, pour porter à Paris et servir vraisemblablement
dans le procès intenté par le duc de Bourbon; en marge des
pièces y énumérées, Jean Froment avait eu le soin d'indiquer le jour
où elles avaient été restituées, et la pièce que demandait Jacques
d'Armagnac y figurait précisément, avec cette note : Rendue
lelIP jour d'avril. Van M CCCCLXVII, et la signature
de Jean Froment. Sa disparition paraissait donc inexplicable, et
semblait engager singulièrement la responsabilité de l'archiviste.
Il s'excusa en disant que son collègue, Antoine Alard, alors
absent et qu'on disait être auprès du roi, avait pénétré plusieurs
fois dans le dépôt et devait probablement l'en avoir retirée.
Après avoir remuré soigneusement la porte de la tour, on dressa
un procès-verbal que l'on envoya immédiatement au comte de la
Marche*; celui-ci le produisit en parlement pour s'excuser de ne
pas fournir le quatrième original qu'on lui demandait ; les pièces
de l'afiaire furent communiquées au duc de Bourbon, qui les
1. Appendice, pièce n» 2.
44
garda, et voilà comment elles se trouvent aujourd'hui aux
Archives nationales dans les titres de la maison de Bourbon.
Après la mort de Jacques d'Armagnac, décapité le 4 août
1477, Louis XI fit don de la Marche à sa fille Anne et à son
gendre Pierre de Beaujeu, qui plus tard (1488) y unirent le duché
de Bourbonnais. Eurent-ils alors l'idée de centraliser à Moulins
les archives de la Marche? Voici ce qui dut se passer. Jacques
d'Armagnac avait dans la Marche une chambre des comptes,
qu'il avait été probablement le premier à organiser*; sous Pierre
de Beaujeu elle continua d'abord à fonctionner comme par le
passé*; mais, lorsque ce dernier fut devenu maître du Bour-
bonnais, il dut la supprimer et en transporter les attributions à
la chambre de Moulins, dont l'importance se trouva ainsi singu-
lièrement augmentée. Dès lors les nominations des officiers de la
Marche (sénéchal, châtelains, etc.) furent enregistrées à Moulins
dans les Mémoriatux)^, et les pièces d'administration déposées
aux archives de la chambre : c'est ainsi que nous retrouvons
aujourd'hui dans les titres du Bourbonnais plusieurs pièces
isolées relatives à la Marche (23 mars 1506, ordre de paiement
d'une maison achetée à Guéret pour tenir l'auditoire de la
justice; 11 juin 1511, transaction des prêtres de la communauté
de Beaumont de Felletin avec Anne de France, etc.) et surtout
toute la série des hommages rendus en 1506, pour raison du
comté de la Marche*, à Anne de France à son passage à Bellac
(13-17 juiïlet), au Dorât (19-20) et à Guéret (27 juillet-3 août).
Quant au dépôt d'Aubusson, qui devait surtout contenir des
pièces anciennes peu ou point utiles pour l'administration cou-
rante, on n'y toucha pas. Nous allons en effet le retrouver.
En 1527, maître François Tavel, conseiller du roi au parle-
ment de Paris, fut chargé d'exécuter l'arrêt rendu contre le
connétable de Bourbon et se transporta à cet effet dans les diffé-
rentes terres qui lui avaient appartenu, pour les faire admi-
nistrer désormais au nom de Louise de Savoie, mère du roi. Le
1. Voyez plus loin la note sar Jean de Sainte-Feyre.
2. n y a une pièce du \*' mars 1478, adressée par Pierre de Beaujeu aux gens
des comptes de la Marche {Titres de la maison de BourboUy n" 6675).
3. Ces mémoriaux, transportés à la chambre des comptes de Paris^ ont péri
dans le grand incendie du siècle dernier; heureusement nous avons une table,
qui paraît complète, des actes qu'ils contenaient (Bibi. nat., franc. 22299).
4. Arch. nat., P 452i et 452».
45
volumineux procès-verbal de cette exécution nous a heureusement
été conservé*. Le samedi 12 octobre, François Tavel arriva à
Guéret et se logea à l'hôtellerie où pendait pour enseigne VEscu
de Bourbon, Le mardi suivant nous le voyons demander au
châtelain, Jean de Costes, s'il n'y avait pas à Guéret quelques
« lettres, tiltre^ et enseignemens »; celui-ci répond « qu'ilz
avoient quelques dénommées des flefz dudict conté, et qu'il y
avoit quelques tiltres et lectres au chasteau dCAubusson
touchans et concernans ledict conté de la Haute-Marche
et ses droictz et appartenances, » Voici maintenant des
extraits de la suite du procès -verbal qui nous montreront
comment le commissaire procéda vis-à-vis des tiltres et ensei-
gnemens.
« Fol. 162 r*'. Lesquelz officiers ainsi par nous oïz, avons
ordonné audict de Costes, chastellain, qu'il ait à apporter par
devers nous ce qu'il a des fiefe dudict conté, pour en faire mencion
et description et à l'apres disnée dudict jour avons remis
lesdiz tiltres et enseignemens et nommées de flefz es mainz dudict
chastellain, qui a promis les garder bien et loy animent, iceulx
non communicquer sans ordonnance ou auctorité de justice et les
rendre toutes et quantes fois de la part dudit procureur gênerai
du roy, ou autre ayant cause dudict seigneur, il en sera requis.
Et dudict jour 15® octobre sommes partis de ladicte ville de
Guéret et venuz au giste à Hum*, et le lendemain, 16® dudict
mois, arrivez au disner audict Heu d'Aubusson, où avons faict
mettre par inventaire ce qui a esté trouvé au chasteau dudict
lieu, comme en icellui est contenu, et les pièces, tiltres et ensei-
gnemens de ladicte seigneurie baillez en garde audict Martellade,
procureur audict lieu d'Aubusson, en présence dudict procureur
gênerai de la Marche, qui ont promis comme dessus ; et avons
mandé venir par devers nous les consultz ou cosses dudict lieu,
lesquelz sont venuz en nostre logis ou pend pour enseigne le
Lyon d'or, assavoir Barthélémy Mage, Françoys Thevenyn et
Claude Meillereau, ausquelz avons signiffié nostredicte execu-
cion et faict commandement que doresnavant ilz aient à obéir à
Madame, et sommes venuz au giste à Felletin »
Il est bien regrettable que François Tavel, après avoir fait faire
1. Bibl. nat., Fr. 5110, original signé Tavel.
% Ahun.
46
un inventaire (bien sommaire évidemment) des archives d'Au-
basson, n*ait pas eu Tidée de le faire transcrire dans son procès-
verbal, où nous pourrions le lire aujourd'hui; mais il &ut dire
que rien ne Vy obligeait. A-t-il rapporté cet inventaire avec lui
à Paris? Gela paraît probable. Si, comme il semble naturel, il
l'avait déposé au parlement, peut-être aura-t-on la chance de le
retrouver un jour ou l'autre aux Archives nationales. Espérons.
On sait, grâce à la savante introduction que Huillard-Bréholles
a mise en tête de son inventaire des Titres de la maison de
Bourbon y comment, par lettre du 19 mars 1532, François P'
chargea Jacques Luillier de faire l'inventaire des titres conservés
à la chambre des comptes de Moulins « et autres deppendans
d'icelle » et de transporter ces titres à Paris. On sait aussi com-
ment Jacques Luillier s'acquitta de sa commission à Moulins, à
Yillefranche et à Montbrison. D'Aubusson, il n'est pas question.
Évidemment à Moulins on ignorait l'existence de ce dépôt et on
n'en avisa pas le commissaire du roi.
Le dernier témoignage que j'aie pu recueillir sur les archives
d'Aubusson est celui du notaire Evrard, à qui l'on doit une
Histoire de Vantique ville d'Ahun, écrite vers 1560, et
publiée seulement de nos jours*. « Il appert, dit-il, par les joan-
cartes anciennes qui sont gardées aitœ archives du chas--
teau d'Aubusson que César, dictateur romain, fit édifier
la grande tour quarrée dudit chastel en son nom*. » On ne
s'attendait guère à voir César en cette affaire, et il est clair
que le bonhomme Evrard n'avait jamais mis le nez dans ces
précieuses pancartes. Il faut pourtant lui savoir gré d'en avoir
connu au moins l'existence et de nous en avoir fait part.
Il ne me reste plus qu'à émettre une supposition pour expli-
quer la perte définitive de documents qu'il nous serait aujour-
d'hui si précieux de connaître. Le château d'Aubusson fut
occupé par les protestants dès 1575^ ; il joua un rôle important
1. Publiée en 1857 (Clermont-Ferrand , F. Thibaud, in-12) d'après le ms.
original.
2. Passage cité par M. L. Duval, Esquisses marchoises (Goérel, 1879),
p. 248-9.
3. Voy. un document curieux, daté du 27 octobre 1576, et contenant l'état des
sommes que les contribuables de la région environnante c ont esté contrainctz
payer par force à ceulx de la religion prétendue refformée et autres catholiques
unys et assocyés estans es villes d'Aubusson, Felletin, S^ Léonard et autres
47
dans les guerres de religion qui sévirent avec une violence peu
commune dans la Marche; il dut être plusieurs fois pris et repris.
En faut-il davantage pour supposer avec vraisemblance que c'est
à cette époque orageuse que nos archives ont dû sombrer, sans
qu'on puisse en retrouver aujourd'hui la moindre épave*?
Antoine Thomas.
APPENDICE.
NM.
Garlat, 14 août 1475. — Ordre du comte de la Marche prescrivant de
faire une recherche dans les archives d^Aubusson.
Jaques, duc de Nemours, conte de la Marche, etc., à noz amez et
feaulx conseillers maistres Loys du Puy^, seigneur du Gouldray et
de Bellefaye, seneschal de la Marche, et Jehan de SainctAfeire, dict
Piédîeu^, seigneur dudict lieu et garde dudit conté de la Marche,
chevaliers, salut.
Gomme au procès pendent en la court de Parlement à Paris entre
monseigneur le duc de Bourbon et d'Auvergne, demandeur, d'une
part, et nous, deffendeur, d'autre part, pour raison et à cause de
nostredît conté de la Marche, chastel, cbastellenie, terre et seigneurie
de Montaigu-en-Gombraille que ledit seigneur de Bourbon prétend
a lui appartenir, auquel procès tant a esté procédé que après qu'il
places et chasteaulx forts au païs et élection de la Haute Marche i (Bibl. nat.,
fr. 21424).
1. Le château d'Anbusson fut complètement rasé en 1632 par ordre de Riche-
lieu {Lettres, VII, 997, 17 août); j'ai peine à croire que, si les archives eussent
encore existé à cette époque , on n'eût pris aucun moyen pour en assurer la
conservation. D'ailleurs le fait même de leur existence n'aurait pas échappé à
Pierre Robert.
2. Il était déjà sénéchal de la Marche au moment de la guerre du Bien public,
et en décembre 1466 il fut interrogé dans le procès de Charles de Melun.
3. Jean de Sainte-Feyre était fils de Guillaume Piédieu, et lieutenant du séné-
chal de la Marche depuis 1453 au moins (voy. mes États provinciaux, l, 351).
C'est sans doute son frère, appelé simplement Jean Piédieu , que nous voyons
qualifié, dans un acte du 22 juillet 1468, de c licencié es droits, chantre de
Limoges, président en la Chambre des comptes de Mgr. le duc de Neraoux,
conte de la Marche » (L. Duval, Esquisses marchoises, p. 156), et qui était en
outre prévôt de Moutier-Roseille en 1466 (Bibl. nat., lat. 17118).
48
a reprins le procès pour et au nom de feu monseigneur de Bourbon,
son père, et nous pour et au nom de feu nostre tres-redoubté sei-
gneur et père et nostre tres-redoubtée dame et mère, que Dieu
absueille, après productions faictes audit procès d'ung cousté et
d'autre, par arresl de ladicte cour a esté dit et appoincté que nous
estions contraires à toutes fins et que sur les faiz proposez par nous
et ung chascun de nous ferions fere enquestes, lesquelles rapportées
en ladicte court et productions faictes elle nous feroit droit. Et
depuis ledit de Bourbon a baillé une certaine requeste à ladicte court
donnant entendre que nous avions produict audit procès quatre
lectres plus à plain désignées en ladite requeste, lesquelles, une et
chascune d'icelles, il entend montrer faulses et redarguer de faulx,
en requérant que nous soyons constraings les originaulx d'icelles
mectre devers ladite court, et depuis par icelle lesdites parties oyes
a esté dit et appoincté que en affermant personnellement par ledit
de Bourbon ou son procureur soffisemment fondé et de ce ayant
puissance spéciale lesdictes quatre lectres estre faulces et que faulces
les redargueret et monstreroit, audit cas nous serions tenuz porter
ou fere porter l'original desdites quatre lectres par devers le greffe
de ladite court dedens trois moys après ladite affîrmacion faicte^ et
depuis aucun temps en ça il a fait faire ladite afîirmacion après
laquelle affîrmacion delay nous a esté bailé par ladite cour de icelles
quatre lectres envoyer au greffe de ladite court. Pour fournir auquel
appoinctement nous avons faict et fait fere diligence pour quérir et
faire quérir en noz coffres et autres lieux ou avons acoustumé de
tenir noz lectres et tiltres de noz seigneuries, tant au lieu de Garlat,
ou faisons nostre continuelle résidence, que autres lieux de par deçà,
mais quelque diligence qu'en ayons sceu faire ou faire faire, desdites
quatre lectres n'en avons peu trouver ne recouvrer que les trois, les^
quelles avons envolées au greffe de ladicte court en obtempérant
audict appoinctement d'icelle ; mais la quatriesme que Ten dit estre
un accort fait des Tan m ggg cinquante six entre feu monseigneur
Loys de Bourbon, d'une part, et monseigneur Pierre de Bourbon,
son oncle, conte de Ponthieu, duquel fumes descendus, d'autre
part, sur le fait de son partage de la maison de Bourbon, n'ayons
peu trouver ne recouvrer par deçà, quelque diligence qu'en ayons
peu faire, comme dit est, et pour nous mectre en nostre devoir de
recouvrer ladite lectre et d'icelle fere quérir en nostredit conté de la
Marcbe, en ensuy vaut ledit appoinctement de ladite court, nous vous
mandons et expressément enjoignons que incontinent et sans delay
49
VOUS vous transportés en nostre chastel d'Aubusson, en nostredit
conté de la Marche, auquel lieu avons acoustumé de tenir noz lectres
et Chartres et autres enseignemens appartenant à nostredit conté et
autres noz seigneuries de par délia en la garde de noz amez et feaulx
conseillers maistres Anthoine Alart^, nostre trésorier de la Marche,
Jehan Froment, nostre secrétaire', lesquels ont tenu et tiennent les
clefz des coffres où sont nosdites lectres, Chartres et enseignemens,
et illecques appelez avecques vous deux notaires, après ouverture à
vous faicte par les dessus diz qui en ont la guarde, comme dît est,
voyès et visitez si esdiz coffres se pourra trouver ladite lectre ou
aucuns enseignemens d'icelle, et de la diligence que fait en aurez
nous en certifQez, pour de la diligence par vous et nous faicte en
certiffîer ladite court, pour nous valoir ce que de raison. De ce faire,
leurs circonstances et dependences, vous donnons plein pouvoir et
mandement spécial^ mandons et commandons ausdiz gardes desdites
Chartres et lectres et à tous autres noz justiciers que en ce que dit
est vous obéissent.
Donné à Garlat le xnii^ jour d'aoust Tan mil quatre cent sexante
quinze.
Par monseigneur le duc, messeigneurs les prothonotere de Mons^,
1. Secrétaire de Bernard d'Armagnac dès 1444, 5 juin (Arch. nat., P 13633,
cote 1255), il dut succéder à Jacques de la '^lle yers 1450 comme trésorier de
la Marche. £n 1471 il entra ou chercha à entrer au service du duc de Guyenne,
ce qui indisposa Louis XI contre lui. Il mourut à Guéret en 1475, au retour du
Toyage dont il est question dans la pièce n° 2. Voici sur sa mort les détails que
donne le comte de la Marche lui-même dans une déposition faite au cours de
son procès le 24 déc. 1476 (Bibl. S'o-Geneviève, L 7, fol. 356). « Ou temps d'esté
dernier passé a eu ung an, quant icellui AUard fut retourné en la Marche, il
manda à madame de Nemoux qui lors esloit en la ville d'Ahun, en la Marche*,
que le fait de Mgr. de Nemoux estoit en grant dangier et qu'il y avoit bien
remède et qu'il y avoit beaucoup de choses dont il desiroit advertir lui qui
parle ; par quoy et pour ce que ledit AUart estoit malade et ne povoit aller devers
madicte dame, ledict Allard lui prioit qu'elle lui envoyast son confesseur auquel
il diroit tout ce qu'il savoit. Et incontinent madame de Nemoux envoya son
confesseur devers ledict maistre Anthoine Allard, mais à Teure que le confesseur
arriva, ledict Allard avoit ja perdu la parole et morut incontinent. >
2. Fils d'autre Jean Froment qui avait pris part à l'administration des finances
avec Jean Barton et Jacques de la Ville sous Charles VU, et fut accusé comme
eux de malversations (Arch. nat., P 2848, fol. 38-40).
3. Ce personnage, autant qu'il me souvient, figure dans le procès de Jacques
d'Armagnac, mais je n'ai pas sous la main le moyen de retrouver son nom.
4
50
seneschal de Castres^ seigneur de Juou^, et messire André de
Cauhan, ses conseillers, presens.
B. GUSINET.
{Arch. nal., P 1363», n« 1211.)
No 2.
Aubusson, 2 octobre 1475. — Rapport sur la recherche ordonnée par
le comte de la Marche dans les archives d'Aubusson.
A très hault et puissant prince et nostre redoubté seigneur Mgr. le
duc de Nemours, conte de la Marche, Loys du Puy , chevalier, sg' du
Gouldray, vostre seneschal de la Marche, et Jehan de Sainct-
Affeiran, dit Piédieu, chevalier, garde de la justice de vostredit
conté de la Marche.
Plaise vous sçavoir que nous avons receu vos lectres pactantes
datées du quatorziesme jour d'aoust, Tan mccgglxxv, signées Gusinet,
et scellées de vostre seel, contenans noslre commission, ausquelles
ces présentes sont acthacheez^ par vertu desquelles et en obtempérant
à voz commandemens , le segond jour d'octobre Tan mccgglxxv,
nous transportasmes au lieu, chastel et place d'Aubusson, ouquel
chastel le temps passé voz tiltres et Chartres touchans vostredit
conté ont esté mises en garde et illecques apprehendasmes en
personne Jehan Froment, vostre secrétaire, qui est Tun diceulx
qui a la garde et clefs des coffres ou sont vos tiltres et Chartres
desquelz est faicte mencion en vosdictes lectres, auquel, en
l'absence de Antoine Alart, qui est Tautre d'iceulx qui a la garde
et clefs desdiz coffres, lequel, comme Ton disoit communément,
estoit allé devers le roy, luy fîsmes ostension et lecture de vosdictes
lectres, et, icelies par luy veuhes, luy fismes commandement de par
vous que tantost et sans delay il fist ouverture de la tour ou l'on
disoit lesdiz Chartres et tiltres estre encloux en coffres et armoires,
lequel nous dist et respondit que deppuis quatre ans en ça la porte
de ladicte tour avoit esté murée à Toccasion de certain bastiment
que Ton faîsoit audict chastel, mais que voulantiers la feroit des-
1. Le sénéchal de Castres était Henri de Pompignac , dit Palamede. Bernard
d'Armagnac en avait fait le gouverneur de son fils, auquel il montra un atta-
chement inébranlable. Il fut torturé dans le procès de son maître , mais ne le
chargea pas.
2. Jou-sous-Montjou (Cantal). Il est souvent fait mention de ce personnage
dans le procès de Jacques d'Armagnac.
54
murer, ce qu'il fist, et après luy flsmes commandement de par vous
qu'il nous monstrast et exhibast de par vous toutes les clefs de tous
les coffres et armoires estans dedans ladicte tour ou diceulx nous
fist ouverture pour sçavoir si dedans iceulx coffres et armoires la
lectre dont est faicte mencion en vostredicte commission se pourroit
trouver, lequel nous fist ouverture desdiz cofTres et armoires l'un
emprès l'autre, et visitasmes toutes les lectres estans dedans lesdiz
armoires Tun emprès Pautre et lectres après lectres, mais nous
n'avons en tous lesdiz armoires ne coffres peu trouver ladicte lectre,
jasoit ce que par ung inventoire desdictes lectres nous ayons trouvé
ladicte lectre avoir esté mise autresfois avecques autres en l'un
desdiz armoires, et par ung autre inventoire nous est apparu que
ladicte lectre ensemble plusieurs autres lectres furent receues par
maistre Pierre de la Ville, licencié en loix, pour icelles porter à
Paris, le m® jour de février l'an mil cccc soixante quatre; à la teste
duquel inventoire et mesmement sur l'article faisant mencion de la
réception de ladicte lectre sont escriptz ces motz : Rendue le troi-
siesmejour d'avril l'an m une lxvii, signez après du seing manuel
de Jehan Froment, vostre chastelain, et en autres articles dudict
inventoire faisans mencion d'autres lectres et en aucuns d'iceulx y
sont à la teste desdiz articles: Rendue comme dessus. Par quoy nous
a semblé ledict Jehan Froment et Ânthoine Alard estre chargiez des-
dictes lectres, et lui fismes commandement de rechief que icelles
lectres nous baillast par icelles vous envoyer, lequel nous respondit
que plusieurs fois ledict Alart estoient entrez [sic] dedans et que
véritablement il ne sçavoit que lesdictes lectres estoient devenues,
et après avons fait remurer la porte de ladicte tour ainsi qu'elle
estoit par avant, lesdiz commandemens par nous faitz audict Fro-
ment. Et ce que dit est nous vous certiffions avoir esté fait.
En tesmoing desquelles choses nous avons signé ces présentes de
nos seings manuels et fait signer à maistres Jehan Durand et
Anthoine Buchon, notaires royaulx, à nostre requeste, et sceller de
noz seaulx les an et jour dessus ditz.
Signé
Lois du Put. J. de S. Aff.
Durand. Buchon.
et jadis scellé.
(Môme provenance que le n<* 1.)
BIBLIOGRAPHIE.
Les Officiantes au moyen âge. Étude sur l'organisation^ la compé^-
tence et la procédure des tribunaux ecclésiastiques ordinaires en
France de iiSO à ^328, par Paul Pournibr. Paris, E. Pion, ^880,
in-8^ XXXIV et 329 p.
Le droit canonique ou ecclésiastique était jadis étudié en France avec
plus d'ardeur et de succès que dans les autres parties de l'Europe. Sans
remonter jusqu'à Févéque de Mende, Guillaume Durand, dont le Spécu-
lum juris est le plus vaste et le plus précieux traité de droit canonique
que nous ait laissé le moyen âge, on trouve en France, au xvu« et au
xvin» siècle, les plus savants éditeurs de textes ecclésiastiques et les
canonistes les plus renommés. Ce mouvement s'est arrêté, et, pendant
un siècle, la France n'a produit, dans cet ordre de travaux, que quelques
manuels sans valeur scientifique. L'Allemagne au contraire continuait
Tceuvre abandonnée ; elle entreprenait et menait à bien d'importantes
publications de textes, des recherches approfondies sur l'histoire des
sources, des traités étendus, dont les auteurs mettaient à profit, sans en
informer toujours le lecteur, les travaux oubliés de nos vieux canonistes.
Ces études paraissent aujourd'hui reprendre quelque faveur au milieu
de nous ; un grand nombre de textes ont été réimprimés ; les recueils
périodiques publient de nouveau des articles importants sur des ques-
tions d'histoire du droit canonique et ecclésiastique et il nous sera per-
mis d'ajouter ici que les élèves sortants de l'École des chartes choisissent
parfois des sujets de thèse dans cet ordre d'études. Parmi les travaux de
ce genre qui ont été publiés, on en peut citer qui font autorité auprès
des juges les moins indulgents'*. Il en sera vraisemblablement de môme
de la thèse sur les officialités présentée en 1879 par M. Paul Fournier
et publiée aujourd'hui, avec quelques additions, sous le titre que nous
donnons en tète de cet article.
1. Voy. notamment VEssai historique sur les archidiacres de M. Adrien Gréa^
publié dans la Bibliothèque de l'École des chartes, 3" série, t. II, p. 39 et 215.
53
L'auteur s'est proposé d'étudier la juridiction épiscopale au moyen âge,
et plus spécialement de 1180 à 1328. Pour mieux faire comprendre le
rôle de Toffîcial, à qui cette juridiction est habituellement confiée,
M. Fournier résume, dans une introduction, les traits généraux de
l'organisation et du gouvernement du diocèse, à la fin du xn« siècle.
L'évoque est toujours le chef de la société religieuse dans le territoire
qui lui est confié ; mais son autorité est de plus en plus limitée par les
pouvoirs de son chapitre, qui arrive parfois à échapper à sa juridiction,
et par l'indépendance croissante de ses premiers auxiliaires, les archi-
diacres. Le concile de Trente mettra plus tard un terme à l'abus des
exemptions ; mais dès la fin du xii* siècle les évêques s'efforcent de réta-
blir l'unité de direction et d'autorité dans leur circonscription, en créant
les officiaux, puis les vicaires généraux, et en leur confiant à titre de
délégation toujours révocable les attributions que les archidiacres pré-
tendaient tenir à perpétuité de leur titre même.
Cet aperçu général conduit M. Fournier à étudier, dans une première
partie, l'organisation des of6cialités. Le mot offidalis a plusieurs accep-
tions au xi« et au xii« siècle : il s'entend des religieux chargés des offices
claustraux d'an monastère, des juges séculiers et des clercs qui assis-
taient l'évêque dans l'exercice de son autorité spirituelle. Au xnr siècle,
ce terme prend un sens technique : l'official est alors un clerc qui exerce
par délégation la juridiction spirituelle d'un dignitaire ecclésiastique
dont il tient tous ses pouvoirs. Les évêques commencèrent à se faire
représenter par ces mandataires dans la seconde moitié du xii« siècle ;
cette institution devint générale dans le siècle suivant. Le premier texte
oii le mot offidalis soit employé dans son acception nouvelle paraît être
un canon du concile de Westminster de 1173 (c. 1, Mansi, XXII, 142);
les exemples plus anciens ne paraissent pas bien concluants. En France,
ce fut vraisemblablement l'archevêque de Reims qui, le premier, délé-
gua à un officiai l'exercice de sa juridiction ; dès 1178 ce nouvel agent
du pouvoir épiscopal rédige des actes dans cette ville ainsi qu'à Beau-
vais et à Amiens. Entre 1180 et 1200, on le trouve à Rouen, à Cambrai,
à Noyon, à Chartres, à Troyes, à Avranches, à Bayeux et au Mans,
mais sous les dénominations de ministère ministerialis, procurator epis^
copi. Le terme offidalis n'est d'un usage constant et certain qu'au
xiii« siècle ; en Bretagne, on emploie dans le même sens le mot allocatus,
alloué.
Quelles causes déterminèrent cette création nouvelle? Ce furent
d'abord les empiétements des archidiacres et le désir des évêques de
revendiquer leur droit de juridiction que ces puissants dignitaires con-
fisquaient presque entièrement. Mais ce fut aussi l'introduction, à la fin
du XII* siècle, d'une procédure savante, empruntée en grande partie au
droit de Justinien, qui réclamait pour l'exercice de la juridiction conten-
tieuse un clerc versé dans l'étude des lois civiles et des canons. Aussi
54
les officiaux et le droit romain rencontrèrent-ils les mêmes adversaires :
ces nouveaux juges sont pour Pierre de Blois, l'archidiacre de Bath,
« des vipères d'iniquité, des pasteurs des loups et non des brebis, des
0 éplucheurs de syllabes ; ils surpassent en malice l'aspic et le basilic
c et vendent leur âme au diable... La loi de Justinien est pour les fidèles
c une cause de perversion et les rend fils de l'enfer, i Néanmoins les
conciles de France prescrivaient aux évêques de choisir leurs officiaux
parmi des jurisconsultes éprouvés, qui eussent étudié le droit au moins
pendant cinq ans, et, au xrv« siècle, ces juges sont souvent pourvus de
grades universitaires.
L'official, mandataire de Tévêque, est nommé et révoqué par lui ad
nutum ; il rend la justice gratuitement et ne reçoit de salaire que de
son évêque. Indépendamment de la juridiction contentieuse, il exerce
aussi la juridiction gracieuse, qui sera plus tard remise au vicaire géné-
ral. On distingue, dès le xin« siècle, Voffidal principal, dont le mandat
s'étend à toute la circonscription de son mandant ainsi qu'à Vuniversitas
causarum, et les officiaux forains institués pour une partie du territoire
et pour les affaires les moins importantes. En règle générale il n'y avait
qu'un officiai principal par diocèse ; on en trouve cependant deux dans
quelques provinces, au moins pendant la première moitié du xm* siècle.
L'officiel a de nombreux auxiliaires : un vices gerens, des assesseurs,
un scelleur (sigillator, sigillifer)^ un receptor actorum, un registrator. On
trouve encore auprès des officialités des corporations d'avocats, des pro-
cureurs, des notaires, des tabellions et des agents d'exécution (servientes,
apparitoreSy bedelli, nuncii, executores). A partir du xn* siècle, des pro-
moteurs exercent auprès des cours d'officialité des fonctions analogues
à celles des anciens adores régis, ou gens du roi, dans les juridictions
royales.
Les juges ecclésiastiques avaient siégé pendant longtemps au parvis
de l'église, inter leones. Cet usage fut proscrit au xm« siècle et l'official
tint désormais son tribunal dans une salle du palais de Tévéque appelée
consistorium et quelquefois auditorium.
Tel est l'ordre général de cette première partie, dont nous ne pouvons
donner qu'un aperçu bien insuffisant. Après avoir exposé l'organisation
des officialités, M. Fournier traite de leur compétence. Il détermine
d'abord les règles qui limitent les attributions respectives des cours
ecclésiastiques et des juridictions civiles. Ces règles semblaient ne pou-
voir soulever de difficultés sérieuses dans l'application ; le domaine de
rÉglise et celui de l'État étaient nettement circonscrits ; en matière
mixte le tribunal le plus diligent, ou le premier saisi, était compétent.
Mais il y avait bien loin de la théorie à la pratique : lorsque l'auteur
vient à quitter le terrain des principes pour entrer dans celui des faits,
il se trouve en présence de nombreux conflits entre la juridiction spiri-
^ tuelle et la juridiction temporelle, et il doit en raconter l'histoire.
55
La supériorité de la législation canonique sur les usages suivis
devant les tribunaux séculiers attirait devant les juges ecclésias-
tiques un grand nombre d'affaires qui ne rentraient point dans leurs
attributions. Beaucoup de plaideurs, ceux-là surtout qui, comme les
commerçants, pouvaient avoir de nombreux procès, cherchaient à s'as-
surer d'une manière définitive le privilège du for spirituel en se faisant
passer pour clercs, et la papauté dut multiplier ses efforts pour détruire
ces abus. Lorsque le pouvoir séculier devient plus fort, au xin« siècle,
il s'efforce de regagner le terrain perdu en réorganisant ses justices et
en restreignant, autant qu'il le peut, les juridictions rivales. L'initiative
fut prise par les barons, dont les justices étaient désertées par les bour-
geois et les vilains. En 1205, en 1225, en 1235, les seigneurs du centre
et de l'ouest de la France se coalisent pour obtenir du pape et du roi
que la compétence des juges d'Église soit resserrée dans d'étroites limites.
En 1246, sur les exhortations de Frédéric U, qui les conjure de se
joindre à lui « pour rappeler les clercs à la pauvreté de la primitive
c Église », ils forment une confédération nouvelle, dont les principaux
chefs étaient les anciens alliés du roi d'Angleterre, Pierre Mauclerc, duc
de Bretagne, et Hugues de Lusignan. Le pape et les conciles répondent
à ces attaques par des excommunications ; les clercs forment aussi entre
eux des associations pour se défendre contre les ligues de la noblesse,
et la lutte s'engage sur un grand nombre de points. La royauté cherche
d'abord à garder la neutralité, sans pouvoir toujours empêcher ses baillis
et sénéchaux de prendre parti contre l'Église. Mais, depuis Philippe
le Bel, elle se substitue aux seigneurs et conduit elle-même la campagne
dirigée contre le pouvoir ecclésiastique, en même temps qu'elle s'efforce
de donner à toutes ses juridictions une organisation régulière et une
procédure empruntée, en grande partie, à la procédure des officialités.
Nous ne pouvons suivre M. Fournier dans l'histoire de ces conflits jus-
qu'à l'assemblée de 1329, où les prétentions rivales furent solennellement
discutées ; nous croyons en avoir dit assez pour faire ressortir l'intérêt
de ce chapitre, aussi neuf et aussi original que la partie consacrée à
l'organisation des officialités.
La troisième partie est réservée à la procédure ; le titre I à la procé-
dure civile, le titre U à la procédure criminelle. Dans cette partie tech-
nique, l'auteur a pris surtout pour guide les deux plus illustres cano-
nistes du xm" siècle, Tancrède et Guillaume Durand, sans négliger les
Ordines judiciarii de la même époque et les autres traités contemporains.
Mais il a tiré en outre des décrétales, des décisions des conciles et
synodes, des statuts des Églises, des cartulaires inédits ou imprimés, un
grand nombre de faits et de détails qui donnent du mouvement et de la
vie à des matières naturellement fort arides. Ces deux titres fournissent
tous les éclaircissements dont on peut avoir besoin pour bien comprendre
les nombreux actes d'officialité qui sont conservés dans nos dépôts d'ar-
56
chives ; ils peuvent aussi faciliter Tintelligence des actes des juridictions
civiles dont les styles ont Mt de notables emprunts à la procédure
canonique. Nous les signalerons donc à ce double titre à nos lecteurs,
qui ont pu, du reste, apprécier la netteté d'exposition et la méthode
sévère de M. Foumier dans une Étude sur la diplomatique des actes
passés devant les officialités au moyen âge, précédemment publiée dans
la Bibliothèque de V École desxhartes*. Une partie de cette dissertation,
qui comble heureusement une lacune de nos grands traités de diploma-
tique, forme le premier appendice de Touvrage que nous annonçons
aujourd'hui. Un second appendice donne, pour un certain nombre de
diocèses, l'indication des chartes les plus anciennes qui mentionnent
l'existence d'ofQciaux. Enfin, les derniers appendices contiennent une
sentence rendue par Yves de Chartres, vers l'an 1100, une sentence de
Tofficial de Paris de 1271, et un libellus petitionis de 1251, pièces dont
le rapprochement fait ressortir les changements qui s'étaient produits,
dans la procédure, du xii« au xui* siècle.
Cet aperçu des matières traitées par M. Paul Foumier pourra, nous
l'espérons, donner une idée de l'intérêt du sujet. L'étude approfondie
d'une institution qui a servi de modèle aux juridictions séculières des
siècles suivants, et, sur beaucoup de points, aux législations modernes,
sera très utilement consultée par lés savants qui s'occupent spécialement
du moyen âge ; mais elle méritera aussi la sérieuse attention des juris-
consultes qui recherchent, dans l'histoire du droit, le sens véritable des
règles en vigueur, et des canonistes qui tenteraient, un jour, de prépa-
rer sur les bases solides de la tradition la réorganisation, déjà partielle-
ment essayée, de la juridiction ecclésiastique. Les uns et les autres
trouveront dans ce volume le guide le plus sûr, les recherches les plus
étendues, les faits les mieux établis par des milliers de textes imprimés
ou inédits, et une érudition dont on ne peut bien se rendre compte
qu'en lisant les notes si abondantes et si instructives qui viennent, à
chaque page, justifier les assertions de l'auteur.
E.-J. Tardif.
Notes additionnelles et rectificatives au Gallia christiana, par P. de
Pleury, archiviste de la Charente. Angoulême, in-4®, 72 p.
La mention très honorable accordée par l'Académie des inscriptions
au travail de M. de Fieury est la meilleure attestation de son utilité et
du soin apporté à sa rédaction. On ne saurait trop recommander cet
exemple à l'imitation des archivistes départementaux. Leur situation
les met à même de recueillir dans les documents confiés à leurs soins
1. T. XL, 1879, p. 296 et suivantes.
57
des notions précieases pour rectifier et compléter en bien des détails,
qui ont tous leur valeur, nos grandes collections historiques. M: de
Fleury apporte à cette œuvre commune un contingent assez étendu
concernant les diocèses d'Ângoulôme^ de Sarlat, de Saintes, de Limoges
et de Périgueux. Yeut-il bien nous permettre quelques conseils pour la
suite ou la réimpression de son livre ?
Autant que les ressources littéraires du pays le rendent possible, il ne
faudrait pas, dans les travaux analogues, se borner à rectifier et à com-
pléter ToBuvre des bénédictins ; il serait à désirer que Ton profitât des
faits nouvellement acquis et constatés postérieurement aux travaux de
nos illustres et savants religieux. M. de Fleury est à cet égard quel-
quefois en défaut.
Ainsi, il remarque que les bénédictins ne mentionnent pas Jean U,
évêque d'Angoulôme, avant 1230, sans apporter lui-même une date anté-
rieure pour son épiscopat ; mais Gams cite ce prélat dès 1226. Geoffroy
de Pompadour, mentionné en 1468 seulement par le Gallia, maintenu
jusqu'en 1469 par M. de Fleury, siège encore en 1470 dans le P. Gams.
Jacques Babou de la Bourdaisière est cité dans Gams dès 1528, au lieu
de 1532. Charles de Bony est inscrit par le Gallia en 1574, par M. de
Fleury dès 1572, et par le P. Gams dès 1567. Suivant M. de Fleury
François II du Verdier fut pourvu de Tévêché d'Angoulôme à une date
inconnue, et il mourut peu après le 15 septembre 1753. Gams précise
bien davantage. François II fut pourvu le 16 décembre 1737 ; il mourut
le 21 septembre 1753. La date des bulles de provision de son succes-
seur, Mgr de Broglie, doit être donnée autrement qu'en la vieille forme
du 3 des ides de février 1754.
Enfin, quand, après recherches et réflexion, on adopte une opinion, il
faut agir et écrire en conséquence. M. de Fleury a retrouvé des chartes
qui prolongent Tépiscopat de Robert de Montbron jusqu'en 1267, el
montrent que le prétendu Pierre III doit disparaître des listes d'Angou-
lême. Je ne dis rien de Guillaume m, dont la cause n'est peut-être pas
suffisamment éclaircie ; mais puisque le pseudo-Pierre III de 1266
n'existe plus, quelques égards que l'on doive à l'œuvre des bénédictins,
le chiflre III dans la série des évéques du nom de Pierre doit passer
à Pierre vivant en 1272, que M. de Fleury, par respect pour ses devan-
ciers, continue à appeler Pierre IV.
Pendant qu'il s'occupait du diocèse de Périgueux, M. de Fleury aurait
pu supprimer un Giraudus ou Guiraudus, inscrit au Gallia, en 1331,
comme évêque de Périgueux. Évêque d'Apt en 1330, Giraud passa peu
après au diocèse de Nîmes, dans lequel il mourut en 1337, sans avoir
jamais siégé à Périgueux.
M.-L.
58
Un Ambassadeur libéral soîls Charles IX et Henri III. Ambassades
à Venise d'Arnaud du Février^ d'après sa correspondance inédite
(>i 563->i 567. >i 570-4 582), par Edouard Fei^mt, premier secrétaire
d'ambassade. Paris, Leroux, 4880, \ vol. in-8® de ix-426 p.
Jurisconsulte et diplomate, courtisan et honnête homme, du Ferrier
méritait assurément la savante étude que vient de lui consacrer M. Ed.
Frémy.
Ce n'est point une physionomie vulgaire, celle de ce diplomate qui ose
faire entendre sa pensée quand elle diffère de celle du maître et compte
que sa fidélité éprouvée fera accepter son indépendance. On ne lira pas,
sans concevoir pour son auteur une profonde estime, cette lettre à la
fois si politique, si indignée et si courageuse que l'ambassadeur adresse
de Venise à la reine mère, à la nouvelle du massacre de la Saint-Bar-
thélémy :
c Madame, la vérité est certaine et indubitable que les massacres
« advenus par tout le royaume de France, non seuUement contre le feu
« admirai et autres principaulx chefs de la Religion mais aussy contre
a tant de pauvre peuple innocent, ont si fort esmeu et altéré Thonneur
« de ceulx qui sont, par deçà, affectionnés à vostre couronne, encores
« qu'ils soyent du tout catholiques, qu'ils ne se peuvent contenter
c d'excuse aucune, imputant tout ce qui a esté faict à vous tant seule-
c ment et à Monseigneur d'Anjou. Par le moyen susdict, il s'est osté la
c couronne imperialle, n'ayant auparavant rien tant désiré les Allemands,
c mesmes les protestans, que de le faire Empereur, et de remettre l'Ëm-
€ pire en la Maison de France. Et disoient estre bien informés que ledict
c admirai et aultres ne conspiroient jamais contre Vos Majestés ou
c aucun des vostres, et ne se peuvent assez esmerveiller que, par tel
c moyen, on ait voulu faire si grant tort à Monseigneur et si fort agran-
c dir le Roy d'Espaigne, qui se peult dire aujourd'hui le seul prince de
c la chrestienté qui commande à tous aultres. Et disent encores que,
e pour venir à bout des dicts chefs, il y avoit d'aultres moyens aussy
(C certains et qui n'eussent pas tant offensé les estrangers et donné à
e parler à la postérité... Et combien. Madame, que je ne croye à rien de
« tout ce que dessus, et que je sois certain et assuré de vostre bonne et
« chrestienne intention, toutesfois, craignant que cela ne soit pour
« apporter dommaige à vostre personne, et que quelque meschant et
« malheureux osast tenter contre icelle, dont s'en suivroit l'entière ruyne
c de ce royaume et de moy particulièrement, qui ne dépend que de
« vostre seule grâce et bénignité, je vous ay bien voulu escrire ce que
e dessus, et vous supplier très humblement de vous contregarder plus
« encores que n'avez encores faict, estant (si) fort marry, que je ne puis
€ vifvement vous représenter le malcontentement d'aulcuns désespérés
59
« qui passent par icy, lesquels sont si bien fols et téméraires de dire
€ que vous avez mieulx aimé ruyner le royaume de France en vous
€ vengeant de l'admirai que l'augmenter, et que vous ressentir du mal
« de celuy qui a faict mourir vostre fille. Mais tels et détestables propos,
« qui se disent et escrivent, ne sont que paroles, lesquelles passent
c comme le vent, pourveu que le principal, qui est vostre personne,
e soit conservé, comme il sera, s'il plaist à Dieu, envers lequel les orai-
e sons ne furent jamais si nécessaires qu'elles sont à présent, et mesmes
« à l'endroict de ceulx qui sçavent combien Vostre Majesté est affligée
« d'avoir veu le Roy réduict en telle nécessité qu'il ayt esté contrainct
c de mettre si avant la main au sang de ses subjects, ce qui n'adviendra
« jamais plus, s'il plaist à Dieu » (pp. 160, 161, 162).
Ce document est de premier ordre : il accuse un -art consommé. Du
Ferrier a compris qu'il ne pouvait impunément exprimer son indigna-
tion qu'en inspirant à la reine les plus vives alarmes, qu'en la plongeant
dans la terreur. Je ne m'arrête pas à ce style d'autrefois où le dévoue-
ment et le respect s'allient si noblement à l'expression des sentiments
les plus courageux. La lettre est digne, à cet égard, de toute notre atten-
tion ; mais le trait vraiment original est ailleurs : le diplomate cherche
à se couvrir en jetant l'épouvante au cœur de la femme criminelle d'oii
son sort dépend. Ceci est vu.
M. E. Frémy s'arrête longuement aux détails du drame funeste de la
Saint-Barthélémy : s'il est permis de regretter la confiance qu'il accorde
au récit probablement apocryphe qui a été attribué à Henri III, on ren-
dra certainement hommage au soin pénétrant avec lequel il a étudié
l'aspect diplomatique de l'événement et analysé les mobiles divers qui
inspirèrent les explications contradictoires du roi.
M. Frémy a mis à contribution plusieurs collections de la Bibliothèque
nationale (p. 8, n. 1) ; je regrette qu'il se soit contenté d'indications
générales sans renvois continus aux sources. Je regrette plus vivement
qu'il n'ait pas étudié le rôle de du Ferrier comme représentant du roi
très chrétien auprès du concile de Trente : Du Ferrier s'était prononcé
en plein parlement contre l'application de la peine de mort en matière
religieuse et il avait formulé sa pensée en présence des juges qui livrèrent
au bourreau le conseiller Anne du Bourg pour avoir parlé dans le même
sens. Gomment un esprit aussi sage et aussi modéré que M. Frémy a-t-il
pu se refuser et à nous-mêmes le plaisir délicat de suivre un tel homme
jusqu'au concile ?
L'ouvrage de M. Frémy a donné lieu, dans l'excellent Bulletin critique
de littérature, d'histoire et de théologie *, à quelques observations qui me
paraissent justes : je prends la liberté d'y renvoyer le lecteur. Enfin
certains doutes se sont élevés dans mon esprit au sujet de cet énigma-
1. N- 7, pp. 134, 135.
60
tique Yentenac qui, si j'en crois M. Ed. Frémy (p. 55), se serait impro-
visé, malgré Charles IX, négociateur entre la France et la Turquie et
aurait, de son autorité privée, essayé d'unir ces deux pays dans une
alliance offensive et défensive contre Tltalie et TEspagne. Cest là un
cas psychologique et historique si extraordinaire qu'il me faudrait pour
l'admettre la démonstration la plus rigoureuse. Les désaveux de Charles IX
me touchent médiocrement : je ne puis me défendre d'entrevoir dans
cette affaire un autre secret du roi et de flairer dans Yentenac un de ces
courtiers diplomatiques de second ordre dont un chef d'État ratifie, sui-
vant les circonstances, ou désavoue les négociations.
Je veux, en terminant, remercier M. Ed. Frémy d'avoir fait revivre
un de ces hommes poUtiques oubliés dont le caractère et le courage
civique font partie du patrimoine moral de notre pays.
Paul YlOLLBT.
La Rédaction de la coutume d'Auvergne ^4540, d'après un rôle des
Archives nationales (P >H89), par Maurice Faucon. Clermont-Fer-
rand, 4880, in-8Me 45 p.
Sous ce titre notre confrère M. Maurice Faucon a publié un docu-
ment intéressant, le « roUe de la despance payée pour rédiger les cous-
tumes du pays d'Auvergne par escript, tant bas que hault pays >. Dans
une courte introduction il en a fort bien indiqué le caractère et il a pris
soin d'en signaler lui-même les articles les plus remarquables ou les
plus curieux. li'un de ces articles nous apprend qu'on fit rédiger et relier
six exemplaires de la coutume d'Auvergne, e l'un pour la cour, l'autre au
bailhaige de Montferrand, le tiers à la sénéchaussée d'Auvergne, le quart
à Cusset, le cinquiesme au bailli des Montaignes et le sixiesme es arches
du pays. » M. Maurice Faucon a su retrouver dans les archives du par-
lement l'exemplaire « de la cour i (Arch. nat., X 1& 9218) et il en a
donné une intéressante description. Il ne dit rien des autres, au sujet
desquels quelques renseignements auraient été les bienvenus. Je note
particulièrement cette mention des c arches du pays » : cette institution
d'archives provinciales remonte, comme je l'ai rappelé ailleurs, à une
résolution de 1402 prise par les états provinciaux. On continuait donc
en 1510 à y déposer les documents d'intérêt général : faut-il renoncer
à l'espoir de retrouver un jour ce fonds d'archives si précieux ? Il serait
bien à souhaiter que le classement si désirable des archives commu-
nales de Glermont-Ferrand fût poussé activement et vînt enfin jeter un
peu plus de lumière sur cette question.
Antoine Thomas^-
64
Le Pays boulonnais. Études historiques , par Ernest Dëseille. Paris,
\ 879, in-S^" de glii et 438 p.
Le livre dont nous annonçons ici l'apparition n'est pas une histoire
du Boulonnais. L'auteur a voulu simplement réunir en un seul volume
d'intéressants documents qui étaient restés dispersés jusqu'à présent et
qui gagnent singulièrement à être rapprochés les uns des autres.
Les quelques lieues carrées comprises entre le Galaisis, l'Artois, la
Picardie et la Manche, dont Boulogne est le centre, formaient sous
l'ancien régime un gouvernement général et possédaient, il est vrai, un
assez glorieux passé pour justifier un tel honneur. M. Deseille nous
rappelle tour à tour les hauts faits de ses compatriotes, depuis ces temps
lointains où les antiques Morini se trouvaient aux frontières du monde
jusqu'aux jours héroïques de la guerre de cent ans et jusqu'aux
approches de la révolution.
On ne nous demandera pas d'analyser en détail un livre dont il fau-
drait reproduire la table pour donner une idée exacte des richesses qu'il
renferme. Mentionnons seulement de curieux documents sur Télection
des maires de Boulogne et sur l'organisation municipale de la ville ;
sur la création du siège épiscopal de Boulogne en 1553, quand la ville
de Thérouanne eut été rasée ; sur la fête instituée, au jour de saint
Marc, en souvenir de la rentrée des Boulonnais dans leur cité, après
l'occupation anglaise. Signalons aussi une bonne généalogie des comtes
de Boulogne.
Boulogne était surtout une ville de commerce. Le livre de M. Deseille
abonde en renseignements sur le mouvement de ce port. C'est au
XVIII® siècle qu'il avait pris son plus grand développement, au détriment
des ports d'Étaples, de Wissant et d'Ambleteuse. Il s'y faisait alors
d'importants achats de thé et d'eau-de-vie. La pêche du hareng y était
aussi très florissante. Un fait suffirait à le témoigner : les nombreuses
prestations et redevances qui se faisaient avec ce produit de la mer.
Boulogne envoyait en présent des harengs à la coar, comme d'autres
villes y adressaient des étoffes ou des épices.
Tous ces documents ne voient pas le jour pour la première fois. Bon
nombre avaient été déjà publiés que M. Deseille a empruntés sans scru-
pule aux recueils qui les contenaient ^ Mais son livre renferme assez
de pièces inédites, parmi les plus dignes d'attention, pour mériter à son
auteur la gratitude de ses compatriotes et pour lui assurer une place
honorable à côté des érudits boulonnais. M. Deseille a puisé surtout
aux archives du Pas-de-Calais, dans le trésor des chartes d'Artois. Les
1. Citons en première ligne, parmi ces recueils, le Catalogue des actes de Phi-
Uppe-A'ugfastc^ de notre éminent confrère M. L. Delisle.
62
autres sources d'informations n'ont pas été, du reste, négligées par lui.
Les Archives nationales lui ont fourni, notamment, quelques pièces de
premier ordre. Il avait là pour le guider Tun de ses plus savants compa-
triotes, notre confrère M. E. Dupont, qui connaît si bien l'histoire du
Boulonnais et qui a mis généreusement entre les mains de M. Deseille
les plus beaux documents *.
L'auteur du Pays boulonnais voudra, sans doute, mettre un jour en
œuvre les précieux matériaux qu'il n'a guère fait aujourd'hui que
rassembler un peu au hasard. Quel que soit le plan que M. Deseille
adopte alors, qu'il se décide à écrire l'histoire de sa chère ville natale ^
ou qu'il veuille rédiger méthodiquement le Cartulaire boulonnais qui
reste encore à faire ^, les encouragements ne manqueront pas à son zèle
et à sa persévérance.
P. B.
Souvenirs de la Flandre wallonne. Recherches historiques et choix
de documents relatifs à Douai et aux anciennes provinces du nord
de la France^ publiés som les auspices de la Société d'agriculture,
des sciences et des arts de Douai, par un comité historique et
archéologique. Douai, Crépin, in-8°. T. XVUI, -i878, -i89 p., et
t. XIX, 4879, 207 p. et une planche.
Il y a une vingtaine d'années, quelques archéologues douaisiens se
réunirent pour publier le recueil dont nous avons entre les mains les
18® et 19® volumes. MM. Preux, Brassart et de Ternas en ont été les
principaux rédacteurs et ils y ont inséré un grand nombre de documents
inédits et de communications sur des points d'histoire locale.
L'étude des seigneuries des environs de Douai et des familles qui les
ont possédées a tenu une large place dans ces volumes, et le tome XVUI
est presque entièrement consacré à l'annotation d'un manuscrit de la
Bibliothèque nationale, le Blason de Lalaing, dont il ne comprend pour-
tant qu'une partie. Ce travail, dû, croyons-nous, à M. A. de Ternas,
contient sur les membres de cette célèbre famille de nombreux rensei-
1. Et notamment le compte de 1415-1416 (Ârch. nat., KK 280), à Taide daqnel
M. Deseille a écrit son intéressante étude sur les relations de Boulogne avec les
communes du Nord, lors du désastre d'Azinconrt.
2. L'auteur nous permettrait-il, dans ce cas, de le mettre un peu en défiance
contre les tendances, si excusables d'ailleurs, du patriotisme local, qui lui font
apprécier avec tant d'optimisme dans la présente étude tout le passé de son
cher pays ?
3. M. E. Dupont avait d'abord songé à publier lui-même ce cartulaire. Nous
ne pouvons que regretter que notre confrère ait dû renoncer à ce projet, absorbé
qu'il est par les importantes fonctions qu'il remplit aux Archives nationales.
63
gnements puisés dans les dépôts publics du Nord et de la Belgique. Le
Coup d*œil sur Belleforière (t. XIX, p. 5-84) est un travail du même
genre, renfermant, avec une analyse des titres de cette seigneurie depuis
1076, une généalogie détaillée de la famille de ce nom de 1344 à 1751,
qui, sur un certain nombre de points, apporte des corrections à V Histoire
généalogique du P. Anselme.
La charte relative à la donation faite aux templiers par Baudouin
Brochât d'Henin < est un document important pour Thistoire des ordres
militaires, si Ton peut, ainsi que le propose l'éditeur de ce document,
le faire remonter à 1120. Seulement nous regrettons que M. Brassartait
cru devoir en donner le texte en conservant les abréviations. C'est un
procédé trop souvent employé dans les publications faites en province
et nous ne saurions trop nous associer aux observations que faisait à ce
sujet notre confrère M. Servois dans un récent compte rendu au comité
des sociétés savantes.
Ne pouvant nous arrêter plus longtemps sur les autres travaux que
renferment ces deux volumes, je me bornerai à signaler deux notices
sur Jean Wauquelin, traducteur de Jacques de Guise, et sur Jean de
Magnicourt de Verchin, chroniqueur flamand du xv« siècle, notices inté-
ressantes et rédigées à Taide de documents nouveaux. Une biographie
de M. Auguste Preux termine le dernier de ces volumes et rend un
hommage mérité au fondateur des Souvenirs de la Flandre wallonne.
Comte DE Marsy.
De arte seribendi epistolas apud Gallicos medii œvi scriptores rheto-
resve facultati litterarum Parisiensi thesimproponebat N. Valois.
Paris, A. Picard, 1880, in-8«, 95 p.
Cette thèse n'est pas une dissertation purement académique, mais une
œuvre d'érudition qui mérite, à ce titre, d'être signalée aux lecteurs de
la Bibliothèque. Elle se rattache en outre par certains côtés à la diplo-
matique. L'auteur y décrit les procédés de composition suivis par les
écrivains du moyen âge ; sans doute il se préoccupe surtout des lettres,
mais les préceptes de l'art épistolaire étaient souvent appliqués à la
rédaction des actes. Ne trouve-t-on pas dans des chartes du xn« siècle
des exordes empruntés à l'Écriture sainte et semblables à ceux qu'on
plaçait souvent en tête des lettres ? M. Valois s'est presque exclusive-
ment servi de documents qui ont été jusqu'ici fort peu utilisés pour les
études de diplomatique : ce sont les traités d'art épistolaire et les for-
mulaires; il en signale une vingtaine, presque tous inédits, qui sont
1. Un Seigneur d'Henin-Liétard, bienfaiteur des templiers (tome XIX,
p. 116-138).
64
d'origine française et vont de Tannée 1180 jusqu'à la fin du zv siècle.
Les deux premiers chapitres ne sont qu'une introduction ; le troisième,
consacré à l'enseignement de l'art épistolaire, est un des plus intéres-
sants de tout le travail. Au zii« siècle, cet enseignement n'existait pas
encore. On se formait le style en apprenant par cœur les ouvrages de
Gicéron, ou en transcrivant les lettres d'un écrivain renommé de l'époque;
celles de Hildebert, évéque du Mans, furent longtemps considérées comme
des modèles du genre. Dès le commencement du xiii* siècle, on voit
apparaître des professeurs d'art épistolaire ; les traités sur cette matière,
Dictamina, Summa dictaminis, Àrtes dictandi, se succèdent sans inter-
ruption. La science nouvelle, importée d'Italie, fut accueillie avec tant
de faveur que non seulement les études sérieuses, mais la poésie même
furent délaissées. Cet enthousiasme s'explique moins par l'attrait de la
nouveauté que par les perspectives brillantes qu'on faisait miroiter aux
yeux des étudiants. « L'art épistolaire, écrit l'un d'eux à un de ses amis,
« vous ouvre le palais des rois et vous fait arriver aux plus hautes
c charges de l'Église. » Aussi les maîtres en cet art ne manquent-ils
jamais de faire ressortir les avantages qu'offre cette étude lucrative.
L'enseignement de l'art épistolaire en France a pris naissance dans
les écoles de rhétorique et de grammaire fondées à Orléans par l'évéque
Théodulf ; mais c'est à Meung que cet enseignement a jeté le plus d'éclat.
Les auteurs de Dictamina célèbrent à l'envi dans un langage hyperbolique
l'école de Meung, c cette source vive qui ne tarit jamais et coule d'autant
c plus abondante qu'on y vient puiser en plus grand nombre. » Quel-
quefois leur admiration les conduit à d'étranges méprises : les uns font
de Meung un siège archiépiscopal ; les autres remplacent les mots fons
Magdunum par l'expression bizarre de fons madidus. L'étude de l'art
épistolaire s'était répandue de l'Orléanais dans toute la France ; elle
avait pénétré jusque dans les cloîtres, à Glairvaux notamment. Et cepen-
dant cette extension coïncide avec la décadence de cette branche de la
littérature. On ne trouve plus en effet, au xni* siècle, de collections de
lettres comme on en rencontre tant au xn«. C'était la conséquence
du développement qu'avait pris ce 'genre d'études. La composition d'une
lettre n'étant plus une œuvre d'art, mais une afiaire de routine, les écri-
vains de mérite dédaignèrent de composer des livres de lettres comme
eût pu le faire le premier étudiant venu.
Après avoir décrit les Dictamina qu'il a consultés et en avoir fixé la
date, M. Valois expose les règles contenues dans ces traités, que leurs
auteurs s'eôorcent de rendre aussi intéressants que possible. Ils donnent
pour exemples des lettres qui devaient être d'un usage fréquent, telles
que l'épître d'un étudiant qui demande de l'argent à son père ou à son
oncle, et la réponse du père à son fils. Ils traitent parfois des sujets
étranges : Job écrira à la Fortune pour se plaindre de sa pauvreté ;
l'âme exposera au Créateur ses griefs contre le corps. La lettre du corps
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est suivie d'une réponse du Créateur qui rengage à se corriger, et d'une
réplique du corps qui s'excuse sur sa faiblesse. Ces bizarreries ne sup-
pléent point au manque d'originalité qui est le défaut commun de tous
ces traités. Les auteurs de Diciamina imitent presque toujours leurs
devanciers, qui s'étaient inspirés des ouvrages de Gicéron, de Quintilien
ou d'Isidore de Séville. Ils se bornent souvent à augmenter le nombre
des exemples donnés précédemment ; tout au plus s'efforcent-ils de les
disposer d'une façon quelquefois plus ingénieuse, toujours plus recher-
chée.
Les deux points dont ils se préoccupaient le plus sont la construction
et le nombre oratoire. La première de ces matières est traitée avec un
grand soin dans les Dictamina, On distingue l'ordre naturel et l'ordre
artificiel. L'ordre artificiel est l'objet de prescriptions minutieuses qu'on
trouve appliquées dans les bulles et même dans les chartes du xii* et du
xm« siècle. Voici quelques exemples de cet ordre artificiel. Tantôt on
disposera les mots selon Tordre des cas dans la déclinaison, en plaçant
d'abord le nominatif ou le génitif et en terminant par l'ablatif, comme
dans cette phrase : Trium puerorum laudibus hymnum debitum voce
consona persolvamus. Tantôt on intercalera une préposition, qui régit un
mot accompagné d'un qualificatif, entre le substantif et l'épithète et on
dira : Vado socium ad meum dilectum. Ces transpositions sont parfois
peu heureuses, mais M. Valois va peut-être un peu loin quand il leur
reproche de prêter à l'obscurité. Les constructions recommandées dans
les Dictamina ne nuisent pas en général à la clarté ; il suffit de citer
pour exemple la locution courante : Vestre probitatis fama nostras per-
venit ad aures. Quant au reproche de redondance qu'on a fait aux
maîtres d'art épistolaire, il est plus justifié ; mais on ne saurait les blâ-
mer beaucoup de remplacer les pronoms personnels par ces formules de
politesse : mea parvitas, mea humilitas, ou de multiplier les adverbes
comme sane^ profecto, quidem^ sdlicet, puisqu'ils ne font que se confor-
mer en cela aux préceptes des rhéteurs latins. Du reste ils ne s'abusaient
pas autant qu'on serait tenté de le croire sur la valeur des divers orne-
ments du style ; c'est ainsi que la recherche des désinences semblables,
fort en honneur au xi« et au xu* siècle, était presque complètement
abandonnée au xiv^.
Le nombre oratoire est aussi l'objet de détails minutieux. Les auteurs
de Dictamina en ont emprunté les règles à VOrator de Gicéron et ils les
ont appliquées au style épistolaire, en les modifiant toutefois considé-
rablement. Jusqu'au xu« siècle les écrivains semblent surtout chercher
à flatter l'oreille par un heureux choix de mots. On voit à cette époque
les règles du nombre s'introduire pour la première fois dans la chan-
cellerie pontificale ; elles y ont été depuis toujours observées. On se
préoccupait surtout de la fin des phrases : elles devaient se terminer
par un mot dont la pénultième était brève quand le mot précédent avait
5
66
sa pénultième longue et réciproquement. C'était là le mode grégorien,
le cursus Romane Ecclesie vel Curie qu'enseignaient la plupart des maîtres
d'art épistolaire. On le trouve déjà observé au xn« siècle dans les lettres
de Jean de Salisbury; mais les esprits élevés, tels que saint Bernard et
Pierre le Vénérable, ne s'inquiètent guère du nombre oratoire. C'est au
xm* siècle que le mode grégorien devient d'un usage fréquent ; on le
rencontre alors dans la plupart des lettres et môme dans des actes privés
et des chartes.
Bien que les auteurs de Dictamina français s'inspirent de l'antiquité,
les règles de quantité qu'ils donnent ressemblent bien peu à celles de
la métrique latine. Ils appellent spondée tout dissyllabe, que ce soit un
véritable spondée (prœbê), un pyrrhique (màré)y un ïambe (àmâ) ou un
trochée (Rdmà), Ils entendent par dactyle tout mot de trois syllabes dont
la médiane est brève ; quant aux polyssyllabes, ils les considèrent
comme des dactyles ou des spondées suivant que leur pénultième est
brève ou longue. Cette confusion des brèves et des longues ne pouvait
manquer de choquer Toreille italienne. Aussi trouve-t-on dans les
traités composés en Italie de vives protestations contre la doctrine des
maîtres de l'école d'Orléans ; on leur reproche de créer des spondées et
des dactyles imaginaires et de s'attacher plutôt au nombre et à la place
des syllabes qu'à leur valeur. Les auteurs de Dictamina recommandent
de ne pas accumuler spondées sur spondées, dactyles sur dactyles, mais
de les mélanger agréablement. Il faut se garder de commencer une
phrase par un dactyle, à moins que la phrase précédente ne se termine
par plusieurs spondées, ou qu'il ne s'agisse de mots tels que cetïrum,
igïtur, quoiOam, siquïdem.
M. Valois a eu le mérite de se servir presque exclusivement de textes
peu connus et pour la plupart inédits ; c'est là ce qui fait la grande
valeur de son travail. Il a tiré bon parti des documents nombreux qu'il
a trouvés et il a su exposer des matières fort arides avec autant de
clarté que d'élégance. Sa thèse contient une analyse fort complète et
très instructive des préceptes contenus dans les Dictamina. Si M. Valois
la publie de nouveau en français, comme nous l'espérons, cette forme
nouvelle lui permettra de donner une plus large place aux recherches
critiques sur la date et les auteurs des Dictamina, sur les principaux
maîtres de l'art épistolaire, Bernard de Meung, Transmundus, Pons de
Provence, Antoine Haneron *. On pourrait alors montrer, avec les déve-
loppements nécessaires, l'application des préceptes des Dictamina à la
rédaction des bulles, des chartes et des autres actes privés. Ce serait là
un intéressant chapitre de diplomatique qui ajouterait encore au mérite
du travail de M. Valois.
E.-J. Tardif.
1. Antoine Haneron n'est-il pas l'auteur du Compendium de brevibus epistolis
ad archidiaconum Tornacensem ? Yoy. Pertz, ArchiVy X, p. 552 et 571.
67
Eustache des Champs^ sa vie et ses œuvres, par A. Sârradin. Ver-
sailles, Cerf; Paris, Baudry, 4879, in-8».
Il y a une année que M. Sarradin a soutenu cette thèse de doctorat
devaut la faculté des lettres de Paris. Elle n'a pas gagné en vieillissant.
Nous attendions pour en parler que l'édition d'Eustache des Champs,
entreprise sous les auspices de la Société des anciens textes par M. le
marquis de Queux de Saint-Hilaire, se fût enrichie d'un nouveau volume,
espérant trouver dans les pièces méthodiquement classées ou dans les
notes explicatives une confirmation aux hypothèses personnelles de
M. Sarradin. Il n'en a rien été. L'auteur ne s'est nullement préoccupé
d'établir son étude critique sur des hases sérieuses. Il a pris les éditions
de MM. Grapelet et Tarbé, en a tiré ce qu'elles contenaient sur la vie
du poète, a fait quelques extraits de ballades ou de fabliaux, a interrogé
de loin en loin l'un des mss. de Des Champs qui sont à la Bibliothèque
nationale (fr. 830), et, en y joignant quelques passages de chroniques
relatifs aux mœurs et aux événements généraux, il a composé son livre.
C'est commode et très littéraire ; mais, au milieu des excellentes études
faites chaque jour sur notre vieille littérature, à la veille d^une édition
définitive d'Ëustache des Champs, n'était-on pas en droit d'espérer autre
chose ?
Il est vrai que l'auteur se soucie médiocrement des derniers travaux*.
MM. Tarbé et Crapelet sont pour lui une autorité presque sans appel,
c Même après les publications de MM. Crapelet et Tarbé, est-il écrit
dans l'introduction, il reste quelque chose à prendre dans l'immense
collection de ses œuvres poétiques : erat quod tôlier e velles. » Quelque
chose ? on y pouvait prendre dix volumes in-8», comme le fait à cette
heure M. de Queux de Saint-Hilaire, et à plus forte raison une monogra-
phie bien faite. Or, il est impossible, chez M. Sarradin, de suivre les
principaux traits, les grandes lignes de l'existence du poète champenois.
Nous le voyons marié et père de famille, envoyant son fils en 1395 à
l'université d'Orléans (p. 99), mariant sa fille et la dotant avec un
appoint du duc d'Orléans en 1393 (p. 101), et l'instant d'après nous
remontons au temps où, poète galant, il recueille la succession littéraire
de Guillaume de Machaut (1377). Nous le suivons à l'expédition avortée
de Charles YI contre l'Angleterre en 1386 (ch. X), nous lisons les bal-
lades qu'il compose à cette occasion, nous descendons même aux fian-
çailles de Richard U avec la fille de Charles YI, et deux chapitres plus
1. La bibliographie même da sujet ne lui semble pas très familière. La moitié
da chapitre XIX est consacrée au Traicté de Géia et d^AmpfUtryon, et rien ne
fait supposer que l'auteur connaisse l'édition de cette c comédie » donnée par
M. de Queux de Saint-Hilaire, à la librairie Jouaust, en 1875.
68
loia (ch. XII) nous sommes, sans savoir comment, aux années où Des
Champs était fait châtelain de Fismes (1381) et bailli de Sens (1389).
Nous ne voudrions pas chicaner outre mesure sur la précision histo-
rique de cette œuvre littéraire; mais les premières qualités littéraires ne
sout-elles pas Tordre et la proportion, c qui est tout le discours », et
pout-on voir sans étonnement Tavant-demier chapitre de cet essai con-
Mcré à la ballade avant Des Champs ? Le lecteur devrait-il donc com-
mencer aux dernières pages et feuilleter à rebours conmie dans un livre
arabe?
Tait voir ne sont pas bel à dire,
dit Des Champs, et nous aurions mieux aimé adresser à M. Sarradin
des éloges que des critiques. Celles-ci ne nous empochent point de
rendre justice aux mérites de style du jeune professeur, à son tableau
rapide de la cour de Charles VI, où Michelet a été heureusement mis à
contribution, à ses aperçus sur Féducation littéraire au xiy^ siècle : ici
l'excellent vingt-quatrième volume de VHistoire littéraire laisse des
traces évidentes. Le choix surtout de ce sujet est digne d'éloges ; il
prouve après d'autres que l'université et le doctorat abordent hardiment
les lettres du moyen âge. Longtemps inexploitée, cette mine sera tou-
jours féconde ; espérons que M. Sarradin ne se bornera point à ce pre-
mier essai, qu'il y creusera plus profondément et y saura trouver une
fructueuse revanche.
Maurice Faucon.
Mittheilungen des Instituts fur oesterreichische Geschichtsforsehung,
II. B., i, H. Innsbruck, Wagner, 4881. P. 4 à 176.
Ce fascicule, par lequel s'ouvre la seconde année des Mittheilungen de
l'institut de recherches d'histoire autrichienne à Vienne, contient cinq
articles de fond :
I. Das Registrum Farfense, ein Beitrag zur Rechtsgeschichie der italie-
nischen Urkunde von H. Brunner, M. Brunner, bien connu par ses tra-
vaux sur l'histoire du droit et sur la diplomatique des actes privés, a
soumis à une étude diplomatique et juridique une importante publica-
tion de la Société romaine d'histoire locale, il Regesto di Farfa compilato
da Gregorio di Catino e pubblicato dalla Società romana di storia patria
a cura di I. Giorgi e U. Balzani, vol. Il (seul publié jusqu'ici), Roma, 1879.
Ce volume contient le texte de trois cents chartes, dont la plus récente
est de Tan 857 ; le cartulaire qui nous les a conservées est des dernières
années du xi« siècle. M. Brunner donne un spécimen choisi des princi-
paux faits nouveaux que ces précieux documents apportent tant à l'his-
toire des particularités diplomatiques qu'à l'étude de l'ancien droit
lombard.
69
II. Der Umfang des boehmischen Reiches unter Boleslaw IL Ein Beitrag
zur Kritik der aelteren boehmischen Geschichte von J. Loserth, M. Loserth
fait justice d'une fable acceptée par les historiens, sur la foi du chroni-
queur Gosmas de Prague, qui attribue au duché de Bohême, sous
Boleslas n (967-999), une étendue en dehors de toute vraisemblance ;
la Bohème aurait compris de grandes parties des territoires actuels de
la Silésie, de la Hongrie, de la Galicie et de la Pologne russe. Cette
légende, comme le montre M. Loserth, doit son origine première à des
chartes fausses que Gebhard, évoque de Prague, produisit au synode de
Mayence, en 1086, pour établir ses droits épiscopaux prétendus sur
Olmiitz et la Moravie.
III. Fulda und die goldene Bulle. Von Arnold Busson. M. Busson sou-
tient contre plusieurs auteurs : !<> que, dans les délibérations qui eurent
lieu à Nuremberg en 1355 et 1356 pour préparer la rédaction de la bulle
d'or, l'empereur consulta, non seulement les électeurs, mais aussi les
autres princes ou ordres admis à la diète de l'Empire, au moins pour
celles des dispositions de la bulle qui touchaient ces princes ou ces
ordres ; 2<> qu'en particulier on s'assura le consentement de l'abbé de
Fulda avant d'insérer au chapitre m de la bulle, sur l'ordre de pré-
séance des prélats de l'Empire, une clause contraire aux anciennes pré-
tentions de son abbaye ; 3» que c'est pour acheter ce consentement
qu'un acte du 9 juin 1356 donna à perpétuité à l'abbé de Fulda le titre
d'archichancelier de l'impératrice ou de la reine des Romains, et que
ce titre ne lui appartenait pas et n'existait pas avant cette date.
rV. Die maritime Politik der Habsburger in den Jahren 1625-1628 von
Fr, Mares, IL (Suite d'un travail commencé dans le volume précédent.)
V. Verzeichniss der Kaiserurkunden in den Archiven Veronas. L Von
Karl dem Grossen bis Heinrich IV. Von Carlo Cipolla. Dans cet inventaire
des diplômes impériaux (il aurait fallu ajouter : et royaux) des archives
de Vérone, M. Gipolla indique 82 actes, de 774 à 1096, conservés en
original ou en copie dans divers dépôts. L'inventaire est précédé de
quelques brèves indications sur les dépôts d'archives de Vérone, et suivi
du texte de six actes inédits, de Louis II, septembre 873, de Bérenger,
1" août 905 (deux diplômes du même jour), d'Otton II, 7 mai 983, de
Gonrad II, 24 mai 1027, et de Henri IV, 1077.
Les kleine Mittheilungen sont au nombre de cinq: — l** J. Ficker, Sur
la pose de la première pierre de la cathédrale de Gologne. (Prouve qu'il
n'est pas exact, comme on l'a affirmé dans l'acte officiel dressé à l'occa-
sion de l'achèvement de la cathédrale de Gologne le 15 octobre 1880,
que le roi des Romains Guillaume de Hollande ait été présent à la pose
de la première pierre le 15 août 1248.) — 2o E. v. Ottenthal, la Limite des
langues allemande et romane dans le Vinstgau à la fin du xrv» siècle.
(Une charte de 1394 ou environ prouve qu'alors le roumanche était la
seule langue dans laquelle on fût admis à s'exprimer devant la justice
70
de Glurns en Tyrol ; les plaideurs de langue allemande devaient parler
par interprète. La charte du juge de Glurns qui constate ce principe est
néanmoins rédigée en allemand.) — 3" E. Mûblbacher, la Donation de
Cionstantin dans la chancellerie impériale. (Un registre de la chancellerie
de TEmpire contient des notes de la fin du xy« s., qui expriment des
doutes sur Tauthenticité de la prétendue donation de Rome à TËglise
par l'empereur Constantin le Grand.) — 4* H. Zimerman, Sur l'expédition
des affaires dans la chancellerie impériale au xv« siècle. (Détails sur Ten-
registrement des lettres impériales ou royales. Les registres de la chan-
cellerie de TEmpire, conservés à Vienne, ne commencent qu'en 1400,
mais il y en a eu d'antérieurs, aujourd'hui perdus : en 1422, le roi
Sigismond réclame à Tex-chancelierRahan, évéque de Spire, les registres
du roi Robert, 1400-1410, et de ses prédécesseurs. Un autre acte du
même roi, en 1421, déclare qu'aucune lettre royale n'était scellée avant
d'être enregistrée ; mais, en 1480, une note aux registres de la chan-
cellerie parle de lettres qui ne pouvaient être enregistrées et sur les-
quelles on inscrivait néanmoins la mention fictive : c Registrata. » A la
fin de son article M. Zimerman communique, d'après le même registre
de 1480, la formule d'un chiffre donné à un envoyé impérial pour cor-
respondre avec son gouvernement ; cette formule, telle que nous la
lisons, est peu claire : « Habet et ipse infrascriptam ciferam, sub qua
semper débet litteras ad Suam Gesaream Majestatem scribere, ne a qîio-
quam intelligantur : A, b, c, d, e, f, g, h, i, k, 1, m, n, o, p, q, r, s, t,
V, x, j, y, z litteris permutatis et dictionibus divisis per puncta intra,
sub aut supra posita. » N'y a-t-il rien au registre original qui indique
de quelle façon on devait t permuter » ces lettres? Notons l'emploi du j,
considéré comme une lettre distincte de Vi [?], et placé entre Vx et l'y.) —
50 Julien Havet, Notes manuscrites provenant du monastère de Michels-
berg à Bamberg. (Détails d'histoire locale, xvi« et xvn« s., tirés des gardes
d'un volume de la Bibliothèque nationale de Paris, imprimés, H 2144
réserve.)
La section c Literatur » contient, outre les comptes rendus de livres,
des détails sur les travaux et publications historiques de la Société pour
la connaissance du pays transylvanien, de l'Académie des sciences de
Gracovie et de la commission d'histoire de l'Académie royale des sciences
de Bavière.
Julien Havet.
Manual de paleografia diplomdtica espanola de los siglos XII al
XVII , Método teôrico-pràctico para aprender à leer los documen-
tos espanoles de los siglos XII al XVII^ por D. Jésus McJioz y
RivERO, archivero-bibliotecario y profesor encargado de la asigna-
tura de paleograffa gênerai y crftica en la Escuela superior de
diplomâtica. Obra iltùstrada con 479 Idminas dibujadas por el
74
aulor. Madrid. Imprenta de Moreno y Rojas, 4880, vii-303 pp.,
4 79 planches et 6 pages de tables. Prix : i 2 fr.
L'histoire de la paléographie espagnole a trois périodes. La première
période, dont on ne peut indiquer avec exactitude le point de départ,
est représentée par récriture dite msigothique, dérivée, comme les écri-
tures lombarde et mérovingienne, de la cursive romaine et de quelques
éléments de l'onciale. La seconde, qu'on peut nommer la période frart"
çaise, a une origine révolutionnaire — il s'agit, qu'on se rassure, d'une
révolution de moines — et une durée de quatre siècles et demi au moins,
de l'année 1100 à l'année 1550 environ. Puis vient la troisième période,
qui mériterait, quant à son origine, la dénomination de période italienne.
C'est en effet aux calligraphes Iziar, Madariaga, Francisco de Lucas et
autres, élèves des Italiens Henricis, Tagliente et Palatino, qu'on doit la
formation et la propagation de cette admirable bâtarde espagnole qui se
continue encore après trois siècles de glorieuse existence.
L'ouvrage de don Jésus Munoz y Rivero, professeur de paléographie à
l'École supérieure de diplomatique de Madrid, est consacré à la paléo-
graphie des chartes du xn« au xvii« siècle. Il se compose d'une introduc-
tion historique et théorique distribuée en deux parties de six et onze
chapitres et d'une partie pratique qui consiste dans la reprodaction cal-
cographique et la transcription de cent soixante-seize documents. Gomme
l'auteur compte publier prochainement un second manuel de la paléo-
graphie espagnole des manuscrits et des chartes du v siècle au xii«, il
n'avait pas à s'occuper ici de la matière nationale sur laquelle est venu
se greffer le produit étranger introduit à la fin du xii* siècle par les reli-
gieux français et qui bientôt devait la remplacer complètement ; mais
nous aurions désiré que M. Muâoz délimitât avec plus de précision les
origines du nouveau système et indiquât les dates approximatives de
son application dans les diverses classes de documents et les diverses
provinces d'Espagne soumises à l'influence française. On cite toujours,
et avec raison, sur la substitution de l'écriture française à l'écriture
wisigothique, un passage célèbre de Rodrigue de Tolède, qui, souvent
mal compris, a engendré une erreur grave. Le passage en question se
trouve au chapitre XXIX, livre YI du De rébus Hispanix, Après avoir
mentionné sous l'ère 1117 (année 1079 de J.-C.) la mort de Garcia, roi
de Galice, à Léon, le chroniqueur continue en ces termes : t Et inter-
fuit etiam Renerius, legatus et Romanae Ecclesiae cardinalis ; ibidemque
ceiebrato concilie cum Bernardo Toletano primate, multa de of&ciis
Ecclesiae statuerunt, et etiam de cetero omnes scriptores, omissa littera
Toletana, quam Gulfilas Gothorum episcopus adinvenit, Gallicis litteris
uterentur ^ » Cette allusion à Ulphilas a fait croire à divers auteurs que
1. PP, Toleianomm quolquoi exiant Opéra, Madrid, 1793, tome III, p. 143.
72
Talphabet composé en 370 par cet évêque des Goths et dans lequel entrent,
comme on sait, l'alphabet grec oncial, quelques lettres latines et une
rune, avait été employé et s'était conservé en Espagne jusqu'au concile de
Tolède, qui en^aurait prescrit Tabolition^ M. Munoz, qui sait à quoi
s'en tenir à cet égard, ne traite pas comme il aurait fallu ce passage de
Rodrigue. Il rappelle que l'écriture d'Uiphilas ne dura pas en Espagne
plus longtemps que l'arrianisme (en tant que religion d'État) et que
l'usage qu'on en fit en ce temps même était limité aux livres de liturgie,
les Goths ayant pris l'habitude de rédiger en caractères latins leurs actes
privés 3, et il en conclut que l'opinion de Rodrigue, suivant laquelle
l'écriture ulphilienne a persisté en Espagne jusqu'au xi« siècle, « n'est
pas sûre i et ne résiste pas à la comparaison des caractères de l'alphabet
d'Ulphilas avec les caractères des monuments écrits antérieurement au
règne d'Alphonse VI. C'est trop peu dire. L'opinion de Rodrigue, si on
la prenait à la lettre, serait simplement absurde. Mais doit-on l'entendre
ainsi ? Nous ne le pensons pas. Il est évident que le nom d'Ulphilas n'a
pas, dans le passage de l'historien, le sens qu'on lui a prêté. Au xin' s.,
un prélat, fût-il même archevêque de Tolède, ne pouvait pas se rendre
compte de la vraie origine d'une écriture qu'il ne connaissait plus que
par les vieux livres liturgiques des églises vouées au rite mozarabe ; il
ne pouvait que constater une grande différence entre cette écriture et
celle dont il se servait et qu'il était accoutumé à lire. Or, comme pour
lui et pour tous les hommes de son temps un alphabet devait, ou tom-
ber du ciel, ou être fabriqué de toutes pièces par quelqu'un, rien de
plus naturel que d'attribuer l'écriture de la vieille liturgie nationale à
celui que la tradition désignait comme le créateur de l'alphabet des
Goths. Il n'y a donc que ceci à retenir du passage : un certain temps
après la mort du roi Garcia (vers 1080), un concile réuni à Léon décréta le
remplacement de l'écriture gothique par la lettre française. Est-ce exact?
Là est la question. Sur la réunion du concile et la matière de ses déli-
bérations on n'a d'autres témoignages que celui de Rodrigue, qui n'en
donne pas la date, et celui de Lucas de Tuy, qui le rapporte à l'année 1091 .
Quant aux actes du concile, nul ne les a retrouvés. Aussi plusieurs his-
toriens se sont-ils refusés à admettre cette décision synodale et à y voir
la cause du changement introduit dans l'écriture des pays du nord-ouest
et du nord de l'Espagne. A notre avis, cependant, l'intervention en cette
afiaire d'un concile national ou provincial s'expliquerait bien. Il ne faut
1 . Cette erreur fort répandue et accueillie dans plusieurs livres sérieux, notam-
ment dans la Grammaire des langues romanes de Diez (t. I, p. 93 de la 3*" éd.
allemande), a joué, dit-on, un mauvais tour à un savant suédois en lui faisant
entreprendre un voyage inutile en Espagne.
2. Dans sa paléographie wisigothiqne M. Munoz devra fournir les preuves de
tout ce qu'il avance ici.
73
pas oublier que Tadoption de récriture étrangère est la contre-partie
naturelle, nécessaire de Tadoption de la liturgie romaine, que Gré-
goire VII, aidé de ses légats, de ses moines de Gluny et des influences
françaises de la cour d'Alphonse VI, réussit après plusieurs années de
lutte à implanter en Espagne. Les formulaires du nouveau rite apportés
de France et de Rome commencèrent à être transcrits par ces Glunistes
que la politique de Grégoire, Tappui et les donations d'Alphonse VI
avaient attirés sur le sol de la péninsule, et ces livres furent naturelle-
ment transcrits en lettre française. Le clergé national vit d'abord de
mauvais œil cette transformation qui s'opérait à ses dépens, qui dépouil-
lait le culte de formes consacrées depuis le temps du grand Isidore et
TobUgeait en outre à rapprendre à lire et à écrire sous la direction
d'étrangers. Il y eut de longs tirailletnents. Pour les faire cesser, une
intervention plus ou moins solennelle de Tautorité ecclésiastique a dû
être nécessaire : la décision du concile de Léon rapportée par Rodrigue
n'a donc en soi rien d'invraisemblable, quoi qu'on ne puisse pas affirmer
avec certitude qu'elle ait été prise.
Ainsi la transformation de la liturgie a amené celle de l'écriture. Gela
est vrai pour toutes les parties de l'Espagne chrétienne du xi« siècle,
moins la Gatalogne. Dans le nord et le nord-ouest l'adoption du nou-
veau rite eut lieu à peu près en même temps, de 1071 à 1085 environ.
Dès cette époque les caractères français s'insinuent partout, dans les
livres de contenu sacré ou profane, dans les diplômes des rois, dans les
chartes privées. Naturellement une révolution d'une nature si grave n'a
pas pu s'accomplir en un jour. Tel centre d'activité littéraire, tel scripto-
rium de moines élevés à l'ancienne mode, telle étude de notaire, telle
province même se sont montrés plus ou moins réfractai res à la méthode
étrangère. M. Munoz remarque que même dans les commencements du
xiii« siècle il n'est pas rare de trouver dans les chartes, surtout dans les
chartes de Galice, des vestiges de l'écriture wisigothique. — Nous avons
mis tout à l'heure à part la Gatalogne. Ghacun sait en effet que cette
province, dont les comtes se reconnurent longtemps feudataires des
rois de France et datèrent leurs chartes d'après les années de règne de
ces rois jusqu'à la fin du xu' siècle, dont les évêchés acceptèrent
pendant près de quatre cents ans la suprématie métropolitaine du
siège de Narbonne, chacun sait que la Gatalogne renonça, dès le milieu
du x« siècle, à l'écriture gothique pour prendre celle du pays auquel
l'attachaient tant de liens politiques et religieux, de même qu^elle
donna accès, avant la Gastille, l'Aragon et la Navarre, à la liturgie
romaine, dans ces missels dits mixtes, dont les églises de Vich et d'Urgel
ont conservé jusqu'à nos jours quelques exemplaires ^ M. Mufioz, sans
1. Voir sur ce sujet les intéressantes recherches de Yillanaeva, Viage literario
à las Iglesias de Espana, t. YI, p. 36 et suiv.
74
doate, n'ignore rien de tout cela, et, son Jivre ayant pour point de départ
le XII* siècle, on ne saurait, à la rigueur, lui reprocher de ne pas nous
avoir donné ici Tbistoire de cette écriture française de Catalogne depuis
ses origines. Toutefois, comme Tintention de Fauteur paraît être d'épui-
ser l'histoire de la paléographie espagnole en deux volumes, et comme
son second volume doit être consacré à la seule paléographique wisigo-
thique, on se demande où et quand M. Mufioz compte traiter de récri-
ture française de Catalogne. Cette province est pourtant espagnole au
môme titre que la Castille et la Navarre, sans compter que l'ancien et
long usage de la lettre française au nord -est de la péninsule n'a pas pu
être sans influence sur les pays limitrophes et a sans doute préparé le
terrain aux novateurs du xi« siècle.
Le chapitre II de la première partie traite des caractères de l'écriture
française, de son origine et de son introduction en Espagne. M. Mufioz
décrit exactement la forme de la lettre française au xi<> et au xn« siècle
et il en indique bien l'origine ; mais il n'aurait pas dû écrire (p. 33) :
« cette écriture carlovingienne est celle qui, introduite dans notre
péninsule* à la un du xi* siècle et généralisée au xii*, a reçu, à cause de
son origine^ le nom de française. » L'écriture qui apparaît dans les
livres et les chartes espagnoles de la fin du xi« siècle n'a plus du tout
les caractères de l'écriture carlovingienne, c'est une minuscule à traits
droits, séparés les uns des autres, l'opposé précisément des traits con-
tournés et enchevêtrés de l'époque carlovingienne. Le seul nom qui lui
convienne est celui de minuscule française. Sur l'introduction de cette
minuscule en Espagne M. Munoz cite les paroles de Rodrigue de Tolède
que nous avons rapportées plus haut, puis un passage de VEstoria de
Espana d'Alphonse le Savant, et en troisième lieu un chapitre d'une
traduction en langue vulgaire de la chronique de Rodrigue, c De como
perdieron en Espana la costumbre gética. » De ces trois textes le pre-
mier seul devait être cité. Quant à Alphonse, il a copié Rodrigue ici
comme ailleurs. La troisième citation avait moins encore à figurer en
ce lieu, le chapitre en question n'étant qu'un abrégé mal fait de plu-
sieurs passages du De rébus Hispaniae^. En terminant ce chapitre
M. Munoz déclare exagérés les éloges prodigués par plusieurs de ses
compatriotes à l'écriture wisigothique et déplacées les lamentations qu'ils
font entendre à propos de son abolition. Nous partageons cette manière
de voir. 11 est certain que bien des manuscrits du x« et du xi' siècle
présentent de fort beaux types de littera gothica, mais ce qui nous reste
1. C'est-à-dire dans le nord et le nord-ouest de la péninsule. M. Munoz oublie
encore la Catalogne.
2. Quoi qu'en dise Âraador de los Rios (Historia critica de la literatura espa-
nola, t. III, p. 423 et suiv.), je ne crois pas que Rodrigue ait lui-même tradnit
son ouvrage en langue vulgaire.
75
de chartes de la même époque fait généralement une triste impression.
Or, une écriture que la complication de ses traits rendait impropre aux
transactions sociales ne méritait plus de vivre ; aussi le roi Alphonse et
ses conseillers, en prêtant la main à une si utile réforme, ont-ils bien
mérité de la civilisation.
Les quatre paragraphes du chapitre ni sont consacrés à la diffusion
de récriture française, à son histoire au xii« et au xnp siècle et aux
caractères distinctifs de cette écriture dans les deux classes principales
de chartes royales, les privilégias et les albalaes. Le premier paragraphe,
qui tient une page et demie, ne donne rien de ce que promet son titre.
C'était le lieu de rechercher dans quel genre de documents et dans
quels lieux commence à se montrer le nouveau procédé. La réforme n'a
pu avoir lieu partout en même temps : il y a eu des scribes conserva-
teurs et des scribes progressistes, des monastères et des Églises plus
attachés que d'autres à l'ancien usage. Il est à supposer, comme l'in-
dique d'ailleurs M. Munoz, que ce sont les scribes de la chancellerie
royale qui ont pris la direction du mouvement ; mais tout cela deman-
dait à être établi par de nombreux exemples. Pour dresser le plan géo-
graphique et chronologique de la réforme et nous faire assister à ce
travail lent d'assimilation, il fallait rechercher dans tous les fonds d'ar-
chives accessibles des types de lettre française de la fin du xi' et des
premières années du xii« siècle. Au lieu de cela M. Muîioz nous trans-
porte du premier coup en plein xii® siècle. La première charte de sa
collection, datée de l'an 1134, dénote une main déjà exercée qui n'hésite
plus entre l'ancien et le nouveau système. Combien il eût été intéres-
sant de suivre pas à pas les progrès de la manière française dans ces
chartes, mixtes comme les missels catalans, où deux procédés se rejoignent
et se confondent, où le vieil usage cède sur un point, tient bon sur un
autre, jusqu'à ce qu'il n'ait plus enfin qu'à succomber devant l'envahis-
sement de la méthode étrangère I Sans même sortir de V Archive histô^
rico nacional^ dépôt qui conserve des centaines de pièces de cette époque
de transition et de toutes provenances, M. Munoz aurait facilement pu
illustrer les origines de la seconde époque de la paléographie espagnole.
Est-ce à dire qu'il considère ces années d'hésitation comme appartenant
encore à l'histoire de l'écriture wisigothique ? Mais, à quelque point de
vue qu'on se place, une ligne de démarcation absolue est impossible à
tracer. Tel document mixte, où prédominent encore les éléments wisi-
gothiques, n'en appartient pas moins décidément à la seconde époque,
parce qu'il nous offre les premiers exemples de la substitution d'une
lettre de l'ancien alphabet par un caractère de l'écriture française ou de
toute autre innovation qui marque l'aurore d'une ère nouvelle.
L'histoire de la paléographie espagnole aux xiv«, xv« et xvi' siècles,
qui occupe les chapitres IV et V, est un résumé sans données nouvelles
et sans vues originales des travaux de Burriel et Merino, que liront
76
avec profit les personnes qui n'ont pas à leur disposition la PaUografia
espanola de Terreros et VEscuela paleographica du P. Andres Merino. Le
caractère distinctif de l'écriture espagnole au xrv« siècle est Tarrondisse-
ment des traits. Gomme au xni* siècle, les documents diplomatiques
peuvent être distribués au point de vue paléographique en deux classes.
L'écriture des privilégias perd la rectitude et Tangularité qui la distin-
guaient au siècle précédent et finit par aboutir à la lettre ronde ou de
juros, comme on la désigne dès le commencement du xv* siècle. Dans
les albalctes récriture s'arrondit aussi, s'étrécit, les liaisons augmentent
et se recourbent. On a donné le nom de cortesana à cette écriture par-
venue à son complet développement. Le xv* siècle, à côté des genres
légués par l'époque antérieure et qui se continuent en se gâtant, surtout
l'écriture cortesana, d'où est sorti cet inextricable gribouillage des
notaires et greffiers, surnommé, d'après l'usage qu'on en faisait, escri-
tura procesal, le xv* siècle inaugura encore une troisième forme, la
bâtarde ou italique, que vulgarisèrent en Espagne les documents diplo-
matiques transmis d'Italie ; en particulier les brefs pontificaux. Quant
à la gothique allemande, elle ne figure que pour mémoire dans un traité
de paléographie diplomatique. Peu usitée dans les inscriptions lapidaires
et les manuscrits, c'est à peine si elle apparaît dans les chartes, à titre
ornemental, dans le Noverint ou autres formules initiales.
La grande réforme du xvi« siècle, qui ouvre une troisième période de
la paléographie espagnole, consiste dans l'adoption définitive de la
bâtarde italienne et son application régulière dans certains documents
privés, les lettres missives surtout. Les scribes de la chancellerie royale
continuent à user de la letra cortesana et les notaires de la letra proce-
sada. Au siècle suivant le type cortesano disparaît et fait place à la
bâtarde qui prend de jour en jour plus d'extension. La letra procesada
résiste encore, malgré les malédictions dont l'accablent ses malheureuses
victimes — c cette letra procesada que le diable ne lirait pas », dit
quelque part Saucho à don Quichote — et atteint la dernière limite de
déformation à laquelle notre écriture romaine ait jamais, en aucun pays,
pu aboutir. Ces suites interminables de festons uniformes, qu'on arrive
plutôt à deviner qu'à lire, sont bien nommées letra encadenada (écriture
enchaînée). Enfin il faut noter encore que l'écriture ronde dérivée du
type des privilèges n'a pas disparu, comme semble le croire notre
auteur, avec le xv« siècle : certains documents des xvi* et xvn* siècles,
notamment les cartas de hidalguia, en fournissent encore d'assez beaux
exemples.
M. Munoz parle ensuite des calligraphes des trois derniers siècles et
cite les titres de leurs traités. C'était justice, car ces artistes ont eu, dès
le milieu du xvi« siècle, une grande et salutaire influence sur le déve-
loppement de l'écriture espagnole *.
1. Parmi les traités d'écriture dn xviii' siècle, M. Mnnoz a omis de citer les
77
La seconde paftie de rintroduction théorique du Manual a pour objet
l'analyse détaillée des alphabets, Tétude des abréviations, des remarques
sur l'orthographe et la ponctuation. Les faits énoncés dans ces pages,
fruits d'une pratique journalière et d'une étude consciencieuse des docu-
ments diplomatiques espagnols, nous ont paru généralement exacts ;
mais on conçoit facilement qu'il ne nous a pas été possible de les véri-
fier un par un. Nous nous en tiendrons donc ici à quelques observations
détachées.
A la page 115, M. Munoz a l'air de dire qu'il a été le premier à traduire
la formule abrégée reg. exp. par rege exprimente, et semble en restreindre
l'emploi aux diplômes de Ferdinand III*. Pourtant un de ses collègues
de l'École de diplomatique, don Vicente Vignau, a établi il y a plusieurs
années l'exactitude de cette interprétation en citant tout simplement un
privilège d'Alphonse VIII, de Tan 1203, oiîi la formule est exprimée en
toutes lettres 2.
Dans le chapitre des abréviations par syncope, à quoi servent donc
les tableaux de déclinaison btus, bta, btum, et de conjugaison noio,
notas, notai ? Il n'y a là qu'un fait : la suppression d'une seule lettre
ou d'un groupe de lettres, et on ne voit pas que le procédé soit rendu
plus clair par un tel entassement d'exemples. On eût ici attendu de
l'auteur un exposé des règles de l'abréviation par syncope. En exami-
nant à cet égard un grand nombre de mots, M. Munoz serait facilement
arrivé à faire voir que, dans un vocable composé de telles lettres, c'est
telle lettre ou telle syllabe qui seule peut être syncopée.
P. 151. Parmi les chiffres romains de l'écriture espagnole, il est une
forme assez singulière et qui, croyons-nous^ ne se trouve que là, c'est
rX avec un petit crochet au haut du bras droit qui équivaut à XL.
Cette abréviation ne se présente guère que dans les documents en latin 3.
•
Avisos al maestro de escribir sobre el corte y formacion de las letras, que
serân compréhensibles à los nihos. Madrid, Sancha, 1778, in-S**. Un exemplaire
de ce traité que nous avons acquis à une vente Morante porte au verso du titre
cette indication de la main du fameux Palomares : c El autor de estos Avisos es
el 111"*' Senor Don Pedro Rodriguez Campomanes, del Consejo y Gamara, etc. »
Plus loin, à la p. 5 et en marge d'un passage où il est dit que la formation des
lettres n'est pas une affaire de pure imitation, mais se fonde sur l'analyse des élé-
ments constitutifs de chaque caractère, le même Palomares a protesté comme
suit de sa plus belle écriture : c El que piensa que el arte de escribir es arte de
pura imitacion piensa con juicio y roadurez. La analysis es futll, ridicula y men-
tirosa. No son adraisibles entre sabios calographos los falsos elementos que repro-
duce el autor. t
1. « La interpretacion que nosotros damos à la abrevialura reg. exp. », etc.
2. Indice de los documentos del monasterio de Sahagun, de la ôrden de San
Benito, y glosario y diccUmario geogrâfico de voces sacadas de los mismos,
publicados por el Archiva histôrico nacional. Madrid, 1874, gr. in-8*, p. 605.
3. Dans la Revista de archivoSj biblioiecas y museos (t. II, p. 231), M. Munoz
78
Une autre particularité des chiffres romains espagnols est le signe
employé pour M dès le commencement au moins du zvi* siècle et
nommé, à cause de sa forme, calderon (chaudron) dans la langue des
comptables. La figure qu'en donne M. M. nous semble peu exacte. Il y
a deux sortes de calderones : les uns, qui répondent bien au nom, sont
très évasés et souvent surmontés d'un point ; les autres sont étroits et
longs avec une petite barre transversale qui réunit par le bas les deux
branches ^
Les observations philologiques que comporte un traité de paléogra-
phie sont de nature purement empirique ; il n'y avait donc pas à exiger
de M. MuSoz qu'il expliquât les formes soi-disant irrégulières relevées
par lui dans les documents du xn« au xvii« siècle, il s'agissait pour lui
seulement de constater les différences entre ces formes et le point de
comparaison qu'il a choisi et qui est la langue castillane moderne telle
qu'elle a été codifiée par l'Académie au siècle dernier. Ces observations,
sans utilité pour ceux qui ont quelque pratique des dialectes espagnols
au moyen âge, peuvent rendre des services aux commençants, aussi ne
blâmons-nous pas M. Munoz de les avoir présentées ; seulement il n'aurait
pas dû qualifier ces formes divergentes d' a incorrections t. Une notion
aussi fausse est bien mal venue dans un livre destiné à l'enseignement.
Dans le détail, M. Munoz commet de graves inexactitudes. Dire, par
exemple, que Ve est redoublé dans le mot seello est une hérésie linguis-
tique. Les deux e, loin de constituer un redoublement, représentent les
deux i de sigillum, et le moderne sello est le résultat d'une contraction
de la forme ancienne. Il n'y a pas plus c incorrection » dans une forme
que dans l'autre : ce sont deux étapes d'un développement continu qui
ne s'arrête jamais ; déjà bien des provinces d'Espagne et d'Amérique
n'en sont plus à la forme enregistrée par les dictionnaires, ainsi l'Anda-
lou depuis longtemps prononce seyo.
Dans la partie pratique, M. Munoz donne, comme nous l'avons dit,
des fac-similés calcographiques et la transcription de cent soixante-seize
documents, tirés pour la plupart de VArchivo histôrico nacional : le pre-
mier est daté de l'an 1134, le dernier de l'an 1654. La part de l'auteur
est ici restreinte au strict nécessaire. Point d'analyses sommaires, point
d'indications de provenance. Il a transcrit ces pièces sans y rien changer,
mettant seulement des majuscules aux noms propres de personnes et de
lieux. C'est du moins ce qu'il a voulu faire. Réduit au seul déchiffre-
ment, ce travail de transcription devrait se recommander par une exac-
a justement relevé une grave erreur commise par M. Hubner dans ses Inscrip-
tiones Hispamae christianae pour s'ôtre obstiné à ne pas admettre la valeac de
cet X, que les anciens diplomatistes et épigraphistes espagnols avaient bien
reconnu.
1. Cette seconde forme est celle de la typographie.
79
titude minutieuse ; malheureusement il n'en est pas tout à fait ainsi.
M. Mufioz a trop souvent mal lu, il a omis des mots ou des membres de
phrase, il a parfois introduit dans ses textes une ponctuation que les
originaux n'ont pas, etc. Nous ne nions pas qu'il ne soit facile de com-
mettre des fautes dans un travail de cette nature, mais une attention
très soutenue et, après l'impression, une révision sévère étaient com-
mandées *, car il ne faut pas que l'élève puisse prendre son professeur
en flagrant délit de mauvaise lecture ou de contravention aux règles
posées dans la partie théorique. Voici une petite liste .des fautes que
nous avons trouvées en comparant un certain nombre de transcriptions
avec les fac-similés :
N* I, p. 176, 1. 14 : cunctis, lire ceteris ; — 1. 17 : pourquoi centessima,
septuagessima ? En vertu de quelle règle M. M. redouble-t-il ainsi Vs ?
Cette faute est constante dans presque tous les documents latins. —
L. 25 : inprimus. Plus haut, à la ligne 8, M. M. lit imprimis, et pour-
tant dans les deux cas les deux mots sont exactement écrits de même
(sauf la terminaison), Vi surmonté d'un trait est un peu séparé du jp. Il
faut se décider entre in et im. Si Vi barré devant un p est plus souvent
résolu dans les originaux pai' im que par in, on doit s'en tenir à la pre-
mière forme et Tadopter dans tous les cas semblables, sinon, prendre
l'autre et s'y tenir 2.
N* in, p. 177, 1. 7 : œmplacuit, lire conplacuit, — L. 8 : directis, lire
derectis.
N* rV, p. 178, 1. 22 : qus, M. M. rend ainsi le que dont Ve est cédille,
et pourtant le même e cédille est rendu par e simple dans hec (1. 1) et
que (1. 9).
N VI, p. 180, 1. 2 : quum, lire quoniam. Ceci est une faute d'autant
plus lourde qu'elle a été souvent corrigée et que M. Wattenbach lui a
consacré un passage de son Anleitung zur lateinischen Paléographie
(éd. de 1869, p. 27) 3. — L. 7 : ubicumque, lire ubicuque. — L. 9 :
bauilia, lire baiulia. — L. 10 : ac défendant cum uniuersorum hominum,
lire ac defendam eum u, h. Le sens l'exige et le génitif univers, homi-
num est une traduction littérale de la tournure catalane (la charte est de
Poblet ou des environs) : e défendre lo de lots homens. — L. 15 : octavo
halendarum septembrium, lire octavo kalendas septembris.
1. L'erratum de Tautenr tient déjà deux pages et pourrait être au moins quin-
tuplé comme on va le voir.
2. Dans le n*" II, 1. 12 dn fac-similé, il y a en tontes lettres inprimis et M. M.
lit imprimis. On n'est pas plus inconséquent.
3. € Qm, ç^niam est souvent lu quum par les éditeurs modernes, et pour-
tant celte forme n'a jamais existé au moyen âge ; il faut donc partout la corriger
en quoniam, par ex. dans Hoffmann von Fallersleben, Altdeutsche Handschrif-
ien der Wiener Hofbibl,^ p. 121 : 0 scripior cessa quum manits est tibi fessa,
où la mesure indique déjà la vraie lecture, t
80
N^ XI, p. 183, 1. 6 : in perpetuum, lire imperpetuum. — L. 7 : Gui"
lelmi, lire Guillelmi. — P. 184, 1. 6 : in perpetuum, lire imperpetuum.
— L. 9 : intratibus, lire introitibus, — L. 13 : quadraginta solidos dena^
rios jaquenses, lire q. s. denariorum jaquensium, — L. 19 : et omnibus
et aliis, lire et omnibus aliis.
N» XVn, p. 187, 1. 17 ; fier, lire fer. M. M. a pris la barre de l'/* pour
un t. La forme fier est d'ailleurs grammaticalement impossible. Pour-
quoi des accents sur a (l. 4) et mande (1. 17) ? Ces additions d'accents
sont constantes dans les documents en langue vulgaire.
N^ XIX, p. 188, 1. 2 : filii, lire filu. Cette charte est galicienne, en
outre les n sont ponctués. — L. 8 : avia, lire auia, — L. 10 : doscient€is,
lire doscentos. Il faut ici sous- entendre annos. — L. 11 : nouenta, lire
sesenta^ — decimo quinto, lire quinto decimo, — L. 12 : Qui, lire Que,
Môme faute à la ligne 17. — L. 17 : omis Diaz,
No XX, p. 189, \, b : et omnibus, lire in omnibus. — L, 6 : potueris,
lire pôtueritis. — L. 8 : solidos Legionis, lire solidos legionenses. — L. 10 :
nonagessima, lire sexagesima.
N*» XXIII, p. 190, 1. 6 : iglesa, lire yglesa, — L. 8 : ochante, lire o
chante (en castillan lo plante). — P. 191, l. 1 : d meetade. Dans aucun
cas il ne fallait accentuer a, mais ici moins encore qu'ailleurs, puisque a
est Tarticle féminin. Même faute à la ligne 2. — L. 3 : iglesa, lire yglesa.
— L. 4 : a aconprir, lire a conprir. — L. 6 : furont e testemonias, lire
fur on et testes.
N*» XXXV, p. 200, l. 2 : Calabeçanos, lire Calabaçanos. — L. 3 :
conosco, lire connosco, — L. 10 : desian, lire dezian. Cette faute, que
M. M. a comrAise dans un grand nombre de pièces, étonne de la .part
d'un connaisseur de la paléographie espagnole. Il est certain qu'à la fin
des mots le z se confond facilement avec Vs, certains scribes môme ont
pu prendre l'habitude d'écrire s pour z dans les terminaisons qui, selon
les lois de la phonétique, exigent z ; mais, dans Tintérieur du mot,
la confusion est impossible puisque Vs y est toujours longue, au moins
au xir et au xiii» siècle. Dans la charte qui nous occupe^ nous écririons
môme sans hésiter Royz et non Rois comme M. M. — L. 24 : Juan, lire
Joan, Môme faute 1. 29, tandis qu'aux l. 30 et 31 il écrit Johan. Pour-
quoi?
N» XXXVn, p. 201, 1. 1 : tresentos, lire trezentos. — L. 3 : Martino,
lire Martinno. — P. 202, 1. 1 : moesteiro, lire m^steiro. — L. 11 : derei-
turas, lire : dreituras. — L. H : sueldos, lire soldas. Le galicien ne
connaît pas la diphtongue ue ; — pequenos, lire pequennos. M. M. a très
fréquemment employé n pour nn. — L. 15 : a refazer, lire arrefazer.
Môme faute à la l. 19. — L. 20 : minha, lire minna. La notation nh
pour n mouillée n'apparaît nulle part dans la charte.
Nous pourrions continuer ainsi longtemps, mais ce qui vient d'ôtre
rapporté suffît à montrer que M. Munoz n'a pas pris ce travail de trans-
cription assez au sérieux. Nous n'ajouterons qu'une observation sur la
ponctuation que l'éditeur a appliquée à ces textes. Ce n'est pas la ponc-
tuation des originaux et ce n'est pas non plus une ponctuation réguliè-
rement fondée sur le sens. Là encore M. Munoz n'a pas su se décider.
Pour finir, le manuel de M. Munoz est un livre assurément utile et
qui a coûté du temps et de la peine, mais c'est aussi un livre, comme
on dit, bâclé. Espérons que dans une nouvelle édition l'auteur saura
porter remède aux parties défectueuses de son premier travail.
Alfred Morel-Fatio.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sociétés savantes, établissements littéraires, etc. — Académie des
inscriptions et belles-lettres, 182. — Société des études historiques, 69.
— Bibliothèques, 9, 39, iOO. — Musées, 10, 75.
Sciences auxiliaires. — Èpigraphie, 198. — Paléographie, 106, 127,
164. — Diplomatique, 127. — Chronologie, 67. — Bibliographie, 38,
39, 67, 152, 175, 206, 222.
Sources, 87, 117. — Historiens, chroniqueurs, 26, 96, 112, 118, 122,
156, 218, 225, 242. — Mémoires, 18. — Lettres, 1 , 2, 40, 240. — Archives,
76, 78, 119, 120, 125, 146, 196; documents, 3, 41, 72, 102, 255;
registres, 77, 151, 176.
Biographie, généalogie, 137, 146, 158, 234. — Abélard, 71 ; Agricola,
128; Aldobrandini, 41 ; saint Anselme, 192; Arnaud, 129 ; Baduel, 93 ;
il Bassano, 27 ; saint Bernardin de Sienne, 15 ; Besnard, 18; Bourbon,
142 ; Brachet, 22 ; Bruno, 230 ; Calvin, 188 ; Carpas, 155; sainte Cathe-
rine, 162 ; Catherine de Médicis, 40 ; Chantelou, 151 ; Charlemagne,
244 ; Chorier, 48 ; Christophe Colomb, 217 ; Clément V, 37 ; Conan
Mériadec, 211 ; Cessa, 99 ; Dante, 220 ; Duns Scot, 254 ; Elzevir, 39 ;
Épernon, 166 ; Ferrari, 134 ; V. de Gama, 250 ; Gozzadini, 99 ; Gui-
chardin, 96 ; Henri d'Andeli, 111 ; Hostaden, 35 ; Jacqueline de Bavière,
72 ; Jean XXTIT, 99 ; saint Julien de Brioude, 28 ; a Kempis, 233 ; La
Rouvraye, 124 ; Louis XIV, 44 ; Lusignan, 113 ; Machiavel, 134 ; Mac-
Pherson, 5 ; Mancini, 44 ; Marie Stuart, 140 ; saint Martin, 141 ; Massé,
33 ; saint Maurice, 190 ; Montesquieu, 134 ; Palsgrave, 147 ; Pierre II,
comte de Savoie, 172 ; Pierre Lombard, 194 ; Plater, 31 ; Raphaël, 170,
171 ; sainte Reine, 143 ; Reinmar, 30 ; Robert de Durazzo, 49 ; rois
6
82
mages, 109 ; SainUSimon, 213 ; Sanuto, 218; Savoie, 49 ; Sevogel, 249 ;
le Tasse, 2 ; Thurel, 62 ; L. de Vinci, 248 ; Walther v. d. Vogelweide,
30 ; Wettstein, 31 ; Witteisbach, 131, 202, 257 ; Woldemar, 197.
Droit, 77, 172, 173, 187, 200, 227, 232, 238, 247.
Géographie et topoqraphie, 8, 57, 90, 116, 138, 186. — Ethnographie,
256.
Institutions, 32, 200. — Cours, 25, 146. — Seigneuries, 25, 136, 153,
155, 169, 207, 216. — Villes, 14, 16, 19, 59, 68, 86, 110, 184, 195, 224,
258. — Assemblées d*états, 123. — Magistratures, 240. — Ordres, 25,
209. — Corporations, 173, 219. — Tribunaux, 227. — Enseignement,
14, 32, 53, 58, 83, 93, 226. — Hôpitaux, 76. — Armées, 107.
Économie, mœurs, etc. — Faune, 108. — Mœurs, 50, 71. —Supersti-
tions, 203. — Philosophie, 254. — Médecine, 199. — Agriculture, 193.
— Chasse, 150. — Commerce, 3, 193. — Industrie, 191, 206 (cf., à Fali-
néa précédent. Corporations). — Cérémonial, 25, 146, 177.
Religions. — Église catholique, 17 ; littérature théologique, 233 ;
conciles, 71, 236 ; liturgie, 36, 231 ; papauté, 37, 101 ; diocèses, 35, 60,
167, 194, 243 ; paroisses, 178 ; ordres, 92, 138, 209 ; monastères, 46, 119,
151, 192; inquisition, 165; pèlerinages, 81, 161; croisades, 198. —
Catharisme, 165. — Vaudoisie, 129. — Protestantisme, 92, 124, 158,
188, 205.
Archéologie, 10, 20, 45, 46, 63, 74, 98, 115, 133. — Architecture :
135, 179 ; édifices civils, 47, 56, 88, 94, 136, 235 ; édifices militaires,
105; édifices religieux, 55, 61, 64, 80, 85, 91, 174, 178, 189, 246. —
Peinture, dessin, etc., 27, 33, 170, 171, 248 ; vitraux, 91, 137. —Mobi-
lier ecclésiastique, 13, 55, 245. — Blason, 149, 160, 234. — Sphragis-
tique, 21, 151, 152, 223. — Numismatique, 157, 223, 229. —Jeux, 144,
145. — Musique, 231, 252. — Théâtre, 79, 109, 125, 251.
Langues et littératures, 185. — Légendes, 154, 183, 244. — Grec, 100.
— Latin, 29, 109, 178, 233, 244. — Langues romanes : 204 ; espagnol,
109, 150; français, 24, 42, 54, 70, 73, 84, 111, 118, 147, 162, 183, 210,
255 ; italien, 15, 96, 97, 220 ; provençal, 34, 82, 164, 214 ; roumanche
et ladin, 4. — Langues germaniques : 12, 201 ; allemand, 30, 103, 126,
253 ; anglais, 5, 148, 215 ; frison, 104 ; néerlandais, 180, 250, 251 ;
langues Scandinaves, 130, 132. — Irlandais, 5, 121.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 7, H, 127, 179, 219, 225, 241. — ■ Alsace-Lorraine : Alsace,
228 ; Lorraine, 43, 181, 255. — Bavière, 77, 131, 202, 205, 219, 221. —
Hambourg, 90. — Hesse, 14. — Prusse : prov. de Hanovre, 110, 200;
de Hesse-Nassau, 39, 87 ; rhénane, 35 ; de Saxe, 128. — Saxe, 208. —
Wurtemberg, 206.
Autriche-Hongrie. — Autriche : Tyrol, 123, 236, 242. - Hongrie :
Transylvanie, 196.
83
&LaiQUE, 57, 61, 63, 229. — Flandres, 26, 122, 246 ; Hainaut, 46, 72,
245;Liège, 57, 119, 178.
Danemark, 197.
Espagne, 63, 100, 142, 187, 195.
Frange, 25, 32, 40, 44, 66, 107, 142, 182, 213, 237, 239. —Auvergne,
167 ; Berry, 175 ; Bretagne, 211 ; Champagne et Brie, 67 ; Dauphiné,
48 ; Limousin, 13 ; Lorraine, 43 ; Normandie, 38, 70, 136 ; Picardie,
152 ; Poitou, 6, 84 ; Provence, 48 ; Sud-Ouest, 59. — Alpes-Maritimes,
82 ; Bouches-du-Rhône, 161 ; Calvados, 159 ; Corse, 226 ; Gôte-d'Or, 9,
10, 23, 120, 143 ; Côtes-du-Nord, 190 ; Dordogne, 21 ; Eure, 20, 111 ; Gard,
28, 46, 81 ; Garonne (Haute-), 36, 195 ; Gironde, 238 ; Ille-et- Vilaine,
62, 184, 189 ; Indre-et-Loire, 151 ; Isère, 224; Loir-et-Cher, 235; Loire
(Haute-), 28; Loiret, 22; Lot-et-Garonne, 8; Maine-et-Loire, 18, 98,
124 ; Manche, 85, 243 ; Marne, 102 ; Meurthe-et-Moselle, 83 ; Meuse,
54 ; Morbihan, 190 ; Nord, 78, 186 (cf. Belgique) ; Oise, 47, 86, 212 ;
Orne, 136 ; Pas-de-Calais, 26, 68, 74, 138 ; Pyrénées (Basses-), 135 ;
Rhône, 58, 176 ; Sarthe, 45, 124, 168 ; Savoie, 172 ; Savoie (Haute-),
158 ; Seine, 55, 56, 70, 79, 116, 125,^139, 193, 194, 227 ; Seine-et-Marne,
64 ; Seine-et-Oise, 55, 146 ; Seine-Inférieure, 38, 192, 216; Somme, 52;
Tam-et-Garonne, 60, 88, 91, 169; Var, 95 ; Yonne, 71, 114.
Grande-Bretagne et Irlande. — Grande-Bretagne, 108. — Angle-
terre : 89, 112, 136, 156 ; Cambridge, 51. - Ecosse, 117, 140, 234. —
Irlande, 5, 121. — Malte, 209.
Grège, 49, 240.
Italie, 49, 53, 65, 75, 99, 172, 174. — Provinces : Alexandrie, 163 ;
Florence, 1, 96; Mantoue, 2; Milan, 258; Naples, 142; Parme, 142;
Pavie, 22, 217; Pise, 1 ; Rome, 105 ; Sienne, 15 ; Trapani, 19 ; Turin,
50, 129 ; Venise, 3, 41, 177, 218, 240 ; Vicence, 27.
Pays-Bas, 63, 24'7. — Frise, 200 ; Overijssel, 76.
Suisse. — Bàle, 31, 115, 160, 249 ; Berne, 106 ; Grisons, 4 ; Saint-
Gall, 222 ; Vaud, 149.
Turquie, 49, 198, 223.
Asie : Chypre, 113, 155. — Afrique, 250. — Amérique, 237.
(Les volumes dont le format n'est pas indiqué sont in-octavo.)
1. Adriani (Marcello), cancelliere délia repubblica fiorentina e dei dieci
di balia. Lettere inédite, intorno air assedio di Pisa, a Nicolô Valori,
commissario al re di Francia per la stessa repubblica, pubblicate per
cura di D. Domenico Barbaran. Padova, tip. del Seminario, 1880. 18 p.
(Per nozze Sommariva-Ferro.)
2. Alcune Lettere inédite del secolo xvi relative a Torquato Tasso e
spigolate neir archivio storico Gonzaga di Mantova. Bassano, tip.
Pozzata, 1880. 15 p. (Per nozze Compostella-Dolfin.)
84
3. Alcuni Documenti de' magistrati délia repubblica veneta in mate-
ria di seta, carta e vini, ora per la prima volta pubblicati da Bemardo
ed Antonio Nodari. Venezia, tip. Gecchini, 1880. In4, 146 p. (Per nozze
Papadopoli-Hellenbach . )
4. Anoeer (Peter Justus). Rhsetoromaniscbe Eiementargrammatik
mit besonderer Berûcksichtigung des ladinischen Dialects in Unterèn-
gadin. Mit einem empfehienden Worte von Prof. Dr. E. Boehmer.
Zurich, OreU FûssU u. Go., 1880. 112 p.
5. Arbois de Jubainville (H. d'). La Littérature ancienne de l'Irlande
et rOssian de Mac-Pherson. Paris. 15 p. (Extrait de la Bibliothèque de
l'École des chartes, t. XXI.)
6. Archives historiques du Poitou. T. IX. Poitiers, impr. Oudin,
1880. Lxxix-408 p.
7. Arnold (Wilhelm). Deutsche Urzeit. Dritte Auflage. Gotha, Fried-
rich Andréas Perthes, 1881. 462 p. 8 m. 40 pf.
8. Atlas cantonal de Lot-et-Garonne : carte du canton de Tonneins,
arrondissement de Marmande, dressée sur les plans d'assemblage du
cadastre pour le service des chemine vicinaux, par L. de Sevin Talive,
agent-voyer en chef. 2« édition, corrigée et mise à jour par M. Later-
rade, ingénieur-voyer en chef. Paris, impr. Lemercier, 1880.
9. AuBERTiN (Gharles). Quelques Renseignements sur la bibliothèque
publique de Beaune. Beaune, 1879. In-12, 44 p.
10. AuBERTiN (Gharles). Quelques Renseignements sur le musée
archéologique de Beaune. Beaune, impr. Batault-Morot. In-12, 130 p.
11. Babsch (Franz). Die alten Germanen in der Universalgeschichte
und ihre Eigenart. Wien, Hoelder, 1880. vi-91 p. 1 fl, 20 kr.
12. BAm)ER (Karl von). Die verbal-abstracta in den germanischen
sprachen ihrer bildung nach dargestellt. Eine von der philosophischen
facultaet der universitaet Heidelberg gekroente preisschrift. Halle, Max
Niemeyer, 1880. 212 p. 5 m.
13. Barbier de Montault (Mgr X.). Les Ostensoirs du xiv* siècle en
Limousin. Tours, impr. Bouserez, 1880. 40 p. (Extr. du Congrès archéo-
logique de France, séances de Vienne, septembre 1879.)
14. Becker (Adalbert). Beitraege zur Geschichte der Frei- und
Reichsstadt Worms und der daselbst seit 1527 errichteten hoeheren
Schulen. Worms, Stem, 1880. In-4, 288 p. 4 m.
15. Bernardino (san) da Siena. Le Prediche volgari dette nella piazza
del Gampo l'anno 1427, ora primamente édite da Luciano Banchi. Vol. I.
Siena, tip. San-Bernardino, 1880. xxvra-388 p. 3 1.
16. Bernier (Théodore). Histoire de la ville de Beaumont. Angre,
l'auteur, 1880. 255 p., 3 planches. 3 fr.
85
17. BfiRTi (J. L.). Ecclesiasticœ historiae Breviarium; auctore Joanne
Laurentio Berti, Florentino, fratre eremita augustiniano. Gontinuatum
usque ad ânnum 1879 a P. Lect. Fr. Thirso Lape25. Editio novissima,
recognita, emendata et praeter isagogen ad sacram geographiam VIII
indicibus chronologicis ad calcem appositis locupletata. Pars prima,
quae complectitur chronologiae rudimenta et quatuordecim priorum
saBculorum synopsim. Pars secunda, quœ complectitur isagogen ad
sacram geographiam et pi-ogreditur usque ad annum vulgaris œrœ mil-
lesimum octingentesimum septuagesimum nonum. Paris, Vives, 1880.
2 vol., xvi-833 p.
18. Besnard. Souvenirs d'un nonagénaire. Mémoires de François-Yves
Besnard, publiés sur le manuscrit autographe par Gélestin Port, avec
2 portraits de Fauteur d'après Bodinier et David d'Angers. Angers,
Lachèse et Dolbeau, le Mans, Pellechat, et Paris, Champion, 1880.
2 vol. , xxn-756 p.
19. Blâsio (Ignazio de). Délia opulenta città di Aicamo. Discorso
storico. Aicamo, tip. Bagolino. In-4. (Paraît tous les quinze jours, par
fascicules de 32 p., à 40 c. le fascicule.)
20. Bordeaux (Raymond). Miscellanées d'archéologie normande rela-
tives au département de l'Eure. Paris, Glaudin. vi-178 p.
21. BosREDON (Ph. de). Sigillographie du Périgord. Périgueux, impr.
Dupont, 1880. In-4, 328 p. et 5 pi. (Publications de la Société histo-
rique et artistique du Périgord, annexe au Bulletin,)
22. Boucher de Molandon. Antoine Brachet, sa famille, sa mort en
1504, son monument funéraire retrouvé en 1879 à Pavie. Orléans, Her-
luison, 1880. 14 p. (Extrait des Bulletins de la Société archéologique et
historique de r Orléanais,)
23. Bourgeois (l'abbé A.). Beire-le-Ghâtel et ses anciens fiefs, histoire,
chronique et légende. Dijon, impr. Darantière. 513 p. et planches.
24. Brachet (Auguste). Dictionnaire étymologique de la langue fran-
çaise. Préface par E. Egger. 10® édition. Paris, Hetzel, 1880. In-12 à
2 col., xx-564 p. 8 fr. 50 c.
25. Brémond d'Ars (Guy de). Les Mécontents de la promotion de
Tordre du Saint-Esprit en 1661. Paris, Dumoulin, 1880. 32 p. (Extrait
de la Bévue historique^ nobiliaire et biographique, 1880.)
26. Brésin, Mannier. Ghroniques de Flandre et d*Artois, par Louis
Brésin. Analyse et extraits pour servir à l'histoire de ces provinces de
1482 à 1560, par E. Mannier. Paris, Dumoulin, vni-334 p.
27. Brillo (Antonio). Jacopo Da-Ponte, detto il Bassano : cennibio-
grafici-critici. Padova, tip. Prosperini, 1880. 24 p. (Per nozze Da Ponte-
De Pollini.)
28. Brydaine (le P.). Vie de saint Julien, martyr de Brioude et patron
86
des paroisses de Ghusclan, la Galmette, Saint-Julien-de-Peyrolas, Vaii-
guières et autres. Nîmes, impr. Jouve, 1880. Ia-12, 24 p.
29. BuDiNSZKY (Alexander). Die Ausbreituug der Uteinischen Sprache
ûber Italien uDd die Provinzen des roemischen Reiches; Berlin,
Wilhelm Hertz, 1881. xn-267 p. 6 m.
30. BuRDACH (Konrad). Reinmar derAlteund WalthervonderVogel-
weide. Ein Beitrag zur Geschichte des Minnesangs. Leipzig, Hirzel,
1880. Yi-234 p. 5 m.
31. BuRGKHARDT (Abei). Bilder aus der Geschichte von Base!. Vlertes
Heft. Félix Plater. Der Rappenkrieg. Johann Rudolf Wettstein auf
dem westfaelischen Friedenscongress. Basel, Félix Schneider, 1881.
118 p.
32. Calendrier historique de renseignement et des institutions de la
France avant la révolution, pour 1881. Paris, Bray et Retaux. 192 p.
à 2 col.
33. Gampardon (Emile). Un Artiste oublié, J.-B. Massé, peintre de
Louis XV, dessinateur, graveur ; documents inédits. Paris, Gharavay,
1880. 302 p.
34. Ganto (el) de la Sibila en lengua de oc. Nogent-le-Rotrou, impr.
Daupeley-Gouverneur. P. 353-365. (Extrait de la Romania, t. IX.)
35. Gardauns (Hermann). Regesten des Koelner Erzbischofs Konrad
von Hostaden (1238-61). (Aus den Annalen des historischen Vereins
fur den Niederrhein Heft 35 besonders abgednickt.) Koeln, Bachem,
1880. 64 p. 1 m.
36. Gables (le R. P.). Mémoire sur le Proprium sanctorum de la
sainte Église de Toulouse, avec la vraie légende des saints et plusieurs
anciens offices. Toulouse, impr. Hébrail et Delpuech. 176 p.
37. Gastelnau d'Essenault (le marquis de). Glément V et ses récents
historiens. Bordeaux, Duthu. 37 p. (Extrait de la Revue catholique de
Bordeaux.)
38. Gatalogue de livres rares et curieux des xv*, xvi* et xvii* s., rela-
tifs principalement à la Normandie ou imprimés dans cette province,
composant une partie de la bibliothèque d'un amateur du Havre, dont
la vente aura lieu les 17 janvier et jours suivants, au Havre. Le Havre,
Junca. 154 p. (1203 numéros.)
39. Gatalogus librorum officinae Elzevirianae. Gatalogue de l'officine
des Elzevier (1628). Reproduction héliographique diaprés l'exemplaire
de la bibliothèque de Francfort-sur-le-Mein, avec une introduction par
Ernest Kelchner. Paris, Baer. vni-16 p.
40. Gatherine de Médigis (Lettres de) publiées par M. le comte Hec-
tor de la Perrière. T. W (1553-1563). Paris, imprimerie nationale, 1880.
In-4 à 2 col., GLXxi-733 p. (Documents inédits sur Thistoire de France.)
87
41. Gérésole (Victor). Di alcune relazioni tra la casa degli Aldobran-
dini e la repubblica di Venezia. Documenti inediti dei rr. archivi di
Stato di Venezia (1588-1617). Venezia, tip. Antonelli, 1880. 80 p. (Per
nozze Papadopoli-Heilenbach.)
42. Gbanson (la) de Roland, poème français du moyen âge, traduit
en vers modernes par Alfred Lehugeur. 2« édition. Paris, Hachette,
1880. In-18, xx-369 p. (Bibliothèque variée.) 3 fr. 50 c.
43. Ghanteau (F. de). Gollections lorraines aux xvi® et xvn« siècles.
Documents conservés à la Bibliothèque nationale, recueillis et annotés.
Nancy, impr. Grépin-Leblond. 80 p. (Extrait des Mémoires de la Société
d'archéologie lorraine, 1880.)
44. Ghantelauze (R.). Louis XIV et Marie Mancini, d'après de nou-
veaux documents. Paris, Didier, 1880. iv-432 p. 7 fr. 50 c.
45. Ghârles (Robert). Guide illustré du touriste au Mans et dans la
Sarthe. Avec dessins pour la plupart de G-. Bouet, inspecteur de la
Société française d'archéologie. Le Mans, Pellechat, 1880. Li-12»
vi-410 p.
46. Gharvet (G.). L'Abbaye de Gendras, notice historique et archéo-
logique, suivie du catalogue analytique des abbés de Gendras. Nîmes,
Gatelan, 1880. §3 p. (Extrait du Bulletin de l'art chrétien.)
47. Ghâteau de Pierrefonds, dessiné d'après nature et lithographie par
Bachelier. Paris, impr. Lemercier, 1880. In-16 obi., 13 p. et 15 pi.
48. Ghorier. Vie d'Artus Prunier de Saint-André, conseiller du roy
en ses conseils d'Ëstat et privé, premier président aux parlements de
Provence et de Dauphiné (1548-1616), d'après un manuscrit inédit de
Nicolas Ghorier (archives de M. le marquis de Virieu), publié, avec
introduction, notes, appendices et la correspondance inédite de Saint-
André, par Alfred Vellot. Ouvrage couronné par l'Académie delphinale
(médaille d'or). Paris, Alphonse Picard, 1880. lxv-390 p. 9 fr.
49. Glaretta (Gaudenzio). Roberto di Durazzo dei Reali di Napoli e
la famiglia di Jacopo di Savoia, principe d'Acaia. Dissertazione storico-
critica, compilata su documenti inediti. Torino, Vigliardi, 1880. 30 p.
(Extrait des Atti délia R. Accademia di Torino, vol. XV.)
50. Glaretta (Gaudenzio). Un Ballo di nobili datosi a Garignano nel
carnevale dei 1524 : schizzo storico di costumi piemontesi dei secolo xvi.
Firenze, tip. délia Gazzetta d^Italia, 1880. 35 p.
51. Glark (J. W.). Gambridge, brief historical and descriptive notes.
With etchings and vignettes by A. Brunet-Debaines, H. Toussaint,
and G. Greux. London, Seeley, 1881. Li-4, 86 p., planches.
52. GoËT (Emile). Notice historique sur Étalon. Péronne, impr. Quen-
tin, 1879. 22 p.
53. Goppi (Ettore). Le Università italiane nel medio evo. 2» edizione
accresciutae corretta. Firenze, tip. dei minori corrigendi, 1880. 323 p. 4 1.
88
54. GosQUiN (Emmanuel). Contes populaires lorrains recueillis dans
un village du Barrois, à Montiër-sur-Saulx (Meuse), avec des remarques.
?• partie. Paris, Vieweg, 1880. P. 289 à 340. (Extrait de la Romania.)
55. ClouRAjoD (Louis). Chandeliers de la chapelle du château d'Ëcouen,
au musée du Louvre. Dessins par Corroyer. Paris. 16 p. avec figures.
(Extrait des Mémoires de la Société nat. des antiquaires de France, t. XL.)
56. CouRAjOD (Louis). La CHieminée de la salle des caryatides au musée
du Louvre. Paris, 1880. 14 p. avec dessins. (Extrait des Mémoires de la
Société de Vhistoire de Paris et de V Ile-de-France, t. VIL Ne se vend pas.)
57. Crousse (Fr.). Cionférences sur les voies de communication de
l'ancien pays de Liège durant le moyen âge et la période moderne.
Bruxelles, 1880. 65 p., 1 pi. (Ministère de la guerre, Communication de
l'institut cartographique militaire, n' 12.)
58. CuissART (E.). L'Enseignement primaire à Lyon et dans la région
lyonnaise avant et après 1789. Paris, Garcet, Nisius et G«, 1880. 42 p.
59. Curie-Seimbres (A.). Essai sur les villes fondées dans le sud-ouest
de la France, aux xm® et xiv* siècles, sous le nom générique de bas-
tides. Toulouse, Privât. 424 p.
60. Baux (l'abbé Camille). Histoire de l'Église de Montauban depuis
les premiers temps jusqu'à nos jours. T. I, n" 11 (de 15i9 à 1556). Mon-
tauban, Georges et Ferrie, 1880. 159 p. et planche. 2 fr. ; pour les
souscripteurs, 1 fr. ; prix de souscription pour l'ouvrage complet (2 voL
d'environ 650 pages chacun, ornés de 6 planches en chromolithographie),
15 fr., payables en trois termes.
61. Debruyn (l'abbé H'). Archéologie religieuse appliquée à nos monu-
ments nationaux. Bruxelles, Bevaux, Muquardt, 1880. 2 vol., xvin-348,
357 p., fig. dans le texte. 15 fr.
62. BEGOBfBE (Lucien). Jean Thurel, épisode du séjour à Rennes du
régiment de Touraine (1788). Rennes, impr. Catel, 1880. 20 p. (Extrait
des Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et^ Vilaine, t. XIV.)
63. Behaisnes (le chanoine). L'Espagne a-t-elle exercé une influence
artistique dans les Pays-Bas? étude historique. Lille, impr. Danel,
1880. 25 p.
64. Belaforge (E.). Chapelles du château de Blandy (Seine-et-Marne).
Melun, impr. Brosne, 1880. In-12, 13 p.
65. Bel Giudige (Pasquale). La Storia dei Longobardi e la critica
moderna : rassegna. Milano, Rebeschini, 1880. 28 p. 1 1.
66. Bemolins (Edmond). Histoire de France depuis les premiers temps
jusqu'à nos jours d'après les sources et les travaux récents. T. V (1789
à 1870) : la révolution et les monarchies contemporaines. 3« édition,
revue et augmentée. Paris, Tardieu, 1880. In-18, xvra-388 p.
67. Benis (Auguste). Recherches bibliographiques et historiques sur
89
les almanachs de la Champagne et de la Brie, précédées d'un Essai sur
rhistoire de Talmanach en général, compost, kalendriers, etc. Ghâlons-
sur-Mame, Fauteur, 14, rue Sainte-Croix, et Paris, Menu, 1880. v-59 p.
68. Desghamps de Pas (L.). Histoire de la ville de Saint-Omer depuis
son origine jusqu'en 1870. Arras, Sueur-Charruey. 506 p.
69. Desclosières (J.). Compte rendu des travaux de la Société des
études historiques pendant l'année 1879. Amiens, impr. Delattre-Lenoel,
1880. 15 p. (Extrait de V Investigateur, mai-juin 1880.)
70. Descouverture (la) du style impudique des courtisannes de Nor-
mandie à celles de Paris, envoyée pour estrennes de Tinvention d'une
courtisanne angloise. Rouen, Lemonnyer, 1880. iv-32 p. avec vignettes.
(Curiosités bibliographiques. Copie d'un ouvrage publié à Paris, chez
Nie. Alexandre, 1618.)
71. Deutsgh (S. Martin). Die Synode von Sens 1141 und die Verur-
teilung Abaelards. Eine kirchengeschichtliche Untersuchung. Berlin,
Weidmann, 1880. 54 p.
72. Devillers (Léopold). Particularités curieuses sur Jacqueline,
duchesse de Bavière, comtesse de Hainaut, de Hollande, de Zélande et
dame de Frise, pour le comté de Hainaut, extraites du 2» registre des
consaux, des comptes de la ville de Mons et d'autres mss. Mons, 1880.
Lxin-388 p. (Publication de la Société des bibliophiles belges, séant à
Mons, n*» 7.)
• 73. Dictionnaire historique de la langue française, comprenant l'ori-
gine, les formes diverses, les acceptions successives des mots, avec un
choix d'exemples tirés des écrivains les plus autorisés, publié par l'Aca-
démie française. T. U, 2« partie. Paris, Didot, 1880. In-4 à 2 col.,
p. 201 à 400.
74. Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-CSalais, publié
par la commission départementale des monuments historiques. Arron-
dissement de Boulogne. T. I. Arras, Sueur-Charruey, 1880. 402 p.
75. Documenti inediti per servire alla storia dei musei d'Italia, pub-
blicati per cura del ministère délia pubblica istruzione. Vol. IH. Firenze,
tip. Bencini, 1880. 486 p.
76. DooRNiNCK (J. I. van). Cataiogus der archiven van het Groote
(vroeger Heilige-Geesten-) en Voorster Gasthuis te Deventer. (1267-
1815.) ZwoUe, Tijl, 1880. 920 p. (Non mis dans le commerce.)
77. Drei bayerische Traditionsbûcher aus dem xii. Jahrhundert,
Festschrift zum 700jaehrigen Jubilaeum der Wittelsbacher Thronbe-
sleigung herausgegeben von den Accessisten am kgl. bayerischen allge-
meinen Reichsarchive Hans Petz, Dr. Hermana Grauert, Joh, Mayer-
hofer. Miinchen, Kellerer, 1880. In-4, xxix-208 p. 12 m.
78. DuRiEux (A.). Les Archives communales de Cambrai. (Lu à la
90
réunion des sociétés savantes, à la Sorbonne, le 18 avril 1879.) Lille,
impr. Danel, 1880. 59 p. (Extrait du Bulletin de la commission historique
du Nord, t. XIV.)
79. Du Tbalâoe (Jean-Nicolas). Notes et documents sur Thistoire des
théâtres de Paris au xvn* siècle. Extraits mis en ordre et publiés d'après
le manuscrit original par le bibliophile Jacob [Paul Lacroix], avec une
notice sur le recueil du sieur du Tralage. Paris, librairie des Biblio-
philes, 1880. Li-18, vm-13 p. 5 fr.
80. Église de la Couture. Extérieur de l'abside, par Bonet. Mamers,
impr. Fleury et Dangin, 1880. (Lithographie.)
81. EvERLANQE (l'abbé P. E. d'). Saint-Gilles et son pèlerinage. 5« édi-
tion, illustrée de 69 gravures à Teau-forte et d'une lettre-préface du
comte A. de Pontmartin. Nîmes, impr. Jouve. Li-18, xxxvm-301 p.
20 fr.
82. Exposé d'un système rationnel d'orthographe niçoise, etc. Nice ;
Paris, Champion. 30 p. (PublicsLiiondeVEscolafelibrencadeBellanda, etc.)
83. Favier (J.). Nouvelle Étude sur l'université de Pont-à-Mousson.
Gomment on y devenait maître es arts. Programme des études. Céré-
monial de la collation des grades. Avec 25 .dessins de reliures (aux
armes) des prix décernés aux écoliers. Nancy, Sidot. 68 p.
84. Favre (L.). Supplément aux glossaires du Poitou publiés jusqu'à
ce jour. Niort, impr. Favre. iv-52 p.
85. Féval (Paul). Les Merveilles du Mont-Saint-Michel. Paris, Palmé,
1880. XLiv-3o6 p. et grav. 8 fr.
86. Flammermont (Jules). Histoire des institutions municipales de
Senlis. Paris, Vieweg, 1881. xvi-311 p., 1 planche. (Bibliothèque de
l'École des hautes études, sciences philologiques et historiques, 45* fas-
cicule.)
87. Fontes rerum Nassoicarum. Geschichtsquellen ans Nassau. Gesam-
melt von F. W. E. Roth. Band I. Die Geschichtsquellen des Nieder-
rheingau's. Th. I, Regesten zur Geschichte des Niederrheingaus; Th. II,
Niederrheingauer Urkunden ; Th. III, Sonstige Geschichtsquellen des
Niederrheingau's. Wiesbaden, Limbarth, 1880. 1 t. en 3 vol., xxm-544,
336, xxiv-466 p. 27 m.
88. Frange (Henri de). Maison de ville des Couvertes de Montauban.
Montauban, impr. Forestié, 1880. 14 p. (Exirsit an Bulletin de la Société
archéologique de Tarn-et-Garonne.)
89. Freeman (Edward A.). A Short History of the Norman conquest
of England. Oxford, Clarendon press ; London, Henry Frowde, 1880^
156 p. (Clarendon Press Séries.) 2 s. 6 d.
90. Gaedechens (G. F.). Historische Topographie der Freien und
Hansestadt Hamburg und ihrer naechster Umgebung von der Entsteh-
J
94
ung bis auf die Gegenwart. Mit drei Karten. Zweite unveraenderte
Aùflage. Hamburg, Mauke, 1880. 383 p. et 8 cartes. 10 m.
91. Galabert (Fabbé). L'Église et les vitraux de Gaylus. Montauban,
impr. Forestié, 1880. 24 p. (Extrait du Bulletin de la Société archéol(H
gique de Tarnr-et-Garonne,)
92. Gaudbntius (pater) [Gugqenbichler]. Beitraege zur Kirchenge-
schichte des xvi. uud xvii. Jahrhunderts. Bedeutung und Verdienste des
Franziskaner-Ordens im Kampfe gegen den Protestantismus. I. B.
Bozen, Wohlgemuth, 1880. xx-590 p. 3 fl.
93. Gaufrés (J.). Claude Baduel et la réforme des études au xvi« siècle.
Paris, Hachette, x-354 p.
94. Georqe (G.). De l'habitation dans les temps anciens. Deux cha-
pitres extraits d'un travail de l'auteur sur l'habitation dans tous les temps.
Lyon, impr. Mougin-Rusand, 1880. 41 p. et 1 pi.
95. Germain (L.) et P. Sioalas. A travers Toulon. La ville, ses monu-
ments, l'arsenal. Toulon^ impr. Massone, 1880. 55 p.
96. GiODA (Garlo). Guicciardini e le sue opère inédite. Bologna;
Modena, Zanichelli, 1880. 676 p. 10 1.
97. Gloru (Andréa). Del volgare illustre dal secolo vu fino a Dante.
Studi storici. Venezia, tip. Antonelli, 1880. 136 p.
98. Godard-Faultrier. Rapport sur les fouilles de 1878-1879 à Angers,
place du Ralliement, adressé à la réunion des sociétés savantes à la
Sorbonne. Angers, impr. Lachèse et Dolbeau. 32 p. et 10 pi. (Extrait des
Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, 1880.)
99. Gozzadini (Giovanni). Nanne Gozzadini e Baldassare Gossa poi
Giovanni XXDI. Racconto storico. Bologna, Romagnoli, 1880. 602 p.
et portrait. 6 1. 50 c.
100. Graux (Charles). Essai sur les origines du fonds grec de l'Escu-
rial. Épisode de l'histoire de la renaissance des lettres en Espagne.
Paris, Vieweg. xxxi-529 p. (Bibliothèque de l'École des hautes études,
46« fascicule.)
101. Greqorovius (Ferdinand). Die Grabdenkmaeler der Paepste.
Marksteine der Geschichte des Papsttums. 2* neu umgearbeitete Auflage.
Leipzig, Brockhaus, 1881. xii-231 p. 4 m.
102. Grignon (Louis). Documents inédits pour servir à l'histoire de .
Chàlons (1422-1430). Châlons-sur-Marne, impr. Martin. 39 p. '^-
103. Grimm (Jacob). Geschichte der deutschen sprache. Vierte auflage.
Leipzig, Hirzel, 1880. 2 vol., xvi-726 p. 13 m.
104. Guenther (Curt). Die verba im altostfriesischen. Ein beitrag zu
einer altfriesischen grammatik. Inauguraldissertation zur erlangung der
philosophischen doctorwiirde an der universitaet zu Leipzig. Leipzig,
Woldemar Urban, 1880. 82 p. 2 m.
1^.
92
105. GuGLiELMOTTi (il padre maestro Alberto). Storia delle fortifica-
zioni nella spiaggia romana risarcite ed accresciute dal 1560 al 1570.
Roma, Monaldi, 1880. iii-531 p. 5 1.
106. Haqen. Sollemnia Anniversaria conditae universitatis... indicit
rector et senatus universitatis Bernensis. Inest Hermanni Hageni De
codicis Bernensis n* cix Tironianis disputatio duabus tabulis lithogra-
phica arte depictis adiuta. Bernae, 1880. In-4, 16 p., 2 pi.
107. Hardy (ë.). Origines de la tactique française. (I, sans sous-titre;
n, de Louis XI à Henri lY.) Paris, Dumaine, *1879-1881. 2 vol., 609,
810 p. (Cours spéciaux de la réunion des officiers.)
108. Hartinq (James Ëdmund). British Animais extinct within his-
toric times, v^ith some account of british v^ild v^rhite cattle. With illus-
trations by J. "Wolf, C. Whymper, R. W. Sherwin, and others. Lon-
don, Trùbner, 1880. x-258 p. 14 s.
109. Hartmann (E. A. Martin). Ueber das altspanisclie Dreikoenigs-
spiel, nebst einem Anhang, enthaltend ein bisher ungedrucktes latei-
nisches Dreikoenigsspiel, einen Wiederabdruck des altspanischen
Stûckes, sowie einen Ëxcurs iiber d. Namen d. drei Koenige Gaspar,
Melchior, Baltasar. Inauguraldissertation zur Erlangung der pbiloso-
phischen Doctorwurde an der Universitaet Leipzig. Bautzen, Weller,
1879. 90 p.
110. Hartmann (R.). Geschichte der Residenzstadt Hannover von den
acltesten Zeiten bis auf die Gegenwart. Mit Plaenen und Abbildungen.
Hannover, Ernst Kniep, 1880. 860 p. et planches. 11 m.
111. Henri d'Andeli. Œuvres de Henri d'Andeli, trouvère normand
du xra® s., publiées, avec introduction, variantes, notes et glossaire,
par A. Héron. Rouen, Société rouennaise des bibliophiles. Petit in-4,
cxxi-213 p.
112. Henrigi archidiaconi Huntendunensis Historia 'Anglorum. The
History of the English, by Henry, archdeacon of Huntingdon, from a.
C. 55 to a. D. 1154, in eight books. Edited by Thomas Arnold. London,
Longman, etc., 1879. lxvii-358 p. (Rerum Britannicarum medii œvi
Scriptores, or Ghronicles and memorials of Great Britain and Ireland
during the middle âges.) 10 s.
113. Herquet (Karl). Gyprische Koenigsgestalten des Hanses Lusîgnan.
Halle a. S., Buchhandlung des Waisenhauses, 1881. 182 p., 1 carte.
5 m.
114. Heurley (A.). Avallon ancien et moderne, histoire, description,
topographie et statistique. Avec plans et dessins. Accompagné de
notices historiques sur le bombardement d'Avallon en 1871 et sur réta-
blissement de la compagnie des chevaliers de l'arquebuse, par H. Hérar-
dot, ainsi que d'un poème héroï-comique sur la prise de Saint-Julien,
par Mocquot, dit La Guerre. Avallon, impr. Barré, vi-152 p. et 14 pi.
93
115. Heynb (Moritz). Kunst im Hause. Abbildungen von Gegenstaen-
den aus der mittelalterlichen Sammlung zu Basel. Zeichnungen von
W. Bubeck und G. Voellmy. Basel, Bahnmaier, 1880. In-4, iv-16 p.,
34 planches. 10 fr.
116. Histoire générale de Paris. Atlas des anciens plans de Paris;
reproduction en fac-similé des originaux les plus rares et les plus inté-
ressants pour l'histoire de la topographie parisienne, avec une table
analytique présentant la légende explicative de chaque plan et un appen-
dice consacré aux documents annexes. Paris, imprimerie nationale,
1880. Gr. in-fol., 74 p. et 64 pi.
117. Historians (the) of Scotland. Vol. X : the Book of Pluscarden,
edited by Félix J. H. Skene, vol. II. Edinburgh, William Paterson,
1880. xxxvi-332 p. 14 s.
118. HoRMBL (Hermann). Untersuchung liber die Chronique ascen-
dante und ihren Verfasser. Marburg, Elwert, 1880. 34 p. 1 m.
119. Inventaire analytique et chronologique des archives de l'abbaye
du Val-Saint-Lambert lez Liège, publié par J. G. Schoonbroodt, con-
servateur des archives de PÉtat à Liège. Tome II, chartes et registres.
Liège, Desoer, 1880. In-4, vi-452 p.
120. Inventaire-sommaire des archives du département de la Gôte-
d'Or antérieures à 1790, rédigé par M. Joseph Garnier, archiviste.
Archives civiles, série G. Intendances. T. I. Dijon, impr. Darantière,
1880. Gr. in-4 à 2 col., xxiv.243 p.
121. Irische Texte mit Woerterbuch von Ernst Windisch. Leipzig,
flirzel, 1880. xv-886 p. 24 m.
122. Istore et Groniques de Flandres, d'après les textes de divers
manuscrits, par M. le baron Kervyn de Lettenhove. T. H. Bruxelles,
commission royale d'histoire, 1880. In-4, 699 p. (Gollection de chro-
niques belges inédites, publiées par ordre du gouvernement.)
123. Jabger (Albert). Geschichte der landstaendigen Verfassung
Tirols. I. B. Die Ëntstehung und Ausbildung der socialen Staende und
ihrer Rechtsverhaeltnisse in Tirol von der Voelkerwanderung bis zum
XV. Jahrhundert. Mit Unterstùtzung der kaiserlichen Akademie der
Wissenschaften. Innsbruck, Wagner, 1881. vni-720 p. 6 fl.
124. JouBERT (André). Un Épisode des guerres de religion au Maine
et en Anjou. René de la Rouvraye, dit le Diable de Bressault. Paris,
Gervais, 1880. 16 p. (Extrait du Correspondant.)
125. JuLLiEN (Adolphe). L'Opéra secret au xviii® siècle (1770-1790),
aventures et intrigues secrètes racontées d'après les papiers inédits
conservés aux archives de l'État et de l'Opéra. Paris, Rouveyre, 1880.
268 p. avec frontispice gravé, etc., par Mal val.
126. Junker (der) und der treue Heinrich. Ein Rittermaerchen. Mit
94
Einleitung und Anmerkungen herausgegeben von Karl Kinzel. Berlin,
Weber, 1880. 106 p. 2 m. 40 pf.
127. Kaiserurkmideii in Abbildungen. Herausgegeben Yon H. von
Sybel und Th. Sickel. Erste Liefening. Dreissig Urkunden auf 29
Tafein und drei Bogen Texte. Berlin, Weidmann, 1880. Texte in-4 et
planches in-fol. oblong. 30 m.
128. Kawerau (Gustav). Johann Agricola von Eisleben. Ein Beitrag
zur Reformationsgeschichte. Berlin, Wilhelm Hertz, 1881. xn-358 p.
6 m.
129. Klaiber (Karl Hermann). Henri Arnaud, Pfarrer und Kriegs-
oberster der Waldenser. Ein Lebensbild. Nach den Quellen untersucht
und dargestellt. Mit 12 noch ungedruckten Urkunden. Stuttgart, Stein-
kopf, 1880. 180 p. 2 m. 25 pf.
130. Klogkhoff (Oskar). Smâ bidrag till nordiska literatur-historien
under medeltiden. Upsala, Edquist, 1880. 30 p.
131. Klugkhohn (August). Ueber die wissenschaftlichen und kûnstle-
rischen Bestrebungen Wittelsbach'scher Fursten aus dem Hause Pfalz.
Festrede zur Yorfeier des siebenhundertjaehrigen Regierungsjubilaeums
des bayerischen Herrscherhauses gehalten am 24. Juli 1880 in der Aula
der k. technischen Hochschule. Mûnchen, Theodor Ackermann, 1880.
16 p. 50 pf.
132. KocK (Axel). Bidrag till svensk etymologi. FGrklaring af fom-
svenska lagord. Tvâ uppsatser. Lund, Gleerup, 1880. n-28-27 p.
133. Kraus (Franz Xayer).SynchronistischeTabellenzurchristlichen
Kunstgeschichte. Ein Hûlfsbuch fur Studirende. FreiburgimBreisgau,
Herder, 1880. 280 p. 4 m. 50 pf.
134. La Barre Dupargq (Ed. de). Notes sur Machiavel, Montesquieu
et Ferrari. Évreux, impr. Hérissey. In-18, 146 p.
135. Lacaze (Louis). Recherches sur la ville de Pau. Le portail du
Bâton (l'ancien hôpital et Pancien temple des protestants). Pau, Ribaut.
vn-54 p. (Extrait du Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de
Pau, 2« série, vol. IX.)
136. Laine de Néel (Arsène). Essais historiques sur les vieux châ-
teaux du moyen âge et sur les sires de ces castels qui ont habité la
Normandie et FAngleterre. Faits historiques sur onze communes de
Tarrondissement de Domfront, etc. Mesnil-Hubert (Orne), village de
Lozier, l'auteur. 80 p. et portrait. 90 c.
137. Lasteyrie (Ferdinand de). Les Peintres- verriers étrangers à la
France classés méthodiquement selon les pays et l'époque où ils ont
vécu. Paris, 1880. 70 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des
antiquaires de France, t. XL.)
138. Lauwereyns de Roosendaele (L. de). Le Procès des jésuites au
95
x-vm» siècle à Saint-Omer (1761-1773). Saint-Omer, impr. Fleury-
Lemaire, 1880. iii-12, 132 p.
139. Lazare (Louis et Félix). Dictionnaire administratif et historique
des rues et monuments de Paris. Livraison 1. Paris, impr. Morris.
16 p. à 2 col.
140. Leader (John Daniel). Mary, queen of Scots, in captivity : a
narrative of events from january, 1569, to december, 1584, whilst
George earl of Shrewsbury was the guardian of the Scottish queen.
Sheffield, Leader, London, George Bell, 1880. xxm-644 p. 1 1. 1 s.
141. Legoy de la Marche (A,). Saint Martin. Tours, Mame. xv-736 p.,
35 planches, etc. 25 fr. ; papier de Hollande, 60 fr.
142. Leheg (Henri). Généalogie des Bourbons de France, d'Espagne,
de Naples et de Parme depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
jours. Histoire des fiefs qui ont donné leur nom aux différentes branches
de la maison de Bourbon et aux grandes familles nobiliaires de France.
Tableaux synoptiques et chronologiques indiquant la généalogie des
Bourbons. Ghâteauroux, impr. Muret, 1880. Gr. in-4, n-249 p. 10 fr.
143. Lépine (le docteur Frédéric). Découverte du tombeau de sainte
Reine à Alise. Dijon, impr. Jobard, 1880. 19 p. et planche.
144. Linde (A..V. D.). Das erste jartausend der schachlitteratur (850-
1880). Berlin, Julius Springer, 1881. 112 p. 5 m.
145. Linde (A. v. d.). Quellenstudien zur geschichte des schachspiels.
Mit unterstûtzung der koenigl. akademie der wissenschaften zu Berlin.
Berlin, Julius Springer, 1881. vm-412 p. 20 m.
146. Liste des pages du roi de la petite et de la grande écurie (1680-
1765), suivie de la liste des pages des ducs d'Orléans (1721-1729),
publiées d'après les pièces originales du cabinet des titres par le comte
David de Riocourt. Paris, Dumoulin, 1880. 67 p. (Extrait de la Revue
historique et nobiliaire.)
147. Lubtgenau (Franz). Jean Palsgrave und seine Aussprache des
Franzoesischen. Inaugural-Dissertation. Bonn, 1880. 67 p.
148. Maetzner (Eduard). Englische Grammatik. Dritte Auflage.
I. Th. Die Lehre vom Worte. Berlin, Weidmann, 1880. vm-583 p.
11 m.
149. Mandrot (A. de). Armoriai historique du pays de Vaud. 2« édi-
tion, contenant les armes des maisons souveraines qui ont régné sur le
pays, celles des évoques, des prieurs, des baillis, des villes, bourgs, des
dynastes, des familles nobles et des familles notables. Lausanne, Rouge
et Dubois, 1880. In-4, 32 planches, contenant 966 écussons. 30 fr.
150. Manuel (don Juan), el Libre de la caza. Zum Erstenmale heraus-
gegeben von G. Baist. Halle, Max Niemeyer, 1880. vn-208 p. 6 m.
151. Marmoutier. Dom Claude Ghantelou. Cartulaire tourangeau et
96
sceaux des abbés, publiés par Paul Nobilleau. Précédé d'une biographie
de l'auteur, par dom P. Piolin, bénédictin de la congrégation de France.
(1210-1512.) Tours, Guilland-Verger. xcv-214 p.
152. Marsy (le comte de). Bibliographie picarde. 2. Sigillographie.
Amiens, impr. Delattre-Lenoël, 1880. 23 p. (Extrait de la Picardie,
nouvelle série, t. III.)
153. Marsy (le comte de). La Seigneurie d'Houdencourt. Angers,
impr. Lachèse et Dolbeau. 8 p. avec blasons. (Extrait de la Revtte hiS"
torique, nobiliaire et biographique, tome XV, 1880.)
154. Martin (Emst). Zur Gralsage. Untersuchungen. Strassborg,
Trubner, 1880. 48 p. (Quellen und Forschungen zur Sprach- und Gul-
turgeschichte der germanischen Yoelker, XLII.)
155. Mas Latrie (L. de). Les Comtes du Garpas. Nogent-le-Rotrou,
impr. Daupeley-Gouverneur, 1880. 19 p. (Extrait de la Bibliothèque de
l'École des chartes, t. XLL)
156. MATTHiEi Parisibnsis, monacbi Sancti Albani, Ghronica majora.
Edited by Henry Richards Luard. Vol. V. A. D. 1248 to a. D. 1259.
London, Longman, etc., 1880. xxn-748p. (Rerum Britannicarum medii
aevi Scriptores, or Ghronicles and memorials of Great Britain and Ire-
land during the middle âges.) 10 s.
157. Maxe-Werly (L.). Note sur Torigine du gros tournois. Paris,
1880. 32 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires
de France, t. XL.)
158. Mercier (J.). Noms, par paroisses, des chefs de famille du dio-
cèse de Genève ramenés au catholicisme en 1598. Vin. Annecy, impr.
Burdet, 23 p. (Extrait de l'ouvrage : Souvenirs historiques d'Annecy jus-
qu'à la Restauration,)
159. Meriel (Amédée). Notice sur la commune d'Aubigny, canton
nord de Falaise. Bellôme, impr. Ginoux. In-12, 79 p.
160. Meyer-Kraus (B.). Wappenbuch der Stadt Basel. Lieferung 1.
In-4, 10 pi. en couleur et 4 p. 8 fr. (Sera complet en 8 livraisons con-
tenant ensemble environ 960 blasons.)
161. Meynier. Les Anciens Pèlerinages marseillais; leurs origines,
leurs oratoires, leurs chemins. Marseille, impr. Chauffard. 43 p.
162. MiELOT (Jean), l'un des secrétaires de Philippe le Bon, duc de
Bourgogne. Vie de sainte Catherine d'Alexandrie. Texte revu et rap-
proché du français moderne par Marins Sepet. Paris, Hurtrel. 342 p.,
12 chromolithographies, 14 gravures hors texte, 24 gravures dans le
texte et encadrements en couleur. 30 fr. (papier vélin, 60 fr. ; japon,
200 fr.).
163. MiNOQLio (Giovanni), Miscellanea monferratese. Torino, Paravia,
1880. 97 p., 5 planches.
97
164. Mistero (il) provenzale di S. Agnese. Facsimile in eliotipia dell*
unico manoscritto €higiano con prefazione di Ernesto Monaci. Roma,
tipografia Martelli, 1880. In-fol., 8 p., 19 pi. 15 1.
165. MoLiNiER (Charles). Llnquisition dans le midi de la France aux
xm« et xiv« s., étude sur les sources de son histoire. Paris, Fischbacher.
xxvii-488 p.
166. MoNBRisoN (George de). Un gascon du xvi» siècle : le premier
duc d'Épernon. Paris, impr. Ghamerot, 1880. viii-132 p.
167. MoRiN. L'Auvergne chrétienne du i«' siècle à 1880, contenant :
état primitif de cette province ; preuves diverses de son évangélisation
au !«' siècle ; biographie des quatre-vingt-quinze évoques de Glermont,
etc. Par un Auvergnat (Morin), 2^ édition. Artonne, par Aigueperse
(Puy-de-Dôme), Fauteur. 503 p.
168. MouLARD (P.). Chroniques de Sougé-le-Ganelon (Sarthe). Le
Mans, Lebrault, 1880. xxix-387 p. 6 fr.
169. MouLENQ (François). Gorbarieu et ses seigneurs. Montauban,
impr. Forestié. 45 p. (Extrait du Bulletin M la Société archéologique de
Tarn-et-Garonne,)
170. MuNTz (Eugène). Raphaël archéologue et historien d'art. Paris,
impr. Quantin, 1880. 23 p. (Extrait de la Gazette des beaux-arts^ octobre
et novembre 1880.)
171. MuNTZ (Eugène). Raphaël, sa vie, son œuvre et son temps. Ouvrage
contenant 155 reproductions de tableaux ou fac-similés de dessins insérés
dans le texte et 41 pi. tirées à part. Paris, Hachette, 1881. 662 p. 25 fr.
172. Nani (Gesare). Gli Statuti di Pietro II, conte di Savoia. Torino,
1880. In-4, 56 p. (Extrait des Memorie délia R. Accademia délie scienze di
Torino, 2« série, t. XXXII.)
173. Neuburq (G.). Zunftgerichtsbarkeit und Zunftverfassung in der
Zeit vom 13. bis 16. Jahrhundert. Ein Beitrag zur oekonomischen
Geschichte des Mittelalters. Jena, Gustav Fischer, 1880. vi-312 p. 7 m.
174. Norton (Charles Eliot). Historical Studies of church-building in
the middle âges. Venice, Siena, Florence. London, Sampson Low, 1880.
vi-331 p. 15 s.
175. Notice de livres et manuscrits relatifs à l'histoire du Berry, pro-
venant de M. Vermeil, ancien libraire à Bourges, dont la vente aura
lieu le 6 décembre 1880. Paris, Voisin, 1880. 17 p. (100 numéros.)
176. Obituaire de Tabbaye de Saint-Pierre de Lyon, du ix« au xv« s.,
publié d'après le ms. original et annoté par M. G. Guigne. Lyon, Mou-
gin-Rusand. xlu-129 p. (Collection de documents inédits pour servir à
rhistoire des anciennes provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais,
Bresse, Dombes et Bugey. I.)
177. Ordine (V) con il quale entrô in palazzo Tillustrissima madama
7
98
2Ulia Priuli addi 19 settembre 1557 (cerimoniali L, carte 28), pubblicato
da Pittarello Teresa ed Antonio. Padova, Prosperini, 1880. 22 p. (Fer
nozze Papadopoli-Hellenbach.)
178. Origines (les) de l'église de Huy, ouvrage dédié à la Vierge mère
immaculée, sa protectrice, le 4 août 1685. Texte latin, suivi de la tra-
duction française, orné d'une vue de Tancienne église. Liège, Grauthier,
i880. n-63 p.
179. Osthoff's technische Reisebûcher. Norddeutscbland. Unter Mit-
wirkung vieler Fachgenossen mit specieller Angabe der Literatur bear-
beitet von Georg Osthoff. Leipzig, Knapp, 1880. xi-308 p. 5 m.
180. OuDEMANS (A. G.). Bijdrage tôt een middel- en oud Nederlandsch
woordenboek. Uit vêle glossaria en andere bronnen bijeengezameld.
7« deel, T-W. Arnhem, van Marie, 1880. rv-983 p. 7 fl. 75 cents. (Les
tomes I à VU, 1870-1880, 43 fl. 20 cents.)
181. [Paquet (René).] Recherches historiques sur la Grande-Thury,
près Metz (ancien département de la Moselle), par Nérée Quépat. Paris,
Dumoulin. 194 p., 1 planque à l'eau-forte et 9 blasons. .
182. Paris (Gaston). Rapport fait au nom de la commission des anti-
quités de la France sur les ouvrages envoyés au concours de Tannée 1880.
Paris, impr. Didot, 1880. ln-4, 16 p.
183. Paris (Gaston). Sur un épisode d^Aimeri de Narbonne, Paris,
32 p. (Extrait de la Romania^ t. IX.}
184. Paris-Jallobert (l'abbé Paul). Journal historique de Vitré, ou
Documents et notes pour servir à Thistoire de cette ville, accompagnés
de nombreuses listes, de 6 plans et de 3 planches de sceaux. Vitré,
Guays. In-4 à 2 col., xxxvi-600 p.
185. Paul (Hermann). Principien der Sprachgeschichte. Halle, Max
Niemeyer, 1880. vn-288 p. 6 m.
186. Périgot (Gh.). Le Département du Nord, géographie physique,
politique et commerciale, avec une carte du département du Nord.
2« édition, revue et corrigée. Lille, Quarré, et Paris, Delagrave, 1881.
In-12, 64 p.
187. PiDAL (Pedro José), marqués de Pidal. Lecciones sobre la historia
del gobiemo y legislacion de Ëspana (desde los tiempos primidvos hasta
la reconquista) prononciadas en el Ateneo de Madrid en los aîios de 1841
y 1842. Ahora por primera vez dadas à luz. Madrid, imprenta de la
Revista de legislacion, 1880. xxx-312 p. (Biblioteca jundica de autores
espanoles, vol. 6°.)
188. PiERSON (A.). Studiën over Johannes Kalvijn. (1527-1536.)
Amsterdam, van Kampen, 1881. iv-256 p. 2 fl. 75 cents.
189. PiNGzoN DU Sel (Th.). Note relative à la démolition de l'ancienne
égUse de Guignen. Suivie d'une Notice sur l'église de Guignen, par
99
M. Tabbé Brune. Rennes, impr. Gatel, 1880. il p. et 4 pi. (Extrait du
t. XIV des Mémoires de la Société archéologique d'Ille-'et- Vilaine.)
190. Plaine (dom François). Vie de saint Maurice (de Loudéac), abbé
de Langonnet et de Garnoët (1113-1191). Quimperlé, impr. Clairet.
In-18, 73 p.
191. Planet (de). Aperçu historique sur les usines alimentées par la
Garonne à Toulouse. Toulouse, impr. Douladoure-Privat. 26 p. et tableau.
(Extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles^'
lettres de Toulouse.)
192. PoRÉE (l'abbé). Saint Anselme à Tabbaye du Bec (1060-1092).
Bernay, impr. veuve Lefèvre, 1880. 22 p.
193. Prix du blé à Paris du xrv« au xvui« siècle, d'après les registres
du chapitre de Notre-Dame. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouver-
neur. 11 p. (Extrait du Bulletin de la Société de Vhistoire de Paris et de
V Ile-de-France, 1880.)
194. Protois (l'abbé Félix). Pierre Lombard, évoque de Paris, dit le
Maître des sentences ; son époque, sa vie, ses écrits, son influence. Paris,
Palmé. 202 p.
195. PuYO (Roberto). Historia civil de la muy noble y muy leal ciudad
de Barbastro, desde los tiempos mas remotos hasta la fecha, dedicada
al M. I. ayuntamiento de la misma. Toulouse, impr. Gibrac, 1880.
Tableau in-plano à 8 col., 1 p.
196. Quellen zur Geschichte Siebenbiirgens aus saechsischen Archi-
ven. I. B., 1. Abth. : Rechnungen aus dem Archiv der Stadt Hermann-
stadt und der saechsischen Nation. Mit Mitteln der saechsischen Univer-
sitaet herausgegeben vom Ausschuss des Vereins fur siebenburgische
Landeskunde. 1. B. Von c. 1380 — 1516. Hermannstadt, Michaelis, 1880.
xx-679 p., 9 planches.
197. Reinhardt (G. E. F.). Valdemar Atterdag og hans Kongegjerning.
Med et Tillseg af hidtil utrykte Diplomer. Kjœbenhavn, Gad, 1880.
xxi-617 p.
198. Riant. Trois Inscriptions relatives à des reliques rapportées de
Gonstantinople par des croisés allemands. Paris, 1880. 22 p. (Extrait des
Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. XL.)
199. Richards (John Morgan). A Ghronology of medicine, ancient,
mediaeval, and modem. Being a historical, an antiquarian, and a curions
survey of the birth and growth of medicine from the earliest times to
the présent day. lUustrated by the typographie etching company. Lon-
don-Paris-Madrid, Baillière, 1880. vui-314 p. 7 s. 6 d.
200. RicHTHOFEN (Karl, Freiherr von). Untersuchungen ùber Friesische
Rechtsgeschichte. Erste Abhandlung. Upstalsbom, Freiheit und Grafen
in Friesland. Theil L Berlin, Wilhelm Hertz, 1880. vii-614 p. 15 m.
400
201. Ries (John). Die Stellung von Subject und Praedicatsverbam im
Hêliand. Nebst einem Anhang metrischer Ëxcurse. Ein Beitrag znr
germanischen Wortstellungslehre. Strassburg, Trùbner, 1880. x-129 p.
(Quellen und Forschungen zur Sprach- und Gulturgeschichte der ger-
manischen Voeiker, XLI.)
202. RocKiNQBR (Ludwig). Die Pflege der Geschichte durch die Wit-
telsbacher. Akademische Festschrift zur Feier des Wittelsbacher-Jubi-
laeums. Mûnchen, im Veriage der k. Akademie, [1880]. In-4, 100-97 p.
7 m.
203. RoGQUÀiN (Félix). Les Sorts des saints ou des apôtres. Paris,
22 p. (Extrait de la Bibliothèque de l'École des chartes, t. XU.)
204. Roman t (le) de la vie des pères hermites (un miracle de Notre-
Dame). Suivi de : Sonnet contenant une recotte d'alchimie, attribué à
Dante et au frère Helyas. Textes édités par Ferdinand Castets. Paris,
Maisonneuve, 1880. 31 p. (Extrait de la Revue des langues romanes.)
205. RoTH (Friedrich). Augsburg's Reformationsgeschichte 1517-1527.
Gekroente Preisschrift. Mûnchen, Theodor Ackermann, 1881. 257 p.
4 m. 80 pf.
206. RoTH (R.). Das Bùchergewerbe in Tubingen vom Jahr 1500 bis
1800. Rede zum Geburtsfest seiner Majestaet des Koenigs am 6 Maerz
1880 gehalten. Tubingen, Laupp, 1880. 55 p. 1 m.
207. RuDEL (Richard). Adelund Demokratie. Ein Beitrag zur (reschichte
des Feudalismus. I. B. Berlin,- Mùnchhoff, s. d. v-525 p. 9 m.
208. RuoE (Sophus). Geschichte des Augustusbades bei Radeberg.
Mit 5 photolithographischen Ansichten. Dresden, Friedr. Axt, 1880.
iv-72 p., 5 pi. 1 m. 50 pf.
209. Ruolo générale del sov. mil. ordine di 8. Giovanni di Gerusa-
lemme ovvero di Malta. Roma, tipografia poliglotta délia S. Gongrega*-
zione di propaganda fide, 1880. v-243 p.
210. Sagettes (les) et ruses d'Amour. Discours où est montré le vrai
moyen de faire les approches et entrer aux plus fortes places de son
empire. Réimpression textuelle sur l'édition de 1599, avec préface par
A. Chassant. Paris, Belin. In-12, iv-94 p.
211. Saint-Luc (T. de), G. L'Histoire de Gonan Mériadec, qui fait le
premier règne de l'histoire générale des souverains de la Bretagne gau-
loise, dite Armorique, avec la première partie des recherches générales
de cette province. Saint-Brieuc, impr. Prud'homme, 1879. In-18, 295 p.
(Réimpression de l'édition de Paris, Galleville, 1664.)
212. Saint-Mars (Henri de). Guide de Beauvais, notice historique,
description des monuments, rues, places, etc. Beauvais, Dupont-Glément,
1880. Li-18, 71 p. 50 cent.
213. Saint-Simon (Fragments inédits de), communiqués à rassemblée
404
générale de la Société de Thistoire de France par M. de Boislisle. Paris,
1880. 28 p. (Extrait de VAnnuaire^bulletin de la Société de Vhistoire de
France,)
214. Salette (Arnaud de). Segond Flouquetot coelhut hens lospsalmes
de David, metutz en rima bernesa per Arnaud de Salette en l'aneia 1583.
Pau, Ribaut. ii-219 p.
215. Sammlung englischer denkmaeler in kritischen ausgaben. Erster
band : jElfrics grammatikund glossar herausgegeben von Julius Zupitza.
Erste abteilung : text und varianten. Berlin, Weidmann, 1880. 322 p.
7 m.
216. Sandrbt (L.). La Seigneurie et les seigneurs de Cany, en Nor-
mandie. Paris, Dumoulin, 1880. 43 p. (Extrait de la Revue historique,
nobiliaire et biographique, 1880.)
217. Sanguinetti (Angelo). Se Cristoforo Colombo abbia studiato
air université di Pavia : memoria. Genova, tip. Schenone, 1880. 17 p.
218. Sanuto (Marine). Gronachetta. Venezia, tip. Visentini, 1880.
vm-238 p. (Per nozze Papadopoli-Hellenbach.)
219. Satzungen hervorragender Handwerkervereinigungen aus der
Zeit vom 15. Jahrhundert bis zur Gegenwart. Zur Illustration des
Innungswesens uberhaupt gesammelt, erlaeutert, durch die epochema-
chenden innerhalb Baierns und des deutschen Reiches im 19. Jh. ùber
den Gegenstand erlassenen gesetzlichen Bestimmungen und das Statut
der osnabrûcker Schuhmacherinnung ergaenzt und mit einem Vor- und
Nacbwort versehen von Dr. J. B. Krallinger. Mùnchen, Max Kellerer,
1880. 106 p. 1 m. 60 pf.
220. ScARTAzziNi (Joh. Andr.). Abhandlungen liber Dante Alighieri.
Frankfurt am Main, Rûtten und Loening, 1880. 243 p. 5 m.
221. Schaepeler (August). Die oberbayerische Landeserhebung im
Jahre 1705. Neue Aufschliisse aus Archivalien zur Geschichte des
spanischen Erbfolgekrieges. Mit einer lithographischen Tafel. Wiirz-
burg, Staudinger, 1880. vii-93 p. 2 m. 40 pf.
222. Scherrer (Gustav). Verzeichniss der Incunabeln der Stiftsbiblio-
thek von St. Gallen. Herausgegeben auf Veranstaltung des katholischen
Administrationsrathes des Kantons St. Gallen. St. Gallen, Huber, 1880.
265-Lxiv p. 12 fr.
223. ScHLUMBERQER (Gustave). Monuments numismatiques et sphragis-
tiques du moyen âge byzantin. Paris, 1880. 20 p. et planche. (Extrait
de la Revue archéologique, octobre 1880.)
224. ScHNEYDER (Pierre). Histoire des antiquités de la ville de Vienne;
manuscrit inédit, publié avec une notice historique et biographique, un
portrait à l'eau-forte, une gravure représentant Vienne romaine, par
E. J. Savigné. Vienne, Savigné. In-12, xxxix-123 p.
402
225. ScHULTE (Aloys). Die sogenannte Ghronik des Heinrich von
Rebdorf. £in Beitrag zur Quellenkunde des xrv. Jahrhunderts. Munster,
Theissing, 1879. 89 p. 1 m. 20 pf.
226. Sghuwsr (C). Quelques Mots sur rinstruction primaire en Corse
avant et depuis 1789. Gorte, impr. Icard-Fournier, 1880. 31 p. (Extrait
du Tavignano, journal de Gorte.)
227. ScHWALBAGH (Theodor). Der Givilprocess des Panser Parlaments
nach dem c Stilus i Du Brueils. Freiburg i. B. und Tubingen, Mohr,
1881. vu-160 p. 4 m.
228. Seinqoerlet (Eugène). L'Alsace française. Strasbourg pendant la
révolution. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1881. xii-364 p. 6 fr.; pa-
pier de Hollande, 12 fr.
229. Serrure (Raymond). Dictionnaire géographique de rhistoire
monétaire belge. Bruxelles, Tauteur, 5, rue Donné, 1880. In-12, n-340 p.,
6 planches. 15 fr.
230. SiGWART (Ghristoph). Die Lebensgescbichte Giordano Bruno's.
Tùbingen, Laupp, 1880. In-4, 41 p. (Verzeichnissder Doctoren welche
die philosophische Facultaet der... Universitaet in Tùbingen... 1879-
1880 ernannt bat.)
231. SiTTARD (Josef). Gompendium der Geschichte der Kirchenmusik
mit besonderer Beriicksichtigung des kirchlichen Gesanges. Yon Am-
brosiuszur Neuzeit. Stuttgart, Levy und MùUer, 1881. vm-237 p. 4 m.
232. SoHM (Rudolph). Fraenkisches Recht und roemiscbes Recht.
Prolegomena zur deutschen Rechtsgeschicbte. Weimar, Hermann
Boehlau, 1880. 84 p. (Abdruck aus der Zeitschrift der Savigny-Stiftung
fur Rechtsgeschichte, I. Band.) 2 m.
233. Spitzen (0. A.). Thomas a Kempis als schrijver der Navolging
van Christus gehandhaafd. Utrecht, Beijers, 1881. iv-247 p., 6 fac-simi-
lés. 3 fl. 50 cents.
234. Stodart (R. R.). Scottish Arms, being a collection of armoriai
bearings, a. D. 1370-1678, reproduced in facsimile from contemporary
manuscripts, with heraldic and genealogical notes. Edinburgh, William
Paterson, 1881. 2 vol. in fol., Tunde xxv p. et pi. A-E et 1-118, l'autre
de 426 p.
235. Storelli (A.). Notice historique et chronologique sur le château
de Ghaumont-sur-Loire, avec 4 grav. à l'eau-forte. Tours, impr. Marne,
1880. In-4, 15 p.
236. Synodi Brixinenses saeculi xv. Primus edidit Dr. G. Bickeli.
Innsbruck, Rauch, 1880. 80 p. 60 kr.
237. Teissier (F.). Les Français au Ganada; historique de cette
ancienne colonie (1562-1763). Limoges et Paris, Ardant, 1880. 143 p.
238. Teissier (Honoré). Traité de la société d'acquêts suivant les
403
principes de Tancienne jurisprudence du parlement de Bordeaux. 2* édi-
tion, revue d'après les manuscrits laissés par l'auteur, annotée et
complétée d'après le code civil, mise au courant de la doctrine et de la
jurisprudence, par P. Deloynes; précédée d'un éloge de M. Teissier,
prononcé le 15 décembre 1864 par M. Ludovic Trairieux. Bordeaux,
Duthu, 1881. XLVi-683 p. 10 fr.
239. Thierry (Augustin). Premier Récit des temps mérovingiens. Avec
6 dessins de J. P. Laurens. Paris, Hachette, 1881. Gr. in-fol., p. 1 à 24.
Hollande, 75 fr.; whatman, 80 fr.; chine, 100 fr.; japon, 120 fr.
240. TiBPOLO (Gian Domenico). Due Lettere a Blanchi Giovini,
24 aprile 1833, sulla competenza del consiglio dei Dieci, e 6 luglio 1834,
suir accusa mossa a quella magistratura di aver oltrepassato le proprie
attribuzioni nel dare le istruzioni secrète al Badoer di cedere Napoli e
Malvasia ; a commento e critica délia Storia délia republica di Venezia
scritta dal Daru. Venezia, tip. Antonelli, 1880. 28 p. (Per nozze Lan-
franchini-Tiepolo.)
241. TiETz (Jul.). Die geschichtliche Entwickelung des deutschen
Nationalbewusstseins. Hannover, Hahn, 1880. 199 p. 2 m.
242. Tirolische geschichtsquellen. II. Ghronik des stiftes Marienberg
verfasst von p. Goswin, prior und hofcaplan. Herausgegeben von^p.
Basilius Schwitzer. Innsbruck, Wagner, 1880. xlv-275 p. 3 fl. 40 kr.
243. TousTAiN DE BiLLY (René). Histoire ecclésiastique du diocèse de
Cou tances. Publiée pour la première fois par François Dolbet. Tome II.
Rouen, Métérie. 403 p. 10 fr. (Publication de la Société de l'histoire de
Normandie.)
244. TuRPiNi Historia Karoli Magni et Rotholandi. Texte revu et
complété d'après sept manuscrits par Ferdinand Caste ts. Montpellier,
Société pour Tétude des langues romanes, et Paris, Maisonneuve, 1880.
xii-96 p. (Société pour l'étude des langue^ romanes, publications spé-
ciales.) 4 fr.
245. Van Bastelaer (D. A.). Étude sur un précieux reliquaire phy-
lactère du XII® siècle, provenant du prieuré de Sart-les-Moines, à Gos-
selies, et probablement originaire de l'abbaye de Lobbes; émail et
dorure sur cuivre bronzé. Anvers, impr. Plasky, 1880. 27 p. et 2 pi.
(Extrait des Annales de l'Académie d^ archéologie.)
246. Van Cadwenberghb (E. F.). L'Église de Notre-Dame de Pamele,
à Audenaerde, et ses restaurateurs. Audenaerde, impr. Bevemaege-
Van Eechaute, 1880. xiv-133 p. 8 fr.
247. Vereeniging tôt uitgave der bronnen van het oude vaderlandsche
recht. Verslagen en mededeelingen. N^I. 'S Gravenhage, Nijhofr,1880.
36 p. 60 cents.
248. Vinci (Léonard de). Les Manuscrits de Léonard de Vinci. Le
404
manuscrit A de la bibliothèque de l'Institut, publié en fac-similés
(procédé Arosa) avec transcription littérale, traduction française, préface
et table méthodique par M. Charles Ravaisson-Mollien. Paris, Quantin,
1880. In-4, 301 p. avec 126 planches. 100 fr.
249. Yisgher-Merian (K.). Henman Sevogel von Basel und sein
Geschlecht. Basel, Schwabe, 1880. In-fol., xvi-121 p.
250. Ylaemisches Tagebuch ûber Yasco da Gama's zweite Reise 1502-
1503. Herausgegeben, ûbersetzt und erlaeutert von H. G. G. Stier.
Braunsebweig, Schwetschke, 1880. 42 p. 1 m. 20 pf.
251. Yloten (J. van). Het Nederlandsche kluchtspel van de 14* tôt de
18« eeuw. 2* vermeederde druk. 2« deel. De zeventiende eeuw. Haarlem,
De Graaff, 1880. 256 p. 2 fl. 40 cents. (Sera complet en trois tomes.)
252. Wanqemann (Otto). Geschichte der Orgel und der Orgelbaukunst
von den ersten Anfaengen bis zur Gegenwart. 2. Auflage. Denunin,
Frantz, 1880. x-559 p. et 58 pi. 15 m.
253. Weinhold (Karl). Kleine mittelhochdeutsche Grammatik. YYien,
BraumùUer, 1881. vii-lOO p. 1 fl.
254. Werner (Karl). Die Scholastik des spaeteren Mittelalters. I. B. :
Johannes Duns Scotus. Wien, BraumûUer, 1881. xvm-514 p. 5 fl.
255. WiEGAND (W.). Charte messine en français de Tannée 1212.
Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouvemeur, 1880. 3 p. (Extrait de
la Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLI.)
256. WiETERSHEiM (Eduard von). Geschichte der Yoelkerwanderung.
Zweite vollstaendig umgearbeitete Auflage besorgt von Félix Dahn.
I. B. Mit einer Karte von H. Kiepert. Leipzig, Weigel, 1880. viii-637 p.,
1 carte. 15 m.
257. WiLL(C!omelius).Konrad von Wittelsbach, Cardinal, Erzbischof
von Mainz und von Salzburg, deutscher Reichserzkanzler. Zur Feier
des siebenhundertjaehrigen «hibilaeums des Hanses Wittelsbach. Fest-
schrift des historischen Yereins von Oberpfalz und Regensburg.
Regensburg, New York und Cincinnati, Friedrich Pustet, 1880. vm-
118 p. 1 m. 50 pf.
258. Zerbi (Luigi). Il Cronista monzese : album di reminiscenze patrie
délia città di Monza ed antica sua corte, in continuazione dei già pub-
biicati dal dott. Giovanni Mazzetti. Yol. II. Monza, tip. Gorbetta, 1880.
In-32, 137 p. 1 1.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Les élèves de TÉcole des chartes ont soutenu leurs thèses le 24 et le
25 janvier 1881. Le rapport suivant, adressé au ministre de l'instruction
publique par M. Delisle, président du conseil de perfectionnement, fait
connaître les sujets choisis par les candidats et résume le jugement
porté par les examinateurs.
Monsieur le ministre.
En vous adressant la liste des élèves de l'École des chartes que le
conseil de perfectionnement a jugés dignes d'obtenir le brevet d'archi-
viste paléographe, je dois vous rendre compte de l'épreuve de la thèse,
dont l'importance augmente d'année en année et qui donne la mesure
exacte de l'instruction, du travail et surtout de la critique des jeunes
gens. Le résultat de l'année 1881 a paru assez satisfaisant : un seul
candidat a dû être ajourné, et, sur les douze thèses que le conseil a
acceptées, trois sont des morceaux remarquables dont la publication
fera honneur à l'École.
M. Omont, dont le travail a été particulièrement distingué, avait
choisi pour sujet de sa thèse la théorie de la ponctuation chez les gram-
mairiens latins de l'antiquité et du moyen âge. Il a jeté beaucoup de
clarté sur des questions fort obscures, et a fait preuve d'une érudition
étendue, d'un jugement sûr et d'une rare expérience bibliographique.
Sa dissertation, toute courte qu'elle est, mérite d'être citée comme
un des meilleurs travaux paléographiques publiés en France depuis un
certain nombre d'années.
Pour composer son Essai sur l'organisation municipale de Toulouse au
moyen âge, M. Grandjean s'est livré à des recherches tout à fait origi-
nales, qui l'ont mis en possession de nombreux documents inédits. Il
a tiré un excellent parti des textes qu'il avait rassemblés et qu'il a tou-
jours interprétés avec beaucoup de sagacité. Le mémoire qu'il nous a
soumis est loin d'être complet; mais il renferme déjà des résultats
considérables et définitifs sur l'histoire des institutions d'une de nos
plus grandes cités du Midi.
Sous ce titre, les Décimes ecclésiastiques au XIII^ siècle, M. Gerbaux a
étudié l'origine et le système des impositions que les gens d'Église
eurent à supporter en France depuis Philippe-Auguste jusqu'à Philippe
le Bel. Il a parfaitement déterminé la nature de ces contributions, les
circonstances qui en amenèrent l'établissement, la façon dont elles
étaient décrétées, assises et levées dans chaque diocèse, et le montant
406
des sommes qu'elles produisaient. Nous avons là, appuyé sur des
preuves solides, un chapitre tout à fait neuf de notre histoire financière.
M. Digard a étudié la puissance paternelle au moyen âge, ptHncipale^
ment aux XllI^ et XIV* siècles et dans les pays de droit coutumier. Sa
thèse est le fruit de recherches méthodiques et considérables, mais qui
cependant n'ont pas été poussées assez loin sur plusieurs points. L'au-
teur devra revoir son travail et discuter à nouveau plusieurs théorîeB
qui ont paru trop absolues.
L'Essai de M. Grassoreille sur Vhistoire politique du chapitre de Notre-
Dame de Paris pendant la domination anglaise (1420-1436) a été princi-
palement rédigé d'après les registres capitulaires déposés aux Archives
nationales. Si les examinateurs ont regretté que le candidat ne se f&t
pas assez pénétré du caractère général de l'époque, ils se sont plu à
constater que les documents avaient été consciencieusement choisis,
qu'ils avaient été exactement analysés et que le récit, combiné avec les
pièces justificatives, formait un tableau fidèle de l'état de Paris pendant
une des périodes les plus tristes de notre histoire.
M. Bénet a entrepris sur les actes des ducs de Normandie une étude à
laquelle il était bien préparé et qui pourra un jour aboutir à des résul-
tats vraiment utiles ; mais le cadre était si étendu qu'aucune partie n'a
pu en être convenablement remplie. La vaste ébauche que M. Bénet a
soumise au conseil atteste un travail excessif, et dénote çà et là une
rare aptitude aux recherches diplomatiques; mais l'auteur devra se
mettre en garde contre une tendance au paradoxe et se livrer préalable-
ment à des observations chronologiques, qui sont ici d'autant pins
nécessaires que la plupart des actes des ducs de Normandie du zi« et
du xii« siècle sont absolument dépourvus de date de temps.
M. Dufresne, dans son Essai sur Vhistoire de la reliure, a montré qu'il
aimait les beaux livres et qu'il savait les examiner en homme de goût
et en archéologue. Nous pouvons espérer qu'il nous donnera une bonne
histoire de la reliure; mais il devra sévèrement contrôler ce qu'on a
écrit sur le sujet et recueillir des textes sans lesquels il ne sortirait pas
du vague et de la confusion qui enveloppe la vie et jusqu'au nom des
grands relieurs et doreurs du xvi« et du xvn« siècle.
M. Welvert a voulu faire connaître les relations du roi de Bohême
Jean de Luxembourg avec la France, C'était une heureuse idée que de
consacrer une monographie à un personnage qui tient une belle place
dans les annales du xiv« siècle et qui est mort si héroïquement au ser-
vice de notre pays. L'auteur est assurément allé plus loin que le doc-
teur J. Schotter, à qui nous devons un très bon ouvrage sur l'histoire
générale de Jean de Luxembourg. M. Welvert a notamment recueilli
des renseignements nouveaux sur l'administration de Jean de Luxem-
bourg pendant sa lieutenance générale en Languedoc. Mais il lui reste
encore beaucoup de détails à étudier, pour mettre suffisamment en relief
407
Tune des plus sympathiques figures de la cour de Philippe de Valois.
En traitant de VafTranchissement et de la condition des a/Tranchis dans
la Gaule franque^ M. Fournier s*est trop exclusivement préoccupé du
côté philosophique et économique de la question. Au lieu de se horner
à examiner successivement les différents modes d'affranchissements
pratiqués au moyen âge, à en rechercher l'origine, à en expliquer le
mécanisme, et à en constater les effets juridiques, il s'est livré à des
considérations sur la marche progressive de la liberté qui ne répondaient
pas à la nature des travaux dont on s'occupe à l'Ecole. Encore ces
considérations ont-elles paru manquer d'exactitude sur plusieurs points,
notamment en ce qui concerne le rôle de l'Église, à laquelle M. Fournier
conteste la grande et légitime part qui lui revient dans l'adoucissement
du sort des esclaves et dans la marche progressive des affranchissements.
UEssai de M. Rébouis sur l'origine et le développement du crédit^ du
change et de l'assurance avant le IV^ siècle a demandé beaucoup de
recherches ; mais l'étendue trop considérable du programme que s'était
tracé l'auteur ne lui a pas permis de traiter convenablement des ques-
tions fort délicates et fort complexes, qu'il lui eût été possible d'appro-
fondir davantage; car sur plusieurs d'entre elles il existe déjà des
ouvrages justement estimés.
Philippe de Navarre, comte de Longueville (1334-1363), que M. Helleu
a pris pour sujet de thèse, est un personnage assez peu intéressant,
mais dont la vie pouvait cependant donner lieu à une étude spéciale.
M. Helleu a combiné assez heureusement les récits des historiens
contemporains, mais, sur plus d'un point, il s'est contenté de consulter
des ouvrages de seconde main, et trop souvent il a négligé les rensei-
gnements qu'il aurait trouvés dans différentes collections de la Biblio-
thèque et des Archives nationales.
Le Coutumier de la vicomte de Dieppe, conservé aux archives de la
Seine-Inférieure, est un des documents les plus précieux qui nous soient
parvenus sur l'histoire du commerce au moyen âge. Il pouvait fournir
la matière d'une très bonne thèse. Les commentaires de M. Goppinger
sur ce document en font assez bien connaître la valeur; mais il sera
indispensable de les revoir et de les compléter, comme aussi d'établir à
nouveau le texte môme du CSoutumier, qui avait été joint à la thèse.
Dans le compte rendu qui précède, j'ai essayé, monsieur le ministre,
de donner une idée sommaire et exacte des travaux que les élèves de
l'École des chartes viennent de soumettre au conseil de perfectionne-
ment. Il y a lieu d'être généralement satisfait du choix des sujets et de
la solidité des résultats.
Le conseil, en tenant compte des thèses et des examens du mois de
juillet, a dressé par oi(dre de mérite la liste suivante des élèves aux-
quels il vous propose de vouloir bien délivrer le brevet d'archiviste
paléographe :
408
MM.
lo Grandjean (Charles-Alfred), né à Langres (Hante-Marne) le 9 sep-
tembre 1857.
2* Omont (Henri- Auguste), né à Évreux (Eure) le 15 septembre 1857.
3» Bénet (Armand-Eugène), né à Évreux (Eure) le 2 septembre 1858.
4« Gerbaux (Fernand), né à Paris le 2 juillet 1857.
5® Digard (Georges- Alfred-Laurent), né à Versailles le 1«' juillet 1856.
6« Grassoreille (Georges -Auguste- Emile), né à Saint-Gyr- l'École
(Seine-et-Oise) le 4 janvier 1860.
7« Rébouis (Jean-Marie-Hippolyte), né à Valence (Tarn-et-Garonne)
le 16 avril 1856.
8« Welvert (Eugène-Nicolas), né à Thionville (Moselle) le 20 mars
1857.
90 Dufresne (Arthur-Henry), né à Paris le 6 février 1858.
lO® Fournier (Pierre- Joseph-Marcel), né à Bordeaux le 13 octobre 1856.
11» Helleu (Joseph-Louis), né à Paris le 13 août 1857.
Et hors concours :
M. Goppinger (Adrien-Jacques-Emmanuel), né à Paris le 24 dé-
cembre 1847, qui ne faisait pas partie de la promotion et avait été
précédemment autorisé par le conseil à présenter sa thèse cette année.
Conformément aux propositions du Gonseil de perfectionnement,
M. le ministre a délivré le brevet d'archiviste paléographe aux élèves
de rÉcole des chartes dont les noms suivent, rangés par ordre de
mérite :
MM. 1. Grandjean.
2. Omont.
3. Bénet.
4. Gerbaux.
5. DlQARD.
6. Grassoreille.
7. Rébouis.
8. Welvert.
9. Dufresne.
10. Fournier.
11. Helleu.
Hors concours : M. Goppinger.
— Ont été promus aux classes suivantes de leur emploi d'archiviste
aux Archives nationales :
2« classe M. Tuetey.
3» classe M. Bruel.
6® classe MM. Teulet et Delaborde.
— Par arrêté du 27 décembre 1880, notre confrère M. Valois a été
nommé archiviste auxiliaire aux Archives nationales.
409
— Par arrêté du 10 janvier 1881, notre confrère M. Deprez a été
nommé bibliothécaire au département des manuscrits de la Biblio-
thèque nationale.
— Par arrêté du 22 janvier 1881, M. Helleu, ancien élève de PÉcoIe
des chartes, a été nommé surnuméraire à la bibliothèque de l'Arsenal.
— Notre confrère M. Junca, rédacteur du National, a été nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
— Notre confrère M. Tabbé Paradis, premier vicaire de Saint-Tho-
mas d'Aquin, a été nommé curé de l'église Sainte-Marguerite.
— Le Rapport de la commission des écoles d'Athènes et de Rome sur
les travaux de ces deux écoles pendant Vannée 1880, lu à P Académie
des inscriptions et belles-lettres par M. Léon Heuzey dans les séances
du 17 et du 24 décembre 1880, rend compte en ces termes des travaux
de nos confrères MM. Élie Berger, Paul Durrieu et Antoine Thomas :
f M. Élie Berger avait obtenu de rester à Rome une quatrième année,
pour y terminer un travail d'une grande importance , le dépouillement
et la publication des registres du pape Innocent lY, conservés aux
archives du Vatican. Ceux de nos confrères chargés successivement de
vous présenter, les années précédentes, le rapport de la commission,
s'étaient vus forcés de garder à ce sujet une certaine réserve, pour lais-
ser à l'auteur toute la primeur d'une entreprise scientifique qui n'était
pas encore arrivée à son terme. Aujourd'hui que le premier fascicule
de l'ouvrage de M. Berger est imprimé et que les autres doivent se
succéder très rapidement, nous pouvons proclamer hautement les
mérites d'une publication qui fera grand honneur à l'érudition fran-
çaise. Elle formera trois volumes grand in-4o, qui inaugurent digne-
ment une série nouvelle de mémoires, édités dans ce format par nos
savantes écoles.
« C'est grâce à un labeur infatigable que l'auteur a pu terminer en si
peu d'années cette vaste collection de documents originaux. En effet,
les registres d'Innocent FV ne contiennent pas moins de 8,600 pièces ,
dont 6,000 environ sont inédites; selon l'intérêt qu'elles présentent,
M. Berger les reproduit, tantôt in extenso, tantôt par extraits, parfois il
en donne seulement l'intitulé avec une courte analyse. Dans chaque
volume figureront en outre des dissertations et des monographies,
notamment le Mémoire sur la diplomatique d'Innocent IV, dont la première
moitié a été soumise, l'année dernière, au jugement de l'Académie.
f On comprend l'intérêt d'un recueil de ce genre pour l'histoire , la
chronologie et la géographie du xni« siècle. Ce qu'il ajoute aux données
du Regesta pontificum, de Vltalia sacra, du Gallia christiana, du Monas-
ticon Anglicanum, de VEspana sagrada, est considérable. Il fournira un
grand nombre de renseignements nouveaux sur l'histoire des croisades
et surtout sur la grande lutte entre l'empereur Frédéric II et la papauté.
440
Pour l'histoire de France en particulier, il fera plus complètement con-
naître les rapports du pape avec saint Louis et ses frères, avec la reine
Blanche et le conseil qui dirigea les affaires entre la mort de cette
princesse et le retour du roi, et permettra aussi d'examiner dans quelle
mesure étaient fondées, au temps du concile de Lyon, les doléances dn
clergé de France. Celles de nos provinces qui, au xui* siècle, ne fai-
saient pas encore partie du royaume, comme l'Alsace, occupent une
grande place dans ce travail.
c Grâce au zèle consciencieux de M. Berger, à la disposition claire et
méthodique qu'il a adoptée, à la mesure intelligente qu'il apporte dans
le triage et dans l'analyse des documents par lui dépouillés, FËcole de
Rome aura produit une œuvre que l'un de nos savants confrères, nn
des maîtres de ces études, a jugé d'avance comme l'une des publications
diplomatiques les plus considérables de notre époque
« M. Paul Durrieu s'occupe de l'histoire du moyen âge, et c'est à
Naples qu'il a établi le centre de ses recherches. Son choix est enviable ;
mais ce qui l'a surtout attiré vers cette belle ville, intéressante à tant
de titres, c'est qu'il y retrouvait la France et les traces des expéditions
françaises dans l'Italie méridionale. Ses études de deuxième année ont
porté sur deux sujets distincts, tous les deux se rattachant aux événe-
ments accomplis dans cette région à la fin du xiv« siècle, et auxquels
des Français ont été mêlés. A cet ordre d'idées appartiennent d'abord
deux mémoires déjà imprimés : la Prise d^Arezzo (1384) par Enguer^
rand VII, sire de Coucy, et le Royaume d'Adria (1393-1394). Dans ces
mémoires on peut louer l'emploi judicieux que l'auteur a su faire des
documents inédits trouvés par lui dans les archives de France et
d'Italie.
c Ce sont, en réalité, deux fragments détachés d'un travail d'ensemble
sur les relations de la France avec l'Italie pendant le règne de
Charles VI. L'un montre Enguerrand VII de Coucy passant en Italie
pour aider le duc Louis d'Anjou, prétendant français à la couronne de
Naples. L'autre raconte les intrigues de Jean-Galéas Visconti, seigneur
de Milan, qui aspire à se faire couronner roi d'Italie et qui demande
pour le duc d'Orléans, son gendre, la création d'un royaume formé aux
dépens des États de l'Église. L'intérêt principal de ces études est de
montrer, à sa naissance . la pensée des expéditions et des conquêtes
françaises au delà des Alpes. L'Académie avait permis à l'auteur de
prendre date auprès d'elle pour un sujet autour duquel d'autres érudits
paraissaient s'empresser. C'est pour ne pas être devancé que M. Durrieu
a publié dans la Bibliothèque de V École des chartes et dans la Rwue des
questions historiques les premiers résultats acquis par ses recherches.
« L'autre travail de M. Durrieu nous fait connaître l'organisation de
la chancellerie des princes angevins à Naples. Depuis longtemps, on
savait qu'il existait dans les archives napolitaines une volumineuse
4H
collection de registres renfermant les actes de cette chancellerie du
' xm« au XY« siècle. Mais on ne soupçonnait pas, au moins en France,
avec quel désordre ces registres avaient été constitués, à une époque
relativement moderne, avec les débris des registres primitifs. M. Paul
Durrieu a pris les cinquante-un registres les plus anciens; il les a
étudiés feuillet par feuillet, pour déterminer les éléments dont chacun
d'eux était formé. U a ainsi dégagé de la masse confuse dans laquelle
ils étaient mêlés tous les débris qui subsistent des registres antérieurs
à la mort de Charles I^. En s'aidant des cotes anciennes , des titres
courants, des caractères des écritures et du contenu des actes, il est
arrivé à retrouver, presque toujours avec certitude , la place que ces
innombrables fragments tenaient dans la série des registres originaux.
Il est superflu de faire remarquer combien cette patiente et intelligente
restitution était nécessaire pour tirer parti des milliers d'actes consignés
sur ces fragments et dont beaucoup se rapportent directement et exclu-
sivement à la France. C'est donc un véritable service rendu à l'étude
de notre histoire nationale; renonciation d'un pareil résultat est le
meilleur éloge que nous puissions faire du travail de M. Durrieu , et
c'est déjà une récompense de ses laborieux efforts
« Nous commençons la revue des travaux de première année de
PËcole de Rome par les mémoires de M. Antoine Thomas, qui continue
le grand travail d'analyse et de publication des anciens registres ponti«
ficaux, entrepris par l'École et si heureusement inauguré par M. Berger.
Ce sont les actes de la chancellerie du pape Boniface VUI dont il a
commencé le dépouillement. Il a résumé les premiers résultats de ses
recherches sous le titre de : Notes sur Boniface VIII et le premier registre
de ses bulles. Par des exemples bien choisis il nous fait entrevoir com-
bien sera féconde en révélations nouvelles la publication des bulles et
des lettres de cet illustre pontife. Les extraits qu'il nous donne per-
mettent déjà d'introduire des additions et des rectifications importantes
dans beaucoup d'articles du Gallia christiana et de VHistoire littéraire
de la France.
(c Un second mémoire de M. Thomas est consacré à six manuscrits
de Bernard Gui, conservés au Vatican, et qui doivent s'ajouter aux
cent trente manuscrits du même auteur que notre savant confrère
M. Léopold Delisle a décrits et classés dans le tome XXVII des Notices
et extraits des manuscrits. Plusieurs des manuscrits signalés par M. Tho-
mas ont une réelle importance. L'un d'eux, le n' 705 du fonds de la
Reine, est un exemplaire original. Un autre, le n* 697, du même fonds,
nous fait envisager sous un jour tout à fait nouveau la question des
traductions françaises des ouvrages de Bernard Gui. D'après les com-
paraisons faites par M. Thomas, les trois points suivants paraissent
démontrés : 1* une première traduction des Fleurs des chroniques avait
été exécutée avant l'année 1368, date d'une copie que Charles V s'en
442
fit faire et qui est aujourd'hui à la bibliothèque de la chambre des
députés; 2» en 1369, Charles V fit traduire la Chronique abrégée des
papes et plusieurs autres opuscules historiques, par le carme Jean
Golein, dont le manuscrit original, présenté au roi, forme le n* 697 du
fonds de la Reine au Vatican ; 3* au xiii* siècle fut faite une seconde
traduction des Fleurs des chroniques et de plusieurs autres opnscales de
Bernard Gui, traduction qui nous a été conservée par le manuscrit
français GVII do Turin. Ce sont là des résultats d'un grand intérêt poor
notre histoire littéraire et pour la critique des ouvrages de l'un des plus
notables chroniqueurs du commencement du xrv« siècle. M. Thomas a
joint à son envoi les photographies de deux miniatures , Tune repré-
sentant le roi Jean, l'autre le carme Jean Golein offrant à Charles Y sa
traduction de Bernard Gui. »
— La perte si profondément regrettable que l'érudition française et
les lettres du moyen âge ont faite en la personne de M. Paulin Parie,
décédé le 13 février 1881, sera tout particulièrement ressentie par
rÉcoie des chartes. M. P. Paris, membre de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres, professeur honoraire au collège de France, con-
servateur adjoint honoraire à la Bibliothèque nationale, était en outre,
depuis 1847, membre du conseil de perfectionnement de l'École des
chartes, et il a prouvé son attachement à l'École par l'assiduité avec
laquelle il a exercé ces fonctions jusqu'à la fin de sa vie. Il avait pris
part encore à l'examen des thèses de sortie qui ont été soutenues en
janvier dernier par les élèves de la promotion de 1881.
La Bibliothèque de l'École des chartes s'honore de compter M. Paulin
Paris au nombre de ses collaborateurs des premières années. Il a donné
à notre recueil les articles suivants :
Notice sur la vie et les ouvrages de Richard de Foumival, Tome II de
la l""» série, 1840-1841, pages 32 à 56.
Redierches sur Ogier le Danois. Tome III, 1841-1842, pages 521 à 538.
La Chanson de Roland (édition de M, Génin), Tome XU, ou II de la
3« série, 1851, pages 297 à 338 et 393 à 414.
M. ALFRED GIRAUD.
La Société de l'École des chartes vient de perdre un de ses membres
les plus distingués en la personne de M. Louis-Alfred Giraud, décédé
à Fontenay-le-Comte (Vendée) le 9 juillet dernier. Né dans la même
ville le 3 août 1827, il avait fait ses études au collège de Pont-Levoy, et,
bientôt élève à la fois de l'École de droit et de l'École des chartes, il
devint docteur en droit en 1852 et reçut le diplôme d'archiviste paléo-
graphe, le premier de sa promotion, le 15 novembre 1853. Il fit paraître
presque en môme temps une savante Dissertation sur le divorce et la sépa'^
U3
ration de corps (Paris, 1852, in-8* de 84 p.). Il se décida alors en faveur
du droit, entra dans la magistrature et fut successivement substitut à
Tours en 1856 , procureur impérial à Gien en 1860 et à Parthenay en
1862, vice-président du tribunal de Blois en 1868 et enfin conseiller à
la cour d'Orléans en 1876. A la fois poète, littérateur et jurisconsulte,
sans parler ici d*un volume de vers , il fît paraître dans divers recueils,
tels que le Bulletin du bibliophile, la Revue des provinces de V Ouest, Bre-
tagne et Poitou, des notices sur des personnages historiques de la Ven-
dée, ainsi que des articles juridiques dans les revues de droit, de 1859
à 1864. En 1869, il donna, sous le titre dHÉléments du droit municipal,
un cours professé par lui à Técole normale de Parthenay, et relatif
principalement à la tenue des registres de Tétat civil. Absorbé par ses
travaux juridiques, notre confrère avait laissé de côté les études de
l'École des chartes ; cependant il a communiqué à notre recueil, sous le
titre de Signatures du roi Jean, une lettre inédite de ce roi adressée à
son fils le dauphin Charles (Bibl. de V École des chartes, XVI® année,
1855, p. 43). Mais il avait conservé de son passage parmi nous le goût
des recherches érudites; aussi il publia en 1877 dans le Correspondant
une étude remarquée sur M^^ de la Vallière et son temps, d'après des
documents inédits. Au moment où la mort est venue Tatteindre, notre
confrère mettait la dernière main à une savante édition des plus belles
poésies de son compatriote Nicolas Rapin. M. Giraud avait été élu
député de la Vendée en 1871 par 54,000 suffrages; il était officier
d'académie et faisait partie depuis 1877 de la Société archéologique et
historique de l'Orléanais. Un ancien président de cette société, M. Bou-
cher de Molandon, lui a consacré une notice pleine d'une émotion sin-
cère, d'où nous avons extrait les détails qui précèdent ^
FUNÉRAILLES DE M. CLAUDE.
M. Claude, bibliothécaire au département des manuscrits de la
Bibliothèque nationale, s'est éteint le 3 février 1881, après une longue
maladie. Les paroles suivantes ont été prononcées sur sa tombe par
M. Léopold Delisle :
Messieurs,
Cette tombe ne doit pas se refermer sans que j'exprime en deux mots
les sentiments que la mort de M. Claude éveille dans Pâme de tous ses
1. M, Alfred Giraud ^ archiviste paléographe et docteur en droit, ancien
député de la Vendée, conseiller à la cour d'appel d'Orléans, membre de la
Société archéologique et historique de l'Orléanais. Notice nécrologique lue en
séance par M. Boucher de Molandon , ancien président de la Société , membre
non-résidant du comité des travaux historiques. Orléans , Herluison , libraire,
1880. In-8% 10 pages.
8
amis de la Bibliothèque nationale. Il y aurait injustice à ne pas dire ici
un dernier adieu à un modeste fonctionnaire qui, pendant de longaes
années, s'est donné tout entier au département des manuscrits, absolu-
ment esclave du devoir et étranger à tout calcul d'ambition.
Charles-Clément Claude, né en 1798, s'était d'abord destiné au bar-
reau ; mais la très solide instruction qu'il avait reçue, un goût prononcé
pour rhistoire et la littérature, une mémoire très sûre, un amour pas-
sionné dos livres et en général de tous les documents du passé, lui
permirent d'aborder, sans trop de désavantage, à l'âge d'environ quar-
rante ans, une carrière à laquelle il regretta toujours de n'avoir pu se
préparer dès la jeunesse en suivant les cours de l'École des chartes.
Attaché en 1834 aux travaux historiques dont M. Guizot avait donné le
plan général et dont le principal atelier était au département des ma-
nuscrits de la Bibliothèque, Claude fut bien vite remarqué et protégé
par l'homme à qui revient en grande partie l'honneur d'avoir restauré
en France les études paléographiques et diplomatiques. Les conseils de
Benjamin Guérard et une collaboration quotidienne avec l'élite des
jeunes archivistes paléographes suffirent pour l'initier en peu de temps
aux plus délicates opérations bibliographiques, comme aux méthodes et
aux procédés de l'érudition. U eut promptement fait ses preuves, et l'ad-
ministration de la Bibliothèque saisit la première occasion qui se pré-
senta de l'attacher au département des manuscrits. U reçut sa nomina-
tion officielle le !«' janvier 1841 ^
A partir de ce jour, il se mit corps et âme au service de l'établissement,
et jamais Tadministration n'eut auxiliaire plus actif, plus vigHant et
plus intègre, pour couper court à des abus dont la gravité ne peut plus,
hélas ! être contestée, depuis qu'on a vérifié les mutilations infligées à
nos collections pour alimenter le commerce des livres imprimés ou ma-
nuscrits et des lettres autographes. Claude comprit l'importance de la
mission qui lui était confiée ; il la remplit avec la plus scrupuleuse
ponctualité, sans jamais s'écarter des convenances hiérarchiques, dont
aucun employé ne fut plus scrupuleux observateur. L'un des premiers,
il entrevit le parti que des malfaiteurs pouvaient tirer du désordre de
certaines collections, de l'absence de cotes et de l'habitude de commu-
niquer des papiers non classés et non reliés. Il n'épargna point sa peine
pour remédier à un tel état de choses. Chargé du service des reliures au
département des manuscrits, il trouva le mal si profond que, pour en
arrêter les progrès, il fallait y apporter au plus vite les remèdes les plus
énergiques.
Maintenant que nous savons comment des coflections précieuses,
1. M. Claude fat nommé surnuméraire, au traitement de 400 francs, le l** jan-
vier 1841 ; employé, au traitement de 1200 francs, le 6 septembre 1844 ; biblio-
thécaire le 28 février 1862.
415
telles que celles de Baluze et de Dupuy, étaient mises en coupes réglées,
nous devons être bien indulgents pour les traces de précipitation que
nous rencontrons çà et là dans la constitution de certains volumes. Le
service du prêt, comme celui de la reliure, fut remis en ordre par
Claude. Nous lui devons encore la tenue régulière des registres d'entrée,
qui, pour les périodes antérieures, présentent tant de lacunes et d'obs-
curités.
Malgré ces occupations multiples, il trouvait encore le temps de
dresser des répertoires et d'aider dans leurs recherches la plupart des
habitués du département des manuscrits. Le service de la Bibliothèque
l'absorbait à ce point qu'il n'eut jamais l'idée d'entreprendre aucun
travail personnel. U connaissait cependant à merveille les ressources
que nos collections offrent aux érudits, et la part qu'il a prise à l'édition
du Cartulaire de Saint^-Bertin prouve qu'il était bien préparé à publier
et à critiquer les textes diplomatiques du moyen âge. Cette aptitude est
encore attestée par les beÛes copies de plusieurs cartulaires de la Cham-
pagne et de la Flandre qu'il a exécutées pour la Bibliothèque, dans les
dernières années de sa vie, quand l'âge avait brisé ses forces, sans
affaiblir son intelligence et sans altérer l'élégante fermeté de son
écriture.
En afErmant que Claude laissera une très honorable trace de son pas-
sage au département des manuscrits, je ne suis pas aveuglé par mon
amitié pour un homme qui m'accueillit cordialement à la Bibliothèque
il y a bientôt trente-cinq ans, qui m'a transmis les plus précieuses tra-
ditions de l'établissement et qui m'a prodigué tant de témoignages du
plus affectueux dévouement. Ce n'est pas en mon nom personnel, c'est
au nom de la Bibliothèque nationale, qu'en lui adressant ici un suprême
adieu, je rends hommage à la droiture de son caractère, à la solidité de
son jugement, à l'étendue de ses connaissances et au nombre des ser-
vices par lui rendus au département des manuscrits.
LES ARCHIVES DU MINISTÈRE DE LA MARINE.
L'article qu'on va lire a été publié par notre confrère M. Jules Flam-
mermont dans la Revue politiqite et littéraire du 19 février 1881 :
Comme les ministères de la guerre et des affaires étrangères, le dépar-
tement de la marine conserve dans son hôtel ses archives anciennes et
modernes. Ce dépôt est aussi riche que les deux autres : on n'y détient pas
seulement les papiers qui concernent l'histoire spéciale de la marine et
des colonies, l'organisation des flottes, la construction des navires, le
recrutement des matelots et des soldats, les guerres maritimes, les
grands voyages d'exploration, la découverte, la colonisation et l'admi-
nistration de nos possessions d'outre-mer; on y garde encore une partie
446
notable de la correspondance des consulats, qui jusqu'à la révolation
ont été rattachés à ce ministère, et bien des pièces relatives aux a£Gure8
intérieures du royaume. C'est donc une mine des plus abondantes en
excellents matériaux pour Thistoire de notre pays, de nos colonies et de
toutes les nations avec lesquelles nous avons eu des guerres maritimes
ou entretenu des relations commerciales.
Gomment se fait-il qu'un dépôt d'une telle importance ait été jusqu'ici
si peu exploré? D*où vient que les historiens en ont si peu profité? Cest
qu'il a toujours été et est encore dans un désordre tel, que les recherches
sérieuses y sont impraticables.
Gomme nos maîtres et la plupart des érudits qui s'occupent des temps
modernes, nous connaissions vaguement cet état de choses lamentable ;
aussi, bien qu'il se trouve dans ces archives un grand nombre de docu-
ments indispensables pour nos études personnelles sur les institutions
de la France avant la révolution, nous hésitions à y risquer des inves-
tigations, quand nous apprîmes tout récemment que le principal auteur
et le plus ardent défenseur de ce système d'obstruction allait être mis
en retraite. U devait, pensions-nous, avoir perdu dès aujourd'hui un
peu de son prestige et de son influence ; reprenant courage, nous solli-
citâmes du ministre l'autorisation d'entrer dans le sanctuaire. M. l'ami-
ral Gloué s'empressa de nous l'accorder, et, quoique sa bienveillance et
son généreux appui nous aient été peu utiles , il nous permettra de lui
en offrir ici nos meilleurs et nos plus sincères remerciements.
Nous entrons; mais, hélas! il nous fallut peu de temps pour recon-
naître que les archives de la marine étaient toujours dans le même état
et qu'à moins d'y consacrer de longues et fréquentes séances pendant
plusieurs années , il serait impossible de trouver dans cet inextricable
chaos les importants documents qui y sont et dont nous regrettons
chaque jour de ne connaître que l'existence.
Le premier soin du chercheur qui s'engage dans un dépôt d'archives
est de solliciter la communication de l'inventaire, guide indispensable
pour se diriger dans ce labyrinthe. Nous avons fait comme tout le monde,
et, plus heureux que beaucoup de nos devanciers, nous avons eu la
bonne fortune d'être adressé à un employé des plus obligeants.
Quel inventaire, grands dieux ! Ces archives qui contiennent plus de
quarante mille articles , tant registres que cartons , savez-vous en com-
bien de pages elles sont écrites? En moins de soixante, petit in-folio,
d'une belle grosse écriture ronde, où les blancs tiennent la plus grande
place I
Dans la galerie B se trouvent conservés 1150 cartons et 1422 volumes,
qui contiennent les papiers de toutes nos colonies , tant de celles que
nous avons perdues que de celles qui nous restent, depuis leur origine
jusqu'à nos jours. Groirait-on que l'inventaire de cette collection si con-
sidérable ne comprend pas plus de trois pages? Mais il y a mieux : dans
U7
la galerie J sont des documents d'une importance capitale , catalogués
ainsi : « Ordres du roi et dépêches des ministres, 1662 à 1789; 641 "volumes.
Cette correspondance, qui commence à la direction des affaires de la
marine par C!olbert, sous le ministère de Hugues de Lionne, est du plus
haut intérêt. » Puis viennent quelques lignes relatives aux travaux de
compilation entrepris autrefois pour fixer les traditions administratives,
et c'est tout! pas d'autre indication utile 1
Attendez ; vous n'êtes pas au bout; il y a mieux encore. Sous ce titre :
Campagnes de 1572 à 1789, on lit ces lignes d'une fantaisie invraisem-
blable :
« La partie la plus brillante des documents correspond naturellement
à l'éclat des hommes qui se sont le plus distingués dans les combats.
Cette partie est celle des ministères de Colbert et de Seignelay.
« A partir des Phélippeaux, la guerre prend une autre allure. La
course est favorisée. La victoire de Velez-Malaga est la dernière bataille
maritime de Louis XIY, malgré les plaintes de Coëtlogon, de d'Estrées
et du comte de Toulouse. Le roi prête alors ses navires, qu'il n'a plus
le moyen d'armer, et c'est la course qui a les honneurs de la fin d'un
règne après lequel le pays surmené semble plus n'avoir qu'un besoin :
celui de retrouver dans la paix des forces et de l'argent.
c Aussi les documents n'ont plus le môme caractère; mais leur inté-
rêt n'a pas cessé pour cela. Seulement il est différend (sic) et souvent
triste. »
Ces phrases vides et déclamatoires continuent pendant deux pages ,
et les pièces ne sont ni analysées, ni comptées, ni numérotées; elles ne
portent même pas l'estampille , elles sont à la merci du premier qui
voudrait s'en emparer ! — Ne riez pas ; il faudrait, au contraire, s'indi-
gner en voyant le dédain avec lequel sont traités les plus chers intérêts
de notre histoire nationale. Ou plutôt faisons appel à l'esprit libéral de
nos amiraux', qui ont tant à cœur la gloire de leurs devanciers et l'hon-
neur de leur noble et périlleuse profession; prions-les de s'unir à nous
pour demander au ministre de mettre un terme au plus tôt à cette
négligence scandaleuse.
Mais il y a une réponse : — A la place d'inventaires manuscrits ou
imprimés, on a des catalogues vivants, qui sont MM. les conservateurs.
Ils connaissent bien leurs archives , ils en possèdent l'inventaire dans
leur mémoire. — En vérité, nous fera-t-on croire qu'il existe un homme
capable d'avoir toujours présente à l'esprit , avec des détails suffisants ,
l'analyse de quarante mille volumes ou cartons? Dans un catalogue
vivant on ne trouve ni le nombre des volumes et des cartons, ni celui
des pièces contenues dans chacun d'eux; sans compter qu'un catalogue
vivant ne se laisse pas facilement feuilleter!
Est-il concevable que la marine, si fière à juste titre de sa comptabi'
lité'matières , tolère un semblable désordre et paraisse attacher à ses
us
véritables titres de noblesse, aux lettres de ses ministres et de ses grands
capitaines, aux documents les plus précieux de son histoire, moins
d'importance qu'aux clous, aux rivets et à tous les autres menus objets
dont on tient dans ses arsenaux des comptes détaillés sur de magnifiques
registres? Notez que le service des archives fait partie de la direction
de la comptabilité, qui est confiée à un inspecteur des finances éminent.
Ciomment les intéresses ont-ils eu Thabilcté de cacher cette situation
déplorable aux ministres et aux directeurs qui depuis trente ans se sont
succédé place de la CSoncorde?
Encore si les registres, si les titres étaient rangés dans un ordre satis-
faisant, il n'y aurait que demi-mal, du moins pour les érudits : ils
pourraient avoir l'espérance de trouver quelques documents en se pro-
menant dans les galeries sous la conduite d'un employé complaisant;
mais il n'en est rien. On voulut bien chercher avec nous, sur les rayons,
les volumes qui pouvaient nous intéresser; mais les découvrir n'était
pas chose facile ou même possible : ni cartons ni volumes ne sont
numérotés, et, si jamais ils ont eu une place assignée, il y a longtemps
qu'ils ne l'ont plus et sont dispersés çà et là. Dans ces derniers temps,
on a voulu classer les pièces conservées en cartons et les faire relier;
mais ce travail a été fait si légèrement et si vite qu'il en est résulté un
fouillis inextricable. Citons un exemple : le fonds de VInde française,
qui ne comprend pas plus de 280 volumes, a environ cinquante cartons
de supplément, pleins de pièces qui n'avaient pas été mises à leur place
avant la reliure, sans compter toutes celles qui ont été disséminées
ailleurs. Là aussi les pièces ne sont pas comptées et les volumes ne
portent aucun numéro d'ordre. M. le conseiller d'État Delarbre, naguère
directeur de la comptabilité, avait compris la nécessité de changer ce
système; il avait chargé un jeune archiviste paléographe des plus dis-
tingués de classer certains fonds et d'en faire l'inventaire détaillé; mais
ce travail était à peine commencé quand M. Delarbre prit un autre
service; aussitôt on s'occupa activement de faire revivre les vieilles
méthodes , c'est-à-dire de s'opposer aux classements et aux inventaires
prescrits par l'ancien directeur et par le règlement.
Il y a, en effet, un règlement de 1862 sur les archives de la marine,
dont un extrait est même affiché dans ce qui forme ici la salle du
public, une chambrette où trois personnes peuvent à peine travailler;
règlement fort sage , comme tous les règlements : il suffirait d'y faire
quelques additions et corrections pour le rendre excellent. Mais il n'a
pas produit les effets qu'en espéraient les auteurs, parce que ceux qui
étaient chargés de l'appliquer avaient tout intérêt à se soustraire à ce
devoir et qu'au-dessus d'eux il n'y avait personne pour les y obliger. Il
existe bien une commission chargée de surveiller le classement et l'in-
ventaire des archives; mais cette commission, présidée par un amiral,
est composée uniquement de marins. C'est sur ce point que devraient
449
porter les premières modifications, car il y a là plus qu'un intérêt
maritime. Le ministère de la marine pourrait suivre l'exemple donné
par le ministère des affaires étrangères et mettre, comme lui, dans sa
commission des archives, des membres du parlement, des historiens et
des archivistes de profession, rompus au métier, à côté des marins et
des administrateurs. Ainsi réorganisée, cette commission proposerait
au ministre les réformes utiles, arrêterait les bases d'un classement
méthodique et rationnel, surveillerait la rédaction des inventaires. Pour
faire de bonne besogne, il suffirait de quelques milliers de francs chaque
année, afin d'augmenter le personnel, tout à fait insuffisant, et de faire
aux employés une situation digne de leurs mérites et de leurs services.
L'inventaire serait publié, s'il y avait lieu. Pour cet objet, les chambres
ne refuseraient pas à M. Pamiral Cloué les crédits supplémentaires
qu'elles ont accordés de si bonne grâce à M. de Freycinet, quand celui-ci
a su imposer l'ouverture des archives du ministère des affaires étran-
gères. N'oublions pas qu'il s'agit de notre histoire coloniale, si intéres-
sante en un moment où la France cherche à se développer pacifique-
ment au dehors.
La lettre suivante, que notre confrère a fait insérer dans le journal
le Siècle^ n^ du jeudi 3 mars 1881, complète les renseignements qui
avaient été publiés par la Revue politique et littéraire.
Monsieur le directeur.
Permettez -moi de vous présenter mes plus chaleureux remercie-
ments pour le bienveillant appui que vous avez bien voulu prêter dans
le Siècle de jeudi à l'article publié par moi dans la Revue politique et
littéraire sur les archives de la marine. Veuillez croire, monsieur le
directeur, que je vous en suis vivement reconnaissant et que je sens
tout le prix de votre concours, qui nous est absolument nécessaire pour
vaincre la résistance désespérée que les bureaux du ministère opposent
à la réforme sollicitée du ministre par tous les érudits et par tous ceux
qui s'intéressent à notre histoire nationale.
Elle est cependant bien modeste, cette réforme, et on ne s'ex-
plique que difficilement les craintes qu'elle inspire. Quoi de plus
simple en effet et de plus logique que d'introduire, dans une commis-
sion destinée à surveiller le classement et l'inventaire de riches archives,
des membres du parlement, des historiens et des archivistes de profes-
sion, à côté des marins, qui aujourd'hui sont seuls chargés de cette
mission et n'ont peut-être pas toutes les connaissances spéciales qu'exige
ce service ?
On sait cependant les effets désastreux qu'a produits ce système. Les
conservateurs, peu gênés par la surveillance de cette commission, qui,
parait-il, ne tient qu'une seule séance chaque année, ont laissé dans le
120
plus grand désordre l'admirable dépôt dont ils avaient la charge et la
direction. Encore anjourd'hoi les documents ne sont pas classéi et les
cartons d'une même série sont dispersés. Il est vrai qne, dans ces der-
nières années, on a réuni et relié ensemble un grand nombre de pièces
et qu'on a formé des milliers de volumes ; mais cette opération s'est
faite si vite et dans do telles conditions, que le remède a de beaucoup
aggravé le mal et qu*il en est résulté une confusion incroyable. Il n'y a
pas d'inventaire où ces titres soient décrits et analysés et oii lenr
nombre soit enregistré. On ne s'est mi^me pas imposé la peine de
donner un numéro d ordre anx volumes et aux cartons et de compter
les pièces contenues dans chacun d'eux, et, comme les documents ne
portent pas l'empreinte du timbre de ces archives, on peut enlever tous
ceux qui ont quelque valeur sans que jamais personne puisse s'en aper-
cevoir. Aussi les voleurs qui ont la spécialité d'exploiter les dépôts
d'archives ont eu beau jeu dans cette collection si riche en titres pré-
cieux, et, comme le disait tout récemment un illustre savant, depuis
Libri jusqu'à nos jours les catalogues d'autographes sont remplis de
documents soustraits aux archives de la marine.
Il est facile de prouver que ce n'est pas là un vain bruit, et nous
pourrions citer de nombreux catalogues qui nous fourniraient des
preuves sans nombre de ce fait scandaleux. Mais je dois au moins dans
cette lettre me borner aux plus frappants et je prendrai seulement les
inventaires des deux collections les plus récentes et les plus impor-
tantes. Gela suffira, je l'espère, monsieur le directeur, pour convaincre
les personnes les plus hostiles à la réforme proposée.
Dans le catalogue de l'incomparable collection d'autographes formée
par M. Benjamin Fillon, il y a toute une série spécialement consacrée aux
navigateurs, qui fut vendue aux enchères à l'hôtel Drouot, en juillet
1878. On y trouve décrites les pièces suivantes, qui, sans aucun doute,
sont indûment sorties des archives de la marine à une époque difficile
à déterminer, mais postérieure à 1837, au moins pour l'une d'elles. Je
copie l'inventaire publié par M. Etienne Gharavay.
« N« 639. — Lapérouse (Jean-François de Galaup, comte de).
< Pièce signée ; à bord de la Boussole^ 28 juillet 1785, une page in-i2
c oblong.
« Visa sur une demande écrite et signée par le chevalier de Glonard.
c Gette pièce est de peu antérieure au départ de l'expédition scientifique
< pendant laquelle Lapérouse et Glonard périrent tous deux. »
f 660. — Bougainviïle (Louis-Antoine de).
a Pièce signée ; à bord de la Boudeuse, 11 décembre 1767, une page
c in-folio ; 2® pièce signée ; à bord de la Boudeuse^ 10 janvier 1769,
« 3/4 de page in-folio.
« Procès- verbaux dressés pendant le voyage de Bougainviïle autour du
c monde, le premier dans le détroit de Magellan, le second dans la rade
124
« du Gap de Bonne-Espérance. La pièce est signée de plusieurs officiers
c de l'expédition. >
« 661. Dumont d'Urville (Jules-Sébastien-Gésar).
ff Proposition d'un officier, d'un dessinateur et d'un secrétaire. Pièce
« autographe signée ; 17 avril 1837, 2 p. in-4o.
« Dumont d'Urville préparait alors sa dernière expédition, qui partit
« de Toulon le 7 septembre suivant. L'officier proposé était Marescot,
c enseigne de vaisseau, qui s'embarqua sur la Zélée ; le dessinateur,
c Ernest- Auguste Goupil , le secrétaire, Casimir Desgraz, qui prirent
« l'un et l'autre place sur V Astrolabe. Au bas se trouve l'approbation de
« l'amiral Rosamel, alors ministre de la marine. >
Il est indéniable que ces trois documents importants ont été dis-
traits des archives de la marine, du fonds intitule : Campagnes^ fonds
qui a été classé et relié de la façon la plus déplorable.
Mais voici une série de curieux exemples, que tous ceux qui le
désireront pourront facilement vérifier :
Le lundi 7 mars et les deux jours suivants, on vendra à la salle
Silvestre l'importante collection d'autographes de feu M. Ghambry
et les pièces seront exposées, du 2 au 4 mars, chez l'expert,
M. E. Gharavay, qui en a dressé le catalogue. Parmi vingt autres
pièces, je choisis les suivantes, qui me paraissent les plus importantes :
« 40. Bart (Jean). Lettre signée à monseigneur... (18 septembre 1695),
t 1 page 1/2 in-4«.
« Compte-rendu du voyage ot. il accompagnait le prince de Gonti qui
c se rendait en Pologne dont il avait été élu roi. >
« 211. M. Duguay-Trouin (René). Lettre autographe signée à mon-
ff seigneur... Brest, 16 décembre 1708, 3 pages in-folio.
a Superbe lettre oi!i il sollicite des grâces pour ses armateurs, qui ont
a subi de grandes pertes. 11 expose ensuite un projet de campagne, mais
« demande le secret. >
< 21 7. Duquesne (Abraham) . Lettre autographe signée à monseigneur. . .
« Le Havre, 17 juin 1670, 2 pages in-4*>.
« Il vient de donner ses avis sur les travaux du port du Havre et il
« va revenir à la cour. »
c 493. Orléans (duc d'). Lettre autographe signée L.-P. Joseph Éga-
t lité, au ministre ; Paris, 31 janvier 1793. 3/4 de p. in-4®.
« Belle lettre de remerciements de l'envoi de son brevet d'amiral des
<c armées navales de la république française. >
« 620. Suffren (Pierre- André, bailli de). Lettre autographe signée à
(C monseigneur...; à bord de la Mignon^ au Pirée, 26 janvier 1775,
c 2 pages 1/4 in-folio.
« Superbe lettre oi!i il rend compte de la mission qui lui avait été
< confiée. >
« 636. Tourville (Anne Hiiarion de Gostentin, marquis de). Lettre
422
c autographe signée a monseigneur..., rade d'Alger, 9 septembre (1682),
« 8 pages in-folio.
(t Pièce historique où il rend compte des opérations devant Alger et
c critique la conduite de Duquesne. Très curieux détails à ce sujet. »
Tous ces documents si importants pour notre histoire ont été
adressés aux ministres de la marine et ont été dérobés aux archives de
ce ministère. Il est facile de s'en assurer par un rapide examen. Par
exemple, nous allons décrire sommairement la lettre de Duguay-Trouin
au ministre Jérôme Phyli peaux de Pontchartrain. Elle porte en tôte le
nom du bureau auquel elle fut renvoyée et le numéro de Tenr^stre-
ment : c Prises n* 35 >, et au dos on lit cette mention : c M. de Riche-
bourg, réponse. » C'est le nom du premier commis chargé par le
ministre de lui fournir des rcnsciguements et de préparer un projet de
réponse. On voit que certainement cette pièce a fait partie du fonds des
prises, qu'elle en a été enlevée par un voleur et qu'elle est ensuite
arrivée plus ou moins directement dans la collection de M. Ghambry.
Si les pièces contenues dans ces riches archives étaient classées,
inventoriées et comptées, les conservateurs auraient les moyens de
découvrir les vols qu'on pourrait commettre dans leur dépôt, et, si les
titres étaient décrits dans un bon inventaire et s'ils portaient une
estampille, on pourrait revendiquer ceux qui auraient été dérobés, quand
ils viendraient à passer en vente.
Aujourd'hui cela est absolument impossible et il est permis de dire
tout haut que les documents les plus précieux pour notre histoire sont
à la merci de tous ceux qui ont accès dans les archives du ministère de
la marine. Par contre, ils sont pour ainsi dire complètement inutiles
aux historiens, car il est impossible de faire des recherches sérieuses
dans ce dépôt, puisqu'il n'est ni inventorié, ni classé.
Vous voyez, monsieur le directeur, qu'il est grand temps qu'une
réforme radicale soit opérée dans ce service si important et que la
presse n'aura jamais donné son concours à une œuvre plus utile et plus
urgente. L'honneur de la France est engagé dans cette question, car
déjà les savants européens n'ont eu que trop d'occasion de se moquer de
nous au sujet des soi-disant historiographes de la marine française.
Aussi j'ai le ferme espoir que M. l'amiral Cloué, éclairé sur la valeur
des objections présentées par les intéressés, triomphera de toutes les
résistances et prendra des mesures pour assurer dans ce beau dépôt un
ordre durable.
Enfin M. Flammermont a fait insérer la note suivante dans la Revue
politique et littéraire du 12 mars :
Rarement article de revue aura atteint son but et obtenu un résultat
utile avec autant de promptitude que celui de M. Jules Flammermont
428
sur les Archives du ministère de la marine, inséré dans notre numéro
du 19 février. M. Flammermont, on s'en souvient, signalait le désordre
extrême qui règne dans ce précieux dépôt, les défectuosités du classe-
ment, les fantaisies de l'inventaire. Il ajoutait que dans Tétat actuel de
cette belle collection les vols les plus considérables pouvaient se com-
mettre impunément. Il exprimait le vœu que le comité des archives de
la marine reçût dans son sein des archivistes et des hommes compé-
tents, sachant ce que c'est que classer, inventorier et garder des docu-
ments. — Le 7 mars dernier, M. l'amiral Cloué annonçait à la com-
mission du budget que « ces archives seraient placées désormais sous
la surveillance de la commission des documents historiques ^ »
Voilà donc un grand pas de fait. U faut dire que notre collaborateur
n'avait pas tardé à prouver que les vols étaient possibles en établissant
qu'il y avait eu des vols commis. Le 3 mars, il adressait au Siècle une
lettre, publiée le lendemain, dans laquelle il désignait nominativement
une série de pièces, des plus importantes, qui avaient été soustraites
aux archives de la marine. Les unes, faisant partie de la collection de
M. Benjamin Fillon, avaient été vendues à l'hôtel Drouot en juillet
1878; les autres, appartenant à la collection Ghambry, étaient à la
veille de figurer dans une vente, les 7, 8 et 9 mars. De celles-ci
M. Flammermont signalait six, dont il donnait la description.
En réponse, la Liberté publia dans son numéro du 5 mars cette note
quasi-officieuse :
c M. Jules Flammermont révélait récemment, dans la Revue politique
et littéraire, l'état de désordre dans lequel se trouvent les archives de la
marine. Il résulte d'une lettre de cet archiviste que ce précieux dépôt
serait mis au pillage par des amateurs qui y prennent à leur gré des
pièces du plus haut intérêt.
t Les révélations faites par M. Flammermont ne sont que trop fon-
dées : des pièces importantes ont disparu des archives de la marine, où
ne régnait pas sans doute le même ordre que l'on trouve dans tous les
autres services de l'administration centrale. La disparition de ces pièces
a vivement impressionné l'honorable ministre de la marine, qui a immé-
diatement nommé une commission pour faire une enquête à ce sujet ;
cette commission fonctionne depuis plusieurs jours, et nos renseigne-
ments nous permettent d'affirmer que des mesures énergiques vont être
prises pour arriver à la découverte de la vérité et surtout à reconnaître
sur qui doit retomber la responsabilité du détournement des auto-
graphes. »
En effet, opposition avait été mise à la vente des pièces indiquées. Il
n'y aurait donc qu'à s'applaudir du résultat qui a immédiatement
1. Voir le procès- ?erbal de cette séance de la commission du budget dans la
République française du mercredi 9 mars.
424
récompensé les offortB de notre collaborateur. Toutefois, si nous nous
félicitons de voir les archives de la marine passer sous la surveillance
de la commission des documents historiques, nous prenons acte avec
un plaisir égal de cette déclaration de M. Tamiral Cloué devant la com-
mission du budget, qu'il allait c préparer une réorganisation du ser-
vice ». C'est un point qui nous parait aussi important que la tutelle de
la commission des documents historiques. Il ne sufQt pas que la haute
surveillance soit mise en des mains compétentes ; il est essentiel qne
les employés des archives soient eux-mêmes compétents et rompus an
métier. Nous croyons que cette nécessité a déjà frappé Tattention de
M. le ministre. Chose singulière ! TÉtat entretient une école spéciale
pour former des archivistes, que souvent il case mal et quelquefois ne
case pas du tout, après qu'ils ont obtenu un diplôme qui est le fruit
de sérieux efforts ; et les ministères n'ont pas toujours soin de confier
à des archivistes paléographes la garde des documents qu'ils possèdent.
La conséquence, la voici : M. Flammermont avait désigné, à titre
d'exemples, six pièces parmi celles qu'annonçait le catalogue de la vente
Chambry : ces six pièces seulement ont été revendiquées par le minis-
tère. D'autres, également importantes, également soustraites à la
marine, ont passé tranquillement dans les mains de nouveaux proprié-
taires. M. Flammermont a pu en sauver une, de ses deniers (une lettre
de Dugommier au citoyen Adct, adjoint au ministre de la marine, en
date du 8 juillet 1793). U était facile, avec le catalogue, de revendiquer
tout ce qui était le bien de l'État. Seulement il fallait s'en aviser ; c'est
ce qu'auraient fait des hommes du métier. Qn voit qu'il y a urgence à
f réorganiser » ce service.
Le Siècle du 20 mars fait connaître la composition de la nouvelle
commission des archives de la marine. Nous y remarquons avec plaisir
le nom d'un de nos confrères. Les membres de la commission sont
aujourd'hui MM. le contre-amiral Périer d'Hauterive, président, Giraud,
commissaire général, CourejoUes, capitaine de frégate, et Didier-Neu-
ville, archiviste paléographe.
FACULTÉ DE DROIT DE PAÏUS.
PRIX DU CONCOURS ROSSI.
En exécution du legs de M°^« la comtesse Rossi, la faculté de droit
de Paris met au concours les questions suivantes pour 1883 :
LÉGISLATION CIVILE. — Exposer^ Comparer et apprécier les règles établies
par le droit romain^ le droit français ancien et moderne et les principales
législations étrangères pour la protection des intérêts moraux et pécU'
425
niaires des mineurs. — Jusqu'à un certain âge, l'homme est incapable,
ou du moins n'est pas pleinement capable de se diriger lui-même et de
pourvoir à la gestion de ses affaires. La législation a dû intervenir sous
un double aspect : — en déterminant l'étendue et les effets de l'inca-
pacité qui résulte, pour le mineur, de la faiblesse de l'âge, — et en
organisant un ensemble de mesures destinées à suppléer à cette inca-
pacité dans le gouvernement de la personne et dans le gouvernement
des biens. — La faculté désire une étude d'histoire du droit et de droit
comparé sur ces deux aspects de la législation relative à la protection
des mineurs. Elle ne demande pas que les concurrents descendent dans
le détail des controverses d'application, mais qu'ils exposent les sys-
tèmes législatifs et les théories juridiques dans leurs données fonda-
mentales, en insistant sur la sécurité plus ou moins grande qui en
résulte pour les intérêts qu'il s'agit de sauvegarder, sur les avantages
ou les inconvénients que peuvent présenter les garanties de divers
ordres imaginées par la loi au profit des mineurs. — L'attention des
concurrents doit se porter d'ailleurs sur tous les mineurs, qu'ils soient
ou non en tutelle.
DRorr CONSTITUTIONNEL. — Du pouvoiv législatif en France depuis Vavè-
nement de Philippe le Bel jusqu'en 1789. — Les concurrents auront à
rechercher à qui appartint en droit, et par qui fut exercé en fait, le pou-
voir législatif depuis l'avènement de Philippe le Bel. Leur attention
devra se porter principalement sur les points suivants : !• Quel était, à
l'avènement de Philippe le Bel, l'autorité attachée aux ordonnances
royales ? quel était le pouvoir des seigneurs en matière législative ?
2" Comment et dans quelle forme se développa l'exercice du pouvoir
législatif par la royauté ? 3" Quels furent les droits reconnus aux états
généraux ou réclamés par eux en matière législative ? dans quelle me-
sure participèrent-ils en fait à l'exercice du pouvoir législatif par la
royauté ? 4® Même question en ce qui concerne les parlements. Les con-
currents auront en outre à étudier la matière des arrêts de règlement.
5° Quelles furent sur le pouvoir législatif les principales théories émises
en France au cours du xvm*» siècle et quels furent les vœux exprimés
dans les cahiers des états généraux de 1789 ?
Les mémoires, écrits en français ou en latin, devront être déposés au
secrétariat de la faculté, au plus tard le 31 mars 1883. Toute personne
est admise à concourir. La valeur de chacun des prix est de 2,000 fr.
Il pourra être accordé des mentions honorables aux mémoires qui
auront le plus approché du prix. Les noms des auteurs qui auront obtenu
des mentions ne seront connus et publiés que sur leur demande.
426
GRAMMAIRE GRECQUE DU IX« SIÈCLE.
IjO manuBcrit latin 528 de la Bibliothèque nationale, qui contient on
grand nombre d^opuscules de diirérents auteurs, a été décrit en détail
par M. Vj. Dûmmlcr dans le Neues Arcfu'v der Gesellschaft ffkr aeUere
deutsche Gcschichtkunde (1878, IV, 404-106). Les poésies de Paul et
Pierre Diacres qui on occupent la plus grande partie viennent d'être
publiées par lo même savant dans les Monumenta GermaniM hisioHea
(Poetarum Latinorum medii acvi I, i, 4880, p. 27 s.). Parmi les opus-
cules encore inédits que renferme ce manuscrit du iz« siècle, j'ai pensé
qu'il n'était peut-être pas inutile de faire connaître une petite gram-
maire grecque, rédigée sous forme de dialogue, et qui se trouve aux
folios 434 v<>-435. C'est un document qui montrera une fois de plus dans
quelle décadence étaient tombées les études grecques en Occident,
malgré leur renaissance momentanée au \iu* siècle.
TI ECTIN DOCTUS.
MEPoc Auru.
TI MEPOC AUrU ESTIN.
ONOMA ECTIN.
IIOCA lUPEQONTE TUTO ONOMATI.
EX.
IIOiA.
IIOIOTIC, CYNCPICIC, GENOC.
APITHMOC, CKEMA, nTHOCIC.
TINOC IlOIOTITOC ECTIN.
IIPOCITOPIKIAC.
TIC BATMOC CINKPICEOC ECTIN.
THETICOC [corrigé en thbtikoc].
CYNKPICEOC BATHMI nOIOCIN.
TRIC.
noioi.
THETIKOC.
CiNKPITIKOC.
YUEPTETIKOC.
TINOC TENOC ECTIN.
APENIKU.
THIAIKON.
UDETÉPU.
KOINON.
HANTOC.
EIIIKOINON.
TINOC PITMOY [corrigé en pithmot].
ENIKU.
nAITHIMIKOCEOC.
TINOC CXEMATOC.
AIIAOY.
CINeETOY.
Quid est doctas.
Pars orationis.
Quae pars orationis est.
Nomen est.
Quot accédant haie nomini.
Sex.
Quae.
Qualitas, conparatio, genus.
Numerus, figura, casas.
Cuius qualitatis est.
Appellatiuae.
Quis grados conparationis est.
Positiuus.
Conparationis gradns quot sont.
Très.
Qui.
Positiaus.
Conparatiuus.
Superlatiuus.
Cuius generis est.
Masculini.
Feminini.
Neutri.
Communis.
Omnis.
Promiscui.
Cuius numeri.
Singularis.
Pluralis.
Cuiu[8] fignrae.
Simplicis.
Gonpositae.
427
TINOC IITHOCEOC.
ONOMACTICI.
TINOC KAICEOC.
EKAINON.
ONOMA, ANTONIMA.
PIMA, EHIPPIMA.
METOXI, CINDECMOC.
nPOTECIC, CKETAIACMOC.
ONOMACTICI.
GENEKI, DOCTIKI.
ETIATIKl.
KAITIKI.
E<^EPETIKI.
nPOTI.
DEOYTBPAC.
TPITIC.
TETAPTIC.
nENTIC.
Cuias casas.
NominaUui.
Guius declinationis.
Déclina.
Nomen, pronomen.
Yerbum, ad?erbiuin.
Participium, coniunctio.
Prepositio, interiectio.
Nominatiuus.
Geniliaus, datiuus.
Accusatiuus.
Yocatiuus.
Ablatiaus.
Primae.
Secundae.
Tertia[e].
Quartoe.
Quintaé.
H. Omont.
MAITRE ARNAULT,
ASTBOLOaUE DE CHARLES YI ET DES DUCS DE BOURGOGNE.
M. Léopold Delisle publiait dans la livraison de novembre-décembre
1880 du Bulletin de la Société de l'histoire de Paris (p. 164), d'après un
manuscrit de Tours (n* 570 du catalogue Dorange), cette épitaphe d'un
astrologue de Charles VI ;
Epitaphium magistri Arnuldi
quondam régis Karolli sexti peritissimi astrologi,
Providus vates dubiis in astris,
Doctor Arnuldus, speculatus olim
Sideris fixi fluidique loges,
Hic jacet, clero lacrimandus omni.
Aureos solis radios relinquens,
Fronte curvata penitus deorsum,
Perdidit lucem, patiens eclipsim
Quam pati solem tociens videbat.
Sexta septembris dédit hune sépulcre,
M quater centum numerando LVXI.
Qui Dei dono pedibus sub altis
Trans caput visos videat planetas .
Il est intéressant de signaler l'existence à la Bibliothèque nationale
d'un manuscrit autographe de ce même astrologue. On lit en tête de ce
manuscrit, n» 7295 du fonds latin, qui contient différents traités de
musique, la note suivante écrite par un contemporain :
428
c Qui quidem liber scribitur manu acutissimi et item diligentissimi
viri magistri Henrici Arnault, ducum Burgundie medici et astrologi
profundissimi, oriundi ab oppido de Z wolis ^ in Germania, qui, domicîlio
in urbe Divionensi electo, plurima instrumenta astrologica construxit,
spocialitcr illud quod in libraria regia faberrime conspicitur extructum
apud Turonas, id tamcn in Castro Blesensi fertur fuisse translatum.
Obiit autem anno Domini 1465, estque sepulchrum ejnsdem in ede
divi Stephani Divionensis, ante sacellum in quo baptismales fontes
constructi sunt, média in area vie majoris. »
Et plus loin (fol. 21) :
c Magister Henricus Arnault, medicus, Alemanus de Zwolis, qui
olim Divione domicilium elegit, superiorem litteram scripsit et hune
librum suo labore compilavit, clams scientia horologiorum,qui, in ede
beati Stephani Divionensis sepultus média navi, plurimum laudis sibi
reliquit. Anno 1460. • (1466?)
On peut également rapprocher do ces documents les quelques mots
que Symon de Phares a consacrés à maître Amault dans son Recueil
des plus célèb7*es astrologues (Bibl. nat., ms. français 1357, fol. 159 y*) :
« 1466. — Maistre Arnoul, duquel maistre Robert Gaguin fait men-
tion en ses Croniques^^ mourut astrologue du roy Charles VU* à Paris
de la grande peste qui fut lors, de laquelle il avoit pronostiqué. Et
mourut en la rue de la Mortellerie près Grève ; et la cause fut pour ce
qu'il alla visiter une grant dame, qui avoit la peste. »
H. Omont.
1. Sans doute Zwolle (Pays-Bas).
2. Voici le passage de la Mer des croniqvst auquel il est fait allusioD :
c Durant lesquelz jours, c'est assavoir l'an de grâce mil ccco. lxyi, très griefve
et horrible pestilence persécuta les Parisiens... De laquelle maladie Amauld,
astrologue de Loys, et plusieurs docteurs en médecine furent estranglez... » (édi-
tion de R. Chaudière, s. d., fol. glzxzy y").
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430
été choisi comme centre d*liabitation par les anciennes races, le
nombre des stations gauloises et romaines de la France serait
plus que doublé. Plus prudent que Dusan, Bosc^ et, h sa suite, de
GaujaP avaient placé la construction du premier château de Najac
vers l'an 1100. Celte date peut être admise, car la plus ancienne
mention d'un seigneur de Najac se trouve dans un acte que dom
Yaissète date d'environ 1109^. Dans cet acte, relatif aux sires de
Penne d'Albigeois, paraît un Pierre de Naiag ^. Un certain Gauz-
bert de Najac, âls ou petit-âls du précédent, est nommé en 1152
et 1162 dans des actes des vicomtes de Carcassonne et d'Albi*.
En 1190, figure dans un acte d'Albi un Pierre de Najac*. En
1208, Guilhem Bernard de Najac assiste à l'engagement du pays
de Laissaguez, consenti à Raimond VI parle comte de Rodez'. Le
même paraît dans plusieurs actes du xiu^ siècle ; vassal du comte
de Toulouse, il s'engage, en 1226, à soutenir Raimond VII dans
sa lutte contre le roi de France et l'Eglise*. Douze ans plus tard
(1238, 23 mai), il figure encore dans un acte intéressant les
vicomtes de Saint-Antonin®.
 cette époque, sans doute à la suite de partages de famille, la
baronnie de Najac était devenue une co-seigneurie. Dans Tacte
de 1226, figure, à côté de Guilhem Bernard, un autre seigneur
nommé Peire Gros. En 1244, plusieurs chevaliers, Guilhem
Gautier de CadoUa, Raimond Bernard de Najac, Garin de Sainte-
Croix, Guiscart Donat de Najac, se portent garants envers Rai-
mond VII de la fidélité d'Uc de Muret, habitant de Najac*®.
1. Mémoires sur le RouerguCf II, p. 98.
2. Études historiques swr le Rouergue, II, p. 52.
3. Histoire de Languedoc, noaveUe édition, t. V, col. 808.
4. Mentionnons ici l'opinion de M. de Barrau {Documents historiques et
généalogiques sut les familles du Rouergue, t. II, pp. 573-74). Cet auteur fait
descendre de ces premiers seigneurs ceux de Savignac, qui, en 1124, contri-
buèrent à la fondation de l'abbaye de Loc-Dieu. Mais, comme il n'a pas jugé à
propos de citer le moindre texte à l'appui de son opinion, nous ne pou?ons que
rindiquer ici pour mémoire.
5. Histoire de Languedoc, nouvelle édition, t. Y, col. 1130 et 1252.
6. Ibid.y t. VIII, col. 408.
7. Ibid., t. VIII, col. 562.
8. Ibid., t. Vlll, col. 863.
9. Archives nationales, Trésor des chartes, J 328, n* 3^ ; Teulet, Layettes^
t. II, 378 a.
10. Archives nationales, Trésor des chartes, J 317, n<* 29; J 320, n« 52 ; Teulet,
t. II, 535-536.
434
En dehors de ces courtes mentions, les actes du temps ne
citent que rarement le nom de notre ville. En 1185, à la suite
des guerres qui ravageaient le pays, elle était tombée entre les
mains du comte de Poitiers, Richard, fils d'Henri II d'Angleterre,
que son allié le roi d'Aragon, AKonse, vint y trouver*. Elle dut
être rendue au comte de Toulouse, quand la paix fut rétablie
entre lui et les princes anglais. C'était dès lors une forteresse
importante, si l'on en juge par les termes de l'acte de 1226, plus
haut indiqué ; aussi le roi Louis IX en exigea-t-il la remise lors
de la paix de Lorris, en 1242, et la fit-il garder pendant plusieurs
années par des hommes d'armes à sa solde. Elle ne fut rendue au
comte Raimond qu'en 1247*.
Dès cette époque, la ville possédait quelques franchises muni-
cipales et était administrée par des consuls. En 1243, ces magis-
trats, au nombre de sept, s'engagent avec tous les habitants à
observer les clauses de la paix de Lorris^ et, en 1249, quatre
consuls et prud'hommes de Najac viennent à Toulouse prêter
serment de fidélité au comte Alfonse devant les commissaires
envoyés par la reine Blanche pour prendre possession de l'héri-
tage de Raimond VIP.
A cette dernière date, en efiet, la ville de Najac était déjà rentrée
en partie dans le domaine direct des comtes de Toulouse. Au mois
de mai 1246, deux des co-seigneurs, Guilhem et Guiral de Cadolla,
avaient vendu leurs droits à Raimond VII, moyennant la somme
de 20,000 sous de Cahors^. Cette cession fut-elle absolument
libre, c'est ce que les événements qui suivirent permettent de
mettre en doute. Mais, volontaire ou non, elle n'en fut pas moins
effective ; à dater de cette année, le comte de Toulouse eut à
Najac un baile chargé de le représenter et d'administrer le
domaine, et ce baile dut empiéter sur les droits des autres co-sei-
gneurs et chercher à amoindrir leur influence®.
1. Histoire de Languedoc, nouirelle édition, t. VI, p. 114; d'après Zurita.
2. Histoire de Languedoc, nouvelle édition, t. VI, p. 752 et 794.
3. Archives nationales, Trésor des chartes, J 306, n*» 83; Teulet^ t. Il, p. 514 a.
4. Histoire de Languedoc, nouvelle édition, t. VIII, col. 1264.
5. Archives nationales, Trésor des chartes, J 322, n"* 66 et 67; Teulet, t. II,
p. 616.
6. En janvier 1249, Raimond VII reçut à Gondom l'hommage de l'un de ses
nouveaux vassaux (Archives nationales, Trésor des chartes, J 314, n"* 41 ; ori-
ginal; Teulet et de Laborde, III, p. 54 b).
432
En dépouillant ainsi les seigneurs de Najac, Raimond YII sui-
yait les règles politiques qu*il semble s*être imposées à partir de
1229. Pour reconstituer son domaine direct, fort diminue par le
traité de Paris, ce prince saisit toutes les occasions d'acquérir
des droits utiles qui se présentèrent, et c*est ainsi qu*il devint
coseigneur d*un grand nombre de villes de ses Etats. Mais, en
agissant ainsi, il mécontentait les nobles, dont l'influence dimi-
nuait d'autant, et c'est ce qui explique en partie les événe-
ments qui suivirent sa mort, arrivée à Millau, le 27 septembre
1249.
On sait par Guillaume de PuilaurensS et les actes du temps
prouvent la véracité de ce chroniqueur, que cette mort prématurée
excita dans tout le Midi les regrets les plus cuisants, regrets qui
se manifestèrent bruyamment sur le passage du corps du prince,
pendant qu'on le transportait à Fontevrault. Chez le peuple, ces
regrets devaient être sincères ; Raimond Vil mort, c'était l'indé-
pendance nationale à jamais perdue, le pays tout entier soumis
à la domination française. Beaucoup de seigneurs partageaient
sansdouteces sentiments, mais d'autres, ceux dont le défunt comte
avait amoindri l'autorité, ne virent dans cet événement qu'une
occasion de reconquérir le terrain perdu. Ce fut surtout dans l'Al-
bigeois et dans le Rouergue que se produisit ce mouvement, assez
timide d'ailleurs, et qui ne dégénéra jamais en révolte ouverte.
Un rapport adressé à Alfonse, en février 1253, par le sénéchal
Jean d'Arcis^ une enquête d'octobre 1251, dont nous publions
des fragments à la suite de cet article, nous montrent les nobles
essayant d'entraver la nouvelle administration, de lui créer des
embarras. Les tenanciers du comte cherchent à s'afiranchir des
redevances qu'ils payaient jadis à Raimond Vil; le comte et
l'évêque de Rodez empiètent chaque jour sur la juridiction, sur
les droits du suzerain, lèvent des quêtes et des tailles dans des
villages dépendant de son domaine ; l'évêque, pour poursuivre
les hérétiques, demande une partie des biens qui seront confis-
qués sur eux; les gens de Figeac font une expédition à main
armée contre un château appartenant à l'abbé de cette viUe ; en
un mot, tout le pays est profondément agité ; les rebelles essayent
1. Historiens de France, t. XX, p. 772.
2. Archives nationales, Trésor des chartes^ J 326, n** 40; Teulet et de Laborde,
III, 581-584.
433
de noircir le sénéchal dans l'esprit d'Alfonse et le représentent
comme un homme avide et vénal*.
Dans TAlbigeois, le nouveau pouvoir n'eut pas moins de peine
à s'établir. Craignant sans doute le comte Alfonse qui, en 1242,
avait durement réprimé la révolte des nobles du ï^oitou, les sei-
gneurs de ce pays essayèrent de se soustraire à son autorité. Le
vulgaire pouvait bien compter vaguement sur une intervention
étrangère, sur celle du roi de Castille ou du roi d'Aragon*, mais
les nobles savaient sans doute qu'il ne fallait rien espérer d'auxi-
liaires aussi éloignés et aussi dangereux, et c'est à la reine
mère qu'ils s'adressèrent, espérant passer directement sous la
domination royale. Les seigneurs de Rabastens, de Caussade, de
Brens, de Najac se réunirent à la Guépie^ et proposèrent d'envoyer
vers la reine Blanche pour demander son intervention. Inutile
d'ajouter que cette tentative, qui paraît en effet avoir eu lieu,
n'eut aucun résultat^.
En prenant part à cette conférence, les seigneurs de Najac
essayaient, par un coup hardi, d'éviter la punition qui les atten-
dait; car c'était eux qui s'étaient le plus signalés dans cette
rébeUion et ils devaient craindre d'autant plus la vengeance
d'AKonse de Poitiers qu'ils avaient commis plus d'excès et d'usur-
pations.
Unjour d'octobre 1249, plusieurs seigneurs du pays, R. B.
de Najac, Isarn de Najac, A. de Montaigut, Guilhem Barasc
étaient réunis à Najac chez un certain B. Amblard, quand arrive
l'un des consuls, Uc Paraire : « Nous sommes tous perdus,
s'écrie-t-il, le seigneur comte est mort. — Impossible, répond
Barasc, le seigneur compte ne peut mourir ainsi. » Emus
pourtant, ils sortent et vont à la tour comtale ; là ils trouvent les
consuls, les nobles et les hommes du château réunis et parlemen-
tant avec le châtelain, Guilhem Raimondin; les mutins, conduits
1. Teulet et de Laborde, Layettes du Trésor des chartes, 111, pp. 581-584. —
Ces accusations eurent pour résultat de faire transférer Jean d'Arcis en Venaissin
(voyez Boutaric, Saint Louis et Alfonse de Poitiers, pp. 168-170); mais elles
deyaient être assez mal fondées, car ses nouveaux administrés n'eurent qu'à se
louer de son désintéressement, désintéressement que rendait encore plus méri-
toire son manque de fortune personnelle (Boutaric, ihid.),
2. Voir l'enquête de 1251.
3. Aveyron, arr. Villefranche.
4. Enquête de 1251.
424
récompensé les efforts de notre collaborateur. Toutefois, si nous nous
félicitons de voir les archives de la marine passer sous la surveillance
de la commission des documents historiques, nous prenons acte avec
un plaisir égal de cette déclaration de M. Tamiral Cloué devant la com-
mission du budget, qu'il allait c préparer une réorganisation du sep-
vice ». C'est un point qui nous parait aussi important que la tutelle de
la commission des documents historiques. Il ne sufQt pas que la haute
surN'eillance soit mise en des mains compétentes ; il est essentiel que
les employés des archives soient eux-mêmes compétents et rompus an
métier. Nous croyons que cette nécessité a déjà frappé l'attention de
M. le ministre. Chose singulière ! TËtat entretient une école spéciale
pour former des archivistes, que souvent il case mal et quelquefois ne
case pas du tout, après qu'ils ont obtenu un diplôme qui est le fruit
de sérieux efforts ; et les ministères n'ont pas toujours soin de confier
à des archivistes paléographes la garde des documents qu'ils possèdent.
La conséquence, la voici : M. Flammermont avait désigné, à titre
d'exemples, six pièces parmi celles qu'annonçait le catalogue de la vente
Chambry : ces six pièces seulement ont été revendiquées par le minis-
tère. D'autres, également importantes, également soustraites à la
marine, ont passé tranquillement dans les mains de nouveaux proprié-
taires. M. Flammermont a pu en sauver une, de ses deniers (une lettre
de Dugommier au citoyen Adct, adjoint au ministre de la marine, en
date du 8 juillet 1793). U était facile, avec le catalogue, de revendiquer
tout ce qui était le bien de l'État. Seulement il fallait s'en aviser ; c'est
ce qu'auraient fait des hommes du métier. Qn voit qu'il y a urgence à
f réorganiser » ce service.
Le Siècle du 20 mars fait connaître la composition de la nouvelle
commission des archives de la marine. Nous y remarquons avec plaisir
le nom d'un de nos confrères. Les membres de la commission sont
aujourd'hui MM. le contre-amiral Péricr d'Hauterive, président, Giraud,
commissaire général, Courejolles, capitaine de frégate, et Didier-Neu-
ville, archiviste paléographe.
FACULTÉ DE DROIT DE PAÏUS.
PRIX DU CONCOURS R0S8I.
En exécution du legs de M°^<> la comtesse Rossi, la faculté de droit
de Paris met au concours les questions suivantes pour 1883 :
LÉGISLATION CIVILE. — Exposer^ Comparer et apprécier les règles établies
par le droit romain^ le droit français ancien et moderne et les principales
législations étrangères pour la protection des intérêts moraux et pécu^
425
niaires des mineurs, — Jusqu'à un certain âge, l'homme est incapable,
ou du moins n'est pas pleinement capable de se diriger lui-même et de
pourvoir à la gestion de ses affaires. La législation a dû intervenir sous
un double aspect : — en déterminant l'étendue et les effets de l'inca-
pacité qui résulte, pour le mineur, de la faiblesse de l'âge, — et en
organisant un ensemble de mesures destinées à suppléer à cette inca-
pacité dans le gouvernement de la personne et dans le gouvernement
des biens. — La faculté désire une étude d'histoire du droit et de droit
comparé sur ces deux aspects de la législation relative à la protection
des mineurs. Elle ne demande pas que les concurrents descendent dans
le détail des controverses d'application, mais qu'ils exposent les sys-
tèmes législatifs et les théories juridiques dans leurs données fonda-
mentales, en insistant sur la sécurité plus ou moins grande qui en
résulte pour les intérêts qu'il s'agit de sauvegarder, sur les avantages
ou les inconvénients que peuvent présenter les garanties de divers
ordres imaginées par la loi au profit des mineurs. — L'attention des
concurrents doit se porter d'ailleurs sur tous les mineurs, qu'ils soient
ou non en tutelle.
DRorr CONSTITUTIONNEL. — Du pouvoiv législatif en France depuis Vavè"
nement de Philippe le Bel jusqu'en 1789. — Les concurrents auront à
rechercher à qui appartint en droit, et par qui fut exercé en fait, le pou-
voir législatif depuis l'avènement de Philippe le Bel. Leur attention
devra se porter principalement sur les points suivants : !• Quel était, à
l'avènement de Philippe le Bel, l'autorité attachée aux ordonnances
royales ? quel était le pouvoir des seigneurs en matière législative ?
2* Gomment et dans quelle forme se développa l'exercice du pouvoir
législatif par la royauté ? 3" Quels furent les droits reconnus aux états
généraux ou réclamés par eux en matière législative ? dans quelle me-
sure participèrent-ils en fait à l'exercice du pouvoir législatif par la
royauté ? 4» Même question en ce qui concerne les parlements. Les con-
currents auront en outre à étudier la matière des arrêts de règlement.
b^ Quelles furent sur le pouvoir législatif les principales théories émises
en France au cours du xvm« siècle et quels furent les vœux exprimés
dans les cahiers des états généraux de 1789 ?
Les mémoires, écrits en français ou en latin, devront être déposés au
secrétariat de la faculté, au plus tard le 31 mars 1883. Toute personne
est admise à concourir. La valeur de chacun des prix est de 2,000 fr.
Il pourra être accordé des mentions honorables aux mémoires qui
auront le plus approché du prix. Les noms des auteurs qui auront obtenu
des mentions ne seront connus et publiés que sur leur demande.
136
eutrer peraonne pendant la nuit. Toutes ces défaites ne rarretent
point; il insiste, à la tin les consuls interviennent et lui font ouvrir
une poterne. Les seigneurs n étaient pas en force; ils n'en conti-
nuent pas moins leurs bravades, refusent toute satisfaction au
sénéchal, déclarent qu'ils n'ouvriront pas à Sicard ALiman, vint-il
seul, un faucon surle poing. Us dui*ent pourtant bientôt céder. Dès
le l''** décembre, les consuls et prud'hommes de Najac prêtaient
serment de fidélité au comte Alfonse à Toulouse', et le 3 janvier
suivant (1250) la tour de Najac ouvrait ses portes, sans coup
férir, à Sicard Alaniau.
Une fois installés dans le pays, Alfonse et ses officiers» qui ne
pouvaient laisser impunies de pareilles usurpations, s'occupèrent
de faire rentrer les seigneurs de Najac dans le devoir. L'enquête
plus haut citée, qui est du mois de juin 1251, prouve que les
poursuites judiciaires et administratives avaient déjà commencé
à ce moment. Elles étaient à peu près terminées au commence-
ment de 1253, date de la lettre de Jean d'Arcis au comte de
Toulouse. Ce dernier document nous apprend que le sénéchal
avait commencé par confisquer les biens de tous les habitants ile
Najac au nom du comte, leurs possesseurs étant tous félons et
traîtres. Pour faire exécuter plus facilement cette décision, il
saisit de Taffaire les tribunaux ecclésiastiques et fit poursuivre
les principaux coupables comme hérétiques. Mais son zèle pour
les intérêts de son maître était tel qu'il dépassa la mesure. L'un
des complices de la révolte de 1249, le consul Uc Paraire, pour-
suivi par la cour de Tévêque de Rodez , faisant fonction d'inqui-
siteur dans son diocèse, fut, il est vrai, déclaré hérétique et livré
au bras séculier, c'est-à-dire au sénéchal, qui le fit aussitôt
brûler et confisqua ses biens valant mille livres tournois*. Mais,
si quelques-uns des principaux habitants de Najac pouvaient
ainsi être poursuivis comme hérétiques, l'orthodoxie de la plupart
des autres devait être bien certaine , et peu après la cour de
révêque montra moins de complaisance pour le sénéchal. Six
1. Histoire de Languedoc, nouvelle édit., t. VIU, col. 1264.
2. Remarquons cependant que Uc Paraire n'était pas le plus coupable et que
tous les témoins cités dans l'enquête de 1251 s'accordent à le représenter comme
jouant surtout le rôle de conciliateur entre les seigneurs et les agents du dernier
comte. En 1277, une partie de ses biens était encore entre les mains du roi;
deux maisons qui lui avaient appartenu furent vendues à cette date par le séné-
chal aux consuls de Najac (CoUect. Doat, vol. 146, f. 60-61).
^37
accusés étaient traduits devant elle; le sénéchal espérait une
condamnation assez forte pour lui permettre de confisquer
leurs biens. Avant de prononcer la sentence, Tévêque, jugeant
sans doute qu'il allait trop loin, voulut lui faire promettre de
rendre une partie de leurs biens aux condamnés ou tout au
moins à leurs enfants. Cet oflScier refusa, et Tévêque se contenta
d'imposer aux inculpés des pénitences légères, n'entraînant pas
la perte des biens. Irrité, le sénéchal met ces derniers sous la
main du comte, en laissant aux condamnés une provision pour
leur subsistance et celle de leur famille. Ces biens, tant meubles
qu'immeubles, valaient mille livres tournois.
Dans cette première circonstance, le sénéchal avait eu à vaincre
les scrupules légitimes de l'évêque et de ses juges ; dans d'autres
cas, il eut à lutter contre les intérêts de l'Eglise. Un certain Bernard
Valier, de Najac, meurt et laisse par testament ses biens, partie à
rÉgUse pour être employés en fondations pieuses, partie au comte.
Ce personnage était bâtard et avait d'ailleurs femme et parents.
Sans tenir compte du testament, le sénéchal fait saisir tous les
biens du défunt en déclarant que, coupable de trahison comme
tous les habitants de Najac, il n'avait pu disposer de ses biens,
qui étaient tombés en commise. Là-dessus réclamations des léga-
taires; le sénéchal finit par proposer au comte de transiger; les
biens du défunt, lui écrit-il, valent environ 10,000 livres tournois ;
les héritiers donneront bien 50 à 60 marcs pour faire reconnaître
la validité du testament. Autre cas : un chevaherde Najac, dont
les biens ont été saisis, meurt et laisse sa fortune à l'Église. Le
sénéchal maintient la saisie : en effet, dit-il, le testateur était
suspect d'hérésie.
Quant aux seigneurs de Najac (domini), instigateurs de la
révolta, le sénéchal fait observer au comte qu'ils ne pourraient
trouver de répondants et qu'il est préférable de composer avec
eux. De même pour le menu peuple de Najac; la crainte de l'in-
quisition, de la vengeance du comte est si grande que de jour
en jour la population diminue, et les intérêts du comte gagne-
raient à s'accorder avec eux touchant le droit de commise; d'ail-
leurs, ajoute le sénéchal, même après la composition, les biens
de la plupart des habitants pourront être attribués au comte,
beaucoup étant hérétiques. Enfin Jean d'Arcis approuve le projet,
conçu par Alfonse, de construire un nouveau château plus fort
que l'ancien et annonce qu'il a déjà rassemblé les matériaux
nécessaires, chaux et pierres, et qu'il a embauché des onvria:^.
ÂlfoDse de Poitiers suivit Tavis de son sénéchal et pardonna
aux habitants de Najac ; ce pardon fut suivi de roctroi d*ime
charte de coutumes datée d'août 1255, que de Gaujal a publiée ^
Nous ne pouvons analyser ici toutes les dispositions de cet acte
important. Notons seulement que, comme la plupart des chartes
accordées aux villes et villages de son domaine par le comte de
Poitiers, celle de Najac ne stipule aucune liberté municipale. La
ville est administrée par le balle du comte qui rend la justice
civile ; c'est lui qui nomme chaque année les consuls, le 2 février,
jour de la Purification, et il peut maintenir les mêmes personnes
dans le consulat plusieurs années de suite. Ces consuls ne pos-
sèdent aucune juridiction civile ou criminelle ; ils n'ont de compé-
tence qu'en matière de voirie; ils peuvent, d'accord avec le baile
du comte, punir ceux qui jettent des immondices dans les rues,
faire réparer les places publiques, les rues de la ville, etc. Les
autres articles de la charte concernent les libertés civiles
accordées aux habitants, les exemptions dont ils jouissent et fixent
les droits de leude dus au comte et les amendes perçues par lui
pour chaque délit.
Cet accord entre le comte Alfonse et les habitants de Najac
n'arrêta pas les poursuites des inquisiteurs. Le sénéchal le faisait
déjà pressentir dans sa lettre de 1253, et c'est à la suite de ces
procédures que fut bâtie l'église de Najac. Le 5 avril 1258, les
inquisiteurs, frères Guillaume-Bernard d'Aix et Rainaud de
Chartres, offrirent aux consuls et prud'hommes de Najac de
remettre aux habitants toutes les pénitences à eux imposées
jusqu'à ce jour pour fait d'hérésie, à condition pour la commu-
nauté de reconstruire, dans les sept ans, l'église paroissiale, sous
l'invocation de saint Jean-Baptiste, l'ancienne étant devenue trop
petite pour la population du bourg. La nouvelle église devra avoir
28 brasses de long, 7 de large et une couverture en pierre. Les
inquisiteurs promirent d'affecter à cette œuvre pie le produit des
amendes par eux imposées à divers habitants de Najac.
Après délibération, les consuls de Najac acceptèrent la propo-
sition, et acte fut rédigé de cet accord quatre jours plus tard
(9 avril 1258)*. Remarquons à ce propos que teUe était en effet
1. T. I, pp. 326-329.
2. Pièces justificaUves, n* II.
439
Thabitude des inquisiteurs; ils imposaient souvent aux villes
hérétiques à titre de pénitence Tobligation de reconstruire leur
église. Dès 1254, Rainaud de Chartres et son collègue Jean de
Saint-Pierre avaient passé un accord semblable avec les habitants
de Lavaur* ; et , en 1271 , un de leurs successeurs , Pons du
Pouget, imposa la même obligation à ceux de Gaillac*.
La construction d'une église était une lourde charge pour une
ville appauvrie et dépeuplée, comme Tétait Najac à cette époque.
Pour permettre à la communauté de remplir ses engagements, les
inquisiteurs, suivant une habitude constante de leur procédure,
commuèrent les peines mineures infligées à certains habitants en
amendes applicables à l'œuvre de la nouvelle église. De ces habi-
tants de Najac, les uns avaient été condamnés à des pèlerinages
aux principaux sanctuaires de France et d'Allemagne, les autres
au voyage d'outre-mer, et la plupart n'avaient point encore rempli
leurs engagements. Les inquisiteurs décidèrent qu'ils auraient à
verser une certaine somme à l'œuvre de l'église, et l'un d'eux,
trop pauvre sans doute pour s'acquitter en argent, fut condamné
à travailler un jour par semaine, sans salaire, au nouvel édifice,
jusqu'à son achèvement. Les consuls de Najac furent chargés de
recevoir les sommes imposées à chacun des pénitents et d'appré-
cier la valeur des preuves fournies par ceux qui prétendraient
avoir accomph leurs pénitences^.
La construction de l'église commença presque immédiatement ;
mais bientôt s'élevèrent à Najac les querelles qui divisaient le menu
peuple et les prud'hommes, dans la plupart des villes du Midi, dès
qu'il s'agissait de répartir une contribution extraordinaire. Le
menu peuple prétendit, comme toujours, qu'il était surchargé par
les bourgeois et que ceux-ci ne payaient pas une somme propor-
tionnée à leurs biens. Après de longues querelles, les deux parties
prirent pour arbitre Barthélemi de Landreville, châtelain de Pui-
celsi et fils de Pierre de Landreville , sénéchal de Rouergue et
d'Albigeois. Ce seigneur, par un jugement arbitral rendu le
15 juin 1262, fixa la somme à payer par plusieurs des opposants,
et décida que la répartition serait faite par les trois prud'hommes
nommés dans l'acte et par les consuls de la ville. Cet accord
1. Histoire de LanguedoCy nouvelle édition, t. V, col. 1538-39.
2. Compayré, Études sur V Albigeois, pp. 377-79.
3. Chartes du 24 et 26 avril 1252. — Pièces justificatives, III et IV.
n'ayant pas entièrement satisfait les parties, elles s adressèrent
l'aimée suivante h Philippe de Boissy , sénéchal de Rouergue, qui»
le 10 juin 1263, confirma la première sentence et décida de plus
que les collecteurs de la taille seraient au nombre de six, qoatre
prud'hommes et deux consuls, et qu'on ferait à cette occasion un
nouveau recensement des biens des habitants de Najac, pour
tenir compte des pertes et des gains faits par chacun d'eux ^
La construction de l'église était dès lors assurée, mais elle
traîna en longueur ci la quittance définitive de l'architecte chargé
de cette œuvre, maître Bérenger Jornet, est datée du 31 no-
vembrel269. Cet acte nous donne le prix des travaux : 31,000 sous
caorsins, prix fait, pour toute l'œuvre, plus 8 livres de caorsins
pour la voûte. Le sou de Cahors valant exactement la moitié du
sou tournois*, nous avons pour l'ensemble des frais un total de
15,580 sous tournois. La valeur du sou tournois était sous saint
Louis, d'après les calculs de M. de Wailly, de 0 fr. 8986; par
suite 15,580 sous tournois = 14,000 fr. 188, valeur intrinsè-
que. Le pouvoir de l'argent étant cinq fois plus fort au xni* siècle
qu'aujourd'hui, la construction de l'église entière coûta environ
70,000 fr. et celle de la voûte 359 fr. 47 c.
Il y a plusieurs remarques à faire sur ces chiflFres. Si l'on sup-
posait que l'architecte, maître Bérenger Jornet, eût, comme un
entrepreneur de nos jours, à payer sur cette somme de 70,000 fr.
la main-d'œuvre et les matériaux, il faudrait admettre que les tra-
vaux de construction étaient beaucoup moins chers au xm* siècle
que de nos jours. Si fruste et si simple qu'elle soit, l'église de Najac
est de grande dimension et aujourd'hui aucun entrepreneur n'ac-
cepterait de construire un monument de cette taille pour une
somme aussi modique. D'autre part, dans un des actes plus haut
analysés, nous voyons les inquisiteurs imposer à un de leurs
pénitents un jour de travail manuel gratuit par semaine pour
l'œuvre de l'église; or, l'intention des frères prêcheurs était
d'aider la commune de Najac à supporter les dépenses de la
construction de la nouvelle église, et, si maître Jornet avait eu à
payer la main-d'œuvre sur les 70,000 francs qui lui furent alloués,
ce serait lui qui eût bénéficié de ces services gratuits. Nous pen-
sons donc que le gros œuvre de l'église, murs, fondations, etc.
1 . Pièces justificatives, V.
2. Texte de 1269, cité par Boutaric [Alfonse de Poitiers, p. 214).
U4
furent construits aux frais de la ville, sous la direction de maître
Jornet, et que les 70,000 francs reçus par celui-ci représentent
ses honoraires, le 5 pour cent des architectes d'aujourd'hui, et le
prix des quelques travaux d'art, sculptures, ornementation, etc.,
qu'il exécuta probablement lui-même. Ajoutons que rien dans
l'église de Najac n'autorise à mettre cet architecte au rang des
grands artistes du xiii® siècle. Originaire du Midi, ainsi que l'in-
dique suflSsamment son nom, il n'avait sans doute pris aucune
leçon des grands architectes gothiques du Nord, et, si l'église
construite par lui est de style français, il ne £aut pas oublier que
l'influence française, prépondérante dans le Languedoc, commen-
çait dès cette époque à faire oublier aux méridionaux leur natio-
nalité. Ce qui s'était passé en politique eut lieu certainement pour
les arts, et dès la fin du xin® siècle l'ancienne architecture romane
du Languedoc comçiençait à faire place au gothique du nord de
la France.
IL
Située sur la rive gauche de l' Aveyron, sur la crête d'un étroit
promontoire qui s'étend de Test à l'ouest, la petite ville de Najac
est défendue par la rivière de trois côtés, au nord, à l'ouest et au
midi. Deux routes y conduisent : l'une bien entretenue et carros-
sable ; l'autre, chemin de mulet taillé dans le roc, était peut-être
au moyen âge la seule qui conduisît au château. Deux ponts sont
jetés sur l' Aveyron à l'ouest et au nord de la ville ; ce dernier,
que l'on trouve en se dirigeant de la station du chemin de fer
vers Najac, a eu le bonheur de ne pas être restauré. Il passe pour
avoir été construit en 1288*. Il est, comme le château de Najac,
bâti en grès rougeâtre ; assez large, il est protégé en amont par
des éperons en angle aigu, en aval il est garni de simples redans
carrés; les arches sont en tiers-point.
Najac se compose de deux parties, la vieille et la nouvelle ville.
La vieille ville est groupée à l'extrémité ouest du promontoire,
autour du château et de l'église; la nouvelle s'est formée peu à
peu sur les bords de la route qui mène au château; c'était ancien-
nement le Favbourg, Aussi n'y a-t-il guère qu'une seule rue à
1. Bosc, Mémoires sur le Rouergue^ l. II, p. 97.
U2
Najac, dont, du haut du donjon, on embrasse facilement la ligne
légènîment sinueuse.
Nous ne croyons pas nuire à la réputation de la ville de Najac
en disant qirelle est peu connue et que jusqu'ici elle n'a reça la
visite que de bien peu d'archéologues ou même de touristes.
Quelques mots dans le procès-verbal du Congrès archéologique
de 1863 s une mention dans les Mémoires de la Société des
lettres de l'Aveyron^, une étude sur le château', voilà tout ce
qui a été écrit sur cette ville. Il y aurait pourtant beaucoup à
dire et surtout sur le château, seul étudié jusqu'ici; mais l'étude
de ce monument serait fort longue et demanderait plus de temps
que nous n'en pouvions consacrer à Najac lors de notre excursion.
Nous ne voulons guère donner ici qu'une description de l'église,
intéressante à plus d*un titre. Cependant qu'on nous permette de
faire une courte digression et de dire d'abord quelques mots des
autres curiosités de Najac.
Tout d'abord, le château. Il a été dans ces dernières années» de
la part de son nouveau propriétaire, l'objet de réparations bien
dirigées qui ont sauvé le donjon d'une ruine imminente ; mais ce
n'est là que partie remise. Espérons qu'il sera bientôt classé
parmi les monuments historiques. II y a vingt ans qu'il devrait
l'être ; on aurait ainsi évité la démolition de la grosse tour carrée,
la partie la plus ancienne du château, et de bien d'autres cons-
tructions qui sont maintenant presque entièrement rasées. Notre
intention n'est pas d'étudier ici ce château ; nous signalerons tou-
tefois en passant une curieuse peinture qui se trouve dans une
des embrasures de la grande salle du premier étage du donjon.
L'auteur de l'article que nous citons plus haut n'a fait que la
mentionner comme « des traces de peintures », et n'y a pas
attaché d'autre importance, remarquant toutefois que là se trou-
vait la chapelle, comme l'indiquent suffisamment et cette
peinture et le lavabo creusé tout à côté dans l'épaisseur de la
muraille.
Cette peinture se trouve dans une des meurtrières ou plutôt
1. Congrès archéologique de 1863, tenu à Rodez, p. 163.
2. Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de VAveyron, t. IV,
1842-1843, p. 597.
3. Par B. Dusan {Revue archéologique du midi de la France^ I, pp. 9-24,
avec planches}.
U3
dans la loge voûtée d*un berceau en tiers-point qui, comme dans
beaucoup d'autres constructions militaires, précède la meurtrière.
Ce premier étage servait de chapelle et c'est évidemment dans ce
réduit qu'était placé l'autel. A la hauteur de l'imposte delà voûte
se trouve une large moulure en quart de cercle. Cette moulure a
reçu pour ornement une peinture blanche sur laquelle se détachent
une bordure rouge sang et des bandes alternativement jaunes et
rouges. Le mur, au-dessous de l'imposte, a reçu une ornementa-
tion différente et qui, à distance, ressemble au vair héraldique;
ce sont des écussons d'environ 14 cent, de haut et de 12 cent, de
large, blancs, se détachant sur un fond gris foncé. Ils sont dis-
posés symétriquement par files de six. La même ornementation se
retrouve à la voûte, mais ici il n'y a plus que quatre écussons
dans chaque file, deux nouvelles bordures ayant occupé une
partie de l'espace disponible : Tune, extérieure, composée d'un
simple listel rouge et jaune ; l'autre, au fond de la niche, com-
posée d'une série de feuilles aiguës inscrites dans des triangles
alternativement blancs et noirs ; les feuilles sont noires, et quand
le triangle est noir elles sont bordées d'une ligne blanche. Le tout
est limité de chaque côté par un listel rouge et jaune.
Sur le mur de fond, dans la partie comprise entre la voûte et
ses impostes, l'artiste a peint son principal sujet. Sur un fond
jaune est dessiné un portique composé de trois arcades en tiers
point, une grande centrale et deux petites latérales. Sous chacune
des arcades latérales est un clerc, debout, tête nue, dans une
attitude d'adoration; tous deux sont vêtus d'un manteau rouge
à capuchon; celui de droite tient un livre fermé, de la main
gauche. Ces deux personnages se détachent sur un fond gris.
Aux pieds du clerc qui se trouve à gauche du spectateur, se voit
un chevalier agenouillé, les mains jointes, vêtu du haubert, une
large épée à la ceinture. Ce personnage est de dimensions très
exiguës. Il y a apparence qu'aux pieds du clerc de droite se trou-
vait un personnage semblable et dans la même attitude ; du moins
certaines traces de peinture noirâtre permettent de le supposer.
Le centre de la composition est occupé par un personnage de
haute taille, assis, vêtu d'une tunique rose pâle et d'un grand
manteau dont on ne voit plus que des vestiges grisâtres. Ce per-
sonnage est couronné et porte les cheveux longs et encadrant les
joues à la mode du xni* et du commencement du xrv* siècle ; mais
l'état de dégradation de la peinture ne permet d'apercevoir aucun
144
vestige du nimbe qui, selon toute vraisemblance, encadrait sa
tête. De la main droite, ramenée à la hauteur du cou, il semble
bénir ; quant à la gauche, elle a complètement disparu.
Quel peut être ce saint couronné? Un nom se présente immé-
diatement à l'esprit, celui de Louis IX. Le style du dessin indique
le commencement du xiv*' siècle et nous nous trouverions là, si
cette conjecture était admise, en face d*une des plus anciennes
représentations de ce saint. Nous donnons cette hypothèse pour
ce qu'elle vaut. Remarqmms toutefois que la dédicace d*une cha-
pelle à saint Louis, dans un château royal, n'aurait rien d'inad-
missible ; il en était de même à Carcassonne , et dans une des
tours de la cité une chapelle lui était consacrée^ Mais ce ne
sont là que des suppositions que l'état de dégradation du monu-
ment ne permet pas de présenter d'une façon plus afSrmative.
Avec le château et l'église, les seules curiosités de Najac sont
une fontaine du xiv® siècle, quelques vestiges des anciens murs et
de vieiUes maisons. Nous parlerons d'abord de la fontaine» qui se
trouve sur une place, à peu près au centre de la ville. Elle fat
signalée à l'attention des archéologues dès 1863, dans une lecture
faite lors du congrès pour la conservation des monuments tenu à
Rodez*. Cette fontaine est curieuse à plus d'un titre. Elle se
compose d'un seul bloc de granit; c'est un dodécagone régulier
dont chaque face extérieure a 90 cent, et chaque face intérieure
75 cent, de large, ce qui donne une épaisseur de 25 cent, et un
périmètre total de 10 mètres 80. La hauteur du bassin est de
65 cent., la profondeur de 50 cent. C'est, on le voit, une masse
assez respectable. Une vasque, montée sur un pied en balustre,
se dresse au milieu du bassin ; mais il faut certainement voir dans
ce récipient de forme disgracieuse une restauration moderne, qui
a dû remplacer une construction ancienne.
Certains archéologues , entre autres Edward Barry , ont, au
dire des gens du pays, prétendu que ce bassin n'était pas en
pierre, mais en béton. Ils se fondaient sur ce que l'on ne trouve
point aux environs de Najac de granit semblable. Ce n'est pas là,
croyons-nous, un argument bien solide. Il est vrai qu'au moyen
âge, à cause de la difficulté des communications, on se servait
plus souvent qu'aujourd'hui des matériaux qu'on avait sous la
1. Mahul, Cartulaire du diocèse de Carcassonne, t. V, pp. 701, 730 et 731.
2. Comptes-rendiAS des séances du congrès archéologique de 1863, p. 163.
a erceptions : près de l'^l
le maison de la fin du xui° siècla ou du
►-«v; le rez-de-chaussée sert aujourd'hui de
; -U: i^-andes arcades en tiers-point, et le premier
^' des fenptres ornées de jolies colonnettes
ktyle rayonnant.
,:.i ;iutrerois plusieurs églises : Saint-Barthélémy,
..;,(( Dliste , Saint-Julien' et une chapelle cons-
_4 Liinetière, sur le versant ouest de la colline,
!.iUil-Jean. De cette dernière, il ne subsiste rien,
^iiiut-JuIien, k moins que cette dernière église
iiiilacement qu'occupa plus tard Saint-Jean,
, lut édifié sur l'emplacement de l'ancienne
.1 -Barthélémy, qui se trouve dans la grand'rue,
iiit-Jean, a élé transformée en grange depuis
'.,t les divisions intérieures qu'on y a pratiquées
isite à peu près impossible. La porte, en cintre
3 ses pieds droits orné de deux colonnettes ; un
■ ]ietite dimension est percé au-dessus de la porte, mais
"■1 ' i-i'i.ine époque postérieure à l'ensemble de la construc-
. i''fvl du reste décoré d'aucune moulure. C'est là tout ce
i--"'.- fie Saint-Barthélémy; nous ne pensons pas que cette
->Ti-iion soit antérieure au iit° siècle, mais ce n'est là qu'une
>uire, car, nous le répétons, il faudrait voir l'intérieur,
e pour le moment.
Vfinns maintenant de l'égUse de Saint-Jean-l'Kvangéliste.
I i'éléve à l'extrémité ouest de Najac, dans une situation
^):iil>arable au point de vue du pittoresque, mais très mal
ptie pour y établir une construction de quelque étendue. Gela
k notre avis, que cette église a été construite sur l'empla-
lent de celle que les inquisiteurs trouvèrent trop mesquine et
p étroite. On s'accommoda wmme on put du terrain que l'on
.josâédait, ce qui força l'architecte à recourir à un certain
uomhre d'artifices.
En effet, le terrain sur lequel est bâti Saint-Jean est incliné du
levant au coacbant, à tel point qu'il existe une diSrence de
1. Voyei TeaM, Lafttiet du Tréior det eharles, II, 269 a (acte du
U Mflt 1234).
448
5 mètres 50 cent, ou 6 mètres entre le niveau du chevet et celai
de la façade ; rinclinaison du nord au midi est encore plus forte :
la différence de niveau est d'au moins 7 à 8 mètres. Dans ces
conditions l'établissement d'une aire plane d'une grande étendue
était difficile. Mais, si Ton dut entasser les matériaux pour rache-
ter ces énormes différences de niveau, on n*eut pas du moins la
peine de creuser profondément les fondations, car on bâtissait
sur le roc vif, comme au château, où la base talutée du donjon
est, en grande partie, taillée dans le rocher même.
Les mêmes ouvriers ont-ils travaillé au château et à l'église,
c'est ce que nous ne saurions dire ; les marques d'assemblage ou
d'ouvriers qui existent au château ont été relevées^ ; nous avons
cherché partout sur les murs de l'église sans rien rencontrer de
semblable. La seule marque que nous ayons trouvée consiste en
une grande fleur de lys gravée sur le flanc nord de l'église, près
de l'angle formé par la façade, mais nous ne saurions dire s'il
faut voir là une marque d'ouvrier ou un graffîio dû à quelque
gamin du moyen âge.
L'église de Saint-Jean est orientée régulièrement, c'est-à-dire
que son chevet fait exactement face au soleil levant. Les maté-
riaux employés sont à peu près les mêmes qu'au château : c'est
un grès des environs de Najac, de couleur rougeâtre, et qui
résiste fort mal à l'action de la pluie. L'appareil est moyen et
assez régulier, au moins en ce qui touche à la hauteur des assises,
car la longueur des pierres varie naturellement beaucoup. La
couche de mortier qui sépare chaque assise est très épaisse, sur-
tout dans les contreforts. L'extérieur n'a pas reçu de crépi ; il
n'en est pas de même à l'intérieur, dont toute la surface est revàtue
d'un badigeon fort épais et du plus mauvais goût.
L'acte du 9 avril 1258 nous donne les dimensions que devait
avoir l'église : 28 brasses de longueur sur 7 de largeur. La lon-
gueur, à l'intérieur, est de 46 mètres, la largeur de 11 mètres
50 cent., et, l'église ayant quatre travées, chacune d'elles est
exactement carrée. En prenant ces dimensions pour base de
l'évaluation delà brasse, on trouve que cette mesure équivalait à
peu près à 1 mètre 642.
La façade n'a rien d'élégant. La porte s'ouvre entre deux
1. Dasan, ut suprà, p. 24.
^49
énormes contreforts qui écrasent complètement le reste de la con-
struction. On y accède par un perron de. trente marches de
construction moderne (il date de 1870). Avant cette époque, on
montait par un escalier tout droit et, paraît-il, fort incommode.
L'espace compris entre les deux contreforts, le mur de face de
réglise et le perron a été utilisé ; on en a fait un porche couvert
d'un toit en appentis que supportent deux colonnes doriques. Ces
colonnes sont une restauration du dernier siècle, peut-être même
plus récente, mais le porche a toujours existé, comme l'indiquent
suffisamment les corbeaux de pierre qui sortent du mur un peu
au-dessous du sommet du toit actuel; lors de la restauration, les
poutres ont été fixées dans le mur de manière à établir le toit
sous un angle plus aigu.
La porte, dont la baie a 2 mètres 25 de large, est percée par
retraite de cintres. Sur les pieds droits se détachent cinq colon-
nettes engagées auxquelles correspondent les moulures rondes
des arcs ; les chapiteaux, fort simple^, sont ornés de crochets.
Au milieu de la façade, au-dessus de la porte, s'ouvre une
large rose à dix compartiments formés par des arcs trilobés,
séparés à leurs extrémités par un quatrefeuille. Cette rose est de
grande dimension. Remarquons en passant que le nombre des
ouvertures destinées à éclairer l'église a été restreint au strict
nécessaire, mais que, par contre, chacune de ces ouvertures a
été largement taillée dans le mur, dont l'épaisseur (1 mètre 50)
défiait toutes chances de ruine. Une petite baie, placée pres-
qu'au faîte du pignon, éclaire les combles et l'extra-dos de la
voûte.
Examinons maintenant les flancs de l'édifice, et d'abord le
flanc nord où se trouve le clocher. Comme sur la façade, nous
nous trouvons en face d'un mur épais que soutiennent de larges
contreforts qui vont en se rétrécissant de la base au sommet au
moyen de talus. Dans le mur de la première et de la quatrième
travée sont percées de larges et hautes fenêtres divisées en deux
lancettes par un meneau central, fortement ébrasées à l'intérieur
et à l'extérieur; nous en reparlerons tout à l'heure, en même
temps que nous décrirons le mode fort rare de clôture dont elles
ofirent un exemple.
A la seconde travée, nous trouvons une porte, précédée d'une
marche qui va d'un contrefort à l'autre, en tout semblable à la
150
porte principale et de mêmes dimensions. Des corbeaux de pierre
indiquent qu'autrefois cette entrée était aussi abritée par un toit
en appentis. Celui qui existe maintenant est de dimensions tout à
fait exiguës et ne peut servir qu'à rejeter les eaux du toit en
dehors de l'aplomb du mur, qui, à cet endroit, est plus épais qpi'à
sa partie supérieure. Au-dessus de cette porte se trouve un Christ
de pierre de très petite dimension (50 ou 60 cent, environ) ; une
pierre saillante lui sert d'auvent. Les pieds sont fixés par d^ix
clous; il est vêtu d'un petit jupon.
Avant de parler du clocher, disons quelques mots d'un édicule
adossé au contrefort qui sépare la première de la seconde travée.
Cet édicule ou plutôt cette niche peut avoir 3 mètres 50 à 4 mètres
de haut ; la largeur en est de 1 mètre 70, la longueur de 2 m . 95 ;
il se termine par un toit à deux rampants qui recouvre un ber-
ceau en tiers-point. L'ouverture est ornée de colonnettes aujour-
d'hui très frustes. A l'intérieur, à droite et à gauche, à 1 m. 60
du sol, se voient deux larges bandeaux couverts de feuillages
assez finement sculptés. Enfin, sur la face, au-dessus de l'ouver-
ture de la voûte, régnait une corniche sculptée, dont une sirène,
tenant ses queues dans ses mains, est à peu près le seul vestige.
Nous avions d'abord pensé que cette niche avait servi de cha-
pelle et devait autrefois contenir quelque statue de saint ; mais,
informations prises auprès des habitants, nous avons appris
qu'elle abritait autrefois le tombeau d'un membre d'une ancienne
famille de Najac, les Puechberdi ou Puechverdi. C'est là tout
ce que nous avons pu savoir au sujet de ce petit monument, qui
peut dater de la fin du xiv® siècle.
Le clocher, placé à la hauteur de la troisième travée, est
encastré entre deux contreforts. Sa base présente la ÉDrme d'un
parallélogramme. Le rez-de-chaussée n'est percé d'aucune baie ;
il est voûté d'ogive et s'ouvre par une arcade surbaissée sur la
nef, formant ainsi l'un des bras du transsept, où. est installé une
chapelle. Le premier étage est éclairé par deux fenêtres sem-
blables à celles de la nef. Une seule ouverture aurait suffi pour
éclairer cet étage, ouvert sur la nef, comme le rez-de-chaussée,
par un arc en tiers-point de toute la largeur de la travée ; mais
l'architecte ayant jugé à propos de couvrir cet étage d'une voûte
d'ogive à deux compartiments, il a été forcé d'ouvrir deux baies
correspondantes à ces deux voûtes; l'ouverture d'une fenêtre
dans la partie centrale du mur aurait compromis la solidité de la
construction. Par surcroît de précaution, à cet endroit, où la force
de poussée se faisait le plus sentir, le mur extérieur, aussi bien
que le mur de la nef, ont été renforcés au moyen de deux espèces
de contreforts en encorbellement. Le premier étage de la tour
monte exactement à la hauteur du mur de la nef et la corniche
ornée de modillons chanfreinés qui se trouve sous la toiture a été
continuée sur ses trois côtés extérieurs. Le deuxième étage est
beaucoup plus bas et se trouve un peu en retraite sur les deux
autres. Le troisième et dernier étage est hexagonal. Le passage
du carré à l'hexagone se fait sans doute au moyen de pendentife,
dont nous n'avons rien à dire, n'ayant pu monter dans le clocher.
Ce troisième étage, plus élevé que le second, est divisé extérieure-
ment en deux parties égales par une sorte de moulure. Dans la
partie la plus élevée de chacune des faces a été percée une fenêtre
géminée à arcade trilobée, surmontée d'une rose engrelée. C'est
à cet étage que sont placées les cloches, ainsi que l'indiquent les
grossiers abat-sons qui enlèvent à ces fenêtres toute leur élégance.
Le toit construit suivant deux angles différents, l'un aigu, l'autre
obtus, est aujourd'hui, comme toute l'église, couvert en ardoise ;
mais c'est là une restauration très récente, et lors de notre séjour
à Najac les amas de vieilles tuiles sepii- cylindriques qui jon-
chaient les abords de l'église indiquaient assez quelle était la
nature de son ancienne couverture.
Nous n'avons pu monter dans le clocher; nous avons pu tou-
tefois nous assurer que l'escalier qui y donne accès est renfermé
dans une fillette carrée placée sur son flanc est. Cet escalier
conduit jusqu'au second étage d'où un degré placé dans la tour
même permet d'arriver aux cloches.
Nous ne donnons point la hauteur exacte du clocher, car nous
n'avions pas sous la main les instruments nécessaires pour l'éva-
luer. Nous pensons toutefois qu'elle ne dépasse pas 28 ou
30 mètres.
De la quatrième travée du nord nous ne dirons rien, si ce
n'est qu'elle est percée d'une large fenêtre comme la première.
Le chevet est plat ; il est percé d'une fenêtre semblable à celles
des flancs et ne présente aucune particularité intéressante.
Passons maintenant au flanc sud. Nous y trouvons deux
travées entièrement semblables avec les mêmes percements que
452
la première et la quatrième travée nord. Mais la troisième travée
offre une particularité. Nous avons dit que la diflérence de niveau
était très sensible entre le flanc nord et le flanc sud ; aussi, quand
on a voulu établir dans la troisième travée du sud une chapelle
latérale, formant un embryon de transsept sy'métrique à la cha-
pelle formée par le rez-de-chaussée de la tour, on a dû cher-
cher à racheter cette difierence de niveau. On a eu recours à un
artifice fort simple : on a bandé entre les deux contreforts un
arc de dimensions telles que son sommet arrivât à la hauteur du
sol de la nef. C'est sur cet arc que l'on a construit la chapelle,
dont le mur est percé de deux fenêtres semblables à celles des
autres travées. Cette disposition existait-elle dans le plan primi-
tif? Sans parler de la (Ûfierence d'épaisseur du mur, beaucoup
plus mince à cet endroit, difierence qui pourrait s'expliquer par
l'intention de charger le moins possible la voûte qui soutenait la
chapelle, l'aspect du mur, des raccords très visibles dans l'appa-
reil prouvent surabondamment que cette chapelle ne date pas
exactement de la même époque que l'ensemble delà construction.
De plus, au lieu de lui donner la même hauteur de voûte qu'à la
nef, on lui en a donné une sensiblement moindre, si sensiblement
que l'on a pu, au-dessus de l'arcade par laquelle la chapelle
s'ouvre sur la nef, percer une fenêtre dont les mauvaises propor-
tions décèlent un remaniement. L'examen des membrures de la
voûte ne peut que nous confirmer dans cette opinion.
La quatrième travée sud n'ofire rien de remarquable. Men-
tionnons seulement l'existence, entre les deux contreforts de cette
travée, de la sacristie, construction très basse et légère qui a dû
subir bien des transformations ; une porte la fait communiquer
avec l'église ; une autre porte, suivie d'un escalier de bois, conduit
dans la rue qui longe l'édifice.
L'intérieur nous présente quatre travées d'égales dimensions
(11 mètres 50 sur 11 mètres 50). Celle du fond, élevée d'une
marche, forme le chœur. Ces quatre travées ont été couvertes de
voûtes d'ogive sur plan carré ; nous en évaluons la hauteur à
17 ou 18 mètres. Les membrures n'ont reçu qu'un appareil-
lage fort simple : dans les trois travées de la nef, elles sont
seulement épannelées; dans celle du chœur, elles sont ornées
d'un tore accompagné de deux scoties. Partout les clés de voûte
sont largement percées. Des colonnettes engagées reçoivent en
■^
453
porte-à-faux, sur un tailloir pentagonal, la retombée des arcs
doubleaux, des ogifs et des formerets. Les chapiteaux sont fort
simples : un simple rang de crochets très peu épanouis. Les
extrémités inférieures des colonnettes sont garnies d'une petite
moulure ronde et d'un cul-de-lampe composé d'une feuille plus
ou moins découpée.
Ce qui nous ferait croire volontiers que la tour (excepté sa
base) et la chapelle du sud ont été ajoutées à l'édifice à une date
postérieure, c'est que les membrures des voûtes, au lieu d'être
aussi simples que dans la nef, nous présentent une figure com-
posée de scoties et d'un tore sur lequel est superposé un réglet.
Il ne faudrait pas toutefois penser que nous voulions rajeunir de
beaucoup ces parties de l'église, mais il nous semble que l'on
pourrait légitimement en reporter la date vers 1290, ce qui les
ferait d'une vingtaine d'années postérieures à l'achèvement de
la nef.
Nous avons dit que le rez-de-chaussée de la tour, transformé
en chapelle, s'ouvrait sur la nef par un arc surbaissé ; le premier
étage, qui sert aujourd'hui de tribune, s'ouvre également par un
grand arc, mais non surbaissé. Les voûtes ont reçu le même
genre de supports que celles de la nef.
L'ouverture sur la nef de la chapelle du sud est un peu difie-
rente. En effet, tandis que dans le rez-de-chaussée et le premier
étage de la tour l'arc naît directement du mur, ici il repose sur
des colonnettes engagées en porte-à-faux, aux chapiteaux sim-
plement épannelés et munis de tailloirs volumineux.
n ne nous reste à parler que des fenêtres ^ et des vitraux qui
les garnissent, ou plutôt de la façon dont ces vitraux sont montés ;
car, pour les vitraux eux-mêmes, il en reste si peu d'anciens
qu'on ne peut les mentionner que pour mémoire.
Les fenêtres sont ébrasées au dedans et au dehors et séparées
en deux lancettes par des meneaux épannelés que surmonte une
rose de petites dimensions et sans aucune moulure. Cette rose est
remplie d'une engrêlure en forme, soit de trèfle, soit de quatre-
feuille. Par une bizarrerie dont on ne connaît que fort peu
d'exemples, ces baies, au lieu de recevoir des verrières occupant
1. Le pavage de l'église a dû être refait à une époque moderne; il se compose
de dalles de petites dimensions; nous n'y avons relevé aucune inscription.
toute la hauteur des lancettes, ont été remplies de plaques de
pierre percées d'ouvertures en trèfles ou en quatrefeuiÛes, super*
posées au nombre de huit. Ce ne sont point des dalles d'une seule
pièce, les grandes dimensions des baies ne l'ayant poiut permis,
ce sont des dalles de différentes grandeurs soigneusement appa-
reillées. Chacune des ouvertures en trèâe ou ea quatrefeuUle a
reçu une garniture de vitraux.
On n'a certainement point, en choisissant ce mode bizarre de
clôture, obéi à un sentiment de recherche, mais on n'a probable-
ment fait que suivre un usage local. On pourrait objecter que ce
mode de remplage n'est peut-être qu'une addition postérieure,
une fantaisie de quelque maçon du pays, car toutes les fenêtres
de l'église ne po^èdent pas cette garniture. £n effet, la fenêtre
qui éclaire le chevet et la petite baie qui est au-dessus du bras
droit du transsept ne l'ont pas. Mais nous pensons que, de
ces deux fenêtres, celle du chevet au moins l'a possédée ; pour
l'autre, nous avons déjà dit que nous croyons voir là des traces
d'un remaniement un peu postérieur à la construction de la nef;
cette fenêtre a si peu de hauteur qu'on a pu y encastrer une
armature en fer, garnie de vitraux, de forme circulaire, qui est
tangente à la fois à la base et aux deux côtés de l'arc qui la
termine ; elle n'a donc pas les proportions des autres fenêtres.
De plus les fenêtres deNajac sont démesurément grandes, comme
le voulait l'emploi d'un pareil système; car il n'entre que fort
peu de jour par chacune des ouvertures en quatrefeuiUe et néan-
moins la dimension des baies a permis de répéter ces ouvertures
tant de fois que l'église est fort bien éclairée.
Ce fait était considéré comme à peu près unique par M. de
Caumont'. VioUet Le Duc* cite les fenêtre de l'église de Fenioux
enSaîntonge, du xn* siècle, comme présentantla même anomalie;
mais les fenêtres de cette dernière ^lise offrent une série de
cercles entrelacés, sculptés sur les dalles, d'un assez beau travail.
Le m6me &it aurait été constaté dans quelques ^lises d'Au-
vergne du XI* siècle. En Espague, à Gijon, nous retrouvons le
même système, et là aussi le dessin est assez compliqué*. A
l. Ci»nBTèi archéologique tte 1863, p. 1fi3,
Z, itmiottiutàn! foùonnc' d'ar<Mteclure, t. V, p. 371.
llUrf, <UMË£ ISaO, l. XXI, p. 68 (figure).
<55
Najac, rien de pareil, le travail est des plus frustes et nous pen-
sons bien être là en face de l'œuvre de Bérenger Jornet^
Tous les vitraux des fenêtres, sauf quelques rares fragments
dans une des lancettes de la seconde fenêtre du flanc droit, sont
modernes. Ce ne sont que des verres de couleur où le vert, le
rouge et le bleu essayent de faire bon ménage sans toujours y
parvenir. Quant aux rares fragments anciens, il serait, croyons-
nous, téméraire de leur assigner une date, tant ils sont de petite
dimension.
La rose de la façade, plus heureuse, a conservé une grande
partie de ses vitraux; mais, par un hasard des plus malencon-
treux, il ont été démontés et, qui plus est, mal remontés; c'est
une véritable scène de carnage : là une tête, ici une jambe, ail-
leurs une main. Malgré leur mauvais état, nous avons cru recon-
naître que ces vitraux doivent être attribués à la première moitié
du XVI® siècle. Quant au sujet, tant que les personnages n'auront
pas retrouvé leurs membres respectife, nous renonçons à deviner
quel il pouvait bien être.
Disons en terminant un mot du mobilier de l'église. On montre
dans la sacristie une croix en vermeil couverte de filigranes et
ornée de verroteries. Le travail en est lourd, assez grossier, les
branches sont terminées par des fleurs de lys. On ne peut
guère en faire remonter la fabrication plus haut que le xv® siècle.
Elle fut, dit-on, donnée à l'égUse de Najac par un seigneur de
Gorbières*. Dans un coin de l'église se trouve relégué un pied de
cierge paschal qui, à notre avis, sans être une œuvre de fer-
ronnerie bien fine, est pour le moins aussi curieux que la croix.
C'est une cage en fer légèrement conique, d'un mètre de haut et
de 35 cent, environ de diamètre. Sur les montants verticaux sont
attachés au moyen de bagues une série de pièces recourbées en
forme de C, qui, par leur répétition, forment un grillage du meil-
leur efiet; une petite porte ornée de la même façon s'ouvre à la
base de la cage et permet de nettoyer la pointe sur laquelle s'im-
1. Nous n'avons pas besoin de rappeler que ce même mode de clôture se
retrouve en Italie dans d'assez nombreuses égUses, en général fort anciennes.
Nous voulons simplement constater son extrême rareté en France.
2. Le château de Gorbières était situé sur l'Aveyron, au-dessus de Najac. Sur
la généalogie de cette famille, voyez de Barrau, Documents historiques et généa-
logiques sur les familles de Rouergue^ t. I, pp. 607-608.
456
plante le cierge. Cet ustensile peut remonter à la fin du xiv*" ou
au commencement du xv* siècle.
C'est tout ce que renferme l'église de Najac ; point de bénitier,
de fonts baptismaux qui méritent d'être mentionnés ; toute cette
partie du mobilier est moderne.
Voilà ce que nous avons recueilli sur Saint-Jean de Najac. Cette
grande église rurale, assez pauvre, pour ne pas dire plus, valait
pourtant, croyons-nous, la peine d'être signalée à l'attention des
archéologues et des historiens : aux uns parce qu'on connaît
exactement la date de sa construction et qu'elle présente plusieurs
particularités intéressantes; aux autres à cause des circonstances
qui se rattachent à sa fondation et qui en font un monument
historique.
• Auguste et Emile Molinier.
{La fin au prochain numéro.)
CATALOGUE
DE LA
BIBLIOTHÈQUE DE UABBÉ ADSON
DE MONTIER-EN-DER
(992)
Les renseignements biographiques que nous possédons sur l'abbé
Adson de Montier-en-Der se réduisent à peu près au seul témoignage
d'un chroniqueur anonyme de la même abbaye, qui écrivait un
demi-siècle après lui ^ Né dans les premières années du x^ siècle, aux
environs de Saint-Claude, Adson fut élevé dans l'abbaye de Luxeull
et devint bientôt écolâtre de Saint-Epvre de Toul. De cette abbaye il
passa dans celle de Montier-en-Der quand un autre moine de Saint-
Epvre, Albéric, y fut appelé comme abbé, et à la mort d'Albéric,
vers 968, il fut élu à sa place. Quelques années après il entreprenait
la conversion d'Hilduin, comte d*Arcis-sur-Aube et frère de Manassé,
évêque de Troyes, qui s'était signalé par ses brigandages. Un pèle-
rinage à Jérusalem fut une des conditions de la pénitence imposée à
Hilduin, et Adson s'offrit à l'accompagner, imitant en cela l'exemple
de saint Bercher, Tun des patrons de Montier-en-Der, qui avait
accompagné de même Waimer, F un des meurtriers de saint Léger.
Us s'embarquèrent vers 992 pour Babylone d'Egypte (le Caire),
mais Adson tomba malade pendant le voyage et mourut en mer.
1. De diversis casibus Dervensis eœnobii et miraeulis S. Bercharii, Mabil-
lon, AA. SS. 0. S, B. II, 849-850.
458
près d'une île que le moine anonyme appelle Astilia*, où il fui
enterré.
Le goût d'Âdson pour les lettres anciennes était déjà connu, et le
catalogue de ses livres, qu'on lira plus loin, ne fera que confirmer
la réputation d'érudit qu'il avait de son temps. Deux lettres de
Gerbert nous montrent le soin qu'il mettait à former une biblio-
thèque, et Tune d'elles, adressée à Tarchevêque de Reims, Adalbéron,
mentionne un ouvrage, l'Histoire de Jules César, qui ne se trouve
point dans la liste des livres qu'Adson possédait au moment de sa
mort*.
L'inventaire de ces livres, dressé par les moines de Montier-en-Der
après le départ de leur abbé pour Jérusalem, nous a été conservé à
la fin d'un martyrologe d'Usuard, dans le ms. latin 5547 de la
Bibliothèque nationale ^. A ne considérer que le nombre des volumes
qui y sont mentionnés, ce catalogue est peu important, mais le genre
des ouvrages, presque tous étrangers à la théologie, et la date à
laquelle il a été rédigé le rendent des plus intéressants. Sur vingl-
trois ouvrages dont il donne le détail, quatorze sont des classiques
ou des commentaires de classiques, et on n'y trouve guère que trois
volumes de théologie pure. Les manuscrits y sont souvent désignés
d'une façon assez sommaire, comme c^est Thabitude dans les an-
ciens catalogues, et il ne sera peut-être pas inutile de faire suivre
la liste des livres d'Adson des quelques notes qu'on trouvera plus
loin.
H. Omont.
1. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, qui ont consacré une assez
longue notice à la vie et aux œuvres de Tabbé Adson (t. VI, p. 471-492), pensent
qu'il fut enterré à Stampaiia (ou Istampalia), lie de la mer Egée.
2. Gerbert, Œuvres, éd. OUeris, ep. 54; ep. 76, ad Adalberonem Bemorum
archiepiscopum : c Historiam Julii Cœsaris a domino Azone abbate Dervensi ad
rescribendum nobis acquirite. i
3. Il en existe une copie, faite par Mabillon, dans le ms. latin 11902, fol. 281.
— Le martyrologe à la fin duquel a été écrit ce catalogue contient un assez
grand nombre de notes historiques sur Tabbaye de Montier-en-Der, écrites aux
XI* et XII* siècles. Sur l'ayant-demier feuiUet on trouve aussi la liste des livres
qui servaient à la lecture des moines :
c Hi sunt libri coUationum legendi.
c I. Dialogorum. — II. Vitas patrum. — III. Isidorus. — IIII. Ëxameron. —
V. Encheridion. — VI. Ambrosius de sacramen^is. — VII. Johannes Hele-
mosinaris. •— VIII. Pastoralis. — YIIII. Pia ftionachorum coUaNo. —
X. Alcbuinus. »
459
Hii SUNT useri domni abbatis adsonis, quos in arga eius
RBPPERIMW^, POSTQUAm JPSE HIBROSOLIMAm PETIIT.
I. Hisagogae Porphirii.
II. Gathegoriae Aristotelis.
III. Item cathegorioe sanc^i AagusUni.
IIII. Quidam libellas de .x. cathegoriis sine inscriptione.
V. Rethorica Tullii.
VI. Seruiu5 super Virgilium.
[VII-]VIII. Terentii .IF.
VIIII. SeduUu6f .1.
X. Ambrosiu5 de sacramentis.
XI. Vita sanc^i 3ohannis elemosinarii.
XII. Moridach super Donatum.
XIII. Quidam libelliez in quo sunt praetitulati omnes
Terentiani tituli.
XIIII. Expositio super .x. eglogas Virg^7^^, et super
georgica.
1.-2. VIsagoge de Porphyre, E\<Tay(ùyr\ mpi TâvnévTE qpovcov, appelée dans les
éditions E\(Tayuiyr\ sic xàç 'ApicrroTéXQuc xan^yopiaç, titre qui indique mieux le
contenu de Touvrage mais n'est pas celui de l'auteur, et les Catégories (Prxdica-
menta) d'Aristote ont été traduites vers le iy« siècle par Victorinus et Boèce,
d'après Isidore (Origines, II, 25, 26). C'est cette traduction qui a seule été
connue pendant une grande partie du moyen âge.
3. Parmi les œuvres supposées de saint Augustin se trouve un c liber de X.
categoriis i , attribué quelquefois à Yegetius Praetextatus.
4. Ces Catégories anonymes sont peut-être l'œuvre de Jean de Melrose (Joannes
Scotus),
5. Sous le titre de Rhetorica le moyen âge a compris deux ouvrages différents,
dont l'un est de Cicéron, les libri II de inventione (Rhetorica vetera), et l'autre
lui était alors attribué^ les libri IV rhetoricorum ad C. Herennium (Rhetorica
nova), ainsi appelés d'après Tépoque de la vie de Cicéron à laquelle on croyait
qu'ils avaient été composés. On les trouve souvent réunis dans le même manus-
crit sous le titre de Rhetorica vetera et nova,
11. C'est probablement la vie de saint Jean TAumônier, patriarche d'Alexan-
drie (t 676), écrite en grec par LeonUus et traduite par Anastase le Bibliothécaire.
12. On ne trouve mentionné nulle part ce commentateur de Donat Le cata-
logue de l'ancienne bibliothèque de l'abbaye de Saint-Ëpvre de Toul, rédigé au
XI" siècle et publié dans le Neuer literarischer Anzeiger (1807, p. 65-76), donne
le titre d'un commentaire de Donat : c Vuidrac super Donatum, vol. I », qui
pourrait bien être le même que celui de Moridach,
13-14. Ce commentaire anonyme sur Térence parait être celui de Donat. Le
460
XV. Euticius .1.
XVI. Quidam libella* quem Martinellu/w Dominant.
XVII. Glosarius .i. fer alfabetum.
XVIII . Item glosariu5 sup^r Martianum de nuptiis phylolo-
giae.
XVIIII. Beda de metrica ratione.
XX. Historia cuiw^dam Freculfl Luxoviensis.
XXI. Declinationes .1.
XXII. Expositio Haimonis sup^ efistolam Pauli ad Ro-
manos,
XXIII. Excerpta ex libris Pompeii Festi.
suivant sur les églogues et géorgiqoes de Virgile est sans doute celui de Junius
Philargyrius, publié par Fulvius Ursinus à la suite du Kalendarium FamesiOr-
num (Rome, 1587, in-8*), ou celui de Yalerius Probus publié pour la première
fois dans l'édition de Virgile (Venise, 1507, in-fol.).
15. Eutychjus (et non Eutyches) est l'auteur de deux livres De discernendis
conJuraiionibtLSy imprimés dans le Corpus grammaticorum latinorum de Lin-
demann (I, 149-198).
16. On a désigné au moyen âge sous le nom de Martinellus un recueil de diffé-
rents opuscules de Sulpice Sévère concernant saint Martin de Tours, qu'on trouve
ordinairement disposés dans l'ordre suivant : 1* Vie de saint Martin. — V Trois
lettres à Eusèbe, Aurèle et Bassula relatives à saint Martin. — 3* Dialogues en
trois livres sur les vertus de saint Martin. — 4*' Vers et épitaphes en l'honneur
de saint Martin. — On y a joint quelquefois de petits traités de saint Martin ou
de Grégoire de Tours. Les manuscrits latins 5580-5583, du x' siècle, entre autres,
sont des Martinelli. C'est aussi sans doute le même ouvrage que l'on trouve
mentionné, sous le nom de Martinulus, dans le catalogue d'une bibliothèque
indéterminée, écrit au xi* siècle, et qui se lit au fol. 154 v* du manuscrit
latin 943 de la Bibliothèque nationale. Dans le nécrologe de la cathédrale de
Paris (Bibl. nat., ms. latin 5185 c. c], on voit aussi que l'évéque de Paris
Thibaud (f 1157) légua au trésor de la cathédrale c très libros, duos passionales
et unum qui dicitur Martinellus. » Carpentier a identifié à tort ces deux manus-
crits avec la chronique de Martinus Polonus. (Voy. Du Gange, art. Martiniana.)
18. C'est sans doute le commentaire sur Marcianus Capella de Rémi d'Auxerre,
ou bien celui de Jean de Melrose. (Cf. Labbe, Nova Biblioth, mss, librorum,
1653, 4% p. 45.)
20. La Chronique de Fréculphe, évéque de Lisieux {Lexoviensis).
23. L'abrégé de Festus par Paul Diacre.
ÉTUDE SUR LE RYTHME
DES
BULLES PONTIFICALES
La prose d'un grand nombre de bulles pontificales est
rythmée. En d'autres termes, elle vient frapper Toreille, à de
certains intervalles, par le retour de syllabes accentuées, de sons
forts, dont la place et le nombre sont déterminés.
Étudier les lois de ce rythme, plus large que celui de la versi-
fication, bien reconnaissable d'ailleurs, et intéressant au double
point de vue de la littérature et de la diplomatique, tel est l'objet
de ce travail.
On envisagera, d'un côté, la théorie, de l'autre, l'application.
Les règles de nombre, enseignées dans les traités du temps et
exposées selon le langage de l'école, rempliront un premier cha-
pitre ; un second, plus spécialement consacré à la diplomatique
pontificale, montrera dans quelle mesure et à quelle époque ces
préceptes ont été observés dans la chancellerie des papes ^
J'aborde d'autant plus volontiers cette étude, qu'elle me semble
répondre, très incomplètement il est vrai, à un vœu exprimé par
1. Il faudrait également étudier l'application de ces règles dans les chartes et
autres textes où elles furent observées. Ce cadre eût été trop vaste : j'ai dû le
restreindre quant à présent^ souhaitant de pouvoir plus tard revenir sur ce
sujet, et surtout désireux de provoquer d'autres recherches, d'autres études
moins imparfaites.
Je traite ici une matière que je n'avais fait qu'effleurer dans un mémoire,
présenté naguères à la Faculté des lettres, et dont mon confrère et ami,
M. Joseph Tardif, a donné aux lecteurs de la Bibliothèque une trop indulgente
analyse. Je ne saurais mieux faire que de m'associer aux très justes critiques
dont ce travail d'ébauche a été récemment l'objet de la part d'un juge des plus
compétents. (V. Revue critique, 1881, p. 324.)
H2
M. PaulMeyer. Quand parut, en 1868, Y Histoire des doctrines
grammaticales au moyen âge S notre savant confrère fut jus-
tement frappé de l'intérêt qu'offraient certains passages relatifs
au nombre* ; il parla d'un « secours inattendu », que la diploma-
tique pouvait trouver dans ces textes, et réclama, sur ce sujet,
une « étude toute spéciale » : « On comprend, disait-il, de quel
instrument précieux la critique sera pourvue, lorsqu'on aura
déterminé l'époque où le cursus (le rythme prosaïque) se montre
pour la première fois et les combinaisons employées par chaque
auteur 3. »
CHAPITRE PREMIER.
THÉORIE.
§1.
Chez les anciens, le mot cursus s'appliquait parfois aU dis-
cours, pour exprimer l'idée d'un flux de paroles, d'une harangue
débitée d'un trait, sans interruption ni pause : on en pourrait
trouver plus d'un exemple dans Cicéron^, dans Quintilien^.
Tout autre est la métaphore chez les grammairiens du moyen
âge. Le cursus n'est plus la marche accélérée du discours, il
signifie l'harmonieuse succession des phrases, comme si l'habile
agencement des mots selon les règles du rythme donnait à tout le
discours une allure plus vive, et comme si, en bannissant du style
les dissonances, les imperfections de nombre, on lui imprimait,
1. De M. Ch. Thurot. Notices et Extraits, t. XXII, 2« partie.
2. Seconde partie, chap. VII, § x, p. 480-485. Les textes cités sont de Buon-
compagno, de Ponce le Provençal, de Laurent de Rome et de l'auteur du Can-
delabrum.
3. Revtte critique, 1870, p. 220.
4. De Oratore, l, 35 : « Tantus cursus verborum fuit, et sic evolavit oratio,
ut... »
5. Instit. Orat., IX, § 4 : c Sed omnes ii (s. eut. pedes) qui in brèves exci-
dunt minus erunt stabiles, nec alibi fere satis apli, quara ubi cursus orationis
exigitur, et clausulis non intersistitur... Quaedam etiam clausulae sunt claudse
atque pendentes, si relinquantur : sed sequentibus suscipi ac sustineri soient ;
eoque facto, vitiura quod erat in fine continualio emendat : Non vult populus
romanus obsoletis criminibus accusari Verrem : duruni, si desinas; sed quum
est continuatnm ils quae sequuntur, quanquam natura ipsa divisa sint, nova pos-
tulat, inaudita desiderai, salvus est cursus. » Cf. ibid., VIII, proœm., g 27, IX,
? 2, et X, g 7.
463
par là même, un mouvement plus rapide : « Cum artiûcialiter
dictiones locantur, currere sonitu delectabili per aures videntur
cum beneplacito auditorum*. » Un arrangement des mots con-
forme aux règles de l'harmonie, « artificiosadictionum structura»,
s'appelle donc cursus au moyen âge, terme connu dès le xn® s. *,
dont l'usage n'avait peut-être pas encore prévalu, suivant la
remarque de M. Thurot^, au commencement du xin®, mais qui
ne tarda pas à être employé communément dans tous les manuels^.
§2.
Avant de jqous engager, à la suite des professeurs du moyen
âge, dans cette région peu explorée de la grammaire, sachons où
ils veulent nous conduire. Et d'abord, pour qui écrivent-ils leur
théorie du cursus ?
Les traités intitulés JDictamen, Ars dictandi, Summa die-
taminiSy et dans lesquels sont ordinairement énoncés les pré-
ceptes relatifs au nombre, difièrent, on le sait, des traités de rhé-
torique, en ce qu'ils ont pour unique objet l'art d'écrire. Les
genres métrique et rythmique, c'est-à-dire les deux versifications
qui ont subsisté côte à côte pendant toute la durée du moyen âge,
y sont définis en deux mots ; la prose y reçoit seule d'amples
développements. J'emprunte cette expression de « prose » au
« magister in dictamine » : en fait, le maître restreignait beau-
coup plus le cadre de son enseignement et se bornait à exposer
les lois du style épistolaire. Il est bien entendu que diplômes,
chartes, bulles, privilèges, toutes lettres authentiques, en un
1. BuoncompagQO, pass. cité par M. Thurot, op, cit, p. 480.
2. Forma dictandi de Grégoire VIII, Bibl. nat., ms. ialin n* 2820, f» 58 r».
3. Ârgoroent tiré de cette phrase de Buoncompagno : « Appositio, que dicitur
esse artificiosa dictionum structura, ideo a quihusdam cursus vocatur. » Op.
City p. 480.
4. Tel est le sens le plus général du mot cursus. J'avoue cependant que cette
définition ne convient pas également à tous les textes que j'ai sous les yeux. Dans
un passage de M" Gui, qui fut imité ou reproduit par W Guillaume, par Ponce
le Provençal et par l'auteur du Candelabrum (V. M. Thurot, op. cit., p. 480 et
suiv.), le vrai sens de cursus me paraît être la manière dont sont accentués les
mots : c Non enim hos pedes judicamus in prosa juxta metricam rationem, sci-
licet secundum correctionem (^tses ; correptionem) et productionem, ex cursu
vero tantum quem habent dictiones. » Bibl. nat., ms. latin n** 8653, f*" 24 r%
col. 1.
464
mot, rentraient dana ce programme d*études, aussi bien que les
lettres privées. C*est au milieu de dissertations sur l'adresse,
Texorde et autres parties de Tépître, qu'il faut chercher Fenoncé
plus ou moins succinct de la théorie du curstts. Cette circons-
tance seule donnerait à penser que les lois du nombre régissaient
exclusivement le style des lettres et des chartes.
Mais il y a plus : Jean TAnglois, un auteur de la seconde
moitié du xiif siècle, n'attribue qu'à « certains notaires », ou
rédacteurs d'actes, l'habitude d'observer le cursus. Quant aux
autres écrivains, ajoute-t-il (et dans cette dernière catégorie, il
comprend tous les auteurs didactiques, en particulier les rédac-
teurs de Dictamina), s'ils veulent parer leur prose. d'ornements
poétiques, ils usent du style cicéronien, stylo Tulliano, lequel
ne repose nullement sur la cadence^ mais bien sur les figures
de mots et sur les figures de pensées *. Même observation dans
un traité du xv* siècle * : l'emploi du cursus est le privilège des
notaires, notariorum in curiis ; ils rompent avec la tradition
des Quinte-Curce, des Valère-Maxime, des Quintilien et autres
grands prosateurs, dont le style empruntait tout son lustre aux
figures de rhétorique ^. De là aussi la règle nettement affirmée par
un maître qui semble avoir écrit sous le règne de Louis le Hutin^:
1. C'est ainsi, je pense, qn'il faut entendre la phrase un pea obscure de Jean
TAnglois : c In stiio TuUiano non est observanda pedum cadentia, set dictionum
et sententiarum coloratio : quo stilo utuntur vates prosayce scribentes et magis-
tri in scoiasticis Dictaminibus. Hnjusmodi non est assignandum exemplum, quia
quasi curreret in infinitum. » Ludw. Rockinger, Briefsteller und Formelbiicher
des eilften bis vierzehnten Jahrhunderts, dans les Quellen und Ercerterungen
zur bayerischen und deutschen Geschichte, 1863, t. IX, 1'* partie, p. 501.
2. Bibl. nat., ros. latin n" 14175. Parmi les personnages dont l'auteur cite les
noms, se trouve (f' 29) l'électeur de Saxe, Frédéric le Belliqueux, landgrave de
Tburinge et marquis de Misnie (1423-1428).
3. Fol. 18 ¥<" : c Stilli prosayci sunt IV : TuUianus, videlicet quo utuntur
actores prosaïce scribentes, sicut Quintus Ruffus, in Hysioria Alexandri,
Yalerius Maximus, Quinti[li]anus, in Declamationibus suis, et alii quasi infiniti
sunt. Isto autera stilo solum observatur vocum et sententiarum coloratio, que fit
per colores rethoricos : qui, licet necessarii sint dictatori, necnon et scriptori-
bus universis, scripta {sic) sunt volentibus decorare et ornatus jocunditatem
debitam observare... »
4. Il cite les noms de G., connétable de France (= Gaucher de Ghâtillon,
1302-1327), de P., archevêque de Sens (= Philippe, 1309-1316), d'A., cardinal-
évéque d'Albano (= Arnold d'Auch, 1312-1320), de L., roi de France (= Louis X,
1314-1316), et de L., empereur (= Louis V, 1314-1347).
465
au genre épistolaire appartient une langue spéciale, participant à
la fois de la prose et des vers *.
Ainsi donc , en principe*, les chartes et les lettres sont seules
sujettes à se prêter aux combinaisons du cursus ; encore faut-il
excepter la première phrase, celle qui contient le salut, sans
doute parce que les nécessités de la formule et les exigences de la
mode n'y laissaient aucune latitude à la fantaisie du rédacteur.
§3.
Cette première remarque est loin de satisfaire notre curiosité.
Grâce aux Dictamina, la théorie du cursus a pu s'étendre, se
propager et s'appliquer, d'une manière générale, au style des
correspondances et des chartes; mais, à coup sûr, elle n'a pas'
eu tout d'abord cette portée : laite pour une contrée, pour une
chancellerie peut-être, elle a commencé par exercer, dans un
cercle plus restreint, une influence toute locale. C'est le secret
qu'il faudrait maintenant arracher aux professeurs de cursus,
en soumettant leurs traités à un examen minutieux.
Si, comme l'établissent de récents travaux, les Dictamina
ont paru en Italie ^ longtemps avant de se répandre, soit en Alle-
1. Bibl. nât., ms. latin n" 11384, f* 94 r : c In hoc vero dlctamine litterato-
rio, quod nec est ex toto prosaycum, nec ex toto metricum, sed uirumque par-
ticipât... » JDictamen litteratorium a ici le même sens que dictamen litterarum
qui se trouve dans la première phrase de ce traité (f* 91 r).
Cf. M** Ludolfe, qui dit en expliquant Tune des règles du cursus : n Circa
quem finem quid in litteris sit regulariter observandura, hec est régula,
quod... » (Rockinger, Quellen und Erœrterungen, 1. c, p. 370. Cf. une autre
rédaction du même traité dans le ms. latin n* 11385, f* 6 v**, de la Bibliothèque
nationale.)
2. n faut insister sur ces mots en principe; car, en fait, bien des textes
n'appartenant à aucun titre au genre épistolaire et répartis entre les diverses
époques du moyen âge sont soumis aux lois du nombre. Qu'il me suffise de
citer le Dolopathos, dont certaines parties sont rythmées, suivant la très juste
remarque de M. Gaston Paris. {Romania, t. II, 1873, p. 496.)
3. M. Rockinger a publié une curieuse dissertation sur l'enseignement de l'art
épistolaire en Italie : Ueber die Ârs dictandi und die Summae dictaminum in
Italien, vorzugsweise in der Lombardei, vom Ausgange des eilften bis in die
zweite Hœlfte des dreizehnten Jahrhunderts, {Sitzung der historischen Klasse
der Akademie der Wissenschaften vom 19 jœnner 1861, Miinchen, p. 98-151.)
Cf. le très important mémoire de M. Wattenbach, Ueber Briefsteller des Mittel^
allers. {Archiv fur Kunde œsterreich, Geschichtsqv^ellen, t. XIV, p. 29-94.)
I«$
Biaçse. w«tflD Frmoe^ su imianearsitt la rédaction dnpreniier
lP¥!tani/^i. fr&ueaië (je n'en ocomsâs pas (Tantérieiir a« légne de
PiuùffO'Xuçwâje ^ j, IHabe ponâdbdt €t fisait les «eorres <f Avlvr
do ManMIisBaixL ai les àocinDf» proiesBèes sur le strie «pisUn
laire osA f&ssê les flaoots rers la fin du xn*" sîède, par 1211e sorte
d'isTafikni (xmparafale à celle qui s'âcoomplissait. aa nkéme
axnxneaU acms rîTifluenoe de rêoole bcdonaise. et întrcMiBisaît dans
les cours da Nord la légklatiaD de Jnstinkii. il est natorel de
fesijser que la tlièahe da cursus, jointe hal»tuellemeiit aux règles
du fitjle ^istcdaire, eA, comme les manuels de œt art. origi-
naire dUtafie^ GepeDdant ni Aubry', ni Hugues de Bcdogne^
qui éenvait dans le premier quart dn xn* siède, ne font mention
en cursus.
Francfaiisons on intarvaUe de plus de cinquante ans, et nous
trourercpos, pour la première 6»s, l'énonoé des kns rythmiques
dans on fort curieux opuscule intitulé : Forma dictandi quam
Rome notariés instituU rnagisier Albertus, qui et Grego-
rius Vil I papa.
Bien qu'inédit, cet ouTrage n a pcHnt échappé aux redierches
de tcws lés savants : témoins Du Cange ^, Mansi*, MM. Watten-
baeb' et Rockinger*, qui le rangent à sa place parmi les traités
\, Ut premier me parait être VArs dictandi Amrelianensù^ qii!a inipriné
AcKkiiiger. [Op. eii., p. 103-1 14-) Il est suÎTi de très près par le traite dn ms.
latJA tr 994 (^ 30), par le Dictamen de Bernard de Memig, doot WatlenlMch a
dooBé l'analyse {Reise nach OesUrreiek in, den Jahren 1S47, 1848, 1849 :
Pertz, Archiv, t. X, p. 557), par les deax Summar dicUtminis des mss. latins
tt*' 1093 et 14193, par la Summa d/s epistoUs dUtandis de M* Gni (ms. latin
o* 8fô3), et enfin par le Dictamen dn ms. latin n* 8566.
2. Ce fait n'est pas contredit par la présence de trois Orléanais, Jean, GniU
lanme et Robert, dans la chancellerie pontificale, sons les règnes d'Alexandre 111
et Lncias IIL (Mag. Stéphane, abbatis S. Genovefœ Paris, et episcopi Tomae.,
episMœ, éd. Cl. du Molinet, ep. LXV et LXXXV, p. 84 et 126.) Ces notaires
avaient pn étudier la rhétorique dans les célèbres écoles d'Orléans (cf. M. L. De-
lisle : le$ Écoles d'Orléans au xn' et au xm* siède, dans VAnnuaire4mUetin
de la Soc. de VHist. de France, 1869, t. YII, p. 143) ; rien ne prouve qu'ils y
aient appris l'art de rédiger conformément au rythme les lettres pontificales.
3. Rockinger, Quellen v/nd Eroerterungen, 1. c, p. 9-46.
4. Ihid., p. 53 et sniv.
5. Il le cite sous le titre de c liber De stylo Romani dictaminis, çui adseri-
hitur Gregorio VIII papœ. » [Glossarium, v* Dictamen.)
6. Fabricius, Bihl. med. et inf. latinit, Palavii, 1754, t. III, p. 96.
7. Archiv fur Kunde œsterreich. Geschichtsqu., t. XIV, p. 55.
8. c Von ihrem Betriebe beispielsweise an der paebstlichen Curie zeugt ja
467
italiens, mais qui malheureusement n'en connaissaient que le
titre, les uns pour Tavoir lu dans une lettre d'Hugues, religieux
prémontré S les autres pour l'avoir rencontré au tome VII (p. 43)
de VArchiv de Pertz.
Transcrit par un copiste du xii® siècle ^ l'opuscule en ques-
tion occupe le fol. 58 v^ du manuscrit latin n° 2820 à la
Bibliothèque nationale. A en juger par le titre, dont l'écriture est
également du xif siècle, la Fo7^ma dictandi n'est autre que
l'ouvrage, ou plutôt une portion de l'ouvrage, dont Hugues le
Prémontré faisait parvenir un exemplaire à Simon, chanoine de
Saint-Éloi-Fontaine, vers la fin du mois de juin 1218: « Verum,
quoniam nullum oblectamentum meum, quod non participaret
mecum tua dilectio, integrum arbitrarer, compilationem a me
factam et Summam unam a sanctœ recordationis Grego7*io
papa VIII (sicut dicitur) editam de stylo romani dictami-
nis,,. tibi censui transmittendas ^. » Il n'y a, en vérité, aucun
motif d'en suspecter l'authenticité, en présence de deux témoi-
gnages aussi vénérables que celui du manuscrit et celui d'Hugues
le Prémontré, l'un presque contemporain de Grégoire VIII, l'autre
postérieur de trente et un ans à sa mort. Avant son court passage
sur le siège pontifical, Grégoire, alors connu soi;is le nom d'Al-
bert de Morra, était chancelier de l'église romaine, et, comme
tel, expédiait les privilèges des papes Alexandre III, Lucius III,
Urbain III ^ ; de 1178 à 1187, il eut la haute main dans la rédac-
tion des bulles, en sorte que ses fonctions lui faisaient un devoir
d'enseigner aux notaires, ses subordonnés, le style de la cour de
Rome: le ms. latin n° 2820 prouve seulement qu'il ne se bornait
pas à leur adresser des recommandations orales. De cet important
deutlich genug die Formula dictandi quant Romœ notarios docuit magister
Albertus, ç^i et Gregorius VIII papa, naeiuLich im Jahre 1187. > {Ueber die
Ars dictandi und Summae dictaminum in Italien, p. 133.) Cf. QueUen und
Ercerterungen, l. c, p. xxvin.
1. Mansi en fait l'aveu. Du Gange se sert des expressions mêmes d'Hugues le
Prémontré.
2. C'est à torl que VArchiv de Perlz (t. VII, p. 43) indique le ros. 2820 comme
étant tout entier du xit** siècle.
3. Car. Lud. Hugo, Stivaggensis abbas, Sacrce antiquitatis monumenta, Sti-
vagii, 1725, in-fol., t. I, p. 1.
4. Du 22 février 1178 au 22 juiUet 1181, du 28 septembre 1181 au 7 mai 1184,
du 21 décembre de la même année au 11 novembre 1185, enfin du 15 mars 1186
au 13 octobre 1187. (V. Jaflfé, Reg, Pontifie, Romanor,, p. 679, 835, 855.)
468
manuel, sur lequel il me &udra revenir plus d*une fois, je ne
retiens pour le moment que les premiers mots : « Cursus dictami-
nis Romane Curie taliter observandus est » ; ils semblent éta-
blir que les règles de nombre enseignées par le chancelier aux
notaires étaient uniquement applicables au style de la cour
romaine, et ils fournissent, sinon une preuve péremptoire, au
moins le plus fort des arguments en faveur de Torigine romaine
et pontificale du cursus .
Les auteurs de Dictamina sont malheureusement si peu con-
nus que, malgré mon désir de glisser rapidement sur toute
matière autre que le cut^sus, je me vois forcé d'entrer ici dans
quelques détails au sujet de Transmond, le second des dictatores
qui ait, à ma connaissance, énoncé les règles du nombre. Trans-
mondiÂS * , Trasimundus * , TresmundiLS ^, Treimundtis *,
Tramundus ^, telles sont les formes sous lesquelles son nom se
présente au lecteur dans les manuscrits. Le titre de monachtis
Clarœvallensis^, ou même celui d'abba^ Clarœvallis'' Y y
accompagne quelquefois. Il n'a fallu que jeter les yeux sur la liste
connue des abbés de Clairvaux, pour reconnaître l'impossibilité
d'y introduire aucun Transmond^, mais on a généralement
accueilli avec plus de faveur la première hypothèse, et Daunou
a cru devoir accorder à « Traimond ou Trasimond, moine de
Clairvaux, » les honneurs d'une notice spéciale dans l'Histoire
littéraire de la France^, Sans doute, si l'on pouvait considérer
comme l'œuvre du dictator tous les morceaux transcrits ou édi-
tés sous son nom, son titre de moine résidant à Clairvaux sem-
1. Bibl. Mazarioe, ms. n*585, M r.— Bibl. nat., mss. latins n** 13688, t* 133 r*,
et 11867, f* 15 r. — Bibl. de TÂrsenal, ms. n* 1157 (ancien 99), ff. 49 r*, 57 V,
60 V et 137 V. — Ms. de MiddlehUl n« 337.
2. Bibl. de l'École de médec. de MontpeUier, ms. n* 302.
3. Bibl. nat., ms. latin n* 11382, ^ 115 r.
4. Bibl. nat., ms. latin n* 2820, t" 58 r».
5. Bibl. de Troyes, mss. n'** 1531 et 1452.
6. Bibl. de l'École de médec. de MontpeUier, ms. n* 302. — Bibl. de Troyes,
ms. n* 1452.
7. Bibl. nat., ms. latin n* 13688, f^ 133 r*. Dans le ms. n* 1157 de TArsenal,
le scribe da xiy* siècle avait tracé ces mots : c Explicit Somma fratris Tnuns-
mmidi, abbatis Glarevallis. » Le mot abbatis fut rayé peu de temps après et
remplacé par le mot monachi (V. f* 137 V ; cf. f^ 60 v).
8. Fabricios, Biblioth, med. et inf, latinité ▼" Trasimundus; Dannou, Hisl,
lut. de la Fr., t. xrv, p. 395.
9. T. XIV, p. 395 et suiv.
469
blerait assez bien justifié: radjonction du mot frater au nom
de Transmundus dans la dédicace de deux manuscrits S la
répétition fréquente de formules relatives à Tarchevêque de Lyon,
à î'évêque, au doyen et aux chanoines de Langres, aux abbés de
Cîteaux et de Clairvaux*, le caractère tout spécial des lettres
habituellement jointes au Dictamen^, et dont la plupart inté-
ressent Tordre de Cîteaux S cette circonstance enfin que plusieurs
d'entre elles sont écrites au nom des abbés de Clairvaux, Henri
et Pierre, dans les manuscrits consultés par Du Chesne et D. Tis-
sier 5, seraient autant de preuves à l'appui de la thèse adoptée,
après Fabricius, par Daunou et M. Wattenbach^. Mais on sait
combien les manuels de grammaire ont subi au moyen âge de
fréquentes interpolations. L'œuvre de Transmond, en particulier,
1. Ms. de la Mazarine n* 585 (xiii* siècle), f» 1 r, et ms. de l'Arsenal, n* 1157
(xiv* siècle), f» 49 r* : « Dilectissimo amico suo A., frater Transmundus perfec-
tionem operis et sennonis. » Cette phrase est remplacée par la suivante dans le
ms. latin n« 13688 (f» 127 r") de la Bibl. nat. (xni" siècle) : « Dilectissimo amico
suo A., frater R. salutem et perfectionem operis et sermonis; » ce qui a fait
porter l'ouvrage de Transmond, dans le catalogue manuscrit du fonds latin, sous
le titre de Summa dictaminis auctore R. Même incipit dans le ms. de Middlehill
n** 337 (ziY* siècle), qui cependant parait ressembler beaucoup plus au ms. de
TArsenal qu'au ms. latin n« 13688. (V. Perlz, ArchiVy t. VII, p. 952.)
2. Ms. de la Mazarine n** 585; ms. latin n*> 13688; ms. de l'Arsenal n° 1157.
3. Dans la plupart des manuscrits, cet epistolarium suit le dictamen. Il en
était probablement de même dans le ms. latin n*> 11867 (xiv* siècle), provenant
de Saint- Germain-des-Prés, et dont les premiers feuillets, aujourd'hui perdus,
contenaient sans doute le dictamen.
Ces lettres ont été en partie publiées par D. Tissier {Biblioth. Patrum Os-
terciens., in-fol. 1660, t. III, p. 252-270), Du Chesne {Hist. Franc. Scriptores,
t. IV, p. 477-490) et D. Brial. {Rec. des Histor. de Fr.j t. XV, p. 965
et suiv.)
4. Voici le titre de quelques-unes de ces lettres, d'après le ms. de l'Arsenal.
£p. 2 : Conqueritur ordo Cisterciensis domino Pape super quorumdam mali-
gnantium quassatione. — Ep. 5 : Super eodem supplicatio ad Papam. — Ep. 17 :
Ad dominum Papam, pro violenta manuum injectione in fratres Cisterciensis
ordinis. — Ep. 28 : Ad abbatem Cisterciensem litlera doloris et angustie super
interfectione cujusdam abbatis.
5. Du Chesne connaissait deui mss. des lettres de Transmond, qui lui avaient
été communiqués, l'un par Nicolas Camusat, chanoine de Troyes, l'autre par
Claude de La Fons, avocat de Saint-Quentin. D. Tissier a dépouillé trois manus-
crits provenant des abbayes de Clairvaux, des Dunes et de Foigny.
6. Archiv fUr Kunde œsterreich. Geschichtsqu., t. XIV, p. 55. « In dieselbe
Zeit, das Ende des 12. Jahrhunderts, gehœrt die Thaeligkeit des Transmund von
Clairvaux... »
172
dus\ partout accompagné des mots « Sancte Romane Eccletie
notarius* >. Mais ce chancelier, déchargé pour quelques semaines
de ses fonctions, est Albert de Morra . Transmond, qui le remplace,
est un de ces notaires auxquels s'adressait l'auteur de la Forma
dictandi. Le disciple a donc voulu à son tour élever la voix
dans la chancellerie et, à l'exemple de son maître, enseigner le
style de la oiur de Rome^. Il est impossible, on le voit, de trou-
ver deux ouvrages unis par une parenté plus proche, que la
Forma dictandi de Grégoire VIII et le Dictamen de Trans-
mond : les contemporains eux-mêmes ne s'y sont pas trompés,
ils ont considéré ces deux manuels comme inséparables l'un de
l'autre^. Pour nous, qui recherchons l'origine de la théorie du
rythme, nous nous £^citerons de pouvoir rattacher par de tels
liens à la chancellerie pontificale un des plus anciens professeurs
de cursus, auquel la tradition et la forme, peut-être altérée, de
ses ouvrages assignaient une autre patrie, d'autres fonctions, un
autre caractère. Nous n'en serons que plus disposés à faire
remonter jusqu'à Rome la source de tout ce qui s'est dit et ensei-
gné au sujet du nombre.'
Si, postérieurement au xn*^ siècle ^, des auteurs dépourvus de
tout titre officiel*, ou même étrangers à l'Italie, reproduisent les
1. 16 déc 1185. Bullar. Cluniac, p. 88.
2. Ce fait a été releré par les Béo^ctios {Nouveau traité de diplomatique,
t V, p. 277). Cependant Daanoa et les savants modernes semblent béâter à re-
connaître en ce notaire Fantenr des Introductiones dictandi.
3. ( Obserrandum est insaper Romanorum dictaminom stndîosis... » (BibL
nat., ms. latin n** 2820, f* 59 y*.) — Dictatam tibi, carissime, dictatorie institn-
tionis epistolam ynittoqne Romanorum dictaminom formolam copienti. » (Ms. de
la Mazarine n* 585, f* 1 r*, et antres contenant des remaniements dn xm* on dn
xiY* siècle.) — « Et sic terminandos est Tersns orationis, secondnm Romanum
corsnm. • (Cette dernière phrase est emprantée an ms. latin n* 11382, xm* s.,
f* 115 Y* : le Dictamen de Transmond y est rédigé sons une forme que l'on ne
rencontre nnUe part ailleurs.)
4. On se rappelle comme ils sont réunis dans le ms. latin n* 2820, et les
termes dont se sert le copiste pour faire la transition de l'an à l'antre. Hugues,
secrétaire de Tabbé Gerrais de Prëmonlré, les réunissait également dans l'enToi
qu'il faisait au chanoine de Saint-Éloi-Fontaine.
5. En ce qui concerne la France, les règles da cursus ne figurent dans aucun
Dictamen anlérieor à l'an 1200. V. VArs dictandi Aurelianensis, le Dictamen
de Bernard de Meung et les traités contenus dans les mss. latins n** 994, 1093
(ff. 55-73) et 14193.
6. Tel n'est pas M* Richard de Poffi, qui remplissait, en 1255, les fonctions
d'archiviste (scribarius) du pape Alexandre IV. (Y. Pertz, ArehiVy t. V, p. 449.)
473
règles de Grégoire VIII et de Transmond, ils sauront fort bien
indiquer, d'abord par la fidélité de leur copie, mais aussi par des
déclarations expresses, Torigine de leurs théories. C'est dans un
chapitre consacré au privilège pontifical, que M® Gui, un Orléa-
nais de la première moitié du xm® siècle S abordera la question
du rythme*. Laurent de Rome^ et Ponce le Provençal^ se
feront gloire, auprès de leurs élèves de France, d'enseigner
le nombre « juœta stylum Curiœ Romance ^. » L'auteur
du Candelabrum répétera, en Italie, la même profession
de foi ^. Enfin faut-il que le souvenir de Grégoire VIII reste
attaché à celui du cursus^ pour mieux montrer qu'on a tou-
jours et partout vu en lui la plus haute autorité en matière de
Il â reproduit la théorie du cursus dans sa Summa dictaminis secundum Cu-
riam Romanam. (Bibl. nat., ms. latin n" 4166.)
1. M. Delisle, op, cH,, Annuaire-bulletin de la Soc. de VHist deFr,, t. VII,
p. 143.
2. Bibl. nat., ms. latin n» 8653, ^ 24 r», col. 1.
3. Son ouvrage est ainsi intitulé dans le ms. latin n* 14704, ^103 v : Summa
dictaminis, breviter et artificiose composita Parisius per magisirum Lauren-^
cium de civitate Rome, Acquingensis (pour : Aç^ilegensis ?) dyocesis, juxta
stilum Curie Romane et consuetudinem modernomm. Un autre exemplaire du
même ouvrage se trouve dans le ms. latin n" 16253 (fif. 1 et suiv.), où des anno-
tateurs du siècle dernier (et le catalogue ms. du f. latin d'après eux) l'ont mal à
propos confondu avec l'œuvre de Laurent Lombard. (Cf. mss. latins n"* 11414,
f- 15 v% 15015, f 12 v% et 18515, f 30.)
4. Il avait d'abord enseigné dans le midi de la France aux étudiants en Droit
Romain. (V. M. Thurol, op. cit., Notices et Extraits, t. XXII, 2" partie, p. 38.)
Il remania ensuite son traité pour l'accommoder à l'usage des écoliers d'Orléans.
(V. M. Detisle, op. cit.. Annuaire-bulletin de la Soc. de VHist de Fr.^ t. VU,
p. 143 et 150.) L'une des parties de cet ouvrage, VEpistolarium, porte la date de
1252 dans certains mss. (latin n* 8653, f<* 9, de la Bibl. nat., et Arundel n» 760
du Musée britannique), celle de 1259 dans d'autres (latin n* 18595, f> 16;
cf. M. Thurot, op. cit., p. 517). •
5. Ponce le Provençal trace les règles du c cursus Romane ecclesie vel curie. »
(Bibl. nat., ms. lat. n" 18595, f" 11 r».) Cf. le passage cité par M. Tburot {op.
cit., p. 481) : c Pedes autem dictos, secundum cursum Romane curie, taUter
ordinabis. »
6. c Nos vero secundum auctoritatem Romane Curie procedemus, quia stilus
ejus cunctis planior invenitur... Observanto igitur Romanorum dictaminum stu-
diosi... » (M. Thurot, op. cit., p. 483.)
Si le même auteur prétend ensuite établir une distinction entre les théories
romaine et française, nous verrons plus loin qu'il se fonde sur des difiérences
purement imaginaires. (Cf. M. Tburot, op. cit., p. 484.)
476
roxytons : dans les deux cas, la place de l'accent tonique a servi
à les classera
Poursuivons. I^es mêmes auteurs enseignent que tout mono-
syllabe est un demi-spondée ; tout mot de trois syllabes dont
la pénultième est longue, un spondée et demi ; quant aux mots
polysyllabiques, ils se décomposent de la manière suivante : 1® à
la fin du mot, un spondée (les deux dernières syllabes), ou un
dactyle (les trois dernières), suivant que la pénultième est longue
ou brève ; 2® au commencement du mot, un ou plusieurs spondées,
une ou plusieurs fractions de spondées : en effet toutes les syllabes
protoniques sont jointes deux à deux, et chacun de ces groupes
est considéré comme un spondée ; si ces syllabes sont en nombre
impair, elles forment un demi-spondée, un spondée et demi, deux
spondées et demi, etc. *. Exemple : dominatiônem forme trois
spondées, demi nati onem ; misericôrdia forme un spondée et
demi et un dactyle, mi seri cordia.
C'est ici le lieu de rappeler avec quelle autorité M. Gaston
Paris a établi, dans cette revue même, le principe, aujourd'hui
classique, de l'accentuation secondaire. « Il est naturel à la voix
« humaine, disait-il, d'entremêler également les arsis et les
« thesis, les syllabes fortes et les syllabes faibles, les toniques et
« les atones, si bien que l'accent principal d'un mot étant déter-
re miné par les lois qui lui sont propres, la voyelle qui suit ou
« précède immédiatement cet accent est notablement plus faible
« (toniquememt) que la seconde en avant ou en arrière ; en
1. De semblables expressions ont été fussi employées par des auteurs traitant
de la yersification rythmique. Éberhard l'Allemand, dont M. Thurot nous a fait
connaître le LaborinitLs (Comptes-rendus des séances de V Académie des Inscr,
Séance du 30 sept. 1870, p. 265), appelle rythme spondalque celui qui consiste
à composer chaque vers de pieds de deux syllabes dont la première reçoit
l'accent, et rythme lamMque celui suivant lequel chaque vers est composé de
pieds de deux syllabes dont la seconde est accentuée.
2. Ponce le Provençal : « Sciendum est quod monosillaba dictio dimidium facit
spondeum, ut me, te, se, dissillaba vero totum, ut michi, Ubi, sibi. Si yero sit
trissillaba, et penultima producitur, facit spondeum et dimidium, ut magister...
Si vero sit poiisillaba, et penultima producitur, omnes sillabe faciunt spondées
binari numéro disjugate. Si vero corripiatur penultima, très ultime siUabe faciunt,
dactilum, omnes alie faciunt spondeos, ut excommunicatio. » (Passage cité par
M. Thurot, Notices et Extraits, t. XXII, 2« partie, p. 481.) Cf. Jean TAnglois :
(( Spondeus dicilur dictio dissillaba, vel partes poÛssillabe dictionis, cadenles
ad modum spondeorum. » {Quellen und Erœrterungen , t. IX, 1*^ partie,
p. 501.)
477
« d'autres termes, le mouvement rythmique est naturellement
« binaire, et non ternaire. » La première conséquence à déduire
de ce principe était que, parmi les syllabes protoniques, une sur
deux est affectée d'un accent secondaire (v) : dominâtionem.
« On en vient tout naturellement, ajoutait M. Gaston Paris, à
4c assimiler les syllabes qui ont l'accent secondaire à celles qui
« ont Taccent principal *. »
L'étude de la poésie latine au moyen âge, l'examen d'anciens
textes relatifs à la versification rythmique *, la science du plain-
chant^, mieux encore la philologie romane sont venus tour à
tour confirmer une loi, que nul aujourd'hui ne serait bien venu
de contester. De même les dictatures, si on les interrogeait sur
cette particularité, proclameraient l'importance du double accent.
Pourquoi groupent-ils deux à deux les syllabes protoniques,
sinon parce qu'ils ont constaté le mouvement binaire du rythme ?
et par quelle raison comptent-ils un spondée et un dactyle dans
le mot rétinâculum, s'ils n'admettent qu'un accent secondaire
affecte la première syllabe re ? Dans le mot inïmicitiœ, ils pla-
cent les deux accents, comme le veut la règle du mouvement
binaire, sur la seconde et la quatrième syllabe : du même coup,
ils partagent ce mot en trois morceaux, qu'ils appellent un demi-
spondée (i), un spondée {nïmi), et un dactyle {citiœ). C'est en
vertu de la même loi que le monosyllabe est rangé dans la caté-
1. Lettre à M. Léon Gautier sur la versification latine rhythmique, dans la
Bibliothèque de VÉcole des chartes, ô** série, t. U, 1866, p. 584.
2. Ayant troavé dans Éberhard rAUemand le vers
« Crûx ht salas pôpal&rûm »
qualifié de tetraspondalcus, et le vers
« Quà tlnëbâtur sûhdîtàs »
appelé tetralambicus, M. Thurot en a très justement conclu qu'un accent secon-
daire porte sur les premières syllabes des deux mots poptUorum et tenebatur.
(Comptes-rendus de VAcadémie des Inscr., 30 sept. 1870, p. 265.)
3. G. Mantin, dans son Traité de Psalmodie (p. 22 et 23), constatait qu'on ne
doit jamais faire dans le chant deux syllabes brèTes de suite, et accentuait ainsi
MïsêrîcÔrdïâ nïcêssïtâtxbûs,
au grand étonnement de l'abbé Petit, qui supposait ces règles introduites par la
routine et la pratique des lutrins {Dissertation sur la psalmodie et les autres
parties du chant Grégorien, dans leurs rapports avec l'accentuation latine,
Paris, 1855, in-8% p. 75).
12
gorie des demi-spondées; Tantiquité, il est vrai, accentuait,
sauf exception, les monosyllabes, et Alexandre de Yilledieu
répétait encore, conformément à la tradition, qu'un accent aigu
affecte les monosyllabes, excepté les conjonctions et les préposi-
tions ^ Mais, dans la pratique du moyen âge, tout monosyllabe,
même déclinable, perdait son accent, s'il était voisin d'une syl-
labe accentuée, et, au contraire, tout monosyllabe, même indé-
clinable, recevait l'accent, s'il précédait ou suivait une syllabe
non accentuée^. Il en résulte que le monosyllabe était apte à for-
mer tour à tour la première ou la dernière moitié d'un spondée :
dans l'un des cas, il recevait l'accent, dans l'autre, il était atone.
Placé devant un paroxyton de trois syllabes, il s'unissait à la
première syllabe de celui-ci, pour constituer un spondée : es
magîster ; de là vient encore le nom de spondée et demi donné
au trissyllabe paroxyton.
Jusqu'ici la théorie du cursiAS confirme d'une manière frap-
pante la règle du mouvement binaire. Cependant, il faut l'avouer,
les dictatores ne sont pas jusqu'au bout demeurés fidèles à ce
principe, et quand ils arrivent à la fin d'un mot, si ce mot est
proparoxyton, ils n'hésitent pas à glisser rapidement sur les deux
dernières syllabes ^. En d'autres termes, ils ne placent pas d'ac-
cent, même secondaire, sur la finale des proparoxytons. La
phrase Dôminus adjûtor mîserôrum est considérée, dans tous
les manuels, comme se composant d'un dactyle {dôminiis)^ d'un
spondée et demi (adjûtor) et de deux spondées {mîserôrum), au
lieu que, si l'on accentuait la dernière syllabe de dominus aussi
fortement que la première de miserorum, il faudrait compter
en tout cinq spondées : Dominas adjûtor mîserôrum. Les dic-
tatores se séparent ici des poètes rythmiques, qui faisaient por-
1. M. Thiirot, Notices et Extraits, t. XXII, 2« partie, p. 399.
2. Il y a toujours profit à consulter les traités de musique religieuse. D. Ju-
railhac {La science et la pratique du plain-chant, p. 279) donne l'exemple sui-
vant : « Rex nôster non confûndar in aelérnum. »
Cf. M. Gaston Paris, l. c, p. 592 : « Il faut y ajouter le traitement, naturel-
lement assez arbitraire des monosyllabes : ils ont ou n'ont pas l'accent à la
volonté du poëte. »
3. C'est pourquoi Grégoire VIII trouve l'allure de la phrase trop rapide, quand
on y accumule des dactyles; ex. : Négligens fâmulus ûliquis. Si chacun de ces
mots recevait un accent secondaire sur la finale, le dictator ne pourrait se
plaindre c quia nimis sunt veloces. »
479
ter sur la finale des proparoxytons le poids de l'assonance ou de
la rime, ils se séparent également des grammairiens, qui don-
naient au vers
Sôrdibùs immûndus
répithète de trispondatque^. Sans doute, la prose, dont ils fai-
saient leur unique étude, ne comportait pas un rythme aussi
régulier, je dirai même aussi monotone, que certains morceaux
de poésie, et déjà Ton peut pressentir que la beauté du cursics
consiste dans l'emploi successif des mouvements binaire et ter-
naire.
Les termes dont la définition a donné lieu aux précédentes
remarques, et que nous continuerons d'employer, étaient consa-
crés par l'usage presque général des dictamina. Toutefois, pour
ne rien omettre, il convient de mentionner ici quelques expres-
sions plus rares : celle de molosse, s'appliquant au trissyllabe
paroxyton, celle de dispondée , désignant le paroxyton de
quatre syllabes *, les termes de dactyles et de spondées simples
opposées à ceux de dactyles et de spondées complexes ^ ; enfin
les termes génériques de spondée et de dactyle comprenant,
l'un tous les paroxytons, l'autre, tous les proparoxytons, quel
que soit le nombre des syllabes du mot^ Toutes ces locutions
d'ailleurs appartiennent à un même ordre d'idées : elles témoi-
gnent également de l'importance qu'avaient aux yeux des dicta-
tores les lois de l'accentuation.
Chose curieuse 1 l'accentuation est le fondement de la théorie
du cursus j et les termes employés par les maîtres sont presque
1. Comptes-Vendus de V Académie des Inscr., 30 sept. 1870, p. 266.
1. Libellus de dictamine et dictatorio sillogismo. Bibl. nat., ms. latin n° 14357
(ziy' siècle), ^ 123 y% col. 1. — Même traité dans le ms. latin n" 16252
(flf. 29-42).
3. Le spondée complexe est le paroxyton de plus de deux syllabes; le dactyle
complexe est le proparoxyton de plus de trois syllabes. Bibl. nat, ms. latin
n" 1093, f* 81 r**. — Autre rédaction de la même Summa dictaminis dans le ms.
latin n« 15952 (t. f» 91 r).
4. Dictamen contemporain de Louis le Hutin (Bibl. nat., ms. latin n* 11384,
f* 94 r*) : c Oranes dictiones tetrasillabas et polissillabas, scilicet IV sillabarum
vel amplius, quarum penultima brevis, habemus pro dactiiis..., et omnes dic-
tiones IV sillabarum vel amplius, quarum penultima longa, tenemus pro spon-
deis. » En effet, les deux mots polysyllabiques prxterea et vervmptamen sont
un peu plus loin rangés au nombre des dactyles.
480
tûii» emynaién au vocabulaire delà métrique : brèves et longues,
f^poudéim et dactyles reviennent bien plus souvent sous leur
plume, qu'accent grave ou accent aigu K A peine songent-ils à
nom avertir, dans leur langue un peu vague, d'oublier les règles
da quantité : « Non enim hospedes judicamusinprosajuœta
metricam rationem, ex cursu vero tantum guem hahent
dictiones, > C'est à nous de deviner la loi, dont ils semblent
OjOus faire un mystère.
L'un d'eux, qui se distingue par son parti pris de conserver le
langage de la prosodie classique, va même jusqu'à répudier les
expressions dont se servent le plus habituellement ses confirères :
écrivant en Italie, l'auteur du Candelabrum attribue aux Fran-
çais l'invention des dactyles et des spondées « imaginaires » ' ; il
donne à entendre que leur théorie, à laquelle il oppose le style
romain ^, est seule fondée sur l'accentuation, non pas même sur
l'accentuation classique, mais sur « une sorte d'inflexion de voix
dont l'oreille est seule juge et qui se produit par élévation ou par
dépression sur la dernière syllabe des mots *. » Peut-être cet
auteur pourrait-il nous faire douter du principe que nous avons
1. Cependant Buoncompagno : «... in dictionibus quarum penultime acuio
pranunciantur accentu; » el Laurent de Rome : a ... per trissiUabam dictionem,
cujus penultima acuitur, precedentis dictionis penultima similiter acuto accentu
prolata;... penultima acuitur,gravatur.ï) (Passages cités par M. Thurot, Notices
et Extraits, t. XXII, 2* partie, p. 480 et 482.)
Cf. Jean de Sicile : c Tertio decet inspicere quemdam ordinem in accentu sic,
ut non solum ex brevibns, nec tantum ex longis oratio componatur, sed ex utris-
que lepida modulatione compositis videatur duicedo quedam armonica resonare. »
{Rettorica in arte dictandi. Bibl. nat., mss. latins n* 16617, f* 211 r*, et
n* 14174, f 6 r*.)
2. « Aurelianenses enim ordinant dictiones per ymaginarios dactilos et spon-
deos... Cursum vero compositionis docent Galiici observandum per dactilos... »
(Passages cités par M. Thurot, l. c, p. 483.) c Sous la plume de ce Florentin,
ajoute M. Delisle (/. c, p. 143), les expressions styte d'Orléans et style de
France étaient à peu près synonymes. »
3. De même Buoncompagno, au début de son Livre des XII tables, prévient
ses lecteurs qu'il voudrait ramener aux usages suivis par les Pères, par la Coor
romaine et la cour impériale les écrivains qui se laissent séduire par les fausses
et superstitieuses doctrines des Orléanais. (Bibl. nat., ms. latin n** 8654, t 125 r*.
Cf. M. Delisle, L c, p. 143.)
4. V. M. Thurot, /. c, p. 484.
5. « Nec stricte hic accentus accipitur. Sed est accentus hic quedam modula-
tio vocis per elevationem et depressionem super penultima sillabarum facta,
judicio aurium comprobante. » Il est à noter que les eipressions dont se sert
484
constaté de visu, s'il n'enseignait précisément ces doctrines dont
il attribue l'invention aux dictatures de France, et si, par cette
singulière inconséquence, il ne montrait lui-même le peu de fond
que l'on peut faire sur ses imprudentes critiques. Ajoutons que
les mots de dactyle et de spondée sont employés dans leur sens
nouveau par Albert de Morra, et que ce chancelier, de même que
Transmond, de même que l'auteur du Candelàbrum, se fonde
sur l'accentuation.
§5.
Il est temps de chercher à comprendre cette fameuse théorie
du cursus, dont Ponce le Provençal disait qu'elle donne à toute
l'épître une apparence plus décente et plus riche *. Le commen-
cement, le corps et la fin de la phrase vont être tour à tour l'objet
de règles minutieuses.
A. — Du commencement de la phrase, et accessoirement
du commencement du membre de phrase.
Je laisse parler Grégoire VIII.
Cursus dictaminis Romanç Curlç taliter observandus est. Si inci-
pias versum ^ a dictions dissillaba, bene currit dactilus post eam, ut
si dicas : Déus omnium. Si incipias a dictions trissillaba cujus média
sit producta, bens currit post eam dactilus, ut si dicas : Magister
militum, Gavsndum maxims tibi, ns vsl duos, vel plures dactilos
ponas continue, quia nimis sunt veloces, ut : Négligens fdmulus
dliquis, Sed plures spondées bsne potsris continuare , ut : Fidem
sûam suspéctam réddit. Si versurp incipias a dactilo, pone plures
l'auteur pour définir Taccent français (modulatio vocis, devatio, depressiOy ju-
dicium aurium) sont classiques. Cf. Bède, Pierre Hélie, etc. (M. Thurot, /. c, p. 393.)
1. c Ad hoc enim cursus inventus est, ut per eum Tocalium et cujusque Tocis
asperitas evitelur ; et hoc secundum antiquos. (Je pense que ces aniiqui sont les
prosateurs de l'antiquité et du moyen âge, qui, sans s'astreindre aux lois minu-
tieuses du nombre, cherchaient seulement à éviter les hiatus, la cacophonie et
les fautes contre Tharmonie.) Secundum vero modemos, cursus inventus est, ut
per eum coilipetentius et magis ornale clausula et tota epistola proferatur. »
(Passage cité par M. Thurot, /. c, p. 481.)
2. n faut traduire ici versus par phrase ; le mot parait avoir eu ce sens dès
l'époque de Justinien, et il Ta conservé durant tout le moyen âge, notamment
dans l'ouvrage de Pierre Hélie. (M. Thurot, L c, p. 408.)
482
spondeos post dacLilum, ut : Déminus et magister nésier Jhésus
Christus. In medio versu, post punctum, vel post metrum ^, ut ita
dlcam, melius est incipere clausulam a spondeo quam a dactilo, ut
in hoc patet exemplo : împudicç mdtris nequicia t corrûmpit fUiam'
et vixpbtest pudicam fdcere quam habuit impudica ^.
L'auteur, on le voit, n'admet pas sans répugnance l'emploi du
dactyle au commencement des phrases. Il le tolère : 1® à la
première place, avant une série de plusieurs spondées ; 2® à la
seconde, après un paroxyton de deux ou de trois syllabes. Il ne
permet, en aucun cas, de placer de suite plusieurs dactyles, au
lieu qu'il approuve l'accumulation des spondées. Il veut enfin que
tout membre de phrase précédé d'une pause commence par un
spondée plutôt que par un dactyle.
Ces règles ont été ou reproduites ou développées par la plupart
des maîtres qui ont suivi Grégoire VIII, et que je vais passer
rapidement en revue.
Transmond se borne à copier textuellement le morceau que
l'on vient de lire ^ en insistant pour que la phrase ne commence
« presque jamais » par un dactyle ^. M® Guillaume ^, dont l'opi-
nion est partagée par Buoncompagno* et par l'auteur du Cande^
1. Le sens des deux mots puncium et meirum a yarié au moyen Age.
Alexandre de Villediea appelait meirum ce que Pierre Hélie appelait puncium,
et réciproquement. (M. Thurot, /. c, p. 408 et 409.) Ici, ces deux mots me
semblent avoir la même signification que dans Pierre Hélie : puncium est la
suhdistinctio ou le comma d'Isidore de Séville, cette première pause qui inter-
vient avant que la phrase ait un sens complet ; metrum est la m>edia disUnctio
ou colon d'Isidore, c'est-à-dire la pause qui se fait sentir avant la fin de la
phrase, mais quand déjà elle offre un sens satisfaisant.
2. Bibl. nat., ms. latin n» 2820, f> 58 v*.
3. Bibl. Mazarine, ms. n* 585, f* 8 v«; Bibl. nat., ms. latin n* 13688, f* 130 r".
L'emprunt n'est pas seulement évident; il est maladroit; rien, ni dans ce qui
précède, ni dans ce qui suit, ne se rapporte au cursus.
4. Après c Si a dapUlo incipias, i il ajoute : c Quod vix aut nunquam con^
cedo. >
5. c Neque clausula débet incipere a dactilo, sed compluribus spondeis. >
(Passage cité par M. Thurot, /. c, p. 481.)
6. c Immitantes ordinationis artificiose structuram incipiunt a dictionibus tri-
silabis vel quadrisilabis que penultimas habent productas. i (0lbl. nat., ms.
latin n* 8654, f* 2 r*, col. 2.) Sur ce professeur de l'Université de Bologne qui
écrivait au commencement du ziii* siècle, v. Tiraboschi, Storia délia leit. itcU.,
t. IV, p. 463 et suiv. ; Rockinger, Quellen und ErcsTierungen^ t, IX, l'« partie,
p. 117 et suiv. ; M. Thurot, op. cit., p. 36, etc.
483
labrum S ne veut en aucun cas du dactyle initial, mais plusieurs
spondées de suite lui semblent un fort bon début. La même doc^
trine obtient l'assentiment de M® Gui, de Ponce le Provençal, de
l'auteur d'un Bictamen anonyme* : ils ne font exception que
pour des dactyles occupant nécessairement la première place, tels
que les conjonctions itaque, igitur, insuper, scilicet, siqui-
dem^, ideo^y quoniam, ceterum, quominus^, etc. Suivant le
dernier de ces dictatures, une phrase commençant par plusieurs
spondées doit toujours succéder à une phrase se terminant par
un dactyle.
Je ne sais si les maîtres du xm® siècle ont eu d'autre motif que
le respect de la tradition, pour accueillir avec cette faveur una-
nime la théorie de Grégoire VIII ; mais ce que voulait à tout prix
l'auteur de la Forma dictandi, lui-même nous en est garant, c'est
éviter la précipitation : cavendum maxime ! Au moyen âge,
plus encore que dans l'antiquité, l'accentuation était à la fois une
élévation de la voix et un renforcement, un allongement de la
syllabe^. Or, que l'on allonge en l'accentuant la première syllabe
des dactyles Négligens fàmulus àliquis : il sera presque impos-
sible de ne pas prononcer très rapidement les deux dernières ; sur
1. « Nullus autem versus débet dactilo inchoari. Unde non sit incipiens : Lit-
ieras vestre dominationi transmitto. Ad minus est ergo ab uno spondeo et
dimidio clausula inchoanda, ut : Jmplere cupio que jubetis. Si queratur a quot
spondeis ]iceat inchoare, dicimus hoc indeterminatum esse. Quibnsdam tamen
Tidetur non ultra quatuor esse contlnuandos, ut : Daminationem vestram de-
precor, » (M. Thurot, l, c, p. 484.) II faut ajouter que l'auteur du Candela-
brum expose ici la doctrine des Orléanais.
^. Bibl. nat., ms. latin n- 11384.
3. Summa magistri Guidonis : c Item nostrum versum non incipimus a dap-
lilo, nisi ab paucis, ab bis scilicet : igitur, itaque, insuper, siquidem, et simi-
liler ; a spondeis [non] tantum ab uno, sed a pluribus, ut Caritatem vestram
imploro presentibus, et ad minus a spondeo et dimidio : Magister militum,.. »
Bibl. nat., ms. latin n* 8653, ^ 24 r*.
4. Ponce le Provençal : c Debes enim incipere tuam clausulam ab uno spon-
deo el dimidio, vel a pluribus; a dactilo nunquam, nisi sint conjunctiones, ut
ideo, igitur, que, quoniam prepositivi ordinis sunt et locum, quoad hoc, com-
petenter mutare non possunt, clausulam sepe incipiunt. » (M. Thurot, l. c.
p. 481.) — Dans le ms. latin n° 18595 (f* Il r»), Ponce attribue aux « mo-
dernes » l'habitude de placer ainsi certains dactyles au commencement des
phrases.
5. Bibl. nat., ms. latin n* 11384, f" 94 r.
6. M. Thurot, L c, p. 393. Cf. Pierre Hélie, ibid,, p. 396.
h' t^ ' ^HmI/'- Utii" -f* *»\*.tt»»:h^ H'itotJ fl/ftté: nUH c^ïrtaiiK; valeur:
' '1 " ^l'f iiit.^nin- VIII ii|/|^:linf uié iiiyU'. pr^scipit^. Ao COQ-
\iu\r <!'< l'-'l"' (/!'• '>''«( |if/:^^'^l/:'rtiii r/i//l'i';<J'nji «tyllâbes, Détif
'nimitiiii i.| il'.ti^ i;/lliiliiit •;iif i iitif t'ihhi ;i ':!:/;» tij#V«, le début ne
iMiihi|M< m «H <1 iiMihlMif ifi (Ih Kiii^'^^s '' ''" ^-'''^ ^''* 'Tienne si le
•lu* I ) |i )iImi I iH mil- tl<> In |ilinitsii, 111)1 itutttMutUiuwni saivi d'un
imIkui hiitnliii. ili. .i|iiiiHlitiiii lUnmnuH M lèuujister nôster
i^.>,.(i« I /il o^(^ tiii iiMiinniiiiuil (nriuiirn, huccimI» aussitôt le
Il !• .1 |\i.i|i* il 't|uu((ii \\\\\\ lA lo tlaolvtn, tiÙM h In seconde place,
. I (Mi'>.ôiU\ \iuhiuU \i\ u^^lo IrnriH^ par (îiV^goire VIII) d*un
(i((.>ni*u Ao luMi i^ llilui*). \l^^i/ist^''* ntmium^ It^ syllabes
^1 v..ui\u^< • •«Mi\*us%tu>ui uioKsvt a\k\ \\ IIhIk^s atones Uans la pro-
uiutii .1 uu Ui'i.v wMMiuo vtaiiH l'ovoiuplo lie style précipité,
' . './'''X u.(..\ f^Y*>*'^ Pa-.iliv part» le dictcitO'\ qui
iv.U'^a, î \\\..\^^ tu't' 'uUi\o .io U ^»i!ruN^» ot blàiue. par ce motii.
l u , . uv '..u.*».i ivo îuvivkv*, vU'xvitit, M.*ii:ble^t-il. voir d'un aussi
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, u. « -v^A^.tajs. . :• ••«u.-*. 'L«A •^iiÉttt'x Jeu L-Jii^mr
• *<* ... ^^ k> 1 *>.''. !•
485
loces », ils en blâment l'abus et le rapprochement ; ils citent
comme fautive la phrase : « Humiliter pétimits é)us intûitu
misericordie dignémini concéder e », et donnent à entendre que
deux dactyles ne doivent point se suivre sans intervalle. Moins
dangereux et plus rare, l'abus contraire, consistant à accumuler
un -très grand nombre de spondées, n'en rend pas moins la phrase
ultra modum asperam vel nmmm ^copwZo^aw? . Exemple :
« Nôbis sûpplicâmur obsecrântes in virtûie câritâtis, ût ad
nos venir e sine tàrditâte curétis ». Cinq spondées peuvent, à la
rigueur, se succéder sans intervalle : un plus grand nombre nui-
rait à l'harmonie du style : « Pulchrius erit ac elegans dictamen,
si, spondeis ac dactilis intermixtis, trahat exvarietatepulcritudi-
nem. » Le dictator doit trouver cette juste proportion de spon-
dées et de dactyles, qui, en sauvegardant la majesté du rythme,
produira l'élégance par la variété.
Des maîtres plus scrupuleux ne craignirent pas de déterminer
cette proportion. U faut, dirent les uns, employer alternative-
ment un spondée et demi ^t un dactyle*. Ce rythme, répondirent
les autres, est trop rapide ; entre vos dactyles, intercalez trois
spondées ou quatre spondées et demi *. Cependant aucune com-
binaison n'obtint le même degré de faveur que celle qui con-
sistait à séparer les dactyles par deux spondées et demi ; la
Poëtria de Jean l'Anglois nous en fournit un curieux exemple^,
1. Buoncoinpagno s'élève avec force contre cette théorie, sans doute assez
répandue de son temps, dans un passage qui n'a pas été imprimé par M. Roc-
kinger : je le transcris sur le ms. latin n" 8654 de la Bibl. nat. (^ 2 y*") :
(( Quidam nudi grammat|ic]es virtutem reputant incipere a dictione bisillaba
que habeat primam longam et in medletate ponere dictionem que habeat'
penultimam grayem; et ita incipiunt ordinando subsequenter dictiones,... ut in
hoc exemplo : « Toile "siàticum, frater \Ljàrissime, Yade CMniam, jussis ohé-
(Uas... » Item quandoque incipiunt a trisillaba, que habet penultimam acutamet
procedunt hoc modo : « Majestas régla precepit firmiter ut nûllus aûdeat pacis
fédéra violare. i Isti nempe interdum corrumpunt grammaticam, ut cursum
observent; de intelectu quidem et pondère sententiarum non curant, sedadsimi-
litudinem quorumdam vermium nituntur sua stercora cum dubiis glom[er]are. »
2. Summa dictaminis mag. Guillelmi : « Item, si velimus facere cursum in
dictamine, précédant très spondei, vel quatuor et dimidlus, et sequatur dacti-
Ins. 1 (Passage cité par M. Thurot, l, c, p. 481.)
3. « ... Quoniam vero iste stilus, propter sui nobilitatem, apud multos est in
usu, subicitur domesticum exemplum, ut hic, archydiacono excusante se quod
non potest esse in sinodo. » Rockinger, Quellen und Ercertemugerij t. IX,
!'• partie, p. 501.
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Avouons que la prose de cet archidiacre ressemble singulière-
ment à des vers. Chaque phrase, j'allais dire chaque strophe,
est divisée en membres de huit syllabes proparoxytons. Ajoutez-y
l'assonance ou la rime : cette prose deviendra un exemple fort
régulier de versification rythmique.
Les dictatures l'ont si bien compris, qu'un rhéteur anonyme
range cette combinaison parmi les rythmes poétiques : « Imper-
tinentes usurpamus ornatus, dictamina nostra more metrorum
seu rithmorum cursitare sive claudicare cogentes *. . . » Et un
autre ajoute : « Viciosum est dictamen quod versus et rithmos
imitatur*. > Le nom de Style Hilarien, habituellement donné
à cette sorte de rythme^, n'est guère moins significatif: saint
Hilaire de Poitiers, connu, à tort ou à raison, pour avoir intro-
duit les hymnes dans l'Église, était regardé, sur la foi de saint
Jérôme, comme l'auteur d'un grand nombre de poésies ryth-
miques, et entre autres de l'hymne
Primo dierum omnium
Quo mundus exstat conditus...^,
à laquelle on faisait remonter l'origine du style dit « Hilarien » ^.
C'était avouer que le cursus reproduisait sinon l'assonance,
au moins le rythme des vers octosyUabiques. Verrons-nous
dans ceux-ci, comme M. Léon Gautier, un reste dégénéré de
l'ïambique dimètre ^ ? En ce cas, le style Hilarien, qui en dérive.
1. Libdlus de dictamine et dictatorio sillogismo : Bibl. nat, ms. latin
n» 14357, f 124 V, col. 1.
2. Dictamen : Bibl. nat., ms. latin n* 2687, f> 57 y*. Cf. une Rhétorique ano-
nyme : ms. latin n* 14175, f» 18 v.
3. Poêtria de Jean TAnglois, loco dt. ; Rhétorique anonyme, ms. latin n*> 14175,
f 18 v°.
4. Mone l'attribue à saint Grégoire le Grand. {Lateinische Hymnen des Mit-
telalters, Fribourg, 1853, 1. 1, p. 371.)
5. Jean FAnglois : « In stilo Hillariano ponuntur duo spondei et dimidius
spondeus, id est una sillaba, et dactilus. Cujus dictamen est hic : Primo dierum
omnium quo mundus extat conditw,,, £t nota quod hic intelliguntur pedes ut
ante. » Quellen und Erœrterungen, t. IX, 1" partie, p. 501.
Rhétorique anonyme : c Ultimus est stilus Hylarianus, qui tamen magis, ymo
vere spectat ad artem metricam. Ulitur enim Ysarius {lisez : Hilarius) dymetro
ïambico in hoc stilo, ut hic : Primo dierum omni[um], etc, et in multis aliis
ymnis. » Bibl. nat., ms. latin n" 14175, f* 18 ¥*.
6. Cf. M. Léon Gautier, Us épopées françaises^ 1* édition, 1878, l. I, p. 296.
488
marquerait un des plus hauts degrés de corruption auxquels
serait parvenu le vers de huit syllabes. Nul souci de la quantité :
l'ïambe du second pied, qui persistait encore dans l'hymne Primo
diertim omnium, a £ait place à des spondées, à des trochées, à
des pyrrhiques : aux règles antiques, on a substitué de nouveUes
lois fondées sur laccentuation, et tous les mots, sauf le dernier,
doivent être paroxytons ; c'est le même rythme, ou peu s'en fout,
que dans la Vision (T Ansellus Scholasticus^, et dans l'hymne
sur l'antienne Media vita*,
(Ach) hômo, perpénde fràgïlïs
Mortalis et mstdbïlïs
Quôd vitare non pétirïs
Môrtem, quocùmque iërïs ;
Nam aûfert te ssepissïmë^
Dum vfvis WhQntissîmë^
etc.
Eh bien, n'est-il pas curieux d'entendre le nom à^ïambique
dimètre appliqué encore durant le xv® siècle à ce rythme cor-
rompu, comme pour aflSrmer l'origine antique du vers octosylla-
bique et, par suite, du style Hilarien ? La Rhétorique anonyme
du manuscrit latin n** 14175 nous fournit cette preuve singulière,
et tout à fait neuve^ de la persistance avec laquelle les grammai-
riens du moyen âge rattachaient aux mètres antiques la prose
ou la versification rythmique ^.
G. — Delà fin de la phrase ^ et accessoirement de la fin du
membre de phrase.
Grégoire trace les règles suivantes :
Hoc preterea notandum est, quod finales dictiones semper débet
quasi pes dactilus antecurrere. Ipsa autem terminalis dictio totius
versus débet esse tetrasillaba cujus penultima sillaba producatur, ut
hic : ... ad eterna mereamur gaûdïâ pervënirë. Vel possunt esse in
1. Édél. du Méril, Poésies populaires latines antérieures au xii* stôc/e,
p. 200 et suW.
2. Mone, Lateinische Hymnen des Mittetalters, t. I, p. 398.
3. V. le passage cité à la note 5 de la page précédente.
489
fine ipsîus clausulç duc dîssillabç dictiones, qualiacumque sint
earum tempora, ut : ... inhumanitatis est nimiç in kominem àgïrï
nimïs dure. Quandoque etiam monosillaba et trissîUaba dictio, dac-
tilo précédente, fîniunt versum, ita tamen quod média trissillabç sit
producta, verbi gratia : PtUlos fovet et pascit volucriSj dum implu-
mes videtque teneros^ nec a nido permittit egredij donec per se suf~
ficîânt àd vôlàtûm.
Quandoque etiam duc trissillabç terminant versum, ut : .,, peti-
ciones honestas jus et ratio audirï compéllunt. Aliquando tetrasil-
laba cum trisillaba terminât versum, ut : Quicquid adversus eum
proposuiy astruere confidéntër aûdéhôK
Deux terminaisons sont possibles :
1** Un dactyle suivi de deux spondées :
gaûdïâ pervMrë
àgïrï nîmïs dûrï
snfficïânt àd vôlàtûm
et il importe peu que les deux spondées soient représentés par un
seul mot {pirvïnire), par deux dissyllabes {nhnïs dûrï) y par
un monosyllabe suivi d'un trissyllabe {ad vôlàtûm) ^ ou même*
par deux monosyllabes suivis d'un mot de deux syllaljes {prô mï
vôbïs). Toutes les combinaisons sont admissibles, pourvu que le
dernier mot ne soit pas un monosyllabe 3, et qu'on obtienne, en
fin de compte, la terminaison suivante :
2° Un spondée et demi ou deux spondées* suivis d'un autre
spondée et demi :
audirï cômpéllûnt
confidéntïr aûdébô.
On peut même dire d'une manière plus générale, suivant le
1. Bibl. nat., ms. latin n* 2820^ f» 58 y*.
2. C'est par suite d'un oubli que Grégoire passe ce dernier cas sous silence.
Cf. Candelahrum,
3. Cf. Rettorica mag. Johannis de Sicilia in arte dictandi. (Bibl. nat., mss.
laUns, n~ 16617, f» 211 r, et 14174, ^ 6 r.)
4. Grégoire ne dit pas positivement que ces mots de trois ou de quatre syl-
labes doivent être paroxytons; mais cela résulte des exemples qu'il donne, et
surtout des nombreux commentaires dont ce texte a été l'objet.
496
ci^iuDMtnlair^ de Transmond et de tous les grammairieDs postifr-
rHHir» ' : an paroxyton d*un nombre quelconque de sjDabes snm
d*uu spondée et demi« — en ajoutant que ce dernier pied paît
$e ihkxmipoeMT en un nK>nosTllabe suiri d*un dissyllabe* :
prudèMiUr ii caûti.
iVk^ diversee^ combinaisons donnent toutes le résultat soÎTaiit :
••
relW étaient lies deux terminaisons gnâgoriennes. On peut en
$a:Tr^ U tr^ce dans ks Dicia$nina postérieurs et, en premier
tieu. Cia::<$ rvXiTrage de Transmond.
Occ«eoar»iam es: ^ssu^k- Ronianonun dîctaminum stocfiosb, aL
st ^r*;5^'ljubh& .tcfio i'/5;in^cS:o«i:> es£ tînis. ejus penultima prodnca-
VJtr ^^>fC£ ' u:>;:;d^ :n pcYicedKtù d^rtione kaee 5erTi;i« ot in hoc
emr;'ic ^ \flmt ùùt^ss iwrv t%hfiÊi fiemitméimem. ù fw^pmfrimm
^«ff/im: txa.Tx^. 5or^'i;cr ;;l^a:;iI::■r3&2l souii ipsi pr^kuL saim
Vui^aicvormaric ^4 n crrfm.'Ts jjÎbs iecoKw. p:<Br anv«r an
. 4«iPMi. 4ir HmM « Ft: ipiiir r^riM» tnpiK*Jiir nw ooidon.
t rï; lUnnuMiniD^iiir*. -lUli'. iw;. nts.. Imn: t* iiS«4 '^ I ^.
^ TmtKnDHir. ^mmKIr ^Mwcntr nja'mi. 4 U iiBnHfl.i iilmw k
-c /u<!*^. wjwMHim «i. «lîMri. n» iU tTi«i1lal« àwiit dvaiiuUMu» tac te&. aîlK
Ht: ru.U»s WiwwtlHwi^. iUUàl*. vnMiiinitir mulnt ntmnr lipr itimiMimti
491
accentu ; sed dictiones que immédiate ultimas antecedunt penultimas
habent graves, ut in hiis exemplis: ... sânguinï cônsïcràvîi^ ...
côntûltt ChrîstîdnïSj ... bdrbâràs nàtiônïs^ ... contlnûô Dàmiàtàm,
etc.... In tercia varietate^ omnes distinctiones possuntin dictionibus
penultimam producentibusterminari : quandoque in fine distinctionis
ponitur una dictio que habet penultimam gravem, et subsequetur
monosilaba, que precedit trisilabam que penultimam habet acutam,
hoc modo : cupidîtâs nén tëpéscït, Vel quandoque terminant, prece-
dentibus monosilabis, bisilabam dictionem, hoc modo : ... tibi dâbi-
tur et non illï.
In quarta varietate agitur de silabis que penultimas habent pro-
ductas, et in fînibus distincionum ponuntur. Due siquidem penta-
silabe trisilabam precedunt, hoc modo : ... spirituali jocunditâtï
lëtâmur. Item due dictiones sex sillabas continentes trisilabam pre-
cedunt, hoc modo : ... superhabundantes jurisdictiônïs apparent.
Due autem quadrisilabe, hoc modo ... consuetum renovétïs décor cm.
Item pentasilaba, quadrisilaba ettrisilabafaciuntordinationem sono-
ramcum bisilaba, que trisilabam precedit in fine, hoc modo: ...
desiderata, \é[ peroptata, seu votiva pâcë gaûdémûs. Item quadri-
silaba cum duabus trisilabis, hoc modo : ... delictorum caténâ côns-
trlngït. Item, cum quadrisilaba, monosilaba et bisilaba, hoc modo :
..". prudéntïr U càute. Item cum quadrisilaba et trisilaba, hoc
modo : Nichil est in actiônï divisûm, ubi nichil est in voluntàlï
dïvérssUm, Et nota quod in epistolari stillo in pentasilaba et in con-
simili raro vel nunquam clausule finiuntur^..
in quo suum servat caritas intemerata vigorem. Si yero tetrasillaba dictio fini-
tive distinctionis eyenerit finitiya, siqaidem penenltimam [suam ipsa producit,
suam penenltimam] corripiat antecedens : ... Fréquenter exquirit ad dissoluia
iransfugium, qui non hahet in opère perseveraniie fundamentam, » Ms. de ia
Mazarine n- 585, f* 1 r, et Blbl. nal., ms. latin n" 13688, P» 127 r.)
« Et sic terminandus est versus orationis secondum Roraanum cursum, ut, si
trissillaba dictio finem distinctionis occupaverit^ talis sit que penultimam pro-
dncat, ea nimirum ratione in antecedenti ejus servata, ut hic : Nunqvum te
egisse peniteai^ in quo tuis aciibus bonorwm doctrina concordat, Quod si tetra-
sillaba dictio distinctionis evenerit finitiva, siquidem penultimam suam ipsam
produxerit, ipsam penultimam corripiat antecedens, ut hic : Fréquenter querit
ad dissoluta transfugium, qui non hahet in opère perseveraniie flrmamentum. i
(Bibl. nat., ms. latin n» 11382, f» 115 r.)
1. Bibl. nat., ms. latin n* 8654, f* 2 r* et y*. — Buoncompagno a l'art d'em-
brouiller les faits les plus simples; il eût mieux fait de résumer ce dernier para-
graphe en disant : La phrase doit se terminer par un spondée et demi précédé
de plusieurs autres spondées.
492
Cet auteur applic[ue les mêmes règles à la fin de chaque membre
de phrase.
Il faut renoncer à citer les trop nombreux passages relatife aux
terminaisons grégoriennes. Bornons-nous à renvoyer le lecteur
au Candelabrum^, à Guillaume*, à Richard de PoflS^, à Lau-
rent de Rome ^ à Ludolfe de Hildesheim ^ et à leurs imitateurs •,
à Jean l'Anglois', à Guido Faba *, à Jean de Sicile», à YArs et
praticadictandi epistolas^^, au Libellus de dictamine etdic-
tatorio syllogismo ** et à plusieurs autres traités anonymes **.
L'expression de cursiLS velox désigna bientôt la première de
ces terminaisons ( '^- ^'^ '^), peut-être parce que les syllabes atones
y sont ordinairement plus nombreuses que les syllabes accen-
tuées. En même temps, la monotonie qui résulte du rapprochement
de deux paroxytons fit donner à la seconde terminaison ( '" - '-) le
nom de cursus planus ^^.
Quelque faveur qu'aient obtenue ces deux curstcs, ils ne suf-
1. Passages cités par M. Thurot, l, c, p. 483, 484.
2. M** Guillaume avait sans doute en vue la première terminaison Grégorienne,
quand il écrivait ces mots : « Finis vero clausule desinat in duos spondeos. Sunt
enim quatuor sillabe solum quelibet, quod {lisez : quarum) penultima sit lon-
gua, duo spondei, ut cum dicitur ven[er]ari. » (Bibl. nat., ms. latin n*> 16671,
f- 40 T\)
3. Summa éUctaminis secundum Curiam Ramanam. (Bibl. nat., ms. latin
n* 4166, f» 2 V.)
4. Summa dictaminis juxta stUum Curie Romane et consuetudinem moder-
norum. Bibl. nat., mss. latins n" 14704, f* 103 v, et 16253, f« l r.)
5. V. Quellen und EroBrlerungen, t. IX, l'* partie, p. 370.
6. Une imitation de la Summa de Laurent de Rome est la Pratica sive ars
dictaminis in radiée. (Bibl. nat., ms. latin n** 14175, f* 2 v*.) Voir é^lement un
remaniement du traité de Ludolfe. (Bibl. nat., ms. latin n** 11385, ff. 6 r* et sq.)
7. Il ne traite que de la première terminaison. Y. Qtiellen und Erœrierun-
gen, l. c, p. 501.
8. Summa dictaminum, (Bibl. nat., ms. latin n*> 15167, f> 20 v«.)
9. Rettorica mag, Johannis de Sicilia in arte dictandi. (V. Bibl. nat., mss.
latins n" 16617, f 211 V, et 14174, f* 6 t\)
10. Bibl. nat., ms. latin n» 11414, £• 26 V.
11. Bibl. nat., ms. latin n* 14357, f* 123 y*. Au chapitre de la facundia^ il y
est question des deux terminaisons célèbres : pecuniam transmitlatis et expeC'
iatam mittatis, »
12. De dictamine : Bibl. nat., ms. latin n" 11384, f* 94 r». Traité sur Vart
épistolaire : ms. latin n^ 15952, etc.
13. V. Laurent de Rome (Bibl. nat., ms. lat. n« 16253, f* 1 r*) et son imitateur
du ms. latin n« 14175 (f« 2 r). Cf. ms. latin n« 16246 I, ff. 92-94.
493
usaient point à tous les besoins du style épistolaire. Transmond*,
le notaire de la sainte église romaine et le disciple de Gré-
goire VIII, est des premiers à recommander l'usage d'une troi-
sième terminaison, que l'on a décorée des noms de cursus tardus^^
ecclesiasticus^ ou durus*. Elle consistait en un paroxyton
suivi d'un proparoxyton de quatre syllabes ^, ce dernier pouvant
être remplacé par un monosyllabe et un dactyle ^ :
Fit etiam cursiva locutio par tetrassillabam ^ dictionem cujus
penultima corripitur, precedentis dictionis penultima accuto accentu
prolata, ut : Ille certe videtur operdrïjiîsiitïâm. Quod si dictiotetras-
sillaba non occurrat, per precedentem monossillabam [et] însequen-
tem trissillabam potest fieri dictionis tetrassillabe supplementum,
ut : ... tune facta dirigent iîr in éxUûs. Qui cursus ecclesiasticus
appellatur *.
En résumé, la fin des phrases ou des membres de phrase se
prête à trois combinaisons différentes. On peut, pour en conserver
le souvenir mieux gravé dans la mémoire, s'aider des vers de
Ludolfe « :
1. Bibl. nat., mss. latins n" 28?0, f» 59 v, et 13688, f» 127 r». Bibl. Mazarine,
ms. n» 585, f« 1 r*, etc.
2. Lictamen. Bibl. nat., ms. latin n« 16246 I.
3. Laurent de Rome : Bibl. nat., ms. latin n" 16253, f> 1 r.
4. Pratica, sive ars dictaminis in radiée et dispositionis materie in iniel-
lectu (remaniement de la Somme de Laurent de Rome) : Bibl. nat., ms. latin
n« 14175, f» 2 V.
5. Jean l'Anglois se distingue du plus grand nombre des diciatores, en ce
qu^il assigne à ce pfoparoxyton une longueur de trois syllabes. D'autres, parmi
lesquels Guido Faba (Bibl. nat., ms. latin n** 15167, f* 20 y*>), ne se prononcent
point sur la question.
6. V. Candelabrum (M. Thurot, op. cit., p. 483), le ms. latin 16246 I, f» 92,
et la Rhétorique de Jean de Sicile : c Si dictionis penultime sillaba penultima
producalur,... sequi potest dictio quadrissillaba, cujus penultima sit correpta,
ut : Jusii regnum in felicitate percipient, » (Ms. latin n' 16617, f» 211 r*. Cf.
ms. latin n* 14174, f» 6 r-.)
7. Cod, : tretassillabam.
8. Summa dictaminis de Laurent de Rome (Bibl. nat., ms. latin n** 16253,
£• 1 r. Cf. M. Thurot, op, cit., p. 482).
9. Quellen und Erœterungen, t. IX, 1" partie, p. 371. Ces vers sont incom-
plètement reproduits par l'imitateur de Ludolfe du ms. latin n" 11385 (f« 7 r«).
^3
494
Dum trissillabica mediam producere débet,
ut honestas^
In précèdent] longam penultima prebet,
ut comitetur.
Si tetrasillabice penultima longa probatur,
ut intueriy
In precedenti penultima corripiatur,
ut circumstancias.
Si tetrasillabice penultima corripiatur,
uipalpaverit^
In precedenti penultima longa probatur,
ut moderacione.
On peut aussi consulter le tableau suivant :
i... gaûdïà pervënirë,
. . . dgërê nimis dure,
... ^mficiant ad volatum,
... TQspândëât prô më vôbïs.
n , . {,,. conMéntër aûdébo,
CORSUS PLANDS 'v w^J 7
^ \'*' prudent er et cautë,
^ , ,(... operârï jûstitJâm.
^ ^... dirigén/ttr m éxitus.
Quant à remploi de ces terminaisons, plusieurs systèmes sont
en présence. Un dictât or * propose de réserver le cursus veloœ
pour la fin des phrases, et d'employer alternativement, à la fin
des membres de phrase, les cursus planus et tardus^, comme
en poésie l'on croise les rimes masculines et féminines 3. Un
autre * approuve cet emploi du cursus velox, mais recourt inva-
riablement au cursus t ardus pour la fin des ntembres de phrase.
Un troisième 5 termine par le cursus tardus les moindres por-
tions de phrase, celles, par exemple, que nous hésiterions aujour-
1. Bibl. nat., ms. laUn n* 11384.
2. Même recommandation dans le Candelabrum (M. Tharol, op. cit^ p. 483)
et dans le traité de Baoncompagno (c Secunda varietas artificiose ordinationis. »
Bibl. nat., ras. n* 8654, f» 2 r).
3. Appliqué à la fin d'un Ters, le cursits planus donnerait une rime féminine,
le cursus tardris une rime masculine.
4. L'auteur du Candelabrum exposant les règles du style français.
5. Bibl. nat., ms. laUn n« 11414, f* 26 v.
495
d'hui à faire suivre d'une virgule ; à la fin des propositions, il
emploie le cursus plamts^ et le cursus velox pour terminer
toute la phrase. Enfin, suivant une Somme anonyme S la fin
du membre de phrase admet indifiSâremment l'un des trois cur-
sus, mais la phrase elle-même ne peut finir que par une termi-
naison grégorienne. On remarquera que, dans ces divers sys-
tèmes, le cursibs veloœ tient presque toujours la place la plus
honorable ; croyons-en l'auteur d'un Dictamen anonyme, qui
soumet lui-même sa prose aux lois dont il vante l'efficacité :
« Cursus tamen velox majorem ornatum efficit et ideo a dictato-
ribus Q^mmûnitïr àccëptâtûr^. >
Nous aurons achevé d'exposer les règles concernant la fin des
phrases, si nous ajoutons que plusieurs maîtres préfèrent multi-
plier les spondées à la fin de la dernière phrase, sans doute pour
terminer l'épître avec une majestueuse lenteur : un paroxyton
de sept ou huit syllabes leur semble digne d'occuper cette place :
Quod dico cum prima clausula, dico cum reliquîs, excepta ultima,
quam semper necesse est terminare in spondeos, ut si dicam ad
minus in duos. Superius equidem apparent exempla, quod plerum-
que finitur extrema clausula in très spondeos, ut si dicam : Qiiod
scolares dissentiunt^ nos oportet intendere eorum compositions Ple-
rumque Snitur in IV spondeos, ut : Qui presumitis facere contra
ecclesiam, innodamus vos vinculo excommunicationis ^.
Nulle part d'ailleurs on n'observe, mieux que dans les Dicta-
mina, le principe, aussi ancien que la rhétorique^, suivant lequel
la fin des phrases est plus particulièrement soumise aux lois de
l'harmonie. Les règles que nous avons exposées en dernier lieu
1. Seconde Summa dictaminis du ms. latin n* 1093 (ff. 81 1^-82 y*)* Cf. un
remaniement du même traité. (Bibl. nat., ms. latin n" 15952, f* 91 r").
2. Bibl. nat., ms. latin n" 16246 I. Cf. l'imitateur de Ludolfe : c Hi très modi
satis sunt commendati ; secundus tamen laudabilior super omnes, scilicet circums-
tancias intueri, » (Ms. latin n* 11385, f» 7 r*.)
3. Summa magistri Guidonis. (Bibl. nat., ms. latin n" 8653, i** 24 r*.) Y. aussi
Ponce le Proyençal. (Bibl. nat., ms. latin n" 18595, f* 11 r) et le Candelabrum.
(Passage cité par M. Tburot, /. c, p. 485.)
. 4. Cf. Quintilien, Inst, Orat, lib. IX, § 4 : « Magis tamen et desideratur
(numerus) in clausuUs et apparet ; primum quia sensus omnis habet suum finem,
quo a sequentis initio dividatnr; deiude quod aures, continuam Yocem secutae
ductaeque, yelut prono decurrentes orationis flumine, tum magis judicant, cum
ille impetus stetit et intuendi lempus dédit. »
496
prenaient une telle importance, que souvent elles constituaient à
elles seules toute la théorie du cursus : « maxime quod sint plu-
res, qui artiâciosam ordinationem in finibus tantummodo clausu-
larum observant *. » On y voyait, non sans raison, le moyen de
charmer Toreille, plus sensible à Tharmonie au moment où la
voix s'arrête, et l'on se flattait d'obtenir, par le retour fréquent
d'une cadence connue, un effet rythmique comparable à celui de
l'assonance ou de la rime.
§6.
Si répandues qu'aient été les règles du rythme épistolaire, et
si nombreuse la foule de ceux qui les acceptaient sans mot dire,
elles ne laissèrent pas de soulever, dans le camp des dictatures^
une objection, que l'on pourrait faire au même titre à toute tenta-
tive de versification. La recherche de l'harmonie, disait-on, est
incompatible avec la concision et la clarté. Qu'elle rendît en eflfet
beaucoup plus rude la tâche du rédacteur d'épître, cela est trop
évident ; mais s'il plaisait aux notaires de s'astreindre à des lois
plus sévères que celles de la prose courante, s'ils rêvaient de
donner à des actes solennels une forme plus élégante et si, en fait,
ils triomphaient de cette difficulté, on ne peut, par haine fie l'har-
monie, condamner leurs légitimes efforts : c'est du résultat qu'il
faut juger, non du principe.
Buoncompagno avait peut-être constaté parmi ses contempo-
rains l'insuccès de semblables tentatives, quand il revendiquait,
en termes d'ailleurs fort sensés, les droits de la raison :
Gomunem dicionum ordinationem antiquiphy[lo]sophi observabant
quia de intellectu materiali et pondère scentenciarum curabant,
amplius quam de ornatu verborum ; quare ordinabant singulas dic-
tiones, prout eis casualiter occurrebant. Dare igitur sub una forma
certas et necessarias régulas in prosa de datilis et spondeis, prlnci-
piis et flnibus clausularum, née esset doctrina salutifera, sed perpé-
tua confusiodictatorum. Profecto, dum longitudini, brevitati, casibus,
figuris et exornationibus picturatis deservit orator, quod brevi pote-
rat declarare sermone, per diverticula oberrando, confundit... Nimi-
1. Buoncompagno. (Bibl. nat., ms. latin n" 8654, f* 2 r>.]
497
mm qui cursum observât et de intellectu non curât, excolat culicem
et camelum déglutit, aut veniale respuit, et criminale committit^
Toutefois n*est-il pas étrange d'entendre invoquer les anciens
comme adversaires du rythme? Oubliait-on VOrator de Cicéron,
pour ne parler que des latins? et trouvait-on que Probus, Quin-
tilien, Terentianus, Victorinus, Donat, Charisius, Diomède et
tant d'autres n'eussent point suffisamment insisté sur les lois du
nombre oratoire? La vérité est qu'on perdait le souvenir de règles
tombées en désuétude, dont on ne tenait plus aucun compte.
Ouvrez, au chapitre de la « composition », une grammaire
antique : vous y trouverez étudiée avec soin la quantité de cha-
cune des syllabes qui terminent la période oratoire ; mais peu
importe la longueur des mots. Que l'orateur obtienne, d'une
manière quelconque, l'amphibraque ou le double-trochée final : il
s'estimera content. La diversité des pieds dont les rhéteurs anciens
recommandaient l'usage rend même assez difficile l'intelligence
de leur texte pour qui n'est pas versé dans le langage de la pro-
sodie, et il est douteux que les dictatures s'en soient toujours
fait une idée bien nette : possédaient-ils à fond cette leœ metrica,
sans laquelle les règles de Cicéron étaient, suivant l'un d'eux*,
lettres closes ?
Entre le nombre des anciens et le cursus du moyen âge, il y
a la même diflérence qu'entre la versification d'Horace et celle
des chants liturgiques : l'un repose sur la quantité, l'autre est
fondé sur l'accent. Cette dissemblance persiste dans tous les
traités du xnf, du xrv*et du xv® siècle, jusqu'au moment où une
sorte de renaissance, favorable aux idées antiques, fit refleurir
les théories de Cicéron et de Quintilien. Encore faut-il se garder
de confondre avec des manuels de dictatures les Rhétoriques,
où se trouvent énoncées les règles de nombre fondées sur la
quantité ^ : cette innovation n'eut et ne pouvait avoir aucune
influence sur l'enseignement pratique du style épistolaire.
1. Bibl. nat., ms. latin n* 8654, f* 2 r*.
Remarquez que Buoncompagno lui-même observe les règles de la fin des
phrases ; il emploie constamment les terminaisons grégoriennes.
2. Candelabrum : c Tullius per singulorum pedum artificium tradit hanc
doctrinam. Unde sine lege metrica slilum ejus non potest aliquis observare. »
(M. Thurot, op. cit., p. 483.)
3. Rhétorique de M* Pierre de la Hazardière, Bibl. nat., ms. latin n" 7762,
498
Si Ton ne peut faire remonter jusqu'aux grammaires antiques
l'origine du cursics, il serait assez naturel d'en attribuer l'inven-
tion à celui qui en enseigna, le premier^ les principes et donna
son nom au style grégorien. Albert de Morra créa-t-il la théorie
du rythme tout d'une pièce, et ne s'appuya-t-il point sur des tra-
ditions antérieures ? c'est ce que nous examinerons plus à loisir
dans notre prochain chapitre.
Noël Valois.
(A suivre.)
XV* siècle, ff. 19 r'-21 r*. — Rhétorique anonyme, ms. latin n" 16233, xv* siècle,
f^ 128 r. — Rhétorique de Fichet, et autre rhétorique anonyme; ms. latin
n* 7762 A, xv s., f« 77 V et sq.
BIBLIOGRAPHIE.
Catalogue des manuscrits de la bibliothèque municipale de Caen^
précédé d'une notice historique sur la formation de la bibliothèque,
par Gaston Lavallei, bibliothécaire adjoint. Gaen, Le Bianc-
Hardel, 4880. In-8% lxix-274 p. (Tiré à 450 exemplaires.)
Le catalogue des manuscrits de la bibliothèque municipale de Caen,
que vient de publier M. Lavalley, est précédé d'une intéressante notice
sur cette bibliothèque, dont l'histoire commence avec celle de l'ancienne
université de Caen en 1431. D'après un inventaire dressé en 1515, la
bibliothèque de l'université se composait déjà de 278 volumes; un
siècle après, en 1622, elle était ouverte au public; en 1732, elle ne pos-
sédait encore que 657 volumes, quand, à la fin de cette même année,
Guillaume Le Sueur de GoUeville, arrière-petit-fils de l'orientaliste
Samuel Bochart, fit présent à l'université de 2662 volumes, qui prove-
naient de la bibliothèque de son illustre parent; enfin, en 1786, à la
veille de la révolution, le chiffre des volumes de la bibliothèque de
Caen s'élevait à 13,000.
Quant au catalogue des manuscrits lui-même, il se divise en deux
parties : I. Manuscrits relatifs à la Normandie {n®» 1-343). II. Manus-
crits étrangers à la Normandie (n©» 344-522). Parmi les premiers, je
citerai le Recueil des chansons nouvelles du Vau de Vire (u? 289), de Jean
Le Houx, longtemps attribué à Olivier Basselin, et des manuscrits
autographes ou copies de Samuel Bochart (n®» 231-237), d'Antoine
Halley (n»» 228-230), de l'évêque d'Avranches, Huet (n°« 238-250), de
l'abbé de la Rue (n»* 101-120), etc. L'importante collection des papiers
du général Decaen (n' 281) a été également l'objet d'une description
détaillée. La série des manuscrits étrangers à la Normandie est peu
nombreuse et ne contient pas de manuscrits remarquables par leur
ancienneté ou qui méritent une mention particulière. Je noterai seule-
ment qu'on y trouve quelques manuscrits grecs et arabes provenant de
la bibliothèque de Samuel Bochart et plusieurs manuscrits en langue
tamoule.
Dans son catalogue, M. Lavalley a adopté l'ordre méthodique ; sans
200
approuver ce mode de classement pour une bibliothèque de manuscrits,
il faut reconnaître que dans le cas présent il n'offrait pas les inconvé-
nients qu^il aurait eus si on Pavait adopté pour une bibliothèque plus
considérable que celle de Gaen. La même observation peut s'appliquer
aux notices historiques sur les auteurs de manuscrits, que M. Lavalley
a insérées dans son catalogue, et aux renseignements bibliographiques
qui accompagnent les titres d'un certain nombre de manuscrits et sont
quelquefois un peu abondants. A côté de cela il eût été bon de ne
jamais omettre d'indiquer, au moins pour les manuscrits appartenant
au moyen âge, les incipit et desinit des différents opuscules qu'ils con-
tenaient, et M. Lavalley aurait dû toujours reproduire intégralement le
texte des souscriptions et autres notes bibliographiques qui se trouvent
dans plusieurs des manuscrits qu'il a décrits. Le catalogue des manus-
crits de Gaen se termine par deux tables alphabétiques des auteurs et
des anonymes, et un tableau de concordance des cotes anciennes et nou-
velles des manuscrits. Peut-être ei\t-il fallu y ajouter deux tableaux des
manuscrits par provenances et par ordre de dates. A part ces quelques
critiques de détail, je suis heureux d'avoir à signaler le livre de
M. Lavalley, et il serait à souhaiter que nous eussions pour toutes les
bibliothèques des départements un catalogue aussi détaillé et aussi
consciencieusement fait que l'est celui de la bibliothèque municipale de
Gaen.
H. Omont.
La Renaissance en France, par Léon Palustre. 4« livraison, Seine-
el-Marne, Paris, Quantin. In-fol.
Quatre grandes planches représentant la façade de l'église d'Othis,
l'ensemble de la maison dite de François le»- à Paris, la porte du châ-
teau de Nantouillet , l'ancien pavillon du château de Monceaux, et dix
eaux-fortes intercalées dans le texte, donnant les détails les plus inté-
ressants de la maison de François I«' (2 pi.), du château de Nantouillet
(4 pi.), le cloître de Saint-Sauveur à Melun, la façade et les contreforts
de l'église de Brie-Gomte-Robert, enfin une vue des ruines de Monceaux,
constituent l'illustration de cette livraison. La finesse des gravures
signées Sadoux et Lancelol prouve que la pointe des graveurs devient
chaque jour plus habile et plus exercée.
Nous l'avons dit. et nous ne le répéterons plus, l'ouvrage dont
M. Palustre a entrepris la publication restera parmi les plus beaux
livres de notre époque, si féconde cependant en éditions de luxe.
Au surplus, le texte ici n'est pas inférieur, comme cela arrive trop
souvent, à l'illustration. L'auteur est un archéologue qui a fait depuis
longtemps ses preuves, qui a étudié à fond son sujet avant de se lancer
204
dans cette entreprise, qui connaît tous les travaux consacrés à la Renais-
sance française et qui joint enfin à Tétude critique des textes un
examen sévère et judicieux des monuments. Ce n'est pas un mince
mérite, par le temps qui court, de savoir résister à Pentraînement géné-
ral, de réagir contre un engouement aveugle pour tout ce qui porte la
marque ou les apparences du style italien du xv* siècle, pour oser dire
enfin que, sans Tinvasion des sculpteurs ou architectes de la péninsule,
la France se serait parfaitement tirée d'affaire toute seule, et aurait
opéré avec ses propres ressources, dans de bien meilleures conditions,
son évolution architecturale. M. Palustre ne se contente pas de le dire,
il le prouve; grâce aux investigations récentes dans les archives locales,
nous savons maintenant que la plupart de ces admirables châteaux qui
couvraient le sol de Tancienne France, et qui n'ont rien à envier aux
palais trop vantés de Fltalie, sont Tceuvre de modestes grands hommes
qui, tout en se contentant du titre de maçons, avaient souvent bien plus
de science réelle et de véritable goût que ces décorateurs orgueilleux et
vantards d'au delà des monts.
Quand donc se décidera-t-on à reconnaître que notre pays a été aussi
fertile en grands artistes que n'importe quel autre? Et, puisque la mode
est à la création de chaires et d'écoles, quand donc l'Ëtat, si prodigue
aujourd'hui pour tous ceux qui s'attachent à l'art grec, romain ou
oriental, élèvera-t-il une chaire, une seule chaire, à la gloire de l'art
français? Quand aurons-nous, à Paris ou ailleurs, peu importe, une
école d'archéologie française? Il y aurait, ce nous semble, un champ bien
vaste à explorer. Attendra-t-on pour prendre des mesures et s'occuper
de la question que ies derniers vestiges de Part national aient disparu ?
Chaque jour voit périr quelque monument précieux, et cette fois ce
n'est plus l'effervescence des passions politiques qu'on peut accuser de
ces actes de vandalisme, mais le sot caprice d'un possesseur temporaire
ou Tavidité d'un marchand. Voyez plutôt la déplorable aventure du
château de Montai. C'était un trop gros et trop précieux morceau pour
un seul amateur ; on l'a dépecé avec soin et ses lambeaux épars vont
faire la gloire de dix collections. Il n'est que temps d'organiser la
croisade contre les barbares et de défendre contre la rapacité des van-
dales modernes ce qui constitue le patrimoine commun de notre pays.
M. Palustre aura, pour sa part, rendu un grand service en faisant con-
naître par la plume, en même temps que par la gravure, d'intéressants
édifices, quelquefois de véritables chefs-d'œuvre perdus dans de petits
villages isolés et rarement visités. C'est encore un des meilleurs moyens
de défendre les monuments précieux que de les faire admirer et d'en
inspirer par là le respect. L'énumération des planches indique suffisam-
ment les monuments passés en revue dans cette quatrième livraison.
La maison de François I^^ aujourd'hui reconstruite à Paris, sur le
Gours-la-Reine, a été enlevée pierre par pierre, comme on le sait, de la
202
ville de Moret; elle appartenait donc par son origine au département
de Seine-et-Marne, un des plus riches de France autrefois en monu-
ments de la Renaissance, puisqu'il possède les restes encore magnifiques
du château de Nantouillet, les ruines de Monceaux, et avant tout le
château de Fontainebleau. Un monument de Timportance de Fontaine-
bleau, qui résume en lui seul Thistoire de la Renaissance française,
mérite une étude attentive. Aussi M. Palustre ne pouvait-il faire autre-
ment que de lui consacrer une livraison spéciale et de diviser ainsi le
département de Seine-et-Marne en deux parties. La prochaine livraison
sera donc occupée tout entière par le château de Fontainebleau ; ce ne
sera pas la moins intéressante, comme bien on pense, de la collection.
J.-J. GUIPPRBY.
Saint Martin^ par A. Lecot de la Marche, archiviste paléographe,
professeur d'histoire à Tinstitut catholique de Paris. Tours, Mame,
4884. Grand in-8o, xv-735 p.
En écrivant la vie de saint Martin, M., Lecoy de la Marche a eu un
double but : remettre en honneur l'hagiographie en montrant qu'elle
peut être traitée suivant la même méthode historique que la vie des
conquérants et des hommes d'État, et, en second lieu, faire voir le rôle
historique des saints et leur influence au point de vue social. Nul .
exemple n'était meilleur, pour cette double démonstration, que celui de
saint Martin, un des plus grands hommes du iv* siècle, à quelque point
de vue que l'on se place, et celui dont la vie peut le mieux être examinée,
avec la sévérité de la critique, sans rien perdre de sa grandeur. C'est
pourquoi notre confrère nous paraît avoir réussi dans son entreprise.
Inspiré par la pensée que nous venons de faire connaître, M. Lecoy
de la Marche a étudié saint Martin dans sa vie religieuse et dans son
action sur la société, ce qui lui a fourni les deux grandes divisions de
son ouvrage. Dans une première partie, consacrée à la vie terrestre du
saint (et ici on nous permettra de reproduire presque textuellement le
plan de notre confrère), il envisage d'abord l'état de la société gallo-
romaine au moment de l'arrivée du Pannonien Martin dans notre pays,
puis il montre en lui le soldat, le moine, l'évêque, l'apôtre, en suivant
à peu près l'ordre chronologique, « car il a rempli ces divers rôles suc-
cessivement, ou du moins chacun de ces caractères a dominé tour à
tour dans son existence. » La seconde partie renferme l'histoire du
culte de saint Martin, c'est-à-dire, suivant le mot de l'auteur, t sa vie
posthume ». Cette matière, pour être traitée convenablement et sans
répétitions, exige l'ordre méthodique. Après avoir suivi les destinées du
corps, des reliques et du tombeau de l'illustre thaumaturge, l'auteur
nous fait faire « un véritable tour du monde martinien » pour visiter, en
203
France d'abord, puis dans les autres pays d'Europe, en Asie, en Afrique
et jusqu'en Amérique, les plus célèbres sanctuaires consacrés au saint,
puis il termine en étudiant les oeuvres littéraires dont saint Martin a
fourni le sujet depuis le moment de sa mort jusqu'à nos jours, tandis
que les monuments figurés que Part lui a dédiés feront le principal
objet de Pillustration du volume.
Pour composer cet ouvrage, M. Lecoy de la Marche a eu à sa dispo-
sition des sources antiques et dignes de respect, mais qu'il ne s'est pas
astreint cependant à accepter sans contrôle; c'est d'abord, pour la
première partie, Sulpice Sévère, principalement la Vita sancti Martini^
récit contemporain de la plus haute importance, et, pour la seconde
partie, les écrits spéciaux de Grégoire de Tours, le De gloria confessorum
et le De virtutibus sancti Martini^ les principales chroniques de France
ou de l'étranger, les recueils de miracles, les MartinadeSy les délibéra-
tions du chapitre de Saint-Martin de Tours, enfin les chartes et docu-
ments de toute nature conservés aux Archives nationales, aux archives
d'Indre-et-Loire, aux bibliothèques de Paris, de Tours, de Bruxelles,
etc. Mais l'auteur ne s'est pas contenté de ses recherches personnelles
et il a pensé, avec raison, que, pour un saint aussi universellement
honoré, il y avait lieu de faire appel à tous les savants de France et de
l'étranger qui étaient en mesure de fournir quelques renseignements sur
saint Martin et son culte, et il leur a adressé un questionnaire, auquel,
nous dit-il, il a reçu 260 réponses, dont quelques-unes fort importantes.
C'est en puisant à ces sources diverses, et en mêlant heureusement
aux données de l'histoire écrite celles de la littérature et de l'archéo-
logie, en corroborant les récits des historiens par le témoignage d'une
charte ou celui d'un monument, quelquefois même de ses seules ruines,
le tout suivant les règles d'une méthode rigoureuse, que M. licfioy de la
Marche a composé son histoire de saint Martin,
Est-ce à dire qu'il faille s'attendre à trouver dans cet ouvrage des
découvertes nouvelles pour l'histoire du saint ? Est-il même raisonnable
de les demander? Nous ne le pensons pas, car comme le dit notre
confrère : « Après Grégoire de Tours, les éléments historiques de la vie
de saint Martin ne reçoivent plus aucun accroissement » (p. 614). Mais
tout ce qu'une saine et judicieuse interprétation des textes connus, tout
ce qu'une critique ferme et ingénieuse a pu fournir par les rapproche-
ments et les comparaisons pour rectifier les fausses interprétations et
rétablir la vérité de certains faits, l'auteur nous parait l'avoir obtenu.
C'est ainsi qu'il a fixé, avec toute vraisemblance, d'après une com-
munication de l'archiviste de Martinsberg et des textes fort anciens, le
lieu de naissance de saint Martin à Sabarie, en Hongrie, sur le bord de
la rivière Pannosa, à un mille du Mont-Sacré, à l'endroit où s'élève
encore aujourd'hui le monastère de Martinsberg.
Les obscurités et les fables qui enveloppaient depuis le moyen âge la
204
famille du saint ont été dissipées par son nouvel historien ; ses alliances
avec les rois et les princes ont été écartées et la chronologie de l'exis-
tence de saint Martin a été établie d'une façon à peu prés définitive
dans une dissertation spéciale que l'auteur a donnée en appendice.
Désormais on devra admettre que sa naissance eut lieu entre le
8 novembre 316 et le 25 juillet 317, son baptême au printemps de 339,
à l'âge de 22 ans (et non de 18), sa consécration épiscopale en 371, sa
mort enfin le 8 novembre 397 et son ensevelissement le 11 du même mois.
Notre confrère a montré que c'est à Amiens même que saint Martin
reçut le baptême, et près de la ville de Worms que, deux ans après, il
renonça à la carrière militaire en refusant le donativum de l'empereur
et demanda son congé pour embrasser la vie monastique. L'auteur n'a
pas de peine à établir, contre l'opinion de Gervaise, chanoine de Saint-
Martin de Tours, qui écrivait au xvii« siècle, que saint Martin a été
moine et qu'il a conservé les habitudes monastiques, même lorsqu'il fut
devenu évêquc. Sa cellule était située entre l'église épiscopale et la
muraille romaine de Tours, et n'avoisinait pas la basilique de Saint-
Martin, comme l'a cru le regretté Mabiile, dont la méprise sur ce point
a été relevée par M. A. Longnon.
Une inscription déjà publiée par M. Edm. Le Blant a fourni à
M. Lecoy de la Marche une nouvelle preuve du passage de saint Martin
à Vienne et des conversions qu'il y opéra. On savait déjà qu'il avait
attiré à la vie religieuse un illustre sénateur de cette cité, Pontius
Meropius Paulinus, qui devint depuis saint Paulin de Noie. Il faudra
désormais placer à côté de l'ancien consul une humble femme, Fœdula,
qui avait été baptisée par saint Martin lors de son passage à Vienne
vers 388g et qui, étant morte quelques années après, a été enterrée dans
l'église des saints Gervais et Protais, à la fondation de laquelle le saint
avait concouru.
Parmi les pèlerinages au tombeau de saint Martin, notre confrère cite
pour la première fois, d'après une lettre de saint Nizier à Glodosinde,
celui du roi Glovis, qui, étant pris de scrupule au moment de recevoir
le baptême, voulut aller prier d'abord au tombeau de l'apôtre des Gaules.
Une étude attentive des textes et du résultat des fouilles opérées
en 1860 sur l'emplacement de la basilique de Saint-Martin a permis à
M. Lecoy de la Marche de faire une rectification archéologique de quelque
importance. Trompé par certains détails d'un texte qui parle du tom-
beau du saint, notre savant maître M. Quicherat, auteur d'une admi-
rable restitution de la basilique martinienne, s'était figuré ce tombeau
comme une petite chapelle, dans laquelle on pouvait entrer et se tenir
debout. Mais l'habitude où l'on a été, au moins jusqu'au vu« siècle, de
dire la messe sur ce tombeau, les fragments du couvercle que l'on a
retrouvés et quelques autres indices ont servi à M. Lecoy de la Marche
pour établir que ce monument était un tombeau creux couvert d'une
205
table de marbre formant autel, ainsi que cela s'est pratiqué, par
exemple, pour le corps de saint Médard à Soissons, et comme cela se
voit encore dans l'église Saint-Quénin à Yaison.
Notre confrère a démontré, dans le môme chapitre, contrairement à
l'opinion de Mabille, que le corps de saint Martin apporté de Gandes
n'avait pas été enseveli dans un cimetière en dehors de la cité, près
du monastère de Saint-Médard, mais qu'il a toujours reposé dans le
môme endroit oii se sont élevées successivement plusieurs basiliques et
où l'on a retrouvé les restes de son tombeau.
Si de Tarchéologie nous passons à l'histoire littéraire, nous trouvons
à signaler encore quelques points intéressants. Nous voulons parler
d'abord du sermon De combitstione ecclesw B. Martini^ que la Bibliotheca
Cluniacensis a placé le quatrième parmi ceux du saint abbé, et que
VHistoire littéraire a cru devoir rapporter à l'incendie de la basilique
en 903, tandis que M. Hauréau, dans ses Singularités historiques^
p. 172-173, pense qu'il n'a pu être prononcé avant 929. Notre confrère
s'appuyant sur plusieurs passages de ce discours, dans lesquels il est
question de fortifications qui ne peuvent être que celles de Château-
Neuf élevées après l'incendie de 903, et qui n'en ont pas empêché un
nouveau, est d'avis que ce texte vise l'incendie de 997 et que par con-
séquent le sermon a été faussement attribué à saint Odon de Gluny,
mort le 18 novembre 942. Un second point est relatif aux monuments
écrits consacrés au moyen âge à saint Martin. L'auteur nous fait con-
naître deux poèmes latins inédits, composés au xi« siècle, l'un par
Elfrid, archevêque d'York, l'autre par un anonyme, dans lesquels on
trouve une biographie du saint écrite en vers déjà affranchis de la pro-
sodie antique, et affectant une allure plus libre qui favorise l'essor de la
pensée. Enfin, pour terminer avec les œuvres littéraires, nous signale-
rons, après notre confrère, qui en a donné des extraits à l'appendice,
un mystère inédit de la vie de saint Martin, écrit en 1496 par André de
la Vigne, natif de la Rochelle. Tels sont les faits ou les aperçus nou-
veaux les plus saillants que nous avons remarqués dans l'œuvre de
M. Lecoy de la Marche; on voit qu'il a éclairé plus d'un point de la vie
de son personnage et des questions qui se rattachent à son culte.
Mais, pour en revenir aux généralités, nous devons au moins signaler
à nos lecteurs les tableaux animés et quelquefois éloquents que l'au-
teur a placés dans différents chapitres pour peindre le siècle de saint
Martin; tels sont ceux intitulés : la mission de saint Martin, dans
lequel il trace l'état des populations gallo-romaines au point de vue
social et religieux et examine Tinfluence des éléments celtique (encore
si mal connu et souvent exagéré), romain et germanique, qu'il met en
regard de celle du christianisme pour la formation de notre nationalité ;
le monachisme avant saint Martin; la situation des campagnes au
ivû siècle; les rapports de saint Martin avec les grands et sa sage con-
206
daite dans Taffaire des Priscillianistes ; enfin le très curieux chapitre
qui a pour titre : « Influence générale de saint Martin et de son culte »,
où se trouve développé son rôle social comme patron de la France, de
diverses associations et confréries.
M. Lecoy de la Marche n'est pas uniquement un historien ; il est aussi
un archéologue et il Ta fait voir en décrivant avec précision et exacti-
tude non seulement le tomheau et ses accessoires, depuis T humble tombe
de pierre dans laquelle fut déposé par Tévêque Perpétue le cercueil de
saint Martin, jusqu'au monument magnifique élevé au grand thauma-
turge, grâce aux libéralités de Charles YII, et détruit par le prince de
Gondé, non seulement les basiliques successives qui s'élevèrent sur ce
tombeau, mais encore les principales églises de France et de l'étranger
qui furent dédiées à saint Martin. Dans cette partie de son travail, l'au-
teur n'a eu garde d'oublier la restitution de la basilique du v« siècle
opérée par M. Quicherat, comme aussi il nous a fait connaître le plan
de l'église nouvelle que les fidèles de saint Martin se proposent de lui
élever un jour sur les fondations mêmes de l'ancienne. A propos des
restaurations diverses de la basilique, nous signalerons à notre confrère
un texte qui mentionne un don considérable envoyé par l'impératrice
Adélaïde, la femme et la mère d'un empereur : c Ad restaurandum
igitur beatissimi confessoris Ghristi Martini monasterium [Ihironis],
quod non multo ante (997) fuerat igné combustum, destinavit trans-
mittere non modicum argentum et ad honorem altaris partem unici filii
sui Ottonis Augusti clamidis. » Cette citation est tirée de l'ouvrage
d'Odilon, abbé de Cluny, intitulé : EpitaphiumAdalheids (Pertz, Monum.
Germ., Script. IV, 643). N'est-il pas touchant de voir cette mère déposer
la moitié du manteau impérial du fils qu'elle avait perdu sur le tom-
beau de celui qui avait donné la moitié du sien à un pauvre !
Il est encore un chapitre qui touche à l'archéologie, c'est celui qui
est consacré à l'apostolat de saint Martin. Le tracé de l'itinéraire du
saint présentait de grandes difficultés dont M. Lecoy de la Marche s'est
habilement tiré en prenant pour bases de son travail les documents
écrite, les traditions ou légendes et enfin les églises ou monuments;
mais il n'admet pas cependant, comme D. Chamard a cru pouvoir le
faire pour une région restreinte, que toutes les églises, même anciennes,
dédiées à saint Martin, rappellent son passage. Quant aux légendes, l'au-
teur s'est montré très sobre dans leur emploi et ne les a guère accueillies
que comme des indices pouvant mettre sur la trace de certains faits
dont il se trouve des preuves ailleurs.
En résumé, nous devons reconnaître dans ce nouvel ouvrage de
notre confrère, avec ses qualités de composition, un style généralement
pur, d'une clarté toujours égale, et ici plus spécialement chaud et
coloré, comme il convient à quiconque écrit suivant ses convictions
intimes. L'ouvrage se termine par une liste des églises paroissiales de
207
France dédiées à saint Martin, qui montent à près de quatre mille, et
une série fort intéressante d^ pièces justificatives , parmi lesquelles on
remarque le diplôme de saint Etienne, roi de Hongrie, donné en faveur
de Tabbaye de Martinsberg, en 1001, et dont il se trouve dans le volume
(p. 58) un fac-similé, malheureusement trop réduit pour qu'on en puisse
faire Tétude paléographique et diplomatique.
Il ne nous appartient pas d'apprécier dans ce recueil la partie artis-
tique de l'ouvrage, nous dirions volontiers du monument que la maison
Mame a voulu élever à saint Martin, mais nous nous reprocherions de
la passer sous silence. Elle nous parait digne du sujet et de ceux qui
Pont commandée, surtout de celui qui Ta conçue et dirigée, c ce savant
plein de goût et cet ami plein de cœur » , que nous^ n'aurons garde de
révéler malgré lui, et qui n'a jamais mieux réussi. Il a d'ailleurs bien
voulu écrire sur l'illustration de ce volume un appendice qui est une
sorte d'encyclopédie artistique de saint Martin et dans lequel, non
content de donner la clef de l'illustration réalisée, il nous révèle encore
qu'il tenait en réserve une longue liste de monuments figurés et de
vues que, malheureusement pour les lecteurs, il n'a pu utiliser.
A. Bruel.
La Mission apostolique de saint Julien et la tradition de V Église du
Mans avant 4645, par l'abbé C. Pottier. Mamers, Fleury et Dan-
gin, 4880. In-8°, 30 p. (Extrait de la Revue historique et archéo^
logique du Maine^ t. VII, 4880.)
Le mémoire de M. l'abbé Pottier peut être résumé brièvement. L'au-
teur, persuadé que l'Église du Mans remonte au premier siècle, ne
prétend pas formellement établir cette thèse : il s'attache surtout à
démontrer que la tradition du premier siècle est bien antérieure
à 1645 (date de la publication du bréviaire d'Émeric-Marc de la Ferté,
évêque du Mans).
Les faits invoqués sont les suivants :
lo Une feuille intercalée très anciennement dans un. missel du
xi« siècle s'exprime ainsi à propos de saint Julien : inter primos fidei
fundatores... (p. 19). t On aurait tort », d'ailleurs, « de vouloir trop
tirer parti de ces lignes. » En effet!
2° Des textes du xm« siècle affirment que saint Julien a été envoyé
par saint Clément (p. 25).
3» Un bréviaire du xiv« siècle contient la môme affirmation (p. 16,
notes 2, 3).
40 Beaucoup de bréviaires et de documents de date postérieure le
disent aussi.
Quant aux textes réputés les plus anciens, par exemple, les Gestes des
208
évêques du Mans et la Vie de saint Julien, c ils ne seront, écrit M. l'abbé
Pottier, ni présentés, ni défendus ici » (p. 7), parce qu'ils « peuvent
prêter à des controverses sans fin. i Cette réserve prudente enlève
beaucoup d'intérêt à Fopuscule de M. Tabbé Pottier, qui n'invoque
aucune autorité antérieure au xin« s. On peut dire qu'il ne touche pas
à la question de l'apostoiicité en elle-même ; il établit seulement l'exis-
tence de cette opinion historique dans le Maine depuis le xiii« s. ; ce
qui est fort peu de chose en soi, mais veut être noté et dûment cons-
taté.
Je souhaite que M. l'abbé Pottier et ses lecteurs ne se fassent aucune
illusion quant à l'importance des résultats acquis par le mémoire que
je viens de résumer.
M. l'abbé Pottier publie occasionnellement (p. 26) un texte précieux,
Tacte de baptême (et de naissance) du roi de France Jean le Bon.
Si je ne me trompe, la Société historique et archéologique du Maine
n'a point encore été présentée à nos lecteurs. L'opuscule de M. l'abbé
Pottier m'offre l'occasion de leur signaler cette société savante qui,
fondée en 1876, a déjà fait paraître de bons travaux, parmi lesquels il con-
vient de citer : les Sires de Braitel au Maine, du 11^ au II II* siècle, par
Samuel Menjot d'Elbenne, Mamers, 1876; les Chroniques de la paroisse
et du collège de Courdemanche^ au Maine^ par M. l'abbé Robert Charles,
Mamers, 1876; le Maine, l'Anjou et Bussy^' Amhoise (1576-1579), par
Arthur Bertrand; le Duc d'Alençon en Flandre^ 1581, Bois-Dauphin,
1581-1589, Capitulation du Mans, décembre 1589, par Arthur Bertrand,
etc., etc. Ces divers articles font honneur à la Société : ce sont des tra-
vaux sérieux, nourris de faits et qu'on lira toujours avec profit.
Paul ViOLLET.
Les Anciennes Communautés d'arts et de métiers du Havre. Étude
historique, par A. Martin, membre de la société havraise d*études
diverses. Fécamp, 1880. In-12, 236 p.
Le moment est favorable pour parler du nouvel ouvrage de M. A.
Martin. La récente publication de M. Borély sur l'histoire du Havre ^ ;
les démarches si pressantes que poursuit actuellement la ville pour
devenir le chef-lieu d'un nouveau département 3, tout ce concours de
1. M. Fabbé Charles fait un excellent usage des archives anciennes de la
mairie et de la fabrique de Gourdemanche. Il utilise encore les archives de la
fabrique de Bernay dans reicellente petite monographie intitulée : Une Excur-
sion archéologique dans la paroisse de Bernay. Le Mans, impr. Leguicheux-
Gailienne.
2. Voy. l'analyse de cet ouvrage dans la Revue historique de mars-avril 1881.
3. Ces prétentions du Havre, qui remontent, d'après un récent article de
209
circonstances donne, en effet, une réelle actualité à Tapparition du
livre que nous annonçons.
Un autre attrait s'attache à l'étude de M. Martin, c*est de montrer
sur le vif, dans une ville fondée au xvi® siècle, le fonctionnement de
corporations créées presque tout d'un coup. Il est curieux de comparer,
avec ceux des villes voisines, les corps et communautés de la nouvelle
cité François-de-Grâce. Cette comparaison ne peut se faire malheureu-
sement qu'à l'époque la moins intéressante de l'histoire des corporations,
à celle où l'on voit désormais la royauté se servir, pour opprimer le
travail, des institutions qui l'avaient protégé jusque-là. Ce n'est pas
aux habitués de la Bibliothèque de l'École des chartes qu'il convien-
drait de rappeler toute l'importance de la transformation que subit, au
moment de la Renaissance, le régime des corporations. Mais M. Martin
devait, croyons-nous, à ses lecteurs quelques détails sur ce grave épi-
sode de l'histoire industrielle de la France.
Elle est, en effet, bien sommaire, cette première partie, dans laquelle
l'auteur examine successivement tout ce qui touche aux corporations
du Havre en général. Statuts, apprentissage, maîtrise, compagnonnage,
gardes, juridiction, confréries, rien n'est omis d'essentiel, mais rien
n'est traité que d'une façon superficielle ; et M. Martin ne s'arrête qu'un
instant à la réforme de Turgot et aux mesures plus radicales de la révo-
lution. Il signale pourtant, nous relevons ce trait parce qu'il porte sur une
institution peu connue, le développement qu'avaient pris au siècle der-
nier les manufactures royales. C'était un moyen ingénieux de rendre à
l'industrie sa liberté que de la placer sous la seule protection royale,
car on l'affranchissait ainsi, à peu près, de tous statuts, de tous règle-
ments généraux ou locaux.
La seconde partie du livre de M. Martin nous fait passer en revue
toutes les communautés d'arts et métiers du Havre. L'auteur y distingue
les états relatifs à la nourriture, aux vêtements, au travail des métaux,
à l'art de guérir, aux transports, au bâtiment, à la marine et termine
par les professions diverses, faisant en quelques mots substantiels l'his-
torique de chaque communauté et le résumé de ses statuts.
Quelques observations seraient à présenter ici : p. 132, par exemple,
l'auteur s'exprime ainsi : t Depuis l'année 1700, l'exécution des statuts
[des bouchers] demeura de la compétence du bailli ; mais les échevins
eurent la police des boucheries et du marché. » Formulée de la sorte,
l'opinion est trop affirmative; car pendant tout le xvni« siècle des
conflits continuèrent à s'élever, à ce propos, entre le bailliage et la
municipalité. Nous n'en voulons pour preuve que l'arrêt du conseil du
31 juillet 1773, rendu après de longs débats, qui confirmait les officiers
Y Économiste français, à 1837, sont, on le sait, sur le point d'être repoussées
une fois de pins par les pouvoirs publics.
240
municipaux du Havre dans le droit de faire les règlements nécessaires
à la police de la vente de la viande.
Il est ailleurs question (p. 165) d'un arrêt du parlement [de Rouen]
du 30 juillet 1763, relatif à la réunion des marchands drapiers du
Havre avec les merciers. Or il y a dans ce peu de mots une double
erreur : Tarrêt émane du conseil du roi et non du parlement de Rouen;
il est de 1765 et non de 1763.
Ces quelques critiques, qu'on pourrait d'ailleurs multiplier, ne doivent
pas nous empêcher de remarquer ce que renferme d'utile et d'intéressant
le livre de M. Martin. Il faut citer, parmi les pièces les plus instructives,
un état fortprécieux du commerce du Havre en 1773. D'après ce document,
la pêche de la morue à Terre-Neuve rapportait en 1773 environ
300,000 livres par an; les armements maritimes, 2,450,000 livres; les
transports, 50,000 livres; la fabrication des dentelles de fil, 1,500,000
livres, chiffre considérable pour une industrie aujourd'hui disparue.
Il faut mentionner aussi un curieux tableau comparatif des maîtres
ou patrons de la ville du Havre au xvni« siècle et au xix® (en 1879).
Proportionnellement au chiffre respectif de la population à ces deux
époques, le nombre des chefs d'industrie est beaucoup moins considé-
rable aujourd'hui. Sauf quelques exceptions, toutes les professions sem-
blent être en décadence. Il y a, notamment, moins de charpentiers de
navire ^, de cordiers^ de couteliers, de brasseurs, de serruriers, de ton-
neliers. Seuls, les pharmaciens, les orfèvres, les charcutiers et les épi-
ciers sont plus nombreux qu'ils n'étaient jadis.
En somme, on doit remercier M. Martin de l'utile contribution que
son livre apporte à l'histoire de l'industrie française sous l'ancien
régime. Il serait à souhaiter que nos anciennes communautés d'arts et
métiers fussent partout l'objet de semblables travaux.
P. BONNASSIBUX.
Pouillé historique de Varchevêché de Rennes^ par l'abbé Guillotin
DE Gorsojh, chanoine honoraire. Tome P^ Rennes, Fougeray;
Paris, Haton, \ 880. In-8^ 808 p.
Le volume dont nous avons à rendre compte est le tome premier
d'une importante publication relative à l'archevêché actuel de Rennes.
On sait que cet archevêché est de formation récente, ayant été créé par
bulle du pape Pie IX, du 3 janvier 1859, et pourvu de trois sufifragants,
1. Même en tenant compte des grandes modifications des procédés de travail,
la décadence n'est pas moins réelle. On ne construit plus beaucoup de navires
au Havre, et nous ne savons si les récentes mesures votées au parlement en
faveur de la marine marchande suffiront à modifier cet état de choses.
2U
les évéchés de Vannes, de Saint-Brieuc et de Quimper, détachés de la
province ecclésiastique de Tours. L'auteur s'est proposé d'étudier seu-
lement ce qu'il appelle l'archidiocèse de Rennes, qui correspond aux
trois anciens diocèses de Rennes, de Dol et d'Aleth ou de Saint-Malo.
L'ouvrage, qui doit comprendre environ cinq volumes, est divisé en
trois parties : !<> les évéchés; 2* les monastères; 3^ les paroisses. La
première, seule publiée, se partage en deux sections d'étendue inégale,
l'une consacrée aux anciens évéchés de Rennes, Dol et 8aint-Malo,
l'autre à l'archevêché de Rennes. Après avoir dans une rapide intro-
duction indiqué les caractères qui distinguent les diocèses bretons, dont
le plus remarquable est d'avoir conservé, plus longtemps que d'autres,
leurs usages locaux, après avoir esquissé leurs origines et leurs divi-
sions territoriales. Fauteur aborde dans trois livres l'historique et la
description des trois diocèses. Les origines du diocèse, le catalogue de
ses évéques remontant à Tan 439 pour Rennes , à 555 pour Dol, et à
480 pour Saint-Malo ; les droits et les prérogatives de l'évêque et de ses
auxiliaires (vicaires généraux, officiaux, etc.); les dignités de chaque
église (avec la liste des dignitaires, trésoriers, grands-chantres, archi-
diacres, etc.); le chapitre cathédral, avec la liste des chanoines, le per-
sonnel secondaire de l'église cathédrale, et les chapellenies qui y étaient
fondées, la description de la cathédrale; les usages fort curieux de
chaque Église ; enfin les bénéfices, c'est-à-dire le véritable pouillé du
diocèse, sont l'objet d'autant de chapitres dans chacun des trois livres.
Voilà pour la partie ancienne ; pour l'époque moderne, le livre quatrième
est consacré à l'évêché de Rennes, de 1801 à 1859, c'est-à-dire depuis
le rétablissement du culte en France jusqu'à la création de l'archevêché
de Rennes. Ce nouveau diocèse fut composé de 341 paroisses, savoir :
205 provenant de l'ancien diocèse de Rennes, 90 de celui de Saint-
Malo , 38 de celui de Dol , 7 de celui de Vannes , et 1 de celui de
Nantes. C'est exactement le même territoire que celui de l'archevêché
actuel ; le nombre des paroisses diffère seulement un peu à cause de
quelques créations récentes (384 au lieu de 341). On trouvera dans cette
seconde section de la première partie le pouillé de Tarchidiocèse de
Rennes établi sur le même plan que celui des anciens diocèses, l'his-
toire des titulaires du nouveau siège et des principaux dignitaires.
Ayant ainsi fait connaître dans ses grandes lignes le plan de l'auteur,
nous ne pourrons pas, on le comprendra facilement, entrer dans l'ana-
lyse d'un pareil ouvrage, sur lequel nous devons nous contenter de pré-
senter quelques observations. D'abord les longues recherches auxquelles
s'est livré M. Guillotin de Gorson doivent prévenir en sa faveur; les
archives des anciens évéchés et des chapitres de Rennes et de Saint-
Malo à la préfecture d'IUe-et-Vilaine (les archives de l'évêché de Dol
ont disparu en grande partie), la bibliothèque publique, celles du grand
séminaire et de l'Oratoire de Rennes, les archives municipales de la
242
même ville, les archives de la Loire -Inférieure, celles de Maine-et-Loire
et de la Manche, les Archives nationales et la Bibliothèque nationale à
Paris , ont été explorées par lui avec persévérance et avec fruit ; à ces
renseignements il a joint les traditions et les documents qu'il a recueillis
en parcourant tout le diocèse. Toutes ces notions, M. G. de Corson les
a mises en œuvre avec un esprit sage, méthodique et exact; mais cepen-
dant, qu'il nous permette de le lui dire, avec quelques longueurs. Il
nous semble, en ce qui concerne le pouillé proprement dit, avoir accu-
mulé les documents au lieu de les fondre. Ainsi, en prenant pour
exemple le diocèse de Rennes, il nous donne : 1** la liste des paroisses
par doyennés (p. 337) ; 2** un tableau des mêmes paroisses sous les noms
de cures et prieurés, avec les noms des présentateurs (p. 354) ; 3* un
résumé dans Tordre des présentations, ot Ton trouve réunis ensemble
tous les bénéfices auxquels présentait la même personne (p. 361) ;
4" enfin, une autre liste des bénéficiers avec la taxe payée en 1516; et
encore aucune de ces listes n'indique les vocables des églises qu'il faudra
aller chercher probablement dans la troisième partie de l'ouvrage.
N'aurait-il pas pu réunir en un seul tableau les deux premières nomen-
clatures, et peut-être même le compte de décimes ? Tout en gagnant de
la place, il aurait donné plus d'intérêt à ces documents par leur rap-
prochement. L'auteur cite le compte de décimes de 1516 d'après un
manuscrit du fonds Saint-Germain à la Bibliothèque nationale, sans
doute le ms. lat. 12,730, qui est une copie du xvn« siècle ; il paraît
ignorer qu'il existe aux Archives nationales, sous la cote G®, n" 1 à 4,
un recueil de ces comptes de décimes, qui date du xvi* siècle. D'ail-
leurs il a négligé de nous avertir qull traduit ces extraits de comptes
en français et qu'il a changé la disposition du texte pour ranger les
églises dans l'ordre alphabétique.
C'en est assez pour montrer à M. G. de Corson que nous avons
examiné son travail avec le soin qu'il mérite ; nous ne terminerons pas
sans faire connaître à nos lecteurs le plan complet du Pouillé historique,
haiseconde i^aiTiie^'mtiiuiéQ les Monastères, se subdivise également en deux
sections, l'une antérieure, l'autre postérieure à 1790. L'auteur étudiera
les établissements religieux, abbayes, collégiales, prieurés, couvents et
hôpitaux, et donnera l'historique des principaux d'entre eux. Pour
l'époque moderne, il fera connaître également par des notices tous les
monastères et congrégations qui remplacent ceux qui ont été supprimés
en 1790.
Dans une troisième et dernière partie, qui aura pour titre les Paroisses,
M. Guillotin de Corson se propose de présenter, par ordre alphabétique,
sous forme de dictionnaire historique, les 383 paroisses qui forment le
diocèse actuel de Rennes, de faire connaître leurs origines, l'église
qui forme le centre de la paroisse, les pasteurs qui l'ont gouvernée,
en y joignant quelques détails sur les chapelles, sur les confréries et
2^3
enfin sur les monuments religieux de son territoire. Nous ne saurions
trop encourager Fauteur à poursuivre l'exécution de ce vaste ouvrage,
qui, lorsqu*il sera terminé, sera de la plus grande utilité pour tous ceux
qui s'occupent de Thistoire religieuse de la Haute-Bretagne, ancienne
et moderne.
A. Bruel.
Vie d'Artus Prunier de Saint 'André, conseiller du roy en ses con-
seils d' Estât et privée premier président aux parlements de
Provence et de Dauphiné (\ 548-4 6? 6), diaprés un manuscrit inédit
de Nicolas Chorier, publié^ avec introduction^ notes, appendices
et la correspondance inédite de Saint-André, par Alfred Vellot,
avocat. (Ouvrage couronné par TAcadémie delphinale, médaille
d'or.) Paris, Picard, ^(880. In-8°, lxv-390 p., une planche.
Le volume que M. Alfred Vellot vient de livrer à la publicité com-
prend trois parties : 1® un avant-propos, une introduction et des notes,
qui sont à proprement parler la seule partie personnelle au jeune édi-
teur dauphinois; 2° le manuscrit de Ghorier; 3" la correspondance du
président Prunier et des appendices.
Dans un avant-propos de xxv p., M. Vellot explique par quel concours
de circonstances il a été amené à retrouver dans les archives person-
nelles de M. le marquis de Virieu le manuscrit de Ghorier que Ton
croyait perdu, et il s'attache à démontrer que ce document doit être
attribué sans hésitation au célèbre historien du Dauphiné. Ce préambule
est intéressant et M. Vellot aurait dû, ce nous semble, s'en tenir là,
sans avoir l'imprudence de vouloir exposer en quelques pages le rôle des
parlements au xvi® siècle. Outre que ce sujet n'est pas neuf, on ne voit
pas trop comment on peut le restreindre au point de le faire entrer dans
la préface d'une biographie ; c'était difficile : aussi M. Vellot n'y a-t-il
pas réussi. Les considérations solennelles qu'il nous présente sur la
Renaissance, l'essor de l'esprit humain, sont des banalités qui ne nous
apprennent rien de nouveau. Toute cette introduction est un hors-
d'œuvre que l'on pourrait facilement supprimer.
Les notes dont M. Vellot a enrichi le texte de Ghorier sont nombreuses
et intéressantes ; nous regrettons toutefois de constater qu'un trop grand
nombre sont empruntées à la Biographie générale, à la Biographie uni-
verselle, à V Armoriai de La Bâtie et même au Dictionnaire de Bouillet.
Quand on a à sa portée des mines aussi précieuses que les archives de
la chambre des comptes et du parlement de Grenoble, on ne doit pas se
contenter d'ouvrages de quatrième main.
En recourant aux sources originales, M. Vellot aurait évité bien des
erreurs ; nous en relèverons une seule : p. 5, Ghorier dit : « Artus
244
Prunier naquit à Grenoble l'an 1548, et ce fut le môme mois que le roy
Henri n y passa allant en Piémont. » Pour préciser la date de la nais-
sance de son héros, M. Vellot n*a pas trouvé mieux que de consulter
un ouvrage relatif à l'histoire de ... Lyon ; il y a vu que le 31 juillet 1448
le roi traversait Lyon, se rendant en Piémont. De cette simple indica-
tion, M. Yellot conclut que Henri U était à Grenoble dans les premiers
jours d'août. C'est une erreur que M. Vellot aurait évitée s'il eût con-
sulté le registre des délibérations ou conclusions de la ville de Grenoble
pour Tannée 1548 : il y aurait vu que le roi passa à Grenoble le
lundi 10 septembre, non pas en allant, mais en revenant de Piémont,
et qu'une réception solennelle lui fut faite, ce qui explique comment ce
fait était resté gravé dans la mémoire des Grenoblois. Si le caractère
paléographique des documents originaux effrayait M. Vellot, il pouvait
trouver des extraits de ces délibérations dans un article de M. Pilot,
inséré dans V Annuaire de la cour de Grenoble, année 1843, p. 21.
Le nouveau manuscrit de Ghorier ressemble à toutes les œuvres de
cet historien aujourd'hui absolument discrédité ; c'est toujours la même
phraséologie solennelle et pédantesque, où les faits sont exposés sans
ordre, sans dates et sans indication de sources. Le récit, sans cesse
embarrassé par des réflexions banales et puériles, se traîne péniblement :
c'est une rude et indigeste lecture.
Pour apprécier le degré de confiance que mérite l'ouvrage de Ghorier,
il faut se rendre compte des circonstances dans lesquelles il a été com-
posé. Pendant toute sa vie, Ghorier eut à lutter contre de continuels
besoins d'argent : c'est à cette indigence, résultat de son inconduite et
de la mauvaise gestion de ses affaires, qu*il faut attribuer les actes d'in-
délicatesse qui souillent sa mémoire. G' est ainsi qu'il ne craignit pas de
vendre à prix d'argent les cartulaires de Saint-Hugues, qu'il avait volés
dans les archives de l'évêché de Grenoble. Ge commerce déshonnête ne
suffisant pas à lui fournir des ressources, il s'attacha à quelques grands
personnages, parmi lesquels se trouvait le président Prunier de Saint-
André, petit-fils du président Artus Prunier. G'est dans cette situation
d'historiographe gagé que Ghorier composa la vie du grand-père de son
bienfaiteur et qu'il lui remit le manuscrit retrouvé récemment par
M. Alfred Vellot. Il est évident qu'un livre écrit dans de pareilles
conditions ne peut être considéré comme une étude critique.
La correspondance du président Prunier est empruntée à un manus-
crit de la Bibliothèque nationale : elle comprend dix-huit lettres inté-
ressantes. A ces pièces justificatives sont joints des extraits d'ouvrages
imprimés concernant le président et son époque.
En résumé, nous regrettons la publication de ce manuscrit, qui eût pu
dormir encore longtemps dans les archives du château de Virieu sans
que personne songeât à s'en plaindre. En l'état actuel des études his-
toriques, avec les ressources qu'offrent les dépôts d'archives et les biblio-
245
thèques, il y a mieux à faire que d'imprimer la prose pédantesque de
Gliorier ; avec les divers manuscrits de Ghorier, avec la correspondance
signalée par M. Roman, avec les archives publiques et privées,
M. Vellot pouvait nous donner une histoire du président Prunier et de
son époque ; à l'aide des documents qu'il aurait recueillis, il lui aurait
été facile de contrôler les assertions de Ghorier et de présenter au public
une biographie critique au lieu de se faire Pintroducteur d'un panégy-
riste salarié.
H. PRUDH02OfE.
Origine des idées politiques de Rousseau^ par M. Jules Vut, vice-
président de rinstitut genevois. (Extrait du Bulletin de IHnstitut,
t. XXIII.) Genève, imprimerie Ziegler, 4878. In-8% 28 p.
La théorie de la souveraineté du peuple formulée par Rousseau dans
le Contrat social est, pour ainsi dire, un produit abstrait et philoso-
phique né de l'étude de la charte genevoise de Tan 1387. Telle est
la thèse que M. Vuy a développée dans l'intéressant opuscule que
j'analyse.
L'article de la charte des libertés de Genève qui contient en germe
les théories de Rousseau est ainsi conçu dans la traduction française
de 1455 :
« Que, si les dessus ditz citoyens de Genève qui par le temps présent
sont et seront au temps advenir procureurs de la dite cité, des dessus
ditz privilèges et franchises en tous leurs chapitres ou en aulcuns
d'eulx nen usent, que pourtant les ditz citoyens et communité par
l'espace de trente ans, quarante ans, cinquante ans ou plus ne soient
pas perdus [sic, corr. preclus?], ou ne leur puisse encourre prescription
de temps. Et se nous ou nostres officiers qui par le temps advenir
[seront] venoient au contraire en tout ou en partie de ces privilèges,
ou qu'il attentassent de venir au contraire, que pour tant ils ne
deussent ne ne poussent aus ditz citoyens, clercz et communité porter
préjudice quelconque ne alléguer prescription de temps, sinon en tant
qu'il seroit du consentement et voulenté des ditz citoyens de la dite
communité. »
Tout concourt à prouver que cet article d'une charte lue certainement
par Rousseau, citée par lui, a été l'occasion, le point de départ de la
célèbre formule :
« La souveraineté est indivisible, inaliénable et elle réside essentiel-
lement dans tous les membres du corps. »
Je n'ai, pour ma part, nulle objection à faire à la thèse de M. Vuy
et je la crois digne de fixer l'attention de nos lecteurs. Ge travail a été,
246
à TAcadémie des sciences morales et politiques, l'objet d'un rapport
fort remarquable de M. Nourrisson, auquel on fera bien de se reporter*.
Paul ViOLLET.
Pentateuchi Versio Laiina antiquissima e codice Lugdunensi. Version
latine du Pentaieuque antérieure à saint Jérôme^ publiée diaprés
le manuscrit de Lyon, avec des fac-similés, des observations paléo-
graphiques^ philologiques et littéraires sur l'origine et la valeur
de ce texte, par Ulysse Robert. Paris, Didot, 4 884 . In-4°, gxliii-
334 p. et 4 planches.
Le manuscrit qui est l'objet de cette publication forme une partie du
numéro 54 de la bibliothèque publique de Lyon. Dans le catalogue mis
au jour par Delandine en 1812, il porte le numéro 329. Avant la révo-
lution il faisait partie de la bibliothèque du chapitre de Lyon. Les
lecteurs de la Bibliothèque de l'École des chartes connaissent l'histoire de
ce manuscrit, l'acte de vandalisme et le vol partiel dont il a été l'objet,
la merveilleuse découverte que nous devons à la science et au zèle de
M. Léopold Delisle, la restitution qui fait tant d'honneur à lord
Ashburnham^.
La pubh cation de M. Robert se divise en trois parties : 1® une intro-
duction qui expose quel intérêt présente à divers points de vue le texte
du manuscrit; 2* une copie figurée du manuscrit, exécutée en capitales
d'imprimerie, reproduisant les pages, les colonnes, les lignes, laissant les
mots indistincts, conservant les abréviations ; 3* une édition exécutée
suivant le procédé ordinaire, en minuscules, avec séparation des mots,
signes de ponctuation, etc. et texte grec en regard.
L'écriture du manuscrit paraît remonter au sixième siècle ; mais la
version latine que ce manuscrit nous fait connaître doit avoir été faite
vers l'an 300. Le manuscrit grec que l'auteur de cette version avait sous
les yeux contenait des variantes qui ne se trouvent ni dans le codex
Vaticanus, ni dans le codex Alexandrinus, les deux manuscrits les plus
anciens des Septante. Enfin cette version latine n'est pas celle que saint
Augustin a nommée Itala, mais elle paraît avoir été connue de quelques
Pères de l'Église chez qui l'on trouve des citations de la Bible qui
semblent s'y rapporter.
1. Séances et travaux de y Académie des sciences morales et politiques,
compte-rendu par Vergé, t. 110, p. 904 etsuiv.
2. Notice sur un manuscrit de Lyon renfermant une ancienne version latine
inédite de trois livres du Pentateuque^ par M. L. Delisle, Bibliothèque de
VÉcole des chartes^ t. XXXIX (1878), p. 421-431. — Le Pentateuque de Lyon,
par M. Delisle, ibid., t. XLI (1880), p. 304-307.
2n
La publication de ce document présente un grand intérêt au point de
vue de la critique biblique : M. Ulysse Robert fait ressortir cet intérêt
par une étude approfondie. Le codex Lugdunensis est un document paléo-
graphique de premier ordre : M. Ulysse Robert consacre trente pages à
Texamen détaillé des particularités qui le distinguent à ce point de vue.
Mais notre attention a été surtout attirée par la notice grammaticale qui
occupe les pages xli à cxxv de l'introduction. On peut y distinguer
quatre parties consacrées, la première à la phonétique, la seconde à la
morphologie et à la syntaxe, la troisième à la collation du texte latin
avec le texte grec, la quatrième aux mots rares ou nouveaux que ren-
ferme le texte latin. Dans ce savant travail, un des points qui nous a le
plus frappé est le nombre considérable de faits qui, parmi les exemples
'recueillis par l'auteur, expliquent la suppression du futur latin.
Dans la première conjugaison le futur se confond avec le parfait. On
trouve le parfait employé pour le futur dans :
aplicavit
decalvavit
deliberavit
enumeravit
expoliavit
extirpavit
inquinavit
lavavit
liberavit
medullavit
mundavit
ovviavit
propitiavit
purgavit
purificavU
sacrificavit
separavit
suscitavit
terminavit
pour applicabit,
— decalvabit,
— deliberabit,
— enumerabit,
— exspoliabit,
— exstirpabit,
— inquinabit,
— lavabit,
— liberabit,
— meduUabit,
— mundabit,
— obviabit,
— propitiabit,
— purgabit,
— purificabit,
— sacrificabit,
— separabit,
— suscitabit,
— terminabit,
— visitabit.
visitavit —
On trouve le futur employé pour le parfait dans :
consiimabitis pour consuminamstis,
fraudabit —
immutabit —
inchoabit —
inhabitabit —
jurabit —
7nundabit —
orabit —
fraicdavit,
immutavit,
inchoavit,
inhabitavit,
juravit,
mundavit,
oravit.
248
La môme confusion se rencontre dans le verbe eo et dans un verbe
régulier de la 2* conjugaison :
On rencontre le parfait pour le futur :
exivit pour exibit ;
le futur pour le parfait :
introibit pour introivit,
replebit — replevit,
 la troisième conjugaison le présent a été employé pour le futur :
abducis
pour
abduces,
accedis
— ■
accèdes,
accedit
—
accedet,
acceditis
—
accedetis.
antecedit
—
antecedet,
ascendit
—
ascendet.
ascendimus
—
ascendemus,
ascenditis
—
(ucendetis,
aspergU
—
asperges,
adspargit
—
adsperget.
concupiscis
—
concupisces,
confrangit
—
confringet.
constituit
—
constituet,
consumit
—
consumet,
demetitis
—
demetetis,
deprimis
—
déprimes,
descendais
—
descendetis,
discendit
—
descendet,
discendimus
—
descendemus.
dicit
—
dicet.
dicitis
—
dicetiSy
dimittit
—
dimittet,
discendimus
—
discedemus,
disponitis
—
disponetis,
dividis
—
divides,
efpundis
—
effundes.
emimus
—
ememus.
extendit
—
extendet.
extollit
—
extollet.
infundis
—
infundes.
infundit
—
infundet.
inponis
—
impones,
inponit
—
imponet,
mittis
—
mittes,
obliviscitur
—
obliviscetur.
occidis
—
occides.
249
occidit
pour
occidet.
ostendit
—
ostendet,
perditis
—
perdetis,
persequimini
—
persequemini.
ponis
portes.
proficiseitur
—
profidscetur,
proponis
—
propanes,
proponit
—
proponet,
redimis
—
redimes,
reducit
—
reducet.
requieseit
—
requiescet.
résistif
—
resistet,
sercernit
—
secernet,
sinit
—
sinet.
spargit
—
sparget.
subponis
—
supponet,
sumis
—
sumet,
vivit
—
vivet.
a futur pour
le présent :
attinget
pour
attingit,
comedet
—
comedit.
descendet
—
descendit.
dices
—
dicis,
increscet
—
increscit.
inducet
—
indudt.
reddet
—
reddit.
sumet
—
sumit,
tanget
—
tangit,
vivetis
——
vivitis.
La confusion qui s'introduit entre le futur et le parfait de la première
conjugaison est le résultat d'un phénomène phonétique, c'est-à-dire de
l'emploi du v pour le 6, et du b pour le v ; on dit aplicavit pour applicabit,
comme exacervat pour exacerbât dans le codex Lugdunensis, et comme
« avoir » pour habere en français : on dit fraudabit pour fraudavit,
comme albea pour alvea dans le codex Lugdunensis^, et comme « cour-
ber » pour curvare en français.
A la troisième conjugaison la substitution de Vi caractéristique du
présent à Ve caractéristique du futur se justifie également par la pho-
nétique. On dit abducis pour ^abduces comme decim pour decem, adips
pour adeps, discendit pour descendit. C'est de la même façon qu'on se
rend compte de la substitution de Ve caractéristique du futur à Vi du
présent : attinget pour attingit comme carnes pour carnis dans le codex
Lugdunensis, et comme sec pour siccus en français. On peut encore
expliquer par la phonétique fads pour fades, morimur pour morie-
220
mur : i = ie se trouve dans le firet pour fierei du codex Lugdunensis,
Mais ce que la phonétique n'explique plus c'est :
1" conjugaison : extirpât pour extirpabit
— incitât — incitabit
— inquinamini — inquinabimini
— sanctificamini — sanctificabimini
— tribulatis — tribulabitis
2« conjugaison : de lent — delebunt
— exit — exibit
Et réciproquement :
habitabitis pour habitatis
Celui qui a employé ces formes les unes pour les autres ne connais-
sait plus le futur des grammairiens latins et déjà formait le futur à l'aide
de l'infinitif et du verbe auxiliaire habere ; au lieu à'extirpabit, il disait
extirpare habeo, au lieu àHndtaty incitare habeo : le sens d^extirpabit et
àHndtabit, alors tombés en désuétude, lui échappait complètement.
A cet ordre d'idées appartiennent : !<> la confusion du neutre avec le
masculin et avec le féminin ; M. Ulysse Robert en a réuni des exemples
aux pages Lxn, lxv, lxvh de son introduction; 2* l'emploi abusif d'tW,
en français « y », pour eo, et d'ubi, en français « où », pour quo : intra^
bis ibi, « tu y entreras », pour eo intrabis; ubi réfugiât, « oii il se réfu-
gie », pour quo réfugiât, voir p. Lxxv,'etc.
Il serait fort à désirer qu'un texte latin écrit en France à l'époque
mérovingienne et conservé par un ou plusieurs manuscrits du môme
temps fût l'objet d'une publication analogue. Une édition de Grégoire
de Tours, par exemple, faite avec le soin minutieux et l'exactitude
rigoureuse dont M. Ulysse Robert a fait preuve ici, serait un travail
d'une grande utilité pour ceux qui étudient les origines de la langue
française : il serait aussi fort utile pour les historiens qui, reproduisant
en français le texte arrangé d'abord à l'époque carolingienne et en der-
nier lieu par Ruinart, ne se doutent pas des incertitudes que présente
souvent le sens du texte le plus ancien, oii l'on ne peut distinguer les
formes grammaticales du futur de celles du présent et du passé, et oîi
les cas sont souvent employés les uns pour les autres ou plus exacte-
ment ne se distinguent plus, puisque, par exemple, fratris et fratres
peuvent être l'un et l'autre soit un génitif singulier, soit un nominatif,
un accusatif, un datif ou un ablatif pluriel.
Que le désir exprimé ici doive ou non se réaliser, nous remercions
M. Ul. Robert de son intéressante publication, oh il a montré un grand
talent d'éditeur, et qui en même temps, par son exécution typogra-
phique, fait beaucoup d'honneur à la maison Didot.
H. d'Arbois de Jubain ville.
224
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences AUXILIAIRES. — Paléographie, 310, 424. — Diplomatique, 424.
— Bibliographie, 274, 416; manuscrits, 265, 269, 301, 309, 311, 324, 379,
380, 390, 392; imprimés, 269; bibliothèques, 269, 309, 313, 324, 380.
Sources. —Historiens, chroniqueurs, 281, 346, 381, 437. — Mémoires,
journaux, 356. — Lettres, 377, 432. — Archives, 307, 329, 376, 378, 382,
410, 411, 423; documents, 262, 278, 286, 303, 306, 317, 322, 342, 389,
415; cartulaires, 290, 315, 435, 440.
Géographie et topographie, 328, 335, 364, 369, 370, 387, 394, 403,
413, 431.
Biographie et généalogie, 299, 384, 427. — Barbari, 287; Bayard,
343; Beaufort, 393; Berthe de Savoie, 263; Boisjourdan, 354; Brea,
419; Brunel, 405; Gardonnel, 317; Ghalvet, 259; Gharlemagne, 316;
Charles VII, 342; Gino da Pistoia, 298; Cornet, 429; Delfino, 327;
Durer, 287 ; Ébon, 265 ; saint Eucher, 336 ; saint François d'Assise, 295 ;
Gonzaga, 390; Guelfe VI, 260; Henri III, 337; Hincmar, 421; R. de
Houdenc, 441 ; Jeanne d'Arc, 404 ; La Trémoille, Laval, 361 ; Léopold,
duc de Lorraine, 312; Le Tellier, 289; saint Liudger, 437; Louis XI,
342; Mabille de Bellême, 319; Ménard, 291 ; Mirallieti, 419; Montfau-
con, 432; Neufchâtel, 279; Orbec, 409; Orléans, 292; Otton, 383;
Pétrarque, 297 ; Platter, 436 ; Reichersberg, 385 ; Robert de Thorigny ,
381 ; Rougemont, 291 ; Ternes, 333 ; Valois, 345 ; Videl, 294 ; Vienne,
371 ; Wettin, 396.
Droit, 278, 298, 304, 348, 355, 363, 366, 388, 399.
Institutions, 296. — République, 271 ; monarchies, 346; seigneuries,
279, 333, 393. — États généraux, 286. — Villes, 290,314, 350, 400, 408;
hanse, 374. — Armées, guerre, 289, 343, 344, 345, 358, 378. — Finances,
386, 408, 415, 431. — Enseignement, 332, 417, 429. — Commerce et
industrie, 360,401,420.
Sciences. — Philosophie, 347. — Médecine, 401.
Religions. — Bible, 311, 392. — Catholicisme, 285, 385; droit cano-
nique, 421 ; liturgie, 265, 439 ; prédication, 280 ; archevêchés et évêchés,
diocèses, 266, 299, 335; églises et paroisses, 277, 305, 312; ordres régu-
liers, 272, 379; monastères, 265, 270, 276, 331, 340, 341, 350, 372, 373,
381, 407, 435, 440. — Hérésies, 348; guerres de religion, 344, 368.
Archéologie, 273, 285, 323, 330. — Sépultures, 268. — Architecture,
359 ; édifices civils, 302, 303, 340, 362, 406 ; édifices militaires, 278, 397;
222
édifices religieux, 277, 325, 338, 340, 375, 425. — Sculpture, 291. —
Peinture, 419, 427; gravure, 287, 425. — MobiUer, 267, 284, 317, 339.
— Armement, 358 ; blason, 438. — Sphragistique, 310. — Numismatique,
308, 352, 412.
Langues et lfitératures, 264, 274, 351. — Légendes, 313, 320, 321,
339. — Latin, 311, 326, 392, 395. — Langues romanes : catalan, 321;
espagnol, 380; français, 261, 275, 280, 281, 283, 288, 300, 334, 351, 367,
398, 414, 422, 441 ; italien, 274, 288, 320, 430. — Langues germaniques,
349, 365, 394, 426. — Langues celtiques, 282, 353, 434, cf. 439.
SOMMAIRE GÉOGRAPfflQUE.
Allemagne, 383, 387, 394, 424. — Alsace-Lorraine, 399. — Hesse,
352. — Lùbeck, 374. — Prusse, provinces : Hanovre, 264; Hesse-Nassau,
352; Saxe, 269; Westphalie, 315, 437. — Saxe, 3%.
AuTRicHB-HoNQRiB. — Autriche, 378; Moravie, 366; Styrie, 358, 391.
— Hongrie, 264, 438.
Belgique, 273. — Provinces : Anvers, 299; Flandres, 359, 435;
Namur, 290.
Espagne, 388.
Frange, 280, 2%, 303, 308, 337, 343-345, 351, 355, 368, 369, 386. —
Provinces : Anjou, 267; Bretagne, 318, 416, 422; Dauphiné, 259, 323,
371, 412, 413; Franche-Comté, 292, 329; Lorraine, 312, 370; Norman-
die, 286 ; Savoie, 263.— Départements : Aisne, 302, 304 ; Alpes (Hautes-),
293, 341, 342; Alpes-Maritimes, 419, 443; Aube, 331, 393; Aude, 397;
Calvados, 409; Gôte-d'Or, 418; Doubs, 291, 292, 406; Drôme, 285;
Eure, 313; Gard, 335, 401, 436; Gironde, 309; Hérault, 332; Isère, 400,
405; Loire, 330, 384; Loiret, 278, 282, 353; Manche, 381 ; Marne, 265,
268, 373, 421; Mayenne, 354, 361, 362, 376; Meurthe-et-Moselle, 312,
333, 425; Nord, 307; Oise, 372, 431; Orne, 319; Pas-de-Calais, 408;
Rhône, 336, 340, 375, 384, 402, 411; Sarthe, 382; Savoie, 428; Seine,
276, 317, 356; Seine-et-Oise, 360, 431; Seine-Inférieure, 410; Sèvres
(Deux-), 364, 407; Somme, 305, 350; Var, 336 ; Vaucluse, 338; Vienne,
403; Vosges, 270, 279.
Grande-Bretagne et Irlande, 439. — Angleterre, 420, 423. — Ecosse,
415. — Jersey, 322.
Italie, 289, 377. — Provinces : Bergame, 325; Florence, 298; Gônes,
271; Lecce, 266; Mantoue, 390; Padoue, 314, 389; Pérouse, 295; Rome,
273, 274, 324; Turin, 277, 417; Venise, 262, 301, 337.
Luxembourg, 440.
Pays-Bas, 273.
Roumanie, 262.
Suisse. — Fribourg, 363 ; Grisons, 284 ; Neuchâtel, 329.
Orient, 346.
223
259. Aggarias (Joseph). Une Famille parlementaire du Dauphiné.
Notice sur les Ghalvet. Grenoble, impr. Dupont, 1880. 90 p. (Extrait
du Bulletin de r Académie delphinale, 3« série, t. XV.)
260. Adler (S.). Herzog Welf VI und seinSohn. Hannover, Helwing,
1881. iY-160p. 4 m.
261. Albert (Paul). La Littérature française des origines à la fin du
XVI» siècle. 4« édition. Paris, Hachette. In-J8, 432 pages. (Bibliothèque
variée.) 3 fr. 50 c.
262. Alcuni Documenti inediti dell' archivio di Stato di Padova rela-
tivi ad un pietoso episodio del secolo xvr : protagonista un principe
moldavo, teatro dello scioglimento Venezia; pubblicati da Wollemburg
Leone per nozze Mendl-Basevi. Padova, tip. Prosperini. In-4, 23 p.
263. Amobe (A.). Berta di Savoia, impératrice di Germania. Milano,
Ottino, 1881. 57 p. 1 1. 50 c.
264. Analecta ad historiam renascentium in Hungaria litterarum
spectantia. lussu Academiae scientiarum Hungaricae edidit Ëugenius
Abel. Budapestini, in aedibus Academiae, Lipsiae, Brockhaus, 1880.
iv-298 p.
265. AuBERT (Edouard). Manuscrit de Tabbaye d'Hautvillers, dit évan-
géliaire d'Ébon. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur, 1881.
18 pages. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires de
France,)
266. Baffi (sac. Luigij. Ricerche sulla origine del fondatore délia
cattedra episcopale di Taranto, ed altro che intéressa la storia délia
medesima Ghiesa. Taranto, Latronico, 1880. 90 p.
267. Barbier de Montault (X.). Description iconographique de
quelques fers à hosties de l'Anjou. Angers, Germain et Grassin. 20 p.
(Extrait de la Revue de V Anjou,)
268. Baye (J. de). Sépultures franques de Joches (Marne). Paris,
Didier. 12 pages, figures et pi. (Extrait de la Revue archéologique,
novembre 1880.)
269. Bech (Fedor). Verzeichniss der alten Handschriften und Drucke
in der Domherren-Bibliothek zu Zeitz aufgestellt und mit einem Vor-
worte zur G^schichte der Bibliothek versehen. Berlin, Weidmann,
1881. In-4, xi-58 p. 5 m.
270. Benoît (A.). Quelques Mots sur les abbayes de Moyenmoutier et
de Senones en 1759. Saint-Dié, impr. Humbert. 6 p. (Extrait du Bulle-
tin de la Société philomathique vosgienne, 1880-1881.)
271. Bent (J, Théodore). Genoa, how the republic rose and fell. With
eighteen illustrations. London, G. Kegan Paul, 1881. xx-420p. 18 s.
224
272. Bérenqibr (dom Th.). Tableau historique du monachisme occi-
dental. Le Mans, impr. Monnoyer. xl-7 p.
273. Bertolotti (A.). Artisti belgi ed olandesi a Roma nei secoli xvi
e XVII. Notizie e documenti raccolti negli archivi romani. Firenze, Gaz-
zetta d'Italia. 429 p.
274. Bibliograiia romana. Notizie délia vita e délie opère degli scrit-
tori romani dal secolo xi hno ai nostri giorni. Vol. I. Roma, tip. Botta,
1880. In-4, GLXxiii-266 p. (Ministero di agricoltura, industria e com-
mercio. Direzione di statistica.)
275. BiscHOFF (Fritz) . Der Gonjunctiv bei Ghrestien. Halle a. S., Max
Niemeyer, s. d. iv-126 p. 3 m. 60 pf.
276. BoNNARDOT (Hippolytc). L'Abbaye royale de Saint-Antoine-des-
Ghamps, de l'ordre deGîteaux. Paris, Didier. 19 p. (Extrait delà Revue
archéologique, décembre 1880.)
277. Bosio (G. T. Antonio). Memorie storico-religiose e di belle arti
del duomo e délie altre chiese di Ghieri, con alcuni disegni. Torino,
libreria San-Giuseppe, 1880. 428 p.
278. Boucher de Molandon. Documents Orléanais du règne de Phi-
lippe-Auguste. Statuts donnés aux tisserands d'Orléans. Limites de la
juridiction de l'évêque d'Orléans à Pithiviers. Enquête sur des droits
d'usage dans la forêt. Le donjon royal, dit la Tour-Neuve ; sa recons-
truction, ses souvenirs. Orléans, Herluison, 1881. 30 p.
279. BouREULLE (de). Les Gomtes de Neufchâtel, seigneurs de Ghâtel-
sur-Moselle et autres lieux (xiv«-xv« siècles). Saint-Dié, impr. Humbert.
15 pages. (Extrait du Bulletin de la Société philomathique vosgienne,
1880-1881.)
280. BouRQAiN (L.). La Ghaire française au xii« siècle, d'après les
manuscrits. Paris, Palmé, 1881. x-399 p.
281. Brantôme (Pierre de Bourdeille, seigneur de). Œuvres complètes.
Publiées d'après les manuscrits, avec variantes et fragments inédits,
pour la Société de l'histoire de France, par Ludovic Lalanne. Tome X.
Opuscules et pièces diverses; lexique; poésies inédites publiées par le
docteur E. Galy. Paris, Loones. 518 p. 9 fr.
282. Breton (the) Glosses at Orléans. Edited by Whitley Stokes. Gal-
cutta, 1880. ix-77 p. (Non mis dans le commerce.)
283. Brunetière (Ferdinand). La Langue et la littérature françaises au
moyen âge. Montpellier, impr. Hamelin. 24 p. (Extrait de la Revue des
langues romanes.)
284. Buchler (Ghristian). Die Kacheloefen in Graubiinden au s dem
XVI. bisxviii. Jahrhundert. Eine kunst- und kulturgeschichtliche Studie,
225
Zurich, Gaesar Schmidt, 1881. Gr. in-4, 44 p., 6 planches en couleur
par G. G. Hofer. 9 fr. 50 c.
285. Bulletin d^histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse du
diocèse de Valence. 1"* année, 1'® livraison, septembre-octobre 1880.
Romans, au secrétariat du comité de rédaction, 48 p. (Paraît tous les
deux mois.) Un an, 3 fr.
286. Cahiers des états de Normandie sous le règne de Henri IV,
documents relatifs à ces assemblées, recueillis et annotés par Gh. de
Robillard de Beaurepaire. Tome I (1589-1601). Rouen, Métérie. 367 p.
(Publications de la Société de l'histoire de Normandie.)
287. Ganditto (le comte A.-E. de). Jacob de Barbari et Albert Durer.
La vie et l'œuvre du Maître au caducée, ses élèves, Durer, Titien,
Marc-Antoine, Mabuse, Marguerite d'Autriche. Catalogue et prix de
ses quarante- trois gravures. Bruxelles, Van Tricht. 583 p. et 2 portraits
12 fr. 50 c.
288. Gantare (el) di Fierabraccia etUliuieri. Italienische Bearbeitung
der chanson de geste Fierabras. Herausgegeben von E. Stengel. Voraus-
geschickt ist eine Abhandlung von G. Buhlmann : Die Gestaltung der
chanson de geste Fierabras im Italienischen. Marburg, Elwert, 1881.
XLni-191 p. (Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der roma-
nischen Philologie. Veroeffentlicht von E. Stengel. II.) 8 m.
289.' Garon (N.-L.). Michel Le Tellier, son administration comme
intendant d'armée en Piémont (1640-1643), manuscrits inédits de la
Bibliothèque nationale, copies du temps. Paris, Pedone-Lauriel. In-18,
GLxix-328 p. 5 fr.
290. Gartulaire de la commune de Dinant, recueilli et annoté par
Stanislas Bormans. Tome II, 1450-1482. Namur, Wesmael-Gharlier.
380 p. (Documents relatifs à l'histoire de la province de Namur, publiés
par ordre du conseil provincial.)
291. Gastan (Auguste). Notice sur les tombeaux des archevêques de
Besançon Thiébaud de Rougemont Bt Quentin Ménard. Besançon,
impr. Dodivers. 19 p. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du
, Doubs, 12 juillet 1879.)
292. Gastan (Auguste), La Retraite de Gaston d'Orléans en Franche-
Gomté et ses trois séjours à Besançon en 1631 et 1632. Besançon, impr.
Dodivers. 51 p. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du Doubs,
1877-1879.)
293. Ghabrand (le D'). Les Escoyères en Queyras. Grenoble, Drevet,
1881. In-12, 15 p. (Extrait du journal le Dauphiné.)
294. Ghabrand (le D'). La Famille Videl. G-renoble, impr. Dupont,
1880. 10 p. (Extrait du Bulletin de V Académie delphinale, 3" série, t. XV.)
15
226
295. Ghérancé (le H. P. Léopold de). Saint François d'Assise (1182*
4226). 2« édition, avec portrait. Paris, Poussielgue. In-i8, xix-S32 p.
(Bibliothèque franciscaine.)
296. Ghébuel (A.). Dictionnaire historique des institutions, mœurs et
v, coutumes de la France. 5« édition. Paris, Hachette. 2 vol. in-18 à 2 col.,
LXxvi-568, 709 p. (Histoire universelle, sous la direction de M. V. Dnniy.)
12 fr.
297. Chevalier (Ulysse). François Pétrarque, bio-bibliographie. Mont-
béiiard, impr. Hotlmann. 16 p. (Extrait du Répertoire des sources hisUh-
riques du moyen âge, 4« fascicule.)
298. Ghiappelli (Luigi). Vita e Opère giuridiche di Gino da Pistoia,
con molti documenti inediti. Ricerche. Pistoia, Bracali, 1881. 240 p. 3 1.
299. Glaessens (P.). Histoire des archevêques de Malines. Louvain,
Peeters. 2 vol., 392, 244 p.
300. Gocheris (Hippolyte). Origine et formation de la langue française.
Notions d'étymologie française. Origine et formation des mots, racines,
préfixes et suffixes. (Programme du 2 août 1880. Classes de troisième,
seconde et rhétorique.) Paris, Delagrave. In-12, 394 p.
301. Godex Gumanicus bibliothecœ ad templum Divi Marci Yenetia-
rum. Primum ex intègre edidit, prolegomenis notis et compluribus
glossariis instruxit comes Géza Kuun. Budapestini, editio scient. Aca-
demiae Hung., 1880. gxxxiv-395 p.
302. GoMBiER (A.). Le Palais de justice de Laon. Laon, impr. CSortil-
liot. 43 p.
303. Gomptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XI Y,
publiés par M. Jules Guiffrey. Tome I: Golbert (1664-1680). Paris, impri-
merie nationale. In-4 à 2 col., lxxiv-1533 p. (GoUection de documents
inédits sur Thistoire de France, 3® série, archéologie.)
304. Coutumes et usages des étangs de la Bombes et de la Bresse, par
M. Gh. Rivoire et autres auteurs, réunis, mis en ordre, annotés et
suivis de la bibliographie des étangs et d'un tableau des mesures
locales, par A. Truchelut, expert-géomètre. Bourg, impr. Authier et
Barbier. 172 p. (Publication du comité des géomètres des arrondisse-
ments de Bourg et de Trévoux.)
305. GoYETTE (l'abbé A.). La Paroisse du Saint-Sépulcre d'Abbeviiie,
etc., avec appendices, notes et pièces nombreuses. Abbeviile, impr.
Paillart, 1880. In-18, xxii-557 p.
306. GuissARD (Gh.). Documents inédits sur Abélard, tirés des mss.
de Fieury conservés à la bibliothèque publique d'Orléans. Orléans,
impr. Golas. 47 p.
227
307. Dbhaisnes (C). Inventaire-sommaire des archives communales
de la ville de la Bassée (département du Nord) antérieures à 1790. Lille,
impr. Danel. Gr. in-4 à 2 col., v-109 p.
308. Deloche (M.). Explication d'une formule inscrite sur plusieurs
monnaies mérovingiennes. Paris, Didier, 8 p. (Extrait de la Revue
archéologique, septembre 1880.)
309. DELPrr (Jules). Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
municipale de Bordeaux. Tome I. Bordeaux, imprimerie Delmas. In-4,
xxxm-464 p.
310. Demay (G.). La Paléographie des sceaux. Paris, imprimerie
nationale. 77 p. avec figures.
311. Di un codice critico délia Biblia volgata, trascritto nel secolo xii.
Gon fotografie del codice stesso. Palermo, tip. Virzî. 25 p.
312. DiQOT (Paul). Léopold, duc de Lorraine, fondateur de Téglise
Saint-Sébastien de Nancy. Nancy, impr. Grépin-Leblond. In-12, 16 p.
313. DoiNEL (A.). Notice historique sur Alizay (légendes, notes et
statistiques diverses, catalogue de la bibliothèque scolaire). Évreux,
impr. Hérissey. 76 p.
314. DoLFiN (Alvise). Relazione sul capitaneato délia cittàdi Padova,
dal 10 dicembre 1623 al 17 maggio 1625. Padova, tip. Prosperini. 15 p.
(Per nozze Dolfin-Rocchetti.)
315. Dortmunder Urkundenbuch. Bearbeitet von Karl Riibel. Band I.
Erste Haelfte. (N» 1-547.) 899-1340. Dortmund, Koeppen, 1881 . vii-376 p.
9 m.
316. Double (Lucien). L'Empereur Gharlemagne. Paris, Fischbacher.
In-18, xviii-291 p.
317. DouET d'Argq (L.). Inventaire après décès des biens meubles de
M« Pierre Gardonnel, chanoine de Notre-Dame de Paris (1438). Paris.
28 p. (Extrait du tome VII des Mémoires de la Société de l'histoire de
Paris et de l'Ile-de-France. Ne peut être mis en vente.)
318. DupuY (Ant.). Histoire de la réunion de la Bretagne à la France.
Tome II. Paris, Hachette, 1880. 502 p. 7 fr. 50 c.
319. DuvAL (Louis). La Louve d'Alençon. Mabille de Bellôme dans
le roman et dans Thistoire. Alençon, impr. Marchand-Saillant. In-12,
16 p.
320. Eine italienische prosaversion der sieben weisen. Nach einer
Londoner handschrift zum ersten maie herausgegeben von Hermann
Varnhagen. Berlin, Weidmann, 1881. xvi-39 p. 2 m.
321. Eximplis. RecuU de eximplis é miracles, gestes é fabules éaltres
ligendes ordenades per A. B. G., tretes de un manuscrit en pergamî del
'ZtjtTienç^nu^xn del <egie xt. ara per primera volca «stampades. S. L n. d.
' BarcftLrjna. !VM).> .i^ii p. ^ r.
:yr2. Eir>Mite dfi lile de J<*rw»y. !<5*y7. Jacques L Jersey, C. Le Pean*,
lîJ*»). In-L xxxn-[3ô p. (Société jersiaise. Ehiblicatioa 5*.>
.?^^ FLO«iA5-VALLC3fTni. ï^^y^fi^enf» archèoIiDfnqaes fiûtes en Daa-
phiae p^nda^nt l'aanei? 1^TI>. Grenoble, impr. Daponc, 1880. 35 pa^es.
/Extrait di Bulletin 4e l'Aradtmie deiphinale, 3« série, t. XV.)
3^4, FoiCELLA Vincenzo^. Catalofzo dei manoscritti rignardand la
storia di Ho ma che §i a>Q.^rvano neUa biblioleca Vaticana. Vol. II.
Roma, Bocca, Iw). ii6p. 15 I.
3^>. Foft505r lEIiai. ÂppuQti «alla vecchia bosilica di Santa Sfaria.
Ma^giore di Eiergamo. Bergamo. tip. GafTari e Gatti. In-foL, ^ P*ses,
i planches.
3^. Fornr^ATi ( Venanti Honori Clementianii presbyteri Italid Open
poetica. heceosuit et emendavit Fridericos Léo. Berolini. Weidmaiin,
18^1, Ia-4, xxTrn'42T p. iMonnmenta Germaniae historica. Anctorom
aQtiqai£ftimonim tomi IV pars priori 12 m.
327. Frammento di cronaca inedita del sec. xvn relativo al card.
Marco Delfino, pubblicato per nozze Dolfin-Rocchetti. PadoTa, tip.
Prosperini. 12 p.
328. Fbeexax /Edward A.j. The Historical Geography of Europe.
I»ndon, I»Dgmans, 1881. 2 vol., xlii-604, viu p.,LXV cartes. 1 1. 1 s. 6 d.
320. Gauthieb (Jnles). Les Documents franc-comtois des archives de
Neufchàtel fSui.sse). Besancon, impr. Dodivers. 43 p. (Extrait dn Bul'-
Utin de l'Académie de Besançon, 19 décembre 1879.)
330. Geoffray (Stéphane). Iconographie des départements. Documents
ponr ser\'ir à l'histoire et à la connaissance du travail et de la richesse
en France ; fac-similés et reproductions photographiés sur nature et sur
pièces originales inédites (topographie, archéologie, architecture, indus-
trie, arts et métiers, histoire politique et littéraire, religieuse et mili-
taire, portraits, curiosités des collections particulières et publiques, etc.).
Livrai.son 1. Iconographie de la Loire. Fascicule 2. Roanne ancien.
Album n* i. Paris, Geoffray. ln-4, 7 p. et 5 planches dont 1 double.
331. Georges (l'abbé Etienne). Quelques Comtes de Brienne et Tabbaye
de Beaulieu d'après les pièces originales. Troyes, impr. Dufour-Bou-
quot. 23 p. (Extrait de VAnniuiire de l'Aube, année 1880.)
332. Germain (A.). L'École de médecine de Montpellier, ses origines,
sa constitution, son enseignement. Etude historique d'après les docu-
ments originaux. Montpellier, impr. Martel, 1880. In-4, 152 p. (Extrait
des Mémoires de la Société archéologique de Montpellier.)
229
333. Germain (Léon). Recherches historiques sur la seigneurie de
Gons-la-Grranville. Jean I«' de Ternes, sire de Gons (1247-1258). Nancy,
impr. Grépin-Leblond. 32 p. et armoiries.
334. GoDEFROY (Frédéric). Dictionnaire de l'ancienne langue française
et de tous ses dialectes du ix«au xv« siècle, composé d'après le dépouil-
lement de tous les plus importants documents manuscrits ou imprimés
qui se trouvent dans les grandes bibliothèques de la France et de l'Eu-
rope et dans les principales archives départementales, municipales,
hospitalières ou privées. Tome I, fasc. 1-7. Paris, Vieweg, 1880-1881.
In-4 à 2 col., 552 p.
335. GoiFFON (l'abbé). Dictionnaire topographique, statistique et his-
torique du diocèse de Nîmes. Nîmes, Grimaud, Gervais-Bedot, Gatelan.
428 p.
336. GouiLLOuD (le P. André). Saint Eucher, Lérins et TÉglise de
Lyon au v* siècle. Lyon, Briday. x-564 p.
337. Gradbnioo (Pietro). Notizie del passagio per lo Stato veneto di
Enrico III, re di Francia, nelF anno 1574 (da un codice Marciano).
Yenezia. 16 p. (Pubbl. da Ant. Angeli per nozze Buvoli-Tedeschi.)
338. Grand (le) Bénitier de Saint-Agricol à Avignon, lettre à M. Joseph
Seguin, gérant du Bulletin historique, archéologique et artistique de Vau-
cluse, par le marquis de M. Avignon, Seguin. 7 p. (Extrait du Bulletin,
juillet 1880.)
339. GuiFFREY (J.). Note sur une tapisserie représentant Godefroy de
Bouillon et sur les représentations des preux et des preuses au xv« s.
Paris. 14 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires
de France, t. XL.)
340. GuiGUE (G.). Notice historique sur l'hôtel et la prison de Roanne,
le prieuré de Saint-Alban et le palais actuel de Lyon. Lyon, impr.
Mougin-Rusand. 19 p. (Extrait du Moniteur judiciaire, 12 juillet 1880.)
341. Guillaume (Paul). Recherches historiques sur les Hautes-Alpes.
1«* partie. Les maisons religieuses : 1» l'abbaye de Saint-Marcellin
d'Embrun; 2" la Novalaise et ses dépendances alpines. Gap, impr.
Jouglard, 1881. 95 p.
342. Guillaume (Paul). Relations de Louis XI et Charles VUE avec
Gap et Embrun d'après deux documents des archives départementales
des Hautes- Alpes. Paris, Alphonse Picard, 1881. 8 p. (Extrait du Bul-
letin d'histoire ecclésiastique et d*archéologie religieuse des diocèses de
Valence, Gap, Grenoble et Viviers, l***» année, 3« livraison.)
343. Hardy (E.). Bayard (1495-1514). Paris, Dumaine. 183 p., 28fig.
et portrait. (Études militaires historiques.) 4 fr.
V
230
344. Hardy (E.). Les Guerres de religion, de 1562 à 1594. Paris,
Dumaine. 199 p., 29 fig. (Études militaires historiques.) 4 fr.
345. Hardy (E.). Les Valois d'Angoulôme, de 1515 à 1589. Paris,
Dumaine. 466 p., 86 fig. (Études militaires historiques.) 8 fr.
346. Harnagk (Otto). Das karolingische und das byzantinische Reich
in ihren wechselseitigen politischen Beziehungen. Nebst einem Excurs
liber den officiellen oder privaten Ursprung der grossen karolingischen
Annalen. Goettingen, Peppmùller. 104 p. 2 m.
347. Hauréau (B.). Histoire de la philosophie scolastique. Seconde
partie. Paris, Pedone-Lauriel. 2 vol., 463, 495 p.
348. Hayet (Julien). L'Hérésie et le bras séculier au moyen âge
jusqu'au treizième siècle. Paris, Champion, 1881. 67 p. (Extrait de la
Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLI, 1880.)
349. Heinemânn (Karl). Ueber das Hrabanische glossar. Halle, Max
Niemeyer, 1881. 92 p. 2 m. 40 pf.
350. Hénocque (Fabbé). Histoire de Tabbaye et de la ville de Saint-
Riquier : les saints, les abbés, le monastère et l'église, la ville et la
commune, etc. Tome I. Paris, Dumoulin. Li-4, xl-568 p. et planches.
(Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie. Documents inédits
concernant la province. Tome IX.)
351. Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par des
religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur et continué par
des membres de TListitut (Académie des inscriptions et belles-lettres).
Tome XXVHL Suite du xrv^ siècle. Paris, imprimerie nationale. In-4,
xx-516 p.
352. Hoffmeister (Jacob Ghristoph Garl). Historisch-kritische Beschrei-
bung aller bis jetzt bekannt gewordenen hessischen Mïmzen, Medaillen
u. Marken in genealogisch-chronologischer Folge. IV. Band. Hannover,
Garl Meyer, 1880. In-4, xxiv-456 p. 30 m. (On a compris dans ce
volume une réimpression du vol. III, qui avait été tiré à petit nombre.)
353. Irish (the) Passages in the Stowe missal, with some notes on
the Orléans glosses. Edited by Whitley Stokes. Calcutta, 1881. 22 p.
(Non mis dans le commerce.)
354. Jean et Joachim de Boisjourdan (1505-1577). Mamers, impr.
Fleury et Dangin. 16 p.
355. Jobbé-Duval (E.). Étude historique sur la revendication des
meubles en droit français. Paris, Larose, 1880. 254 p.
356. Journal d'un bourgeois de Paris (1405-1449), publié, d'après les
manuscrits de Rome et de Paris, par Alexandre Tuetey. Paris, Cham-
pion, 1881. xLiv-419 p. (Publication de la Société de Thistoire de Paris
et de rile-de-France.)
234
357. Klockhoff (Oskar). Studier ôfver Eufemia Visarnar. Upsala
Universitets Arsskrift, 1881 : Filosofi, Sprâkvetenskap och historiska
Vetenskapen, I. Upsala, 1881. 86 p.
358. Landes-Zeughaus (Das) in Graz. Herausgegeben von der Vor-
stehung des Munzen- und Antiken-Gabinetes am St. L. Johanneum.
Leipzig, Brockhaus, 1880. In-4, v-176-XLvn-151 p., xliii planches. 60 m.
359. Lanqerogk (P.), Hougkb (A. van). Anciennes Gonstructions en
Flandre. Oude Bouwwerken in Vlaanderen. l'« année, l"» et 2* livrai-
sons. Gand, Stepman, 1881. xx planches.
360. Le Gharpentier (H.). Essai historique sur Tancienne corporation
des bouchers de Pontoise. Pon toise, impr. Paris. 27 p.
361. Le Fizelier (Jules). Anne de Laval, princesse de la Trémoille
(1505-1553). Mamers, impr. Fleury et Dangin. 37 p. (Extrait de la
Revue historique et archéologique du Maine, t. VIII, 188().)
362. Lefizelier (Jules). Description de Téglise de Montaudin, canton
de Landivy (Mayenne). Note rédigée pour V Inventaire des richesses d'art.
Laval, impr. Moreau. 5 p. avec un dessin par Dousdebès. (Extrait des
Procès verbaux et documents de la commission historique et archéologique
de la Mayenne.)
363. Lehr (Ernest). La Handfeste de Fribourg-dans-l'IJechtland de
l'an MCCXLix. Lausanne, Benda, 1881. vi-146 p., 1 planche. 8 fr.
364. Lévesque (Louis). Notes sur Saint-Maixent. Le campus Vocla^
densis. Dissertation sur le champ de bataille de 507. Niort, impr.
Robichon, 1880. 35 p. 2 fr.
365. Lexer (Matthias). Mittelhochdeutsches Taschenwoerterbuch mit
grammatischer Einleitung. Zweite Auflage mit Nachtraegen. Leipzig,
Hirzel, 1881. xxin-420 p. 4 m.
366. Libri citationum et sententiarum seu Knihy pûhonné a nâlezové.
Tomus m. Pars altéra. Qua continentur : Pûhony Olomucké 1437-1448.
Edidit Vincentius Brandi. Brunœ, sumptibus deputationis marchionatus
Moraviœ, 1880. P. 425-732.
367. LoisEAu (A.), fiistoire de la langue française, ses origines et son
développement jusqu'à la fin du xvi« siècle. Paris, Thorin. iv-538 p.
368. LoiSELEUR (Jules). Les Nouvelles Gontro verses sur la Saint-Bar-
thélémy. Paris, Germer Baillière. 30 p. (Extrait de la Revue historique,
janvier 1881.)
369. LoNGNON (Auguste). Notes sur la géographie de la Gaule. Nogent- n^
le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. P. 13-26*
370. Maggiolo (L.). Simples Notes pour servira l'histoire de la carto-
232
graphie en Lorraine du xv* au xix' siècle. Nancy, impr. E^rger-Levrault*
12 p.
371. Maignien (Edmond). Raoul de Vienne, sire de Louppy, gouver-
neur du Dauphiné (oct. 1361-8ept. 1369). Grenoble, impr. Dupont, 1881.
36 pages. (Extrait du Bulletin de l'Académie delphinale, 3' série, t. XVI,
1880.)
372. Malte-Brun (V.-A.). Le Mont Renaud, ancienne chartreuse de
Noyon, dite du Mont Saint-Louis. Notice historique. Paris, Champion.
27 p. et 2 pi.
373. Mancbaux (l'abbé), curé d'Hautvillers. Histoire de l'abbaye et du
village d'Hautvillers. Épernay, impr. Doublât. 3 volumes, vm-615, 599,
637 p.
374. Mantels (WilhelmK Beitraege zur lûbisch - hansischen Gre-
schichte. Ausgewaehlte historische Arbeiten. Jena, Gustav Fischer,
1881. xxxi-391 p., 1 pi. 8 m.
375. Marsy (le comte A. de). La Monographie de la cathédrale de Lyon
par M. L. Bézule. Compte rendu bibliographique. Arras, libr. du Pas-
de-Calais; Paris, Dumoulin. 12 p. (Extrait delà Revue de Vart chrétien.)
376. Martonne (A. de). Rapport sur les archives du département de
la Mayenne, présenté au conseil général (session d'août 1880). Laval,
impr. Moreau. 18 p.
377. Mazzei (ser Lapo), notaro. Lettere a un mercante del secolo xiv,
con altre lettere e document!, per cura di Cesare Gruasti. Firenze, Le
Monnier, 1880. 2 vol. in-16, cxLm-443, 465 p. 8 1.
378. Mittheilungen des k. k. Kriegs-Archivs. Herausgegeben von der
Direction des Kriegs-Archivs. l. Mit zwei Tafeln. Wien, R. v.
Waldheim, 1881. 130 p., 2 cartes. 7 fl.
379. MoLiNiER (Auguste). Description de deux manuscrits contenant
la règle de la militia Passionis Jhesu Christi de Philippe de Mézières.
Gênes, impr. de l'institut royal des sourds-muets, 1881. 32 p. (Extrait
des Archives de l'Orient latin, t. I, p. 335-364.)
380. Morel-Fatio. Catalogue des manuscrits espagnols de la Biblio-
thèque nationale. Livraison 1. Paris, imprimerie nationale. In-4 à 2 col.,
243 p. (Sera complet en 2 livraisons.)
381. MoRLAis (M.). De vita et scriptis Roberti de Torinneio, abbatis
in Monte Sancti Michaelis. Thesim proponebat Redonensi litterarum
facultati. Paris, Thorin. x-91 p.
382. MouLARD (P.)/ Analyse des registres paroissiaux et de l'état civil
de Sougé-le-Ganelon (Sarthe). Le Mans, Lebrault. 80 p. 1 fr. 50 c.
233
383. MuECKE (A.). Kaiser Otto II. undOttoIII. Halle, Buchhandlung
des Waisenhauses, 1881. vi-122 p. (Erzaehlungen aus dem deutschen
Mittelalter. Herausgegeben von Otto Nasemann. VIII.) 1 m. 20 pf.
384. NiBPCE (Léopold). Les Titres de la noblesse ancienne et moderne
du Lyonnais, transcrits sur les registres de la cour d*appel de Lyon
<1808-1858). Lyon, Georg. vm.244 p.
385. NoBBB (Heinr. F. A.). Gerhoh von Reichersberg. Ein Bild aus
dem Leben der Kirche im 12. Jahrhundert. Leipzig, Boehme, 1881.
vni-180 p.
386. f^OEL (Octave). Étude historique sur Torganisation financière de
la France. Paris, Charpentier. In-18, xi-504 p., 2 cartes. (Bibliothèque
Charpentier.) 3 fr. 50 c.
387. Oesterley (Hermann). Historisch-geographisches Woerterbuch
des deutschen Mittelalters. Lief. 1, 2. A-Engabrunn. Gotha, Justus
Perthes, 1881. 160 p. 4 m. 80 pf. (L'ouvrage paraîtra en 12 livraisons
environ, à 2 m. 40 pf., et sera terminé en 1882.)
388. Oliver (Bienvenido). Historia del derecho enCataluna, Mallorca
y Valencia. Côdigo de las costumbres de Tortosa. Tomo IV (y ûltimo).
Madrid, Murillo, 1881. xxiv-574 p. 60 r.
389. Pace (la) del 26 agosto 1157 tra i Monseliciani e i Pernumiani.
Lettera di Andréa Gloria, con documento inedito. Padova, t^rosperini.
23 p. (Per nozze Dolfin-Rocchetti.)
390. Paris (Gaston). Inventaire des manuscrits en langue française
possédés parFrancesco Gonzagal®', capitaine de Mantoue, mort en 1407.
Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. 18 p. (Extrait de la
Romania, t. IX.)
391. Peinligh (Richard). Chronistische Uebersicht der merkwurdigsten
Naturereignisse, Landplagen und Gulturmomente der Steiermark vom
Jahre 1000 bis 1850. Graz, Leykam-Josefsthal, 1880. 1 tableau in-fol.
piano. 1 fl.
392. Pentateuchi Versio Latina antiquissima e codice Lugdunensi.
Version latine du Pentateuque antérieure à saint Jérôme, publiée d'après
lé ms. de Lyon, avec des fac-similés, des observations paléographiques,
philologiques et littéraires sur l'origine et la valeur de ce texte, par
Ulysse Robert. Paris, Didot, 1881. In-4, cxliv-341 p.
393. Piqeotte (Léon). Les Anciens Seigneurs de Beaufort, aujourd'hui
Montmorency (Aube). Troyes, impr. Dufour-Bouquot. 32 p. (Extrait de
V Annuaire de l'Aube, 1881.)
394. Piper (Paul). Die Verbreitung der deutschen Dialekte bis um
234
datf Jahr 1300. Auf Grund der alten Sprachdenkmaeler bearbeitet
uad kartographisch dargestellt. Mit einer Karte im Maasstabe von
1 : 4,700,000. Zweite Auflage. Lahr, Schaaenburg, 1881. 8 p., 1 carte.
(Extrait de la Zeiischrift pUr unssenschaftliche Géographie de Kettler, I, 4.)
HOpf.
395. Pootae Latini aevi Garolini. Recensuit Ernestus Duemmler.
Tomi I pars prior. Berolini, Weidinann, 1880. In-4, 392 p. (Monumenta
Oermaniae historica.) 10 m.
396. PossE (Otto). Die Markgrafen von Meissen und das Haus WeUin
bis zu Konrad dem Grossen. Mit 4 Stammtafeln und 8 Karten. Leipzig,
Giesecke und Devrient, 1881. xv-464 p. 9 m.
397. PouGHET (J.). Excursion au pic Saint-Loup et aux ruines du
château de Montferrand. Avec une photographie et un croquis de
Montferrand et une coupe de la région de Saint-Loup. Montpellier, impr.
Boehm. 39 p. (Extrait du Bulletin de la Société languedocienne de
géographie, décembre 1880.)
398. Prosaroman (Der) von Joseph von Arimathia. Mit einer Einlei-
tung ueber die handschriftiiche Ueberlieferung herausgegeben von
Georg Weidner. Oppeln, Eugen Franck, 1881. lxv-148 p.
399. Prost (Aug.). Étude sur le régime ancien de la propriété. La
vesture et la prise de ban à Metz. Paris, Larose. 253 p. (Extrait de la
Nouvelle Revue historique de droit français et étranger, 1880.)
400. Prudhomme (A.). Notice historique sur la ville de Bourgoin.
Vienne, Savigné, 1881. 35 p., 1 pi. (Extrait de la Revue du Dauphinê et
du Vivarais, 1880.)
401 . PuECH (le docteur Albert). Les Pharmaciens d'autrefois à Nîmes,
étude historique d'après les documents inédits. Paris, Savy. 180 p.
(Extrait des Mémoires de V Académie de Nimss, 1879.) 4 fr.
402. Raverat (le baron). Notre vieux Lyon. Promenades historiques
et artistiques dans les quartiers de la rive droite de la Saône. Lyon,
impr. Meton. 243 p. 5 fr.
403. Reoet (L.). Dictionnaire topographique du département de la
Vienne, comprenant les noms de Lieu anciens et modernes, rédigé sous
les auspices de la Société des antiquaires de l'Ouest. Paris, imprimerie
nationale. In-4 à 2 col., xxxvi-530 p. (Dictionnaire topographique de la
France.)
404. Renard (Ath.). La Patrie de Jeanne d'Arc. Langres, Dangien.
In-12, 15 p.
405. Revillout (Gh.). Un Voyatgeur dauphinois resté inconnu, Antoine
235
de Brunel, seigneur de Saint-Maurice-en Trievès (1622-1696). Grenoble,
impr. Dupont, 1880. 38 p. (Extrait du Bulletin de VAcadémie delphinale,
3« série, t. XV.)
406. Richard (rabbé). Notice sur le château de Ghauvillers. Besan-
çon, impr. Dodivers. 8 p. (Extrait du Bulletin de l'Académie de Besançon,
16 décembre 1879.)
407. Richard (Alfred). Étude critique sur les origines du monastère
de Saint-Maixent. En quel lieu il a été édifié. Son premier nom. Saint-
Maixent, impr. Reversé. 47 p.
408. Richard (Jules-Marie). Une Conversion de rente à Arras en 1392.
Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur, 19 p. (Extrait de la
Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLI.)
409. RiouLT DE Neuville (le vicomte L.). Les Barons d^Orbec. Gaen,
Le Blanc-Hardel. In-4, 60 p. (Extrait du 30* volume des Mémoires de la
Société des antiquaires de Normandie,)
410. RoBiLLARD DE Beaurepaire (Gh. oe). Livontaire-sommalre des
archives de la ville de Rouen antérieures à 1790. Série A (1'® série).
Délibérations. Rouen, impr. Lecerf. Gr. in-4 à 2 col., p. 81-240.
411. Rolle (Fortuné). Liventaire-sommaire des archives hospitalières
antérieures à 1790. Ville de Lyon : la Gharité, ou Aumône générale.
T. IV, sériesEàH. Lyon, Brun. Gr. in-4 à 2 col., 566 p.
412. Roman (Joseph). Jetons du Dauphiné. Grenoble, impr. Dupont,
1880. 46 p. (Extrait du Bulletin de VAcadémie delphinale, 3« série,
t. XV.)
413. Roman (Joseph). Recherches sur l'emplacement de la civitas et
de révêché Bigomagensium (province ecclésiastique d'Embrun). Grenoble,
impr. Allier. 55 p.
414. Rothenberg (Ismar). De suffixarum mutationein lingua Franco-
gallica. Dissertatio inauguralis. Berolini, 1880. 92 p.
415. Rotuli scaccarii regum Scotorum. The Exchequer Rolls of Scot-
land edited by George Burnet. Vol. IV. A. D. 1406-1436. Edinburgh,
H. M. gênerai register house, 1880. gcxiv-783 p. (Séries of chronicles
and memorials published by authority of the lords commissioners of
H. M. treasury under the direction of the deputy clerk-register of
Scotland.)
416. Sagher (Frédéric). Bibliographie de la Bretagne, catalogue géné-
ral des ouvrages historiques, littéraires et scientifiques parus sur la
Bretagne, avec la liste des revues publiées en cette province, les prix
approximatifs des volumes rares, etc. Rennes, Plihon. vi-236 p.
236
417. Sassi (Daniele). L'Istnizione pubblica in Torino dal 1300 al 1S80.
Torino, V. Bona. 97 p.
418. Sautereau (P.-B.). Notice historique sur Sombernon. Giteaux,
libr. Saint-Joseph. 216 p.
419. ScHiEFFER (Enrico). Giovanni Mirallieti e Ludovico Brea, pittori
celebri nizzardi del xv» secolo, descritti. Nizza, tip. Yiterbe. In-i8,
32 p.
420. Sghanz (Georg). Englische Handelspolitik gegenEnde des Mittel-
alters mit besonderer Berûcksichtigung des Zeitalters der beiden ersten
Tudors Heinrich Vil. und Heinrich VIII. Gekroente Preisschrift.
Leipzig, Duncker und Humblot, 1881. 2 vol., î:ix-684, xni-672 p. 32 m.
421. Sdralek (Max). Hinkmars von Rheims kanonistisches Gutachten
ûber die Ehescheidung des Koenigs Lothar II. Ein Beitrag zur Kirchen-,
Staats- und Rechts-Geschichte des ix. Jahrhunderts. Freiburg im
Breisgau, Herder, 1881. xi-199 p. 3 m.
422. Sébillot (Paul). Littérature orale de la Haute-Bretagne. Tradi-
tions, légendes, chansons, proverbes, devinettes, superstitions. Paris,
Maisonneuve. In-12, xn-409 p. (Les Littératures populaires de toutes
les nations, tome I«'.)
423. Sélections from the records of the city of Oxford, with extracts
from other documents illustrating the municipal history : Henry VIII.
to Elizabeth, 1509-1583. Edited, by authority of the corporation of
the city of Oxford, by W^illiam H. Turner, under the direction of
Robert S. Hawkins. Oxford and London, Parker, 1880. xl-478 p.
L. 1, 1 s.
424. SiCKEL (Th.). Kaiserurkunden in Abbildungen herausgegeben von
H. V. Sybel und Th. Sickel. Eine Selbstanzeige. Innsbruck, Druck der
Wagner'schen Universitaets-Buchdruckerei , 1881. 23 p. (Extrait des
Mittheilungen des Instituts fur oesterreichische Geschichtsforschung, II,
p. 310-330.)
425. Singulières (les) Merveilles du vieux Nancy. Le portail des
Sœurs grises, gravé par G. Lapaix, d'après une estampe de D. GoUin,
graveur du roi de Pologne, extraite des Mémoires de l'Académie de la
ville neuve de Nancy. Notice par Gh. Gourbe. Nancy, impr. Grépin-
Leblond. In-4, 23 p. et 2 grav. (Extrait du Journal de la Société d'ar--
chéologie lorraine.)
426. Sir Orfes, ein englisches feenmaerchen aus dem mittelalter mit
einleitung und anmerkungen herausgegeben von D"" Oscar Zielke.
Breslau, Koebner, 1880. v-137 p. 4 m.
237
427. SiRET (Adolphe). Dictionnaire historique et raisonné des peintres
de toutes les écoles depuis Torigine de la peinture jusqu'à nos jours.
Contenant : 1° un abrégé de l'histoire de la peinture chez tous les
peuples ; 2® la biographie des peintres par ordre alphabétique avec dési-
gnation d'école; 3' Tindication de leurs tableaux principaux avec dési-
gnation des lieux où ils se trouvent; 4* la caractéristique du style et de
la manière des peintres ; 5« le prix auquel ont été vendus les tableaux
dans les ventes célèbres des trois derniers siècles, y compris le xix«;
6* huit cents monogrammes environ ; 7' les listes chronologiques, par
école, des artistes cités. i'« livr., A-GEN. Louvain, Peeters ; Bruxelles.
192 p. à 2 col. 7 fr. 50 c.
428. SoiRiBR d'Evires (de). Notice historique sur l'organisation de la
justice et de la magistrature en Tarentaise du xii« au xix* siècle. Gham-
béry, impr. Châtelain. 36 p. et planche.
429. Soyez (E.). Nicolas Cornet, grand maître du collège de Navarre,
esquisse biographique. Amiens, Delattre-Lonoel, 1880. In-4, 197 p. et
portrait.
430. Sposalizio (lo) di Flos con Floris : novella cavalleresca inedita
del secolo xv, pubbl. da Zambrini Francesco per nozze Tessier-Bressa-
nin. Imola, tip. Galeati. 18 p.
431. Tableau général de l'élection de Chaumont et Magny en 1772,
publié par Alfred Potiquet. Magny-en-Vexin, Bourgeois. 61 p. et carte.
432. TAinzEY de Larroque (Philippe). De la correspondance inédite
de dom B. de Montfaucon. Paris, Champion, Picard, 1879. 32 pages.
(Extrait de la Revue de Gascogne.)
433. TosELLi (G. B.). Raccolta di vari documenti suUa storia di
Nizza. Nizza, tip. Gauthier. In-18, 200 p.
434. Transactions (the) of the Royal Irish Academy. Irish manu-
script séries. Volume I. Part I. On the calendar of Oegus. By Whitley
Stokes. Dublin, the Academy, 1880. In-4, 41-cccLn p.
435. Trois (les) Cartulaires de la prévôté ou abbaye de Saint-Martin,
à Ypres. Tome I®**. Bruges, impr. De Zuttere-Van Kersschaver. In-4,
424 p. (Publication de la Société d'émulation de la Flandre.)
436. Visite de Thomas Platter à Nîmes et au pont du Gard (févr. 1596),
précédée d'une lettre de M. Jules Bonnet à M. Meynard-Auquier.
Nîmes, Peyrot-Tinel. 16 p. (Extrait des Mémoires de l'Académie de
Nîmes, 1878.)
437. Vitae (Die) sancti Liudgeri. Herausgegeben von D' Wilhelm
Diekamp. Miinster, Theissing, 1881. Gxxii-330p. (Die Geschichtsquellen
.*
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CHRONIQUE ET MÉLAN&ES.
Par arrêté du 2 mai 1881, M. Tardif, professeur de droit du moyen
âge à rÉcole des chartes, est autorisé à se faire suppléer, pendant le
second semestre de l'année scolaire 1880-1881, par M. Paul VioUet,
archiviste paléographe.
— Le 25 mars, notre confrère M. Gaston Paris a été élu, par
TAcadémie des inscriptions et belles-lettres, membre de la commission
de V Histoire littéraire de la France et membre du conseil de perfection-
nement de rÉcole des chartes, en remplacement de M. Paulin Paris.
— Par arrêté du 25 mars, nos confrères MM. Gerbaux et Omont ont
été nommés surnuméraires à la Bibliothèque nationale, le premier au
département des imprimés, le second au département des manuscrits.
— Par arrêté du 19 avril, notre confrère M. Élie Berger a été nommé
archiviste auxiliaire à la section législative et judiciaire des Archives
nationales.
— Notre confrère M. Didier-Neuville a été nommé commis de seconde
classe aux archives du ministère de la marine.
— A l'occasion de la réunion des délégués des sociétés savantes à la
Sorbonne, notre confrère M. Vetault, bibliothécaire de la ville de Rennes,
a été nommé officier d'académie.
— Notre confrère M. Ernest Meunier du Houssoy a été nommé second
secrétaire d'ambassade à la Haye.
SOCIÉTÉ DES ANCIENS TEXTES FRANÇAIS.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DU 27 DÉCEMBRE 1880.
Discours de M, de Montaiglon, président.
Messieurs,
Le vieux roi de Pologne, prenant un soir congé d'une jeune dame de
sa cour, lui dit, en la quittant, ce très joli mot : Mon chancelier vous dira
le reste, A la fin de la présidence dont vous m'avez honoré, je serais,
dans un autre sens, et sans que nous ayons le moindre chancelier, dis-
posé à reprendre le mot de Stanislas.
Votre secrétaire vous parlera des volumes qui sont prêts, des volumes
qui sont en train, de ceux qui se préparent ; votre trésorier vous pré-
sentera nos comptes et l'état de nos finances, plus prospère qu'en
240
d'autres années. La dépense inteUectuelle et la recette matérielle, sans
laquelle la première est impossible, sont les deux choses intéressantes et
vitales de notre séance annuelle.
Permettez-moi, pour avoir quelque chose à vous dire, de vous rappe-
ler en quelques mots très rapides — comme vous connaissez ces matières,
vous êtes de ceux à qui il suffit d'indiquer, sans insister ni appuyer —
ce que le xvm<* siècle a fait dans le sens de nos études et comment nous
sommes ses continuateurs. Si nous faisons mieux que lui, c'est qu'il
nous a épargné bien des tâtonnements et des essais.
En dehors de la grammaire et de la lexicographie, en dehors des do-
cuments et des chroniques utiles à l'histoire, dont on a commencé à
s'occuper dès le xvi<» siècle, et nous restreignant à l'ancienne poésie, qui
est, sauf exception, ce qui préoccupe la Société des anciens textes, on
n'a commencé qu'au xviii<* siècle à s'y intéresser si peu que ce soit.
Jusque-là le sentiment qui règne est le mépris de tout ce qui n'est pas
tout neuf. C'est là ce qui avait fait qu'une chanson de geste en cinq ou
six mille vers arrivait à en avoir vingt-cinq mille, pour se changer en
un roman en prose, que nous imitons plus tard quand il nous a été pris
par ritalie ou par l'Espagne. L'imprimerie, qui commence par le latin
de la théologie et du droit, ne touche, quand elle arrive au français,
qu'aux derniers contemporains ; et quand, au xvi* siècle, Molinet imprime
le roman de la Rose, et quand Marot lui-même réimprime François
Yillon, c'est en les corrigeant au goût du jour, et ils ne devaient pas
faire autrement. Dans les Recherches de la France d'Etienne Pasquier,
dans le Recueil des origines de la langue et poésie françaises du président
Claude Fauchet, publié en 1781 dans les Bibliothèques françaises de La
Croix du Maine ou d'Antoine du Yerdier, et plus dans celle du premier
que du second, il y a un commencement d'étude curieuse et intelligente
du passé, mais on n'en est pas encore à l'impression des textes.
Pourtant, aux approches du xvu* siècle, en 1594, Antoine Loisel
imprime les vers d'Helinand sur la mort. Plus tard, en 1617, André
Duchesne édite les œuvres d'Alain Chartier, et il n'avait pas tort, au
point de vue de l'histoire plus que de la poésie ; mais, pendant tout le
grand siècle, trois hommes de l'âge précédent Vestent seuls en lumière :
un relativement petit, Clément Marot, à qui La Fontaine, Jean-Baptiste
Rousseau et môme Voltaire doivent quelque chose, et deux autres abso-
lument grands, Montaigne, qui est le maître de Pascal, Rabelais, l'un
des maîtres de La Fontaine et de Molière. Huet, qui lit Rabelais et
l'annote sur les marges de ses exemplaires, Chapelain, Guy Patin lui-
même, qui ne prend Rabelais que par le petit côté, sont les vrais lec-
teurs de ces vieux auteurs démodés, pendant que les Elzévirs en font,
sur beau papier français et avec des caractères exquis, d'ailleurs imités
des impressions lyonnaises des De Tournes, les plus mauvaises éditions
possibles.
244
A la fin du siècle, en 1692, Fontenelle fait un recueil des plus belles
pièces des poètes français depuis Villon, où il n'y a qu'une petite partie
du premier volume qui soit réellement ancienne, mais qui a suscité des
imitations, dont la meilleure est certainement le recueil des Annales
poétiques publié de 1778 à 1788. Il faut tenir en plus haute estime, parce
qu'elle est bien plus ancienne, la collection des anciens poètes français,
publiée en huit volumes, à Paris, par Goustelier, dans les deux années
1723 et 1724, et composée de la Farce de Pathelin, le chef-d'œuvre sans
conteste de notre ancien théâtre comique ; de "Villon, le premier de nos
grands poètes; de Crétin, qui est une curiosité; de Goquillart, qui
est un homme d'esprit ; de Martial d'Auvergne, qui l'est presque au
même degré ; de la Chronique de Faifeu, qui avait pour elle de n'être
connue que par un seul exemplaire, et nous n'en connaissons qu'un de
plus aujourd'hui ; enfin, de Jean Marot, parce qu'il était le père de Clé-
ment. Ce fut pour la régence ce qu'a été bien plus tard la Bibliothèque
elzévirienne, ce qu'est aujourd'hui la Société des anciens textes français.
La Monnoye n'a pas imprimé, et ce ne doit pas être sa faute, tout ce
qu'il a étudié et préparé. C'est notre contemporain, M. Jannet, qui a
imprimé son édition de "Villon; c'est un de nos confrères les plus
regrettés qui a imprimé, en 1873, son édition de Mellin de Saint-
Gelais.
A côté de La Monnoye, dont les notes sont le meilleur de la réim-
pression de La Croix du Maine et de Pu Verdier, il y a Gueulette, qui
a réimprimé, en 1734, le Jehan de Saintré d'Antoine de la Sale ; en
1735, V Histoire de Gérard, comte de Nevers, et d^Euryant de Savoie; il y a
aussi Lenglet du Fresnoy. Il a fait, en 1731, non pas en France, nous
devons en convenir, mais à la Haye, une grande édition en quatre
volumes in-4* de Marot; en 1735, une édition du roman de la Rose. La
réimpression normande des Plaisants Traits de vérité est de 1732 ; les
poésies de Thibaut de Champagne paraissaient en 1742, VOrdene de che^
Valérie en 1759, le Castoiement en 1760. Barbazan et plus tard Le Grand
d'Aussy nous révélaient les fabliaux, pendant que l'abbé Goujet analy-
sait les anciens poètes du xv* et du xvi® siècle, que M. de Paulmy lisait
et faisait lire les vieux livres de son admirable bibliothèque, que le duc
de La Vallière s'occupait de nos mystères et faisait publier la Bibliothèque
du théâtre françois, que Sainte-Palaye travaillait à un Dictionnaire dont
la publication, à son heure, eût été bien précieuse.
Au xix« siècle, c'est à Grenoble, en 1803, que s'impriment pour la
première fois les œuvres de Charles d'Orléans; Méon, qui suivait
l'exemple de Lenglet du Fresnoy et de Barbazan, réimprime le roman
de la Rose, les fabliaux, et a l'honneur d'éditer le premier le roman de
Renart j mais, à part la continuation de V Histoire littéraire, qui n'attei-
gnait pas le grand public (savez-vous si elle l'atteint beaucoup plus
aujourd'hui?), il faut arriver aux travaux de Raynouard et de Fauriel,
46
244
i^es éditions et ses réimpressions. Je ne peux vous en présenter qu'une
énumération rapide et nécessairement incomplète. Chaque nom et
chaque titre demanderaient un développement que vous vous chargerez
de faire vous-mêmes. N'a-t-il pas imprimé Mellin de Saint-Gelais avec
les notes de La Monnoye, la Lyonnaise Louise Labbé, qui a écrit un des
plus beaux sonnets de notre langue, les Rondeaux et Vers d'amour de
Jean Marion, les Vers de Marie de Romieu, les Élégies de Jean Doublet,
un volume de Poésies inédites de Ronsard et ensuite toutes ses œuvres
dans la Bibliottièque elzévirienne, les poésies de Tahureau et de Guy de
Tours, les Bergeries de Vauquelin de la Fresnaye, le Plaisir des champs
de Claude Gauchet, qui est souvent un bien charmant poète, les odes de
Malherbe et, à côté, ce que le législateur du Parnasse eût trouvé au-
dessous des halles, la Fricassée crotestyllonnée, monologue dramatique
normand fait avec des bribes de chansons, de devinettes et de proverbes,
puis François Maynard, les épigrammes inédites de GomÉauld, et une
trilogie de satiriques de la première moitié du xvii« siècle, bien curieux
pour la physionomie de leur temps, Angot, sieur de l'Ësperonniere,
Courval-Sonnet et Du Lorens ?
Voilà tout un ensemble qui est Tœuvre d'un bibliophile érudit.
M. Blanchemain a travaillé jusqu'à la dernière heure. Le hasard m'a
fait, avant sa mort, et comme je demandais de ses nouvelles, lire une
de ses dernières lettres, peut-être la dernière, écrite, d'une main lente
et pénible, à l'éditeur qui imprimait ce qui déjà ne pouvait plus être
qu'une publication posthume. J'ai oublié les termes, mais je suis sûr
du sentiment, qui était exprimé brièvement avec le plus grand calme
et la plus* parfaite simplicité : « C'est certainement la dernière fois que
je puis corriger une épreuve; mon ami, — M. Fertiault, si ma mémoire
me sert bien, — se chargera de voir pour moi les autres épreuves. •
Voilà ce qui est mourir, non pas à la peine, mais sur la brèche, et
ce que nous devons tous nous proposer pour exemple. Quoi que nous
fassions, il faut faire comme lui, aimer ce qu'on aime, — et travailler.
Rapport sur les travaux de la Société des anciens textes français en 1879,
par M. Paul Meyer, secrétaire.
Messieurs,
Lors de notre dernière assemblée générale, le 18 juin de l'an passé,
un volume restait dû aux membres de la Société pour l'exercice de 1878.
Pour celui de 1879, un seul volume avait été publié. Cette année, à
pareille date, l'exercice de 1878 était enfin complet, mais diverses cir-
constances, et notamment l'état de santé de l'éditeur d'Eustache Des-
champs, M. le marquis de Queux de Saint-Hilaire, avaient apporté au
progrès de nos publications un retard en raison duquel l'exercice de 1879
demeurait représenté par un unique ouvrage, le tome I de la Chronique
du Mont Saint'Michel, éditée par M. S. Luce. En cet état de choses, il
245
n'était pas possible de tenir notre assemblée annuelle à l'époque accou-
tumée. La matière eût fait défaut à votre secrétaire, et, les comptes de
1879 étant en suspens, votre trésorier n'aurait pu vous en présenter le
résumé. Le conseil de la Société a donc décidé que la séance générale
serait reportée pour cette fois à la fin de Tannée. Nous espérions qu'à
ce moment, non-seulement l'exercice de 1879, mais encore celui de 1880
seraient clos. Cette espérance, comme vous allez le voir, ne s'est pas
réalisée. L'exercice de 1879 est complet, bien que le dernier des volumes '
qui en font partie ne soit pas encore entre nos mains, mais il s'écoulera
plusieurs semaines avant que nous nous soyons acquittés complètement
envers nos souscripteurs de Tannée courante. Il y a là, de notre part,
un retard auquel nous faisons tous nos efforts pour porter remède, et
qui n'a pas d'autre cause que la difficulté de trouver des éditeurs ayant
tout à la fois la compétence et les loisirs nécessaires pour mener à bonne
fin des éditions telles que nous les entendons, c'est-à-dire exécutées
avec la méttiode et le soin minutieux qu'exige le progrès des études
romanes, et accompagnées de tous les secours qui peuvent faciliter l'in-
telligence d'un vieux texte. Mais le progrès même de ces études, en
même temps qu'il rend la tâche plus difficile, est la preuve que le
nombre de ceux qui les poursuivent va croissant, et par suite nous
pouvons légitimement espérer voir s'agrandir le cercle encore bien res-
treint des personnes à qui votre conseil peut avec sécurité confier le
soin de nos publications. Vous allez voir d'ailleurs, messieurs, que,
depuis Tan dernier, nous sommes loin d'être restés inactifs.
Commençons par le premier en date des ouvrages dont j'ai à vous
entretenir. Cet ouvrage, c'est le Saint Voyage de Jérusalem du seigneur
d'Anglure, édité par MM. Bonnardot et Longnon, et annoncé dès mon
rapport de 1876. C'est un de ces récits qui, intéressant à la fois l'histoire
et les lettres, peuvent plaire à de nombreux lecteurs. La circonstance
qu'il appartient à une époque peu reculée du moyen âge ne le rend pas
moins digne d'attention, si on considère que l'étude de nos vieux
auteurs, poussée depuis quelques années avec tant d'ardeur en France,
en Allemagne et en Italie, s'est principalement portée vers la période la
plus ancienne de notre littérature, de sorte qu'il reste probablement plus
de découvertes à faire pour le xiv« siècle et le xv® que pour les temps
antérieurs. La notice sur Ogier Vin, seigneur d'Anglure, que M. Lon-
gnon a rédigée pour cette édition est une étude biographique complète,
telle que nous ne prétendons pas en donner dans toutes nos publica-
tions, mais que nous nous gardons bien de repousser lorsqu'on nous
l'offre.
, Pour Tannée 1879, nous avons distribué le t. IV des Miracles de Notre
Dame, Commencée en 1876, cette importante publication s'achemine
vers son achèvement avec une parfaite régularité. Nous avons pu en
donner un volume chaque année. Trois autres tomes, dont l'un est sous
246
presse, épuiseront le contenu des deux précieux in-folio qui nous ont
conservé cette collection unique de mystères, oil nous devons chercher
à peu près tout ce qui nous reste du théâtre français à la fin du
xrv^» siècle. Nous nous hâtons d'en terminer l'impression, désireux de
commencer le plus tôt possible deux autres collections également rela-
tives à notre ancien théâtre : le recueil des sotties, farces et moralités,
depuis longtemps annoncé, et un recueil de mystères provençaux, pour
lequel des circonstances particulières ont mis à notre disposition des
éléments absolument nouveaux. Il nous parait difficile de conduire
simultanément deux ou trois publications de cette étendue, qui absorbe-
raient à elles seules nos ressources de chaque année et nous mettraient
dans Timpossibilité de publier les textes complets en un volume dont
plusieurs attendent leur tour depuis longtemps déjà.
Le Mystère du Vieux Testament, dont M. J. de Rothschild a voulu faire
à ses frais la coûteuse et difficile édition, se poursuit avec non moins de
régularité. Le tome II, qui vous a été distribué cette année même, ne
le cède pas en intérêt au tome précédent. Grâce au caractère singulier
de cet ouvrage, qui est l'assemblage d'oeuvres originairement indépen-
dantes, il est possible de couper la publication en morceaux dont cha-
cun, comprenant un petit nombre de mystères, est proportionné à
rétendue d'un de nos volumes. Chacun de ces morceaux, pouvant être
étudié séparément, a sa notice en tête du volume, disposition qui, là où
elle peut être observée, est assurément plus agréable au lecteur que celle
qui consiste à rejeter toute l'introduction à la fin de la publication. La
notice qui précède le t. II étudie, avec une érudition et une critique qui
n'ont plus à être louées ici, les mystères qui continuent l'histoire
sacrée depuis le sacrifice d'Abraham jusqu'au séjour des Israélites en
Egypte. Le troisième volume, dont l'impression est fort avancée, con-
duira le récit jusqu'à Sanson exclusivement. Six volumes en tout seront
nécessaires pour l'accomplissement de ce grand travail, après lequel
notre généreux trésorier nous fait espérer la publication d'autres ou-
vrages du même temps et du même genre.
Il vous est dû encore un volume pour l'année 1879. Ce volume, la
chanson d'Élie de Saint-Gilles, est tiré depuis quelques jours. Le surcroît
de besogne que l'approche du premier de l'an impose aux relieurs ne
nous a pas permis d'obtenir qu'il fût cartonné à temps pour être distri-
bué avant la séance. Il sera entre vos mains le mois prochain. L'ayant
annoncé l'an dernier, je n'ai pas à vous en entretenir cette année. Grâce
aux soins apportés tant par l'éditeur, M. G. Raynaud, le dévoué secrétaire
adjoint de la Société, que par le commissaire responsable, M. G. Paris,
nous avons lieu d'espérer que le texte, l'introduction et le glossaire
donneront toute satisfaction aux philologues ; d'autre part, la collaboration
de M. le professeur Koelbing nous permet de joindre au texte français
à!Élie de Saint-Gilles, tel que le fournit un manuscrit unique provenant
247
de la bibliothèque La Yallière, la traduction d'une vieille saga islan-
daise qui elle-même traduit un texte fort semblable à celui de notre
édition, plus correct cependant sur certains points. Nous avions pensé
joindre à Tédition du texte français une édition du texte islandais, et
M. Koelbing nous avait mis en état de réaliser pleinement l'intention
exprimée à cet égard dans le rapport de l'an dernier. Mais nous n'avons
pas tardé à reconnaître que, sahs parler des difficultés matérielles que
soulèverait l'impression d'un texte islandais dans une imprimerie fran-
çaise, mal outillée pour un travail de ce genre, notre volume aurait
atteint des proportions tout à fait imprévues. D'ailleurs notre Société
ayant pour objet la mise au jour des monuments de notre ancienne
littérature, l'édition d'un texte islandais n'avait pour nous qu'une valeur
accessoire. M. Koelbing, satisfaisant à notre désir, voulut bien réduire
sa collaboration à l'exécution d'une traduction de la saga, et on recon-
naîtra que si cette traduction suffit, elle est du moins un appendice
nécessaire à l'édition du texte français.
Si nous devons regretter de n'avoir pu vous fournir encore aucun des
volumes afférents à l'exercice de 1880, je dois m'empresser d'ajouter que
votre attente ne sera pas de longue durée. Les trois volumes attribués à
cet exercice sont à peu près terminés et vous seront distribués très peu
après VÉlie de Saint-Gilles; ce sont d'abord le t. II des œuvres d'Eustache
Deschamps, puis la Vie de saint Gilles^ et enfin le roman provençal de
Daurel et de Béton.
Le t. II d'Eustache Deschamps, qui est sous presse depuis 1878, n'a
pas été retardé par un autre motif que celui qui a été indiqué au début
de ce rapport, la maladie qui a obligé pendant plusieurs mois notre actif
et dévoué administrateur d'interrompre la publication à laquelle, depuis
plusieurs années, il consacre ses soins. Toutefois, l'impression du volume
est à la veille de s'achever. Vous y trouverez le fac-similé d'une gra-
cieuse miniature oii on a tout lieu de reconnaître le portrait du poète
lui-même; vous y lirez une curieuse notice, due à notre savant confrère
M. S. Luce, sur le scribe qui a exécuté le principal manuscrit de Des-
champs. Dans peu de semaines, il vous sera distribué. M. G. Paris, qui
consacre à notre Société ce que des occupations multiples et absorbantes
lui laissent de ioi^rs, a pu, tout en poussant activement la publication
des Miracles de Notre Dame, conduire bien près de sa fin l'édition de la
Vie de saint Gilles, à laquelle il a travaillé depuis longtemps avec M. le
docteur A. Bos. La longue introduction qui doit précéder ce monument
ancien, et jusqu'ici inconnu, de notre vieille poésie, est en grande part
imprimée. Enfin, pour compléter l'exercice de 1880, nous publierons un
ouvrage dont la valeur dépasse de beaucoup l'étendue, et qu'une circons-
tance singulièrement heureuse nous a permis de faire entrer dans notre
collection. Il y a quelques années notre éminent confrère M. A. -F. Didot,
dont la Société regrette la perte, acquit un manuscrit exécuté dans le
248
midi de la France, qui, tout incomplet qu'il est, — une ancienne pagi-
nation montre qu'il a perdu au début soixante-douze feuillets, — contient
encore une dizaine d'ouvrages à peu près tous inconnus jusqu'à ce jour.
M. Alfred Oidot, qui appartient à la Société à double titre, conune
membre fondateur et comme éditeur, a voulu faire profiter la Société
du trésor littéraire qui lui était échu. Il a mis gracieusement à la dispo-
sition du conseil son manuscrit, avec toute liberté pour en exécuter la
publication. Le conseil a bien voulu confier ce travail à votre secrétaire.
J'ai copié ou fait copier le ms. tout entier. L'une des plus importantes
parmi les compositions qu'il renferme, le mystère de la Passion, rare et
curieux spécimen de l'ancienne littérature dramatique du midi de la
France, a été réservé pour former la tôte du recueil d'anciens mystères
provençaux que nous mettrons sous presse aussitôt que l'édition des
Miracles de Notre Dame sera achevée. Tout le reste du ms. prendra place
dans le volume qui terminera l'exercice de 1880. Le morceau principal
de ce volume, dont l'impression s'achève en ce moment, c'est la chanson
de geste provençale de Daurel et de Béton, dont l'existence n'était con-
nue jusquà ce jour que par une allusion obscure faite par un troubadour
des premières années du xiii« siècle. Cette chanson de geste est jusqu'à
présent le seul spécimen incontestable de cette épopée provençale
toujours cherchée et toujours fugitive. Elle sera accompagnée d'une
analyse très développée et d'un glossaire aussi complet que possible,
afin que notre édition ne soit pas un livre inutile entre les mains de
ceux même des membres de la Société qui n'ont pas fait du provençal
une étude spéciale. Les pièces de moindre importance que renferme le
même ms. seront publiées dans un appendice. Il me parait inutile d'in-
sister sur l'intérêt d'une publication qui sera, dans peu de semaines,
entre vos mains. Qu'il me soit permis cependant, messieurs, de dire en
terminant que, à considérer simplement la valeur de nos textes, et en
gardant, comme il convient, le silence sur notre œuvre personnelle,
nous pouvons dire que si nos volumes ne sont pas toujours prêts à
l'heure dite, ils savent du moins récompenser l'attente.
MONUMENTA GERMANIAE.
La réunion annuelle des directeurs des Monumenta Germaniae a eu
lieu à Berlin du 21 au 23 avril 1881. Nous empruntons au rapport publié
à cette occasion les détails suivants sur l'état des publications.
Volumes publiés par la Société pour la connaissance de l'ancienne
histoire d'Allemagne, depuis le mois d'avril 1880 : — 1° Auctorum anti'
quissimorum tomi IV pars i : Venanti Honori Clementiani Fortunati
opéra poetica. Recensait et emendavit Fridericus Léo. — 2* Scriptorum
iomus XXV. — 3* Einhardi Vita Karoli Magni. Editio quarta. Post
G. H. Pertz recensuit G. Waitz. — 4o Poetae Latini aevi Carolini. Recen-
249
suit Ernestus Dûmmler, Tomi I pars prior. — 5'» Neues Archiv der
Gesellschaft fur aeltere deutsche Geschichtkunde, Band VI.
Volume publié avec Tappui de la Société et en partie d'après ses ma-
tériaux : Acta Imperii inedita seculi XIII. Urkunden und Briefe zur Ge-
schichte des Kaiserreichs und des Koenigreichs Sicilien in den Jahren 1198
bis 1273. Herausgegeben von Eduard Winkelmann.
Volumes en préparation :
Auctores antiquissimi , Jordanis, par Mommsen, sera achevé avant la
fin de Tannée. Les œuvres en prose de Fortunat suivront les œuvres
poétiques ; on y joindra un index pour le tout. Avitus, par Peiper, et
Symmaque, par Seeck, sont commencés d'imprimer; Ausone, par
Schenkl, sera bientôt envoyé à l'impression. M. Liitjohann a collationné
les manuscrits de Sidoine en Angleterre, M. Vogel ceux d'Ennodius à
Rome.
Scriptores. On espère finir cet été le vol. XIII, interrompu quelque
temps par la mort du docteur Heller, qui y publiait VHistoria Remensis
de Flodoard. Ce volume se terminera avec le Chronicon Altinate, publié
par Simonsfeld. Le vol. XIV comprendra les Gesta episcoporum Caméra-
censium récemment retrouvés, Hermann de Tournai et diverses chro-
niques belges, la chronique des évoques de Magdebourg, publiée par
Schum, etc. On donnera en volumes à part, de plus petit format : les
écrits polémiques des xi" et xn" siècles, publiés par Thaner et Bernheim,
les Vies des papes, et plus tard les historiens de la domination normande
dans ritalie méridionale, Amatus, Gaufredus Malaterra, Falco Beneven-
tanus, Hugo Falcandus, etc. Pour faire suite aux chroniques provinciales
et locales allemandes des xii» et xni« siècles, contenues dans le vol. XXV,
on avait pensé d'abord à donner une collection analogue de chroniques
italiennes de cette époque, mais ce projet ne pourra être réalisé avant
longtemps; on s'occupe, en attendant, . de former un recueil d'extraits
des auteurs français et anglais concernant l'histoire de l'Empire, auquel
travaillent MM. A. Molinier, Liebermann et Mau. Le vol. XXVI, par
Holder-Egger, est en grande partie imprimé (jusqu'à la fin du xu® siècle) ;
il contiendra une grande partie de la chronique d% Philippe Mousket,
publiée par Tobler. Les auteurs anglais, par Pauli et Liebermann,
devront être ajournés au volume suivant. — On espère pour le courant
de l'année Grégoire de Tours, par Arndt, qui ouvrira la série spéciale
des Scriptores rerum Merovingicarwn. Cette série contiendra aussi Fré-
dégaire et les Gesta regum Francorum, par Krusch. — Pour le premier
volume des Deutsche Chroniken, la chronique des Empereurs, commen-
cée par le docteur Roediger, sera continuée par le docteur Schroeder.
Sont encore en préparation : Enenkel, par Strauch ; Ottokar, chronique
rimée de Styrie, par Liechtenstein ; chronique de Limbourg, par Wyss.
Leges. On espère bientôt la loi ripuaire, par Sohm ; la loi salique est
pour le moment abandonnée. On a commencé l'impression des capitu-
250
laires, publiés par Boretius, et on va commencer celle des fonnules, par
Zeumer; pour ce dernier recueil, M. Schmitz, de Cologne, a corrigé le
texte des formules de Garpentier, d'après le manuscrit en notes tûro-
niennes de Paris. MM. Maassen et Meyncke continuent de tramller
aux conciles, M. FrensdorfT aux textes de droit municipal.
Diplomata. Douze feuilles des diplômes d'Otton !«', par Sickel, Ublirz
et V. Ottenthal, sont imprimées, et le travail se continue activement. Oa
a retrouvé dans les collections de la Société un calque complet, par feu
Munch, du diplôme suspect d'Otton I*' pour le pape Jean, conservé aux
archives du Vatican. — En dehors de ces publications fiiites aux frais
de la Société, le directeur de la section des Diplomata, M. Sickel, a en-
trepris avec M. de Sybel, à Berlin, l'importante publication des KaisÊT"
urkunden in Âhhildungen; et les matériaux des Monumenta ont été mis
à la disposition de M. Ficker, à Innsbruck, pour la nouvelle édition des
Regesta Imperii de Boehmer.
Epistolae. On compte terminer cette année le premier volume des
lettres des papes publiées d'après les registres du Vatican par le docteur
Rodenberg ; celles d'Honorius lEI sont imprimées, et on a commencé
celles de Grégoire IX. M. Ëwald s'occupe du registre de Grégoire le
Grand et de la nouvelle édition des Regesta pontificum de Jaffé.
Antiquitates. La seconde moitié du premier volume des poètes caro-
lingiens, par Diimmler, est imprimée, sauf les index. M. Baumann
travaille, avec d'autres, à la collection des nécrologes.
LES PAPIERS DE BUCHON.
L'appel suivant a été adressé par M. le comte Riant aux lecteurs du
Philobiblion :
Lorsque Buchon mourut en 1846, il laissait une quantité considérable
de matériaux, amassés par lui dans le cours de ses voyages en Italie et
en Grèce, et le manuscrit des tomes II et suivants de son Histoire des
conquêtes des Français en Grèce, Les livres de Buchon furent vendus en
vente publique : mais le catalogue de cette vente ne comprenait que des
livres courants (à Pexccption d'un exemplaire annoté par lui du Frois-
sart de Dacier). Que sont devenus les papiers ? Ils ont été, suivant les
héritiers de Buchon, déposés dans l'étude de M« Baudier, notaire à
Paris ; mais aujourd'hui ils ne se trouvent aux mains ni de son succes-
seur, M. Lavoignat, ni de son fils, M. le marquis de Groizier. Je serais
très reconnaissant des indications que l'on voudrait bien me fournir sur
le sort de cette précieuse collection.
LE GARTULAIRE DE QUIMPERLÉ.
Le cartulaire de Quimperlé est un des documents dont la perte excite
le plus de regrets en Bretagne. Notre confrère M. Maitre, archiviste de
254
la Loire-Inférieure, espère pouvoir le trouver en Angleterre, dans la
bibliothèque de lord Beaumont, et en rapporter une copie en France. Ce
qui semble justifier cette espérance, c'est que le cartulaire appartenait,
il y a une quarantaine d'années, à M. Thomas Stapleton, dont les livres
et les papiers paraissent être arrivés entre les mains de lord Beaumont.
C'est par le témoignage de Stapleton lui-même que nous savons qu'il
acheta à Paris le cartulaire de Quimperlé. Au milieu des matériaux que
M, Auguste Le Prévost me remit en 1852, quand il voulut bien me
charger de terminer l'édition d'Orderic Vital, se trouvent des notes et
des lettres de Stapleton en réponse aux questions que M. Le Prévost
lui avait adressées sur dififérents passages de cet auteur. L'une des notes
de Stapleton se rapporte au siège de Dol par Guillaume le Conquérant
et au mariage de Constance de Normandie avec Alain Fergant. M. Le
Prévost avait d'abord supposé qu'il y avait eu deux sièges de Dol,
l'un en 1076, l'autre en 1086. — Stapleton repousse cette hypothèse
dans une petite dissertation , qu'il écrivit en 1841 , et qui ne se
recommande pas seulement par les citations empruntées au cartulaire
de Quimperlé :
c ... Je ne crois pas à vos deux sièges de Dol, pour lesquels
il faudrait supposer une identité de circonstances tout à fait mer-
veilleuse. Le siège de Dol est un événement de l'année 1076; nous en
avons la preuve dans une charte du roi Philippe, pour le monastère de
Montier-Neuf à Poitiers, que le roi signa en faisant une croix de sa
propre main, faute de sceau, t propterea quod tune cum magna festina-
tione Pictavim ad Gaufridum, ducem Aquitanorum, venerat, auxilium
ab eo postulaturus contra Guillelmum, regem Anglorum, comitem Nor-
mannorum, qui tune contra nos in Britanniam quoddam oppidum obse-
derat. Acta sunt hœc Pictavis, idibus octobris, anno ab inc. Domini
MLXXVI, regni Philippi régis X Vil. » Dans la chronique de Saint- Aubin
d'Angers, on lit, à l'année 1076 : t Obsidio Dolensis », et dans la petite
chronique de Renaud, archidiacre de Saint-Maurice d'Angers : « Anno
MLXXXVI, in mense septembri, cornes Normannorum, qui et rex
Anglorum, W^illeimus, obsedit in Britanniis castrum quod dicitur
Dolum ; quod cum diu obsedisset, nihil profecit, sed etiam, machinis
suis succensis, ab eo infructuose descessit, defendentibus illud fortibus
Andegavorum militibus^. »
t Commencé en septembre, le siège aura duré jusqu'au 15 octobre,
suivant la charte précitée, qui nous autorise à lire dans la chronique
MLXXVI, et non pas MLXXXVI. Robert du Mont, sous l'année ML XXV,
ajoute cet article à la chronique de Sigebert : a Idem rex Willelmus,
eodem anno, obsedit Dol, civitatem Britanniae ; Britanni vero castellum
i. Voyez l'édition des Chroniques des Églises d'Anjou^ donnée par MM. Mar-
chegay et Mabille, p. 12.
252
tenuerunt, donec rex Francise adveniens liberavit eosV » Que le roi y
soit allé en personne, c'est ce que ne permet pas de révoquer en doute
une charte de Barthélemi, abbé de Marmoutier : c Et factum est hoc in
anno, et in ipsis diebus, quando ibat rex Francise Philippus in Britan-
niam, ad pugnandum contra regem Anglorum, qui ibi obsidebat Dolum
castrum. » Robert du Mont ajoute : « Postea rex Francise et rex Wil-
lelmus concordati sunt. f Dans les chroniques bretonnes, ces faits sont
racontés sous la date de 1076 : « Hoel faciens bella apud comitem Gauf-
fredum, cognomento Granonem, apud castrum Doli, comité Guillermo
Normannorum sibi auxiliante, per xl dies ingeniis ac aliis machinatio-
nibus obsedit, quod minime capere potuit. » Les titres de Saint-Florent
attestent la réunion de ce comte Geoffroi, le bâtard de Rennes, avec
GeofFroi, fils du comte Eudes, et Alain, son frère, depuis comte de
Richmond en Angleterre, à Dol (dom Morice, Preuves, I, 434).
« Le cartulaire de Quimperlé, que je possède moi- môme, Payant
acheté à Paris, renferme des allusions à cette guerre de Bretagne : « Alio
quoque tempore, necessariorum consulatus penuria coarctatus, tribum
Guininini, que [absque] alicujus calumpnia sua erat, idem consul Alanus
Benedicto abbati Sancte Grucis et ejusdem Grucis monachis, tam presen-
tibus quam futuris, cum omnibus suis exactionibus, pro suorum animabus
parentum, in perpetuum dédit. Ut vero hoc donum firmius haberetur,
Benedictus, qui ejusdem monasterii tum existebat abbas, suorum con-
silio monachorum, eidem comiti mille solidos etunum pretiosum equum
tribuit... Alio vero tempore, divina coopérante gratia, cum in comitem
Gauffridum, Eudoni comitis filium, exercitum ducerem, ut me et meos
ab ipsius insidiis atque violentia, que tune imminebat, in ipso itinere
Dominus illesos servaret, et pro animabus parentum meorum, Hoeli
videlicet atque conjugis ejus Hadevis, septem villas quas vulgus Les
Gleruc appellat in augmentum ejusdem abbatie Ghristo Domino et sancte
Cruci ejus, existente in ea eodem abbate Benedicto, imperpetuum
dedi. »
a Ensuite il y a la charte : « De concessione Gonstancie commitisse
super bis villis », donnée à Quimperlé, le !•'• août 1089 : « Do et imper-
petuum Kemperlegiensi monasterio concedo villas quas an te desponsio-
nem meam eidem loco prenominatus dux dederat, scilicet tribum sancti
Guinnini et septem villas quœ vulgo Les Gleruc nominari soient. » Voir
aussi la chronique anglo-saxonne à l'année 1076. C'est dans le cours de
cette même année que le comte Walthéof fut mis à mort, le jour de
sainte PernoUe, 31 mai, après avoir été gardé en prison depuis un an,
du temps que Guillaume repassa en Angleterre, en 1075. De retour en
Normandie, en 1076, le roi vint aider le comte Hoel et son fils Alain
Fergant, et donna sa fille Constance à ce dernier, à Bayeux, selon
1 . Voyez la nouvelle édition de la chronique de Robert de Torigni, t. I, p. 60.
253
Orderic Vital * : « Gonstancia Ferganno, comiti Britannorum, Nanticen-
sis filio, Bajocis data est a pâtre cum ingenti tripudio, qase in Britannia
mortua est sine filio. > — c Hoel, Oei gratia Nannetis cornes, » donna
une maison et une vigne près de l'église de Notre-Dame de Nantes à
l'abbaye de Quimperlé, en 1074, et il avait acquis ce comté en 1054,
selon la chronique de Quimperlé : « MLIIII. Hoel, GornugalliaB cornes,
principatum Nannetensium adipiscitur. » — « Alanus consul, qui et
Gainard, » prit pour femme « Judith, comitissa, filia videlicet Judicaelis
Nannetensium comitis » ; leur fils Uoel hérita du comté de Nantes au
droit de sa mère. En effet, il est bien probable que la fille du roi, Gons-
tance, avait été fiancée en 1076 à Bayeux; mais comme elle n'était pas
d'un âge nubile, elle dut rester chez elle jusqu'en 1087, et ce fut alors
seulement que le mariage fut consommé à Gaen, comme l'indique le
mot copulavit employé par Orderic^. Notre auteur a rapporté d'Alain
Fergant des faits qui s'appliquent au contraire au roi Philippe, et,
n'ayant pas tenu compte des deux cérémonies différentes des fiançailles
et du mariage, il les a confondues, ce qui lui a fait dire que les deux
époux ont vécu ensemble à peu près quinze ans. En 1085, les seigneurs
bretons étaient paisibles possesseurs de leurs terres et seigneuries en
Angleterre ; le Domesday Book le prouve, et je ne connais aucun ancien
historien breton qui parle, soit d'une guerre survenue en 1085 entre le
roi Guillaume et son gendre, soit d'un second siège de Dol. »
M. Le Prévost a tenu compte des observations de Thomas Stapleton
dans la note qu'il a mise, en 1845, au tome III de son édition, au bas
des pages 29 et 30.
L. DfiLISLE.
VIE LATINE DE SAINTE ALPAIS DE GUDOT.
A la fin de Tannée 1878 , M. le curé de Gudot-Sainte-Alpaïs , par
Saint- Julien-du-Sault (Yonne), adressait un appel aux bibliothécaires
de France et de l'étranger pour retrouver une vie latine et française de
sainte Alpais de Gudot (morte en 1211), citée par dom Morin dans son
Histoire générale du pays de Gastinois^. Je crois avoir rencontré, parmi
les manuscrits de la bibliothèque de la ville de Ghartres, un texte de la
vie latine de sainte Alpaïs, dans un manuscrit qui porte le titre suivant :
Visiones mirabiles
£t auditu terribiles
Née tamen incredibiles,
0 lector, hic reperies*,
1. Livre V, édition Le Prévost, l. II, p. 392.
2. Livre IV, édition Le Prévost, t. II, p. 291.
3. Bibliothèque de l'École des chartes, tome XXXIX, 1878, p. 574-575.
4. Ms. reperies hic.
254
Qaas relegendo planes
la melias proficies.
Ce manuscrit, coté 131, et qui provient de l'ancienne abbaye de
Saint- Père, parait avoir été écrit vers la fin du xiii*^ siècle, c'est-à-dire
à une époque presque contemporaine de la rédaction de la vie de sainte
Alpaïs, qui, au témoignage de dom Marin, aurait été composée par
c frère Jehan, de l'ordre des frères mineurs, de la province de Bour-
gongne... environ Tan 1244. •
Le manuscrit commence par le récit des visions d'un jeune novice en
Tan 1196; c'est peut-être la même histoire que celle qui est rapportée
par Mathieu Paris dans son Historia tnajar à l'année 1196; je n'ai pas
eu le loisir d'examiner le manuscrit assez en détail pour pouvoir aujour-
d'hui l'affirmer. Puis vient la vie de sainte Alpaïs, dont voici le début :
« Virgo igitur serenissima in villula quadam que Gudot appellatnr
juxta Scardeas {corrigé au-dessus en Escharleias)... • La vie se termine
par ces mots : c ... sed etsi leti vel tristes fuerint clare et perspica-
citer intueor. Explicit. • Un troisième traité, le Purgatoire de saint
Patrice^ se trouve dans ce manuscrit, et à la fin on a ajouté par erreur
cette note qui se rapporte à la vie de sainte Alpaïs : c Expliciunt
visiones domine de Gudot. » Il faut aussi remarquer un envoi assez
curieux mis par le copiste du manuscrit au bas du premier feuillet :
(( Gamerario salutem. Vobis mitto librum nostrum, quem pridie vobis
promiseram, in quo scriptum est de quodam novicio qui vidit multa,
et de domina de Gudot, et in ultimo Purgatorium sancti Patricii. »
Ge n'est pas le seul manuscrit relatif à sainte Alpaïs qui soit conservé
à la bibliothèque de Ghartres : le manuscrit 51 (Histoire locale) de la
même bibliothèque, intitulé a Apothecarius moralis monasterii Sancti
Pétri », contient des extraits d'une vie de sainte Alpaïs, qui pourraient
bien avoir été copiés sur le manuscrit précédent. Fol. 233 v* — 234 v» :
<( Incipiunt aliqua de visiouibus de domina de Gudot, quse aliter dicitur
sancta Aupes, et primo de vita ipsius virginis. » — Fol. 309 v* : t Inci-
pit praefatio super visionibus domine de Gudot, qusB dicitur sancta
Aupes, aliter Alpaïdes. » — Fol. 319 : « Explicit liber qui dicitur
Apothecarius etc., compilatus anno Domini mccglxxiiio. »
H. Omont.
LA PREMIÈRE ÉDITION DES STATUTS DE PALERME.
Dans le tome XIV du recueil imprimé à Bologne sous le titre de :
// Propugnatore, M. Vito La Mantia, de Palerme, vient de publier
quelques notes intéressantes sur plusieurs incunables de la bibliothèque
de Girgenti, et notamment sur un exemplaire des Statuts de Palerme
imprimés à Palerme en 1478.
Suivant M. Vito La Mantia, on n'avait encore signalé que deux
255
exemplaires de ce livre, Tun à la bibliothèque nationale de Palerme,
Tautre à la bibliothèque de Tuniversité de Cambridge. Le premier
feuillet manque à ces deux exemplaires; il existe dans Texemplaire de
Girgenti, dont M. Vito La Mantia donne une description détaillée. Il
manque à l'exemplaire de Girgenti, comme à ceux de Palerme et de
Cambridge, un dernier feuillet que M. Vito La Mantia suppose avoir
été laissé en blanc.
En annonçant le travail dont il s'agit, nous devons rappeler qu'un
autre exemplaire des Statuts de Palerme avait été mentionné en 1878
par M. Olgar Thierry-Poux, sous le n» 147 de la Notice des livres
exposés à la Bibliothèque nationale dans la galerie Mazarine ; il y est
signalé comme c le seul livre connu imprimé à Palerme, avec date,
au xv« siècle. » Non seulement notre exemplaire contient le premier
feuillet, comme l'exemplaire de Girgenti ; mais il a encore conservé le
dernier, sur lequel rien n'a été imprimé, conmie l'avait judicieusement
supposé M. Vito La Mantia. Au recto de ce feuillet a été ajouté un acte
du 1«' février 1494 par lequel la ville de Palerme atteste l'authenticité
de l'édition :
Universitas felicis urbis Panormi, universis et singulis ofûcialibus et
personis ad quos spectabit et présentes quomodolibet presentari contin-
gent (sic)^ majoribus quidem rev[er]entiam, paribus vero salutem et
animum ad grata paratum. Testimonium veritatis vobis reddimus et
indubiam hdem facimus quod consuetudines scripte felicis urbis Panormi,
copiate in presenti libre, sunt scripte et copiate a consuetudinibus
scrîptis felicis urbis Panormi, conhrmatis per retroprincipes, quibus
cotidie utimur, et sunt in viridi observantia, et in dicto libro nichil est
additum neque diminutum quod non sit in ipsis consuetudinibus de
verbo ad verbum, prout jacent. Et ut omnis dubietas que forte oriri
posset de ipsis consuetudinibus postcagatur {sic)^ présentes nostras
testimoniales litteras heri jussimus, sigillo quo utimur impressione
munitas. Datum in urbe felici Panormi, die primo mensis Februarii,
xin« indictionis, 1494.
S. FARFAG. etc. cur. (?)
Le sceau qui avait été plaqué au bas de ce certificat a disparu, non
sans laisser des traces très visibles.
L. D.
ÉPITAPHES DE PRIEURES DE CHAISE-DIEU (EURE).
Un prieuré conventuel de religieuses de l'ordre de Fontevrault fut
fondé à Chaise-Dieu au xn® siècle ^ On sait fort peu de chose sur son
1. Chaise-Dieu-da-Theil, Eure, arrondissement d'Évrenx, canton de Rugles.
Voyez, pour l'histoire de cette commune, Le Prévost, Mémoires et notes sur le
département de l'Eure (Évreux, 1862, in-8«), tome I, p. 481-482.
256
histoire et la Gallia christtana n'a point donné la liste des prieures qui
s'y sont succédé jusqu'au xviii* siècle. Le texte de ces trois épitaphes,
qui servent aujourd'hui de bordure au trottoir de l'hôtel du Cheval
noir à Bourth (Eure), m'a paru à ce titre digne d'être conservé.
I.
REP0SE-80VSGETÔBEAV
LESGORPSDETRESDEVOTESETR»-
DAMESLA-RmMERESMARGi«DELA-
R0ZIKREQVIDEGEDALE-4DEIVrLAN-
i57lAGEEDE 78ETDEMY- APRES AVOIR-
EXERGELA GHARGEDEPRIEVREDOVZE
ANS f ETDESA-PETITENIEPSE LA-TRES-
(Hauteur, 0"40 ; largeur, 1™14.)
IL
GY GIST-DEV
0 T E DAME
GRISTINE
DE GROIMA
RE PRIEVRE
DE G E A N S
LA QVELLE
DEGEDA LE
15 MAY 1583
HAC : DEVS ABS
OLVAT OFFENS
IS ABLVAT IPSA
C VLPIS - SIT
SVPERIS POST
P I A F A T A
P L A G I S j . ^
(Hauteur, 1™; largeur, 0™35.)
m.
GY-GIST-TRESDE-
AYANT EXERCE-
TOYTESLESGHA
RGES-DE LA-RELI
GIONET-MESME
GELLE-DE-PRIEVR[e]
DEGEDALE-I-IOV[r]
DE-MARS-1646 ////////
AAGEEDE-82A[ns}
ET-DE SA-RELIG[ion]
64 REQVIESG[atJ
IN-PAG[eJ
(Hauteur, 0™70; largeur, 0»45.)
H. Omont.
1 . Ces mots latins forment un distique élégiaque :
Hanc Deus absolvat offensis, abluat ipsa[m]
Gulpis. Sit superis post pia fata plagis.
ÉTUDE SUR LE RYTHME
DES
BULLES PONTIFICALES
CHAPITRE IL
PRATIQUE.
Je ne me permettrais pas de poser une nouvelle règle de diplo-
matique, si je n'avais fait porter mes observations sur plusieurs
milliers de bulles transcrites ou originales. Cependant, comme je
ne prétends point connaître toutes les lettres des papes, les résul-
tats auxquels ces expériences m'ont conduit risquent fort de se
trouver démentis par la découverte de quelque bulle inédite, ou
par l'examen d'une des pièces que j'ai omis de consulter. La
règle demeurera néanmoins, je l'espère. Quelques exceptions que
Ton signale, on n'empêchera pas le cursus de prendre place
parmi les meilleurs éléments de critique, et l'on ne me reprochera
point d'attribuer trop de valeur à des particularités insigni-
fiantes, quand, à l'aide de textes officiels remontant au xif ou au
xnf siècle, j'ai montré l'importance qu'attachait la chancellerie
romaine à la cadence de la phrase.
Le rythme des actes pontificaux, dont il va être question dans
ce deuxième chapitre, est celui dont les règles ont été tracées par
Grégoire VIII et Transmond. La théorie est cependant plus com-
pliquée que la pratique. Ainsi les lois du commencement et du
corps de la phrase fiirent généralement méconnues. Les notaires
ne se faisaient aucun scrupule de multiplier les dactyles à la
suite les uns des autres, et jamais ils ne s'exercèrent au tour de
47
258
force rythmique connu sous le nom de style Hilarien. Restent
la fin des phrases et la fin des membres de phrase.
Certaines parties de la bulle sont naturellement rebelles au
rythme ; je veux parler
l^" de Tadresse et du salut (les dictatures avaient prévu cette
exception *) ;
2° de la date ;
S'^des citations (textes de l'Écriture', paroles rapportées,
phrases détachées d'une lettre ou d'une charte, etc.) ;
4"" des énumérations de biens. Les noms de localités se prêtent
difficilement à des combinaisons rythmiques ; la seule qualité que
l'on exige en ce cas du rédacteur, c'est l'exactitude.
Quant au reste de la bulle, on y peut voir régner le cursus
tardus ('- -'--), le cursus planus ('- -'-) et surtout celui
dont les manuels recommandaient le plus instamment l'usage, le
cursus velox^ ( '^ v», ^w). Mais, pour plus de clarté, je distingue
ici cinq époques.
A. — De la fin du IV* siècle au milieu du VIP.
Déterminer le moment où les rédacteurs de lettres pontificales
ont commencé à faire usage du rythme, est chose à peu près im-
possible. On comprend en efiet qu'il ne soit pas rare, même chez
des auteurs peu soucieux du cursus, particulièrement à l'époque
classique, de rencontrer, à la fin d'une phrase, breviter rés-
pondère. Romani vicerunt, venire desidero, ou toute autre
terminaison rythmique. C'est le rapprochement, l'emploi iré-
quent et à peu près exclusif de ces cadences qui rend sensible
l'efibrt de l'écrivain. Or, qu'est-il arrivé ? on a remarqué l'heu-
reux efiet produit sur l'oreille par certaines finales : elles sont
1. V. plus haut, ch. I, § 2.
2. Les rédacteurs des actes pontificaux ne cherchaient point, suivant le conseil
du frère mineur Astazius (De arte sermocinandi, Bibl. nat., ms. latin n** 15965,
f* 135 r"*), à embellir les textes sacrés : c Verba Scripture Sacre debent esse
ornata et poai curiose, ut alliciant audientes, et ut sint magis solliciti ad audien-
dum et intelligendum eorum informacionem et ad ea avidius retinenda. » (Pass.
cité par M. l'abbé Bourgain, Mém, de la Soc. d'agriculture, sciences et arts
d'Angers, séance du 17 juin 1880.)
3. Bien qu'il soit le plus communément employé, on trouve aussi les deux
autres cursus à la fin des phrases.
259
devenues plus fréquentes ; mais, au Ueu de subir un changement
brusque, la prose s'est acheminée lentement vers l'idéal des dic-
tatures^.
Tout ce que Ton peut diA, c'est que, dans les premières lettres
pontificales qui nous soient parvenues en latin, le nombre des
terminaisons libres dépasse notablement celui des terminaisons
rythmiques. A peine peut-on citer, vers le milieu du rv* siècle,
une épître de Libère, dont le texte présente d'assez nombreux
exemples de cursus veloœ, plantes ou tardus : c'est la lettre
adressée par le pape, en 355, aux évêques exilés de Verceil, de
Milan et de Gagliari*.
Ce qui était alors l'exception devient la règle vers la fin du
siècle. Sous les pontificats de saint Sirice (384-398) et de saint
Anastase P"" (398-401), le rythme de la fin des phrases est géné-
ralement bien observé. On remarque plus de négligence durant
le règne d'Innocent P' (402-417). Mais les lettres des successeurs
de ce pontife jusque vers le milieu du vu® siècle présentent toutes
le même caractère : prédominance du style rythmique; cependant
le rédacteur ne parvient presque jamais à éviter toute faute de
nombre.
B. — Du milieu du VIl^ siècle à la fin du XZ«.
Cette seconde époque marque un mouvement en arrière. Le
cursus y est plus ou moins mal observé, souvent entièrement
méconnu ; rien de si rare qu'une épître, je ne dirai pas complète-
ment, mais à peu près conforme aux règles de l'harmonie.
C. — XIP siècle.
Le xif siècle, au contraire, est une époque où l'on suit le
progrès, pour ainsi dire, d'un pontificat à un autre. Déjà
sensible sous Gélase II (1118-1119), il l'est plus encore sous
1. C'est ce qui rend très difficile de découvrir Porigine première du curstis.
Arnobe, Tertullien semblent bien, en quelques passages, employer avec intention
le cursus; mais ils le méconnaissent si souvent! Saint Cyprien n'en tient nul
compte. Je craindrais de me tromper en me prononçant pour ou contre l'origine
africaine du rythme.
2. Baronius, t. IV, p. 545. J'y relève cependant les terminaisons fautives
gaudium gloriae et dilectio consequeretur.
260
Honorius II (1124-1130) et sous Eugène III (1145-1153). Les
&utes de nombre deyiennent rares à la fin des phrases ; on tend
de plus en plus à employer le cursics à la fin de toutes les propo-
sitions. •
Toutefois, à une époque où le rythme des simples bulles était
porté à une perfection rare, les privilèges, ou grandes bulles,
ofirirent cette particularité d'être rebelles à la mode et de rester
très inférieurs, au point de vue du cursus, aux autres lettres
pontificales. Un exemple rendra sensible cette difierence : dans
sept lettres originales ' d'Anastase IV (1153-1154), je n'ai
relevé que deux fautes graves ; j'en ai compté dix au contraire
dans trois privilèges du même pape *.
On peut juger des progrès du rythme dans les simples lettres
par les changements que subissaient, vers le même temps, cer-
taines formules : par exemple, la clause Nulli ergo, que les
notaires d'Eugène III et d'Anastase IV rédigeaient encore sous
ces formes : « Nulli ergo omnino hominum liceat hanc nostre
constitutionis joa^nam infringere^, Nulli ergo hominum
fas sit hanc nostre conflrmationis paginam ausu temerarêo re-
fringere ^,... » mais que Ton ne tarda pas à modifier conformé-
ment aux lois des cursus tardus et veloœ : « Nulli ergo homi-
num fas sit hanc nostre constitutionis paginam temerario aiÂSU
infHngere, ...» ou : « ... ausu temeri^a^û infringere, ... »
ou bien : « ... hanc nostram confirmationem temere pertur-
bare, ... » ou enfin : « ... hanc paginam nostre coiAvmdiionis
infringere^,,, »
A cette époque, Albert de Morra et Transmond présidaient la
chancellerie des papes ; le cursus régnait à la fin des phrases et
des propositions ; le rythme d'un grand nombre de bulles était
irréprochable. Cependant il restait encore quelques progrès à
faire : sous chacun des papes qui se succédèrent durant cette
seconde moitié du xii* siècle, j'ai relevé, dans des litterœ,
un petit nombre de phrases terminées d'une façon fautive, négli-
gence particulièrement condamnable aux yeux d'un dictator,
1. Arch. oat; Bullaire, L 229, Anastase IV, n~ l, 1 bis, 2, 3, 5, 7 el 10.
2. Ibid., n»' 6, 8 et 9.
3. 8 sept. 1152. Rec, des hist. de FrancCy t. XV, p. 477.
4. 24 oov. 1154. Ibid., p. 655.
5. Ces modifications s'accomplirent dès le pontificat d'Anastase IV. Voy. Arch.
nat., Bullaire, L 229, n" 1, 1 bis, 3, 5 et 7.
264
D. — De H98 à 1288.
Ce que Ton a dit de ravènement d'Innocent III, qu'il ouvrit
« une ère nouvelle pour la chancellerie pontificale * » se trouve
confirmé par l'étude du rythme. Notre quatrième époque, qui
commence en H98, pour se terminer à l'avènement de Nico-
las IV (1288), embrasse une série de quatorze pontificats et une
période de quatre-vingt-dix années, pendant lesquelles aucun
changement appréciable ne modifia la condition du cursus. C'est
une nouvelle preuve à l'appui du fait constaté par les Bénédic-
tins : « Il règne une plus grande uniformité dans les bulles du
xni® siècle que dans celles qui le précédèrent*. »
En deux mots, voici les caractères de cette époque. Les privi-
lèges sont encore rédigés avec une certaine négligence 3. Dans les
litterœ, au contraire, la phrase se termine toujours par l'un
des CURSUS vELOx, PLANUs OU TARDUS (à Cette règle, je ne con-
nais point d'exception^) ; les propositions et les moindres membres
de phrase sont généralement terminés de la même manière ; mais
cette deuxième règle n'est pas rigoureusement obligatoire.
On comprendra mieux à quel degré de perfection était alors
porté le rythme des litterœ, en jetant les yeux sur la bulle sui-
vante d'Innocent III : elle a été transcrite, non sur l'édition de
Du Boulay^, qui fait commettre au notaire d'Innocent plu-
1. Mémoire sur les actes (ff Innocent UI, Bibl. de VÉc. des chartes y 4* série,
t. IV, p. 5.
2. Nouveau traité de diplomatique^ l. V, p. 282.
3. C'est ainsi que plusieurs phrases d'un privilège du 21 mars 1199 se ter-
minent de la manière suivante : c ... vicissitudinis obumbratio. — ... filii ire.
— ... amicis suis, — ... Christi impugnatores. — ... minuere sit licitum. —
... exigere audeat. — ... licenUa pateat. » (Arch. nat., J5wZte<re, L 236, n'24.)
4. On ne peut considérer comme une exception le curieux exemple d'élision
qu'offrent deux bulles d'Innocent 111 (L 236, n" 6; autre bulle du même
carton) : on y lit à la fin d'une phrase laboribu^ esse inscriptum, ce qu'il faut
sans doute prononcer : labôrtbus éss' inscriptûm.
De même, à première vue, l'on serait tenté d'accuser de négligence le rédac-
teur d'une bulle d'Alexandre IV (L 249, n» 63), dont une phrase se termine par
les mots exaciionis fatigare. Un simple coup-d'œil jeté sur les mots qui pré-
cèdent montre que la faute procède du copiste, et qu'il faut lire : « ...vel vos
novis et indebitis exacti(Jnt[6it]5 fâtigârë. »
5. Hist Un. Paris,, t. Il, p. 538.
262
sieurs fautes contre le rythme, mais sur Toriginal, conservé aux
Archives*.
Innocenlius, episcopus, scrvus servorum Dei, dilectis fliiis Virzi-
iiacensi ^ et Sancti Pétri Autisiodorensis abbatibus et^ decano Aure-
lîanensi, salutem et apostoiicam benedictionem.
Accedentibus ad Apostoiicam Sedem dilectis fliiis abbati Sancte
Genovefe et magistro P. de Corbolio yenerdbïlëm frdtrëm néstrûmj
J., Mbainénsëm éplscôpûm, et dilectum filium, G. ^, Sancte Marie in
Aquiro dîàcônûm cirdïndlënif depu/a!;rmîl5 aûdXtbrïs; in quàrûm
présent là prefaYi/s màgistër, pro wenerdbïlï frdtrë néstrdy Parisi^nsF
ïpiscôpô, cujus procurator fuerat 'm^litùtûs, prôpôsûït, quod idem
abbas super possessione juris parrochialis in parrochia ' de Monte
grdvïm ïpiscôpô moléstïàm îngërébàt, cum eam potestatem usque
ad tempora sua Parisi^9i5r5 ëplscdpûs habuerit in parrochiin^s de
Monte ac presbiterum qui éis dïvlnà pro témpdrë mïnïstràbât ; quod^
si esset etiam canônïcûs rigûldrïsj ei ^ curam ^vrdchïë commïttébàt,
et ^ sacerdos, post cnrâm sûscéptâm de mdnû ëpUcôpï^ parrochianos
ad nutum ejus ligabat i^^rz /?r et solvébât^\ et, si quis excommuni-
catus esset ab episcopo vel étïâm ïntërdictûs, presbiter eum non
admittebat dliquâtênûs dd dïvinàj qui etiam benedictidn^^ spdnsd-
rûm, puriflcationes de pdrtû sûrgéntlûm, publicas penitentias non
assumebat sibi nisi de mandato tpiscôpl, spêcUlï ; et, si fôrtë sâcér-
dos talis esset qui divina non posset pôpûlô mïnïstrdre^ ipsius
excessum abbati Sancte Genovefe et fratribus episcôpûs nuntïdbât^
qui, côgnïtâ vêrïtdtë, a.mâtô ïndignô, adanimarum curam recipien-
dam alium episcopo présëntâbànt. Cum érgô nômssïmë pvefdtiis
ëpiscôpûs premonu/s5^/ âbbàtëm, ut capellanos suos qui debebant
]^avrôchïïs désërvirë ad suscipiendam curam animarum episcopo pré-
sëntdrët, hoc se faiCtûriïm rëspôndït et dlîquôs presëntdvit ; sed
requisitus quod presentaret illum qui debebat in prefata de Monte
fdxrôcKîâ désërvirë^ dixit tune éûm non ^ passe propter abséntJàm
1. Bullatre, L 236.
2. Du Boulay : Vizeliacensi.
3. Du B. : Antissiodorensis, abbatibus, F. ,.,.
4. Du B. : G. deest,
5. Du B. : parochialis, parochia.
6. Du B. : et.
7. Du B. : etiam.
8. Du B. : absolvebat.
9. Du B. : nunc.
263
prêséntdrï. Cumque hoc sepius monitus fdcërë non curdrët, episco-
pus pdLTTOchidnïs dï Mdntë sub pena excommunicatidnrs inhihûit^
ne in ecclesia Sancte Genovefe vel andirënt divinà^ vel aliqua rect-
përënt sdcrâméntâ^ nisi ab illo presbitero qui animarum curam ab
episcôpô sûscëpissët ; que sententia in eddëm ëcdésîâ fuit, pv^éntë
pârrâchïâ^ pûhlicë récïtdtâ; eamque parrochianz^ de Monte ^ sicût
sôlébânt^ tdmdïâ* sirvâvérûnt ^ donec, facientibus canonicis Sancte
Genovefe, pôpûlô cônvôcdtô^ in verbo sacerdotis et periculo anime
per yçxitrdbilëm frdtrëm nôstrûm^.,,^ ^ Qpiscôpûm Tôrnàcénsëm^
ipsius ecclesie quôndâm àhhdtëm^ fuit pûblïcë prêdïcàtiim, quod
secure poterant OMdlrë dïvinà^ cum in eos non archiepiscopus , non
episcopus, vel archidiaconus posset excommunicationis vel interdicti
senténttâm prômûlgdrë : sicque ab éïs Indûctï, spiri tua/la rêcëpé-
rUnt, Episcopo ergo, quemadmodum premissum est, spoliato obe-
dientia parrôchJë memôrdtë^ petebat dictûs màgistër ipsî ëpiscôpô
ante omnia quasi possessionem juris parrochi^/f^ rëstitïïl^ adversariis
suis super hiis ^ que adversus eum proponenda ducerent postea *
plewirl^ rispônsûrô^ cum nec ante restitutionem ^ responc^^r? dëbé-
rët didwersdrns spôlîâtûs^ et quod çpiscôpûs Tomâcénsïs et cs.nânici
sipëdictï de premissis excéssJbûs punXréntûr, causa postmodum
coram deleg'^^ïs jâdicibiïs ordine débîtô pêrtràctdndà, in quorum
prëséntXà de jure Parisi^w^Ts ëcclésië plémûs probàrétUr^ quod
impresentiarum, propter probatid/iûw ïnôpXàm, fiëri non vàlébàt.
Ceterum prefatus abbas versa vice nôvâm injûrXâm inferri sibi
per novum episcopâm prôponébât^ asserens ecclesiam sûâm cûm
burgô a primo fiindationis tempore libërâm êxtltissë, nec alicui
umquam in spiritualibus nisi Kotndnô pôntifïcï fuisse sûbjéctâyn^
quod per rescriptum bbnë mëmôrïë Celestini pape, predecessoris
nostri, ad cautelam osténdërë nïtëbdtûr^ qui pie recordationis
Âlexandri, Lûcïï et Clëméntïs, predecQSsôrâm sûôrum^ Romawdrûw
pôntifïcûm^ exempta sëcûtiïs^ ecclesiam prefatam ea inter alia liber-
tdtë dôndvTt^ ut nuUus ipsam, canonicos vel burgum interdicto vel
excommunicationi pôssët sUppônërë^ nisi Sûmmâs Pôntifëx, vel
legatus ab ejus tdtërë dêstmdtiïs; contra quam libertatem pvefdtûs
ëpiscôpus yenirë prësûmëns in alienam messem falcem mittere,
1. Du B. : jamdiu.
2. Du B. : S.
3. Du B. : his.
4. Du B. : postea deest,
5. Du B. : testimonium.
264
i^uod nullus unquam predecessorum suorum (écïrdt^ non ëxpdvXt^
canoiiieuin îpsius ecclesie qui hominibus burgî spiritu(i/Ti mfnls-
frdbât. iil ab eo curam ^nmdrûm rïcipïrït^ sibi pôstûlàns pri-
sinUrï ; (]uod ciim ohiïnérë non pâssët, posl appellationem sol-
loinpniter interpositam et iler arreptum ad Sedem Apostd/Tcim
rcHÏéndU omnes qui in ecclesia Sancte Genovefe missam parro-
chîti/^m aiïdirïnt et communicantes eis excommunicatidnl sûbjéclt ;
cujus (imore motus pâpâliïs, tdnquâm rûdïs^ ex ignorantia vel
huinili^uVe àbstiniïXt ^Xiquàndlû à dîvlnJs; sed, per jam dictumTor-
wixcéHsëm ëpiscôpûm^ olim abbatem ejùsdim ëcclésU^ ilhic pôstmô-
dàm icvëdéntïm^ côgnJtà véritâtï, qui, ^\çm\, jàrls plritûs^ eis OAsi-
rûl/ ïncûntântïr ^ quod senlentia Parisic>wÏ5 ëpiscôpï^ dé quà
prh/nshntls^ tamquam a non suo judice lata, nullius obtinebat rôbd'
r]s llrniifdiëm, ad proprium rediit pôpûliïs sàcîrdôtëm; quem si
oliain ex certa sciew/tJ êvUdssët^ ut sic jure suo eccléslâ prîvàrétûr^
oi non sic posset, sicut nec per colonum domino insdô vél învitd^
|uvjurf/clû//i génërârï ; quoniam, étsï ëpiscôpiïs aliquidjurishaWr?^
U (^ihy quod pénït as nègàbâtUr^ cum ex^ eo quod appellatiJni non
dHUlU^ in légës cômmlsërU^ per eas non debebat restitutionis bene-
flvXûm ôbtïnérë^ quia et^ frustra légës invôcàt qui commiV^z^ m éis;
pn^sertim cum nunquam fûërït dêstïtûtûs; unde restitutionem pétërë
non vâlébàt. Quod autem eadem ecclesia esset in possessione insti-
I KxéndX cânômcum, qui spiritualia^dpû/o mîmstrdrët ^, et quod super
hominibus burgi utramquejurisdictidn^mA^ôdr^^, et predecessorum
ipsius cpiscopi iempôrïbiîs hàbûissët^ paralum se abbas ex habun-
dànti dJcébàt in coniinéntï prôbdrë, Postulabat proinde quicquid^ a
8oped/c^o ëplscôpô de facto fuerat post appellationem ïniQrpâsïtâm
iUtëmptâtûm^ , irritûmjûduân, eumque, ne decetero similia pre-
Kumërët^ cohërcérï^,
Premissis igitur et aliis rationibus per dictos auditores, qui et peti-
tiones et allegationes partium in scripiXs rëddctâs nobis et fratrîbus
nostris prudenter et Méiïtër rêtUlérunt, plémUs întëlléctis^ nos
atlendentes quoniam ex eo solo quod populus dicte pàrrôchïë timoré
hûjûs sënténtU per aliquot dies abstinuit aut^ir^ dïvinà^ nuUam in
1. Du B. : ex deest.
2. Du B. : is.
3. Du B. : ministrabat.
4. Du B. : quidquid.
5. Du B. : attentaium.
6. Du B. : coerceri.
265
eos juris parrochialis possessionem dictus Qpiscdpiïs adquïsivïl, nec
fuit aliquo môdd prôbdtûm quod, eo tempore quo idem ëpiscopûs tulit
sententiam in ipsos, possessionem juris parrochi^//* hàhéret, vei
prius étXdm ^ hàhûUsït^ restitutionem^ ei adjudicare Abjure nëquivï-
mâs^ cum non constiterit eum fuisse dlïqudtënus spolïdtâm. Verum
quia, super aliis que proponebantur ex parte sepedicti Parisi^mi*
ëpiscôpï^ nobis non potuit fiërïplénâ fidës, causam ipsam vobis dûxï-
mus committéndàm^ per apostolica scriptà mandantes^ quatinus, par-
tibus ad vestram ij^reséntUm cônvôcdtïs, si vobis constiterit Parisi^n-
sëm ëpiscôpiim possessionem parrocbialis juris in predicta parrdc^îdi
hâhûissë et ab ea fuisse mjûstë dëjéctûm, eo, sicut juris ordo postulat,
prMtâsristUûtdfdLudïaXisqnQmmquQdûxërïntpropdnéndà^eiqnod
justum fuerit sine appellationis obstdciilô stàtvidtïs^ facientes quod
statueritis per censuram ecclesiasticam firmïtër obsërvdrï. Testes
autem qui nominati fuerint, si se gratia, odio, vel tïmôrë sûblrdxë^
rïnt^j quominus testimonium perAiô^^'w^ verïtdtï, vos ad idper dis-
trictionem ecclesiasticam appellatione v^môtâ côgdtis; nuUis litteris
obstantibus, si que apparuerint prêter assensum partium a Sede
k^ostôlicà împëtrdtë. Quod si omnes hiis ^ exequendis nequivcrl^Is
întëréssë^ tu, fîli abbas Virziliacensis, cum eorum altero ea nichi/d-
minâs êxëqmris,
Datum Laterani, II kalendas junii, pontifîcatus nostri anno secundo.
Cet exemple, choisi entre mille semblables, prouve surabon-
damment que l'application des règles n'était point un effet du
hasard. Qu' est-il besoin de faire remarquer les formes synco-
pées^ ou les interversions^ auxquelles recourt le notaire , bonœ
sonoritatis causa'^'i
1. Du B. : eam prius.
2. Du B. : jurisdictionem.
3. Du B. : substraierint.
4. Du B. : his.
5. c Ab ipsius obedi^n^ta declinarit, ... raiionabiliter promulgarit, » (Bulle
d'Innocent III publ. par M. Delisle, Bibl. de VÉc. des ch., 1873, p. 407.) « Lit-
teras desUnarii, ... aliud emanarit. » (Bulles d'Innocent IV, publ. par M. E.
Berger, Registres d'Innocent JV, n" 78 et 361.)
6. « Ralam et firroam sententiam habituri quam rationabiliter in contradictores
promulgandam duxerit et rébelles. » (BibL de VÉc. des ch.y 1873, p. 407.) « Irri-
tas âecernimtAs et inanes (bulle de Clément IV ; Arch. nal., Bullaire, L 258,
n" 12, 23 ^ipassim).
7. Ainsi s'exprimait Tauteur du Dictamen conservé dans le ms. lat. 8566 A
(f 111).
266
On chercherait vainement, dans les lettres pontificales de cette
époque, une formule qui ne fût point rythmée : « Âuctoritate
fvesentium indulgemxis.,, Auctorita te SedisÂposto^tc^ con/tr-
mamus.., Quare a nobis humiliterposiulabas... Âbsqoe lioen-
tia Sedis Apostolice speciali... Que correctionis et reformationis
officio noveris indigere.., Presentis scripti patroeinto commvr'
nimus,,. Inquisita super premissisdili^en/m^'t?&nïa/^...etc. »
Ces expressions sont de style sous Innocent III et ses succes-
seurs ; il en est de même des clauses Nullis litteris, Quod si
omneSy Testes autem^ et de tant d'autres, dont la formule,
modifiée au commencement du siècle, se conserve désormais,
parce qu'elle sonne agréablement'. Bien difierentes , à ce point
de vue, sont les formules des privilèges, où se font remarquer
les terminaisons Apostolice Sedis av^toritate , aliéna fiat^
paœ Domini nostri Jhesu Christi.
Rien ne prouve que la minute des lettres apostoliques (litterœ
notatœ) fut rédigée sous une forme harmonieuse. Mais on se
représente, au bureau des grosses, les notaires révisant le texte
de la bulle, le développant, le modifiant, intervertissant Tordre
des mots, rejetant au besoin une expression gênante, jusqu'au
moment où l'épître sort de leurs mains métamorphosée grâce
aux cadences dont ils ont su l'embellir. Ils arrivaient souvent
à faire précéder d'un cursits les moindres repos de la voix^.
E. — De 1288 au XV IP siècle.
Sous le pontificat de Nicolas IV (1288-1292), les notaires se
relâchent un peu de leur vigilance. Alors reparaissent des fautes,
inconnues depuis le xu* siècle : non seulement des propositions,
mais des phrases se terminent d'une façon défectueuse, et cela
dans de simples lettres. La voix retombe et s'arrête sur des mots
assemblés au hasard: «... ingressu claustri vel chori inter--
1. Le comparatif est employé ici de préférence aa positif, pour que le double
spondée final soit précédé d'un dactyle.
2. Qne Ton consulte un des nombreux formulaires romains du xiii* siècle,
conservés à la Bibliothèque nationale : on constatera partout Tapplication du
cursus,
3. Ces repos ne sont pas toujours indiqués par une ponctuation dans les expé-
ditions originales. Il arrivait souvent que le grossator plaçait un peu an hasard
le colon et le comma.
267
dicto. — ... ad Sedem Apostolicam référant^. — ... certum
tempus comprehendat^. — ... ad eœprohrantium oppro-
bria^. — Quis igitur de cetero marcebit otio^'i » (ce dernier
exemple est emprunté à une expédition originale). Les notaires
de Bonifece VIII persévèrent dans la même voie, les fautes vont
en se multipliant : « ... a jure intimamus ^. — ... per legatos
vel delegatos ipsius^. » La loi cependant n'est pas abrogée :
moins exactement observée, elle n'en continue pas moins à exer-
cer sur la rédaction des bulles une influence décisive. On ren-
contre fort souvent, à cette époque, des lettres que ne renierait
point un notaire d'Innocent III. En un mot, le xiv® siècle res-
semble beaucoup à la seconde moitié du xii^.
Peu à peu, par suite de ce relâchement, les nuances qui distin-
guaient encore le style des privilèges s'eflacent, et le même rythme
dégénéré s'applique à tous les actes de la chancellerie'.
Ce mouvement s'accentue durant le xv® siècle, on en arrive
parfois à un complet oubli du cursus. J'ai pu relever, dans une
seule bulle de Sixte IV, les terminaisons suivantes : « impen-
damus efficaces, — ... tenoris subsequentis , — ... execu-
tioni demandarentur. — ... eœcommunicati censerentur,
— ... prefati tenerentur ^. »
Au XVI® siècle, le désordre est à son comble. Si l'on trouve
encore assez souvent des actes rédigés suivant les vieilles règles ^,
c'est qu'on respecte religieusement les formules. Mais qu'une
difficulté se présente, qu'un effort soit nécessaire pour conserver
le rythme, c'est alors qu'apparaît la négligence des rédacteurs.
Telle est la persistance des anciennes formules, qu'il ne faudrait
1. Bulle da 12 sept. 1289 (BuUar. rom., p. 61 et 58).
2. Bulle du 17 août 1289 (Ibid,, p. 56).
3. Bulle du !•' août 1291 {Ibid,, p. 66).
4. Bulle du 1" août 1291 (Arch. nat., Bullaire, L 277, n* 50 ; Laog, Hegesta,
t. IV, p. 500, et Pertz, Mon. Germ. htst, scripL, l. XVII, p. 600).
5. Bulle du 8 sept. 1303 {Bullar. Rom., p. 103).
6. Bulle du 19 mai 1296 (Arch. nat., Bullaire, L 280, o« 49 ; RipoUi, Bullar.
ord, Prxd.y t. II, p. 48).
7. Les brefs suivent le sort des autres lettres pontificales.
8. Bulle du 25 juin 1472. (Arch. nat., Bullaire, L 325, n» 3).
9. Voir le bref de Jules II du 5 déc. 1506 (Arch. nat., Bullaire, L 328, n« 10),
la bulle du 26 juillet 1505 (Ibid., n« 4) et ceUe du 20 juillet 1507 (Ibid., n« 8),
ainsi que les bulles de Paul IV du 28 sept. 1556 (L 336) et du 1«' sept. 1557
{Ibid., n* 4).
268
yy.LK «iét/joner, si, encore au xvii* siècle, on remarquait dans
-': ry t/*me de certaines bulles une régularité relative*. D va sans
'Ut*r que II rencontre serait fortuite, et que depuis longtemps la
.' «riiiiissance des lettres antiques a fait tomber dans le discré^t les
'l'xjtrines épistolaires du moyen âge.
iJe la place de V accent dans les actes pontificaux,
I>e soin avec lequel, h certaines époques, les notaires de la
chancellerie observaient le cw^sus, permet de constater comment
ils plaçiiieut Taccent sur les mots latins. C'est le lieu de remar-
quer, une fois de plus, que la règle antique était ramenée à sa
plus simple formule : tout dissyllabe est accentué sur la pénul-
tième, ainsi que tout polysyllabe dont la pénultième est longue ;
au contraire, tout polysyllabe dont la pénultième est brève est
accentué sur l'antépénultième.
Quant aux règles exceptionnelles par lesquelles les anciens
dérogeaient à cette loi, une seule m'a paru conservée. Les ter-
minaisons eœinde commendari^, exinde dispensantes^,
aliuyide assumendos ^, que Ton rencontre dans des lettres de
Grégoire IX ou d'Innocent IV, ne sont point fautives : Priscien
enseignait à accentuer sur l'antépénultième les composés de inde
avec une préposition^, et nous savons par Pierre Hélie^ que Ton
s'appuyait sur l'autorité de ce texte pour accentuer de même
alîunde.
D'ailleurs, je n'ai jamais vu les notaires se méprendre sur la
quantité de la pénultième, erreur qui les eût induits à mal placer
l'accent sur les mots polysyllabiques. Ils avaient, à cet égard,
une érudition sûre et ne commettaient aucune des confusions
dont M. Thurot a relevé des exemples chez les grammairiens du
temps'.
1. V. par exemple une bulle de Grégoire XV du 30 juin 1622 (A. el J. Tardif,
Privil. accordés à la couronne de France par le saint- siège, p. 282).
2. Bulle du 8 déc. 1234 (Bibl. nat., coll. Moreau, ms. n- 1189, f 260-, N. Va-
lois, Guillaume d'Auvergne, p. 368).
3. E. Berger, Registres d'Innocent IV, n» 1652.
4. Ibid., n« 408.
5. Insi. gramm,, XIV, 20.
6. Spéculum de Vincent de Beauvais, cap. CLXll. Cf. M. Thurot, NoU et exir.,
1. c, p. 403.
7. Ibid,, p. 419 et suiv.
269
CONCLUSION.
De V utilité du c\xv%\y&pour la diplomatique pontificale.
Quelle que fût Thabileté des notaires, le cursus contribua sans
doute à pervertir le stjle des bulles, en le rendant prolixe,
contourné, en multipliant les périphrases, »en substituant à Tordre
logique un ordre capricieux. Mais ces défauts, qu'excusait le goût
du temps S étaient largement compensés, aux yeux des chance-
liers, par un double avantage : revêtir l'acte d'une forme har-
monieuse, que nous ne pouvons aujourd'hui apprécier qu'impar-
faitement, et surtout rendre plus difficile la rédaction, par suite
la contrefaçon des bulles. Qui sait si l'on n'a point observé avec
plus de soin le rythme dans les litterœ, précisément parce que
ces actes, dépourvus de souscriptions, de rota, de benevalete,
offraient moins de garanties contre l'habileté des faussaires ?
Toutefois cette précaution eût été plus efficace encore, si la
chancellerie romaine eût gardé le secret du cursus. Il n'en fut
rien : les dictatores se chargèrent de faire connaître dans tous
les pays l'artifice qui donnait au style des bulles une élégance
fort appréciée des contemporains : posséder les règles du cur~
sus de Rome, était pour eux la meilleure des recommandations.
Aussi les notaires d'un grand nombre de cours ecclésiastiques
ou laïques ne tardèrent-ils pas à se conformer de leur mieux, et
parfois avec succès, aux prescriptions d'Albert de Morra. Il en
résulta que le cursus fut également à la portée des faussaires.
En fait, dans bon nombre de bulles fausses, le rythme ne laisse
rien à désirer.
Est-ce à dire que la critique ne puisse tirer aucun parti du
cursus 'pour le discernement des pièces fausses? Je m'explique.
1. Les dictatores enseignaient le moyen de rendre le discours c prolixe », et à
côté de Vordo naturalisa qui n'était autre que Tordre logique, ils plaçaient
ïordo artifLcialis^ consistant en interversions forcées, et auquel ils ne manquaient
point de donner la préférence : c Notandum quod ordo dictatoris duplex est,
scilicet naturalis et artlficialis. Naturalis est, quando res describitur ex ordine,
prout gesta est, et absque omatu. Artilicialis est, quando dictator non servat
debitum ordinem rei geste, sed a medio procedit ad principium et de fine ad
médium et hoc pluribus modis : 1^.. » (Bibl. nat., ms. latin n" 16246 1, f' 9'2. J'ai
imprimé tout ce passage, De arte scribendi episiolaSy p. 65).
»•.*-
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21\
et d'une autre que Ton a voulu attribuer à Boniface VIII S sans
remarquer que les notaires de ce pape ne commettaient que bien
rarement des fautes de cette gravité :
... ingressus interdictus.
... universitatls predictorum.
... mînistrari libère possint.
etc.
S'il s'agit d'une lettre attribuée à l'un des papes du xni® siècle,
depuis Innocent III jusqu'à Honorius IV, la critique pourra se
montrer plus difficile : eue exigera des rédacteurs une application
constante des règles du cursus et considérera comme suspecte
toute lettre dans laquelle une phrase se terminerait d'une façon
défectueuse. A plus forte raison condamnera-t-elle une bulle
attribuée à Innocent IIP dont les terminaisons sont les sui-
vantes :
... litterae signifleantes,
... oculo invigilans,
... cure deputatam,
... personarum conniventia,
... libris obligaverat,
... tenore litterarum,
... voluntate respondentes,
... honesto contingente,
... renunciaverit labori,
... supradicta omnia,
... ad se pertinentibus,
... consensu commendantes.
... consilio factum est,
... auctoritate conformetur.
... rationabilia petentium,
... provisione agitur,
... favore manutenere,
1. « Honestis ac humilibus... » (Ludet^ig, Reliquiae manuscriptomm omnis
xvi diplomaium ac monumentorum ineditorum adhuc, Halae SalicaB, 1737,
m-8% t. XI, p. 613. Cf. Potthast, p. 1975).
2. Bulle du 27 mai 1216 adressée au couvent de Medlich : c Dilectionis ves-
trae nobis... » (Ph. Hueber, Ausiria exarchivis MélUcensib'os illustrata, Lipsiae,
1722, in-f% f- 13. Cf. Potthast, p. 449).
272
. memores existant.
. a^re volentes,
.. providit necessitAti,
... auctoritate confirmantes.
... generare solet,
... sue indulgemus,
... elegit exonerari.
... emergunt casus,
... sufficit caul^la.
... agere presumpserit,
... provisa sunt auferendo,
... auctorilat^ excommunicatus,
... Christi separalus,
... satisfactionem emendaverit,
etc.
\\n\r tlxer la date d'une bulle authentique, le cursus sera
i'iK\>iv dt^ quelque utilité. Ainsi M. Delisle, quand il revendiquait
(K>ur Innocent III des lettres attribuées à Innocent II S aurait pu
lutn* m\ nouvel argument de l'observation du cursus* : il se fon-
vlail 8U1' la mention de l'année du pontificat ; mais supposez que
m»us soyons en présence d'une copie, d'un fragment tronqué,
dont on ait supprimé la date : c'est alors qu'il sera bon de se
r«|>|>t»l<îr que le rythme sous Innocent II (1130-1143) était
uilôriour à celui des bulles d'Innocent III et d'Innocent IV.
Jt) termûierai en faisant observer que, pour la période comprise
ontrt^ 1198 et 1288, le cursus donne le moyen de reconnaître
ftu'iltunent et, pour ainsi dire, du premier coup-d'œil les erreurs
ih^ copie ou les interpolations qui déparent souvent, dans nos
meilleures éditions, le texte d'une lettre apostolique.
Noël Valois.
1. Mémoire sur les actes (TJnnocent ///, l. c, p. 61.
2. V. par exemple les deux lettres imprimées dans la collection des condles
de Ubbe (t. X, col. 968) et dans le Cartul. de N.-D. de Paris, t. III, p. 184.
CHARTES
DE SAINT-MARTIN DE TOURS
COLLATIONNÉES PAR BALUZE
SUR LES ORIGINAUX.
Lorsque feu notre confrère E. Mabille entreprit la restitution
du célèbre cartulaire de Saint-Martin de Tours connu sous le
nom de Pancarte noire ^, il attacha naturellement la plus grande
importance aux copies de la main de Baluze. De tous les érudits
qui ont travaillé dans les archives de Saint-Martin, c'est certai-
nement celui dont les transcriptions ont pour nous le plus de
prix. Toujours faites sur le meilleur des textes qui existaient,
elles témoignent d'un soin extrême, et surtout d'un souci de l'exac-
titude qui permettent de les utiliser presque au même titre que les
textes qu'elles représentent, originaux ou anciennes copies, pour
les études les plus minutieuses. Malheureusement, un certain
nombre des plus anciens diplômes de Saint-Martin ne se retrou-
vaient pas dans ses manuscrits, et les copies de Besly, de dom
Lesueur, de dom Martène ou de dom Housseau qui faisaient seules
connaître ces documents ne laissaient pas que de faire regretter
qu'on n'en eût point de la main de Baluze. Une petite découverte
me permet de combler aujourd'hui une partie de cette lacune.
On sait que les chanoines de Saint-Martin, à l'occasion d'un
interminable procès qu'ils soutinrent contre les archevêques de
Tours au ^ujet de leurs prérogatives, firent imprimer, en 1709,
1. La Pancarte noire de Saint-Martin de Tours, brûlée en 1793, restituée
diaprés les textes imprimés et manuscrits par E. Mabille. Paris el Tours, 1866.
In-S*.
27(5
1. 43, 44, 46, 47, 48, 49, 20.
bunuarum
1. 46el24. Aniliaco
1. 48. Britannorum
1. 24 . habent
1. 26. supplementum
1. 34 . annulo
1. 32. Eneas
Ludovic!
recognovi
l. 34. Id.
Garoli
bunuaria
Aviliaco
Brittanorum
habet
subplementum
anulo
Aeneas
Hiudowici
recognovit et subscripsit
Idus
Karoli.
2° 16 avril 849. — Charles le Chauve confirme les chanoines
de Saint-Martin dans la possession de la villa d*Antogné et fixe à
deux cents le nombre des chanoines {Recueil, p. 3, Mabille,
Index, n<* 51, au 1" mai).
Texte imprimé.
1. 4. Francorumque Aquitano-
rum
1. 6. fidelibusque
1. 4 2. authoritatem
1.46. praedecessorum
1. 27. heri
1. 29. esse perpetuo voluerint
1. 34 . Ludovici
recognovit
1. 32. Gai. maii
Garoli
Foeliciter in Dei nomine.
Corrections de Baluze.
Francorum Aquitanorumque
fîdelibus
auctoritatem
praecessorum
Ghristi
voluerint esse perpetuo
Hiudowici
recognovit et subscripsit
XVI Kal. mai
Karoli
In Dei nomine foeliciter.
Comme on le voit, c'est sur la date que porte la correction la
plus notable; ce diplôme est donc du 16 avril et non du 1^*" mai.
De plus, Baluze a rétabli avant la souscription du chancelier celle
du roi : Signum Caroli gloriosissimi régis, qui manquait dans
le texte imprimé, bien (ju'elle fut annoncée par la formule : manu
nostra propria subterfirmavimus .
«
3° 6 novembre 851 . — Charles le Chauve concède en bénéfice
à Wichardla celle de Sainte-Colombe pour en jouir sa vie durant
{Recueil, p. 5, Mabille, Index, n® 54).
277
Texte imprimé. Corrections de Baluze.
1. 2. irrationabiliterpetitionibus irrationabilibus petitionibus
1. 5. Wiehardus Wichardus
1.2-1. nec nos necnon
1. 22. annulo anulo
l. 23. jussimus concessimus
1. 24. Ludovici Hludowici
recognovi recognovi et subscripsi
1. 25. Indictione... (un blanc tient Indictione XV
la place du chiffre.)
régnante glorioso rege régnante Karolo glorioso rege.
4° 30 janvier 869. — Charles le Chauve prend sous sa protec-
tion les domaines de Leré en Berry et de Marsat en Auvergne
{Recueil, p. 135, Mabille, Index, n<*67).
Texte imprin^.
Corrections de Bal
1. i, Carolus
Karolus
1. 7. Liradus
Leradus
1.-13. agnoscentes
cognoscentes
1. 27. recognovi
recognovi et subscripsi
1. 32. Carolo
Karolo.
Entre la fin de la teneur et la souscription du chancelier,
Baluze a intercalé une souscription de Charles le Chauve : Signum
Karoli gloriosissimi imperatoris, sans mentionner du reste
de monogramme.
Il y a lieu de s'étonner de voir figurer la souscription de
Charles empereur à un diplôme que tous ses éléments chronolo-
giques concourent à dater, sans contestation possible, du 30 jan-
vier 869. Si l'on observe que, contrairement à la règle constante
de la chancellerie de Charles le Chauve, cette souscription du
souverain n'est pas annoncée à la fin de la teneur, on sera con-
vaincu qu'elle n'existait pas sur le diplôme lorsqu'il est sorti de la
chancellerie et qu elle a dû être ajoutée plus tard par quelque igno-
rant qui a risqué de rendre cet acte suspect en voulant le compléter
par une formule qu'il jugeait sans doute indispensable à sa validité.
On peut croire que cette addition n'a pas été faite longtemps après
la date de la délivrance du diplôme et dans tous les cas que les
caractères de cette prétendue souscription étaient assez habile-
278
ment contrefaits, puisqu'elle n'a donné lieu à aucune observation
de la part de BaluzeT, qui l'a transcrite d'dprès l'original.
Nous n'insisterons pas davantage sur les petites améliorations
que les collations de Baluze apportent au texte des documents
publiés dans ce recueil. Il nous suffira d'avoir signalé l'exemplaire
de la Bibliothèque nationale aux futurs éditeurs d'un cartulaire
de Saint-Martin de Tours.
A. GiRY.
INSTRUCTIONS DE FOSCARI
DOGE DE VENISE
AU CONSUL DE LA RÉPUBLIQUE
CHARGÉ DE COMPLLMENTERLE NOUVEAU ROI DE TUNIS
EN 1436.
Fanucci et Antoine Marin pensaient que les Vénitiens et les Tos-
cans fréquentant l'Afrique septentrionale avaient été admis à parti-
ciper aux caravanes commerciales qui pénétraient dans l'intérieur du
pays. J'ai cherché et réussi, je crois, à prouver l'origine et l'erreur
de cette opinion ^ Le conmierce des chrétiens en Afrique fut toujours
essentiellement maritime. Une dépassa guère les ports du littoral, en
faisant une exception, motivée encore plus par des raisons politiques
et religieuses que par des raisons commerciales, pour Tlemcen, Fez
et Maroc. Les conditions des Vénitiens furent à cet égard à peu près
les mêmes que celles des autres nations chrétiennes.
Les Français eurent dès le xiii® siècle des comptoirs ou des consuls
à Tunis, à Bougie et à Geuta. Leur commerce déclina dans le Magreb
comme ailleurs au xiv® et au xv® siècle. Sous Louis XI, il reprit
quelque vie. François I®^ Henri IV et Louis XIII lui donnèrent enfin
une impulsion décisive. De ces règnes réparateurs datent les JS'^aô/w-
sements français dans les États Barbaresques, successivement créés
au Bastion de France, à Bône, à la Galle et à Tîle de Tabarque. Cette
île, qui faisait partie de la Numidie et non de la Proconsulaire,
dépend historiquement de l'Algérie, et aurait dû être rattachée
depuis longtemps à son territoire.
En revenant aux Vénitiens, je dois rappeler que le roi Abou-Omar-
Othman, auquel le doge Foscari envoie ses féhcitations d'heureux
1. Traités entre les Chrétiens et les Arabes d'Afrique au moyen âge. Sup-
plément, p. 17.
280
avènement, accorda à la république, en 4438, un traité confirmant
les avantages reconnus depuis longtemps à ses nationaux dans le
Magreb oriental ^ .
Ce prince était le 26' roi de la dynastie des Hafsides, dont le der-
nier souverain, Mohammed ben Es-Soltan, fut détrôné par les Turcs
en ^1572. Des pachas turcs gouvernèrent depuis lors sans conteste à
Tunis jusqu'en 4664. A cette époque, une grande anarchie bouleversa
le pays et les deys, élevés successivement au pouvoir par la milice,
cherchèrent plusieurs fois à se soustraire à la suzeraineté de Gons-
tantinople.
La Porte parvint néanmoins à faire reconnaître de gré ou de force
le droit supérieur qu'elle avait conquis en 4 572. Elle le perdit en 1 705.
A cette époque s'établit à Tunis, en la personne d'Hassan, ou Hosséin
Bey, fils d'Ali Et Turki, originaire de Candie, une dynastie qui a
possédé la vraie royauté d'une façon héréditaire, manifeste et sdiïso-
lument indépendante. C'est à cette famille qu'appartient Mohammed
Es-Sadoc, au nom de qui la prière publique du vendredi s'est tou-
jours faite dans les mosquées de la Régence. Ce fait seul suffirait à
constater sa souveraineté territoriale.
Si l'on veut voir d'autres témoignages de son indépendance poli-
tique vis-à-vis des prétentions de Constantinople, on n'a qu'à
parcourir dans les recueils de Dumont, de Martens, de Testa et de
M. de Clercq, les traités que cette dynastie a conclus avec les États
étrangers, depuis Taccord de 4708, signé avec la Hollande, jusqu'au
traité de 4802 par lequel M. Devoize, envoyé du premier consul,
obtint le renouvellement du traité conclu avec Louis XV en 4742.
Dans tous ces pactes, le dey ou bey de Tunis traite seul, directement
et souverainement avec les puissances chrétiennes ; dans aucun il
n'est fait une seule fois mention de la Turquie ni du Grand Turc.
L. DE Mas Latrie.
1436.
M. cccc. XXXV. Die tertio Februarii.
Commission
Nos Franciscus Foscari, Dei gratia dux Venetiarum, etc.
1. Traités, p. 250.
2. En marge : Ser Maurus Caravello, sapiens Ordinum,
281
Committimus tibi nobili viro Blancho Delflno, dilecto civi et fideli
nostro ituro consuli nostro Tunisii, quod cum nostris litteris
credulitatis quas tibi dari fecimus ire debeas antequam intres
consulatum ambaxiator ad presentiam serenissimi domini Otte-
men régis Tunisii ; cui, factis salutationibus et generalibus obla-
tionibus, cum verbis pertinentibus et consuetis, debeas celsitu-
dini sue exponere quod dominatio nostra ubi intellexit illustrem
personam suam ad regalem dignitatem digne pervenisse maximam
leticiam habuit, respectu illius summe justicie quam in eo esse
audivimus ; et sicut sibi jam pridem gratulavimus, ita* nunc etiam
te ad suam presentiam misimus ad congratulandum sibi de hujus-
modi prosperis dignitatibus suis que sibi merito a Deo concesse
sunt.
Deinde narrabis ei quod cum illustrissimis dominis regibus
predecessoribus suis bonam pacem et sinceram amiciciam habui-
mus, quam etiam cum excellentia sua habereintendentes in futu-
rum, missimus te ad presentiam suam, ut antiqua pax et sincera
nostra bona amicicia ratificetur et augeatur cum regia altitudine
sua. Et quia multi nostri subditi et fidèles terrarum et locorum
nostrorum et alii multi qui cum nostris navigiis navigabant in
suis terris detinentur captivi, rogabis suam celsitudinem ut sicut
vigore pacis fieri débet et sicut in sua justicia speramus ipsi
captivi Ûbere restituantur; et in hocfacito quicquid boni poteris.
Et si pro ipsis redimendis erit opus pecunia, sumus contenti quod
pro tanto pio opère exequendo possis expendere usque ducatos
decem pro uno quoque eorum, et expendendo tamen minus si
minori quantitate facere poteris.
De parte, omnes alii. De non, i. Non sine, i.
Volumus insuper quod priusquam suscipias oflScium consulatus
exerceas ambaxiatam, et infra duos menses procures apud regem
exequi omnia que tibi velut ambaxiatori nostro exequenda com-
mitimus. In quibus duobus mensibus ire et stare debeas ad expen-
sas nostri communis et possis expendere ducatum unum in die,
sed a duobus mensibus ultra, si non fueris expedictus, stabis
expensis tuis. Declaramus tamen tibi quod illo die quo Tunisium
applicueris incipies lucrari salarium consulatus. Verum tibi
prohibemus facere mercaturam personaliter.
Dari tibi fecimus copiam unius littere quam alias scripsimus
domino Montassar, régi predecessori istius Ottemen, per quam
sicut videbis petimus emendam et refectionem multorum damno-
282
rum et injusticiarum que nostris civibus illate fuerunt scilicet
presertim super causa vivi nobilis Andrée Contareno. Super qua
habita informatione ab eodem et a nostro consule Tunisii in
quibus terminis se reppererit ille casus, volumus quod procurare
et solicitare debeas omni tuo ingenio ut eidem nostro nobili fiât
jus integrum et satisfactio damni sui sicut ex forma pacis fleri
débet. Et hoc ipsum committimus tibi de aliis causis nostrorum
civium in illis litteris nostris ad regem speciâcatis, ut in ipsis
facias quicquid boni poteris.
Dona etiâm que tibi dari fecimus dicto domino régi presentabis
cum verbis pertinentibus et consuetis.
(ArchiY. gènér. de Venise, Senato. MUti, Reg. 59. fol. 141.)
LISTE
DES NOMS D'HOMMES
GRAVÉS SUR LES MONNAIES
DE L'ÉPOQUE MÉROVINGIENNE.
LETTRE A M. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE.
Mon cher ami et confrère,
Il existe plusieurs travaux qui traitent des noms propres ger-
maniques de personnes ; J. Grimm en a donné un dans le tome
second de sa Deutsche Grammatik; le plus considérable, dû à
M. Foerstemann, est intitulé : Personen-namen^,
Le livre de ce dernier savant, de même que l'étude de Grimm,
a un caractère général qui embrasse également tous les dialectes
des langues germaniques. Il en résulte un certain vague dans
l'ouvrage assez succinct de Grimm et une véritable confusion
dans celui de M. Foerstemann.
Vous pensez, et je crois que vous avez grandement raison, qu'il
est temps de commencer à étudier chaque dialecte, séparément ;
c'est, du reste, ce qu'ont déjà fait MM. Wackernagel et Cari
1. Les mémoires de M. Bourquelot sur les Noms propres et leur valeur his-
torique au temps. des deux premières races (Mém. de la Soc. des Antiquaires
de France, t. XX VIII) et de M. Edm. Le Blant sur le Rapport de la forme des
noms propres avec la nationalité à V époque mérovingienne (Ibidem), sont à
consulter bien qu4is ne traitent pas directement ia question dont je m'occupe
en ce moment.
281
Meyer, celui-ci pour la langue lombardes celui-là pour la langue
bourguignonne*.
Il vous appartient d'en faire autant pour la langue des Francs,
et je suis très heureux de pouvoir vous fournir, pour ce travail ,
les éléments que peut fournir la numismatique mérovingienne.
Chez les Francs, me dites-vous. Ton distingue deux dialectes,
le mérovingien et le carolingien. Le premier a fourni au français
la plupart des mots d^origine germanique qui n*ont pas subi la
seconde permutation des consonnes : ils ne nous sont guère con-
nus que par des noms propres de personnes et par les termes de
droit que la loi salique conserve dans les gloses malbergiques ;
mais ces gloses ne nous sont parvenues que sous une forme très
altérée, et, d'autre part, les termes de droit — latinisés — con-
tenus dans le texte de la loi salique, ne sont pas très nombreux.
Ce sont donc les noms d'hommes qui forment l'élément le plus
important à l'aide duquel on peut essayer de reconstituer les lois
du dialecte franc que parlaient les Mérovingiens.
Mais, pour que cet instrument de travail soit d'un usage sûr,
il est indispensable de se servir exclusivement de documents écrits
à l'époque mérovingienne; les copies de l'époque carolingienne
substituent déjà une orthographe nouvelle à l'orthographe primi-
tive. L'onomastique mérovingienne ne peut être étudiée que dans
les diplômes originaux, dans les plus anciens manuscrits de Gré-
goire de Tours, de Frédégaire, des Gesta regum Francorum ;
dans les monuments épigraphiques, enfin sur les monnaies, élé-
ment d'information complètement négligé, jusqu'à ce jour, par
les savants qui ont abordé ce sujet. M. Foerstemann lui-même,
dans son volume in-quarto, paraît ignorer qu'à l'époque méro-
vingienne, du milieu du vi® au milieu du vm® siècle, la numisma-
tique franque révèle, sous leur forme contemporaine, plusieurs
centaines de noms d'hommes.
Les monnaies mérovingiennes portent des noms de rois, ceux-ci
relativement assez rares, et des noms de monnayers; l'étude
que vous ferez des noms royaux pourra être d'un grand secours
aux numismatistes pour classer chronologiquement les pièces
1. Sprache und Sprachdenkmœler der Langobarden , un vol. in-S*» (Pader-
born, 1877).
2. Dans un mémoire qui termine le tome I"^ de Touvrage publié en 1868 à
Leipzig sous le titre : Das burgundisch-romanisch Kœnigreich.
285
présentant des vocables de rois homonymes. A cette époque, le
monnayage ne semble pas avoir été, à proprement parler, un
monopole de l'Etat; c'était plutôt une entreprise commerciale
dans laquelle le nom d'un agent accrédité garantissait au public
le poids et l'aloi de la monnaie fabriquée par lui.
Contrairement à l'opinion de plusieurs de mes confrères, je ne
pense pas que le monnayer mérovingien ait été autre chose
qu'un oflScier public d'un rang assez modeste. On a cru, en se
fondant sur certaines homonymies, retrouver sur quelques tiers
de sou les vocables de personnages historiques. Saulcy a proposé
jadis de lire le nom du duc austrasien Gondoald sur un trions
qu'il attribuait à Troucey, près de Toul; aujourd'hui, il est établi
que cette pièce est signée par le monnayer Gundoald (Gvn-
DOALDo M et non pas Gvndoaldox) et qu'elle paraît porter, au
lieu d'un nom de vicus austpasien , celui d'une localité limousine
(Fursac, Creuse) en latin Ferruciacus. C'est encore ce savant
regretté qui a cru retrouver le patrice Mommole à Chalon-sur-
Saône, tandis que Lelewel, dans le même ateher monétaire, pro-
posait le duc Wintrio. Ces deux conjectures ont été admises par
M. le vicomte d'Amécourt qui a, lui-même, donné un assez grand
nombre d'autres assimilations dont la probabilité me semble éga-
lement très contestable. Il faut éviter, dans l'étude des monnaies
franques, de se laisser égarer sur la même fausse route suivie il y
a quelques années à propos de la numismatique gauloise, alors que
l'on voulait y retrouver les noms de tous les chefs mentionnés par
les Commentaires ; il semblait que la plupart des monnaies
gauloises portant des noms d'hommes devaient avoir été frappées
pendant les huit années que durèrent les campagnes des Romains
en Gaule.
Les textes nous apprennent qu'Abbon était orfèvre et dirigeait
la monnaie à Limoges ; jusqu'à ce jour aucun triens de cette ville,
signé de lui, n'a été retrouvé. On ne peut pas le. confondre avec
les monnayers, ses homonymes, dont les noms se lisent sur des
pièces portant en outre le nom de Chalon-sur-Saône et celui de
Daria appartenant à une localité indéterminée.
Il me semble même qu'il n'est permis d'admettre qu'avec la
plus grande réserve la conjecture d'après laquelle saint Eloi
aurait signé des monnaies frappées à Paris et à Marseille. Si le
nom à'Eligius paraissait exclusivement sur des monnaies de
Dagobert P% on pourrait hésiter ; mais on le lit fréquemment,
286
bien que les noms royaux soient rares dans la numismatique
mérovingienne, sur des triens de Clovis II, qui régna de 638 à
656. Saint Eloi ayant été élu évêque de Noyon vers 640, il me
semble difficile d'admettre qu'il ait été monnayer sous Clovis II ;
d'aiUeurs saint Ouën, son ami et son contemporain, à qui
nous devons tant de détails sur sa vie, qui nous parle même de
son habileté dans Tart de Torfèvrerie, ne fait aucune allusion à
la part qu'il aurait prise à la fabrication matérielle des mopnaies
royales.
J'ai cherché à relever tous les noms d'hommes*, d'origine ger-
manique ou latine, fournis par la numismatique mérovingienne;
un certain nombre d'entre eux, inédits jusqu'à ce jour, ont été
lus par moi sur les nombreuses monnaies de la première race de
nos rois, éparses dans les musées et les collections particulières
de l'Europe. Mon catalogue ne sera certainement pas irrépro-
chable; mais, tel que je vous l'offre, il présente la liste la plus
complète qui ait encore été dressée.
Chaque nom d'homme est suivi du nom de lieu gravé sur la
monnaie qui les présente tous deux ; je n'ai pas voulu donner ici
l'assimilation de tous ces noms de lieux avec les formes modernes
qui les représentent aujourd'hui. Ce travail sera le sujet d'un
ouvrage spécial dont je suis loin d'avoir réuni, à cette heure, les
éléments. Tenter dès à présent une pareille tâche serait s'exposer
à des tâtonnements et à des conjectures qui nuiraient à la science
plus qu'ils ne lui serviraient.
On ne trouvera pas, dans cette liste, certains noms qui prove-
naient de mauvaises lectures; quelques-unes des variantes, résul-
tant de la maladresse des monnayers, ne m'ont pas semblé
dignes d'être relatées. Ces maladresses sont dues le plus souvent
à des transpositions ou des substitutions de lettres; par exemple,
à Chalon-sur-Saône, nous lisons Vinitnone, Witirione, Wint-
rio, Witrio qui ne sont que des altérations de Wintrio; à Reims
Filamarius, Filari pour Filumams; à Loco Sancto, Dia-
cioaldio, Daciovaldus, mauvaises formes de Dacoaldu^, Il
faut même remarquer que, dans ce dernier exemple, les trois I
de Diacicoaldio ne sont en réalité que des traits intercalés par
le caprice du monnayer : on en connaît d'autres exemples. En
1. J'ai cru deToir reproduire ces noms au cas grammatical employé par le
graveur. Celle obser?ation est applicable aux noms qui figurent dans ma liste.
287
Velay nous voyons encore Teudulius pour LeudiUfus, Aco-
mare pour Agomare ou Dagomare; en Rouergue, Vanemius
pour Vencemius, Rosoams pour RosoluSy Asrasius pour
AspasiiLSy Telafitis pour Ela/îus. Certains noms ont pu aussi
être mal lus par les premiers observateurs, par exemple : Cha-
riovindu pour Vindochario, TJrosca pour Scauro, etc.
J*espère que la publication que je tente aujourd'hui décidera quel-
ques collectionneurs à faire connaître les noms des monnayers ,
omis dans cette liste, qu'ils connaîtraient par des exemplaires en
leur possession. On éprouve un certain plaisir à venir combler
des lacunes dans un travail imprimé ou même aussi, quelquefois,
lorsqu'une personne s'occupe d'un ouvrage spécial, à conserver
discrètement quelques détails qui l'intéresseraient afin de pouvoir,
le jour où l'ouvrage est imprimé, lui prouver qu'il est incomplet.
Je ne désespère donc pas, dans quelque temps, d'être à même de
donner à cette liste un supplément que je ne pense pas cependant
devoir être bien considérable.
Tout à vous cordialement,
Anatole de Barthélémy.
Abbone, Chalon-sur-Saône, Da-
ria.
Aboleno, Poitiers, Racio domini.
Abolïno, Dinant.
Abvndancïo, ABv?f dantivs , Sila-
niaco,
AcMiGisiLo, Meclisina,
AcoLENO, Blatomo Sci. Mar,
Adaido, Poitiers.
Adalberto, Avranches, Bas ci,
Addolenvs, Toulouse, Blanavia,
Adelbertvs, Maestricht.
Adelemarvs, Tours, Tonetos.
Adeleiho, Mallo campione,
Adeleo, Namur.
Aderico, Iconna.
Adgalovs, Munitaus, Isandone.
Adomaro, Namur.
Adraldvs, Poitiers, Noniron.
Adreberto, Melun.
Adriano, Castroma.
Advs, Cariaco.
Aecivs, Sion.
Aeigobertvs, Paris.
Aegoaldo, Lennacas,
Aegomvndo, Paris.
Aegvlfos, Aegvlfo, BaracillOj
Cella, TidiriciacOj Viriaco,
Aenonvs, Vodincu.
Agadopvs ou Agodopvs, Val-
miollo,
Agennvs, Le Puy.
Agibodio, Balatonno.
Agigino ou Agiliwo, Mayence.
288
Agivlfvs, Avenieco.
Agihichisilo, Medeconno.
Agxvs, Saint-Martin-dCTTours.
Ago, Vendonessa.
Agobardo, Varia,
Agolenvs, Poitiers.
Agomare, Bourges.
Agomares pour Dagomares, Le
Velay.
Agrïgisilo, Vendôme.
AiEMVS, Civit. Rulhenorum?
AïETivs, AiEcivs, Sion.
x\iGANAR!o, Nivialcha.
AiGiMVNDo, Bourges.
AiGOALDO, Rouen, Viurolenius,
AiGVLFvs, Briennon, Cellavicm,
Wagias,
AiRiGVNSo, Sugelione,
AïROENO, Mayence.
AïRVLFo, Binson.
AivLFUs, Verno,
Alacharïo, Meaux.
Alafivs, Baiorate.
Alafredos, Agennapio.
Alalasivs, Bedicco.
Alamonevs?, Cambrai.
Alamvno, Aximaionio,
Alapta, Bordeaux.
Alasivs, Chalon-sur-Saône.
Alchemvndvs, Arras.
Aldegiselo , Saint - Martin - de -
Tours, Nacciocim.
Aldericvs, Uzès.
Aldichïsilo, Glanonno.
Aldoald, Selonaco.
Aldoaldvs, Alsegaudia vie, Cur-
tariu.
Aldoricvs, Daria.
Aldvone pour Valdone, Bonoclo,
Alebodes, Soviliaco?.
Alemvndvs, Vatunaco.
Allacivs, Bayeux.
Allamtivdo, Vatunnaco.
Alligisels, Angers.
Allô, Binson.
Alloni, Angers.
Alloyes, Geus.
Aloviv, Deac vico.
Ambrovld, Virduno.
Ammoneald, Caio.
Aptadlïgil, Nevers.
Anciolvtrïo, Civit, Buthenorum?
Andoaldo, Gaciaco, Marsal.
Angïsiso, Varinnas.
Anglio, Anglo, Wijk-'bij'-Duur-
stede,
Angobrando, Cariaco.
Anicïovaceto, Sicusio.
Animvnevs, Ara.
Ansaricvs, Gentiliaco.
Ansedert ou Ansebert, (Saiga) .
Ansoaldvs, Metz, Maastricht,
Marsal, Ebroceca, Graunanto.
Ansoinavs, Ansoindo, Limoges.
An+.omaro?, Andelot.
Antelinvs, Sens.
Antenor, (Saiga).
Antidivso, Bourges.
Antimi, Tours, Toroni,
Anvrvs, Icetia.
Aonoaldo, Tidiriciaco.
AoNOBODE , Tidiriciaco .
AoNVLFO, Verilodio.
Aragasti, Mediolano,
Arailfvs, Villaus.
Araste, Meiolano, Teudirico.
Arailfvs, Aravlfvs, Le Velay.
Arcvlfvs, Cartinico,
Aribaldo, Poitiers, Biomo.
Aribaldv, Clermont-Ferrand.
Aribodeo, SconaSj Tauriliaco.
Arïgis, Alna vico.
Arigivs, Tausgunnaco.
Arimvndi, Coraria.
289
Ariravdo, Clermont-Ferrand.
Ariyaldo, Reims, Tallende, Co-
rofo^ labolentis, Vienne, Ri<H
mo^ Noiomavo.
Aritindys, Balatonno,
Armichigilys, lacana,
Arnebodb, Paris, Toulouse.
Arnoaldo, Arnoaldys, Paris, Na-
ronno.
Ar^oberto, Poitiers.
Aroberte, Dinant.
Artoyallys, Toul.
Aryaldys^ Vienne.
Aryhordys, Limoges.
AsGAiLAico ou Aschilaico, Tiltt
Castro.
AscARico ou AsGARioco, Limoges,
Saintes, Loco santo.
AsPASiYS, Civit. Buthenorum?,
Uzès.
Atila ou Attila, Vernemito.
Aydaldys, Agmta,
AYDDOLBffo, Toulouse.
Aydebaydes, Arras.
Aydegisilys, Paris, Poitiers, Ga-
varonno, Virduno^ Borgoiano.
Aydemaro, Ambrowic.
Aydemvx^dvs, Vienne.
AvDEN, Nontoccio vico.
Aydeno, Alviaco.
Ayderaptys, Bayeux.
Aydericvs, Ecosilina^ Noviinto
vico.
AvDiciiLVs, Lingue,..
Aydiernys, BellomontCj Orléans.
Aydigisilys, Amiens, Langres,
Interamnis^ Doussais.
Aydiricys, Brioude.
Aydo, Auxerre.
Aydoaldo, Meaux, Soissons, Toul,
Cintiniaco, Scolare mo^ Ca-
ri...ne vie.
Aydobode , nom de lieu à déchif-
frer.
Aydobodo, Analiaco.
Aydolenvs, Poitiers, Troyes.
Aydolfo, Clote.
Aydolinv, Novovico.
Aydomvndvs , Condate ^ Botomo.
Aydoraiv, Poitiers.
Aydorico, Versorodo.
Aydylfvs, Toul, Toulouse, Novio-
mOy Frisia, Novovico.
Ayendo, Poitiers.
Aygemaris, Le Mans.
AvGEMYNDYs, Gontvovaco vico.
AvGivLFYS, Orléans.
AviDio, Aoste.
Ayitvs, Civ. Buthenorum ?, Late
vico.
Ayldolino, Rouen.
Aymengiselys, Latochuncus.
Aynaldo, Caniaviaco.
AvNARDYS, Angers.
Ayneberto, Castro fusi; triens de
Clotaire IV à Embrun ou à
Yverdun.
AvNEGisiLo, Le Vexin.
AvNOALDO, Theodeberciaco.
AvNOBERTVs, Blois, Tobrencia.
Aynvlfo, Avnvlfvs, Ausch, Stras-
bourg, Latona^ Bacio domini,
Turiuronno.
Ayrovio, Avroviys, Madrànas.
AvsoMVNDO, Ciimon ou Mo.neci.
AvsoNis, Aysoniys, Saintes, Ge-
miliaco.
Aystadivs, Chalon-sur-Saône.
AvsTO, Sca ecclesie.
Aystroaldvs, Marsal.
AvsTRODO, Clermont-Ferrand.
AvsTRVLEvs, Autun.
Avtharivs, Aprianco.
49
292
Ghadomari, Tours.
Ghadvlfo, Gbadvlfvs, Brioux;
Teudericiaco, Brionno, Théo-
deberciaco^ Camiliaco.
Ghadvovb, Sacca.,.
Ghagnoaldo, Rouen.
Ghagnomaris, Maastricht.
Ghagobardo, Daria,
Ghaidvlfo, Brioux.
Ghardo, Venetvs,
Gharimvndys, Geniliaco.
GuAROALDo, Daria^ Noviomo.
GhaRëSIGILVS , GUARHISILVS, Am-
boise.
Ghareso, Auxerre.
Charialdvs, Tenganes,
Gharibërtvs rex. Bannassac.
Gharifridvs, Antonnaco.
Gharigis, Ticinaco,
Gharigillo, Noviomo,
Ghariyaldo, Darta.
Gharvaricvs?, Brionna,
Ghelaldo, Rouen.
Gheloaldo, Rouen.
Ghilbbrti, Toroni.
Ghildbertys rex, Arles (pièce
douteuse).
Ghildebertys rex, Metz (pièce
douteuse).
Ghildelnvs, Le Mans.
Ghildiernvs, Masiciaco,
Ghildoleivvs, Bayeux, Pino.
Ghildricvs rex, Marseille.
Ghiscolvs, S*-Jean-de-Maurienne.
Chivinvlfvs, Tulbiaco,
Ghlodovevs REX, Marseille, Paris,
Chalon-sur-Saône.
Ghlodovits, Orléans.
Ghlotarivs REX, Arles, Ghalon-
sur-Saône, Marseille.
Chlothachariys rex , Glotaire III
à Embrun.
Ghlothoyiys rex, le Palais.
Ghrodobbrty, Maastricht
Gharegavciys. Nom de lieu à dé-
chiffrer.
Ghoso, Bordeaux.
Ghrodigisilvs, Anderpus,
GuRODBBERTo, MaastHcht.
Ghrodoladys, Vendeuvre.
GUYDBERTYS, AugCrS.
GuYDEGisiLo, Macediaco.
Ghyldericys, Metz.
GicoALDO, Cainone cas.
Ginsylfo, Mefrovilla, Tidiri-
• ciaco.
GiNYONicYs, Ibcodicis ?
GiRANiYS, Noviomo.
GiRiMOND, nom delieuàdéchlffrer.
Glaro, Cambiaco.
Gleodino, loioastranoec.
Gloato, Lauduno.
Glodoaldvs, Meronno.
Glodoye rex, Tournay ; pièce sus-
pecte.
Glotariys rex. Glotharivs rex,
Marseille, Viviers, Arles, Uzès.
Glyiriacys, Autun.
GoMBOLEPfY, Gahors.
GoNCEsso, Troyes.
GoRBO, Columbareo,
GosRYBET ?, Strasbourg.
Gyggilo ou Rygcilo, Lausanne.
Dabaydes, Ocainoco.
Daccioyellys, Void.
Dagcho, Austa.
Dacuoharo, Pertas.
Dacober, Verdun?
Dacoyaldys, Dagoaldo, Diacioal-
Dio, Locosanto.
Daddoleno, Pauliaco.
Dado, Briotreiie vico.
Dadoleno, Corma.
DiGOBEBTHVs REi, AriBS, Agaune,
Limoges, Viviers, Verdun?.
DlGOBBBTO B.
DiGOBEBTTs rex, Marseille, Cha-
lon-sur-Saône, CanfoHano.
DAfiOHAHKs, Le Puj
DiGOTEB, roi, Marseille.
DiGTLFYS, Donicia vico, Inhvvic-
pontio.
DiGVHAREs, Albice.
Daihtndo, Brica vico.
Daocoltm, Lussalia.
DiovALDO, Racio domini.
Daotildts, Arciaca.
Dabgoleno? Gaciaco.
Dattbmvs, Chalon-sur-Saône.
Datlfo , Limoges , Pauliacum ,
Gauno vico.
DiwiTs, Marsiliaco.
Deobbbits, Civit. Ruthenorum?
Deobbigilo, Deobigisilo, Pati-
gaso.
Debtolenvs, Musicaco.
DionGvs?, Cusiancia.
UiPEHo, Chalon-sur-Saônu.
DisiDEHio, Rouen Icciomo.
DoBALO, BodTicasono.
Uoccio, nïccioBH, Oocio, ;Lyon.
DoDDO, Sitlionanlo ou Nanto-
sitlio.
ïioDO, Ghalon-sur-Saône,Worms,
Verdun ?
DoDONE, Rouen.
DoGOHABTS, Orléans.
DoHABDO, Sanonno.
DoHABicvs , Maastricht , Yver-
dun.
DoiTAHo, Steso.
DoHECisELO, Palaciolo.
DoHECio, Casteliaco.
DoHËBicrs, Yverdun.
Domino, voy. Gomitw?
DoHNOLEfiTS, Palacio.
OoHNOLBnrs, Bodesio.
DoMHOLiin', Matoliaco. .
Do»nAciiiiiTs, Ambaeiaco vie,
DoHMRio, Amimcinco vie.
DoBNECHiLLo, BUUomu.
UoMSTciïs, Grenoble.
DoHNiGisiLo, Tours.
UoMiyrnsriïs, Sesia.
DoHNrro, Dohnitto, Chalon-sur-
Saône, Blois.
DoHNOBEETo, Ketions.
DoHNOLO, DoHNOLvs, ChalOH-sur-
Saône.
DoH^vs, Senlis.
DOHOLEXVS, DOHOLINO, MauTtoco,
Palaciolo, Wijk-bij-Duur-
stede.
DoHOLo, Cisomo, Casl fi., Novo-
vico, Palaciolo.
DôMTLFo, Chalon-sur-Saône. Li-
moges.
DoMTLFïs, Racio xclisie.
DoHNANB, Wijk-bij-Duurstede,
DopOLKNTs, Caresinisi.
UOSLEDENTS, MetZ.
DosoLiHO, Orléans.
Dotimiuants, Veremund.
DoiNori, Camiliaeo.
Dbahvs, Larudrias peut-être At-
lirubrias^
Dbogtebado, Gaciaco, Izernore.
llaor.TBDÀL^'E, Izernore.
UuocTEitEiiivs, Lyon.
llROCTKfilSILÏS , DRTCIIGISILVS ,
Odonio, Étami)es
Dbortoaldïs, Langres.
DarcBEBro, (Saiga).
BeyciaitigIsiitS, Curr/d?
Dbvgoivifo Tricireo?
Dbïctoal&vs, TouI, Baieci.
IIrvctouhiiys, Ëtampes.
294
Dvccio, Lyon?
DvccioNB, Chalon-sur-Saône.
DvMVNEVS, Caronte,
DyNBEaTo, Jublains.
DvTTA, lixvvifos^ Wijk-bij-Duur-
stede.
Ebbone, Exonttj Isandone.
Ebiregisilo. Nom de lieu à dé-
chiffrer.
Eblinivs, Clermont-Ferrand.
Eborino, monnayer de Glovis III.
Ebregisilo, ËBREGisiao, Rennes,
Catolaco^ Saint-Denis.
Ebrigharivs, Le Mans.
EBRiGisiLys,Orléans,Z>onnactaco.
Ebroaldys, AlabOj BrioverOy Cas-
tra vicOy Evira^ Monticlaveti,
Vorolio.
Ebromare, Toulouse, Ampliaco.
Ebrvlfo, Serallo,
Edicisilo, Theodiliaco.
Edohirio, Blois.
Edomnio, Sorte.
Edviadys, Paris.
Ekogittvs, Begekiita,
Ela, Wijk-bij-Duurstede.
Elafivs, Gévaudan.
Elalivs, Soissons.
Elariano, Rezé.
Eldeberti r^x.
Eldecerti, Ghildebert II? à Ja-
vouls.
Elegiio, Saintes.
ËLiGi, Eligio, Eligiys, Elegivs,
Paris, Marseille, Palati.
Ellvto?, Palanioni.
Emmi, Chalon-sur-Saône.
EpfTHivoLOLATHVs, Cmlia,
ËociRiYs, Lyon.
EoDicivs, Eodicvs, Clermont-Fer-
rand.
EoDOMTiHDO, Muntiniaco.
EoDVLFo, MontiniacOj Novoa-
tru.
EoMACiYS, Racio ecclesiae.
EoFfOMio, Teodeberciaco,
EosE?rvs, Eovorigo.
EosKYio, Sagraciaco.
EoTELio, Caronno,
Eperino, Bricciaco,
Erchimgiselo, Avitigadr?,
Erdovldvs pour Ebroaldys?, Cas-
tra,
ËRiGisiLYs pour Charesigilus ,
Amboise.
ËRLoiNvs , Saint - Martin - de -
Tours.
ËRMACHARFVS, TelloO.
ËRMOALDO, Bellomo,
ËRMOBERTO, Roueu, Poîtiers.
Eri^bbbrto, Rouen.
ËRNOALDVS, Ande, . .nul^ Solonaco
vico, Sornegdiano.
ËRPONE, Aoivis.
ËRTO, Vindello,
EscoLARE, Palati.
EspERios, Le Velay.
EsPERivs, Javouls.
Etidio, Lezoux.
ËTTONE, Le Mans, Balatonno.
EvDAST, Novovico,
Eydelenvs, Metz.
Evdevigilenvs? Latiliaco,
EvDocmvs, Vendôme.
EvDOLiNvs, Lyon, Vosonno.
EvGENivs, Uncesia vico.
EvLERivs, Lyon.
Evmolo? Duurstede.
EvPARDVs, Ninua.
EvRicio, Lyon.
Eysebii, Dorovernis.
Fainvlfo, BodesiOy Scarponne.
Falco, Briva.
FiNTi, F*Ti, Marsal,
Faeitoildo, Poitiers, Tidirieiaeo.
FinroLEflo, Fintoliuo, Ardin.
FiTsnsTs, Arles.
FiïNYLFo, Scarpoiine.
FiTSTiHTs, Brioude.
Fedibdo, Ambernac.
Fedsgivs, Curciaco.
Fedolenvs, Le Mans, lana.
Fevtits ? Ducianm.
T'elcharits. Beims.
Felobcits, Sion.
Fetio, Chalon-sur-Saône.
FiDifiiTS, Nantes.
FtLicHiRivs, Reims.
FlUHABlVS, FlUBI, FlUHlKTS,
FiLOMAHos, Reims.
FiiyuAbVs, Reims.
FiHO, Lassone.
IfiRHiNO, Onaciaco.
FiiiHO, ioîcin.
Flaccio, Périgueux.
FuNEGisitTS, Sôa-nno.
Flanihisil, Vosonno.
Flanikys, Grenoble.
Flanvlf?s, Novovico.
Flat-.., Autun.
Flatiantb, Grenoble, Caniunaco.
Flatints, Saint -Jean- de-Mau-
rienne.
Flavlfo, FtiïLFvs, Novovico.
Fledino?, Saintes.
Flodoaldo, Castoriaco, Rivi...
FoRTTNATv, Nantes.
FoRTVNo, Chalon-sur-Saône.
Fraegtseio, Balavo.
FsAGiVLBno, Brioude.
FïAGtTLFTs, Verdun.
Fbaibo, Curbonm).
FiAMELEHO, Brioude.
Fbamicillts, Castrofusi, Tou-
louse, Noioimo.
Franc atbodts, Silviniaco.
Franco, Frangio, Rennes, Nantes,
Bayeux, Cantoano, Cambi-
donno.
Fbancobodts, Ambacia vico, ¥i-
dua vico.
Francolbno, Fbahcolihvs, Vidua.
Francvlfts, Cahors.
Fbando pour Franco, Cambi-
donno.
Fbanigisi pour Flanigisil, V»-
sonno.
Fhansicimts, Vidua.
Fbater:(o , Chalon - sur - Saône ,
Langeais, Saint-Martin -de-
Tours.
Fbatabdo, Curisiaco.
Fredemtniio, Betlofaeto.
Feedevaldvs, Evaunu.
FREoniLDo Toulousp.
Freqoleoou Ledfbedo, Ordorio.
FREnn:MTNDo, Pellolaello?
Fredovald, Condapense.
Fredvihdvs, Spaniaco.
Fbedvlfïs, Bourges, Breciaco,
Anisiaco, Auderici.
Fbeodoleno, Rieodunin.
Fbidegiselïs, Ebroravicus.
F BEDE RICO, Fbidibico, Poitiers,
Viriliaco, Novovico.
Fbido..., Paris.
FimBicvs, Incummonigo.
Fbidbits, racio eclisi.
Fbivcfo, Berecitlo.
Frodelino, Vendogilo.
Ftlcoaldvs , Cantolimete, Me-
lUD.
Ftldoadvs, Alsgauria vico.
GiGOiLDO? Tidiricia.
296
Gaido, Spire.
Gailo? Balla,,. vico.
Gaimodvs, Apraricia,
Gaio, Honore?
Gairechamno , nom de lieu à dé-
chiffrer.
Gaiso, Spire.
Gandvlfvs, Iviaco.
Ganityri , nom de lieu à déter-
miner.
Gaiwolioni, Huy.
Gaxveber ou Gvndebe, Huy.
Gapavgvs, Lausanne.
Garidertvë, Reims.
Garivaldvs, Tallende.
Garo, voy. Gailo?
Garoaldvs, Marsal, Mediano.
Garoaldo? Tidiricia.
Gaygemare, Cologne.
Gavdelinvs, Gauge,
Gavdo, Canseno.
GavdolExWs, Valence.
Ga?ioaldo, Ponteclaviti.
Geldv..vs, Catiriaco,
Geldomvndvs, Trémolo.
Gemellys, monnayer de Dago-
bert III.
GEPfEGisELO, Fursac, Noviomo.
Gembllos , Gemellys , Sanctus
Mariinus.
Genegiselys, Noviomo,
Genardo, Fursac.
GENNAcro, Sesemo.
Gennardys, Besançon.
Gennastes, GEPfNASTis, Brioux.
Genno, Vendôme ?
Gennobaydi, Nigroloto.
GENiYovrvs, Devenetus.
Gennylfys, Troyes.
Genoaldo, Vindello,
Genobavdi, Crisciaco.
Genoberto, Poitiers.
Germano, Germanys,* Médiane
vico,
Geyaldo, Amolante.
Geyemyîtdo, Marseille.
GiBBONEio, Mailaco,
GiBiRiGYS, Toul.
GiNNACio, Nanetago.
Gisco, Munitaus,
GiSELEFfo, Verdun.
GisELo, Toul.
GiSLiMYNDo, Abinio.
GiSLOALDYs, Marsal.
GisoA(ldo) ? Mouzon.
Glavio, Vallaria,
GoGOLAiGO ou GoGOLAiGo, Poiticrs.
GoDOBODE, Curhnacunao.
GoDOFRiDYS, Maastricht.
GoMEGiSELO, Vindigco.
GoMiNO, Alhigiinse.
GoNDERADYS, Mayeucc.
GoNDOBODE, Anauliaco.
GoNDOLENOs, Espanioco,
Gbagys, Sion.
Gratvlfo, Jmciaco,
Gratys, Sion.
Graydylfo, Briuuiri.
Grimbertys, Gem,.,
Gryello, Evira,
Gyarreso, Sens.
Gydymyndys, Meaux.
Gyerda, Turnac,
Gyiliniys, Aoste.
Gyimori, Valiigoli.
Gyiriys, Gyirvs, Lyon.
Gyndebaydos, Izeure.
Gyndeber, Huy.
Gyndenys, Sefiniaco.
Gynderigo, Chartres.
Gynderigys, Lemariaco,
Gyndirigys, Gynnirigo, Corma.
Gyndoaldo, Angers.
Gyndoberti, Corma,
297
Gtndobodes , Matoval , Tidin-
ciaco,
Gyndofwdvs, Dorocas,
GvNDOMARO, Vienne.
GvNDoaiEaB, Missiaco.
GvnîDOVALD, Medianoc,
GvNDVFvs, Coccaco.
Gynsomi, Baie.
GvnTAGHaiM, Sens.
HlBELENYS, Uzès.
Halido, Metz.
HiaoALDTs, Dînant.
Hbldebbrt rex.
Hevdblenys, Metz, Mallo Mati-
riaco.
HiLDBBBaTTS REX, Marseille.
HiLDEBODYS, Petraficta, Pino.
HlLDERICYS REX et HlLDIRIGUS RIX,
Marseille.
HiLDOiLDO, Racio aecclesie?
HtLDOALDTS, Glermont-Ferrand.
HiLDOMAR, Vindiciaco,
HoNORATTs, Bicomago,
Iaco, Iacoti, Iagotb, Orléans,
Chalon-sur-Saône, Viviers.
Iaconte, Silaniaco.
Iaimvndo pour Raimundo ?, Okd~
nucio.
Idigiu, Saraucov?
Idone, Angers.
Idonio, Solnaco,
Idvlfvs, Naix.
Ifiscvs, Wijk-bij-Duurstede.
Iflavitvs, Novo vico,
Ildebody, Pino.
Ilderigo, Aunaco.
Ildiricus rix, Marseille.
Ildomafo, Marcilliaco , Vindi-
ciaco.
Ilirigus rix, Marseille.
loHANms ,
BaS'Por.
Ilomaros pour Filomaros, Reims.
Ilyivs, Gauce...
Ingoaldo, Ariintoma^ inpalatio,
Ingomaro, Poitiers, Inscola, Ise-
laniacOy in palatio,
Inportvpïo, Medolo.
loGVNDVS, Catomario.
loDV, Reims.
lOHANNE , IoHANMES ,
Nantes, Argento,
Campolidi^ Cristoialo^ Teode*-
ber ciaco, Tidiriciaco.
Ipavltts ? Bonelulias.
Irso, Uzerche.
Irvllvs? Irvlfvs, Bruciro.
ISDATEISEL? Avallott.
IsoBAYDi, Balatonno.
IsoR, Toulouse.
IsPERADYs, Rennes.
IsTEPHANvs, Genève.
Itadiys, Chalon-sur-Saône.
Itanti, Gaasan vico.
Iteriys, Saintes.
Itino, Oriaco.
Ivffo, Daernalo.
Iyliano, Vienne.
Iyo, Agiunnis.
Iose, Ivse, Màcon.
Iystino, Aoriaco.
Iystys, Lyon.
Iyyenis, Calacusia.
LaxNdebertys, Cambrai.
Landegisilys, Landigisilvs, Huy.
Landerigo, Draveil, C/flnaco.
Laxdillno, Mallo campione^ vico
Botanis.
Landoaldo, Angers, Metz, Marsal.
Laybodo, Bodricasono.
Laydilfo, racio domini.
Lavnardys, Angers.
LAYPfEG..., Potento.
LifliKflou). Caio.
\tHTin...aa. Sêez.
liiTSAWWi. Bodriemomo, Cam-
bort^tepaço.
Ltrioêon. VeodAine.
I^fsoxiu. Gap.
Lit^oMTm, Conmeoilro, Ria-
laeo.
LtTHonos, Trêves.
LitHTLrrs, !VovovKO.
i^iTujm, Vienne.
Latktfovi, TubimMt.
Lbdectselo, Esantbme.
Ledilew, Artona.
Udoildo, Ambemac, Toiiano
eic?.
LEL0I5TS. Vienne.
Leistbits ou CExsniTs, TKeode-
berciaco.
Lio, Leo«, Arles, Brion»»,
firioui Biaiomayo, Cahors,
Seul, Trnje,*, Wicpo.
LEOBiiEDTS, Novoaieo.
Leoboleno, Vuredo vùo.
Leobtlfts, Catonaco.
Leodaste, Noiordo.
Leodbso . LErtDELiico, Reones.
LEOHiRDo Cesemo.
Leodero ou Letdiho, Ambemac.
LoDEHvs, Limoges.
LEiiDEBuiriïs, Arpacone.
Lbodbsits, Rouen, Jtufico.
LiL(m\i}. i\oH'ii)ieaslra.
Leodo, Uzerche.
LsoDOiLDo, Clote, Tagro.
Lbodogisu.0, Cucciaco, taciveltt-
Leodonardo, Benaias.
Leodonido, Balatedene.
Leodole:io, Medio vico.
Lbodoxabe, Langeais.
Lrodohodo, Uzerche.
LioMinnfs. i
Ijom>tâlm. Pauliaeo.
LsoBTim. Anaco. /.'aftaiùid,
Cambarisi, CitMlùliamo. Porté-
rtteri, 5" Maximim.
Leouuws, Pateno.
L<tiole50, Civùmo ?
l.-i^i.mr In- Aitciaeo,
LiToiBUTO. Aitegamdia vieo.
Lktdeciselo. Rennes.
LETDELI?rT3, Vt«IIIM.
Leti>igisil, Brûmno.
LEfBB^o, Lbtke^s, .Angers, Chm-
riiiaeo, Cltsi, Turturontut.
LfiTitEBicv, Areiaca.
LiTDiHO , VieHna , .Ambemac ,
Santal.
Levdio, Tou).
LEVDoaniDVs. Trémolo.
Letdobibto. Aniaco.
Letdolbio, Paiaeiaeo.
LBTDniiiio, BtUiaeo, Costanea.
Levdotaldo, PatUiaeo.
Letdt, Ivegio.
Letdtlpvs, Avranches, S<Ulo, —
Vmiieiatro, Ivegio, Le Ve-
lay.
Letgctr, Dorteneo.
Let^aidts, Angers.
Letho, If...luoate.
Lethtlfts, Angers.
LHiTDVLFTS, Carictat.
LiBEKiGisiLO, Loliflirchi.
Licinic..., losocos ou Coiioso.
LiDTLFvs, Carlinic, Saintes, Ca-
neli villa.
LioNcivs, Grenoble?
LOBEGISIL, filoiS.
LoDOALDo, Caslariaco.
LoPOLvs, Civil. Ruihenorum ?
LopPTS...
299
Lopvs, Le Mans, Toulouse, Cc^-
ranciaco.
LoTHAViYS BEI, Glotaîrc IV.
Ltcimo..., Juliaco.
Lydo, Toul.
Lydvfo, Sauliaco,
LVDVLFO...
LyGAaaiys, Lyon.
LvLL?8, Ghâlons-sur-Marne.
LvNAOFOvs? Lovenno,
LvoLFRiHNo, MarsaL
Lvppvs, Taurecino.
Lysicamv? Giare.
Maghoaldys, pour Magnoaldys,
Aulun.
Madardys, Anatolo.
Madelino, Bodeisio vico ^ Duur-
sted, Salviaco^ Maastricht.
Maderylfo, Patermu.
Madobodys, Matovallo.
Maelinys, Oxsello.
Maganoive, Maastricht.
Magennys, Le Puy.
Magnidiys, Bourgoin.
Magnoaldo, Magnoaldys, Autun,
Chalon - sur - Saône , Salavo ,
Ardin.
Magnobertou AgivobertM. (saiga) .
Magnoyaldi, Magnoyaldy, Cris»
ciacOj LacciacOy Melun.
Magnylfi, Magnvlfys, Senlis, Poi-
tiers, Preuundasilva.
Magivvs, Gabors, Brinnovaito,
Potincacocas , Vesaronno ,
Toulouse.
Magyno, Vienne.
Mallariys, Lascia.
Mallaste, Bayeux.
Malusti, Bezé.
Mallebodys, Mallobooys, Soliaco
vico?.
Manileobo, Clermont-Perrand.
Manno, Eboficuceius.
Manny, Yvoy-Carignan.
Manoaldy, Toulouse.
Manro ou Manno, loc. indét.
d'Austrasie.
Marcellys, prov. de Beims.
Marcemys, Périgueux.
Marciano, Pauliaco.
Margianys, Albie.
Marco, Gricciati.
Marcoaldo, Sens, Curisiaco.
Marcoyaldo, Amboise.
Marcylfo, Autun, Langres, Meu-
vy, Palaiseau, Voultegon.
Maret, Lyon?
Maretomos, Civit. Ruthenorum?
Margisilo, Alaona^ Aulauna.
Mariaio, Artonaco.
Maridao, Mayence.
Mariniano, Limoges, Racioœccle-
six.
Marivlfys, Brivay Barro Castro^
CartinicOy Cosse ^ Brivate.
Mariys, CastrovicuSy Ambernac.
Marol, Ghalon-sur-Saône.
Martinvs, Mayence, Orléans, An-
gers, Aloiavico ou Javialo.
Mayigino, Lusna.
Mavracharivs, Verdun.
Mavregiselo, Saint-Martin-de-
Tours.
Mavrinos, ArciacaSj Silliaco,
Mavrino, Mavrinvs, Troyes, Or-
léans, SciAvicula,Cael... Cas-
tro vico^ Melun, Tidiriciaco,
Itiherciaco^ Civit. Rutheno»
rum? Silliaco.
Mavritanvs, Arecaliaco.
Mayro, Amrianis ou Amiens,
Giansi cvetate^ Marseille, Vin-
dello.
300
Mavbolenvs, Bordeaux, Scion-
tis cas,
Mavroiyto, Bulbiacurte dôme.
Mavrv, Mavrvs, Tours, Uzerche.
VindeUoj Ambernac.
Maxihinys, Javouls, Bannaciaco.
Maiimo, Glermont-Ferrand.
Maxvmvs, Albinno.
Medegisilo, Vaddonna.
Medeno, Alleco?
Mediolano, 5" Pétri,
Medoaldo, Amiens, Nanciaco,
Medoalpoao, Bettinis.
Medobodvs, LimeriacOjCuiluvico .
Medovaldvs, Amiens.
Medvlfo, Borboney Canetis.
Medvlo, Campotrecio,
Mellione, Le Mans, Clippiaco,
Mellito, Rotomo.
Mellobavdio, Corovio ou Crovio
vico.
Merialdo, Vernemito,
Meris, Neioialo.
Merl, Turturonno.
Merobavde, racio sci, Max, 5**
Maxencio.
Merto, Ptotom civit,
MoBERATo, Botbea,
Moderatvs, Bordeaux, Baracillo,
Brioude, Bolbeam^ racio 5"
Martini,
MoDERicvs, Penobria,
MoDESTO, racio 5" Mar.
MoDRADVS, Baracillo.
MoNOALDo, MoNOALDVS, Le Puy,
Teodeberciaco.
MoNVALDO, Brixis.
MoNWDVS (Monoaldus?) Trêves.
MoRLATEO, Rezé.
MvcNOALDVS pour Magnoaldus,
Autun, Meuvy.
MvDVLENVs, Chalon-sur-Saône.
MvGiSEDvs, MarsaL
MvLDVLv, Marsal.
MvLNOALDO, Adubia vico,
M VMMOLO , MvMMovs , Bo urges,
Chalon-sur-Saône.
MvMOLENo, Gemeliaco.
MvMMOLiNvs, MvMOLiNVs, Bor-
deaux, Troyes.
MvNDERicvs, Sion.
MvnîDO, Mogonn,
MvivDWD, Noviumu.
MvNNVs, Séez, Anisiaco^ Ivoy-
Carignan.
MvNOALDOj Theodeberciaco.
MvNDVADV, Noviumu.
MvDVS, Innise,
MvROLVS, Gaveci.
MvTirrvs, Tours.
Nantaharivs, Mayence.
Nantoald, Loisdanaco,
Narcianv (Marcianos), Albie,
Navgolaico, Le Mans.
Nectardo, Gemeliaco,
Nectarivs , Gemeliaco , Necarne,
Nemfidivs (saiga).
Nenesisilo, Anestolo.
Nebtvno, Chalon-sur-Saône.
Netvlfvs, Roia,
Nevdellivs, Metz.
NicAsio, Sci Mauric.
NicvLFVS, Brionno.
NiDio, Aoste.
NiNCHiNvs, Moutiers-en-Taran-
taise.
NiNO, Muregiunim,
NiviARDos, Périgueux.
NoNi, Metulo.
NoNNiTO, Agen.
NoNNiTvs, Amboise, Combenas,
NoNNvs, Chalon-sur-Saône, Me-
dolOy Toareca,
30^
NvNNVS, Angers.
Obosindvs ou Iobosindvs, rado
domini.
OcovEVS, Mellesinna.
Odenandvs, Marciliac,
OoEaAJXvs, Bordeaux.
Olebmamo, Divivatilacao.
Onemaro, Gjiea.
Oparente, Castrofusci^ Ebore.
Opencio, Juliac villa,
Optatvs, Agen, Aoste, Moutiers-
en-Tarantaise, Saint- Jean-de-
Maurienne, Ledariaco,
Orivio? Munta, Rivarinna,
Ose, Cunseranis.
OsTvs, Fanabii.
Otonevs, Civit, Ruthenorum?
Ottoros ou Rosotto, Térouanne.
Panadivs, Périgueux.
Parente, Castrofm.
Pario, Glermont-Ferrand.
Pascasio, Rezé.
Passincio, Passencio, Ambaciaco,
Paterno, Chalon-sur-Saône.
Patornino, Patvrnin, Amboise.
Patricivs, Apraricia,
Pavlo, Poitiers, Portovidrari,
Peccane, Rotomo.
Pegasvs, Le Mans.
Peonivs, Argento.
Petrvs, Lyon, Uzès.
PiPERONE, Le Vimeu.
Placido, Metolo.
Porto..., Besancon.
Ppro pour PiperOy Le Vimeu.
Precistato, Blois.
Preserivs, Brivate.
Priscvs, Chalon-sur-Saône.
Procolo, Arelenco.
Progomeres, Similiaco,
Prodvlfo, BaldacOj Vegoste villa.
PROTA(sius), Vongo vicus?
Provendo, Poitiers.
Providvs, Oridurcurte,
Provitvro, Barbiaco.
PvLiivvs, Ailirubrias.
Radoaldo, Granno.
Radvlvs, Rennes.
Raedvlfo, Latiliaco.
Ragneharo, Soissons.
Ragnihario, Palati,
Ragnoaldo, Lyon.
Ragnoleno, Castr..^
Ragnolfo, Latiliaco,
Ragnom, Gacia,.,
Ragnvlfvs, Lausanne, Patigaso,
Ragoleno, Cioero vico.
Rainvlfvs, Verdun.
Ramnisilvs, Mâcon.
Ramons, Rilac.
Ratialano? Verdun.
Ratvs, Silanace.
Rebiarobvs?, Trêves.
Redovaldvs, Dolus.
Regnvlf, (saiga du Puy).
Resoaldo ou Tresoaldo, Iloco-
rate, Saviniaco,
RicisiLVs pour Charesigilvs, Am-
boise.
RicoALDVs, Grenoble.
RicoBODO, Turturonno.
RicoMEsios, Alfico.
RiDVLFO, Eburio ?
RiGNicHARi, Coriallo.
RiGNOALD, Chalon-sur-Saône.
RiGOALDi, Noiomavo.
RiGOALDVS, Huy.
RiGOBERTo, Noincu.
RiGOLENO, Iciodoro ?
RiGVLDE, Paris.
RiMOALDVs, Maastricht.
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^LL^^\r PviTtltro.
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Fr'TcLijJ Pauhaco.
>rvi.\Ln5. ATjgtT?, Poi'Jerf.
SrviKîXA i. r iiâjjD-5LLr-Sa':»De.
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>i coi Liio . Sl j- : - J e^n - de - Mau ■
rit'Ij.!.*:
Sii.i-.'Aiii..' Rjuer:.
SiiM vin-f Lf Mal?.
Sii:ri.!;TT- lei -.'U eiï. Marseille.
Viviers^. JaTjLiif. Biinnassac.
Si i-i-. ne T\ 1 1 5 Lff kdv9i.o .
^^t;nl^v^.■\. Lffiii/frf. Lf»s?w»o.
Si^.'àU». S.\îr.: - Jeai! -de-Mau-
Sip.rEiJ'^5 Ti.je:.»if.
Si: :TEl:^^. ?.^r:5 Sens
Si: . ^<l^: . S?:ù:s
S.u:^ R:',:er..
S:l^A^^^ >.\:çs .
S:^*i»: ".^T-.
S:5rï.iî>f Ai^^rrs.
S:^:î^^ I-'f
N^U^^^ S::.î^'ï> •/a.-vja;
S,^\\,' i,\:e*w
SoBELLvs, Bordeaux.
Sfegtitvs. Theodeàerciaco.
Steia^vs, Bordeaux.
SvNNF.uisiL, Masiciaco.
SvNONE, Cologne.
TiHoiHELT, Stagneetiso.
TisioNE, Auierre.
TisoxE, IiMvvo vico.
TissALo 7 Verdun ?
TiTEHiHDvs, Spaniaeo.
Tavldolino, Rouen.
Tavseboii, Neloro.
Tavbecvs, Begorra.
TivRicLiGiLva, Canogaeo.
Tbdegvholvs, Civil. Rut henorum?
Teisnn, Yellino.
Telafivs, voy. Elafius.
Teka, Strasbourg.
Te s ES, CoTttUio.
TEoiiiiLK^o, Carovicus.
Teodenvs, Andernoiny, racio ba-
silici.
Teodericvs, Bordeaux, Teoderi-
ciaco, Viritiaeo.
TsoDiciTS, Clermont-Ferrand.
Teodihico, Viriaco, Pfovovico,
Raciale, TJieodcriciaco.
Teoiuioo, Fursac.
Teodeberto rei, Glermonl-Fer-
rand.
Teodibirthvs rix, Théodebert li.
Teodoleno, Sagraciaco.
Teodoleo (pour Teodeleno), Cor-
TOViCVS.
Tbodorigo, Raciate.
Teodvfos, Atacino.
Tboovlko, Ardin, Caimbarillo ,
Maugonaco, Sovoatru.
TEmB»Rio, Pardueio.
TETDCBARrvs. Tomoco.
Tevdahabio.
Tetdipolënvs, Toulouse.
Tevdeberte, Chalon-sur-Saône.
Tevdecendo, Vienne.
Tevdegisillvs, Metali.
Tevdklitvs, Mouzon.
Tev'dericvs, Maireceasco ?
Tevdegvsolvs, Civil. Rulhen^
rum?
Tevdoaldo, Autun.
Tevdocisdo, Auseno, Wagias?
Tevdohici, roi, Thierry II.
Tevdohares, Mouzon.
Tevdomeris, Silionaco, Voulte-
gon.
Tbvdvlfo, Autun.
TflEDENVS, Metz,
THi;DVLF%'a, Marsal.
Theodebertb, Clermont.
TFEODEGisnvs. Angers.
TuEnuiiBEiiTi REI, ThéodebeFt II.
'rufiUuctlEivo Rieodunin.
Theouoricvs, Metz.
Theothato, Massa ou Masoal
vico.
Thevaldo, Trvetaldo, Jfovovico.
Thevbeicsvs, Metz.
Trevdecisilvs , Thevdecesilvs ,
Metz.
THEvriEBERTi Théodebett I".
Thevueilemvs, Malto Maliriaco.
Trevdelbnvs, Metz.
TdEViiEMVXOVS. Marsal, Mediano.
Thevuehaho Mouzon.
TuEvrosuvO, Mouzon.
Thevosienvs, Mcdlo Saiima.
TiiiUAio Limoges?
Tbivdvlfvs, Marsal.
THRAShMVHuvs, Maastricht.
Thvbvaldo, Novovico.
Tevuegisilo, Macediaco.
Thvodibertvs, Théodebert \".
Tigalioefvs, Julioco.
304
TiNiLA, Genève.
TiLo, Marsal.
TiMiLivoaviTTo, Verdun.
Tina, voy. Tena.
TosTvs, Amiens.
ToTo, Sion, Marsal.
ToTTOLENO, Verdun.
ToTTOs, Ivoy-Carignan.
Tbasoaldvs, Bodesio, Scarponne.
Trasemvndvs, voy. Thrisemvn-
DVS.
Trasvlfo, Mediano.
Trennclfvs, Castra audmini.
TvLLiONE, Namur.
TvTA, Vindonisse.
Vadeleo? Namur.
Vacciovellvs, Void.
Vadeone, Auxerre.
Vadoleno, Aredius,
Vadolenvs, Cocciaco.
Valasivs, Evera,
Valdo, Rialaco^ Loia mco.
Valdoleno, Blote.
Valdovaldvs, Irstacoe,
Valerio, Trusciaco.
Valirino, Genève.
Valorigno, Pauliaco,
Valtechramw, Mediano vico.
Vandeleno, Poniecla,
Vanegiloeo, Savinaco,
Vanimvndvs, Otagius.
Vanodvlfo, Toulouse.
Vappole..., Beturgas.
Vaschwalso, Tila Castro.
Vcoperivs ou Vcoderivs, Corn-
benas,
Vecolevivs, Rennes.
Vencemivs et Vendimivs, Civit.
Ruthenorum?
Verolo, Dorio.
Vggone, Ecalenio.
VicAiNDs, Queudes.
Viliemvndvs, Burbulne.
ViLiOMVD, ViLioMODvs, Nautes.
ViLiorrv, Noitnani,
Villeberto, triens de Glovis III.
ViLLEBODE, Taotun?
ViLLOBERTo, Troyes.
ViLLOMODVs, Brilliaco. •
ViNCEMARvs, Orléans.
ViNDOCHARio , Voduarbilio.
ViNiTRioNE (pour Wintrio), Cha-
lon-sur-Saône.
ViNOALD, Limoges.
ViNovALDVs, Climone,, Cituoni.
Vrsolenvs, Civit, Ruthenorum?
VvADiNGo (saiga).
ViFîVLFYs, Trêves.
VioLiNOO, Orléans.
ViRVALDO, Izernore.
ViRVL..., Stoliaco.
VisiGLOiNO, Noviomago,
ViTALis, Paris, Villa maorin^
Gardus,
ViTALL, Laidios.
ViTALS, Paris.
VrvATVS, Vienna,
VivNo, Chalon-sur-Saône.
Vlceheres, Conserines.
Vloperivs, Combena,
Vlfino, Oriaco,
Vlfino, Paris.
Vlfomere, Avallon.
Vncco, Wijk-bij-Duurstede.
Vncter, Vnicter, S*-Martin-de-
Tours.
Vndenicaco, Verdun.
Vneligiolo, Vellacovico.
VoDOTVs, Toul.
VoiTisv, larto,
Vrbo, Daria,
Vrco? Uzerche.
Vrcolenvs, Pocciaco.
305
VaisoLiNVs, Senlis.
Vrsino, Cariaco.
Vrsio, Brivi^ Brivate.
Vrso, Gemiliaco,
Vrsolbno, Civit. Ruthenorum?,
Cociaco vico.
VvADDONE, Brixis.
VVAECIVELVS, VOy. WiREGISELVS.
VvALDERi..., monnayer de Dago-
bertm.
VvALDO, Burdiaïet, Brixis.
VvALECHBAMNO, Bodiso vico^ Me-
diano vico,
VvALESTO, Eliniac,
VvANDELENO, monnayer de Clo-
taire IV.
VvALivLFVs, Duno,
VvALSo, Orgadoialu.
VvALTECHRAMNVs, Mediauo vico.
VvANDELEGisiLvs, Hcu à déchiffrer.
VvANDELiNO, Cfideciaco.
VvANDiLiivvs, Chalon-sur-Saône.
VvAREGisKLvs, Scarponnc, Bode-
sio vico.
VvARiMVNDVs , Mullo MatHoco .
VvARïVLFO, Bodoureca.
VVARNEGISILVS, BodcsiO.
VvASEWDVS, Matovallo.
VviDDO, Orgatoilo.
VviLLVLFVS, Braia vico.
VvmicARDO , VviNicARio , Huio
vico.
VviNTRio, VviNTRiONE , Chalon-
sur-Saône, Izernore.
VviTiRiONB (pour Wintrio), Cha-
lon-sur-Saône.
VviTA, Tidiriciaco.
VvLFARivs, Paris, Argentao.
VVLFOLENVS, OdOTHO.
VvLTERico, Sarrebourg.
VvNNOALDO, Sodionis.
XoNOFREDVS, Scefleac?
20
BIBLIOGRAPHIE.
Paul Guillaume. Recherches historiques sur les Hautes - Alpes .
\ ""^ partie : Les maisons religieuses. \ ° L abbaye de Saint^Marcel-
lin- d^ Embrun; 2» la Novalaise et ses dépendances alpines,
Paris, Picard. In-8^ 95 p.
M. l'abbé Paul Guillaume, archiviste des Hautes-Alpes, a eu une
heureuse idée lorsqu'il a entrepris la série de Recherches historiques sur
les Hautes-Alpes, dont il vient de donner le premier fascicule renfermant
des notes sur l'abbaye de Saint-Marcellin-d'Embrun et sur la célèbre
abbaye de la Novalaise.
Le seul détail de quelque importance qu'ajoute M. Guillaume aux
faits déjà connus relatifs à Tàbbaye de Saint-Marcel lin, c'est que cette
abbaye était du ix« au xi^ siècle l'église cathédrale d'Embrun : c Ce fait
« peu connu, mais incontestable, dit-il, nous est attesté par les docu-
« ments existant dans l'église d'Angers, au temps de Peiresc, illustre
t savant des xvi«-xvn« siècles, qui a pris soin de les résumer dans ses
t Miscellanea, conservées à la Bibliothèque nationale, à Paris.
t D'après le témoignage de Peiresc que l'on reproduira plus loin tout
« au long, en 1010, Reynaud, évêque d'Angers (976-1010), accompagnait
f en Palestine Foulques Nerra ou Le Noir, comte d'Angers. Arrivé à
€ Embrun, Reynaud y mourut « et y fust enterré, en la cathédralle
t soubs le titre de Sainct Marcelin du costé gauche du grand autel. »
(p. 14.)
Le témoignage de Peiresc a suffi à M. Guillaume, qui ne parait s'être
préoccupé ni de le contrôler ni de rechercher les documents ou plutôt
le document angevin sur lequel il s'est fondé. Il existe pourtant un
texte copié par Baluze en Anjou et imprimé dans le tome XIV de la
Gallia christiana (col. 557 et 558) ; c'est un récit de la mort de l'évéque
Renaud, récit qui paraît contemporain et se termine par une phrase où
Ton pourrait retrouver le modèle de celle de Peiresc : c Ille (il s'agit de
« l'archevêque d'Embrun) adveniens sacerdotalibus sacerdotum exse-
« quiis in ecclesia S. Marcelli martyris, in dextro brachio crucis, sub
« ipso al tari S. Mariae sepelivit »
307
Le mot de c cathédrale » ne s'y trouve pas et ce n'est pas trop
s'avancer que de croire à un simple lapsus de Peiresc.
A la page 6, M. Fabbé Guillaume commet une assez forte erreur en
qualifiant saint Marcellin, mort en 374, de a premier évêque ou mieux
archevêque d'Embrun ». Cette erreur est répétée dans le courant de
l'ouvrage (p. 10, 23, etc.), où les premiers évèques d'Embrun sont tous
décorés à tort du titre d'archevêque. Or, ainsi que le dit M. Longnon
dans son bel ouvrage sur la Géographie de la Gaule au VI^ siècle (p. 184),
le siège d'Embrun a été suffragant de Vienne pendant les premiers
siècles de l'Église ; il l'était encore en 794 lors du concile de Francfort,
et ce n'est qu'en 811 que Gharlemagne, dans son testament, cite
Embrun et Tarentaise parmi les métropoles de l'empire. On peut
s'étonner d'autant plus que M. Guillaume ait commis cette erreur qu'il
cite l'ouvrage de M. Longnon (p. 27, fin de la note 2 de la page 26).
Nous avons malheureusement d'autres preuves que l'auteur lit rare-
ment en entier les ouvrages qu'il cite. Ces preuves, nous allons les
trouver dans le deuxième article, consacré à la Novalaise.
Je relève d'abord dans le sommaire (p. 22) un lapsus calami trop
étrange pour être passé sous silence : M. Guillaume y intitule Récit
inédit d'un chroniqueur deux passages de la chronique de la Novalaise
qu'il déclare, à la page suivante, avoir lus dans le tome IX < des Monu-
menta Germanix, Ce n'est là qu'une inadvertance, je le sais bien ; mais
ce qui est plus grave, c'est que M. Guillaume croit que les œuvres du
chroniqueur de la Novalaise ont été « ignorées jusqu'à ces derniers
temps ». S'il avait lu l'introduction de l'édition qu'il a eue sous les
yeux, il aurait pu voir que ces œuvres avaient été employées dès 1575
par Filiberto Pingone dans son Augusta Taurinorum^ publiées en
grande partie par Duchesne dans ses Scriptores rer. Franc, en 1636,
par Muratori en 1726, que Rochex en a donné de longs extraits dans la
Gloire de la Novalèse publiée en 1726 (ouvrage cité plusieurs fois par
M. Guillaume), etc. Cette lecture aurait pu aussi lui faire éviter l'inexac-
titude que l'on trouve p. 73 : « Pertz lui-même, le dernier éditeur de la
Chronique de la Novalaise, d'ordinaire si exact, si précis » M. Pertz
était bien le directeur des Monumenla Germanix en 1846, mais c'est
M. Bethmann qui a édité le texte en question, ainsi que le prouve la
signature apposée au bas de la préface.
Mais venons-en aux conséquences que M. l'abbé Guillaume tire des
deux passages de la chronique de la Novalaise. Voici ces extraits :
« Valchinus archiepiscopus Ebredunensis, primus noster adjutor et
fundator fuit, avunculus Abbonis. » (Mon, Germ, Sci\, VII, 107.) —
1. C'est le torae IX de la collection entière des Monuments, ou t. VII de la
section des Scriptores.
308
« Abbo testamentum fecit quod Yalchino, arcbiepiscopo Ëbredu-
nensi, cujus nepos ipse fuerat, conscribi fecit. • (Ibid., 79.)
M. Guillaume ajoute que ces paroles lui causèrent, la première fois
qu'il les vit, « une douce et très agréable satisfaction Nous étions
loin de nous attendre à découvrir, du môme coup, le nom du véritable
fondateur de la Novalaise, une preuve solide que ce fondateur était un
archevêque d'Embrun, enfin un archevêque inix)nnu de la plupart des
historiens de l'ancien diocèse d'Embrun. » (p. 23.)
Il est vraiment bien fâcheux que Fauteur n'ait pas lu la note f qui
accompagne le premier de ces passages, et la note a qui accompagne
le second; il aurait pu lire dans Tune comme dans l'autre ces mots :
Ex excerptis Pingonii^ qui ^eussent sans doute poussé à en chercher
Texplication dans Tintroduction. Cette recherche Veut empêché de com-
mettre les erreurs que j'ai déjà signalées et lui en eût épargné de nou-
velles. En effet, la mention Ex excerptis Pingonii veut dire que
M. Bethmann a publié ces passages d'après des extraits de Filiberto
Pingone conservés à Turin et auxquels l'éditeur a eu recours pour res-
tituer les parties du manuscrit original détruites postérieurement à
Pingone. Par suite, M. Guillaume se serait convaincu qu'il ne « décou-
vrait » pas ces passages, qui sont les seuls témoignages d'après lesquels
Pingone a rangé Valchin parmi les évêques d'Embrun.
Valchin ne fut non plus ni un « archevêque d'Embrun •, ni un
c archevêque inconnu de la plupart des historiens de l'ancien diocèse
d'Embrun », car tous les auteurs vraiment autorisés qui ont traité ce
sujet ont pris la peine de prouver que Valchin ne pouvait pas être
évêque d'Embrun lors de la fondation de la Novalaise ; je me permet-
trai de renvoyer M. Guillaume à Lecointe {Ann. eccles,, VI., 430), dont
les arguments tout à fait concluants prouvent que Valchin était alors
évoque de Maurienne ; ces arguments ont été reproduits par les premiers
auteurs de la Gallia christiana (in, 1064) et confirmés par M. Hauréau
(Ibid., XVI, 617).
« Dom Plus Gams, dit M. Guillaume (p. 24), est un des rares écri-
vains qui placent résolument Valchin parmi les archevêques d'Embrun.
Il est indécis seulement sur la date de son épiscopat, qu'il fixe en 740. »
Sans doute ; mais je m^étonne que l'œil de M. Guillaume n'ait pas été
attiré par cette note jointe à la date 740 : Tr. Maurienne, S'il se fût
reporté à la liste des évêques de Maurienne (p. 830), M. Guillaume
aurait vu que le P. Gams fait non moins résolument figurer Valchin
parmi les évêques de ce siège, et cela sous les dates 726-739, c'est-à-
dire à l'époque même de la fondation de la Novalaise et à celle du tes-
tament d'Abbon ! Par conséquent, s'il est certain que Valchin ne pou-
vait être qu'évêque de Maurienne en 726, il est probable qu'il sera
devenu plus tard évêque d'Embrun, et que la chronique de la Novalaise,
309
rédigée trois siècles plus tard, ne l'aura désigné que par son dernier
titre.
Quant au titre de fondateur de la Novalaise donné à Valchin par
M. Guillaume, cet auteur s'appuie pour cela sur le passage déjà cité de
la chronique et sur ce que la charte de constitution, tout en donnant
en apparence le principal rôle au neveu de Valchin, a bien soin de
remarquer, et à plusieurs reprises, qu'Abbon en cette circonstance
n'agit que du conseil et par la volonté de son oncle : t Una cum con-
«r silio domini et in Ghristo patris nostri Walchini episcopi », et
ailleurs : « Pro voluntate domini et in Ghristo patris nostri Walchini. »
(p. 26.)
Je me suis permis de souligner le mot que, parce que l'idée restrictive
qu'il implique ne se trouve pas, ainsi qu'on a pu le voir, dans les
expressions citées, expressions banales d'ailleurs, usitées dans les actes
de ce genre et dont l'importance minime se trouve complètement
annihilée par cette phrase de l'acte de fondation, t Ergo », dit Abbon,
f una cum consensu pontefecum vel clericorum nostrorum Maurien-
natae et Segucinae civitatum, in quibus dicitur nos rectorem esse, insti-
tuit monastheriolo virorum in loco nuncopante Novelicis, in ipso pago
Segucinu, in rem proprietatis nostrx, ex opère nostro, una cum consilio
domino et in Ghristo pâtre nostro Walchini episcopo... » (Gall. Christ,;
XVI, instr., 289). Gomment M. Guillaume, qui a traduit ce passage
(p. 27), a-t-il été plus frappé de ces mots qu'il met en italiques « et ce
du conseil de notre seigneur et père en J.-G. Valchin » que de ceux-ci
qu'il écrit en lettres ordinaires c dans notre domaine et de nos propres
deniers »?
Sans doute le témoignage de la chronique de la Novalaise, bien que
postérieur de trois siècles, n'est pas entièrement à négliger ; mais de là
à dire de» l'opinion fondée sur les termes que nous venons de citer :
« tout cela est plus spécieux que réel », il y a loin, et aucun témoi-
gnage ne vaut celui de l'acte de fondation. D'ailleurs M. Guillaume lui-
mémo cite (p. 29) un passage du testament d' Abbon qui réduit très
exactement la part qu'a prise Valchin dans la fondation de la Novalaise
à la pose de la première pierre et à la direction des travaux de construc-
tion ; c'est seulement après l'achèvement qu'Abbon l'associa à la haute
direction de l'abbaye. Tout ceci, par parenthèse, s'expliquerait diffici-
lement si Valchin eût alors gouverné un diocèse autre que celui oii se
trouvait l'abbaye : « Et placuit michi dum et domnos in Ghristo
pater noster Vualchuni episcopus, ab initio incoationis opère, funda-
mentum çcclesiç Sancto Petro monasterif Novalicis, heredem meam
posuit, et usque ad culminis consummationis fabrica perduxit, et in
omne opère çdifitiorum adjutor et gubernator stetit, ut dum ipse
advixerit, sub suo nomine et gubernatione at nostra commune, ipse
340
monasterius consistere valeat. ? (Gartulaire de Grenoble, p. 46.) Il
est impossible de trouver un texte plus clair.
Après deux chapitres consacrés à Ténumération des possessions
d*Abbon et de ses donations à la Novalaise, chapitres dans lesquels
récrivain reconnaît la difficulté que Ton rencontre à c emplacer • ^ la
plupart des noms de lieux qu'ils renferment, M. Guillaume suppose
que ces immenses domaines avaient été conquis par Abbon sur les fau-
teurs des Sarrasins, et cela du consentement de Charles Martel, heu-
reux de le récompenser de ses services.
Dans le sixième chapitre, notre auteur identifie, non sans raison,
croyons-nous, Ghramlin,évéque intrus d'Embrun, avec le Crammelinus
episcopus du testament d' Abbon. Pourquoi seulement reproche-t-il aux
auteurs de l'ancienne Gallia d'avoir t ignoré l'existence de Ghramlin »
(p. 61) note 1), tandis que ceux-ci ont consacré à cet intrus la note a
de la p. 1064, tome UI? Pourquoi aussi n'exempte-t-il du même reproche
que Mabillon, D. Bouquet, MM. de Ladoucette, Ghériaset Dom Piolin,
alors qu'on trouve Ghramlin nommé par Germon, Bréquigny, Pardessus,
Félibien, Letronne, etc., et en dernier lieu par MM. Tardif (Afon. hist,,
n° 21 et Musée des Arch. nat., n° 15), K.-A.-F. Pertz {Mon, germ,,
Diplom., I, 44) et Hauréau {Gall. christ., XVI, 34 D)?
Enfin, on trouve dans les deux derniers chapitres le récit de la vie de
saint Eldrade, né, comme le prouve M. Guillaume, à Ambel (canton de
Gorps, Isère), et celui de la deuxième invasion des Sarrasins et de la
ruine de la Novalaise, dont les moines se réfugièrent à Turin en 906,
en emportant leurs objets les plus précieux, parmi lesquels six mille
volumes « manuscrits », dit M. Guillaume, de peur que l'on ne s'y
trompe.
Nous espérons que M. l'abbé P. Guillaume tiendra compte dans
l'avenir des observations que nous avons dû lui faire, et surtout qu'il
vérifiera dorénavant avec soin ses renvois et ses citations, car on pour-
rait ajouter d'autres exemples d'inexactitude à ceux que l'on a déjà
signalés ; comment se peut-il en effet que M.* Guillaume nomme (p. 73)
t Rochex, l'historien de la Novalaise {La gloire de la Novalèse^ p. 93),
Pertz 2 lui-même, le dernier éditeur de la Chronique de la Novalaise,
d'ordinaire si exact, si précis » parmi les écrivains qui ont fait
naître saint Eldrade à Boglio, dans le comté de Nice, alors que Rochex
place son lieu de naissance à « Lambelli, soit Lambellées et d'autres
disent Lambées, château fort situé près le fleuve de Deranse ou Dranse »
(p. 90 et 93), et que nous avons vainement cherché, aussi bien à la
1. Voy. p. 37 et 10, etc. Après avoir vainement cherché ce mot étrange dans
le Dictionnaire de l'Académie^ j'ai trouvé dans Littré qu'il avait pour sens :
mettre le sel dans les greniers.
2. Lisez : Bethmann.
3U
page 74, à laquelle M. Guillaume nous renvoie, que dans le reste de
l'édition de Bethmann, la moindre tentative d'identification des noms
de lieu c Ambelli castellum » et « Âmbolia » ? Pourquoi, ce qui est
grave lorsqu'il s'agit d'une citation, remplace- t-il (p. 02) dans un extrait
de la chronique de la Novalaise, les mots « sex mille » par ceux-ci
f 6,000 videlicet sexcenti » ?
Malgré tout cela, l'entreprise de M. l'abbé Guillaume est trop oppor-
tune pour que nous ne souhaitions pas la lui voir continuer, à condi-
tion toutefois qu'il y apporte un peu plus de soin.
H. -François Delaborde.
Notices généalogiques tournaisiennes ^ dressées sur titres^ par le
comte P.-A. du Chastel de la Howardries-Neuvireuil. Tome P^
(Mortagne et Landas; Ablay à Drues.) Tournai, Vasseur-Delmée,
^884. Gr. in-8S 7^3 p.
La Flandre est peut-être le pays où, de tout temps, on a attaché le
plus d'intérêt aux questions généalogiques, et il n'est presque aucune
famille noble ou roturière qui n'ait possédé un de ces livres de raison ,
donnant, souvent pendant trois ou quatre siècles, la filiation et l'indica-
tion des dates de naissance, de mariage et de décès de ses membres,
ainsi que la mention des charges dont chacun d'eux a été revêtu.
Toutefois, beaucoup de ces recueils ont été détruits, d'autres, placés à
la fin de livres de prières, irrégulièrement tenus, et M. le comte P.-A.
du Chastel de la Howardries-Neuvireuil a compris qu'il rendrait un
service à ses compatriotes en leur faisant connaître toutes les filiations
qu'il avait pu établir, à l'aide tant des actes religieux des paroisses de
Tournai que des documents conservés dans différents dépôts de la
Belgique et du nord de la France, et principalement des testaments que
renferment les archives de Tournai.
M. du Chastel ne s'est pas attaché à dresser, quand même, des filia-
tions, et il s'est borné à nous faire connaître tous les éléments que lui
fournissaient les pièces qu'il lui a été donné d'analyser; aussi trouvons-
nous souvent dans ce volume des fragments généalogiques comprenant
cinquante ou cent ans, et, en appendice à l'article consacré à un nom,
les mentions isolées se rapportant à des personnages qu'il n'a pas paru
possible de rattacher d'une manière certaine à tel ou tel rameau. Les
Notices généalogiques tournaisiennes se rapportent à plus de deux cents
familles nobles ou bourgeoises, et, en outre, deux études plus considé-
rables sont consacrées aux maisons de Mortagne et de Landas.
Les liens nombreux qui, de tout temps, ont uni les familles de l'Ar-
tois et des Flandres donnent un intérêt spécial à ce livre pour toutes
les personnes qui s'occupent de recherches historiques sur le nord de la
France ; elles y trouveront de nombreuses indications de nature à pré-
342
ciser les récits des chroniqueurs, ainsi qu'un certain nombre de docu-
ments historiques intéressants, et nous ne pouvons que remercier
M. du Ghastel d'avoir entrepris ce travail considérable, dans lequel il a
eu pour auxiliaire M. Amédée de Ternas, dont la Bibliothèque de
l'École des chartes a plus d'une fois signalé les sérieuses recherches sur
l'histoire des familles du Nord.
Comte DE Marsy.
Société jersiaise. Extente de Vile de Jersey. 4607. Jacques /".
Publication 5"*. Jersey, G. Le Feuvre, 4880. In-4°, xxxii-435 p.
En rendant compte, dans les deux derniers volumes de ce recueil, de
la 3" et de la 4« Publication de la Société jersiaise, j'avais dû formuler
quelques critiques, mais j'exprimais l'espoir que la Société prendrait
bientôt sa revanche par quelque publication importante et digne de
celles qui ont ouvert la série de ses travaux. Cet espoir s'est réalisé.
U Extente de 1607, qui a paru cette année, est un texte intéressant,
étendu et bien publié.
Cette publication fait suite à celle des extentes de 1274 et de 1331,
dont j*ai rendu compte ici-même en 1876 et 1878. L'extente de 1607
est, comme les deux autres, un état des droits et revenus de la cou-
ronne à Jersey, dressé d'après le témoignage des habitants. Ce n'est
pas le dernier document de ce genre : il y en a encore un plus récent,
Textente de 1668, qui est en vigueur aujourd'hui. Les extentes de 1274
et de 1331 étaient en latin, et les éditeurs de la Société jersiaise
avaient jugé utile de donner une traduction française en regard du
texte original ; celle de 1607 étant en anglais, on s'est très justement
contenté d'en publier le texte, qui ne peut offrir de difficulté à aucun
habitant lettré de Jersey.
Il faut louer le soin avec lequel les éditeurs ont rédigé les deux index
placés en tête du volume. Beaucoup de noms de famille paraissent à
plusieurs reprises, dans Fextente, avec des orthographes différentes; on
les a rapprochés et réunis dans l'index sous la forme qui a paru la plus
correcte, en renvoyant de toutes les formes accessoires à l'article prin-
cipal. On a distingué, par un artifice typographique, les mentions rela-
tives aux propriétaires qui possédaient les terres grevées de redevances
au moment même de la rédaction de l'extente, et colles des personnages
qui ne sont désignés que comme ayant possédé ces mêmes terres à une
époque antérieure. On a su reconnaître et rétablir aussi des noms de lieu
passablement défigurés, comuiQ Sherbrook {^p. 17) pour Cherbourg ; mais
on paraît avoir renoncé à identifier les noms de diverses localités de
Bretagne désignées (p. 19} comme produisant des toiles que le commerce
apportait à Jersey ; un ou deux au moins de ces noms, comme Pontivie
(Pontivy) et Vitterie (Vitré), étaient assez aisés à reconnaître. Quelques
343
notes explicatives sur diverses formes insolites ou obscures (p. xxxi),
ainsi que plusieurs rectifications de texte insérées à l'index ou ailleurs,
témoignent encore de l'attention minutieuse que les auteurs de la publi-
cation ont apportée à leur travail.
Julien Havet.
Bulletin delà Société historique et littéraire de Tournai. T. XVIII.
Tournai, typ. veuve H. Gasterman, 4880. In-8*, xn-394 p.
Depuis 1849, la Société historique et littéraire de Tournai a entrepris
la publication d'une double collection de bulletins et de mémoires. Les
premiers comprennent aujourd'hui dix-huit volumes et le chiffre des
volumes de mémoires s'élève à seize. Pendant que les Bulletins ont été
le plus souvent réservés à la publication des procès-verbaux des réu-
nions et à des dissertations, dues pour la plupart à MM. Dumortier, Le
Maistre d'Anstaing, de Nédonchel, Mgr Voisin, les abbés Vos et
Hugues, les Mémoires ont contenu principalement des documents iné-
dits, tels que la Chronique de Hainaut, de Gilbert, publiée par M. de
Godefroy-Ménilglaise (t, XIV et XV), les extraits des Registres des
Consaux de Tournai (t. Vil, VIII), le Kalendrier des guerres de Tournai,
1477-1479 (t. Il), etc. Ce rapide aperçu suffit pour donner une idée de
l'activité des travaux de la Société tournaisienne, sans qu'il soit néces-
saire d'étendre ces citations ; aussi arriverons-nous immédiatement au
tome XVin du Bulletin, que nous avons entre les mains, et qui ne
comprend que deux études.
La première, due à M. le capitaine Déjardin, est un catalogue
détaillé des plans et vues de la ville de Tournai. Ce travail comprend
158 numéros, et, bien qu'il soit le résultat de longues et laborieuses
recherches, nous croyons que l'auteur aurait pu encore en augmenter
le nombre, en parcourant les portefeuilles topographiques du cabinet
des estampes de la Bibliothèque nationale de Paris. 11 ne nous est pas
possible de signaler ici toutes les pièces nouvelles que le dépouillement
de ces volumes aurait pu donner à M. Déjardin, mais nous ne pouvons
passer sous silence un certain nombre de plans dressés par les officiers
des armées de Louis XIV , et qui y sont conservés en originaux,
notamment un plan de 1682, avec légende de 160 numéros, plan vérifié
en 1687 par Dupuis de Mondragon, capitaine, ingénieur ordinaire du
roi à Tournai, un très beau plan sur vélin, lavé, sans légende, à
l'échelle de 300 toises, un autre plan minuscule sur vélin, à la plume,
ainsi qu'une assez grande quantité de plans gravés cirant des variantes
de tirage et des remaniements, soit dans les légendes des descriptions,
soit dans des indications des éditeurs.
M. le capitaine Déjardin paraît disposé à étendre son travail aux
autres villes de Belgique; la partie consacrée à Namur vient de
344
paraître dans les Annales de la Société archéologique de cette ville ^ et
nous croyons qu'il a sous presse un travail semblable pour Liège;
nous pensons qu'il devra, avant de le refondre en un volume, consulter
les planches de la topographie de la Belgique réunies à la Bibliothèque
nationale et qu'il y puisera de nouveaux et précieux renseignements
qui lui permettront de rendre son travail en quelque sorte définitif.
La première partie d'une Bibliographie tournaisienne occupe le reste
du volume (p. 111-383). M. Desmazières y retrace d^abord Thistoire
sommaire de rétablissement de Timprimerie à Tournai, puis il nous
donne la liste des éditeurs, libraires et imprimeurs toumaisiens avec
rindication de leurs publications. Il se propose de conduire ce travail
jusqu'au commencement du xrx* siècle, et les notices qu'il nous donne
dans ce premier travail s'appliquent à vingt-quatre libraires ou impri-
meurs et renferment la description de 683 ouvrages, de 1509 à 1727.
Toutefois, M. Desmazières ne pense pas que Ton puisse faire remonter
à 1509 rétablissement de l'imprimerie à Tournai et il établit que, de
même que le beau Missale insignis Ecclesix Tornacensis qui porte le
nom du libraire toumaisien Antoine du Rieu et l'adresse d'un impri-
meur parisien demeurant m ihco Judeœ juxta Carmelitas, les Statuta
sinodalia promulgués en 1509 et qui portent le nom de du Rieu
(Tornaci. Venafia œmperiuntur in domo Anthonii du Rieu)^ ont été
imprimés également, soit à Paris, soit dans quelque ville du Nord, ce
qui a lieu pour les autres ou\Tages mis en vente par des éditeurs tour-
naisiens pendant tout le cours du xvi« siècle et qui sortent des impri-
meries d'Anvers, de Douai, etc. Jusqu'en 1609, on ne connaît pas de
véritables impressions tournaisiennes, et il n'y avait alors dans cette
ville que Nicolas Laurent, qui paraissait n'imprimer que des livrets
pour apprendre à lire aux enfants et avait recours, pour l'impression des
livres d'église, des ouvrages de piété et de quelques publications admi-
nistratives, aux imprimeurs de Louvain, d'Anvers, de Cambrai et de
Douai. En 1609, un Douaisien, Joseph Duhamel, vint s'établir à Tour-
nai comme imprimeur et y forma avec Charles Martin une association
qui ne dura que peu de temps et à la suite de laquelle ce dernier resta
seul propriétaire de la maison établie à l'enseigne du Saint-Esprit^ rue
de le Thure. Le premier livre sorti des presses de Duhamel et Martin
est la Vie dv bienhevrevx S. Jean de Sahagovne, de l'ordre des eremites
dv P. S. Avgvstin, etc., 1610, petit in-12 de 8 ff., 381 p. et 9 ff. de pri-
vilège et table. Depuis cette époque, la série des imprimeurs tournai-
siens continue sans interruption et cette industrie y a pris aujourd'hui
un assez grand développement, puisque Tournai renferme dix impri-
meries, occupant près de quatre cents ouvriers.
Des fac-similés des marques des éditeurs toumaisiens accompagnent
ce curieux travail de M. Desmazières, qui vient utilement combler une
lacune de l'histoire de l'imprimerie en Belgique. — Comte de Marsy.
315
Les Imprimeurs vendômois et leurs œuvres (45^1 4-4 88^), par le mar-
quis DE RocHAMBBAU. NotÊvelle édition précédée d'une lettre de
M, Paul Lacroix. Paris, Dumoulin, 4884, in-8**, 56 p. et 3 fac-
similés.
Nous sommes heureux d'avoir à signaler la nouvelle édition des
Imprimeurs vendômois que M. le marquis de Rochambeau vient de
publier et dans laquelle il recule de plus d'un siècle Torigine de l'im-
primerie à Vendôme. Jusqu'ici on regardait comme le premier impri-
meur vendômois François de la Saugère, qui publiait en 1629, au
moment de la peste, un livre de circonstance : Alexitère contre la peste,
tiré des plus célèbres médecins, par Florent de la Ghassaingue. Fr. de la
Saugère avait des prédécesseurs, dont M. de Rochambeau a trouvé très
heureusement de remarquables productions. En 1514, un imprimeur de
Tours, Mathieu Latheron, imprimait à Vendôme avec le concours des
Bénédictins de la Trinité et sous les yeux d'André Du Val, prieur du
monastère, un Breviarium monasterii Vindocinensis (in-8®, gothique,
404 feuillets). C'est le plus ancien monument daté de l'imprimerie ven-
dômoise ; on n'en connaît jusqu'ici qu'un seul exemplaire, dont le titre
manque, conservé à la bibliothèque publique du Mans.
Après Mathieu Latheron, un nouvel imprimeur tourangeau, Jean
Rousset, vint s'installer dans le monastère de la Trinité et y imprima
la Messe de- la saincte Lerme de Vendosm^e, suivie du Mistère de la saincte
terme. Le seul exemplaire qu'on connaisse de cette édition est incom-
plet des premiers et derniers feuillets, mais les caractères typographiques
permettent de la rapporter au commencement du xvi« siècle ^ Un peu
plus tard, Jean Rousset imprimait encore à Vendôme, toujours sous
les auspices du prieur André Du Val, un Missale secundum usum sacri
1. J'ai récemment rencontré à la bibliothèque de Chartres (ms. n" 726) la
copie figurée sur vélin d'un incunable vendômois ou tourangeau, que je ne
trouve ni dans les Imprimeurs vendômois ni dans la Typographie en Tou-
raine de M. Cl. de Ris. En voici la description : « f || S'ensuit || le Mistere de
la II Saincte Lerme H comme elle fut appor- 1| tee de Constantinohle || a Uen-
dosme. \\ [Vignette représentant la sainte Larme suspendue dans une ampouUe
rayonnante, soutenue par deux mains sortant d'un nuage.] Fol. 1 v". (D)U
haait et souuerain empire || etc. Fol. 7 v**, slgu. B, ligne 2. nostrum iesum chris-
tum filiam tuum. Qui jj tecam. etc. [Marque à peu près semblable à celle du
titre. L'ampoulle n'est pas soutenue par des mains, mais surmontée d'une cou-
ronne et entourée d'un collier de croix et d'étoiles formant losanges au bas
daquel pend une larme.] C'est une plaquette de 7 feuillets, en caractères
gothiques français, de 27 lignes à la page; la justification du texte est de 122 sur
72 millimètres. Le supplément du Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
de Chartres le dit « imprimé à Tours par la veuve Si£Qeau » ; l'imprimé sur
lequel a été faite cette copie daterait, s'il en est ainsi, de 1540 environ.
34(»
Monasterii sanctissimae Trinitatis de Vindovino, etc. (in-fblio, 276 fenii-
let<>, daté de 1530 et orné de 43 gravures sur bois. M. de Rochambean
a donné une description détaillée de ce magnifique incunable vendô-
mois, dont on ne connaît ({ue deux exemplaires, et il a joint à son tra-
va'd des fac-similés réduits du titre ot de deux des gravures, leequek,
malgré leur exactitude, sont loin de rendre la beauté et la finesse des
originaux. Au xvii* siècle, à côté do François de la Saugère, il faut citer
le nom d'un autre imprimeur vendùmois, Sébastien ilyp, qui fonda à
Vendôme une véritable dynastie damprimeurs et auquel on a longtemps
attribué la première édition des Provinciales de Pascal. On trouve enfin
dans ce volume la liste détailb'e des imprimeurs vendômois et de leurs
œuvres jusqu'en 1879. Les descriptions bibliographiques de M. de
Rochambeau sont en général exactes, sauf quelques légères imperfec-
tions, dans la description de la Messe de la saincte Lerme par exemi^e,
qu'il sera facile de faire disparaître dans une prochaine édition ; et nous
ne pouvons mieux reconnaître l'intérêt de ce livre qu'en souhaitant de
voir suivre, par ceux qui s'intéressent à Thistoire des origines de la
typographie dans les différentes villes de France, Texcellent exemple
que vient de leur donner l'auteur des Imprimeurs vendômois.
H. Omont.
Correspondance historique des Bénédictins bretons et autres docu^
inents inédits relatifs à leurs travaux sur V histoire de. Bretagne^
• par A. DE LA BoEDBEiE, In-S"". Paris, Champion, 4884.
M. de la Borderie a écrit, dans ce livre, un des premiers chapitres de
l'histoire des grands travaux des Bénédictins, en France. Naturelle-
ment il a choisi les membres de cet ordre célèbre qui se sont occupés
de la Bretagne et qui ont devancé tous les autres. Nul mieux que notre
confrère n'était plus à même d'entreprendre cette œuvre; ses travaux
personnels, par Térudition et la critique, procèdent de ceux de Fancienne
école bénédictine. La tâche des « ouvriers de l'histoire de Bretagne »
comprenait deux parties bien distinctes ; d'abord les recherches des
documents et l'exploration des chartriers publics et particuliers; ensuite
la construction de Tédifice qui devint l'Histoire de Bretagne,
La première partie de ce travail dura de 1689 à 1696; les savants
chercheurs ont des noms chers à tous ceux qui aiment les travaux
d'histoire : D. Audren, D. Le Gallois, D. Briant, D. Rouzier, D. Veis-
sière, remplacé en 1693 par D. Lobineau.
La seconde partie fut comprise entre 1696 et 1703 avec les mêmes
collaborateurs, sous la direction de D. Lobineau.
C'est le détail de ce travail vraiment immense que M. de la Borderie
fait connaître en publiant la correspondance des Bénédictins complétée
au moyen de documents véritablement curieux. On y trouve les rensei-
3i7
gnements les plus précis, et souvent des anecdotes piquantes, ainsi que
des indications précieuses sur l'existence de pièces d'archives disparues,
ou conservées aujourd'hui par des détenteurs inconnus; quelques-uns
de ceux-ci ignorent probablement la valeur des textes qui reposent dans
quelque coin de leurs manoirs.
Nous signalerons, entre autre détail intéressant, le récit de l'oppo-
sition faite par la maison de Rohan le jour où D. Lobineau remit son
œuvre aux États de Bretagne. Le docte religieux avait fait bon
marché des prétentions des Rohan à une extraction royale ; ceux-ci
réclamèrent, se plaignirent amèrement, protestèrent officiellement et
enfin menacèrent. L*amour-propre nobiliaire devient facilement féroce ;
au xixe siècle, nous en voyons encore quelquefois des exemples. Toute
la colère des Rohan échoua devant la bonne foi des Bénédictins et
rapprobation des États qui donnèrent à D. Lobineau le titre d'historio-
graphe de Bretagne. Quelques années plus tard, l'abbé de Vertot
recommença la lutte avec une certaine violence, mais sans plus de
succès. Après la mort de D. Lobineau, arrivée le 3 juin 1727, la maison
de Rohan chercha à faire oublier l'œuvre du savant bénédictin; elle
patronna une nouvelle édition dans laquelle ses prétentions étaient
appuyées de preuves nombreuses mais très discutables.
Nous faisons des vœux pour que l'exemple de M. de la Borderie soit
suivi dans chacune des provinces dont l'histoire a été l'objet des études
des Bénédictins. Non seulement on apprendra une foule de détails
intéressants sur les travaux delà savante congrégation; mais encore on
trouvera des études inédites qui n'ont pas trouvé place dans ses publi-
cations et l'on aura connaissance de sources historiques et de docu-
ments qui pourront être d'une singulière utilité.
A. DE B.
Études sur le droit celtique. Le Senchv^ Môr, par H. d'Arbois de
JuBAiNViLLE. Paris, Larose, ^88^. In-8% ^08 p. (Extrait de la
Nouvelle Revue historique de droit français et étranger,)
Le Senchus Môr est un traité de jurisprudence écrit en vieil irlandais,
dont le texte embrasse deux volumes et demi des Ancient laws and
Institutes of Ireland.
Ce document n'a point la fraîcheur naïve et barbare de certaines
coutumes du moyen âge. C'est un fruit de la culture celtique et d'une
culture avancée ; c'est un produit savant qui ne se laisse point pénétrer
sans effort et sans peine, même lorsque la difficulté première et tout
extérieure, celle de la langue, a été vaincue.
Il y a longtemps que ce premier rempart est tombé pour notre savant
confrère. Il entreprend aujourd'hui de nous faire avec lui pénétrer
plus avant.
348
Le Senchus Mâr doit remonter à une période antérieure à saint
Patrice, mais il fut révisé sous son influence et probablement par lui-
même (v« siècle). Conservé de mémoire pendant des siècles, le Senchus
Môr fut confié à récriture vers l'an 800 de notre ère, comme un grand
nombre d'autres documents de la littérature irlandaise. Il n'a cessé
depuis lors de s'altérer sous la plume des scribes.
L'histoire sociale, politique et morale de l'Irlande a été traitée dans
les Études sur le droit celtique avec cette simplicité d'exposition à
laquelle M. d'Arbois de Jubainville nous a habitués. J'éprouve pour
ma part un charme extrême à apprendre ainsi facilement tant de
choses neuves de la bouche d'un maître si compétent. Parmi les traits
caractéristiques du régime irlandais, il faut signaler l'existence d'un
lien social d'une extrême importance fondé sur le contrat que les juris-
consultes modernes appellent le cheptel.
Ceux qui ne font pas de la jurisprudence leur étude spéciale, et que
ce mot droit celtique pourrait épouvanter, ne devront point négliger ce
précieux travail. Ils y trouveront une moisson abondante de renseigne-
ments philologiques et littéraires. C'est précisément le caractère propre
de la culture irlandaise de n'avoir pas entièrement dégagé le droit pour
en faire dans l'ensemble des connaissances humaines un domaine tout
à fait à part et isolé. Le jurisconsulte irlandais, le filé, était aussi magi-
cien, chanteur, poète. Des joutes non seulement oratoires, mais poé-
tiques, précédaient parfois les jugements des filé (p. 99). Il nous faut
aujourd'hui, pour comprendre ces personnages complexes, un effort non
moins multiple et non moins varié, qui porte sur la langue, sur l'his-
toire proprement dite et sur l'histoire légendaire, sur les mœurs et sur
le régime économique. C'est une conquête de ce genre que nous offre
M. d'Arbois de Jubainville.
Paul ViOLLET.
Le gouvernement royal et V administration des finances sous Phi-
lippe le Bel et ses trois fils {4285-4328), par A. Voitri, membre
de rinstitut. In-8**, Paris, 4880. — Les monnaies des trois pre-
miers ValoiSy par le même. In-8*'. Paris, 4884.
M. A. Vuitry poursuit le cours de ses importants travaux sur le
régime financier de la France avant 1789. Nous avons parlé, dans un
autre recueil, de l'excellent ouvrage que le savant académicien a con-
sacré à ce sujet pour la période antérieure à Philippe le Bel. Nous nous
proposons ici de dire quelques mots de deux publications qui font suite
à cet ouvrage. La première de ces publications est intitulée : Le gouver-
nement royal et l'administration des finances sous Philippe le Bel et ses
trois fils. M. Vuitry a divisé ce travail en deux chapitres : !• Le gou-
vernement et les dépenses ; 2' l'administration des finances. Cette divi-
349
sion suffit à indiquer la méthode adoptée par l'auteur. M. Vuitry a jugé
qu'avant d'entrer dans la gestion des finances, il devait montrer les
changements introduits à cette époque dans les institutions politiques.
De ces changements, en effet, sont nées des dépenses qui ne sont plus
seulement les dépenses propres du Roi et qui deviennent les dépenses de
l'État, M. Vuitry se trouve ainsi amené à parler d*abord du Grand Con-
seil et du Parlement, issus de Tancienne cour du roi ; il en décrit Torga-
nisation, en marque les attributions ; il montre comment les membres
du Grand Conseil et ceux du Parlement n'étaient déjà plus, comme par
le passé, les vassaux du roi, obligés par la règle des fiefs de faire à leurs
frais le service de cour et qu'ils étaient devenus des fonctionnaires de
l'État touchant des émoluments, des gages comme on disait alors. On
sait que l'administration des provinces ne subit pas la même transfor-
mation que le gouvernement central. Néanmoins, par l'efiacement gra-
duel des communes placées sous la tutelle du roi, par l'institution des
bourgeoisies royales qui concouraient à faire de l'ancienne fédération
des fiefs une société rattachée à un centre unique de juridiction et de
pouvoir, se préparent des changements qui influeront par la suite sur le
régime financier. D^ailleurs les baillis et les sénéchaux, avec leurs
subordonnés hiérarchiques, demeurent les mandataires supérieurs de la
couronne dans les provinces et les ordonnateurs de toutes les dépenses
locales. Après avoir tracé un rapide tableau de l'administration des
provinces, M. Vuitry étudie l'organisation de VHôtel du roi et les ser-
vices qui s'y rattachent. C'est là une des parties les plus attachantes du
travail que nous examinons. L'auteur marque avec soin le nombre des
officiers de l'hôtel ; il en précise les fonctions respectives, en chiffre les
émoluments. Un service qui commence alors à s'instituer, bien qu'il
n'ait encore rien de régulier ni de permanent, c'est celui des relations
extérieures. M. Vuitry mentionne les ambassades, les missions diplo-
matiques qui eurent lieu au temps dont il s'occupe et qui étaient néces-
sairement rétribuées par le trésor royal. Indépendamment des frais que
comportaient ces ambassades, Philippe le Bel tenait à sa solde, par des
pensions, une foule de seigneurs voisins de la France, pour les rendre
favorables à sa politique. M. Vuitry nous apprend aussi comment un
autre service, celui des travaux publics, semble s'établir à cette époque
et comment le principe d'expropriation pour cause d'utilité publique est
dès lors posé et consacré. Il aborde enfin l'organisation du service mili-
taire, indique les modifications qu'elle a subies sous Philippe le Bel et
ses fils et note les dépenses nouvelles qui proviennent de la substitution
naissante des troupes soldées aux armées féodales.
Après avoir exposé ces considérations avec cette clarté qui caractérise
les écrits sortis de sa plume, M. Vuitry examine dans son mécanisme
et ses rouages l'administration générale des finances. Ainsi qu'il le
remarque à juste titre, cette administration, à l'avènement de Philippe
320
le Bel, se confond avec Padministration générale du pays; mais, à la
mort de Charles IV, elle se distingue nettement de la Chambre des
comptes qui la domine et la contrôle. Le savant académicien consacre
une étude particulière à la Chambre des comptes ; il en précise les ori-
gines, en définit les attributions, indique le nombre de ses membres.
C'est sous Philippe le Long et sous Charles IV que la Chambre des
comptes, qui, déjà au temps de Philippe le Bel, tenait une place dis-
tincte à côté du Grand Conseil et du Parlement, acheva 4e s'organiser
et de se constituer. Dès lors les documents abondent, et M. Vuitry fait
ressortir avec soin tout ce qui intéresse cette institution, non seulement
dans les édits spéciaux dont elle a été Tobjet, mais dans les ordonnances
d'un caractère général qui règlent le gouvernement, le pouvoir judiciaire
et la gestion des finances. Comme les membres du Parlement, les mem-
bres de la Chambre des comptes n'avaient déjà presque plus rien de
féodal; c'étaient, à proprement parier, des fonctionnaires publics,
nommés et rétribués par le roi. Le mouvement qui s'opérait dans les
institutions de la monarchie et qui avait conduit la couronne à substi-
tuer la Chambre des comptes à l'ancienne cour féodale du roi, la con-
duisit de même à établir, à Paris, des administrateurs généraux pour le
gouvernement central des finances, et, dans les provinces, des compta-
bles spéciaux pour l'encaissement des deniers et le paiement des
dépenses. Les Trésoriers de France ne furent d'abord que les officiers
préposés par le roi à la garde de son trésor. Mais, dès 1318, une ordon-
nance constate qu'ils sont devenus les chefs réels de l'administration
des finances, avec le concours et la surveillance de la Chambre des
comptes. C'est également une ordonnance de 1320 qui consacre l'insti-
tution des Rec&i)eurs, laquelle n'avait eu jusque-là rien d'uniforme ni de
déterminé. Après avoir défini les attributions respectives des Tréso-
riers de France et des Receveurs, M. Vuitry expose le mode de comp-
tabilité en usage à cette époque. Nous ne saurions trop recommander
ce chapitre à l'attention du lecteur. De nombreux édits furent alors
rendus sur ce sujet. Comme toutes les ordonnances de ce temps, ils
présentent une certaine confusion et se répètent en plus d'un point.
M. Vuitry s'attache à en dégager les données générales ; et, si Ton n'y
rencontre pas, caractérisés par une formule exacte, les principes qui
régissent les comptabilités modernes, on se plaît du moins à en voir
naître et se développer les premiers éléments.
Nous n'avons pas à rappeler au lecteur les désordres causés à cette
époque par les altérations et les variations de la monnaie. Ce fut moins
en diminuant le titre et le poids des espèces monnayées qu'en suréle-
vant au-dessus de sa valeur réelle la valeur légale du numéraire en
circulation, que Philippe le Bel et ses fils avaient altéré et affaibli la
monnaie. Sous les trois premiers Valois, les altérations et les variations
de la monnaie devinrent plus fréquentes et plus considérables; mais
324
elles eurent un caractère tout différent. « On s'aperçut sans doute, écrit
M. Vuitry, qu'en affaiblissant la monnaie de compte par Télévation du
cours des espèces en circulation, le roi partageait avec le public qui les
détenait le bénéfice qu'il entendait se réserver : on commença donc à
procéder tout autrement. Au lieu d'accroître la valeur légale du numé-
raire circulant, on le démonétisa, ou on en régla le cours à un prix tel
qu'il y eut intérêt à le vendre au poids, comme billon, aux hôtels des
monnaies, et le use demanda le bénéfice dont il poursuivait la réalisa-
tion à la fabrication et à l'émission d'espèces nouvelles. Ce système
monétaire fut mis en pratique avec un aveuglement et une exagération
que la grande lutte nationale dont la royauté avait alors à supporter les
nombreuses dépenses ne peut justifier et qui ne firent qu'aggraver les
souffrances et les misères du pays. » A la vérité, cette pratique désas-
treuse ne fut pas continue. Le règne de Philippe de Valois se partage,
à cet égard, en périodes très distinctes. C'est ainsi que, de 1329 à 1337,
ce prince rétablit et maintint la forte monnaie, tandis que, de 1337 à
1343, il ne cessa, par des ordonnances, d'affaiblir la monnaie de compte
en changeant les espèces monnayées. De 1343 à 1346, il revint à la forte
monnaie, mais, de 1346 à 1350, il chercha encore une fois des res-
sources dans de nouvelles altérations. On sait que, si considérables
qu'aient été alors l'affaiblissement et les changements de la monnaie,
ils le furent plus encore durant les dix premières années du règne de
Jean. On sait aussi que les quatre dernières années du règne de
ce prince et les seize années du règne de Charles V furent marquées
par des pratiques toutes contraires : la forte monnaie fut rétablie et
conserva, sans variation sensible, une stabilité qui fait honneur à
la sagesse du prince préposé alors au gouvernement de la France.
Tel est l'objet de la seconde publication de M. Vuitry, intitulée : Les
monnaies sous les trois premiers Valois. L'auteur a divisé ce remarquable
travail en autant de chapitres qu'il y a de périodes distinctes dans le
régime de la monnaie à cette époque troublée. Il a traité cette matière
difficile avec la sûreté d'un écrivain initié par une pratique personnelle
à l'intelligence des affaires, et c'est en toute sécurité que le lecteur peut
accepter les conclusions auxquelles un savoir historique éclairé conduit
M. Vuitry. A côté de détails techniques et dont la précision est si dési-
rable en un pareil sujet, l'auteur n'a point négligé des considérations
d'un autre ordre. Il a recherché les causes des modifications successives
et si nombreuses que présenta alors notre régime monétaire, et, paral-
lèlement à l'histoire particulière des monnaies, on suit l'histoire géné-
rale des faits dont elle est un corollaire. M. Vuitry a terminé ce travail
par une intéressante analyse du célèbre traité d'Oresme. C'est à la fin
de ce traité que se lit cette observation digne de remarque : « J'ai inten-
tion de déclarer que les mutacions précédentes sont contre l'onneur du
roi et préjudicient à la succession royalle... Quiconques voudroient, par
21
322
aucune manière, attraire et induire les seigneurs de France à ce régime
tyrannique, certes ils exposeroient le royaume en grand décriement et
honte et le préparerolent à sa fin... Et pour ce, si la royalle séquelle de
France délinque de sa première vertu, sans nulle doubte elle perdra son
royaume, et sera translaté en autre main, b Certes, après les preuves de
sagesse qu'avait données Charles Y, et lorsque, dans ce traité,
Oresme venait d'exposer les principes qui devaient présider à Tadminia-
tration des monnaies, on ne pouvait s'attendre aux perturbations nou-
velles que le règne de Charles VI réservait encore à la France. Ce sont
ces perturbations, avec les désastres qui en furent l'efiet, que M. Vuitry
nous exposera dans une prochaine publication.
F. R.
Tombeaux de la cathédrale de Rouen^ par feu A. Dbyille.
Troisième édition.., avec trente-six planches de MM. Adeline
Bosredon et Guillaumot...^ revue et publiée avec notes et addi"
lions nombreuses par F. Bouquet y professeur honoraire, Gr. in-4»,
v-328 p. Paris, A. Lévy, \%%\.
Cette troisième édition de Touvrage de M. Deville pourrait à jaste
titre passer pour la première ; les deux autres, publiées. Tune en i833
(in-d*», 282 pages de texte avec dix planches), Tautro en 1837 (avec
quelques pages et deux planches de plus), ne sauraient être comparées
à cette troisième, depuis longtemps préparée par M. Deville, et défini-
tivement mise sur pied et publiée par un ami du mort, M. Bouquet.
A dire vrai, M. Deville n'avait point été le premier, et la préface de
M. Bouquet le reconnaît, à parler des tombeaux de la cathédrale de
Rouen. L'édition de 1668 de VHistoire de Rouen de Farin renferme un
chapitre particulier sur ces sépultures. Les auteurs qui suivirent surent
profiter des premiers essais de Farin pour aller un pea plus loin que
lui, mais sans avoir fait autre chose qu'effleurer le sujet et passer assez
rapidement sur un terrain de pures conjectures. Ils furent d'ailleurs
unanimes à reconnaître combien le champ de leurs découvertes était
borné : cela tenait aux guerres des Huguenots qui avaient beaucoup
détruit, aux déplacements maladroits faits par le clergé de la cathé-
drale^, à une foule de causes qui embrouillaient l'écheveau et dérou-
taient les chercheurs. M. Deville entreprit de combler les lacunes
signalées par Farin et ses successeurs, et pour cela il compulsa tout,
les cartulaires, les archives de la métropole, celles du département,
copiant, annotant, classant. A dater de la dernière édition de son
1. Le clergé d'avant 1789 avait résolu de mettre à sac les anciens monuments,
surtout celles des représentations c qui ne seraient pas décentes ou en parfait
état. 0 (Deville, Tombea'uXy avant- propos, p. 2.)
323
ouvrage, en 1837, il travailla sans relâche à compléter son livre, et
lorsqu'il moUrut, laissant un manuscrit considérable, il se trouva que
le livre était doublé et que les dessins faits par lui étaient au nombre
de près de 100. Malheureusement Fauteur n'avait pu y mettre la der-
nière main et le mettre au niveau des études actuelles, les omissions du
livre publié par M. Bouquet le montrent suffisamment : il y avait à
faire certaines citations indispensables pour que l'ouvrage fût au point,
et l'auteur seul y eût songé.
Le plan de M. Deville est simple. Il donne la liste des personnages
enterrés dans la cathédrale, et s'arrête à ceux pour lesquels il a décou-
vert certains détails d'ensevelissement ou de construction de tombeaux.
Il faut avouer que, malgré ses trouvailles, M. Deville est loin d'avoir
tout identifié. Mais, tel qu'il est, son ouvrage peut passer pour un des
plus complets sur la matière.
Il y a à faire certaines critiques de détails. M. Deville parle assez
longuement de Richard Gœur-de-Lion, dont il découvrit la statue en 1838
dans la cathédrale. Seulement on ne s'explique pas que le dessin gravé
dans son ouvrage soit pris d'après la restauration qui en fut faite par
M. Bouet. On se l'explique d'autant moins que M. Deville cite le dessin
pris par Gaignières antérieurement à l'enfouissement de la statue par
le clergé de la métropole en 1734, et que ce dessin, quoique donnant la
statue du roi à plat, avait l'avantage de reproduire l'ancien socle sur
lequel elle était couchée avec les quatre lions en support. Cette
remarque s'applique aussi au tombeau de Henri le jeune, frère de
Richard. Pour ce dernier, dont la statue nous a été conservée par Gai-
gnières, M. Deville va plus loin, il copie la statue moderne due au
ciseau des sculpteurs rouennais Bouet et Jean, statue essentiellement
différente de pose et de caractère.
Il est vrai que les dessins de Gaignières ne sont point toujours d'une
très grande fidélité. Il semble que le dessinateur du grand collectionneur
ait trop souvent allongé ou raccourci ses personnages. Mais ces fautes
n'emljarrassaient guère M. Viollet Le Duc, qui nous a donné une foule
de choses exquises d'après les plus pitoyables copies de Gaignières.
On ne saurait donc excuser M. Deville et son successeur M. Bouquet
d'avoir si peu consulté les portefeuilles d'Oxford, dont la Bibliothèque
nationale possède aujourd'hui des calques très suffisants. Cette faute a
fait que très souvent M. Deville se lance dans des dissertations que la
simple inspection des dessins de Gaignières eût empêchées. Et puis les
dessins reproduisant les tombeaux y eussent gagné en vérité historique.
Voici par exemple le tombeau de Pierre de Brezé et de Jeanne du Bec-
Crespin : le dessin de M. Deville le rend méconnaissable. Le J. C.
(Jeanne Crespin) devient un P. B. (Pierre Brezé). Les armoiries du
xv« siècle sont sculptées sur lambrequins allemands. Du moment où
M. Deville restituait les statues disparues depuis le xvni« siècle, il eût
324
été de bonne critique de rechercher Taspect du monument primitif, et
cet aspect Gaignières l'avait conservé (collection d'Oxford, t. lY, fol. 8).
Signalons aussi une grosse erreur dans le dessin de la couronne de
Pierre de Brezé, dont M. Deville fait une sorte de toque italienne
(pi. IX).
La partie la plus faible de l'ouvrage de M. Deville est sûrement celle
des dessins et des gravures. Il faut croire que les artistes chargés de
graver ces dessins d'architecture se sont un peu trouvés dépaysés dans
un genre de travail éminemment précis, h' interprétation, pour me servir
d'une expression d'atelier, se fait trop remarquer dans la plupart de ces
reproductions. Il faut bien croire que les dessins de M. Deville n'avaient
ni cette lourdeur ni surtout ce manque de précision (et la précision est
absolument nécessaire en pareil cas). Le moindre procédé Gillot ou
Dujardin eût beaucoup mieux fait Tafifaire. Parmi les gravures les plus
médiocres, on doit citer celle de Claude Groullart (pi. XIÏI) et celle de
sa femme. Au contraire, certaines pierres tombales au trait sont ou
paraissent être d'une assez grande fidélité.
Toutes ces remarques, que Ton pourrait pousser à l'infini, ne
prouvent pas grand'chose contre le livre de M. Deville. Tel qu'il est, il
reste un des meilleurs dans le genre. M. Deville vivait à un temps où,
passé Clouet et Jean Goujon, il n'y avait eu en France ni peintre, ni
sculpteur : ces deux-là avaient tout fait. C'est ce qui explique son hypo-
thèse de Jean Goujon, architecte du monument de Louis de Brezé,
mari de la grand'sénéchaie. Ce sont là des détails. Somme toute, les
Tombeaux de la cathédrale de Rouen sont un livre où l'archéologue a
encore assez à prendre pour ne point trop regretter que les planches
soient pour la plupart en infériorité marquée sur le reste du livre.
Henri Bouchot.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences auxiliaires. — Bibliographie, 502, 535. — Chronologie, 552.
Sources, 530. — Chroniques, 470, 476, 562. — Lettres, 500, 508. —
Archives, 465. — Documents, cartulaires, 451, 463, 471, 502, 507, 515,
540.
Biographie et généalogie, 469. — Saint Antoine de Padoue, 445;
325
saint Denis, 444; Duranti, 528; Henri IV, 500; La Vallière, 508;
Linange, 558 ; Lusignan, 549 ; Maufras du Ghatelier, 522 ; Médicis, 541 ;
Montpensier, 502 ; Pétrarque, 532 ; Pons, 466 ; saint Privât, 536; Riche-
lieu, 499; saint Sévérien, 536.
Géographie, topographie, 449, 461, 472, 488, 498.
Droit, 455, 458, 462, 475, 480, 482, 490, 495, 538.
Institutions, 542, 543. — Gouvernement royal, 518; administration,
524. — Municipalités, 515, 523, 540, 560. — Justice, 489. — Finances,
474, 515, 540. — Institutions militaires, 468, 516. — Écoles, 492, 521,
553. — Corporations, 555. — Hôpitaux, 471.
Moeurs bt usages, 462, 480. — Agriculture, classes rurales, 458, 482,
491, 539.
Religions. — Judaïsme, 478, 490, 551. — Église catholique, 448,
467, 547; Pères de TÉglise, 526; hagiographie, 444, 445, 536; clergé,
491; évêchés, 469, 479, 536; ordres, 506; monastères, 446, 453, 463,'
507, 510, 544, 545.
Archéologie, 454, 496. — Architecture : édifices civils et militaires,
452, 517; édifices religieux, 450, 503, 511, 512, 544, 546, 563. —
Sculpture, 450. — Peinture, 464. — Vitraux, 501, 561. — Mobilier,
bijoux, 447, 502, 548. — Sphragistique, 481, 519, 531. — Numisma-
tique, 460, 483, 484, 556-559.
Langues et littératures. — Grec, 488. — Latin, 526, 553. — Langues
romanes : espagnol, 473 ; français, 442, 457, 493, 505, 525, 534 ; italien,
486; provençal, 466. — Langues germaniques : allemand, 459; anglais,
527 ; frison, 477.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 494, 495, 506, 516, 552. -— Alsace-Lorraine, 484, 504,
537. — Hambourg, 449. — Hesse, 562. — Saxe, 487. — Wurtemberg,
517, 559.
Autriche-Hongrie. — Autriche au-dessous de TEnns, 461 . — Bohême,
487.
Belgique, 458, 482, 560.
Espagne, 490.
France, 467, 474, 488, 518, 520. — Ile-de-France, 524, 525; Lan-
guedoc, 551; Limousin, 445; Lorraine, 442, 483; Normandie, 476,
481; Savoie, 542. — Ain, 451 ; Aisne, 511 ; Ariège, 485, 550; Charente-
Inférieure, 519, 521; Cher, 555; Gorrèze, 489; Gôte-d^Or, 468; Gôtes-
du-Nord, 501 ; Doubs, 464; Drôme, 469; Eure-et-Loir, 456; Finistère,
453; Hérault, 492; Indre, 452; Indre-et-Loire, 540; Jura, 497; Loir-et-
Cher, 546; Loire, 463; Loire-Inférieure, 510; Lot, 472; Lot-et-
Garonne, 475 ; Lozère, 528, 536 ; Marne, 503 ; Mayenne, 498 ; Meurthe-
326
hi Moii(«ll(S &i3, 544; Meuse, 493; Nord, 547; Pas-de-Calais, 509;
|*yi6ttiii'M (llauU^H-), 545; Rhône, 446; Seine, 444, 471 ; Seine-et-Marne,
NH, HïtifiM-ot-Oise, 535; Seine -Inférieure, 496, 507; Somme, 512,
rù\H, Tuni-ot-Garonne, 447, 479, 554; Vaucluse, 470; Yonne, 529.
Umamdk-IIhktaonb bt Irlande. — Iles de la Manche, 533.
Uauu, — Florence, 480, 541, 543; Gaète, 460; Naples, 530; Padoue,
Mti, inw*, 532; Rome, 443, 520.
lUvM'iUs, 458.
l'oHtUOAL, 465.
lif;HtflK, 515, 531.
HfjiMK, 454, 523, 556, 557, 563.
442. Adam (Lucien). Les Patois lorrains. Nancy, Grosjean-Maupin;
J'arië, Maisonneuve. li-460 p. (Publications de l'Académie de Stanis-
443. Adinolfi (Pasquale). Roma nelP età di mezzo, descritta. T. I.
Homa, Bocca, 1881. 445 p. 8 1.
444. Arbellot (Fabbé). Étude sur les origines chrétiennes de la
Oaule. Première partie : saint Denys de Paris. Paris, Haton. 116 p.
445. Arbellot (l'abbé). Notice sur saint Antoine de Padoue en
lâmousin. Limoges, Leblanc ; Paris, Haton. 72 p.
446. Arroy (Bezian). Brève Histoire de l'abbaye de llle-Barbe. Lyon,
Oeorg, 1880. xi-191 p. (Collection lyonnaise, n» 7.)
447. Barbier de Montault (Mgr X.). L'Anneau d'investiture du
musée de Montauban. Montauban, impr. Forestié. 51 p., planche.
(Extrait du Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne.)
448. Baronii (Gaesaris S. R. E. cardinalis), Od. Reynaldi et Jac.
Laderchii congregationis Oratorii presbyterorum Annales ecclesiastici,
denuo et accurate excusi. Tomus 35. Summarium générale (1566-1567).
Bar-le-Duc et Paris, libr. de Tœuvre de Saint-Paul. In-4, xix-367 p.
(L'ouvrage formera 37 vol. à 16 fr.)
449. Becker(F. A.). Cuxhavenund das Amt Ritzebûttel. Ein Beitrag
zur Geschichte und Entwickelung des Landes nebst topographischen,
statistischen und chronologisch geordneten Mittheilungen und einer
Karte. Hamburg, Otto Meissner, 1880. xiii-248 p., 1 carte. 3 m. 60 pf.
450. Biais (Emile). Des statues équestres sculptées aux façades de
certaines églises romanes. Angoulème, Goumard. 17 p., planche.
(Extrait du Bulletin de la Société archéologique et historique de la Cha-
rente, 1878-1879.)
451 . Bibliotheca Dumbensis, ou Recueil de chartes, titres et docu-
327
ments relatifs à l'histoire des Dombes. Trévoux, impr. Jeauvin. In-4,
198 p.
452. Blanchetière (M.). Le Donjon de Romefort (Indre). Tours, impr.
Bouserez. il p., planche. (Extrait du Bulletin monumental^ 1880.)
453. Blois (A. de). Notice historique sur la ville de Quimperlé. Suivie
d'une histoire particulière de Tabbaye de Sainte-Croix, d'après le
manuscrit de F. Bonaventure du Plesseix, continuée jusqu'en 1790 et
publiée pour la première fois avec appendice et notes par Fr. Audran.
Quimperlé, Clairet. In-18, 241 p.
454. Bluemner (H.). Die archaeologische Sammlung im eidg. Poly-
technikum zu Zurich. Zurich, Caesar Schmidt. 201 p., 4 pi. 3 fr.
455. BoRCH (Leopold von). Beitraege zur Rechts-Geschichte des
Mittelalters mit besonderer Rùcksicht auf die Ritter und Dienstmannen
fûrstlicher und graBÛicher Herkunft. Nebst einer lithographischen
Tafel : Wandelungen des Querfurter Helmschutzes. Innsbruck, Rauch,
1881.1n.4,87p.
456. Bordas (l'abbé). Histoire du comté de Dunois. Tome II, fasc. 1.
Ghâteaudun, Société dunoise. 128 p.
457. Boucherie (A.). La Langue et la Littérature françaises au moyen
âge (réponse à M. Brunetière). Paris, Maisonneuve. 43 p. (Extrait delà
Revue des langues romanes,)
458. Brants (Victor). Histoire des classes rurales aux Pays-Bas jus-
qu'à la fin du XVIII® siècle. Bruxelles, impr. Hayez. 406 p; (Mémoire
couronné par l'Académie royale de Belgique.)
459. Braune (Wilhelm). Althochdeutsches Lesebuch, zusammenge-
stellt und mit Glossar versehen. Zweite Auflage. Halle, Niemeyer,
1881. vra-228 p. 3 m.
460. Caméra (Matteo). Una Moneta inedita di Gaeta del x secolo.
Napoli, Furchheim. 7 p., 1 pi. 1 1. 50 c.
461. Camesina Ritter von San Vittore (Albert). Urkundliche
Beitraege zur Geschichte Wien's im xvi. Jahrhundert. Mit einem
Stadtplane. Herausgegeben vom Gemeinderathe der kais. koen. Reichs-
haupt-und Residenzstadt Wien. Wien, Alfred Hoelder, 1881. In-4,
x-100 p., plan gr. in-fol. 7 fl.
462. Carré de Busserolle (J.-X.). Les Usages singuliers de la Tou-
raine. N® 1. Le Droit du seigneur. N® 2. Le Chêne de la mariée; le
Banquet de Nivès. Tours, Semeur-Laplaine. 15, 16 p.
463. Cartulaire du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue (Forez), dépen-
dant de l'abbaye de la Chaise-Dieu (1062-1401). Publié avec une notice
historique et des tables par le comte de Charpin-Feugerolles et M. C.
Guigue. Lyon, impr. Perrin. In-4, xxiv-379 p.
464. Castan (Auguste). Le Mot de l'énigme d'un tableau de l'église
32S
de la Vèze, près de Besançon. Besançon, impr. Dodivers. 8 p. (Extrait
des Mémoires de la Société d'émulation du Douhs, 13 mars 1880.)
465. Gatalogo dos pergaminhos do cartorio da universidadede Goimbra.
Goimbra, imprensa da universidade, 1880. 135 p.
466. Ghabaneau (Gamille). Les Troubadours Renaud et Geoffroy de
Pons. Paris, Maisonneuve. 27 p. (Extrait du Courrier littéraire de
V Ouest, 1880.)
467. Ghamard (dom François). Les Origines chrétiennes de la Gaule.
Paris, impr. Levé. 64 p. (Extrait du Correspondant.)
468. Gharmasse (Anatole de). Note sur le passage et le séjour des
grandes compagnies dans la prévôté de Baigneux-les- Juifs en 1364
et 1365. Paris, Ghampion. 11 p. (Extrait des Mémoires de la Société
éduenne, nouv. série, t. IX.)
469. Ghevalier (l'abbé Jules). Actes et Documents pour servira This-
toire des doyens de l'église de Die au xvi« siècle. Montbéliard, impr.
Hoffmann. 12 p. (Extrait du Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'ar-
chéologie religieuse du diocèse de Valence, l"*® année, 2« livraison.)
470. Ghronique (la) d'un notaire d'Orange, publiée et annotée par
L. Duhamel. Paris, Ghampion. In-18, 168 p.
471. Gollection de documents pour servir à Thistoire des hôpitaux de
Paris, commencée sous les auspices de M. Michel Moring, continuée
par M. Gharles Quantin, directeur de l'administration générale de Tas-
sistance publique, publiée par M. Brièle, archiviste de l'administration.
Tome I. Délibérations de l'ancien bureau de l'Hôtel -Dieu. Paris,
Picard. In-4, viii-200 p.
472. GoMBARiEu (L.). Dictionnaire des communes du Lot, contenant
la nomenclature des villages, hameaux, châteaux, moulins, métairies,
maisons isolées, etc., et précédé d'une introduction sur le département
du Lot avant et après 1789. Gollaborateurs, MM. A. Gombes, J. Ma-
linowski, A. Sarcos, de la Société des études, et MM. les instituteurs.
Gahors, Laytou. Lxvni-262 p., carte. 5 fr.
473. GoRNu (Jules). Études sur le poème du Gid. Paris. 27 p. (Extrait
de la Ro7nania, t. IX.)
474. GouGNY (G. DE). Gomptes royaux du xvi« siècle. Angers, Ger-
main et Grassin. 7 p. (Extrait de la Revue de V Anjou.)
475. Goutumes de Glermont-Dessus en Agenais (1262), publiées par
Hippolyte Rébouis. Paris, Larose. 51 p. (Extrait de la Nouvelle Revue
historique de droit français et étranger,)
476. Gronicques (les) de Normandie (1223-1453), réimprimées pour la
première fois d'après l'édition rarissime de Guillaume le Talleur
(mai 1487), avec variantes et additions tirées d'autres éditions et de
329
divers manuscrits, et avec une introduction et des notes par A. Hellot.
Rouen, Métérie. xxni-344 p.
477. Cummins (Adiey H.). A Grammar of the old Friesic language.
London, Trûbner, 1881. 75 p. 3 s. 6 d.
478. Darmesteter (James). Coup d'oeil sur l'histoire du peuple juif.
Paris, librairie Nouvelle. 25 p.
479. Daux (l'abbé Camille). Histoire de TÉglise de Montauban, depuis
les premiers temps jusqu'à nos jours. T. I. N®« 1-2. Première période
(46-1317). Montauban, Georges et Ferrie, xv-111 p. et planche. 5 fr.;
pour les souscripteurs, 2 fr. 50 c. (L'ouvrage formera 2 vol. d'environ
650 pages chacun, ornés de 6 planches en chromolithographie. Prix de
la souscription : 15 francs payables en trois termes.)
480. Deliberazione suntuaria del comune di Firenze, del xiii aprile
1439, pubblicata daMorelli Guido per nozze Stefanini-Morelli. Firenze,
tip. deir Arte délia stampa. 16 p.
481. Dbmay (G.). Inventaire des sceaux de la Normandie recueillis
dans les dépôts d'archives, musées et collections particulières des
départements de la Seine-Inférieure, du Calvados, de l'Eure, de la
Manche et de l'Orne, avec une introduction sur la paléographie des
sceaux et 16 planches photoglyptiques. Paris, imprimerie nationale.
In-4, xLiv-438 p.
482. De Potter (Frans), Broeckaert (Jan). Geschiedenis van den
Belgischen boerenstand tôt op het einde der xviii« eeuw. Brussel,
Hayez. in-406 p. (Mémoire couronné par l'Académie royale de Bel-
gique.)
483. Des Robert (Ferdinand). Un Jeton de la chambre des comptes
de Lorraine. Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-4, 4 p. avec fig.
484. DiETz (E.). Note sur quelques monnaies du moyen âge trouvées
près de Fouday, au Ban de la Roche (Vosges- Alsace). Saint-Dié, impr.
Humbert. 14 p. (Extrait du Bulletin de la Société philomathique vosgienne,
1880-1881.)
485. DucLOs (H.). Histoire des Ariégeois (comté de Foix et vicomte
de Couserans). De l'esprit et de la force intellectuelle dans l'Ariège et
les Pyrénées centrales. Paris, Didier, xvi-684 p., 3 grav. à l'eau -forte
par Ghauvet.
486. Durante. Il Fiore, poème italien du xiii® siècle, en ccxxxii son-
nets, imité du roman de la Rose. Texte inédit publié avec fac-similé,
introduction et notes par Ferdinand Castets. Montpellier, bureau des
publications de la Société pour l'étude des langues romanes, 1881.
xxrv-184 p.
487. Ermisch (Hubert). Studien zur Geschichte der saechsisch-
boehmischen Beziehungen in den Jahren 1464 bis 1471. Mit urkund-
lichen Beilagen. Dresden, Baensch, 1881. 144 p. 3 m.
330
488. Extraits des auteurs grecs concernant la géographie et rhistoire
des Gaules. Texte et traduction nouvelle publiés pour U Société de
l'histoire de France par Edm. Ck)ugny. Tome III. Paris, Loones. xy-
385 p. 9 fr.
489. Page (René). Une ancienne Justice. La Cour d*appeaux de
Ségur. Limoges, impr. Chapoulaud, 1880. 150 p. (Extrait du Bulletin de
la Société archéologique et historique du Limousin^ t. XXVIU, VI* de la
2« série.)
490. Fernandbz y Gonzalez (Pr.). Instituciones jurfdicas del pneblo
de Israël en los diferentes K<(tados de la penfnsula ihérica desde su
dispersion en tiempo del emperador Hadriano hasta los principios del
siglo XVI. Tomo I. Introduccion histôrico-crîtica. Madrid, 1881. In-4,
xv-346 p.
491. Galabert (l'abbé). Les Prêtres dans les campagnes au moyen
âge. Montauban, impr. Forestié. 17 p. (Extrait du Bulletin de la Société
archéologique de Tarn^et-Garonne.)
492. Germain (A.). Du principe démocratique dans les anciennes
écoles de Montpellier. Montpellier, impr. Boehm, 1881. In-4, 23 p.
(Extrait des Mémoires de l'Académie, etc, de Montpellier, section des
lettres, t. VU, 1881.)
493. Germain (Léon). Deux Chartes du xm* siècle en langue vulgaire,
provenant de Tabbaye de Ghâtilion. (Communication de M. le docteur
Nie. van Werveke, de Tinstitut R. G.-D. de Luxembourg.) Nancy,
impr. Crépin-Leblond. 7 p. (Extrait du Journal de la Société d'archéologie
lorraine, 1881.)
494. GiESBBREGHT (Wilhelm von). Geschichte der deutschen Kaiserzeit.
Erster Band. Grundung des Kaiserthums. Fûnfte Auflage. Mit einer
Uebersichtskarte von H. Kiepert. Braunschweig, Schwetschke, 1881.
xLn-934 p., 1 carte. 15 m.
495. Grimm (Jacob). Deutsche Rechtsalterthûmer. Dritte Ausgabe,
Goettingen, Dieterich, 1881. xxvi-971 p. 12 m.
496. GuÉRODLT (le D' E.). Découvertes archéologiques en 1878 et 1879.
Rouen, impr. dîagniard. 15 p. (Extrait du Bulletin de la commission des
antiquités de la Seines-Inférieure.)
497. GuiLLERMET (F.) et B. Prost. Champagnole et ses environs.
Lons-le-Saunier, impr. Declume. 83 p. et planches. (Extrait des
Mémoires de la Société d'émulation du Jura, 1880.)
498. GuYARD DE LA FossE. Remarques sur les observations de M. Le-
beuf sur les peuples diablintes et leur pays, particulièrement par rap-
port à l'histoire de la ville de Mayenne dans le Bas-Maine, prête à être
mise au jour; suivie d'une réponse de l'abbé Lebeuf, extraite du
Mercure de France. Paris, Mouchet. In-12, 36 p.
499. Hanotaux (Gabriel). Études sur des maximes d'État et des frag-
334
ments politiques inédits du cardinal de Richelieu. Paris, Picard. 48 p.
(Extrait du Compte rendu de l'Académie des sciences morales et poli-
tiques.)
500. Henri IV. Lettres inédites du roi Henri IV à M. de Bellièvre
(1602) publiées d'après le manuscrit de la Bibliothèque nationale par
Eugène Halphen. Nice, Gauthier; Paris, Champion, ix-52 p.
501. HucHER (E.). Le Vitrail absidal de Notre-Dame-de-la-Gour, com-
mune de Lantic (Gôtes-du-Nord). Tours, impr. Bouserez. 11 p. (Extrait
du Bulletin monumental, 1879.)
502. Inventaire des bijoux, vêtements, manuscrits et objets précieux
appartenant à la comtesse de Montpensier (1474), publié par A. de
Boislisle, d'après l'original appartenant à M. le duc de la Trémoille.
Paris. 41 p. (Extrait de VAnnuaire-bulletin de la Société de Vhistoire de
France,)
503. Jadart (H.). Saint-Lié, Villedommange et Jouy (Marne, arr. de
Reims, canton de Ville-en-Tardenois). Reims, impr. Monce, 1881.
16 p. (Extrait des Notices sur les églises du diocèse de Reims, bulletin,
t. XIV.)
504. JoLY. Le Ghâteau de Ray pendant et après les croisades. La
guerre de dix ans dans le pays d'Amont, Lutzelbourg, entre Sarrebourg
et Saverne. Montmédy, impr. Pierrot, vi-57 p.
505. Joufrois, altfranzoesisches Rittergedicht, zum ersten Mal heraus-
gegeben von Konr. Hofmann und Franz Muncker. Halle, Niemeyer,
1880. VIIM34 p. 3 m. 60 pf.
506. KocH (Adolf). Die frùhesten Niederlassungen der Minoriten im
Rheingebiete und ihre Wirkungen auf das kirchliche und politische
Leben. Von der philosophischen Fakultaet der Universitaet Heidelberg
preisgekroente Abhandlung. Leipzig, Duncker und Humblot, 1881.
vm-118 p. 2 m. 80 pf.
507. Laffleur de Kermaingant (P.). Gartulaire de l'abbaye de Saint-
Michel du Tréport (ordre de Saint-Benoît). Paris, impr. Firmin-Didot.
CLxiv-427 p. etatl. de 8 pi. in-fol.
508. Lair (J.). Louise de La Vallière et la jeunesse de Louis XIV,
d'après des documents inédits, avec le texte authentique des lettres de
la duchesse au maréchal de Bellefonds. Paris, Pion, vi-441 p. et 2 por-
traits.
509. Landrin (G.). Histoire d'un petit village (Fouquières-lez-Béthune).
Boulogne-sur-Mer, impr. V® Aigre. 44 p.
510. La Nicollière Teijeiro (S. de). L'Abbaye de Notre-Dame de la
Ghaume, près Machecoul (1055-1792), essai historique. Nantes, impr.
Forest et Grimaud. 71 p., planches. (Extrait du Bulletin de la Société
archéologique de Nantes.)
332
lit. \i\ Phairik (de). Les Églises de rarrondissement de Boissons
i-ldiM^^M rhniuologiquement. Soissons, impr. Michaux, 1880. 40 p.
i\y Lkiiiki' (.\lcius). L'Église de Fourdrinoy, notice archéologiqae.
\ini(MiH, iinpr. Douillet. 16 p. (Extrait du Bulletin de la Société des
antuniaires de Picardie, 1880.)
\\\:\, liKfAUK (Henri). Le Village de Saint^Dizier-lès-Nancy. Nancy,
WiiMUM". Ti p. (Kxtraitdes Mémoires de la Société d'archéologie lorraine,
\HH\.)
Ml liK Pairk (Jacques-Amédée). Annales du pays de Lagny depuis
Ion hMupM l(»R plus reculés jusqu*au 20 septembre 1792. Lagny, Paquier,
IMMO. 2 I. en 1 vol., x-900 p. 15 fr.
.'il II. Libri redituum (Oie) der Stadt Riga. Nach den Originalhand-
nclirirtrii hi^ausgegeben von J. G. L. Napiersky. Leipzig, Duncker
iiiiil lliiMiblot, 1881. xLvn-224 p. 6 m. 40 pf.
■Mli. LiNDT (Karl). Beitraege zur Geschichte des deutschen Kriegsw©-
iimn iii d(;r staufischen Zeit im Anschluss an die Kaempfe zwischen
l'Iiilijip von Schwaben und Otto IV. Tûbinger Inaugural-Dissertation,
h'rnibiirg i. B. und Tûbingen, Mohr, 1881. 72 p. 1 m. 50 pf.
Ii17. fiOEFFLER (Emil V.). Geschichte der Festung Ulm. Mit 29 Holz-
Milinlttcii und 3 lithographischen Plaenen. Ulm, Wohler, 1881. vra-
;iUV p. K m.
!i1H. LuçAY (le comte de). Des origines du pouvoir ministériel en
KrHiH'.n. Les secrétaires d'État depuis leur institution jusqu'à la mort
ilt^ Louis XV. Paris, Société bibliographique, xm-647 p. 10 fr.
MO. Mallat (W.-J.). Sigillographie ecclésiastique de TAngoumois.
ArraH, impr. delà Société du Pas-de-Calais, 1880. 20 p., 2 pi. (Extrait
il(^ la Revue de Vart chrétien.)
f»20. Martens (Wilhelm). Die roemische Frage unter Pippin und
Kiirl dem Groszen. Eine geschichtliche Monographie. Stuttgart, Cotta,
IHHI. xi-379 p. 6 m.
ri21 . Massougnes (Albert de). IjCS Anciennes Écoles diocésaines gra-
tuites à Angoulôme. Angoulème, impr. Baillarger. In-4, 24 p.
522. Maufras du Ghatelier (A.). Archives de la famille Maufras du
(îliatelier (château de Kernuz, près de Pont-Labbé). Notes et souvenirs.
Orléans, impr. Colas. 84 p.
523. Meier (Félix). Geschichte der Gemeinde Wetzikon. Heraus-
gcîgeben von der Lesegesellschaft Oberwetzikon. Ziirich, Hoehr. vi-610 p.
et carte. 5 fr.
524. Mémoires des intendants sur Pétat des généralités, dressés pour
l'instruction du duc de Bourgogne. Tome I : mémoire de la généralité
de Paris, publié par A. M. de Boislisle. Paris, imprimerie nationale.
In-4, xGvi-858 p. (Collection de documents inédits sur l'histoire de
France.)
333
525. Metzke (Erast). Der Dialect von Ile-de-France im xiii. und xiv.
Jahrhundert. I. Theil : Vocalismus. (1. Vocale.) Inaugural-Dissertation.
Breslau, 1880. .35 p.
526. MiQNE (J. P.). Patrologiae Cursus completus, seu Bibliotheca
universalis, etc. Séries latina prior. T. 117 (Haymonis t. II), 121
(Ratramni, -^neae Parisiensis, S. Remigii, etc., etc., opéra omnia), 129
(Anastasius bibliothecarius abbas [t. UI], Stephanus V, Formosus, Ste-
phanus VI, Romanus, pontif. Rom., Erchembertus monach., Angilber-
tusabbas, S.Tutilo monach., etc.), 142 (S. Bruno Herbipolensis episcopus,
S. Odilo abbas Gluniacensis, Berno abbas Augiensis, Gregorius VI,
Glemens VI, Romani pontifices, Rodulphus Glaber, Wippo presbyter,
etc.). Paris, Garnier, 1880-1881. 4 vol., 612, 584, 724, 760 p.
527. Mittelenglische (Das) Poema morale. Im kritischen Text, nach
den sechs vorhandenen Handschriften zum ersten Maie herausgegeben
von Hermann Lewin. Halle, Niemeyer, 1881. 79 p. 2 m.
528. MoNNOT DES Angles (P.). Guillaume Duranti. Aix, Makaire.
14 p. (Extrait de la Revue sextienne.)
529. MoNTAïQLON (Auatole de). Antiquités et Curiosités de la ville de
Sens. Paris, Détaille. 96 p. avec grav. (Extrait de la Gazette des beaux-
arts, 1880.)
530. Monumenta ad Neapolitani ducatus historiam pertinentia, qu8B
partim nunc primum, partim iterum typis vulgantur, cura et studio
Bartholomaei Capasso, cum ejusdem notis ac disserta tionibus. Tomus I.
Neapoli, Furchheim, 1881. Pet. in-fol., xvm-351 p., vn pi. 40 1.
531. NoTTBECK (Eugen von). Siegel aus dem Revaler Rathsarchiv
nebst Sammlung von Wappen der Revaler Rathsfamilien. Lûbeck,
Druckerei von H. G. Rahtgens, 1880. In-4, 62 p., 22 planches. 28 m.
532. Paqanini (Pagano). Délie Relazioni di messer Francesco Petrarca
con Pisa : ragionamento. Pisa, Mariotti, 1881. 66 p. 1 1. 50 c.
533. Pegot-Ogier. Histoire des îles de la Manche, Jersey, Guernesey,
Aurigny, Serck. Paris, Pion, xx-560 p.
534. PizAN (Cristine de). Le Livre du chemin de long estude, publié
pour la première fois diaprés sept manuscrits de Paris, de Bruxelles et
de Berlin par Robert Pùschel. Berlin, Damkhoeler, 1881. xxii-301 p.
6 m.
535. Potiquet (Alfred). Bibliographie du canton de Magny en Vexin.
2« édition. Premier supplément. Magny en Vexin, Bourgeois. 59 p.
536. Pourcher (l'abbé). Saint Sévérien, premier évéque de Mende, et
État du Gévaudan avant et après sa prédication ; suivi de la traduction
des Actes de saint Privât avec le texte en regard. Saint-Martin-de-
Roubaix, Fauteur. In-32, 163 p.
537. Rahlenbeck (Ch.). Metz et Thionville sous Charles- Quint.
Bruxelles, impr. W^eissenbruch. 363 p. 6 fr.
334
v^ H^MON ^iiustavo). Coutumes et Ordonnances et Usages locaux
..c A ^iH^ ((«' IVroime avant 1789. Règlements do police et de justice
r> . 'wr,vilo. IVronue, impr. Quentin. Yni-282 p.
N.^ Uv\N\i. (UK). ^}conomie agricole d'un domaine féodal au xiii* s.
U';î:V«^. lUvid. 53 p. (Extrait des if^motre^ delà Société des antiqiuiires
^ ,v«f»v. \H volume.)
>40 Ht^iittri'K des comptes municipaux de la ville de Tours, publiés
A\\v «olw ol éclaircissements par J. Delaville Le Koux. H. (1367-
<x?^^ ^ roun», Someur-Laplaine; Paris, Picard. 428 p. et planche (Publié
»A« U ShmoIo archéologique de Touraine.)
Ul HuHmlunza délie nozze di Francesco de' Medici con la Tessa
\Uu\vi;U^lini (1433), pubblicata in occasione délie nozze Visibelli-Fedi
,i\ \\UoUmM'i Dante. Firenze, tip. Ricci, 1880. 16 p.
U;' liiNAUUO (G). Le Elezioni aile congregazioni generali nei dominii
^ vN^^uHiivoia lanno 1439 : conferenza tenuta allaSocietà filotecnica di
U»MHo il 13 marzo 1881. Torino, Loescher, 1881. In-12, 38 p. 1 1.
«(.t liiNAUDu (G.). Le Elezioni politiche nella repubblica fiorentina
- AtMio 1V*89 : conferenza tenuta alla Società filotecnica di Torino il
Iv» ^\Mumii> 1881. Torino, Loescher, 1881. In-12, 32 p. 1 1.
\U. HiNQ (le baron de). Anciennes Sépultures de l'abbaye de Beau-
i»«v. d'après les manuscrits inédits de dom Galmet. Avec des notes et
.vidilioti» par M. Paul Delorme. Nancy, impr. Grépin-Leblond. 76 p.
ilv^imit dos Mémoires de la Société d^archéologie lorraine pour 1880.)
:%\l\. HooH (P.). Saint-Lézer, son couvent et la ville d'Orre. Tarbes,
\\\\\\v. Larrieu. Li-16, 32 p.
546. RoGHAMBEAU (le marquis de). L'Église de Lavardin. Tours, impr.
huiiHorez. 31 p. avec figures et planche. (Extrait du Bulletin monwnen-
Irt/. no 4, 1880.)
ri47. RooiE (l'abbé F. -Joseph). Les Origines du christianisme au pays
do liille. Lille, Quarré. 148 p.
548. RoHAULT DE Fleury. Un Tabernacle chrétien du v« siècle. Arras,
impr. de la Société du Pas-de-Galais. 11 p. et planche. (Extrait de la
HcvHC de Vart chrétien, 2« série, t. XIII.)
549. Roux DE LusiGNAN (Jacques). La Vérité sur la famille des Lusi-
ttuan du Levant. A monsieur le comte de Mas Latrie. Paris, impr. Levé,
1881. 56 p.
550. RuMEAu (R.). Notices historiques sur les vingt cantons de TAriège.
Foix, impr. V» Pomiés. In-12, 120 p.
551. Saiqe (Gustave). Les Juifs du Languedoc antérieurement au
XIV» siècle. Paris, Picard, x-388 p. (La première partie est extraite de
la Bibliothèque de V École des chartes, t. XXXIX et XL.)
552. Stieve (Félix). Der Kalenderstreit des 16. Jahrhunderts in
Deutschland. Munchen, Franz, 1880. In4, 98 p. (Extrait des AbJiand^
335
lungen der k. bayerischen Akademie der Wissenschaften, 3« classe,
vol. XV, 3e partie.) 3 m.
553. Straccali (Alfredo). I Goliardi ossia i Glerici vagantes délie
università medievali. Saggio. Firenze, Gazzetta d'Italia, 1880. 96 p.
Biblioteca délia Rivista europea, Rivista internazionale. 1.) 21.
554. Taupjac (L.). Villelongue, judicature, circonscription et ori-
gines. Montauban, impr. Forestié. 32 p. (Extrait du Bulletin de la
Société archéologique de Tarn-et-Garonne,)
555. TouBEAu DE Maisonneuve (E.). Les Anciennes Corporations
ouvrières à Bourges. Gayer des reiglemens et ordonnances sur plusieurs
estats et mestiers de personnes demourantes en la ville et fauxbourgs
de Bourges (1591 à 1633), publié d'après Foriginal conservé aux archives
de la mairie, avec notes et introduction. Bourges, Pigelet et Tardy.
xxix-301 p. et vignettes.
556. Trachsbl (G. F.). Les Monnaies de l'abbaye de Disentis, avec
deux suppléments et vignettes. Lausanne, l'auteur. 10 p. 1 fr. 50 c.
557. Trachsel (G. F.). Monographie der Mùnzen des Gotteshaus-
bundes. Lausanne, l'auteur. 32 p. 2 fr.
558. Trachsel (C. F.). Monographie des monuments numismatiques
des comtes et du prince de Linarge. Lausanne, Fauteur. 46 p. 1 pi.
1 fr. 50 c.
559. Trachsel (G. F.). Die Mùnzen der ehemaligen Reichsstadt
Buchhorn, jetzt Friedrichshafen, am Bodensee. Lausanne, l'auteur.
13 p., pi. 2 fr.
560. Vandbn Peereboom (Alphonse). Ypriana. Notices, études et
documents sur Ypres. Tome IV. Du mouvement communal à Ypres,
esquisses historiques. 1271-1348. Bruges, Aimé de Zuttere. 447 p.
561. Westlake (N. h. J.). A history of design in painted glass.
Vol. I. Gontaining : Part I. From the earliest examples until the end
of the twelfth century. II. Single figures and single compositions of
the thirteenth century. III. Médaillon and grisaille Windows of the
thirteenth century. Londonand Oxford, James Parker, 1881. In-4, iv-
145 p., planches.
562. WicHERT (Th.-F.-A.). Jacob von Mainz, der zeitgenœssische
Historiograph, und das Geschichtswerk des Matthias von Neuenburg.
Nebst Excursen zur Kritik des Nàuclerus. Zur G^schichte und Quellen-
kunden des xrv. Jahrhunderts. Mit einer Beigabe : zehn Kaiserurkunden.
Koenigsberg, Hartung, 1881. x-368 p. 10 m.
563. Zardetti (Otto). « Requies s. Galli » oder geschichtliche
Beleuchtung der Kathedrale des hl. Gallus im Lichte ihrer eigenen
Vergangenheit. Einsiedeln, Benziger. 216 p., planches. 10 fr.; relié,
12 fr. 50 c.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Le bureau et les commissions de la Société de l'École des chartes ont
été ainsi composés pour l'année 1881-1882 :
Président : M. de Mas Latrie.
Vice-président : M. A. de Barthélémy.
Secrétaire : M. François Delaborde.
Secrétaire-adjoint : M. H. Omont.
Archiviste- trésorier : M. Tuetey.
Commission de publication : membres ordinaires, MM. Delisle, de
Lasteyrie, Ulysse Robert; membres suppléants, MM. Julien Havet,
N. Valois.
Commission de comptabilité : MM. Douët d'Arcq, Dupont, Grarnier.
— La circulaire suivante a été adressée le 25 mai 1881 aux anciens
élèves de l'École des chartes :
Monsieur et cher Confrère,
Le bureau de l'œuvre de secours des anciens élèves de l'École des
chartes a décidé que, chaque année, il serait rendu compte des
ressources de l'association, ainsi que de remploi qui en est fait.
Vous n'ignorez pi^que cette œuvre, fondée le 19 janvier 1875, compte
aujourd'hui six années d'existence. Les premiers adhérents étaient au
nombre de 95, maintenant ils sont 158; mais on peut désirer mieux, en
jetant les yeux sur la liste des archivistes-paléographes et des anciens
élèves de l'Ëcole, qui sont plus de 300.
En 1875, l'association disposait de 200 francs en faveur de deux de
nos confrères; en 1876 et 1877 elle partageait encore 250 francs pour
soulager deux infortunes ; en 1878, les ressources permettaient de con-
sacrer 750 francs à trois confrères dignes d'intérêt; enfin, en 1879 nous
avons employé 800 francs, et en 1880 350 francs.
Le meilleur moyen de vous tenir au courant de Tadministration de
l'œuvre est de mettre sous vos yeux le compte du trésorier approuvé
par le bureau le 19 mai dernier, pour l'exercice 1880-1881.
Recettes,
Rehquats en caisse au 19 mai 1881. . 227 60
Cotisations acquittées 1,381 »»
Arrérages de rentes 48 50
1,657 10
337
Dépenses.
Secours distribués 320 »».
Frais d'administration 77 50
Achat de rente 509 50
907 »»
Reste en caisse : 750 fr. 10.
Cet achat de rente est justifié par l'obligation d'immobiliser les ver-
sements de 100 fr. faits par ceux de nos confrères qui désirent se
libérer de la cotisation annuelle de 5 fr., seul sacrifice que l'œuvre
demande à ses adhérents.
La rentrée des cotisations a lieu exactement; dans ce moment, il y
en a 16 en retard; en revanche, 14 ont été acquittées par antici-
pation.
La cotisation est si faible que, pour ne pas la diminuer par des frais
de recouvrement, il importe que nos confrères veulent bien en envoyer
le montant au trésorier soit par mandat, soit en timbres-poste ; c'est
également au trésorier qu'il y a lieu d'adresser les demandes d'adhé-
sions, ainsi que les renseignements sur les secours à proposer au
bureau.
Veuillez agréer, Monsieur et cher confrère, l'assurance de mon cor-
dial dévouement.
Anatole de Barthélémy,
trésorier
9, rue d'Anjou- Saint" Honoré,
— L'arrêté suivant, en date du 19 mars 1881, a réglé la forme des
examens de l'École des chartes. Il ne s'applique pas aux examens d'en-
trée, qui continueront à être passés conformément à l'arrêté ministériel
du 24 juillet 1872.
Le président du conseil, ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts.
Vu l'ordonnance du 22 février 1821, du 16 juillet 1823 et du 11 novembre
1829;
Vu l'arrêté du 18 novembre 1830 ;
Vu l'ordonnance du 31 décembre 1846, art. 5 ;
Vu l'arrêté du 26 mai 1854 ;
Vu l'arrêté du 30 novembre 1865 ;
Vu l'arrêté du 2 février 1866 ;
Vu l'avis du conseil de perfectionnement de l'École nationale des
chartes en date du 10 février 1881,
Arrête :
Article premier. — Les élèves de chacune des années de l'École des
chartes subissent annuellement deux examens : l'un au temps de Pâques,
l'autre à la clôture des cours.
22
338
A la fin de la troisième année, les élèves dont l'aptitude a été cons-
tatée par les deux examens réglementaires sont admis à l'épreuve de la
thèse dans les formes et conditions déterminées par rarrété ministériel
du 2 février. 1866.
Art. 2. — Chacun des deux examens de chaque année porte :
1» Sur la lecture et l'interprétation de documents écrits ;
2<* Sur des questions tirées de la matière des cours.
Art. 3. — L'examen de Pâques est fait par le directeur et les profes-
seurs, auxquels les membres du conseil de perfectionnement sont invités
à s'adjoindre.
Le mode d'examen est déterminé par les examinateurs.
Le résultat de chaque épreuve est exprimé par un chiffre qui n'excé-
dera pas le quart du maximum assigné à l'épreuve correspondante dans
les examens de fin d'année.
Art. 4. — L'examen de fin d'année est fait par le conseil de perfec-
tionnement assisté du corps des professeurs.
Il consiste, pour chacune des promotions, en deux épreuves : Tune
orale, l'autre écrite.
Avant d'y procéder, le conseil s'assure de l'assiduité des élèves aux
leçons des professeurs, d'après le relevé fait sur les registres de présence.
L'exclusion pourra être prononcée contre ceux des élèves dont l'assiduité
n'aurait pas été suffisante.
Art. 5. — L'examen oral consiste, savoir :
Pour les élèves de i^ année,
1* Dans le déchiffrement d'une charte latine et d'une charte fran-
çaise ;
2» Dans la traduction d'une charte latine ;
3* Dans des interrogations sur la chronologie historique et sur la
matière du cours de langues romanes.
Pour les élèves de 2« année,
!• Dans le déchiffrement d'un texte du moyen âge ;
2<* Dans des interrogations sur la matière des cours de diplomatique,
d'histoire des institutions et de classement des archives.
Pour les élèves de 3« année,
l» Dans le déchiffrement d'un texte du moyen âge ;
2' Dans des interrogations sur la matière des cours de droit et d'ar-
chéologie.
Art. 6. — L'examen écrit consiste, savoir :
Pour les élèves de 1" année,
1* Dans la transcription d'un texte latin ;
2» Dans la transcription d'un texte provençal ;
3* Dans la traduction d'un texte latin imprimé ;
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4* Dans la traduction d'un texte provençal imprimé ;
5" Dans une question tirée du cours de bibliographie.
Pour les élèves de 2« année,
lo Dans la transcription d'un texte du moyen âge ;
2*» Dans la traduction d'un texte latin imprimé ;
3® Dans l'analyse sommaire d'un autre texte imprimé ;
4» Dans une question tirée du cours de diplomatique ;
5* Dans une question tirée du cours d'histoire des institutions.
Pour les élèves de 3« année,
1© Dans la transcription d'un texte du moyen âge ;
2° Dans une question tirée du cours de droit ;
3» Dans une question tirée du cours d'archéologie.
Art. 7. — Les chartes et autres textes qui doivent faire le sujet de
l'examen sont choisis par le directeur et soumis par lui à l'approbation
du conseil de perfectionnement.
Pour l'examen oral et écrit, chaque professeur propose sur les matières
de son cours plusieurs questions, entre lesquelles le conseil fait son
choix.
Abt. 8. — Les chartes, textes et questions destinés à l'épreuve écrite
sont renfermés dans une enveloppe scellée, qui n'est ouverte qu'au
moment de la composition.
Art. 9. — Pour chacune des deux épreuves, le jury se partage en
autant de commissions qu'il y a de matières comprises dans l'examen.
Chaque commission exprime le résultat de l'épreuve qu'elle a jugée
d'après le tarif de points fixé d'avance par le conseil.
Art. 10. — Deux listes distinctes sont dressées par ordre de mérite :
l'une pour l'épreuve écrite et l'autre pour l'épreuve orale.
La première de ces listes est dressée à l'aide des devises, avant l'ou-
verture des enveloppes qui contiennent le nom de chacun des élèves et
la devise qui lui est échue, ainsi qu'il est réglé ci-après par l'art. 17.
Art. 11. — Lorsque les noms des élèves sont substitués aux devises,
les deux listes précédentes sont combinées avec les résultats de l'exa-
men de Pâques pour former la liste définitive qui fixe le rang des élèves
dans chaque promotion, sauf ce qui est prescrit par l'art. 12 § 4, pour
les élèves de 3* année.
En cas d'égalité dans les chiffres obtenus par la combinaison des
listes provisoires, la composition écrite l'emporte sur l'épreuve orale.
Art. 12. — L'aptitude des élèves d'une année à passer aux études de
l'année suivante est décidée à la majorité des voix par le jury, qui
exprime son suffrage en commençant par l'élève placé le dernier sur
la liste définitive.
Si le vote est défavorable à cet élève, la môme question se pose et le
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vote se renouvelle au sujet de Tavant-dernier, et ainsi de suite en remon-
tant jusqu'à ce qu'on arrive à un élève qui soit déclaré admissible.
Toutefois la nullité ou même Tinsuffisance d'une épreuve peut empê-
cher l'admission d'un élève, quel que soit le rang par lui obtenu.
A l'égard des élèves de 3* année, le vote a uniquement pour objet de
déclarer l'admissibilité à l'épreuve de la thèse et les résultats partiels
ne sont combinés qu'en vue de procéder au vote sur cette question. Ces
résultats sont tenus secrets et réservés pour être combinés plus tard
avec le chiffre à fournir par l'épreuve de la thèse. La liste d'admissi-
bilité à l'épreuve de la thèse est dressée et affichée dans l'ordre alpha-
bétique des noms des élèves.
Art. 13. — A l'épreuve orale les mêmes questions devant être posées
à tous les élèves de chaque promotion, ceux-ci demeurent éloignés de
la salle d'examen et se tiennent dans une pièce qui leur est assignée,
jusqu'au moment où vient leur tour d'être interrogés.
Art. li. — Pour l'épreuve écrite, il est interdit aux élèves de se ser-
vir de livres, de manuscrits, de résumés ou de notes de quelque nature
qu'ils soient.
Ceux qui en ont apporté doivent, dès l'ouverture de la séance, les
remettre au professeur chargé de la surveillance.
Quiconque contrevient à cette disposition est exclu du concours.
Art. 15. — Il est également interdit aux élèves, et sous la même
peine, de communiquer entre eux ou avec qui que ce soit, verbalement
ou par écrit.
Ils ne doivent pas sortir de l'établissement pendant la durée des com-
positions.
Art. 16. — A l'ouverture de la séance et avant de faire connaître
le sujet des compositions, le professeur chargé de la surveillance lit à
haute voix les deux articles précédents.
Il annonce en même temps l'heure à laquelle les compositions devront
être terminées.
Art. 17. — A l'ouverture de la séance, le professeur chargé de la
surveillance remet à chaque élève une enveloppe renfermant un bulle-
tin sur lequel est tracée une devise.
L'élève devra inscrire son nom au-dessous de la devise, puis enfermer
le bulletin dans l'enveloppe.
Il devra inscrire la même devise sur chacun des feuillets qui contien-
dront les différentes parties de sa composition.
L'infraction à ces dispositions entraîne l'exclusion.
Art. 18. — A la clôture de la séance, le professeur surveillant réunit
toutes les compositions sous autant d'enveloppes qu'il y aura eu de
sujets proposés et il scelle immédiatement chacune de ces enveloppes.
Il renferme sous un autre pli, qu'il scelle également, les enveloppes
contenant les noms des élèves.
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Enfin, il rédige un procès- verbal de la séance, où sont consignés les
noms des élèves présents, Findication de la place occupée par chacun
d'eux aux tables où ils ont été assis, les infractions au règlement qui
auraient été commises et toute autre circonstance qui mériterait d'être
signalée.
Art. 19. — Sont abrogées les dispositions contraires au présent
arrêté.
Paris, le 19 mars 1881.
Signé : Jules Ferry.
EXAMENS DE L'ÉCOLE DES CHARTES.
Ces examens ont eu lieu du 18 au 23 juillet. Ils ont porté sur les
textes et les questions qui suivent.
PREMIÈRE ANNÉE.
Epreuve orale.
l® Charte latine à lire. La pièce soumise aux candidats était un man-
dement de Henri III, roi d'Angleterre, conservé sous la forme d'une